Le calme avant la tempête.
Titre du 19/06/2023 : Le calme avant la tempête
Scorpion : Emma (OUAT)
E : Emma Swan
Créature 38 : Sorcière
Jean Darling (OUAT)
Prénom 49 : Emma
Quatre aspects d'… Isabela (Encanto) : Fleurs : Écrire sur quelqu'un qui a des pouvoirs ou une scène dans un champ de fleurs
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, de secondaire à principale, elles ont dit, quatre aspects, 50 nuances)
Emma ne savait honnêtement pas trop quoi penser des nouveaux venus en ville.
À première vue, ce n'était que deux hommes normaux, deux frères, nommés Marc et James Smith, et c'était simplement un hasard s'ils avaient trouvé le chemin de Storybrooke.
Ça pouvait parfaitement être le cas, ils pouvaient être sincères, dire la vérité, après tout cela ne faisait que quelques mois que la malédiction avait été brisée et que la barrière qui séparait leur ville du reste du monde avait disparu en même temps.
(Emma ne put s'empêcher de se demander comment les choses se passaient avant, durant la malédiction, quand personne ne pouvait percevoir l'existence de la ville tout en se trouvant à seulement quelques mètres d'elle.
Est-ce que les gens passaient à travers, sans la voir, ne voyaient rien de plus qu'une route vide en ligne droite qu'ils pouvaient traverser sans jamais savoir où ils étaient entrés, sans jamais croiser qui que ce soit, sans même que les habitants eux-mêmes ne sachent ?
Ou bien est-ce que le sortilège de protection empêchait vraiment les gens d'y entrer, voire poussaient leur cerveau à choisir de prendre une autre route si jamais ils se trouvaient non loin de la frontière ?)
Au final, il était presque inévitable que ce genre de chose finisse par se produire, et elle, elle n'avait rien vu venir, trop occupée à célébrer le fait que la ville était enfin calme et sereine depuis que la reine de cœur et le pirate avaient été vaincus.
Et maintenant, elle se retrouvait avec un problème sur les bras qu'elle n'avait aucune idée de comment gérer et sans savoir si la situation allait tourner à la catastrophe ou non, une Sauveuse chargée de protéger sa ville d'intrus dont elle ignorait les véritables intentions.
En réalisant que cette fois-ci, elle se trouvait en un sens à la place de Regina, elle faillit se mettre à éclater de rire.
À son tour désormais de s'occuper de deux inconnus qui pouvaient mettre en péril tout ce qu'elle avait pu bâtir au sein de cette ville.
Sauf que cette fois, les circonstances étaient complètement différentes.
L'ancienne mairesse avait seulement voulu préserver sa malédiction, protéger une vie qu'elle ne méritait aucunement d'avoir tout en faisant souffrir des milliers de gens.
La shérif adjointe, elle, essayait seulement d'empêcher le reste du monde de découvrir la vérité sur leur ville et l'existence de la magie, parce que qui sait comment le reste du monde sans magie réagirait en apprenant qu'il existait un endroit où les contes devenaient réalité.
Qui sait ce que les gens auraient été prêts à faire pour s'emparer de cette magie, ou pour ouvrir un passage vers d'autres mondes.
La blonde ne se souvenait que trop bien du récit d'Anton, de la manière dont son peuple avait été exterminé, de ce que l'avidité pouvait provoquer, de ce que son oncle et d'autres avaient fait pour s'emparer de leurs trésors.
Et elle avait grandi dans le monde sans magie, elle savait bien que l'être humain pouvait être capable du pire, dans ce monde comme dans tous les autres…
Il ne fallait pas que ça se produise, jamais.
Pour cela, une seule solution, faire en sorte que Marc et James ne sachent jamais à quel point leur petite ville était hors du commun.
Il fallait donc qu'elle leur parle, qu'elle détermine si oui ou non ils étaient des menteurs, et ça tombait bien.
Elle savait toujours quand quelqu'un lui mentait.
§§§§
Jean connaissait Emma Swan, évidemment.
Il ne l'avait jamais rencontrée lui-même, pas avant d'atterrir à Storybrooke, mais il en avait entendu parler.
Elle était la Sauveuse après tout, celle qui mettrait fin à la malédiction, celle qui était destinée (Jean Darling haïssait si fort cette notion de destin, cette idée que quoi qu'il aurait pu faire, ça n'aurait rien changé à ce qui serait arrivé) à sauver l'entièreté de la ville de Storybrooke.
Il savait cela.
C'était sans doute, même s'il le cachait habilement, une des seules personnes dont Peter Pan ait réellement peur.
Jean aurait aimé que ce soit vrai, qu'elle puisse vraiment les aider, les sauver, qu'elle soit véritablement ce que son titre disait qu'elle était.
