Bonus

Mancora, Pérou, le 22 février 2017

Athena se tenait devant le bar de plage au Pérou, contemplant l'océan qui s'étendait à perte de vue. L'air était imprégné du parfum salé de la mer, et le soleil se couchait lentement à l'horizon, baignant le paysage d'une lumière dorée.

Elle cherchait Buck, son cœur battant la chamade d'anticipation.

Elle était venue seule, laissant derrière elle Los Angeles et ses obligations pour ce voyage impromptu. Elle avait besoin de voir Buck, de lui transmettre un message important de la part de son père.

Lorsqu'elle l'aperçut enfin derrière le bar, elle s'approcha avec détermination.

Buck était occupé à servir un client, ne remarquant pas immédiatement sa présence. Elle attendit patiemment, observant le fils de Bobby avec une tendresse mêlée d'inquiétude.

Quand enfin il se tourna vers elle, avec un immense sourire charmeur sur le visage, Athena su qu'elle avait des problèmes. Ce garçon allait la faire chavirer sans aucuns efforts.

– Qu'est-ce que je vous sers, m'dame ? demanda-t-il poliment.

– Un verre de vin ?

– C'est un bar de plage, je ne suis censé servir que des cocktails, admit-il. Mais, comme je préfère faire plaisir à mes clients, j'ai toujours un peu de… attendez !

Il disparu derrière le bar quelques minutes. Athena entendait tinter les bouteilles puis la frimousse du jeune homme réapparu avec un sourire victorieux.

– Vous m'en direz des nouvelles, lâcha-t-il en lui servant un verre avant de ranger la bouteille à l'abri.

Athena goûta, curieuse, avant de reposer le verre sur le bar avec un sourire appréciateur. Buck était vraiment doué dans ce qu'il faisait.

– Pas mal, confirma-t-elle alors qu'il souriait.

– Ouais ?

– Vous avez cerné mes goûts, confirma-t-elle.

– Et bien, c'est un peu mon job.

Timing parfait.

Athena posa son dossier sur le bar, plaçant sa plaque de police par-dessus. Le sourire de Buck disparu et il la regarda avec méfiance.

Athena comprenait.

Ils ne se connaissaient pas et après ce qu'il avait vécu… Elle avait eu du mal à lire le rapport d'enquête dans son intégralité.

Buck avait vécu un véritable enfer et c'était un miracle qu'il soit toujours en vie.

– Je ne suis pas là pour parler de l'affaire, commença-t-elle, anticipant sa réticence.

– Alors qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-il sur la défensive. Parce que vous êtes très loin d'être dans la bonne juridiction.

– Je suis ici pour parler de ton père.

– Est-ce qu'il… il va bien ? s'inquiéta-t-il immédiatement.

– Il va bien, confirma-t-elle. Mais tu lui manques.

Buck parut paniqué à cette mention, regardant avec appréhension le dossier, sachant pertinemment ce qu'il contenait pour l'avoir vécu et Athena comprenait qu'il craigne que son père ne connaisse des détails morbides sur ce qu'il lui était arrivé.

– Ton père ne l'a pas lu, le rassura-t-elle. Il en a fait la demande mais je lui ai dit que ton dossier était scellé. Il ne sait rien de plus que ce que tu lui as écrit. Il veut juste que tu saches qu'il t'aime et qu'il t'attend. Il respecte tes choix, il ne sait même pas que je suis ici, à vrai dire. Je t'ai retrouvé grâce à ta dernière carte postale.

– Je… je ne veux pas qu'il sache.

– C'est ta décision, confirma-t-elle. Mais si un jour tu décides de te confier, je veux que tu saches que l'amour que ton père à pour toi ne changera pas. Tu es son fils et tu le resteras.

– C'était de ma faute. Je ne veux pas qu'il se sente coupable de…

– C'est ton père, le coupa-t-elle. Et crois-en mon expérience de maman, quand on est parent, on remet en question tout ce qui arrive à nos enfants, on se responsable de tous ce qui est négatif.

– Ce n'était pas sa faute, insista-t-il.

– La tienne non plus, lui rappela-t-elle. Tu es tombé amoureux, Buck. Ça arrive et c'est merveilleux la plupart du temps mais tu n'as pas eu de chance. Ce n'était pas de ta faute. Et crois-moi, ton père te dirait la même chose.

Buck la fixa, incrédule.

Il semblait un peu rassuré par ses paroles. Il semblait aussi être submergé par l'émotion, alors que ses yeux se remplissaient de larmes, réalisant à quel point son père tenait à lui.

