Et la version française du chapitre un !


Alastor était assis au bar, comme la majorité de leur famille reconstituée, alors qu'ils buvaient et célébraient l'arrivée de nouveaux résidents dans l'Hôtel. Charlie avait proposé de faire cette petite fête, maintenant que l'établissement commençait réellement à marcher. Tout le monde avait été d'accord, Alastor aussi. Il devait jouer le jeu et, même s'il ne l'avouerait jamais, il tolérait la présence des autres résidents.

Au bar se trouvait bien évidemment Charlie, Vaggie, Husk, Niffty, Angel et lui-même. Cherri, l'amie explosive de la Pornstar, n'était pas présente ce soir là, alors qu'elle avait été invitée. Alastor avait plus de mal avec elle. Elle était un rajout récent à leur petit cercle et elle-même avait l'obligeance de ne pas se sentir intégrer. Il faudrait du temps pour que ça soit le cas. Il entendit un rire angélique et ses oreilles tressaillirent. Ah, oui, Lucifer était là aussi.

Comparé à Cherri, il se sentait clairement à sa place dans leur groupe. Il interagissait avec les membres de celui-ci avec une aisance déconcertante et les autres l'adoraient. Il vivait désormais dans l'Hôtel, à la demande de Charlie, apparemment. Alastor ne pouvait pas en être sur, il n'était pas là lors de la construction du bâtiment. Cela l'avait agacé, quand il était revenu et qu'il l'avait vu. Il ne faisait pas parti de son plan et il constituait un problème majeur à la réalisation de celui-ci. Comment pouvait-il influencer et profiter du pouvoir de Charlie si son agaçant de père était présent ? Énervant, certes, mais aussi très puissant.

Cela le fit frissonner alors qu'il prenait une gorgé de son whisky. Il y a quelques jours à peine, des démons avaient essayé d'attaquer l'Hôtel à cause d'un nouveau résident qui avait plusieurs problèmes avant de chercher la rédemption. Normalement, c'était Vaggie et Alastor qui s'occuperaient de l'assaut mais Lucifer se trouvait à l'entrée du bâtiment. Il levait un sourcil alors que les deux protecteurs de l'Hôtel arrivaient. Il ne semblait pas d'humeur et soupira en claquant des doigts. Tous les assaillants, sans aucune exception, s'écroulèrent et hurlèrent de douleurs. Ils se tortillaient alors qu'une torture inimaginable attaquaient leurs nerfs et semblaient les rendre fou.

Vaggie avait l'œil écarquillé de surprise et regarda Lucifer qui lui fit un petit geste de la main.

« Ça va durer quelques minutes. A mon avis, ils ne reviendront pas. » dit-il, d'un ton blasé. « Mais libre à toi de les achever si tu veux ! »

Il avait fait un clin d'œil à l'ancienne exorciste avant de s'éloigner. Celle-ci était stupéfaite et horrifiée. Alastor regardait la scène avec délice. Un frisson de pure bonheur parcouru son corps alors qu'il voyait ses païens se démenaient face à la douleur. Quand il vit cette scène, il sut qu'il était en Enfers et que la raison pour laquelle ils n'étaient tous pas dans la même situation que ceux devant ces yeux, c'était parce que le Roi le voulait.

Alastor jeta un œil au petit être qui était assis à côté d'Angel. Il riait de la discussion qu'il avait avec le Démon Araignée et, comme ça, il n'avait pas l'air si dangereux. Il avait même l'air ridicule, dans son costume de Monsieur Loyal, avec sa peau nacré et ses petites tâches rouges au coin de ses lèvres. Ces yeux grands de couleurs dorées et rouges lui donnait l'air d'un chérubin et ces cheveux blonds si bien coiffés rajoutaient à son côté angélique. Pourtant, d'un simple claquement de doigt, il avait provoqué une réaction de terreur pure qu'Alastor n'aurait pas pu réalisé sans mettre beaucoup d'énergie.

« Bien sur que je sais danser ! » ria l'ange déchu, ce qui attira l'attention du Démon Radio. « Je suis même plutôt bon à ça ! »

« Oh ? » sourit Angel, clairement taquin. « Et tu sais danser quoi ? La valse ? Le ballet ? La danse égyptienne ? » Il mima le cliché avec les bras de profil. Cela provoqua un nouveau rire de la part de Lucifer.

