Cela faisait cent ans.
Titre du 30/05/2021 : Cela fait-faisait cent ans
Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)
H : Henry Mills
Créature 38 : Sorcière
Jean Darling (OUAT)
Prénom 72 : Henry
Quatre aspects d'… Hinata (Haikyuu!) : Taille : Écrire sur un perso de petite taille ou écrire sur un perso qui fait de grands exploits malgré sa taille.
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, de secondaire à principal, elles ont dit, quatre aspects, 50 nuances)
Henry Mills avait entendu parler du Pays Imaginaire.
Il savait que ce n'était pas un endroit dans lequel qui que ce soit pouvait avoir un tant soit peu envie de rester, il savait que son père et son grand-père y avaient souffert, il savait que l'île était dangereuse, emplie de noirceur et d'ombres.
Et surtout, il savait que celui qui dirigeait ce monde était son arrière-grand-père.
(Sans doute aurait-il dû être surpris d'apprendre que ce dernier était physiquement plus jeune que son fils, mais ses grands-parents et sa mère biologique avaient physiquement le même âge alors il n'était pas à une bizarrerie près de plus dans cette famille.)
Peter Pan, ou plutôt Malcolm, comme lui avait un jour raconté Rumplestiltskin alors qu'il était curieux au sujet de l'histoire de sa famille, qui avait abandonné son propre fils alors que ce n'était qu'un enfant, afin de redevenir jeune, qui avait plus tard kidnappé son petit-fils et l'avait gardé prisonnier durant près de deux siècles.
Et maintenant, c'était lui qu'il faisait enlever, pour une raison qu'il n'arrivait pas à comprendre.
Ça ne pouvait pas être une coïncidence.
Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus que l'un des inconnus suivi par un groupe (des enfants perdus, supposa-t-il) s'avançait vers lui.
Le sourire satisfait empli de morgue qu'il lui adressa lui sembla aussitôt absolument insupportable.
Il se tourna vers les deux frères Darling, souriant toujours avec cette même arrogance.
« Jean, Michel, les salua-t-il, ravi de vous revoir.
- Félix, se contenta de lui répondre Jean d'un ton le plus neutre possible, quant bien même il était évident pour Henry vu la lueur dans son regard qu'il le haïssait de toute son âme.
Michel ne dit rien, la même haine brûlant également dans ses yeux.
Félix.
Son père lui en avait parlé, brièvement, quand il avait évoqué son passage au Pays Imaginaire, le décrivant comme un des plus fidèles lieutenants de Peter Pan, et un des pires enfants perdus de l'île qui puisse exister.
Il ne le connaissait pas, mais le simple fait qu'il travaille pour l'ennemi de sa famille et qu'il ait fait souffrir son père autrefois suffisait déjà pour qu'il veuille le détester.
- C'est bien lui, continua Félix après avoir jeté un coup d'œil attentif à un papier qu'il tenait dans ses mains. Vous avez fait du bon travail les garçons, je dois le reconnaître.
Les garçons, disait-il, comme s'ils n'avaient pas physiquement le double de son âge, et se souvenant que le temps ne passait pas au Pays Imaginaire, il se demanda si, depuis le temps qu'il était sur l'île, Félix avait environ le même âge que les deux frères ou s'il était bien plus âgé qu'eux.
Dans d'autres circonstances, il aurait trouvé ça tout à fait fascinant.
Ici et maintenant, il avait juste envie de fuir le plus loin possible.
- Tu as eu ce que tu voulais, lui lança alors Jean avec détermination. Où est notre sœur ?
- Dans sa cage, répondit-il distraitement et avec nonchalance, comme si c'était une évidence. »
Henry se figea, horrifié.
Une cage ?
Ils avaient osé enfermé Wendy Darling dans une cage ?
Pourquoi ?
Ce n'était pas non plus comme si elle pouvait s'échapper de l'île !
Le jeune garçon sentit la nausée l'envahir, et un seul regard en direction des anciens amis de son père lui suffit pour comprendre qu'ils avaient la même réaction que lui, la surprise en moins.
Donc ils savaient déjà.
Ils savaient que leur sœur vivait enfermée dans une cage, prisonnière de l'île depuis près de deux siècles, sans avoir la moindre possibilité de fuir, tout ça parce qu'un enfant immortel cruel et monstrueux avait voulu se servir d'elle comme moyen de pression contre ses deux petits frères.
C'était abominable.
D'un seul coup, il comprenait mieux leur désespoir et pourquoi l'enlever pour l'échanger contre leur sœur leur avait semblé la seule chose à faire pour mettre fin à ce cauchemar.
Même si ça n'empêcha pas la terreur de l'envahir, parce que maintenant… qu'allait-il se passer pour lui au juste ?
Qu'est-ce que Peter Pan lui voulait, pourquoi l'avoir enlevé ?
Est-ce que sa famille savait où il se trouvait ?
Il avait confiance en eux, il savait qu'ils feraient absolument tout ce qui était en leur pouvoir pour le retrouver, pour le sauver, il savait qu'ils en étaient capable, mais…
Mais si même Rumplestiltskin, qui était pourtant le sorcier le plus puissant qu'il connaissait au monde, avait peur de Peter Pan, alors comment étaient-ils supposés le vaincre ?