Mais il savait depuis bien longtemps qu'il était impossible que qui que ce soit puisse détruire Peter Pan.
Il était immortel, invincible.
Ils avaient essayé de s'enfuir, autrefois, de récupérer Wendy par eux-mêmes.
Ça n'avait jamais rien donné.
Mais autrefois, un peu plus de dix ans plus tôt, elle était surtout la fille dont Neal Cassidy était tombé amoureux.
Ni lui ni Michel n'avaient su plus de choses à ce sujet, ils évitaient d'aller le voir trop souvent à l'époque, c'était bien trop douloureux pour eux, mais ils se souvenaient de ça.
Et puis, quelques mois plus tard, ils avaient été chargés par Peter Pan de kidnapper un bébé et ils n'avaient plus vraiment eu l'occasion d'y penser.
S'il avait su à l'époque ce qu'il savait maintenant au sujet de la paternité de cet enfant, sans doute se serait-il réjoui intérieurement que lui et Michel aient échoué dans cette tâche.
Il savait ce que Félix et Peter Pan avaient dit d'elle, et il ne savait pas au juste si cela provenait d'informations qu'ils avaient recueillies en l'espionnant (ce qui était sacrément glauque, mais il ne pouvait pas vraiment s'attendre à autre chose de leur part) ou s'il s'agissait d'une autre chose que Peter Pan avait « vue » grâce à son ombre ou à la magie de l'île.
Jean ne savait pas comment fonctionnait la magie de toute façon alors il n'aurait eu aucun de mal à croire que cela puisse être ça.
L'un dans l'autre, il savait qu'elle était la Sauveuse, qu'elle était une princesse, la mère du petit garçon qu'ils étaient censés livrer à Peter Pan.
Et surtout, ils savaient qu'elle avait la capacité de savoir quand quelqu'un lui mentait.
Le britannique n'avait aucune idée de si ce don fonctionnait réellement, et si c'était le cas s'il lui venait de ses pouvoirs de sorcière et avaient été la seule chose venant de la Forêt Enchantée qui avait pu s'épanouir en elle dans le monde sans magie, mais de toute façon, ça ne changeait rien.
Pour que lui et Michel ne soient pas soupçonnés, ils allaient devoir à la fois dire la vérité et la déguiser pour qu'elle ne ressemble pas à un mensonge.
Autant dire que ce ne serait aucunement une partie de plaisir.
Alors qu'il voyait Neal passer devant le Granny's, il fut tenté l'espace d'une seconde de se lever et de sortir pour ensuite tout lui avouer, lui dire la vérité, tout ce qu'il pouvait avoir sur le cœur, enfin se libérer de ce poids qui l'oppressait depuis tellement de temps qu'il avait arrêté de compter à force.
Il se retint, pensant à Wendy.
Il faisait ça pour elle, pour la sauver, pour la récupérer, et peu importe à quel point il aurait souhaité que Neal ne devienne pas une victime collatérale de ce jeu cruel perdu d'avance, force lui était de constater qu'il ne pouvait rien y changer.
L'ancien enfant perdu méritait de toute évidence un meilleur ami que lui, mais il ne pouvait malheureusement pas lui offrir cela.
En croisant furtivement le regard triste de Michel, il réalisa sans peine que son petit frère avait eu la même pensée que lui mais qu'il s'était également retenu.
En songeant à ce que Peter Pan avait fini par faire d'eux malgré tous leurs efforts, Jean songea qu'il aurait absolument tout donné pour avoir la possibilité de lui étrangler son sale cou d'enfant immortel et enfin libérer le monde de sa présence.
Pas une seule seconde l'idée de commettre ce meurtre ne le fit se sentir coupable, et ce fut sans doute ce qui le terrifia le plus.
Le fait que tout ce en quoi il avait cru autrefois avait fini par complètement disparaître au fil du temps sans qu'il puisse empêcher le processus inévitable de se produire.
Peter Pan l'avait rendu immortel mais il avait tué l'enfant qu'il était autrefois en le transformant en un adulte amer et cynique.
Et il ne le pardonnerait jamais pour ça.
§§§§
Emma l'admettait aisément, la subtilité n'était pas franchement son fort.
Non, elle était souvent plutôt du genre à directement mettre les pieds dans le plat, à foncer sans réfléchir, sans faire attention aux dégâts qu'elle pouvait provoquer parce qu'elle n'avait pas forcément besoin de le faire.
Ce qui n'était aucunement le cas dans cette situation.
Elle devait à tout prix réussir à mettre les deux jeunes hommes en confiance tout en faisant en sorte qu'ils lui en disent le plus possible, et surtout, qu'ils lui disent la vérité.
