THEME 32 : Manoir hanté
Pour une raison ou une autre et quelques soit la période ou le monde dans lequel se déroule votre fandom, votre personnage se retrouve à taper à la porte d'un manoir effrayant ou isolé un soir d'Halloween ou de fêtes similaires. On lui offre de s'abriter pour la nuit, mais tout ne se passe pas comme prévu. Fantômes, entités étranges, démons, sacrifices sataniques, ils se passent des choses à vous faire dresser les cheveux sur la tête dans ce manoir. Lâchez votre imagination Fanfic ou Original 1200 mots minimum
Carlos et sa partenaire, Lexi Mitchell, se garèrent au milieu de la forêt devant la grille d'un manoir à l'abandon. La lumière du jour ne passait déjà plus que difficilement à travers les arbres cachectiques d'octobre dont les ombres allongées s'étendaient au sol comme des corps décharnés. Certains de ces corps noueux se trouvaient captifs des barreaux noirs de la grille qui entourait le manoir alors que la silhouette monstrueuse dévoraient tous les bras squelettiques qui s'approchaient trop près d'elle.
La bâtisse semblait elle-même torturée, ses murs étaient recouverts de lierre, à moitié effondrés, ses portes étaient faites de bois pourri et ses fenêtres étaient fermées de barreaux rouillés.
"Tu es sûr que c'est là ?" demanda Carlos.
Les policiers avaient été appelés en urgence pour une intrusion dans un domicile, mais là, en voyant le manoir, ils doutaient que qui que ce soit puisse vivre là ou ait appelé la police. Cependant, après confirmation avec le centre d'appels des urgences, ils poussèrent la grille de fer forgée qui barrait le chemin. Celle-ci s'ouvrit dans un grincement lugubre qui hérissa le poil des agents. La main sur leur arme, tous leurs sens aux aguets, ils remontèrent le tracé boueux tortueux, envahi de mauvaises herbes et de feuilles mortes dans un état de décomposition avancé. Il n'y avait pas un bruit à l'exception de celui de leurs pas et de leurs respirations. L'atmosphère était glaciale et ils avançaient avec la certitude qu'ils feraient mieux de renoncer.
Au bout de longues minutes, ils parvinrent aux trois marches de pierre qui précédaient la porte d'entrée. Cette dernière, de plus de deux mètres de haut, avait été percée par la moisissure, les mites et les rats. Elle ne semblait rester en place que grâce à une force invisible et s'ouvrit sans difficultés lorsque Carlos la poussa avec prudence. L'intérieur était sombre, peu engageant et dégageait une odeur de renfermé mêlée à celle de moisissure. Lexi annonça leur présence, mais ils n'eurent aucune réponse. Tout en vérifiant ce qui les entourait, ils entrèrent dans le hall, poussiéreux, dégradant les gris du plus foncé au plus clair, il n'inspirait guère les deux officiers dont le faisceau des lampes torches peinait à éclairer le chemin.
A peine eurent-ils tous deux fait quatre pas à l'intérieur que la grande porte claqua dans leur dos comme un coup de canon et un nuage de poussière s'abattit sur eux leur brouillant la vue temporairement. Aveuglés et sonnés par la force du bruit, tous deux tombèrent à genoux en fermant les yeux et se protégeant les oreilles.
Lorsque le gong dans sa tête cessa de vibrer, Carlos rouvrit les yeux et récupéra son arme devant lui. Le hall était à présent illuminé de chandelles qui donnaient à la pièce une ambiance tamisée, les murs et le sol n'étaient plus délabrés et le mobilier semblait neuf, bien que plus à la mode depuis plusieurs siècles. Un frisson remonta le long de la colonne vertébrale du jeune homme, quelque chose n'allait pas. Il regarda autour de lui et son mauvais pressentiment augmenta lorsqu'il réalisa que sa partenaire n'était nulle part en vue. Quelque chose avait dû lui arriver, leur arriver, elle ne serait jamais partie explorer sans lui. Il se releva, écouta, mais rien. Il hésita, écouta et appela Lexi, mais rien. Il avança, écouta et un cri retentit, mais ce n'était pas la voix de Lexi. C'était celle de TK qui hurlait son nom dans un appel à l'aide. Son cœur manqua un battement, son cerveau oublia sa partenaire, son corps ignora toute prudence et il se précipita dans l'escalier, la peur guidant ses pas.
