Après une certaine angoisse que ce site soit down à tout jamais, voici enfin le Chapitre 17 !
Également un grand merci à Peche Blanche qui a laissé deux reviews ! C'est vraiment gentil et ça me motive à continuer à fond dans l'écriture de cette histoire. J'avais peur que cette fiction ne plaise plus, tu m'as rassurée, ouf !
Merci également aux lecteurs/trices anonymes et silencieux, qui je sais lisent ces nouveaux chapitres avidement.
Je vous souhaite à tous une bonne lecture !
Chapitre 17
Jarka, île printanière.
Cela faisait maintenant tout juste une semaine qu'Isaya était arrivée sur Jarka, dont quatre jours passés avec Ross et son équipage, apprenant à les connaître et se renseignant sur la nature exacte de leur travail ainsi que de leur prochaine mission, qui serait également la sienne.
Les hommes, qui étaient presque une vingtaine, semblaient vraiment faciles à vivre. Quand ils avaient compris que la jeune femme tairait son passé, aucun n'avait insisté et ils lui parlaient tout simplement d'autres choses. Même si leur capitaine veillait au grain, ils n'avaient jamais tenté quoi que ce soit de déplacé et restaient très respectueux.
L'équipage l'avait également aidée à trouver le matériel nécessaire pour lui permettre d'entretenir une future correspondance écrite avec son maître. Ross l'avait tout de même longuement taquinée, lui demandant quel mystérieux amant pouvait bien avoir gagné l'amour d'une « coincée solitaire» telle qu'elle.
Étonnement la dragonnière avait passé de bons moments sur l'île grâce aux convoyeurs, même si la ville saturée commençait à jouer sur ses nerfs et qu'elle se sentait étouffer. À rajouter à cela, l'absence d'Ojutaî qui lui pesait de plus en plus et la réveillait la nuit avec une sensation de vide déchirant au fond du cœur. Elle décida donc qu'au prochain fragment récupéré, elle le rejoindrait sûrement.
Le dernier soir sur la terre ferme arriva et les hommes décidèrent d'inviter Isaya à aller boire un verre, afin de profiter des bars une dernière fois avant les deux prochaines semaines en mer. Ayant décliné les fois précédentes, elle ne put cette fois y couper. Et les connaissant un peu mieux maintenant elle se dit que cela ne pourrait pas être si mal que ça.
C'est ainsi, qu'après avoir récupéré ses affaires et payé la location de sa chambre, que la dragonnière se retrouva devant l'auberge du Crabe Blanc, à les attendre en ce début de soirée. Ils souhaitaient absolument lui faire découvrir d'autres lieux que celui de l'auberge où elle logeait. Elle investirait également à la fin de la sortie nocturne, sa cabine temporaire sur la goélette.
Elle ne patienta pas longtemps et entendit le groupe arriver, chahutant et faisant un boucan pas possible. Ils étaient tous excités et motivés pour cette dernière soirée. La jeune femme ne put retenir un léger sourire car malgré leur grossièretés et vulgarités, ils lui rappelait quelque peu les pirates de Barbe Blanche.
Ross était en tête et quand ils arrivèrent à sa hauteur, il s'inclina et l'invita élégamment d'un geste à les suivre. La jeune femme se moqua alors de sa galanterie faussement exagérée tout en lui emboîtant le pas et se laissant porter par la bonne humeur du groupe. Ils lui exposèrent rapidement le plan de la soirée mais se stoppèrent net dans leurs pas quand la jeune femme posa une question qui semblait tous les révulser.
- Qu'est-ce qu'un barathon ?
Là les hommes, tous aussi mélodramatiques que leur capitaine, eurent des réactions exagérées pour exprimer leur effroi. Certains étaient tombés à genoux, faisant semblant de pleurer, leurs voisins se tenaient la main sur le cœur, un air choqué sur le visage et d'autres encore se demandèrent comment une telle innocence pouvait exister.
Ross et Jeff son second, se rapprochèrent de la jeune femme avec un air attristé. Le chef du groupe, tapota de sa main le haut de la tête d'Isaya, avant de vite la retirer devant son air outré. Il poussa alors un long soupir :
- Ahh Ellen, quelle triste vie t'as eu pour ne jamais avoir fait de barathon ? C'est pas humain tout ça mais t'inquiète on va te faire découvrir ce mystérieux sport et ses joies ! Pas vrai les gars ?
- AYE, CAP'TAINE !
Le groupe semblait s'être vite remis de leur stupeur et une nouvelle ferveur s'empara d'eux. La jeune femme se retrouva donc cernée par les hommes qui l'entraînèrent encore plus gaiement vers la zone de non-droit sans qu'elle ne puisse émettre la moindre protestation à cette idée.
[...]
Malgré la réticence de la dragonnière à s'aventurer dans ce quartier, elle dû avouer que ce n'était pas si mal que ça. En effet puisqu'elle était entourée d'un groupe d'hommes, personne ne l'aborda ni ne lui chercha des noises. L'équipage privilégiait cette zone car l'alcool y était moins cher, l'ambiance plus festive et surtout les établissements fermaient beaucoup plus tard.
Elle découvrit au passage ce que signifiait vraiment « faire un barathon ». Mais au bout du septième bar, elle commençait à en avoir marre. Sauf que les convoyeurs tenant extrêmement bien l'alcool, n'étaient pas de son avis et tentaient de la faire boire de plus en plus. Ils comptaient bien la faire rentrer au navire au petit matin, totalement désinhibée.
Malgré tout elle leur résistait et ne buvait que des bières légèrement alcoolisées et surtout une seule par débits de boissons.
C'est donc dans ce septième établissement que le drame débuta.
Alors que Jeff était parti se soulager, que d'autres membres du groupe s'étaient dispersés ou mis à danser sur la piste avec différentes femmes et que Ross était allé embrasser plus loin un autre homme à pleine bouche, qu'Isaya se retrouva subitement seule.
Au début elle ne s'en soucia pas mais deux hommes, très probablement d'un équipage de pirates qu'elle avait déjà repéré plus tôt, s'avancèrent vers elle. Les boissons qu'elle avait consommé le long de la soirée commencèrent tout de même à avoir un effet sur ses réflexes et la dragonnière ne fut pas assez rapide pour tenter de rejoindre son groupe afin d'éviter le conflit. Elle se retrouva alors engoncée entre deux corps dégageant de fortes effluves d'alcool, lui tirant une légère grimace. L'un d'eux se pencha encore plus vers elle, ne lui laissant que très peu d'espace sur son tabouret de bar. La jeune femme ne pouvait pas plus reculer, au risque de finir collée au torse du second pirate dans son dos.
- Alors mignonne, tu passes une bonne soirée ? On t'a repéré depuis pas mal de temps avec les gars, ça te dirait pas de passer la soirée avec nous plutôt qu'avec ces mauviettes de convoyeurs ?
La dragonnière ne répondit pas, préférant rester dans une attitude froide et distante en espérant que son langage corporel et l'air glacial qu'elle dégageait, feraient comprendre le message. Mais il n'en fut rien. L'autre pirate dans son dos la relança :
- Tu préfères vraiment cette tapette de capitaine ? Regarde le enfoncer gaiement sa langue dans la bouche de ce gars. Un mec comme lui me dégoûte, il devrait pas avoir le droit d'exister.
