Les fantômes de sa vie.
Titre du 19/11/2022 : Les fantômes de sa vie
Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)
N : Neal Cassidy
Créature 38 : Sorcière
Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
Prénom 41 : Neal
Quatre aspects des… livres d'Agatha Christie : Le crime de l'Orient-Express : Écrire une scène dans un train ou une fic avec beaucoup de personnages
137) 100 façons d'écrire du drama
44) 50 nuances de OUAT
9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, cassons les préjugés, elles ont dit, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
Le trajet en voiture fut probablement le plus silencieux de toute l'existence d'Emma Swan.
Avec un pincement au cœur, elle se souvint de deux autres trajets qui semblaient remonter si loin désormais.
Celui de sa rencontre avec Neal, dans ce même véhicule, une décennie plus tôt.
Et surtout, quelques mois plus tôt, celui avec Henry, la menant tout droit vers Storybrooke et un futur qu'elle n'aurait jamais cru une seule seconde possible ou imaginable.
Un trajet qui semblait si anodin en apparence mais qui avait changé son existence toute entière.
À l'arrière, Jean et Michel Darling affichaient les mêmes airs tristes et coupables et elle avait le sentiment que ce n'était nullement feint, qu'ils s'en voulaient réellement pour ce qu'ils avaient fait.
Ça ne l'empêchait nullement d'être terriblement en colère.
Contre eux, pour la catastrophe qu'ils avaient déclenchée.
Contre elle-même pour n'avoir rien vu venir.
Contre Peter Pan pour avoir osé enlever son fils.
Contre l'univers qui s'en prenait à elle et à sa famille une fois de plus.
À côté d'elle, Neal était toujours aussi maussade et elle savait bien qu'aucun mot de réconfort qu'elle aurait pu lui dire n'aurait réussi à l'aider à aller mieux, tout simplement parce qu'elle ressentait exactement la même chose que lui à cet instant.
Un sentiment démesuré de complète impuissance.
Une fois arrivée devant la mairie, elle se gara avant d'y emmener les deux frères pour ensuite les menotter tous les deux à une table puis d'expliquer la situation à ses parents qui se chargèrent de disperser la foule.
Emma grimaça quand ils lui dirent que le Ténébreux et la sorcière n'étaient toujours pas arrivés, avant de se dire qu'elle allait prendre son mal en patience.
Elle s'assit avant de très vite réaliser que c'était probablement une mauvaise idée et que, énervée comme elle l'était, elle n'allait probablement pas longtemps tenir en place avant d'exploser.
De son côté, Neal continuait de regarder ses deux anciens frères adoptifs avec la même expression de colère dans les yeux, avant de finalement se lever, décidant probablement que leur simple vue lui était insupportable, en déduisit Emma, et de sortir.
La blonde le suivit, machinalement, principalement parce qu'elle n'avait rien de mieux à faire.
Et aussi parce que le laisser seul dans cette situation était tout sauf une bonne idée.
La ville était toujours en pleine effervescence mais malgré tout, Emma avait l'impression que le bruit n'était pas suffisant pour l'empêcher de rester seule avec ses pensées tournant en boucle dans sa tête.
« Je suppose que te demander comment tu vas ne servirait à rien.
Neal lui répondit même pas, les poings serrés par la rage.
Il se passa plusieurs minutes avant qu'il ne décroche à nouveau quelques mots.
- Elle était censée être en sécurité, lâcha-t-il d'une voix rauque et brisée.
Emma n'eut même pas besoin de lui demander de qui il parlait pour parvenir à le deviner toute seule.
Wendy Darling.
Qui d'autre après tout ?
- Je sais, se contenta-t-elle de lui répondre, ne sachant pas quoi lui dire de plus, ne sachant pas quoi faire pour le réconforter quand elle n'était même pas capable de le faire pour elle-même ou pour ses parents.
- Elle était supposée être saine et sauve, poursuivit-il, presque comme s'il ne l'avait pas entendue, je… J'ai fait ça pour elle. Pour sa famille. Pour ses petits frères. Pour que plus rien de mal ne leur arrive, qu'ils soient protégés, que l'ombre ne revienne jamais les hanter… Parce que je voulais que leur famille ne soit pas brisée comme la mienne l'avait été, pour que la magie… la magie noire ne les détruise pas eux aussi. Et pourtant ça n'a pas marché. Ça n'a servi à rien. Je… Ce que j'ai fait a été totalement inutile.
Quand il se tourna vers elle, elle vit ce qu'elle soupçonnait déjà quand elle entendait des sanglots dans sa voix brisée.