– Il… Il m'attend vraiment ? demanda-t-il, sa voix empreinte d'émotion.

Athena hocha la tête avec un sourire tendre.

– Oui, il t'attend. Et il t'aime plus que tout au monde.

Buck la regarda, les yeux brillants de larmes retenues. Il se sentait à la fois soulagé et reconnaissant que son père soit toujours là pour lui, malgré tout ce qui s'était passé.

– Et… ? commença-t-il, hésitant. Et toi, qui es-tu ?

– Eh bien tu sais déjà que je suis un officier de police, à Los Angeles. C'est là que j'ai rencontré ton père, sur les lieux d'une intervention. En fait, la première fois que je l'ai vu, je l'ai haï. Il m'a quand même déposé un coq vivant dans les bras, avant de s'en aller, comme ça. Je crois même qu'il en rit encore.

Buck éclata de rire et Athena aima d'emblée ce son. C'était si communicatif qu'elle sentit un sourire poindre sur ses lèvres, malgré le souvenir horrible.

– Mon dieu, j'imagine tellement la scène, rit-il encore.

– Je t'assure que je n'étais pas fière, affirma-t-elle. Puis, on s'est revu sur une enquête après un incendie. Une histoire de fraude à l'assurance. Ensuite, ton père est venu me demander de l'aide après avoir reçu ta lettre.

– Oncle Ray m'a dit qu'on s'était raté de peu à St Paul, admit-il. Je l'ai regretté mais j'ai été soulagé. Je n'étais pas vraiment prêt. Je ne voulais pas m'effondrer. Quand…, déglutit-il. Quand j'étais là-bas, je… J'étais tellement à bout et désorienté. Je ne savais même plus qui j'étais et parfois, quand j'étais au fond du trou, je fermais les yeux et je l'imaginais, entouré autour de moi, comme quand j'étais petit, quand il me rassurait après un cauchemar. Ça m'a sauvé la vie plus d'une fois.

– Pas à chaque fois, comprit Athena en voyant les cicatrices sur ses poignets.

– C'était après, admit-il. Quand je suis sorti de l'hôpital, tout était… trop. Je n'ai pas pu me recentrer et je voulais seulement que tout s'arrête, me laisser le temps de reprendre mon souffle. J'ai eu de la chance de rencontrer de bons pompiers qui m'ont aidé à me remettre sur les rails. Toutes les bonnes choses de ma vie se sont passé grâce à des pompiers. Mon père… il m'a sauvé la vie, tu sais ? Quand j'étais encore un bébé.

– Je sais, il m'a raconté.

– Moi c'est oncle Ray qui m'a dit et je le regrette. Peut-être que si j'avais su écouter ce que mon père me disait ce jour-là, si j'étais resté, alors rien de tout ça ne se serait passé.

– Tu n'as rien à regretter, Buck. Tu sais dans la vie, on fait des erreurs. C'est ce qui nous permet d'avancer. Tu as vécu un grave traumatisme mais tu te bats pour te relever et tu es vivant. C'est le plus important et ça te rendra encore plus fort à l'avenir.

– Je ne crois pas être encore prêt à revenir, admit-il. J'ai besoin… de guérir encore un peu.

– Tu as tout ton temps… et bien, égoïstement j'aimerais bien me marier un jour et ton père ne décidera pas d'une date sans toi, rit-elle nerveusement.

– Tu… ? Toi et mon père ? Vraiment ?

– Est-ce que ça va ? demanda-t-elle incertaine.

– J'aimais ma mère, affirma-t-il. Et je sais que rien ni personne ne pourra la remplacer dans mon cœur mais… je ne veux pas que mon père finisse sa vie tout seul. C'est un homme bon et je veux juste qu'il soit heureux. Attends une seconde, il n'a pas fait sa demande le soir de la St Valentin quand même.

– Euh… si en fait.

– Oh papa, tu es tellement ringard, quand tu t'y mets. Il a demandé à ma mère à noël, il pense que c'est le summum du romantisme.

Athena éclata de rire.

– Je suis vraiment heureux pour vous deux et je te promets que je ne mettrais pas dix ans à revenir.

Il s'approcha et l'enlaça, laissant échapper un soupir de soulagement.

Et tandis que le soleil se couchait lentement à l'horizon, illuminant le ciel de teintes chaudes et chatoyantes, Athena et Buck restèrent là, ensemble faisant connaissance, savourant simplement ce moment de partage, comme le début d'une nouvelle chance d'avoir une famille.