Les hurlements de peur de TK étaient de plus en plus forts. A chacun d'eux la terreur de perdre son homme augmentait dans le cœur de Carlos, à chacun d'eux TK le suppliait de le sauver, à chacun d'eux il lui semblait qu'il n'arriverait pas à temps.
Il se figea d'horreur en arrivant en haut des escaliers. Derrière une grille en fer, TK était acculé dans le coin d'une pièce vide par quatre gros loups. Les babines retroussées, le poil hérissé, un grondement sourd résonnant, ils étaient prêts à attaquer. Le visage de TK reflétait la terreur à l'état pur, sa peau était blanche, presque transparente, sa bouche était entrouverte, tremblotante, ses yeux étaient exorbités, trempés de ses larmes d'effroi. Ces deux perles bleues se tournèrent vers lui dans une supplication qui ne passa pas ses lèvres. Les loups sautèrent en avant, Carlos tira, toucha, mais ne les arrêta pas. Le cri d'agonie de TK fut court, mais brisa le cœur du policier qui s'effondra au sol, terrassé par la douleur atroce qu'il ressentit.
Son coeur lui fit physiquement mal, comme s'il était piétiné et arrêté en même temps, comme si quelqu'un le lui sortait de la poitrine avec violence. Il crut qu'il allait succomber à cette douleur, qu'il allait mourir et rejoindre TK, mais non. Les minutes s'étirèrent de la pire des manières jusqu'à ce que sa souffrance physique s'allège pour laisser place à celle qui était émotionnelle, morale. Son visage était trempé de larmes, mais il en avait cure, l'homme de sa vie venait de mourir, d'une manière horrible, sans qu'il ne puisse rien faire pour le sauver. Il ouvrit les yeux et regarda le corps inerte, ses sanglots redoublèrent, il ne pouvait même pas le prendre dans ses bras.
Il ne put dire depuis combien de temps il était ainsi prostré lorsqu'un cri le sortit de sa torpeur. Son coeur se mit à battre à toute allure et son regard chercha le corps de son fiancé, sans le trouver. La salle face à lui était ouverte et vide : il n'y avait ni loups, ni TK, ni sang ; comme si rien n'était arrivé, comme si Carlos avait pu imaginer ces images atroces.
La voix de TK hurlant à l'aide à nouveau le mit sur pieds. Guidé par les cris de terreur de son fiancé, il monta un second escalier et se retrouva dans les combles du manoir. Encombrés, poussiéreux, Carlos ne perdit pas de temps à regarder ce qui pouvait se cacher entre les caisses, la voix de TK venait de la fenêtre entrouverte. Il s'y précipita, se pencha à travers l'ouverture et découvrit son fiancé suspendu au bord de la toiture quelques mètres plus loin.
Le coeur du policier se serra lorsqu'il repéra les doigts du jeune homme qui le maintenaient au-dessus du vide. Il avait mal, sa poitrine était compressée à l'idée de le voir tomber sous ses yeux. Il ne supporterait pas de le voir mourir sous ses yeux… à nouveau ? Il n'avait pas le temps de se poser des questions, il était prêt à tout pour le sauver. Sans hésiter, il monta sur le toit et glissa avec douceur jusqu'à la gouttière. Celle-ci trembla sous son poids, mais la voix de TK résonna à nouveau, terrorisée, une première fois sous lui, la seconde devant lui. Il se concentra sur les doigts qui disparaissaient de sa vue, millimètre par millimètre et tenta de s'en rapprocher, pas à pas. La voix épouvantée de son fiancé l'appelait de plus en plus au fur et à mesure qu'il se rapprochait, mais c'était comme s'il y avait deux voix : une lointaine qui venait de bien plus bas et une proche qui l'hypnotisait et l'amenait à se rapprocher toujours plus de l'homme suspendu. Son cœur se serrait de plus en plus, il avait l'impression qu'il ne pourrait être libéré de l'étau qui l'étreignait qu'en sauvant TK, que chaque minute où la vie de son fiancé était en danger était comme un coup d'épée. Il n'avait plus aucune conscience des risques qu'il prenait, il devait se rapprocher à tout prix. Sa respiration était laborieuse, sa vision était dans un tunnel, son ouïe brouillée, sa cage thoracique était écrasée, mais toute son attention était sur TK.