À ce moment là Isaya se figea d'indignation et une sombre colère commença à monter, la faisant serrer fortement ses doigts sur la pinte qu'elle tenait mais elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit car une main baladeuse se glissa sur sa cuisse, l'enserrant fortement. Elle glapit sous l'insidieux touché qui la révulsa instantanément. La jeune femme tenta alors de bondir de son tabouret pour se libérer sans avoir à utiliser la violence mais l'homme derrière elle l'en empêcha en lui attrapant méchamment le poignet. Elle gronda alors de rage et entre ses dents serrées, proféra des menaces :
- Lâchez moi de suite si vous tenez à rentrer entiers.
Les deux hommes se mirent à rire, ne retirant toujours pas leurs doigts irrespectueux. Alors la dragonnière posa sa pinte subitement sur le comptoir, libérant ainsi sa dernière main disponible puis écrasa son poing d'un coup sec et vif sur le visage de l'homme qui lui caressait la cuisse d'une manière salace. Elle eut la satisfaction d'entendre le craquement du cartilage, son nez devait probablement être cassé.
À ce moment il y eut un moment de flottement, l'homme au visage en sang grogna de douleur et recula de quelques pas. Son comparse de surprise, lâcha le poignet d'Isaya et elle put enfin descendre de son perchoir, le renversant au passage. Toute la salle devint subitement silencieuse et les têtes se tournèrent vers eux. Furieux, Ross arriva à toute vitesse et d'un chassé, coucha l'homme encore indemne.
Alors tout s'accéléra, quelques membres du groupe de pirates se levèrent en cœur vociférant des menaces, auxquelles le reste des convoyeurs répondirent. Jeff arriva tout aussi rapidement que son capitaine et donna un puissant coup de pied à un homme s'approchant dangereusement de la jeune femme et l'insultant au passage.
Le patron sentant la bagarre générale arriver, tira de son pistolet un coup de feu en l'air (tant pis pour son plafond) et s'écria menaçant:
- Les bastons c'est DEHORS sinon je ferme le bar !
Des protestations s'élevèrent mais c'était la règle dans la zone de non droit et tous s'y tenaient, ici les débits de boissons étaient presque sacrés. Le capitaine des pirates et Ross se jaugèrent avant de regarder la porte. Il y eut alors un mouvement de foule vers la sortie et les deux équipages sortirent dans une tension augmentant à chaque pas.
Isaya ne comprenait rien à ce qu'il se passait, Jeff lui attrapa gentiment le coude, la faisant sursauter.
- Viens on doit sortir, c'est la règle. T'inquiètes on gère, on ne va pas les laisser nous insulter. Et puis ça fait longtemps qu'on a pas eu une bonne bagarre, ça va nous détendre.
Tout en suivant le mouvement, la dragonnière se dit qu'ils étaient tous fous et sa colère envolée sur le coup de ce qui était en train de passer, commençait à être remplacée par de l'inquiétude. La sentant hésitante et quelque peu déboussolée, le second des convoyeurs lui offrit un sourire railleur.
- Bien joué Ellen, tu l'as pas loupé ce connard ! Maintenant on a une bonne raison de casser la gueule à cette bande de cons. On peut pas les piffrer depuis des années.
Dehors, deux lignes s'étaient formées, les convoyeurs d'un côté et les pirates de l'autre à quelques pas seulement. Des curieux étaient aux alentours, lançant des paris. Les hommes, échauffés par l'alcool, déposaient leurs armes à feu, couteaux et autre dans les bras des parieurs et spectateurs. Ils semblaient habitués à cette situation et c'est aux poings seuls que cette histoire allait se régler. Tandis que le capitaine pirate remontait ses manches, il interpella Ross :
- Alors Ross, de retour dans cette ville avec ta troupe de vauriens ?
- J'peux te demander la même chose Beck, la dernière dérouillée t'a pas servi de leçon apparemment. Combien de fois va falloir que tu finisses défroqué pour comprendre ?
- Et toi, maintenant tu traînes une putain à tes côtés pour pas qu'on sache que t'es qu'une tapette qui préfère sucer des boules plutôt que des miches ? Tu l'as trouvé dans quel bordel celle-là ? Faudra que tu me donnes l'adresse, j'la sauterai bien. Quoique vu comment elle a explosé le nez de mon canonnier, j'vais peut-être laisser mes hommes s'amuser avec elle avant.
- Not' rivalité a rien à voir avec elle. T'as juste qu'à pas avoir des gros porcs comme membres d'équipage. Rends service à la communauté et castres les une bonne fois pour toute histoire qu'ils arrêtent de sortir leurs queues à tout bout de champs.
Pendant que les deux capitaines s'insultaient, faisant monter encore la pression d'un cran, Jeff écarta doucement la jeune femme sur le côté et vers l'arrière sans même la regarder, les yeux fixés sur les deux chefs. Elle se laissa faire, ne sachant quoi faire exactement et resserra la sangle de son sac sur son épaule dans un tic nerveux. Elle avait comprit que cela allait bien plus loin qu'un simple nez cassé. Leur rivalité semblait prendre racine dans une haine qui datait depuis longtemps et leurs clashs semblaient récurrents. Au moins ils s'étaient défaits de leurs armes, c'était déjà ça.
Pendant que les invectives continuaient de fuser, des membres des deux groupes qui se trouvaient dans d'autres bars ou à l'extérieur, arrivaient en courant et grossissaient les rangs de part et d'autre. C'est là qu'elle le sentit. Un fragment, un pirate qui venait de les rejoindre avait assimilé un peu de ses pouvoirs. Il n'y avait aucun doute, elle reconnaissait son appel. Cela compliquait grandement les choses, comment allait-elle pouvoir le récupérer ? Devait-elle attendre la fin de la bagarre qui était à deux doigts d'éclater ou devait-elle s'y mêler pour l'aspirer le plus discrètement possible ? Mais il y aurait sûrement beaucoup de témoins. Que faire ?
Après une analyse elle repéra l'homme, il se trouvait juste à côté du canonnier à qui elle avait cassé le nez, d'ailleurs celui-ci qui était plus ou moins dans sa ligne de mire, la désignait avec rancœur au nouveau venu qui possédait le-dit fragment. La jeune femme se dit que finalement c'était peut-être le détenteur de son pouvoir qui viendrait à elle. Dans un dernier réflexe, elle assura de nouveau son sac mais le passa en bandoulière cette fois-ci.
Soudainement la tension éclata pour de bon, lassés des insultes qui ne suffisaient plus, les hommes se jetèrent les uns sur les autres. Isaya bondit en arrière tout en observant la scène irréelle qui se déroulait sous ses yeux. Les coups pleuvaient dans tout les sens dans l'anarchie la plus totale mais elle eut tout de même une légère satisfaction quand elle vit que les convoyeurs étaient bons combattants et pas qu'un peu. Elle découvrait une nouvelle facette de ses nouveaux collègues temporaires qui la rassura quant à la suite de son voyage. Enfin seulement si tout cela se terminait bien et qu'elle se dépêchait de revenir à Jarka avant leur départ, après avoir récupéré le pouvoir.
Isaya tenta de se concentrer de nouveau sur le fragment de pouvoir qui continuait de lui susurrer des murmures et l'enjoignant à s'en emparer. Jetant alors un rapide coup d'œil autour d'elle, la jeune femme fut rassurée de voir que tout le monde était trop concentré sur la bagarre pour lui prêter la moindre attention. Elle passa sa capuche par dessus sa tête et lança son sort de détection :
- Occulis !