« Le hip hop, le break dance, la capoeira ! » continua-t-il, le sourire au lèvres. « Tu me diras, à partir du moment que tu sais danser la danse classique, alors tu peux tout faire ! »

« Sérieux ? » rit le Démon Araignée. « Tu es une ballerine ? »

« Yep ! » approuva Lucifer en prenant une gorgée de sa boisson.

« Tu sais faire les pointes et tout ?! » s'étonna Angel.

Le Roi des Enfers lui jeta un regard amusé et sauta de son tabouret après avoir posé son verre. Il s'avança un peu dans la pièce afin de s'éloigner des bords. Il invoqua dans un claquement de doigts les chaussures et enleva ses bottes pour mettre ces pointes. Avec son regard fixé sur Angel, il prit une pose dramatique et se hissa doucement sur la pointe des pieds. Il arriva finalement en position et rit en voyant l'expression admiratrice du Démon Araignée.

« Oh bordel, tu y arrives vraiment ! » souffla Angel.

Lucifer commença alors à danser. Il tournoyait sur lui-même, sautillait avec grâce dans la salle. Tout le monde le regarda et Alastor ne put qu'admirer la beauté qui dégageait de ces mouvements. Ceux ci étaient fluides, rapides tout en figeant le temps dans un étau d'élégance. La peau nacrée de Lucifer brillaient comme s'il émanait de lui une lumière divine, comme s'il n'était qu'un condensé de celle-ci. Son sourire sincère lui donnait un air candide et ces yeux, légèrement fermés et concentrés, appuyait la magnificence de ces traits. Le Démon Radio continua a fixer le Roi, une sensation inconnue au creux de son estomac, comme s'il était dégoutté et en même temps irrémédiablement attiré. Quand il voyait Lucifer s'élançait, il comprenait pourquoi il était nommé le Péché Originel.

L'ange effectua quelques pas classique, des sautés en grand écart et il attrapa son pied avec sa main, faisant un arc de cercle parfait. Alastor devait reconnaître que le Roi était souple.

« Putain, tu dois être merveilleux au pieu. » déclara Angel, ce qui provoqua un cri de protestation de Charlie et un rire de la part de Lucifer.

Le Démon Radio leva les yeux au ciel. Évidemment que la Pornstar ne pouvait que faire ce genre de commentaire. Ce n'était en rien étonnant. Tout signe d'élégance était tourné en pensée impie, dans son esprit de prêcheur dérangé.

« Pourquoi, tu veux tester ? » ricana Lucifer, un regard humoristiquement sensuel sur le visage. Charlie poussa un autre cri de protestation et Angel rit devant la fausse proposition. Alastor ressentit une profonde irritation se développer en lui. Vraiment, le Roi était un être pathétique.

Etait-il obligé de répondre à la déclaration d'Angel ? Bien sur que non ! Il aurait pu faire comme toute personne descente et ignorer le commentaire plus que douteux de la Pornstar !

« Alastor ? » demanda la voix de Charlie, inquiète.

Et pourquoi tout devait tourné autour du sexe ? C'était quelques choses qui l'avait toujours révulsé, que ce soit dans la vie de tous les jours comme dans l'humour. Qui y avait-il de drôles à faire des avances factices ou des références à cet acte obscène ?

« Euh … Alastor. » dit la voix grave d'Husk, horrifié.

Lui qui pensait que seuls les hommes trouvaient cela drôle. Il semblerait que les êtres angéliques aussi. Cela le décevait tellement que son whisky devenait désagréable dans sa bouche. Il semblerait que, qu'importe l'espèce, une personne de genre masculin restait un être qui ne méritait aucun respect.

« Alastor ! » cria la voix de Vaggie, paniquée.

Pourquoi un être aussi puissant que Lucifer n'était qu'une représentation mal animé de ce qui le dégouttait le plus ? Pourquoi, alors qu'il pouvait provoquer la fin du monde avec un claquement de doigts, il tombait si bas et répondait à des avances si mal formulées ? C'était abjecte, déshonorant, indigne de …

« Oh, le groom. » intervient la voix tranchante du Roi des Enfers.

