Échec et mat ?
Titre du 25/08/2023 : Échec et mat ?
Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)
N : Neal Cassidy
Jean Darling (OUAT)
Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
Prénom 41 : Neal
Défi Sarah & son cerveau n°144 - Placer le mot Sang
Quatre aspects de… Léonard (TBBT) : Asthme : écrire sur quelqu'un qui a du mal à respirer ou sur quelqu'un qui a besoin d'une aide médicale
44) 50 nuances de OUAT
9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, cassons les préjugés, elles ont dit, Sarah & son cerveau, quatre aspects, 50 nuances)
Neal ne sut pas combien de temps il passa à fixer l'immensité bleu qui se trouvait juste devant lui, redevenue calme et paisible maintenant que le portail s'était refermé, en priant de toutes ses forces pour un miracle.
Pour que ce qui venait de se passer s'efface et disparaisse, qu'il sorte de ce cauchemar insensé dans lequel il venait tout juste d'être plongé en l'espace de seulement quelques secondes.
Pour que le portail s'ouvre à nouveau et que Henry en surgisse, comme lui-même et son fils en avaient surgi quand ils étaient encore piégés dans la Forêt Enchantée.
Sauf que ça n'arriverait pas.
Parce que Henry avait disparu, qu'il était parti non pas de son plein gré cette fois, en se lançant dans une quête insensée, mais parce qu'il avait été enlevé.
Et il n'avait rien pu faire pour empêcher cela.
Hébété, il ne prêta même pas attention à la douleur ou au sang qui coulait de son nez suite au coup de poing de Jean Darling.
Parce que c'était lui, c'était forcément lui.
Baelfire.
Il l'avait appelé par son vrai prénom, celui qu'il n'avait pas utilisé depuis qu'il était revenu dans le monde sans magie, parce que le passé qui y était associé lui faisait trop mal.
Il n'y avait que lui qui pouvait être en possession de cette information, et maintenant qu'il savait, qu'il avait eu dans le sourire triste que son ami lui avait adressé la réponse à sa question, il réalisa qu'il avait eu raison.
L'intuition qu'il avait eu en croisant les deux frères s'était révélée véridique, et oh, si c'était bien Jean qui lui avait dit qu'il était désolé, est-ce que ça voulait dire que celui qui avait ouvert le portail était…
Michel ?
C'était l'explication la plus logique, et pourtant elle n'avait aucun sens.
Si c'était bien lui, si c'était les frères Darling alors comment…
Comment pouvaient-ils seulement être encore en vie ?
Il était passé par le Pays Imaginaire, tout comme Crochet qui était également resté figé pendant vingt-huit ans, son père était immortel, mais eux…
Eux, ils n'avaient aucune excuse, ils venaient du monde sans magie, ils ne pouvaient pas…
Ils étaient censés être morts après avoir vécu une belle vie, c'était pour ça qu'il s'était sacrifié, pas pour qu'ils ressurgissent dans sa vie deux cents ans plus tard en étant aussi jeunes que lui et en lui enlevant son fils !
C'était impossible.
Et même si ça ne l'était pas, une autre question prit place dans son esprit et refusa de le quitter.
S'ils étaient encore en vie, et encore dans le monde sans magie peu de temps auparavant, alors dans ce cas-là…
Où était Wendy ?
Ce qui entraînait bien d'autres questions.
Pourquoi étaient-ils venus en ville, comment connaissaient-ils l'existence de Storybrooke, comment avaient-ils su qu'il y avait de la magie, comment avaient-ils trouvé les haricots magiques ?
Toutes ces questions tournaient en boucle dans sa tête, une d'elles faisant plus mal que toutes les autres.
Pourquoi avaient-ils enlevé Henry ?
Où l'avaient-ils emmené, où était-il, est-ce qu'il allait bien, est-ce qu'il avait peur, est-ce qu'il se trouvait dans un endroit qu'ils connaissaient, dans lequel ils pouvaient se rendre facilement, est-ce qu'ils pouvaient le sauver ?
Seigneur, il ne savait même pas s'il était en danger et si c'était le cas, de quelle nature ce danger pouvait être.
Il ne savait même pas où il était ni même s'il était encore en vie.
L'angoisse et l'incertitude lui tordirent l'estomac ainsi que le désespoir, et il réalisa brusquement qu'il n'arrivait plus à respirer.
Son fils, avec qui il avait passé si peu de temps, ce fils qu'il connaissait à peine, qu'il n'avait pas pu élever parce qu'il n'était pas là pour lui quand il aurait dû l'être, ce fils qu'il aimait déjà si fort, son fils… avait disparu.