Ses yeux prirent leur couleur caractéristique de l'utilisation de magie et elle repéra sans mal l'objet de sa recherche dans toute cette cohue. Elle confirma que c'était bel et bien l'homme qu'elle avait remarqué auparavant. Il se trouvait légèrement sur le côté des combats à l'opposé de sa position. Isaya coupa donc sa magie et fit le tour de la rixe faisant bien attention à ne pas être happée pour finir à l'entrée d'une rue étroite, à quelques pas seulement du pirate.
Au final la dragonnière se dit que si elle arrivait à récupérer son fragment, elle n'aurait jamais le temps de l'assimiler et faire l'aller-retour jusqu'ici avant l'heure du départ de la goélette. Et puis Ojutaï lui manquait trop. Elle allait donc devoir abandonner Ross et les convoyeurs sans leur dire au revoir mais cela restait une chance inouïe qu'elle ne devait pas manquer.
Tandis qu'elle réfléchissait de nouveau à comment attirer le pirate hors du combat, elle le vit relever la tête de lui-même dans sa direction. La jeune femme lui lança un sourire moqueur, tout en relevant sa capuche pour l'inciter à venir vers elle tandis qu'elle reculait lentement dans la ruelle afin que le piège improvisé se referme.
L'homme se laissa bien trop facilement tenter et s'avança sur les pavés avant de s'élancer pour lui asséner un coup de poing. Mais fortement alcoolisé, il fut lent et pataud dans ses mouvements. La dragonnière en profita et dévia le coup d'une pression de sa paume sur le poignet de son adversaire, qui alla s'écraser au sol derrière elle.
Maintenant elle n'avait plus qu'à se baisser. Mais tandis qu'elle aspirait son pouvoir hors de l'homme sonné, tournant le dos à l'entrée de la ruelle. Elle se fit violemment frapper par quelque chose d'extrêmement dur en plein du côté gauche du visage. La violence du choc la jeta à terre et la fit rouler sur le dos, près du pirate étendu. De terribles acouphènes sifflèrent dans ses tympans et un fort malaise s'empara d'elle. La dragonnière vit également flou et elle sentit du sang couler de sa lèvre fendue, qu'elle avait du mordre pendant l'impact.
Quant elle recouvrit sa vison mais encore très sonnée, elle put voir le canonnier qu'elle avait frappée tenant une sorte de gros débris en bois, celui qu'il avait sûrement utilisé pour la battre. Il s'en débarrassa prestement et avant qu'elle puisse intenter tout mouvement, il se laissa tomber de tout son poids sur son ventre. Ce geste lui coupa quelques instants la respiration mais surtout elle n'avait plus accès à ses dagues car les jambes du pirate lui enserraient le bassin.
Sa tête lui tournait toujours dangereusement et elle se sentait comme au ralenti. Malheureusement pour elle, l'homme n'était plus seul et à présent deux autres membres de son équipage la surplombaient également. Tous riaient d'une manière malsaine.
- Bah alors salope, on fait moins la maligne maintenant ? T'as crus que j'allais te laisser t'en tirer à si bon compte ?
Et tandis qu'Isaya tentait très difficilement de reprendre ses esprits, il l'a frappa et ce de nombreuses fois. Ses poings s'appliquant à la toucher à peu près à l'endroit où elle avait reçu le premier coup. Cette action relevait du sadisme et elle sentait à travers son rire fou qu'il prenait un réel plaisir. Il jubilait comme possédé :
- Catin ! Tu la ramènes moins là, je vais t'apprendre la vie !
La douleur intense de sa pommette qui se fracturait ainsi que le sang qui commençait à gicler, l'aidèrent tout de même à se remettre un peu de ses étourdissements.
Alors dans l'incapacité d'utiliser ses armes, de rage elle s'apprêta à réciter un sort violent et puissant. Mais le pirate fut vif, pensant qu'elle allait crier, son agresseur lui plaqua violemment la main sur la bouche et augmentant ainsi la déchirure qui s'y trouvait.
C'est donc, dans un dernier élan de lucidité, la dernière solution qu'elle prit : attraper de sa dernière main libre, le bas de la jambe du pirate inconscient qui possédait son pouvoir. Et elle en aspira le reste rapidement en se concentrant sur sa destination du mieux qu'elle put.
Ils disparurent alors tous les cinq dans un flash lumineux.
{-}
Erevan, ancien volcan et repaire d'Isaya.
Lance Aglion avait attendu presque une semaine qu'Isaya réapparaisse mais il ne pouvait plus se le permettre. Alors debout sur l'une des racines du saule pleureur, il contacta mentalement Roeg et l'invita à le rejoindre. Profitant de la fraîcheur du matin, le dragon était parti chasser plus tôt dans la caldeira. Celui-ci entendit son appel et le dragonnier sut qu'il apparaîtrait bientôt.
Il redescendit d'un bond souple et se dirigea vers ses affaires qu'il rangea dans les sacoches qui allait devoir remettre sur la selle du dragon. Pendant qu'il s'attelait à cette tâche une sensation de distorsion magique le mit soudainement aux aguets, quand il se retourna le flash lumineux qu'il avait déjà pu observer une fois, éclata de nouveau à seulement quelques mètres de lui.
Cinq personnes apparurent lourdement sur le sol sous ses yeux ébahis. Ils portaient des vêtements étranges, on aurait également dit qu'ils étaient malades. En effet les hommes semblaient au plus mal, ils tremblaient en respirant très difficilement ou vomissant à genoux et deux étaient totalement inconscients.
Il balaya la scène surréaliste du regard tout en dégainant prudemment son épée longue, ne comprenant pas. Quand ses yeux se portèrent de nouveau sur les deux silhouettes évanouies au sol plus loin, il se figea subitement. La dragonnière Bengali gisait là-bas.
Toujours l'arme en main, il se précipita à ses côtés, faisant fit des hommes ahanant toujours au sol. Isaya était totalement immobile et le dragonnier, posant un genou au sol se pencha sur elle. L'inquiétude fit place à la sidération quand il vit qu'elle respirait difficilement, la bouche, le nez et le côté gauche du visage en sang. Sa pommette et son œil commençaient à gonfler dans une teinte anormale ainsi que sa lèvre éclatée.
Lance releva de nouveau les yeux, s'attardant plus en détail sur chaque homme présent. Il cru comprendre quand il fit le lien entre les mains et le nez ensanglantés de l'un, l'œil au beurre noir et les bleus d'un autre puis les gouttes de sang sur leurs habits défaits. Mais la confirmation se dévoila seule de la part d'une des personne.
- Raaah, la salope ! Qu'est-ce qu'elle a fait ? J'vais la buter pour de bon !
Les trois conscients, semblaient reprendre contenance et se redressaient tout en jetant des coups d'œil sidérés autour d'eux.
La surprise faisant place à une colère sombre et implacable, le dragonnier se releva et d'un pas décidé s'approcha de l'homme s'étant exprimé. À sa vue celui-ci l'interpella, totalement inconscient du danger qui arrivait à sa hauteur.
- Hé toi ! C'est quoi ce bordel ? C'est la putain qui-
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase car d'un geste froid, puissant et calculé, Lance venait de le décapiter. Il se tourna alors vers les deux autres qui malgré leurs jambes peu assurées, décidèrent de fuir. Mais c'était sans compter sur Roeg qui s'abattit sur eux dans un torrent de flammes, les réduisant en cendre dans de très brefs hurlements de terreur.
