Finalement comme j'avais pas mal d'avance dans mes chapitres voici le quatrième en avance !
J'espère qu'il vous plaira autant que les 3 premiers :)
Enjoy !
April
Chapitre 4
Au milieu de la mer, navire de Barbe Blanche, infirmerie.
Alors qu'elle posait la main sur la poignée de la porte qui la plongerait définitivement dans un monde qui lui était totalement inconnu, celle-ci s'ouvrit sans qu'elle en soit l'auteure. D'un bond Isaya s'éloigna et fléchi les jambes dans une posture de défense.
Un petit homme brun à lunettes et à blouse blanche se figea dans l'encadrement de la porte, son regard passait du lit à la jeune femme dans un ballet qui lui donna rapidement la nausée. Soudain un tic agita le coin de sa bouche et d'un coup il s'esclaffa :
- Déjà réveillé mademoiselle ?
Elle sursauta à l'appellation mais après avoir sondé la personne en face d'elle, qui devait être sûrement une sorte de médecin, Isaya retrouva une posture neutre à bonne distance de l'homme. Celui-ci ne sembla pas s'en formaliser et prit tout naturellement place sur une chaise près d'un bureau non loin du lit où se trouvait Ojutaï, dormant à poings fermés. Il tira une feuille d'un classeur reposant sur le bureau et attrapa un stylo dans sa poche puis braqua ses yeux dans ceux de la dragonnière.
- Comme tu as dû le deviner, je suis le médecin de cet immense rafiot et c'est moi qui t'ai pris en charge quand tu as tourné de l'œil. Tu peux m'appeler Gil. Maintenant je vais te poser quelques questions pour évaluer ton état.
La jeune femme plissa les yeux suspicieuse mais se rapprocha quand même du médecin jusqu'à une autre chaise à environ trois mètres. Gil eût un sourire en coin en voyant Isaya aussi méfiante.
- Bon je commence, cela fait deux jours que tu dors mais je n'ai pas vu l'utilité de te mettre sous perfusion tu dois donc ne pas être en grande forme même s'il semble que tu aies un bon métabolisme.
La dragonnière ne répondit pas. Le médecin enchaîna donc:
- Souffres -tu de maux de têtes ou de vertiges ?
Isaya secoua la tête négativement. Gil gribouilla quelques mots puis releva la tête.
- As-tu eu des nausées ?
Cette fois-ci la jeune femme hocha la tête de façon positive. Le médecin se renfrogna et leva son stylo.
- En as-tu encore ?
Elle secoua à nouveau négativement son visage et il nota encore quelques phrases sur la feuille de soins.
- Bien je pense que c'est dû à la fatigue et au fait que tu n'aies pas mangé depuis au moins deux jours. Sinon ressens tu la moindre douleur dans ton corps, ton cœur ?
La réponse d'Isaya fût la même que les précédentes, c'est à dire négative. Le médecin se releva satisfait et précisa à la silhouette en face de lui :
- Apparemment à part quelques bleus et contusions il semble que tu sois en bonne santé. Alors bienvenue sur le Moby Dick demoiselle ! Je vais à présent appeler l'un des commandants pour qu'il te mène à la cantine pour un petit déjeuner qui devrait te rendre les dernières forces qu'il te manque.
Isaya cligna des yeux pour monter son accord puis fixa le petit dragon et enfin le médecin. Celui-ci compris la question silencieuse.
- Ne t'inquiète pas tant que ni toi ni cette bête ne nous veut du mal il n'y a aucune raison qu'il en soit fait en retour. Et puis si ça peut te rassurer personne n'entre dans l'infirmerie sans mon autorisation à moins que ce soit une urgence. Ton lézard volant ne craint rien.
Étrangement son instinct croyait en la parole de cet homme et se résolu à laisser Ojutaï dans la pièce où elle sentait qu'il serait en sécurité.
Le médecin eut un sourire en coin en voyant la jeune femme donner une petite caresse à son lézard. Il ne comprenait pas pourquoi on lui avait dit de se méfier d'elle alors qu'elle semblait très douce, timide et juste un peu paumée. Alors qu'il sortait de l'infirmerie pour se diriger vers l'étage des cabines des commandants, il réfléchit rapidement à qui confier la jeune femme. Quand il atteignit le couloir des supérieur il ralentit devant la première porte mais secoua la tête avant de s'arrêter devant la quatrième qu'il ouvrit d'un grand coup de pied. Il beugla:
- Satch debout !