Il n'était plus là, il avait été kidnappé, il lui avait été enlevé brutalement, il avait été totalement impuissant, et maintenant il ne pouvait même pas aller le chercher parce qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait.
Il était perdu dans un autre monde, tombé dans un portail, et l'histoire se répétait de la plus cruelle des manières.
Est-ce que…
Est-ce que c'était ce que son père avait ressenti autrefois en le perdant des siècles plus tôt ?
Cette douleur, cette sensation de monde qui s'écroule, la peur d'avoir tout perdu en un instant et qu'il ne soit déjà trop tard, que les dégâts soient complètement et irrémédiablement irréparables ?
Si oui, alors il comprenait maintenant ce que ça faisait.
Et c'était tout simplement insupportable.
Toujours à genoux et à deux doigts de s'effondrer, il se força à prendre une grande inspiration.
Ça n'arrangeait aucunement les choses, bien au contraire.
Il respirait à nouveau, certes, mais ça ne changeait rien, son fils avait été enlevé sous ses yeux par deux personnes qu'il pensait avoir perdues pour toujours, à qui il avait tenu, des gens qu'il avait appelés sa famille autrefois, et il n'avait même pas été capable de le protéger.
Dieux…
Comment est-ce qu'il allait annoncer ça à Emma et à Regina ? À son père, à Belle, à Blanche-Neige et à David ? Aux autres habitants de la ville ?
Qu'est-ce qu'il allait leur dire au juste ?
Qu'ils avaient tous été trop aveugles et trop confiants et qu'ils n'avaient rien vu venir ?
Que maintenant, Henry avait disparu et que c'était de sa faute ?
Il se mit à pleurer, ne comprenant pas comment tout avait pu basculer en si peu de temps, comment les petites frères de Wendy Darling avaient bien pu oser lui infliger une chose pareille après ce qu'il avait fait pour leur famille.
Je suis désolé, lui avait dit Jean sans lui fournir la moindre explication à son geste.
Neal aurait tellement aimé pouvoir comprendre pourquoi.
Il finit par enfin se relever, les jambes tremblantes, fixant une dernière fois l'océan avec l'espoir fou que quelque chose se passerait, n'importe quoi.
Mais rien.
Alors il essuya ses larmes et se mit à courir.
Son père.
Il devait à tout prix aller voir son père, le prévenir de ce qu'il venait de se passer.
S'il y avait bien quelqu'un dans cette ville qui pouvait l'aider à retrouver son fils, c'était bien lui.
§§§§
Il faisait sombre quand ils sortirent du portail et atterrirent sur l'île.
Jean n'en attendait pas moins venant du Pays Imaginaire.
Tout comme il ne fut pas surpris non plus en constatant que le premier mouvement de Henry en se relevant fut de tenter de s'échapper.
Jean eut presque envie de lui dire en riant qu'il était inutile de tenter de fuir, parce que l'île n'était rien de plus qu'une immense prison.
Baelfire et Wendy en savaient tous les deux quelque chose…
Henry se dégagea de la poigne de Michel, fit quelques pas et regarda autour de lui, semblant tenter de déterminer où ils se trouvaient.
Jean se demanda s'il aurait été capable de trouver, de déterminer dans quel monde il était sans y avoir jamais mis les pieds, s'il s'y connaissait assez en mondes magiques pour y arriver.
Mais après tout, quelle importance ?
Ce n'était pas comme si savoir où il était tombé allait l'aider un tant soit peu à s'en échapper.
Le petit garçon se tourna vers eux et leur envoya un regard empli de haine.
« Pourquoi ? Demanda-t-il. Pourquoi m'avez-vous enlevé ? Qui êtes-vous et où sommes-nous ?
Michel se rapprocha de lui.
- Je m'appelle Michel Darling, lui avoua-t-il. Et voici mon frère Jean.
Les yeux de Henry s'écarquillèrent sous le choc.
- Michel et Jean Darling ? Vous… mon père m'a parlé de vous.
C'était l'émerveillement et la curiosité qui auraient dû se refléter sur son visage, pas la peur, la crainte, la méfiance et l'incompréhension.
Mais Jean était déjà allé bien trop loin pour reculer maintenant aussi il fit comme si ça ne le touchait pas.
- Je… reprit Henry. Je pensais que vous étiez morts.
Par moments Jean aurait presque préféré l'être.