Il pleurait.
- Je croyais qu'elle était en sécurité ! Je… je croyais que j'avais réussi, que je les avais protégés, que tout irait bien pour eux, qu'avoir abandonné ma liberté, m'être sacrifié pour eux serait suffisant. Sauf que ça ne l'a pas été. Et que j'apprends seulement maintenant qu'elle est prisonnière de l'île depuis deux cents ans alors que moi je suis libre. Et que si je l'avais su, j'aurais pu la sauver, l'emmener avec moi ! Elle est repartie là-bas, pour me chercher, pour me sauver, pour me ramener, et elle y est toujours et c'est de ma faute.
- Non, le contra immédiatement Emma. C'est de la faute de Peter Pan et de personne d'autre.
- Elle est là-bas parce que j'ai atterri chez elle, parce que j'ai voulu l'aider. Et maintenant je… je ne sais plus quoi faire. J'ai peur Emma, j'ai tellement peur, parce qu'il s'agit de Peter Pan, et bon sang qu'est-ce qu'il va arriver à Henry ?
Elle l'avait détesté, avant.
Elle avait été en colère aussi, pendant longtemps, et cette colère commençait doucement à cesser d'être aussi présente qu'auparavant.
Là tout de suite, elle ne ressentait plus la moindre colère, plus aucune rancune contre lui.
Elle l'avait pardonné, pour de bon.
Avant, elle aurait hésité à l'idée de le serrer dans ses bras, parce qu'il lui avait fait beaucoup trop de mal, mais désormais ça n'avait plus d'importance, parce qu'ils souffraient bien trop tous les deux.
Aussi elle le serra contre elle, et en entendant ses sanglots, elle ne put s'empêcher de pleurer elle aussi parce que c'était leur fils qui avait disparu.
Je te pardonne, songea-t-elle.
Mais ça ne lui aurait pas fait le moindre bien de l'entendre, alors elle se tut.
Elle garderait ça pour plus tard, quand ils seraient enfin tranquilles, que Peter Pan serait battu et qu'ils auraient du temps pour eux, pour penser à autre chose qu'à leur fils disparu, une fois qu'ils l'auraient sauvé.
Parce que oui, ils sauveraient Henry.
Que les dieux la pardonnent ils y arriveraient, ils le ramèneraient à la maison.
Et ce, même si c'était la dernière chose qu'elle devait faire.
Même si pour ça elle devait réduire cette foutue île en cendres jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.
§§§§
Alors qu'elle s'apprêtait à rentrer à Storybrooke, Regina Mills souriait.
Parce que les choses avançaient.
Parce que la Forêt Enchantée ne serait plus jamais la même et que certaines choses ne changeraient jamais non plus, qu'elle serait toujours vue comme la méchante reine, mais…
Mais il y avait certaines choses que sa malédiction avait détruites, abîmées, mises en pièce dans ce monde qui commençaient à guérir, grâce à ses efforts et à ceux des habitants, grâce à sa magie, et ça prendrait du temps.
Mais ils étaient sur la bonne voie.
Aussi, quand elle vit Rumplestiltskin arriver en franchissant un portail, elle continua de sourire, ne remarquant pas tout de suite son air soucieux.
« Rumple ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Regina… Commença-t-il d'une voix où transparaissaient clairement l'inquiétude et la peur.
Ce fut à ce moment-là qu'elle fit attention à l'expression de son visage.
Son sourire s'effaça aussitôt.
- On a un problème, poursuivit-il.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle, sentant une peur panique commencer à l'envahir parce que pour que le Ténébreux en personne vienne la voir dans un autre monde et l'y chercher pour la ramener d'urgence à Storybrooke au lieu d'attendre qu'elle revienne ou de s'occuper de la situation lui-même, alors ça signifiait que c'était forcément grave. Est-ce que… Zelena…
Il secoua la tête.
- Non. Moi aussi j'y ai pensé mais ce n'est pas elle. C'est Henry.
Elle fronça les sourcils, perplexe.
- Quoi Henry ?
- Il a été enlevé.
La brune sentit le sol se dérober sous ses pieds.
Elle regarda son ancien mentor comme s'il venait de lui annoncer que la fin du monde était tout juste sur le point de se produire.
- Comment ça enlevé ?
Cora était morte, Crochet était en prison (et non seulement elle doutait à la fois qu'il ait décidé de faire une chose pareille et que Rumplestiltskin ait besoin de son aide pour l'arrêter à moins que le pirate n'ait déjà quitté la ville, ce qui lui semblait assez improbable), et si ce n'était pas Zelena, alors…
Qui ?