Alors qu'il se mit à genoux pour attraper la main du jeune homme, il lui sembla entendre son nom appelé de bien plus loin, mais il ne put s'y intéresser, TK l'appela à ce moment-là. Carlos tendit son bras pour le faire remonter, mais à peine eut-il effleuré son poignet que les doigts blanchis d'avoir trop lutté lâchèrent prise.
Le cœur de Carlos fut broyé devant la vue de TK tombant dans le vide, son souffle fut coupé, ses lèvres s'ouvrirent dans un cri muet et son corps bascula à son tour.
Le 126 rentrait à la caserne lorsque la voix de Grace grésilla à la radio.
"Demande de renforts de police et de secours au manoir Barbas. L'unité sur place ne répond plus, coups de feu signalés."
"Reçu, unités 126 pompiers et secouristes en route."répondit la voix d'Owen.
Les deux véhicules branchèrent les sirènes et changèrent de direction, mais tous à l'intérieur se regardèrent surpris, le central n'avait pas confirmé la prise en charge.
"Central ? Grace ? relança Tommy.
- Tommy ? TK est là ?"
Le jeune homme fut soudain soucieux et répondit fébrile.
"Je suis là.
- C'est l'unité de Carlos. Il ne répond plus à aucun appel depuis quinze minutes."
Le jeune secouriste tourna un regard suppliant vers sa capitaine. Il était terrifié à l'idée que quelque chose soit arrivé à Carlos, mais pour rien au monde il n'accepterait de rester derrière. Il voulait être aux côtés de son homme pour le soutenir quoi qu'il se passe là-bas.
"On y va." confirma Tommy et Grace valida la prise en charge.
Le trajet fut dix minutes de pure angoisse pour TK, il n'y avait aucun son provenant de la radio et celà était pire que tout. Le jeune homme se refusait d'imaginer le pire sans parvenir à en repousser l'idée.
En arrivant, ils découvrirent le portail de fer déjà grand ouvert et plusieurs agents de police qui leur faisaient des signes, les invitant à se garer sur le côté du manoir. Le décor fit frissonner TK lorsqu'il descendit de l'ambulance, mais ce ne fut rien comparé à la frayeur qu'il ressentit en suivant du regard ce que lui indiquèrent les policiers. Toute l'équipe du 126 eut un hoquet terrifié en découvrant Carlos sur le toit. Il ne semblait pas être lui-même et avançait vers le vide sans aucune précaution.
Les ordres furent rapidement donnés et les pompiers déplièrent le matelas de sauvetage. Ils se positionnèrent sous Carlos que TK appela. Le Latino se figea une seconde, mais reprit son mouvement, il se mit à genoux, au bord du gouffre et tendit le bras. TK appela encore et encore son fiancé, mais celui-ci était trop concentré sur quelque chose que lui seul voyait. Le secouriste se sentait impuissant et perdu face au comportement de son amour, il priait pour qu'il reprenne contrôle de ses sens et se demandait ce qui avait bien pu le mettre dans cet état.
Soudain, tout ralentit, Carlos tomba en avant le long du manoir alors que le cœur de TK faisait de même dans sa poitrine. Il se précipita vers lui dès que les pompiers eurent réceptionné leur victime, inconsciente. TK vérifia en deux secondes ses constantes vitales et sentit son monde s'écrouler.
"Pas de pouls !" cria-t-il en ouvrant le manteau de son fiancé.
Il découpa le pull épais grâce aux ciseaux que Paul lui tendit et démarra le massage cardiaque. Nancy fut tout de suite à ses côtés avec un masque respiratoire, Tommy sur ses talons avec le défibrillateur.
"Aller bébé, reviens," le suppliait TK entre deux séries de compressions, mais rien, son cœur restait figé.