Lance reporta son attention sur le dernier homme, vêtu du même accoutrement que les autres. Par chance pour lui, il était déjà mort. Le dragonnier frissonnant encore de rage le poussa au bord du précipice et d'un coup de bottes, l'envoya loin en contrebas.
Puis sentant sa colère refluer enfin, il retourna auprès de la jeune femme, le dragon déjà à ses côté avait posé sa tête massive au sol et la reniflait doucement.
- « Elle est mal en point. »
- Je le vois bien Roeg.
Lance essuya son arme sur son pourpoint avant de la rengainer dans son fourreau à sa taille puis de s'agenouiller de nouveau près de la jeune femme. Il retira ses gants en cuir tentant de calmer sa main fébrile et prit délicatement la nuque d'Isaya avant de retirer le sac qu'elle portait en bandoulière afin de l'allonger dans une position plus confortable. Il déposa le bagage derrière son cou, rehaussant légèrement sa tête. Ceci fait il entreprit de déboutonner son manteau afin de vérifier si elle souffrait d'autres blessures et souleva la chemise qu'elle portait. Il grimaça à la vue d'un début de bleu commençant à scinder son bas-ventre avant de remonter toujours plus le tissu. Mais il se stoppa net à la vue de la balafre boursouflée sur son côté. Il siffla alors entre ses dents :
- Elle ne l'a pas fait soigner ! Mais pourquoi ?
Pensif, il replaça le vêtement et reporta son attention sur la moitié de visage trop pâle de la dragonnière.
Se levant il alla récupérer une gourde contenant de l'eau pour nettoyer le sang afin de mieux analyser le degré exact de ses blessures. Alors qu'il prenait le récipient dans les sacoches, Roeg l'interpella :
- « Elle se réveille ! ».
L'homme retourna précipitamment à son chevet. Il passa alors sa main calleuse le plus délicatement possible sur son front et dans ses cheveux blancs, le temps qu'elle reprenne complètement connaissance. Quand elle ouvrit difficilement les yeux, enfin plutôt un car l'autre était salement abîmé, il put y lire l'appréhension et la peur. Ce regard porta un coup au cœur du guerrier. Qu'avait-elle vécu dans cet autre monde ?
Après quelques secondes, où elle semblait rassembler ses esprits dans une respiration laborieuse, elle grimaça de douleur et tenta de toucher son visage. Il l'en empêcha, retenant sa main dans la sienne. Et d'une voix faible et rauque, elle le questionna :
- Lance ?
- N'y touche pas. La partie gauche de ton visage est salement amochée. Essayes de ne pas trop parler. Tu veux de l'eau ?
Elle ne lui répondit pas car elle sembla enfin remarquer la présence du dragon à leurs côtés.
- Ojutaï ?!
- « Non petite dragonnière. Ce n'est que moi, Roeg. D'ailleurs où est-il ?»
Le visage de la jeune femme se para alors d'une douleur et d'une tristesse infinie. Et elle resserra fortement ses doigts autour de ceux de Lance. Dragon et dragonnier se jetèrent un regard inquiet. Où était le dragon d'émeraude ? Mais ils n'eurent pas le temps de se questionner plus car des larmes se mirent à couler depuis son seul œil valide. Elle semblait de nouveau hagarde, incohérente et se mit à murmurer le prénom de son dragon en boucle. Jusqu'à ce qu'une drôle de sensation ne s'empare du trio et qu'ils se sentent basculer en arrière dans une chute infinie.
{-}
Nouveau monde, île estivale.
Marco regardait depuis le Moby Dick les hommes faire la fête sur la plage, où plus tôt ils avaient improvisé un barbecue. Des torches avaient été disposées sur un large périmètre afin d'éclairer les festivités sous les cocotiers. En effet cela faisait plusieurs jours qu'ils avaient échoué l'énorme navire aux abords du sable blanc afin de réparer les dégâts de la violente tempête qu'ils avaient essuyés. Les pirates s'étaient placés à l'extrémité de la petite île, le plus loin possible des habitations afin de ne pas déranger la population.
Ce soir le pirate n'avait pas le cœur à la fête et observa son poignet où la marque laissée par Isaya, avait de nouveau disparue. Elle avait déjà trouvé un nouveau fragment, à seulement une semaine d'intervalle. C'était déjà le troisième en moins d'un mois. Il aurait dû s'en réjouir mais le phénix n'arrivait pas à s'habituer à l'angoisse que cela lui provoquait à chaque fois qu'elle passait dans l'autre monde.
Il jeta alors un regard à Ojutaï se trouvant à ses côté sur la proue du bateau. Le petit dragon avait bien grandi mais semblait de plus en plus absent et silencieux. Il ne jouait quasiment plus aux échecs avec le capitaine et le temps qu'il passait avec Izou était seulement pour sombrer dans de longs sommeils entrecoupés de soubresauts. Même tourmenter les jumeaux ne l'amusait plus. Et depuis des heures il se trouvait là, à l'avant du navire dans un mutisme terrible. Le premier commandant l'avait donc rejoint dans son silence, espérant au fond qu'un peu de compagnie le réconforte, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Il n'osait plus parler de la jeune femme aux cheveux neige car il savait que la séparation était déchirante pour le dragon.
En cette nuit chaude, une pleine lune éclairait les environs presque comme en plein jour et on pouvait à peine apercevoir les étoiles. Laissant de nouveau ses yeux balayer un bosquet de cocotiers et palmiers plus loin sur la plage, le pirate sentit Ojutaï se tendre soudainement.
D'un coup un flash lumineux déchira la nuit, là où son regard s'était posé une fraction de secondes auparavant. Soudainement une masse énorme aux reflets argentés s'écrasa lourdement sur le bosquet d'arbres côtiers, arrachant tout sur son passage dans un rugissement assourdissant. Le navire et le sol tremblèrent sous l'impact. Les pirates sur la plage se stoppèrent nets, sidérés.
Marco se releva prestement sur ses pieds, inquiet il tourna son regard sur son poignet puis sur le petit dragon.
- Ojutaï, c'est Isaya ?
- « Oui mais elle n'est pas seule. Je reconnais ces écailles ! Vite descends moi à terre ! »
Le pirate s'exécuta rapidement et atterrit sur le sable, le reptile dans ses bras. Les autres commandants sur la plage avaient rassemblé l'équipage et se maintenaient à l'écart. Seul le phénix dans sa hâte commença à s'approcher légèrement.
Alors tous le virent, sous la lueur de l'astre nocturne. Un dragon encore plus massif qu'Ojutaï dans sa taille adulte, se redressait péniblement en poussant des grognements profonds. Lui ressemblant fortement il n'avait tout de même pas tout à fait la même morphologie que le dragon émeraude. En effet il était bien plus large, musclé et ses ailes ne comportaient aucune plume mais seulement une membrane fine et écailleuse.
À la vue de l'homme l'approchant il rabattit sa puissante queue devant ses pattes dans un geste protecteur afin de dissimuler quelque chose. La bête monstrueuse gonfla sa cage thoracique et une lueur rougeâtre puis orangée éclaira sa gorge puis sa gueule énorme aux crocs acérés tels des lames. Il déversa un torrent de flammes dans leur direction, semant un vent de début de panique chez les pirates.