Dans la pénombre de la pièce il ne vit pas le concerné lui adresser un magnifique doigt d'honneur mais par contre il l'entendit grogner de mécontentement. Il soupira avant de changer de tactique tout en s'appuyant sur le chambranle de la porte.
- Quel dommage la jeune femme qui est tombée du ciel et que le capitaine a décidé d'aider vient de se réveiller, elle semble apeurée et je pensais que tu serais en mesure de la mettre à l'aise. Mais tant pis je vais réveiller Marco pour qu'il l'accompagne même si on sait tous les deux qu'il n'a aucun tact envers la gente féminine.
Sur ces paroles il se dirigea de nouveau vers le couloir et en moins de temps qu'il faut pour dire ouf, une main s'était posée sur son épaule. Gil se retourna un sourire au bord des lèvres. Un Satch resplendissant de vitalité et de motivation lui faisait face.
- Ne réveilles pas Marco, je suis ton homme !
- Parfait, habilles toi, je ne pense pas qu'elle soit à l'aise de te voir débarquer presque nu.
Satisfait, le médecin s'en retourna à ses affaires, il lui fallait faire un inventaire de tous les médicaments et matériel qu'il lui restait. Il n'avait aucune inquiétude quant aux capacités du quatrième commandant pour dérider la jeune femme et la mettre à l'aise afin qu'elle leur raconte enfin son histoire.
[...]
Isaya attendait dans l'infirmerie le retour du médecin, ses pensées tournant à mille à l'heure. Un mélange d'angoisse, de peur mais également de curiosité ? Elle s'ébroua mentalement puis essaya de faire le vide dans sa tête se répétant en boucle qu'elle était vivante - dans un monde inconnu certes - mais vivante et qu'Ojutaï allait bien. C'était tout ce qui comptait et maintenant advienne que pourra ! Au bout d'un moment l'ennui que l'attente était en train de créér l'étreignit et elle s'approcha des fenêtres rondes sur l'une des parois de la pièce. Elle eut un hoquet de stupeur quand elle se rendit compte qu'elle se trouvait en fait sur un navire. En effet le soleil levant se reflétait sur ce qui semblait être une immense étendue d'eau.
Plongée dans sa contemplation et stupeur elle n'entendit pas les pas puis les coups discrets donnés contre la porte de la pièce. Elle poussa donc un petit cri quand Satch ouvrit précipitamment la surface de bois. Alors que le pirate entrait dans l'infirmerie, Isaya virevolta sur elle-même pour faire face au danger. Elle reconnu tout de suite l'homme qui était présent sur la plage lors de son arrivée dans ce monde.
Faisant fi de sa réaction comme si tout était normal, le pirate lui lança un joyeux bonjour et l'invita à le suivre. Alors qu'il tournait dans le couloir sombre, Isaya encore stupéfaite et légèrement hésitante se décida se précipita à sa suite afin de ne pas le perdre.
Tout en avançant à travers le dédale, Satch expliquait à la jeune femme à quoi correspondait chaque pièce et où menaient escaliers et couloirs. Celle-ci était noyé sous le flot d'informations et fut incapable de tout retenir.
Soudain l'homme à la coupe de cheveux en banane s'arrêta brutalement. Isaya manqua de lui rentrer dedans violemment mais se figea in-extremis. Elle eut un mouvement de recul quand le pirate se retourna vivement vers elle. Il lui tendit la main en souriant chaleureusement.
- Je manque à mes devoirs de guide. Je me présente, Satch !
Il semblait si sûr de lui, arqué sur ses deux jambes qu'elle baissa sa garde devant le drôle de personnage et lui tendit la sienne. Alors qu'il s'emparait de la main de la timide demoiselle, il lui demanda son prénom mais celle-ci resta muette. Peut-être l'était t- elle ? Pourtant le commandant se souvenait de l'avoir entendu parler deux jours plus tôt. Il haussa les épaules en se disant qu'elle ouvrirait la bouche quand elle le voudra.
Au bout de cinq bonnes minutes de marche dans ce dédale titanesque de couloirs, ils arrivèrent devant une grande porte à battants d'où provenait le bruit de diverses conversations. Satch se retourna vers la jeune femme et lui offrit un clin d'œil encourageant avant de pousser l'une des portes. Il s'effaça pour la laisser passer devant lui de peur qu'elle ne se sauve.
