THEME 21 : Quelques mots en chantant

Voici des extraits de chansons que vous m'avez proposé. A vous d'en choisir deux et de vous en servir de prompt pour votre histoire. Ce n'est pas la peine de mettre les phrases si le sens des deux extraits est bien respecté dans votre texte et qu'on comprend qu'il a servi de base, mais rien ne vous empêche de les mettre aussi. C'est comme vous le voulez.

1.."Say Goodbye

To the world you though you lived in"

Dit au revoir au monde dans lequel tu croyais vivre"

Mika - Any Other World

6."Voilà ma vie j'me suis pris des coups dans la tronche

Sois sur que si j'tombe par terre tout l'monde passe mais personne ne bronche

Franchement à part les gosses qui m'regardent étrangement

Tout l'monde trouve ça normal que j'fasse la manche

M'en veuillez pas mais parfois j'ai qu'une envie abandonner "

Un Homme Debout _ Claudio Capéo


Et si TK avait volé cette fiole de médicaments avant de prendre l'avion pour New York ? Si l'avion l'avait emmené là-bas et qu'il avait disparu pour se droguer… pour ne pas revenir…

L'ancien pompier se recroquevilla sur lui-même alors que la neige commençait à tomber. Ni la fine couverture rongée par la moisissure, ni les cartons qui formaient un toit précaire au-dessus de sa tête, n'arrêtaient le froid qui lui gelait les os. Il n'en avait cure, au contraire, il accueillait avec joie cette neige inattendue. Il faisait doux la veille, les températures avaient chuté dans la nuit. Etait-ce bien la veille ? Il avait depuis longtemps perdu la notion du temps, tous les jours étaient les mêmes : attendre des heures en espérant récolter, si ce n'était quelques pièces, au moins quelques regards compatissants. Il avait quelque peu suivi le déroulé des saisons grâce aux grosses chaleurs qui lui avaient tellement rappelé le Texas. Il en avait récolté quelques brûlures, mais les souvenirs venant avec avaient été bien plus douloureux.

La météo n'était pas le pire, jamais. Le pire était l'iceberg qui grignotait chaque jour un peu plus son cœur. Chaque jour le regret, la haine et la honte glaçaient un petit peu plus son âme, le faisant mourir à petit feu. Chaque jour il pleurait la faiblesse qu'il avait eu au décès de sa mère, la faiblesse d'avoir succombé à la tentation de la drogue. Ce jour-là, il avait fui ses proches, son père et Carlos, l'amour de sa vie pour une dose, pour oublier sa douleur. Il n'était plus que ça depuis. Il avait erré dans les méandres des enfers de son esprit et des égouts de New York. Il s'était perdu durant un temps qu'il n'avait pas pu estimé, ne sortant de l'obscurité que pour réaliser qu'il avait détruit sa vie passée. Dans un moment de faiblesse, il avait laissé ses démons l'enlever et détruire le coin de paradis, qu'avec Carlos, ils s'étaient aménagé. Il avait piétiné l'amour que Carlos lui portait pour mettre sa peine sous le tapis, mais voilà lorsque le tapis s'était soulevé, il avait reçu tous les déchets dans le visage. Dans un premier temps, il avait eu trop honte de ce qu'il avait fait pour tenter de retourner au Texas, persuadé que son ange ne pourrait pas lui pardonner une nouvelle fois. A présent, il n'en avait plus la force ni les moyens. A présent, seuls les regrets le tenaient éveillé quand il ne souhaitait que sombrer. La bouche de métro devant laquelle il s'était installé dégueulait ses passagers toute la journée et une grosse partie de la nuit, pour eux il n'était qu'un microbe, un déchet, un danger qu'il valait mieux ne pas regarder. Les quelques pièces données par les passants ne suffisaient pas à le nourrir, alors il cherchait les poubelles lorsqu'il ne parvenait plus à repousser la faim. Il mangeait des détritus, il s'habillait de détritus, il s'abritait de détritus… Il avait l'impression d'en être devenu un lui-même, d'être ce qu'il voyait dans leurs yeux ou dans les flaques. Jamais il ne retrouverait Carlos, son père, ses amis ou ne serait-ce qu'une bride de ce qu'avait été sa vie d'avant.

Il n'avait plus envie de lutter, depuis longtemps. Pourtant, il n'avait pas touché à une dose depuis celle qui avait signé sa perte, pas une dose d'alcool non plus. Il voulait contempler sa déchéance en toute lucidité. Il voulait savourer sa souffrance, chérir ses regrets et pleurer son amant. Ses instincts de survie l'avaient poussé à chercher de la nourriture, de l'eau et de l'ombre ou un petit peu de chaleur, mais là, ils ne pouvaient rien faire contre le froid. Alors que sa vie d'avant se matérialisait sur l'écran blanc dans un mirage dévastateur, TK laissa le noir et la torpeur l'envahir et le tirer dans les ténèbres. La dernière pensée du jeune homme fut qu'il ne voulait plus lutter.