Heureusement pour Marco et l'équipage, ce n'était qu'un avertissement. Ils étaient trop éloignés pour que le feu ne les atteignent mais plus proche, le phénix sentit tout de même la fournaise que cela avait engendré. Les grains de sables sur la plage entre eux et la créature avaient fondus sur plusieurs mètres dans une plaque de verre condensée et irrégulière. Les arbres les plus proches avaient été réduits en cendre et ceux se trouvant à l'extrême limite du passage du feu du dragon s'étaient embrasés, éclairant encore plus la scène.
Le phénix stoppa de nouveau son avancée quand la voix puissante de son capitaine le lui ordonna.
- Marco, arrêtes-toi.
Il se tourna vers son paternel, debout sur la plage, son fameux bisento à la main, prêt à intervenir.
Alors reportant son regard sur Ojutaï, il l'interrogea silencieusement.
- « Phénix, pose moi à terre. »
Le commandant s'exécuta. Seuls les grondements sourds du dragon menaçant faisaient écho au silence pesant. Le monde semblait s'être arrêté dans une tension palpable. Marco regarda à contrecœur le frêle dragon vert s'avancer vaillamment vers l'autre agité. Ce dernier rétrécit ses pupilles verticales vers Ojutaï, se rendant enfin compte de sa présence. Malgré l'inquiétude, le pirate ne put que s'ébahir devant la beauté surréaliste de la scène des écailles de la créature reflétant légèrement la clarté de la lune dans un scintillement splendide.
Quand le dragon émeraude ne fut plus qu'à quelques mètres, l'homme se rendit compte qu'il avait bloqué son souffle. Pendant quelques minutes qui semblèrent bien trop longues, une discussion mentale se déroula entre les deux reptiles mais nul ne sut exactement quoi. Puis Ojutaï se retourna vers lui, l'inquiétude se fit entendre dans sa voix :
- « Marco viens, Isaya est blessée ainsi que le dragonnier de Roeg. Ils sont inconscients. »
Le cœur du phénix se stoppa une fraction de seconde. Puis il se tourna vers son capitaine qui hocha la tête, donnant son accord muet. Prudemment l'homme s'avança vers eux et plus les mètres les séparant diminuaient plus il se sentait petit et insignifiant face à la bête qui semblait faite d'acier. Celle-ci ne le quittait pas du regard, le bout de la queue faite de pics tremblait légèrement de nervosité.
Enfin arrivé à leur hauteur, la queue dissimulant précieusement ce qu'elle protégeait se retira en glissant sur le sol, laissant Marco voir deux formes inconscientes. Un homme de haute stature et habillé d'étranges vêtements ainsi que la dragonnière à moitié cachée dans le torse de ce dernier.
Le pirate fit attention à ne pas faire de gestes brusques mais Ojutaï à ses côtés lui insufflait un minimum de courage. La bête d'argent était devenue calme et ne montrait plus aucun signe d'agressivité, juste beaucoup d'attention et de curiosité envers le pirate. De plus les deux dragons se connaissaient et cela voulait dire qu'il avait bien face à lui un autre dragonnier du monde d'Isaya.
Soudain l'homme au sol bougea et un râle s'échappa de sa bouche. Il ouvrit de grands yeux bleus déboussolés et les posa dans ceux du phénix. Sa main descendit brusquement à son fourreau mais le léger grondement de sa monture au dessus le stoppa dans sa démarche. Se regardant ils échangèrent tout deux des paroles mentalement et l'homme blond reporta son regard sur le pirate interdit, avant de se détendre imperceptiblement. Se redressant enfin complètement il regarda son bras gauche pendant mollement et d'un coup sec remit son épaule démise dans un puissant claquement. Le phénix grimaça au son et fut surpris de ne voir aucune expression de douleur se refléter sur le visage du guerrier qui resta fermé.
Le sentant à peu près de nouveau alerte, Marco accroupit au sol, désigna du doigt Isaya au sol. Ses cheveux éparpillés camouflaient son visage.
- Je peux ?
L'homme le sonda encore quelques secondes avant de remarquer Ojutaï à leurs pieds, là son visage ne put cacher sa stupéfaction mais rapidement il revint sur le phénix donnant son accord silencieux. Ojutaï s'exprima alors dans leurs esprits respectifs :
- « Lance, je te présente Marco. C'est l'un des hommes qui nous aidé moi et Isaya quand on est arrivé dans ce monde. Grâce à lui je suis encore en vie et ma dragonnière également. C'est un homme de confiance et un ami. »
Le dragonnier l'observa de nouveau avant de prendre la parole, une voix profonde et légèrement teintée de colère s'échappa de sa bouche.
- Elle est blessée. Elle a été battue, essentiellement au visage.
Suite à ces paroles, le sang du phénix ne fit qu'un tour et il se détourna de son vis à vis pour récupérer délicatement la jeune femme. Quand il put enfin voir son visage, il blêmit et gronda :
- Qui ?
- Déjà morts.
Le pirate hocha la tête.
- On a un excellent médecin à bord du navire que vous pouvez voir derrière moi. Je vais l'y conduire afin qu'on la soigne. Est-ce que vous nous suivez ?
- Non, je reste ici avec Roeg jusqu'au levé du jour.
- D'accord, si vous avez besoin de quoi que ce soit, je laisserai quelques hommes plus loin sur la plage. N'hésitez pas.
Le dragonnier inclina respectueusement la tête montrant que le message était passé.
Alors Marco inquiet pour la santé d'Isaya, l'emporta le plus rapidement possible sans trop la secouer, Ojutaï trottinant derrière lui.
- « Marco, elle n'a pas encore absorbé le dernier fragment de pouvoir. Ce serait dangereux de l'amener à l'intérieur. »
- Alors on fait venir Gil ?
- « Oui, c'est plus prudent. Comme ça Lance pourra intervenir si elle perd le contrôle de sa magie dans son sommeil. »
- D'accord, je vais envoyer du monde chercher le matériel dont Gil aura besoin.
Ses yeux plissés se reposèrent sur la dragonnière, elle avait le visage horriblement tuméfié, du sang partout et un grave œdème présent sur ses traits autrefois délicats. Il la serra un peu plus dans ses bras, heureusement que ce Lance s'était occupé des enfoirés qui lui avaient fait ça, sinon il l'aurait fait lui même.
Il arriva enfin auprès de son capitaine, le visage sombre. Et celui-ci après un rapide coup d'œil sur la jeune femme, ordonna qu'on amène le médecin en écoutant les instructions que le petit dragon lui donnait.
Tout fut rapidement et efficacement mis en place. Isaya se retrouva allongée sur un matelas un peu plus haut sur la plage, sous une tente de fortune pour préserver son intimité, le brun à lunettes s'affairant à son chevet.
Malheureusement un peu avant l'aube, la fièvre de l'assimilation montra ses premiers signes tandis que la jeune femme était toujours inconsciente. Alors Ojutaï couru prévenir le dragonnier resté plus loin. Il arriva rapidement et sans un seul regard pour les pirates présents sur la plage entra à son tour dans l'infirmerie improvisée. Là il congédia tout le monde et de ce que Marco comprit, il créa une sorte de barrière de protection tout en aidant le corps d'Isaya à réguler le nouveau flux d'énergie dans son corps.
Une bonne demi-heure plus tard le guerrier ressortit épuisé. Le phénix aperçut brièvement ses yeux, qui étaient devenus argentés, repasser à leur bleu naturel. Des marques de la même couleur que son dragon s'estompaient de son visage et ses mains, c'était exactement le même procédé qu'Isaya. L'homme s'étira alors, avant de retourner auprès de sa monture, ne décrochant toujours aucun mot.