Les oreilles d'Alastor se tournèrent vers l'Ange Déchu alors qu'il lui jetait un regard interrogateur. Lucifer se tenait là, droit, les bras tenus en position d'incompréhension. Son visage était figé dans une expression de pure confusion et d'énervement.

« C'est quoi ce bordel ? » questionna-t-il. Le Démon Radio leva un sourcil.

« Plait-il ? » demanda-t-il. Il entendit soudain un son étouffé à sa droite. Quand il tourna la tête vers le bruit, une expression surprise se peignit sur son visage. A côté de lui, Vaggie, Husk et Charlie essayaient désespérément de sauver Angel Dust. Celui-ci était attiré vers le sol par des tentacules noires qui l'étranglaient et essayaient de l'écarteler. Ces yeux larmoyants, posés sur Alastor, le suppliaient d'arrêter. Cela remplaçait sa voix qui, sans air, ne pouvait sortir de sa bouche.

« Oh ! » s'exclama le Démon Radio en claquant des doigts. Les tentacules s'évaporèrent. Sur le visage de l'Overlord ne se lisait aucun signe de regret, son sourire impénétrable. Cependant, son esprit était en train de dérailler. Que venait-il de se passer ? Avait-il réellement perdu le contrôle de ces pouvoirs ? Et pourquoi ? Il se dit immédiatement qu'il avait trop abusé de l'alcool, même s'il ne sentait pas son esprit brumeux. Angel reprit son souffle alors qu'il lui jetait un regard terrifié. Il devait agir vite, afin de montrer qu'il avait contrôle sur la situation.

« Je ne voulais que t'aider, je le jure ! N'étais tu pas jaloux de la flexibilité de notre Roi ?» demanda-t-il, la voix menaçante. « N'es-tu pas satisfait, Angel ? »

Il approcha son visage de celui du Démon Araignée qui, terrorisé, se contenta de hocher la tête en approbation.

« Formidable ! » il se redressa et resserra le nœud de son costume, pour se donner une contenance. Il se ficha royalement du regard désapprobateur des autres personnes de la pièce. Cependant, l'un d'entre eux était plus brûlant que les autres, plus puissant, et cela le mettait mal à l'aise.

« Sur ce ! » s'exclama-t-il. « Je vous laisse continuer à festoyer ! Je me sens relativement épuisé ! Bonne soirée ! »

N'attendant aucune réponse, il commença à se fondre dans les ombres. La seule voix qui le suivit fut celle de l'Ange des Enfers qui, d'un ton impérial, murmura :

« Nous en reparlerons. »

Il fit en sorte que ce ne soit jamais le cas.


Les jours qui suivirent la fête furent relativement normal. Alastor continuait son travail. Il gérait l'Hôtel d'un main de maître, faisait rentrer des provisions pour les habitants, organisait ces esclaves d'ombre pour le ménage avec Niffty et pour tenir l'accueil, surveillait les mouvements des nouveaux résidents pour qu'ils suivent à la lettre les instructions de Charlie, sécurisait le périmètre pour éviter toute attaque inconvenue.

Cependant, il remarquait un certain froid, avec les autres membres de sa nouvelle famille. Le plus évident était Angel qui, à chaque fois qu'il le voyait, se pétrifier d'horreur et commençait à se recroqueviller. Réaction assez délectable, mais réellement étrange de la part du Démon Araignée qui jusqu'à maintenant n'avait jamais montré de crainte le concernant. Vaggie et Cherri étaient très venimeuses à son égard. Elles ne lui adressaient la parole que pour donner des ordres strictes pour l'une et des injonctions pour l'autre. Husk était inhabituellement silencieux et ne lui parlait plus. Il lui obéissait au doigt et à l'œil, sans remettre en doute ces paroles. Bien que cela soit plaisant, c'était bien moins amusant. Niffty elle même semblait le regarder avec désapprobation et ne s'approchait plus de lui comme elle le faisait auparavant. Elle apparaissait deux secondes, lui donnait un cafard vivant et repartait comme une fleur. Le fait que la bestiole respire encore quand elle lui amenait n'annonçait rien de bon. Charlie, quand a elle, était la seule à lui parler normalement. Elle restait un rayon de soleil inchangé, une lueur de pure bonheur dans ce monde cramoisi et pourri. Alastor s'était habitué à ce fait et, même s'il ne l'avouerait jamais, l'appréciait. Cela rendait la jeune femme manipulable, bien évidemment, mais aussi agréable à côtoyer.