Quand Isaya, retenant son souffle, entra dans le réfectoire qui lui semblait immense un début de panique tentait de s'immiscer dans son esprit. Surtout quand les conversations cessèrent et la vingtaine de pirates levés tôt et prenant leur petit-déjeuner se tournèrent vers les nouveaux arrivants. Face à leurs regards la détaillant, elle se crispa subitement et fit preuve d'une vraie force mentale pour l'empêcher de faire rapidement demi-tour. Satch le senti et afin de la détendre à nouveau il prît les devants et salua ses camarades joyeusement tout en se dirigeant vers une sorte d'ouverture dans l'un des murs du réfectoire où un cuisinier lui tendit une corbeille de pâtisseries et deux cafés brûlants. Puis il s'assit à une table de libre et tapota le banc à côté de lui pour inciter la demoiselle à s'asseoir.
Après quelques secondes d'hésitation, Isaya s'ébroua tout en se répétant inlassablement que tout allait bien et s'assit en face du pirate et non à ses côtés. Sur le coup celui-ci sembla attristé mais se repris bien vite en lui tendant son café. Elle huma délicatement le breuvage et le reconnu à l'odeur. Par contre les étranges gâteaux que l'homme en face d'elle engouffrait dans sa bouche lui étaient totalement inconnus même si elle reconnaissait l'odeur de beurre qui s'en dégageait.
Alors que d'autres commandants venant de se réveiller s'asseyaient a leur tablée, Satch capta son regard intrigué vers les pâtisseries. Il se pencha sur le bois et fixa gravement la jeune femme.
- Tu ne sais pas ce que c'est ?
La jeune femme intimidé par son ton et la présence d'hommes qui venaient de s'attabler à ses côté - trop proches à son goût - rentra la tête dans ses épaules et secoua négativement la tête.
Il y eu comme un flottement dans l'air et Haruta, un tout petit homme à l'allure d'une femme, sur sa droite lui demanda calmement :
- As-tu déjà vu ne serait-ce qu'un croissant ou un pain au chocolat dans ta vie ?
La jeune femme secoua à nouveau la tête.
Toutes les personnes présentes autour d'elle, c'est à dire Haruta, Vista et Satch se turent. Soudain Haruta lui tendit un croissant tout en se présentant ainsi que l'autre commandant.
Elle répondit aux salutations des pirates en clignant des yeux tout en s'emparant de la pâtisserie en forme de lune. Alors que Satch et l'un de ses hommes assis à une table derrière lui, débattaient sur le fait que la jeune femme soit muette ou non, la concernée finissait d'engloutir avec gourmandise le croissant sous les yeux ébahis de Vista. D'ailleurs celui-ci se permit une question :
- Maintenant que tu sembles plus détendue et à même de discuter, mademoiselle je n'ai jamais mangé de croissants, peut-on savoir ton nom et d'où tu viens ? Il faut dire que ton arrivée nous a tous marqué.
Un long silence s'installa où personne n'osait prendre la parole de peur de la brusquer. Après deux bonnes et longues minutes d'intense réflexion où Isaya pesait le pour et le contre, elle décida de faire plus ou moins confiance en les personnes autour d'elle. De toute façon elle était seule avec Ojutaï dans un monde inconnu en position de faiblesse, c'était déjà assez dingue et il lui fallait se raccrocher à quelque chose histoire de ne pas devenir folle ou se poser des milliers de questions. Elle n'avait pas le choix. Puis elle se força mentalement à se dire qu'il lui fallait des alliés pour appréhender les choses nouvelles qui croiseront certainement sa route et qu'elle n'avait plus rien à perdre. De plus s'ils étaient des ennemis elle serait logiquement déjà morte à l'heure qu'il est.
Les commandants présents captèrent l'échange qui se tramait sous la chevelure de neige mais nul n'osa parler avant qu'elle ne relève le menton et d'une voix assurée déclare :
- Je me nomme Isaya Bengali et je viens de la ville d'Arakum du pays d'Erevan. En résumé je viens d'un autre monde qui se situe dans une autre dimension.
Vista retenu son souffle, il ne remettrait aucunement en doute les paroles de la femme en face de lui car ses deux yeux brillaient d'une flamme sincère et pure qui pénétrait l'âme de quiconque s'y plongeait.
Ça y est Isaya a décidé de plus ou moins faire confiance aux pirates de Barbe Blanche même si elle ne sait rien d'eux ni de ce monde. En même temps, me direz-vous, pas simple de rester enfermé sur soi-même quand on débarque là-dedans ^^
Je vous dis à plus tard pour la suite qui ne devrait pas trop tarder.
Enjoy !
April