[...]
Quand Isaya se réveilla, elle ne comprit pas où elle se trouvait. Puis elle entendit le cri des mouettes et celui du ressac de l'océan. Son œil se posa sur Ojutaï endormi à ses côtés sur le sol. Il avait énormément grandi ! Elle tenta alors de se remémorer les derniers événements dont elle avait conscience. Le bar, la bagarre, le fragment et enfin l'agression mais après tout était flou. Elle frôla du bout des doigts son visage et sentit un large pansement lui mangeant la moitié de la face.
Puis elle vit Gil pénétrer dans ce qui semblait être une tente de toile, sous laquelle elle reposait. Alors qu'elle tentait de sourire au brun, une terrible douleur lui irradia tout le côté gauche du visage ce qui la fit siffler entre ses lèvres et elle s'arqua légèrement sur son lit de fortune.
Le médecin posa une main apaisante sur son bras.
- Doucement Isaya. Tu es blessée.
Malgré sa peine, elle lui souffla tout de même :
- Gil ! Où suis-je ?
- Actuellement sur une île estivale où nous mouillons. Il est à peu près sept heures du matin. Vous nous avez fait une entrée littéralement fracassante cette nuit. Une dont je pense tout le monde se rappellera, peut-être même plus que ta première apparition !
- Vous ?
- Oui, tu n'es pas arrivée seule. Il semblerait que tu aies entraîné avec toi un autre dragonnier et son dragon. Même s'ils semblent bien moins commodes que toi et Ojutaï.
- Lance et Roeg !
La jeune femme ne se rappelait pas de son passage à Erevan. Pourquoi étaient-ils ici avec elle ? Comment les avait-elle entraîné à sa suite ? Elle se concentra de nouveau sur le médecin.
- Je ne m'en rappelle pas. Sinon quels sont les dégâts docteur ?
- Et bien tu n'as pas été épargnée. Tu as un bel œil au beurre noir, la lèvre inférieur qui s'est verticalement scindée en deux, une plaie ouverte sur la joue et une fracture de la pommette qui a entraînée un œdème important. Sans te parler des nombreux bleus et contusions dont un plus important que les autres, de part et d'autre de ton ventre. Mais sinon rien qui ne saurait guérir avec du temps et de la patiente.
- D'accord. Et pourquoi je ne suis pas à l'infirmerie ?
- Vu que d'après le petit dragon tu n'avais pas assimilé ton pouvoir, on ne pouvait pas prendre le risque que ça arrive à l'intérieur du navire.
- Et du coup, ça s'est passé comment ?
- C'est ton camarade qui s'en est chargé pendant que tu étais inconsciente.
- Où est Lance maintenant ?
- Plus loin sur la plage, il reste obstinément là-bas avec son dragon argenté. On n'a toujours pas réussi à le convaincre de nous rejoindre. Et pour être honnête on n'ose pas trop insister.
La jeune femme souffla de nouveau. Elle avait du mal à parler et discuter lui coûtait.
- Il va falloir que j'aille le voir.
- Pas avant que je t'ai posé une nouvelle perfusion de morphine pour la douleur. Et je préfère que ce soit lui qui vienne à toi. Tu risques de nous faire une syncope.
Pendant leur dernier échange le petit dragon vert s'était réveillé et il poussa des glapissement de joie à la vue de sa dragonnière réveillée. Gil sortit afin de les laisser seuls et chercher le matériel dont il avait besoin pour soulager la jeune femme de ses douleurs. Celle-ci prit volontiers Ojutaï, qui se fit le plus délicat possible, dans ses bras en faisant attention à ne pas arracher sa perfusion au passage. Ils restèrent ainsi de longues minutes dans un silence confortable tout en se racontant mentalement ce qu'ils avaient vécu chacun de leur côté. Se rechargeant émotionnellement et énergétiquement l'un à travers l'autre. Le duo n'était qu'un tout réuni, séparés, c'étaient leurs âmes qui se sentaient incomplètes. Maintenant ensembles, ils étaient enfin apaisés.
Quand le médecin revint, il ne put que sourire, attendri par la scène. Les séparant à regret il changea la perfusion d'Isaya et l'accrocha à un crochet sur une tige en fer sans roues. À sa vue Isaya jeta un regard au brun à lunettes qui s'empressa de lui raconter qu'Izou avait arraché les roulettes pour qu'elle puisse planter la perche dans le sable et se déplacer plus facilement. La jeune femme fut reconnaissante de savoir le commandant réveillé et sur la voie de la guérison même s'il ne pouvait quitter le navire librement pour l'instant.
Alors après s'être hydratée et désirant se dégourdir les jambes, elle demanda de l'aide à Gil qui la remit sur pied. La jeune femme ne portait que son bandeau sur sa poitrine, son pantacourt et était pieds nus. Habituellement elle était pudique mais dans ce monde elle avait vu beaucoup de personnes se promener très peu vêtues, il n'y avait qu'à regarder certains membres de l'équipage ! Et puis elle commençait sérieusement à être à l'aise avec son corps de femme.
Elle enfila donc juste une manche d'une chemise que Gil lui tendait afin de camoufler du mieux qu'elle pouvait sa terrible cicatrice et laissa l'autre reposer sur son épaule à cause de la perfusion.
D'ailleurs le médecin ne l'avait pas interrogée à ce propos, se doutant que le sujet devait être délicat. La jeune femme sentait pourtant qu'il mourrait d'envie de savoir comment une telle balafre pouvait toujours avoir l'air en cours de guérison et en même temps, être présente sur son corps depuis longtemps. Elle lui raconterai un jour mais pas tout de suite, ce serait un récit du passé qu'elle garderait encore un peu pour elle-même.
Ojutaï avait décidé de se rendormir, encore épuisé par sa longue veillée. Alors fin prête, la dragonnière sortit prudemment sous le soleil matinal. Elle observa les alentours remarquant que très peu de pirates s'y trouvaient et tous étaient endormis, à l'ombre des palmiers plus haut sur la plage, sûrement épuisés à cause des événements de la nuit. Plus loin le Moby Dick était échoué, imposant et majestueux. Elle jeta aussi un coup d'œil à Lance et Roeg au bout de la plage qui semblaient somnoler également.
Étant donc isolée et seule, la dragonnière en profita pour se diriger lentement vers l'eau. Elle s'arrêta quand celle-ci lui arriva à mi-mollets et y planta sa perche médicale de fortune. Inspirant profondément elle se gorgea de l'air marin sur sa peau, du soleil qui la réchauffait doucement et du ressac de l'eau fraîche sur ses jambes. Ce moment lui fit un bien fou, juste le calme de la mer et cela apaisa ses sens et ses douleurs. Isaya resta là très longtemps, méditant sur les semaines passées face à l'océan et ses embruns. Ne se doutant pas un instant que deux personnes l'observaient depuis le bastingage et la proue de l'imposant navire.
{-}
- Elle semble aller un petit peu mieux. Est-ce que tu as plus de détails sur ce qu'il lui est arrivé ?
Alors qu'il détaillait la jeune femme et son visage méchamment amoché, le phénix tourna la tête vers son capitaine. Il se rappelait du regard dur du médecin une fois qu'il avait examiné Isaya. Il répondit donc sombrement :
- Non, Gil m'a juste expliqué que la personne qui lui avait fait ça, avait frappé très très lourdement et ce de bien trop nombreuses fois. Quasiment toujours au même endroit, c'était de l'acharnement pur et dur. Elle n'a aucune blessure de défense donc elle devait être impuissante face à ses agresseurs...