Pas un des habitants de la ville, le roi George n'avait rien tenté depuis la fin de la malédiction et il n'aurait pas été assez stupide pour agir ainsi, sans compter qu'elle savait qu'il n'avait pas d'alliés capables de pratiquer la magie et il n'aurait eu aucune raison de le faire.
Elle eut beau chercher, elle ne trouva pas.
C'était forcément quelqu'un d'un autre monde.
Elle ne s'attendait aucunement aux noms qui sortirent de la bouche de son ancien ennemi.
- Marc et James Smith. Ils l'ont enlevé quand il était avec Neal et ils ont sauté avec lui dans un portail. Ils ont utilisé un haricot magique.
Elle se figea, stupéfaite.
- Mais… mais ils viennent du monde sans magie ! Comment et surtout pourquoi auraient-ils fait une chose pareille ?
Ça n'avait aucun sens.
- D'après Neal, il s'agirait en réalité de Jean et Michel Darling.
- Darling ? Comme dans Peter Pan ?
Parfois, malgré le fait d'être elle-même perçue comme un personnage de contes de fées dans le monde sans magie, elle avait tendance à oublier que certaines choses crues fictives étaient en vérité réelles.
- L'un des deux frères l'a appelé Baelfire avant de disparaître.
Regina ne l'écoutait presque plus.
Ça recommençait.
L'histoire se répétait et cette fois ce n'était même pas de sa faute.
- Est-ce que tu as une idée d'où ils auraient pu l'emmener ?
Il fallait qu'elle se raccroche à ça, à quelque chose de concret, à une piste, elle ne devait plus s'arrêter pour réfléchir sinon elle ferait du sur-place.
Sinon, elle s'écroulerait parce que Henry avait encore disparu et qu'elle ne savait pas comment faire pour le retrouver ni même où il était.
Mais cette fois les choses étaient différentes.
Elle n'était plus seule, elle avait sa magie, un moyen pour le retrouver et elle savait qu'il était dans un autre monde, elle ne tâtonnerait pas dans le noir comme la dernière fois, elle ne perdrait pas autant de temps, du moins, elle l'espérait.
Il secoua la tête.
- Je… Non je ne sais pas, j'ai peut-être une idée mais je ne sais pas comment…
Et, soudainement, Regina fut frappée par une illumination.
- Le globe.
Rumplestiltskin la regarda avec perplexité.
- Quoi ?
- Le globe ! Répéta-t-elle avec précipitation. La sphère, l'objet magique que ma mère voulait te donner pour te permettre de trouver ton fils à l'époque où elle ignorait encore que tu l'avais déjà retrouvé. Puisqu'il permet de savoir où se trouve n'importe qui quelque soit l'endroit, il devrait pouvoir localiser Henry, au moins dans quel monde il est.
Une lueur de compréhension s'alluma dans ses yeux.
Paniqué comme il l'était, il n'y avait même pas pensé, ne s'en était pas souvenu.
- Tu as raison. Il faut qu'on rentre et qu'on l'utilise, et alors… on saura. Et tu peux me croire Regina quand je te dis que je n'ai jamais autant voulu avoir tort à propos de quelque chose de toute ma vie.
- Où penses-tu qu'il se trouve ? L'interrogea-t-elle, curieuse, essayant de se focaliser sur autre chose que sur la peur qui lui dévorait de plus en plus le ventre.
- Au Pays Imaginaire, lâcha-t-il dans un frisson.
- Et… ce serait si affreux que ça ?
Le regard qu'il lui lança lui glaça le sang, parce que dans ses yeux, il y avait une émotion qu'elle y avait rarement vue.
De la peur mêlée à une haine qui la fit reculer, même si elle savait qu'elle ne lui était pas destinée.
- Tu n'as même pas idée à quel point… »
Elle aurait aimé ne jamais savoir en vérité.
Elle aurait voulu continuer à tout ignorer de ce monde, ne pas avoir à potentiellement y aller pour sauver son fils d'une menace qu'elle ne connaissait que vaguement et qui ne pouvait être que Peter Pan et qui effrayait même le sorcier immortel qui se trouvait devant elle et qui lui apparaissait autrefois comme indestructible et n'ayant peur de rien.
Parce que s'il avait raison, si Henry était bien là-bas…
Alors le récupérer sain et sauf risquait bien de devenir mission impossible…
A suivre…