Oui, il comprenait pourquoi Jean et Michel Darling avaient réagi ainsi, parce que leur sœur leur avait été volée, qu'ils étaient loin d'elle depuis deux cents ans, qu'ils étaient désespérés et prêts à tout pour la récupérer et que ça leur semblait être la seule solution.
Même s'il aurait préféré qu'ils essaient d'une autre manière, il n'arrivait en fin de compte pas à leur en vouloir pour ça.
Pas alors qu'ils se battaient contre de tels monstres.
« Elle devrait être ici, avec nous, poursuivit Jean avec un calme qui dissimulait bien mal une fureur en train de grandir peu à peu en lui, nous avons fait ce qui était prévu, nous avons rempli notre part du marché. Rends-nous notre sœur. »
Félix ne répondit rien.
Il se contenta d'éclater de rire.
Un rire sonore, fracassant et moqueur, affreux à entendre.
Jean eut l'impression qu'une pierre tombait dans son estomac.
Il riait, ce salopard, il riait comme si ce qu'ils avaient vécu, enduré, n'était rien du tout, il se moquait de leur souffrance, comme si elle était un tant soit peu négligeable.
Comme si ça ne faisait pas près de deux cents ans qu'ils se battaient contre le vent, qu'ils luttaient pour reconstruire leur famille, pour avoir à nouveau une vie normale, comme s'ils n'étaient pas eux aussi des prisonniers, au moins autant que pouvait l'être Wendy.
Il riait et Jean et Michel sentirent l'horreur les envahir, comprenant lentement l'horrible vérité.
Ils n'avaient jamais eu l'intention d'honorer leur accord.
Au final, ils avaient eu raison.
Peter Pan et Félix étaient bel et bien des menteurs, et ils auraient dû le savoir depuis le début, mais…
Mais l'espoir était la seule chose qui leur permettait encore de respirer alors ils n'avaient eu de cesse de s'y accrocher, parce qu'ils n'avaient pas d'autre choix.
« Sérieusement, dit Félix, riant toujours entre deux mots, vous pensiez réellement qu'on allait vous rendre votre sœur ?
Oui.
Oui ils y avaient cru, avec la force du désespoir, parce que dans le cas contraire, ça signifiait qu'ils avaient fait tout ça pour rien, que les deux siècles précédents ne signifiaient plus rien du tout.
Qu'ils avaient perdu et n'avaient jamais été censés gagner.
Qu'ils avaient été manipulés et qu'ils avaient livré un enfant innocent à un monstre.
- On avait passé un marché ! Rugit alors Michel, hors de lui et les poings serrés de fureur.
Félix leur sourit, amusé.
- Et alors ? Leur répondit-il avec un cynisme qui n'aurait même pas dû les étonner.
Jean fit un pas en avant.
- Tu…
Félix ne le laissa même pas finir.
- Je te déconseille de faire ça Jean…
- Oh, vraiment ? Riposta le londonien. Et qu'est-ce qu'on est censés faire au juste ? Partir et vous laisser notre sœur et le fils de Baelfire ? Tu crois vraiment qu'on a l'intention de se laisser faire ?
Le sourire de son ennemi s'agrandit, et Jean ne put s'empêcher de se demander ce qu'il pouvait bien y avoir de si comique dans ce qu'il venait de dire.
- Qui a dit qu'on allait vous laisser partir ? Après tout, vous voulez tous les deux être réunis avec votre sœur, en restant ici, vous pourriez être tous ensemble pour l'éternité. »
Jean avait définitivement envie de vomir et son estomac se retourna.
Comment osait-il leur dire ça, faire comme si cette île maudite n'était pas une prison pour la plupart des personnes qui étaient forcées d'y vivre ?
Comme si tout cela n'était rien de plus qu'un jeu pour lui ?
(Mais il travaillait pour Peter Pan alors ça n'avait rien de réellement étonnant.)
Il mit sa main dans sa poche, où se trouvait toujours le second haricot magique, avant de jeter un rapide coup d'œil vers Henry.
Ce dernier était trop loin pour qu'il puisse l'atteindre, il n'aurait ni le temps ni les moyens de faire ce qu'il avait l'intention de réaliser avant que les enfants perdus ne réussissent à deviner ses intentions.
La mort dans l'âme, il réalisa qu'ils ne pourraient pas l'emmener avec eux dans leur fuite.
Voyant son geste, Michel comprit aussitôt, et se rapprocha de lui.
« Allez, saisissez-vous d'eux, lança Félix à ses sbires qui se mirent alors en marche vers eux.
Jean ne leur en laissa pas le temps.
Il sortit le haricot de sa poche, le jeta au sol juste devant lui et son frère et ils se jetèrent immédiatement dans le portail qui s'ouvrait, celui se refermant juste avant que les enfants perdus ne puissent l'atteindre.