Barbe Blanche gronda de colère à peine contenue à l'idée que quelqu'un ai fait preuve d'autant de haine à son égard. Et surtout, qu'elle n'ai rien pu faire mis à part encaisser le déferlement de violence.
- On sait qui étaient ces personnes ?
- Non. Mais le dragonnier m'a juste confirmé qu'il les avait déjà éliminés.
- Bien, très bien. Et lui ?
Leurs regards se portèrent sur l'homme au loin, adossé au poitrail du dragon étincelant sous le soleil.
- D'après Ojutaï, il se nomme Lance Aglion et sa monture Roeg.
- Que penses-tu de lui ?
- Pas grand chose à part qu'il semble être un guerrier et je dirais assez fort, au vu de ce qu'il dégage. Sinon il est resté très inexpressif et ne nous a pas reparlé une seule fois.
- On va donc devoir attendre qu'Isaya fasse les présentations officielles. En tout cas la première fois qu'on a vu Ojutaï, il m'avait parût tellement massif et puissant. Mais cette bête là l'est encore plus.
Le commandant ne put que hocher la tête, en adéquation avec ce que son père lui disait. Leurs yeux se fixèrent de nouveau vers la jeune femme qui commença à se déplacer péniblement vers le duo au bout de la plage. Les deux hommes près de la proue du navire étaient tout deux peinés de ce qui lui était arrivé. L'empereur avait demandé expressément à son équipage qu'il la laisse tranquille quelques temps. Afin de la laisser se reposer et ne pas la brusquer pendant sa guérison, qui serait sûrement longue et douloureuse.
Quand Isaya trébucha légèrement sur le sable vitrifié, Marco eut un début de réflexe pour aller l'aider mais son père le retint.
- Laisse la encore un peu seule, fils. Je suppose qu'elle a besoin d'avoir une longue discussion avec ce Lance.
Sur cette réponse il laissa son second seul et s'en retourna dans les entrailles du navire. Pendant ce temps le commandant ne quittait pas la dragonnière des yeux, légèrement frustré, il suivait de loin sa progression laborieuse vers le dragonnier et sa redoutable bête.
Une fois arrivée à leur niveau, elle s'abaissa et récupéra un sac en bandoulière puis l'homme se releva prestement sur ses jambes et l'imposant dragon coucha sa lourde tête devant la jeune femme, se laissant flatter le front comme n'importe quel animal domestiqué et heureux de retrouver une amie. Le phénix ne put qu'encore plus admirer la jeune femme.
[...]
Un mois qu'il n'avait pas vraiment adressé la parole à Isaya et il comptait bien y remédier mais comment s'y prendre et surtout quand ? Depuis qu'elle était allé rejoindre l'homme d'Erevan au bout de la plage, il s'était passé plus de quatre heures. Cela avait été tellement long que Gil, s'armant de courage, avait dû les interrompre afin qu'ils résument leur conversation dans l'infirmerie de fortune à l'abri du soleil cuisant. Et malgré une attitude passive et détachée, le phénix commençait à s'impatienter intérieurement.
Depuis le bastingage du navire, le pirate venait régulièrement jeter des coups d'œil à la tente dans l'espoir d'y voir du mouvement indiquant que la discussion se terminait mais toujours rien. Il était conscient que les deux dragonniers avaient beaucoup de choses à se dire, il s'était tout de même passé plus de quatre mois depuis que qu'Isaya avait quitté son monde. Le guerrier devait également être très dérouté de se retrouver ici. Alors la jeune femme faisait sûrement de son mieux afin que son acclimatation à son nouvel environnement et leur présence se passe pour le mieux.
La seule chose qui évoluait pour l'instant était les nombreux présents, petites attentions et bouts de papier qui apparaissaient au fur et à mesure le long des pans de tissus blancs. L'équipage respectait les ordres de leur capitaine de ne pas déranger la dragonnière mais ne pouvait s'empêcher d'aller (très peu) discrètement, déposer de la nourriture en tout genre, des boissons et petits mots griffonnés à la hâte, d'encouragement et de bienvenue. D'ailleurs heureusement qu'Ace était en mission en ce moment même sinon il aurait été dans l'incapacité de se maîtriser et aurait enfreint les règles le premier.
Quand Marco retourna à son poste d'observation en milieu d'après-midi pour la énième fois, il vit le dragonnier sortir, laissant le pirate entrapercevoir la jeune femme endormie sur son lit de fortune. Puis elle fut de nouveau cachée par le tissu et il reporta ses yeux sur le guerrier qui s'était arrêté à la vue des présents de l'équipage, un sourcil relevé dans une interrogation flagrante. Sentant un regard sur lui, l'homme releva la tête dans sa direction et après quelques secondes, il salua d'un mouvement de tête le commandant avant de retourner auprès de son dragon.
Dans un discret soupir le phénix retourna à ses occupations. Il savait qu'il ne devait pas déranger la jeune femme, celle-ci avait vraiment besoin de se reposer et discuter autant avec une pommette fracturée n'avait pas dû arranger les choses.
Il supervisa alors les réparations du navire qui devraient prendre deux bonnes semaines d'après l'équipe des charpentiers, se jetant ainsi dans le travail afin de ne pas réfléchir à comment il aborderait la dragonnière. Mais la journée terminée et l'heure du dîner déjà bien entamée, son appréhension grimpa en flèche. Tandis qu'il se dirigeait vers le réfectoire, il croisa Satch, deux plateaux de nourriture en main. L'un contenait un repas classique et l'autre un bol de soupe, il interrogea du regard le commandant de la quatrième division.
- C'est pour Isaya et Izou. Ils sont dans sa cabine, à mon avis ils n'ont pas vu le temps passer. J'allais leur apporter mais si tu peux me rendre ce service, ça m'arrangerai. Il me reste encore à déposer un repas à l'ami d'Isaya qui a préféré rester sur la plage.
Faisant de son mieux pour rester le plus neutre possible, Marco se saisit sans même répondre, des deux plateaux. Alors ignorant royalement le sourire en coin du cuisinier, il se dirigea vers l'étage des commandants. À mesure qu'il approchait un mélange d'impatience et d'angoisse le saisissait, il tenait vraiment à s'excuser et renouer ce lien particulier que lui et la jeune femme avaient commencé à tisser.
Quand il arriva devant la porte, il souffla silencieusement pour reprendre contenance avant de toquer du bout du pied. Ce fut son camarade qui lui ouvrit, surpris de le voir. Isaya était quant à elle assise sur le lit en tailleur.
- Oh Marco ! C'est déjà l'heure du repas ?
Le phénix hocha la tête tout en observant Isaya qui avait très légèrement sursauté à la mention de son prénom. Mais elle détourna rapidement le regard pour ne pas croiser le sien. Alors afin de ne pas forcer une discussion devant Izou, il les laissa seuls. Mais bien décidé à régler le problème aujourd'hui il attendit dans le couloir à même le sol un peu plus loin, zappant au passage son propre dîner.
[...]
Grâce aux anti-douleurs du médecin, Isaya ne souffrait pas trop mais sa longue sieste l'avait privée de sommeil en ce milieu de soirée. Elle s'était quand même obligée à laisser Izou tranquille quand il s'était mit à bailler bruyamment.