Être au service d'un monstre, être obligé d'accomplir ses basses besognes avec au bout du tunnel l'espoir d'enfin revoir leur sœur, ce n'était pas une vie ça.
Ce n'était pas la vie qu'il était supposé avoir.
- Pas encore, lâcha Jean.
Henry les regarda avec un air complètement perdu.
- Mais… je ne comprends pas. Si vous êtes les amis de mon père, alors… pourquoi est-ce que vous m'avez enlevé ?
Jean n'eut même pas besoin de regarder son petit frère pour imaginer le désespoir qui devait se refléter dans ses yeux.
Michel poussa un soupir résigné.
- Tu sais Henry, les choses ne sont pas toujours aussi simples…
- Alors expliquez-moi ! Riposta-t-il avec une lueur de défi dans le regard.
- Très bien, accepta Michel. Il y a longtemps, quand mon frère, ma sœur Wendy, ton père et moi nous n'étions encore que des enfants, une ombre est venue nous voir. L'ombre de Peter Pan. Une nuit, Wendy l'a suivie jusqu'au Pays Imaginaire et quand elle est revenue, elle nous a dit qu'elle reviendrait pour mon frère et moi. Alors ton père a essayé de l'empêcher de rentrer mais ça n'a pas marché, alors… (Sa voix se mit à trembler) Alors il a pris notre place. Il s'est sacrifié pour nous.
- Je sais ça, objecta Henry, mon père me l'a raconté, et… ça n'explique pas ce que je fais ici.
Michel le regarda avec tristesse.
- Wendy n'a pas supporté l'idée qu'un innocent subisse un sort pareil, alors elle… elle a pris la décision d'y retourner, pour le ramener, pour le sauver. Elle n'est jamais revenue.
L'horreur prit place dans les yeux du fils de Baelfire.
- Elle… elle est restée là-bas ? Pendant tout ce temps ?
Jean et Michel acquiescèrent, et ils purent tous les deux constater qu'il commençait à assembler les pièces du puzzle.
- C'est là qu'on se trouve, c'est ça ? Au Pays Imaginaire. Qu'est-ce que c'est censé avoir à voir avec moi ?
- Nous avons grandi, continua Michel, et j'ai fini par oublier cette histoire, oublier la magie, les contes, l'ombre, l'île… Jusqu'à ce que Peter Pan revienne dans nos vies. Nous avons passé un marché, il nous rendait immortels, nous travaillions pour lui et en échange… il nous rendra Wendy. Et notre dernière mission en date, notre ultime objectif pour la récupérer c'est… toi. C'est toi que Peter Pan veut, Henry.
- Moi ? Mais pourquoi ?
- Je l'ignore, lui avoua Michel avec franchise. J'aimerais le savoir, sincèrement.
Cette fois-ci, ce fut l'indignation qu'ils purent lire sur son visage.
- Et vous avez accepté de m'emmener ? Alors que vous saviez quelle ville était Storybrooke, qu'il y avait des sorciers et des fées là-bas ? Vous auriez dû nous en parler, nous demander de l'aide, nous vous auriez prêté main-forte ! Mon grand-père est le Ténébreux, une de mes mères est la Sauveuse et l'autre la méchante reine, mes grands-parents se sont battus contre ma mère adoptive. Mon père est resté emprisonné ici ! Ils savent tous ce que c'est de lutter contre des monstres. On aurait pu vous aider à récupérer votre sœur !
- Non ! Lui rétorqua Jean. Tu n'as pas la moindre idée de ce dont tu parles, il s'agit de Peter Pan, tu ne sais pas… tu ne sais pas de quoi il est capable.
Sa voix tremblait de rage et de peur.
- Henry, je… Je suis sincèrement désolé, continua-t-il. Mais nous n'avions pas le choix.
Avant qu'Henry n'ait pu répliquer, des bruits de pas se firent entendre et un groupe d'enfants perdus fit son apparition, mené par Félix.
Celui-ci eut un sourire satisfait en les voyant.
- Il me semblait bien avoir entendu du bruit et que nous avions des visiteurs. Dont un en particulier. »
Son sourire s'agrandit, et malgré le dégoût qu'il lui inspirait, Jean se força à se raccrocher à la seule chose qui comptait vraiment.
Ils allaient bientôt leur rendre Wendy.
Et ils pourraient rentrer à la maison.
Et enfin effacer l'horrible sourire de Félix de sa mémoire, ainsi que le reste des horreurs qu'il avait subies, à tout jamais.
A suivre…