Ce qui ne serait pas chose aisée si la conversation ressemblait plus à un interrogatoire qu'autre chose.
Emma prit une profonde inspiration avant de se lancer.
Il fallait bien qu'elle se jette à l'eau à un moment ou un autre.
« Excusez-moi ? Lança-t-elle d'une voix qui se voulait assurée. Est-ce que je pourrais vous parler ?
C'était… banal comme approche, mais elle n'avait pas vraiment réussi à trouver mieux.
Et au moins, c'était neutre, inoffensif, ils avaient le choix de refuser s'ils le voulaient, ça n'inspirait pas la méfiance, et c'était justement le but.
Elle se rappelait de la manière dont Graham avait interrogé August après son arrivée à Storybrooke, et même si les circonstances étaient clairement différentes, elle n'avait aucunement envie que les choses se passent de cette manière.
Contrairement au shérif, elle, elle allait devoir se montrer diplomate parce qu'il était loin le temps où Regina avait le contrôle de la ville et pouvait en chasser qui elle voulait, et puis, qui sait…
Peut-être n'y avait-il rien à craindre de leur part ?
Celui qui portait des lunettes, probablement le frère aîné, James si elle se souvenait bien, lui adressa un sourire.
- Bien sûr, lui répondit-il. Vous êtes ?
- Emma Swan, se présenta-t-elle en leur souriant à tous les deux, espérant que son sourire faisait assez vrai et suffisamment naturel. Je suis la shérif adjointe de la ville de Storybrooke. Je souhaiterais savoir comment se passe votre séjour ici.
- Très bien, lui répondit le cadet, Marc, vous vivez dans une très belle ville.
- Tant mieux alors, dit-elle en continuant de les scruter. Je me posais une question, nous avons à vrai dire assez peu de visiteurs en général, comment nous avez-vous trouvés ?
Il y avait une autre question qui hantait la jeune femme depuis leur arrivée.
Est-ce que désormais, depuis que la malédiction et la barrière étaient brisées, leur ville se trouvait représentée sur les différentes cartes des États-Unis ?
Est-ce qu'ils étaient visibles par n'importe qui visitant le pays, est-ce qu'on pouvait connaître leur existence désormais, et que la protection magique s'étant effacée, un nouveau nom était apparu comme par magie sur des cartes où il ne figurait pas avant cela, avec leur localisation précise ?
Si c'était le cas, alors ils devraient s'attendre à d'autres potentiels visiteurs, ce qui ne ferait que compliquer les choses un peu plus qu'elles ne l'étaient déjà.
- Par hasard, lui rétorqua alors James avec aplomb. »
Ce n'était pas un mensonge, pas vraiment.
Jean et Michel avaient bien l'intention de venir à Storybrooke, mais puisque la ville n'était visible nulle part, qu'ils ne savaient pas concrètement où elle se trouvait, ce n'était que parce que la malédiction n'était plus qu'ils avaient pu atterrir là d'un seul coup, sans s'y attendre.
Jean se souviendrait toujours de ce qu'il avait ressenti quand le panneau leur souhaitant la bienvenue à Storybrooke avait surgi devant ses yeux.
De l'espoir, du soulagement à l'idée que leur long cauchemar soit sur le point d'enfin se terminer.
De la culpabilité aussi à cause de ce qu'ils seraient bientôt obligés de faire, à l'idée de ruiner la vie d'habitants qui avaient déjà tant souffert dans le passé et qui venaient enfin de retrouver un équilibre et une vie à peu près normale.
En apprenant cela, en réalisant qu'il disait vrai, en comprenant que non, on ne pouvait pas les trouver a priori, pas encore, que la ville était en sécurité et à l'abri de l'extérieur pour l'instant, Emma sentit un poids disparaître de sa poitrine.
Elle aurait l'occasion d'en apprendre sur eux plus tard, par d'autres moyens, et poser d'autres questions aurait sans doute paru suspect, mais elle en savait assez pour l'instant.
Elle leur sourit à nouveau, cette fois avec beaucoup plus de sincérité.
- Je vous remercie pour vos réponses et je vous souhaite un agréable séjour dans notre petite ville. Bonne journée à vous.
- Bonne journée également, lui répondirent les deux frères. »
Une fois qu'elle fut partie, Jean et Michel se regardèrent, sentant également un poids les quitter.
Ils venaient de passer le premier test.
Il ne leur restait plus qu'à faire profil bas pendant assez longtemps pour ensuite réussir à trouver où ils dissimulaient leurs haricots magiques, en voler et fuir au Pays Imaginaire en emportant Henry Mills avec eux dans le processus sans se faire repérer.