Un jour, alors qu'ils discutaient d'un nouveau résident qui était réticent aux méthodes de Charlie, Angel arriva rapidement dans le couloir, le sourire crispé, les yeux profondément triste, à deux doigts de pleurer.

Charlie, quand elle le vit, essaya de tendre la main vers lui pour l'interpeller mais elle s'arrêta quand l'expression de pure peine se transforma en terreur à la vue d'Alastor. La Princesse des Enfers laissa donc son ami s'éloigner, le visage inquiet, alors que le Démon Radio levait un sourcil d'incompréhension.

« Que lui arrive-t-il ? » demanda celui-ci, d'un ton neutre, plus comme s'il demandait par politesse que par réel intérêt.

« Il était avec Valentino aujourd'hui. » expliqua doucement Charlie, la tête toujours tournée vers la direction où Angel s'était enfui. « Je pense que ça ne s'est pas bien passé. »

« Comme d'habitude, me diras tu. » soupira Alastor. « Pourquoi ne l'as tu donc pas arrêté ? Normalement, tu te serais interposée pour essayer de le réconforter. »

Charlie se tourna rapidement vers lui, les yeux écarquillés, comme s'il venait de lui demander la chose la plus ridicule qui n'est jamais existé. Cela blessa Alastor qui se contenta d'un sourire patient et d'un regard dur. Sa question était pertinente, pas la peine d'agir comme ça.

« Euh. » commença Charlie en levant un sourcil. « Parce que tu étais là ? »

Alastor leva les sourcils.

« Et? » appuya le Démon Radio.

« Et ? » répéta Charlie, incrédule. « Alastor, sérieusement ? »

« Je suis très sérieux, Charlie. » dit-il, légèrement tranchant.

Charlie leva les yeux au ciel avec un soupir, chose qu'elle ne faisait jamais à Alastor. Cela le troubla. Elle plaça ses mains devant sa bouche, jointe, comme le faisait souvent son père quand il s'apprêtait à réprimander quelqu'un. Cela le figea sur place.

« Alastor. » commença t-elle. « As tu oublié que tu as failli écarteler Angel la dernière fois où vous avez traîné ensemble ? »

« Non. » répondit le Démon Radio.

« Alors » continua la jeune femme « En quoi le fait que je n'ai pas arrêté Angel parce que tu étais présent te fais te poser des questions ? »

L'homme mûre fronça des sourcils.

« Ce n'est pas comme s'il ne savait pas qui j'étais et ce qui m'insupportai. » répliqua-t-il, sec. « Son commentaire était déplacé, j'ai voulu lui donner une bonne leçon. Cela ne change pas de ce que je fais d'habitude avec autrui. »

« Sauf. » contra Charlie, une mine légèrement déçue sur son visage. « Que Angel n'avait pas réalisé qu'il était considéré comme un autrui. »

Alastor leva un sourcil.

« Que veux tu dire ? » demanda-t-il.

« Il pensait, comme nous tous, que nous étions une famille, Alastor. » continua Charlie et, même si son visage était souriant, celui-ci sonnait faux. « Et que du coup, tu ne lui ferais jamais de mal, qu'importe ce qu'il dirait. »

Les oreilles du Démon Radio se plaquèrent en arrière à la déclaration. Il fronça des sourcils et détourna le regard, réfléchissant.

« Nous te connaissons, Alastor. » poursuivi Charlie, doucement. « Nous savons qui tu es. Nous pensions connaître tes limites, c'est tout. »

Alastor lui jeta un coup d'œil, son sourire crispé.

« Mais, ce n'est pas grave ! » s'exclama-t-elle avec un ton plus joyeux. « C'est juste que nous devons remanier les infos qu'on a glané à cette soirée pour mieux te connaître et que tu te sentes bien dans notre cercle ! »

« Et que dois-je faire pour rester dans ce cercle ? » posa le Démon Radio comme question. Charlie haussa les sourcils.

« Tu fais beaucoup d'effort pour nous, Alastor. » dit-elle. « Chacun en a bien conscience. Beaucoup pense que la moindre des choses serait que tu t'excuses auprès d'Angel pour ton comportement excessif. »

« Pas toi ? » demanda-t-il.