- Oh, commenta Félix, pas plus déphasé que cela par leur fuite, conscient que ce n'étaient pas eux qui intéressaient vraiment Pan, naïfs mais pas idiots à ce que je vois. Bravo, c'était bien joué. Bien, maintenant Henry, tu vas nous suivre bien… »
Sa phrase s'interrompit brutalement, alors qu'il réalisait en regardant l'endroit où se trouvait quelques secondes plus tôt le petit garçon que ce dernier était vide.
Il avait profité de la diversion et du fait que tout le monde était occupé ailleurs pour fuir.
Un nouveau sourire amusé se dessina alors sur le visage du garçon perdu.
Un enfant seul, dans une forêt dont il ne connaissait rien et qu'ils maîtrisaient tous parfaitement ?
Oh, comme ça allait être terriblement amusant.
§§§§
La rencontre entre son corps et le bitume fit grimacer Jean de douleur.
Mais ce n'était probablement pas aussi douloureux que la triste réalité qui les frappait actuellement tous les deux de plein fouet.
Ils avaient échoué.
Ils s'étaient faits berner en beauté et sans rien voir venir, ils auraient dû être plus intelligents que ça.
Ils étaient censés l'être.
Pourtant ça n'avait rien changé.
Ils avaient perdu, à la fois Wendy et Henry, ils avaient sacrifié ce qu'il leur restait d'intégrité et ce, pour rien.
Maintenant, Henry était au Pays Imaginaire, et il allait…
Ils ne savaient même pas pourquoi Peter Pan avait besoin de lui, ce qui allait lui arriver là-bas sur cette île si froide et si sombre, et c'était presque plus terrifiant que de le savoir.
Il se releva et ne ressentit aucun soulagement en voyant que leur voiture était toujours là, à sa place.
Non, tout ce qu'il éprouvait actuellement, c'était de l'amertume.
Et de la colère.
En se tournant vers Michel, il se figea, conscient de ce qui allait suivre.
Parce que jamais il n'avait vu autant de fureur, de rage et de désespoir dans les yeux de son petit frère.
« Je te l'avais dit, non ? Hurla-t-il, hors de lui. Je t'avais prévenu, je t'avais dit qu'on aurait dû… Que ce n'était pas bien et qu'on aurait dû trouver une autre solution, n'importe quoi, appeler au secours. Je te l'ai dit et pourtant tu ne m'as pas écouté alors même que tu savais au fond de toi que j'avais raison. Et regarde où on en est maintenant, tu as vu le résultat ? On a fait ce qu'il voulait et pourtant ça n'a rien changé ! Henry est là-bas, prisonnier et on ne sait pas ce qu'ils vont lui faire, et Wendy est toujours là-bas elle aussi ! Rien de tout ce qu'on a pu faire n'a la moindre importance !
Jean essaya de former un nouveau plan dans sa tête, en vain.
Ils auraient pu y retourner, essayer de faire évader Wendy, trouver sa cage, mais qui sait si Pan ne l'avait pas changée de place ou cachée par la magie depuis leur passage éclair au Pays Imaginaire ?
Sans compter qu'ils n'avaient plus le moindre haricot magique avec eux, et qu'il doutait que les habitants de la ville les accueillent à bras ouverts après ce qu'ils leur avaient fait…
- Et tu voudrais qu'on fasse quoi maintenant au juste ? Ce qui est fait est fait.
Il comprit ce que son frère avait en tête en le voyant regarder en direction de la frontière qui séparait Storybrooke du reste du monde.
- On devrait faire ce que je t'avais proposé. Allez les voir, leur expliquer ce qu'il s'est passé, leur dire la vérité. Leur demander de l'aide.
Jean rit alors, pas le même rire que Félix, non il n'y avait aucune joie ni aucune moquerie dans ce rire, juste de la douleur.
- Tu… tu plaisantes j'espère Michel. Tu veux vraiment qu'on fasse ça, qu'on leur demande de nous aider après ce qu'on leur a fait ? On… on a littéralement kidnappé un enfant.
- Oui, lui rétorqua son frère avec gravité, pour en sauver une autre.
Un enfant contre un autre.
Ce marché avait toujours été un jeu de dupes et ils avaient été complètement incapables de le voir.
Jean soupira.
- Je voudrais que ça marche, je le voudrais vraiment, mais je doute qu'on puisse…
Il ne put jamais finir sa phrase, interrompu par une voix familière.
- Hé ! Leur lança Emma Swan avec rage.
Ils se tournèrent et la virent arriver, accompagnée de Baelfire, et ils se figèrent, tétanisés.
Ils les avaient retrouvés.
Tout à leur conversation, ils ne les avaient pas entendu arriver, et au vu de leurs visages, ils n'étaient pas heureux de les voir.
La haine sur le visage de Neal était assez parlante comme ça, et c'était pire que sur celui de la Sauveuse, parce qu'ils l'avaient trahi alors qu'il leur avait autrefois fait confiance et qu'il avait littéralement sacrifié sa liberté pour les sauver de l'ombre de Peter Pan.
Et Jean tout comme Michel savaient pertinemment que toutes les excuses du monde n'y changeraient rien.
La blonde croisa les bras, les fusillant du regard.
- Il me semble que nous avons des choses à nous dire. »
Oh que oui.
Ça allait être une longue, très longue conversation…
A suivre…