La jeune femme était largement rassurée par son état de santé qui s'améliorait de jours en jours et d'après Gil, il n'avait aucune séquelle de l'incident malheureux. Le pauvre avait versé quelques larmes en voyant l'état de sa propre face mais ce n'était rien comparé à ce qu'il avait vécu. Un gros poids de culpabilité s'était tout de même envolé après leur longue discussion et ils avaient mis les choses à plat avant de clôturer définitivement le sujet.
C'est donc dans un soupir satisfait qu'elle sortit discrètement de la cabine avant de se stopper, sa perche à perfusion en main quand une voix retentit dans le couloir.
- Isaya ?
La dragonnière releva prudemment le regard dans sa direction. Marco. Il était assis au sol et se releva souplement avant de se diriger vers elle. Elle serra légèrement les mains, mal à l'aise quant à la marche à suivre et que dire. Ce fut le pirate qui prit les devants :
- Je peux te déranger quelques minutes ?
N'osant répondre à son regard la sondant, elle hocha timidement la tête. Elle ne savait pas à quoi s'attendre même si elle se doutait qu'il était temps qu'ils aient enfin une discussion.
- Viens, suis moi.
Il détacha ses yeux d'elle et l'incita à le suivre à travers le navire jusqu'à la porte menant à la poupe.
Une fois à l'extérieur il sauta facilement sur le large bord du bastingage et la voyant rencontrer des difficultés, tendit la main pour attraper le matériel médical qu'il apposa délicatement le long du bois afin que la perfusion continue de remplir son rôle correctement.
Ils restèrent ainsi quelques minutes sous la clarté lunaire, dans le calme, écoutant silencieusement les vagues s'écraser sur la coque de l'énorme navire. Mais Isaya sentait qu'il la dévisageait ouvertement et cela la mettait mal à l'aise. Elle l'avait déjà surpris à l'observer du coin de l'œil mais jamais aussi intensément. De plus la dragonnière avait l'impression qu'ils ne s'étaient pas vu depuis une éternité et elle ignorait s'il lui en voulait toujours. Elle ne savait plus quoi dire et quoi faire en sa présence mais ne tenant plus son regard fixe, elle le lui rendit de son seul œil valide.
Il ne flancha pas et la jeune femme aux cheveux blancs tenta de deviner ses pensées derrière ses yeux sombres. Elle n'y parvint pas et se détourna de nouveau nerveusement vers la mer. Ce fut lui qui brisa le silence en premier :
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Isaya savait qu'il lui parlait de ses blessures. Elle réfléchit quelques secondes afin de bien choisir ses mots.
- L'imprudence tout simplement. J'ai surestimé mes capacités de détection et j'ai tourné le dos à une rixe. C'était une grossière erreur.
Elle sortit sa dernière phrase dans un rictus qui sous le coup, la fit grimacer de douleur.
- Je vois. Et tu n'as pas pu te défendre ?
Alors que le ton de sa première question était neutre, elle put discerner un soupçon de colère dans cette deuxième.
- Non. J'ai été frappée sur le côté avec un bris de bois je crois. Ça m'a complètement sonné puis la seconde d'après je me suis retrouvé immobilisée. Je dois mon salut à un dernier réflexe et ça a été mon passage à Erevan, même si je n'en ai pas le moindre souvenir.
Du coin de l'œil, elle le vit serrer les poings sur le bois du navire. Était-il encore déçu d'elle ? Il s'était gracieusement dévoué à son entraînement et l'amélioration de ses compétences au corps-à-corps. La dragonnière avait l'impression de ne pas être à la hauteur de son professeur et elle se sentait comme au temps de l'Académie militaire quand elle faisait une grossière erreur qui aurait pu être évitée et surtout anticipée.
La jeune femme se rendit compte qu'elle se souciait vraiment de ce que le phénix pouvait penser d'elle et redoutait cette discussion car dans le fond elle avait peur de ce qu'il pourrait bien lui dire. Elle n'était pas tout à fait sûre de réussir à bien prendre les paroles qui franchiraient ses lèvres pincées et qui pourraient la blesser bien plus que de raison.
Alors elle hésita encore quelques secondes devant son silence, qui lui paraissait terrifiant à l'heure actuelle. Mais Isaya se reprit et tenta une approche courageuse.
- Marco, je sais que tu es en colère. Je le vois, le ressens et j'aimerai te dire que-
- Non tu ne sais pas.
La voix dure et tendue du pirate la coupa dans sa phrase et elle releva sa face tuméfiée vers lui. Stupéfaite, elle s'attendait à voir dans son regard de la colère voire du mépris ou bien de la déception. Mais à la place ce fut, des regrets ? Ou quelque chose dans le genre. Elle n'était pas tout à fait sûre de comprendre le mélange d'expressions sur son visage, d'habitude si lisse et impassible. Alors il reprit rapidement :
- Je suis en colère contre ceux qui t'ont fait ça. Je suis en colère contre ma bêtise de ne t'avoir sûrement pas assez préparé pour ce monde. Oui, j'ai été en colère pour l'incident mais les erreurs sont faites pour être pardonnées. Mais je suis aussi en colère de ne pas avoir essayé de te comprendre et dans mon aveuglement, de t'avoir tourné le dos et délaissée. Je suis en colère contre moi-même Isaya.
Pendant sa longue tirade, la dragonnière ne put détourner son regard du pirate, abasourdie d'y voir toutes ces émotions qu'il dévoilait à cœur ouvert. Et cela la toucha, bien plus qu'elle ne l'aurait pensé d'ailleurs. Il s'était de nouveau ouvert à elle et la jeune femme lui en fut infiniment reconnaissante. Leur lien n'avait donc pas était brisé.
Émue, elle lui offrit un timide sourire.
- Marco, je suis quand même désolée pour tout.
- Et moi donc Isaya. Je suis tout autant désolé.
L'atmosphère s'allégea enfin car tout deux venaient de se libérer d'un fardeau qu'ils traînaient depuis de nombreuses semaines déjà. En se jetant un dernier coup d'œil l'un à l'autre, ils eurent un léger rire avant de naturellement enchaîner la discussion sur leurs dernières aventures et voyages respectifs.
Malgré ses blessures Isaya se sentait profondément bien et heureuse d'être de retour sur le Moby Dick en compagnie des pirates, qui mine de rien lui avait manqué. Elle se rendait compte seulement maintenant qu'elle avait commencé à les nommer ses amis et le navire était devenu son nouveau refuge. La jeune femme s'adaptait merveilleusement bien à ce nouveau monde et commençait à accepter les changements en elle ainsi que son évolution. Cela l'effrayait moins et l'avenir lui semblait moins sombre en cette douce nuit. Elle essaierait de prendre la vie telle qu'elle et c'est tout.
Il restait tout de même le « problème » Lance Aglion à régler mais elle préféra ne pas y penser pour le moment.
Et voici la fin de ce chapitre. J'espère qu'il vous aura plu et que je vous ai surprise avec l'arrivée de Lance et Roeg chez nos chers pirates !
En tout cas j'ai déjà deux autres chapitres rédigés, il ne me reste plus qu'à les vérifier avant de les publier. Un troisième est également en cours d'écriture.
Laissez moi un commentaire (si, si, j'insiste), histoire de m'aider à rester motivée !
Je vous dit à la prochaine, AprilAwake