Elle parut légitiment surprise.

« Pourquoi t'excuser pour qui tu es ? » répondit-elle, la tête légèrement penchée. Le cœur d'Alastor s'arrêta un seconde alors qu'il l'a regardé, vraiment intrigué.

« Tu dis aux autres que tout commence par un désolé. » dit-il. Elle haussa les épaules.

« Oui, parce que ces personnes le veulent et qu'elles sont remplies de regrets. » approuva-t-elle. « Mais tu n'en ressent pas et tu ne t'excuses pas. Tu es ainsi et tu veux le rester. Et c'est OK pour moi. »

Alastor se sentit fondre figurativement et, rapidement, il détourna le regard pour fixer un point sur le mur. Son âme se tordit d'affection pour cette jeune fille qui, en l'espace de quelques phrases, l'avait fait se sentir intégrer, accepter. Il n'avait jamais connu ça auparavant de la part de personne qui ne partageait pas ces idéaux. Il sentit une main se poser sur son bras. Il ne l'a regarda pas, toujours fixé sur le mur en face de lui.

« Laisse lui le temps de s'en remettre. » dit-elle, doucement. « Mais par contre, n'impose pas à ce que votre relation soit comme avant. Tu as changé les règles, alors laisse le en faire de même de son côté. Tu lui as montré tes limites, laisse le te montrer les siennes. Du genre, j'arrête les flirts avec Papa et de ton côté, si ça te dérange, tu m'en parles au lieu de m'écarteler. »

Alastor fit les gros yeux à cette déclaration.

« Ce n'est pas parce qu'il a fait des commentaires déplacés à sa Majesté que j'ai réagi de cette façon ! » protesta-t-il en se tournant vers elle. Charlie lui sourit patiemment en levant un sourcil, clairement pas convaincue. Il voulut continuer, lui expliquer et lui prouver qu'elle avait tort mais son estomac se plomba quand il sentit une présence puissante arriver dans le couloir.

« Je dois y aller. » dit-il, calme, alors qu'il s'évaporait dans ses ombres. Charlie ne le retient pas, le regardant faire avec un léger amusement.


Avec ces nouvelles informations en tête, Alastor réfléchissait. Pour la réalisation de son plan, il lui faudrait que tout le monde à l'Hôtel soit dans sa poche. Bien sur, la seule qui comptait était Charlie. Elle avait clairement dit que son comportement ne la dérangeait pas. Il en était reconnaissant et cela le rendait en même temps malade. Comment pouvait-elle accepter qui il était tout en voulant changer les Enfers avec son projet d'Hôtel ridicule ? Cela le dépassait, de loin.

Toujours est-il que s'il devait garder Charlie dans sa poche, il se sentait obligé de bien s'entendre avec le reste de sa famille reconstituée. La première étape était donc de se relier d'amitié avec Angel. Charlie lui avait bien dit de lui laisser de l'espace, du temps et d'être patient afin qu'il puisse revenir vers lui avec un nouvel aperçu de leur relation. Cependant, Alastor n'était pas homme à laisser le contrôle à quelqu'un d'autre. Il essaya donc d'amadouer le Démon Araignée pour qu'il oubli cet affreux malentendu. Les jours restants, il s'imposa littéralement à Angel, le suivant dans les couloirs pour lui demander s'il voulait quelques choses, lui préparant son petit déjeuner, lui proposant de l'accompagner quand il sortait pour le protéger. Cela ne sembla pas avoir l'effet escompter. Au début, le Démon Araignée était horrifié. Puis, au fur et à mesure, il sembla s'énerver de ces attentions. Il devenait de plus en plus incisif et, si c'était une évolution bienvenue (Alastor savait mieux gérer la colère que la peur lorsqu'il voulait discuter avec quelqu'un), celle-ci était inattendue. En quoi être serviable lui amenait cette réaction ? Angel ne voyait-il pas les efforts qu'il faisait pour lui plaire ? C'était un peu vexant.

Finalement, un jour, Angel craqua. Alors qu'ils étaient seuls dans un couloir de l'Hôtel, le Démon Araignée se tourna brusquement vers l'Overlord qui venait de lui proposer de lui amener une couverture.