Rien de plus simple donc…
§§§§
Ils étaient dans leur chambre louée au Granny's, quand Michel osa évoquer le sujet que Jean aurait préféré éviter.
« Il a l'air heureux ici.
Son grand frère n'eut même pas besoin qu'il précise de qui il parlait pour le deviner tout seul.
Il s'agissait de Baelfire, évidemment.
Jean ferma les yeux pendant quelques secondes, tentant de s'empêcher de soupirer en serrant les poings.
- Tais-toi s'il te plaît, dit-il en foudroyant Michel du regard.
Ce dernier ignora totalement son conseil.
- Il va bien falloir qu'on en parle, non ? On ne peut pas faire comme si ce n'était pas là, que ça n'existait pas, qu'on allait rien changer du tout. On ne peut pas faire comme si tout allait bien.
Jean aurait honnêtement préféré.
Ça aurait rendu les choses plus faciles, même si ça n'aurait pas rendu sa culpabilité plus simple à porter.
- Pas forcément.
- Oh, vraiment ? S'indigna Michel, et Jean vit bien à quel point il avait du mal à ne pas se mettre à hurler, tellement cette situation le mettait en colère.
Lui aussi il était en colère.
Bien sûr, bien évidemment, et il aurait aimé pouvoir changer les choses.
Seulement voilà.
Ils ne le pouvaient pas, et son petit frère ne semblait toujours pas décidé à le comprendre ou à l'accepter.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Siffla Jean, serrant à nouveau les poings. Que ça me plaît, que c'est ce que je veux ? Que je n'ai pas essayé de trouver un autre moyen, encore et encore ? Que j'aurais aimé ne pas avoir à nécessairement échouer ? Tu veux quoi, que je te dise que je suis désolé ? Je le suis, je suis désolé que la seule manière de sauver notre sœur soit d'enlever un enfant innocent et de devenir des monstres.
- Jean, s'il te plaît…
- Ne m'appelle pas comme ça, lui rétorqua son grand frère.
Ils étaient seuls, certes, mais ils ne pouvaient pas risquer qu'on les entende, qu'on comprenne qu'ils avaient donné de faux noms.
Et qu'ils ne finissent par comprendre à quel point la toile de mensonges qu'ils avaient tissée autour d'eux était vaste.
- Il a fait ça pour nous, lui assena alors Michel d'une voix tremblante de rage. Il s'est sacrifié pour notre famille, il a renoncé à sa liberté pour que nous soyons sains et saufs. Pour toi, pour moi, pour Wendy. Et maintenant, tu veux le remercier en lui enlevant son fils ?
Un enfant contre un autre.
C'était le marché qu'ils avaient passé avec Peter Pan.
- Il n'est plus seul, insista Michel, il n'est plus en fuite, il a une famille, à nouveau, il a retrouvé son père, Emma et il sait qu'il a un fils désormais. On n'a pas le droit de faire ça Jean, on n'a pas le droit de lui arracher tout ça alors qu'il est enfin heureux et libre loin de Pan. »
Moi aussi j'aimerais qu'on soit libres, songea Jean avec amertume.
Il tenait à Baelfire, bien sûr, il ne l'avait pas oublié, il ne l'oublierait jamais et il ne nierait pas ce qu'il avait fait pour eux.
Mais Wendy passerait toujours en premier pour lui, sa sœur avait souffert bien trop longtemps aux mains de leur bourreau.
Il était temps que ça cesse.
Et si le seul moyen était qu'il vende son âme au diable, Jean le ferait sans sourciller, parce que c'était la seule solution.
Peu importe à quel point tout en lui hurlait à quel point c'était mal, qu'ils devaient à tout prix trouver une autre solution, faire un autre choix.
On a toujours le choix.
Pas eux.
De choix, ils n'en avaient jamais eu.
Plus depuis qu'un adolescent immortel était entré dans leur chambre des années après la disparition de leur sœur Wendy et leur avait confirmé que leurs cauchemars étaient réels.
« Wendy mérite aussi d'être libre, lui répondit son frère avec un regard dur. Alors… on n'a pas le choix. On va devoir le faire.
Son frère le regarda avec un air résigné, n'ayant de toute évidence pas d'autre idée en tête que celle que Jean lui proposait.
Le voir abandonner aussi vite lui fit plus mal que ce qu'il aurait cru.
- Bien… Maintenant qu'on est d'accord, il est temps de réfléchir à un plan. »
Jean se surprit à espérer qu'une fois l'enlèvement fait, la famille de Henry parviendrait à le récupérer.
Parce que s'ils y parvenaient, alors peut-être que ce qu'ils étaient sur le point de faire pouvait être réparé.
A suivre…