« Arrêtes de te foutre de ma gueule ! » s'exclama-t-il, ce qui surpris Alastor.

« Plait-il ? » demanda le Démon Radio. Cela fit grincer les dents à la Pornstar.

« Arrête avec toutes ses conneries et fou moi la paix, connard ! » cria-t-il. Le Démon Cerf n'eut le temps de protester qu'il continua, les larmes aux yeux. « Qu'est ce que tu m'emmerdes, avec tes attentions à la con, alors que la seule chose que je veux, c'est que tu me laisses tranquille ?! Putain, tu ne me connais même pas suffisamment pour savoir ce dont j'ai réellement besoin ! Mais en plus, c'est pas comme si tu en avais quelques choses à foutre ! Si tu fais ça, c'est juste pour être bien vu de Charlie ! »

Il essuya une larme qui était en train de couler sur sa joue, mais ces yeux étaient enflammés de fureur.

« Tu crois quoi, que je vais te pardonner pour m'avoir presque tué alors que je discutais avec ton petit Roi adoré ? Va te faire foutre, Smiley. Je m'en fous que Charlie me dise que l'on doit t'accepter tel que tu es parce que tu fais parti de notre famille ! J'ai déjà eu une famille, des putains de mafieux, et bordel, même eux ne faisait pas ça à ce qui faisait parti des leurs ! Tu es un psychopathe, un connard égocentrique et un putain de malade ! Tu t'en fous des autres ! Tu t'en fous de moi ! Je pensais qu'on était ... »

Il s'arrêta, la respiration lourde alors qu'il continuait à essuyer ses yeux larmoyants. Il finit par claquer la langue et se retourner.

« Laisse tomber. » chuchota-t-il. « Je vois même pas pourquoi je te parles. »

Alastor resta figé sur place alors qu'Angel s'éloignait. Le Démon Radio s'évapora alors dans ses ombres pour retourner dans ces appartements, pensif. Il avait aggravé la situation et, très sincèrement, cela le fatiguait. Les relations humaines étaient franchement trop compliqués. Tant pis, il n'aurait pas l'affection du Démon Araignée. De toute façon, cela ne l'impactait guère, maintenant qu'il y pensait. Pourquoi s'était-il convaincue qu'il devait s'entendre avec les membres de l'Hôtel pour avoir Charlie dans sa poche ? Il se posait sérieusement la question.


Il fit comme si Angel n'existait pas les jours suivants. Franchement, c'était bien plus facile pour lui et le Démon Araignée semblait s'en portait également à merveille. D'accord, il est vrai que de temps en temps, il surveillait ces faits et gestes pour voir comment il allait. De plus, il faisait toujours en sorte de se cacher dans les ombres quand celui-ci discutait avec d'autres personnes, pour voir s'il se remettait tranquillement de leur malheureuse expérience. Il remarqua alors plein de chose sur le Démon Araignée qu'il n'avait jamais vu. Notamment son comportement à chaque fois qu'il rentrait de son travail avec Valentino. Il semblait épuisé, maltraité autant physiquement que mentalement. Pour Alastor, il l'avait bien cherché. Après tout, il avait signé un contrat avec ce stupide papillon. Il n'était rien de plus que de la viande en sursis.

Néanmoins, il n'aimait pas voir Angel dans cet état. Pas qu'il ressentait de la pitié, non, non. Il n'était pas ce genre d'homme. Ce qui le dérangeait, vraiment, c'était qu'un autre Overlord avait un membre de leur cercle sous son contrôle. Du moins, que ça soit si visible.

Un soir, alors qu'il buvait du whisky dans son bureau, il réfléchit à l'image que cela donnait à l'Hôtel : nous vous donnons une chance d'atteindre la rédemption et nous vous protégeons, exceptés des autres Overlord, bien sur ! Ce n'était pas une image flatteuse pour sa réputation. Si le Démon Radio ne pouvait même pas défendre un de ses résidents contre les maltraitances physiques et psychologiques des autres seigneurs, alors en quoi était-il le plus puissant d'entre eux ?

Il posa ses yeux sur un petit talisman vaudou qui se trouvait sur sa table. Celui-ci était rond, avec sur sa surface des symboles de protection. Sa mère le lui avait offert, lorsqu'il était enfant, afin de le protéger du mal. Son cœur se serra un instant au sourire éclatant de sa mère et à sa voix qui monta dans son cerveau : « Il protégera quiconque le portera ! A toi de décider qui en a besoin. »

Bien sur, il savait que c'était faux. Il ne l'avait jamais protégé de son vivant. Pourtant, ici bas, peut être pourrait-il remplir sa mission ? Il l'attrapa de ses doigts fin et le regarda longuement. Il commença alors à insuffler de la magie à l'intérieur, donnant des instructions précises aux ombres qu'il cumulait dans les traits des symboles. Finalement, alors que la fatigue commençait à le gagner, il envoya sur un coup de tête son ombre dans la chambre d'Angel. Il pris une autre gorgée de sa boisson et alla se coucher, sans aucune autre pensée.

Quelques jours plus tard, en pleine nuit, alors qu'il était de nouveau dans ses appartements, il entendit toquer. Surpris, il alla voir dans le judas qu'il avait installé de qui il s'agissait. Son étonnement s'amplifia quand il vit Angel. Le Démon Araignée semblait mal à l'aise et tenait dans sa main un objet. Le Démon Radio ouvrit la porte en levant un sourcil, silencieux. Il ne le salua même pas : au vu de l'heure qu'il était, il ne voulait ni lui souhaiter la bienvenue, ni lui dire de partir, étrangement. Angel se lécha la lèvre et, avec un regard à ses mains, sembla comprendre la question silencieuse d'Alastor. Il ouvrit celles-ci et montra le talisman.

« Je. » commença-t-il avant d'être coupé par une respiration hésitante. Le Démon Radio se contenta de rester immobile alors que le Démon Araignée continuait. « J'ai reçu ça de ta part il y a quelques jours, sans mot ou quoi que ce soit. Je sais que ça vient de toi parce que ton ombre me l'a donné. Je ne savais pas ce que c'était et vu que j'étais énervé contre toi, je l'ai laissé sur ma table de chevet. Aujourd'hui, je sais pas pourquoi, mais je l'ai mis autour de mon cou. Je suis allé travailler et … Valentino … Il n'a pas aimé ce bijou. Il … Il a voulu … Il a voulu me frapper. Mais soudain, une ombre est sorti du talisman et l'a maîtrisé. Dés lors qu'il ne représentait plus un danger, elle a disparu. Il a voulu réessayer mais elle est réapparu et l'a déjoué. »

Il se lécha la lèvre avant de le regarder dans les yeux.

« C'est quoi ce bordel ? » demanda-t-il, mais sa voix n'avait aucune trace d'énervement, que de l'incompréhension.

« J'ai jeté un sort sur ce talisman pour te protéger spécifiquement des attaques de Valentino. » répondit le Démon Radio. « C'est un charme que ma mère m'avait crée quand j'étais en vie et qui m'a suivi jusqu'à ma mort. Il était censé me protéger et elle m'avait dit de le transmettre à qui en avait besoin. » Il haussa les épaules. « Je ne suis clairement plus concerné par ça, alors autant le donner à quelqu'un de plus faible que moi. »

Angel le fixa longuement avant de chuchoter un : « Merci. »

Alastor fut confus.

« Je ne l'ai pas fait pour toi. » précisa-t-il. « Je dois protéger ma réputation et le fait que tu rentrais battu à chaque fois que tu revenais de ton travail ne faisait que l'entacher. Au moins, maintenant, on sait que je peux contrer les maltraitances de ce pathétique réalisateur. »

Le Démon Araignée ne détacha pas les yeux de lui et, contre toute attente du Démon Radio, il y avait presque de l'attachement dans son regard. Il ne comprenait pas pourquoi.

« Et c'est tout toi, Alastor. » dit-il dans un souffle. Cela surpris l'Overlord : il était rare que la Pornstar ne l'appelle par son prénom. « Bonne nuit. » dit-il avec un léger sourire alors qu'il commençait à s'éloigner.

Le Démon Radio commença à fermer sa porte, purement confus par cette conversation, avant qu'il n'entende Angel lui dire :

« Si tu as un soucis concernant les relations, viens me voir. Je peux t'aider. »

Alastor resta figé, surpris par cette déclaration alors que le Démon Araignée s'éloignait, disparaissant dans les ombres du couloir.