Après cinq séries sans succès, Tommy ordonna de préparer Carlos pour la défibrillation. La mort dans l'âme, mais la main assurée, le New-yorkais découpa le t-shirt du policier et libéra sa poitrine immobile pour que Tommy puisse y poser l'appareil.
Le cœur dans un étau, il regarda le corps bronzé se soulever sous l'impulsion électrique, mais rester ensuite inerte au sol. Les larmes lui montèrent aux yeux lorsqu'il reprit le massage cardiaque en attendant que la machine se recharge. Il se sentait oppressé par la peur de ne pas réussir à sauver l'amour de sa vie et était presque à bout de souffle lorsqu'il s'éloigna à nouveau pour le prochain choc électrique.
Le corps inanimé retomba à nouveau sur la bâche des pompiers. TK se positionna pour reprendre le massage, mais la poitrine se souleva sous ses mains. Carlos s'assit en sursaut et regarda autour de lui, déboussolé.
"Eh bébé, je suis là, tout va bien maintenant."
Mais il comprit au regard perdu que son homme posa sur lui que ce n'était pas vrai. Carlos ne comprenait pas comment TK pouvait être vivant alors qu'il l'avait vu mourir sous ses yeux, il ne savait plus ce qui était réel ou non et s'accrocha, tremblant, au secouriste.
"T'es vivant ? Je… tu étais mort, tu étais mort… répétait-il, perdu.
- Non, non, je suis vivant bébé, dit-il en le serrant plus fort contre lui. Que s'est-il passé ?
- Je… Carlos prit son temps pour rassembler ses souvenirs qui étaient flous. On a été appelés avec Lexi, on est entrés. La porte a claqué, beaucoup de poussière et ensuite Lexi n'était plus là et tu m'appelais à l'aide. Je t'ai vu… Oh pardon TK, je suis désolé, j'ai rien pu faire.
- Désolé de quoi bébé ?
- Les loups, ils t'ont tué, je ne pouvais pas t'aider, j'ai essayé de les abattre, mais… begaya le latino qui commançait à hyperventiler.
- Eh, eh, calme-toi Carlos, je suis là."
Désespéré de le voir ainsi, TK ne trouva pas d'autre idée que de poser ses lèvres sur celles de son amant qui se figea avant de se détendre et de répondre faiblement. Ils se séparèrent presque tout de suite et Carlos, toujours tremblant, cacha sa tête dans le cou de TK, ferma les yeux et inspira son odeur. Il chercha à faire le tri dans son esprit, à comprendre ce qu'il avait vécu et arriva à la conclusion que son esprit avait dû lui jouer des tours, son fiancé ne pouvait pas être mort deux fois dans la maison et le tenir à présent dans ses bras.
"Lexi !" s'exclama-t-il soudain en réalisant que sa partenaire avait pu se trouver en mauvaise position elle aussi.
TK regretta la perte de contact avec son fiancé, l'avoir contre lui et sentir son souffle contre sa peau l'avaient aidé à calmer la frayeur qu'il venait d'éprouver et il aurait aimé le garder dans ses bras plus longtemps. Cependant, il comprenait l'inquiétude de Carlos, d'autant plus que celle-ci était justifiée. Il s'assura d'avoir capté le regard du policier avant de lui répondre.
"Une équipe l'a trouvée au rez-de-chaussée, c'était déjà trop tard."
La culpabilité étreignit Carlos qui s'en voulu de ne pas l'avoir cherchée pour courir après une illusion. TK l'attira à nouveau dans ses bras tout en lui murmurant qu'il n'était pas responsable. Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que Tommy annonce leur départ pour l'hôpital. Les deux hommes se détachèrent et Carlos jeta un regard vers le manoir. Son cœur s'affola et sa main chercha celle de TK alors qu'il découvrait à travers la vitre l'image de son homme se balançant au bout d'une corde.
"Bébé ? demanda le New-yorkais et se tournant vers lui.
- Ne me lâche pas." le supplia-t-il.
TK resserra sa prise sur la main de son compagnon et suivit son regard vers le manoir, mais il ne vit rien. Inquiet de ne pas comprendre ce qui effrayait tant son homme, il fit glisser son bras autour de sa taille musclée et l'entraîna vers l'ambulance. Carlos se sentait attiré par cette vision qui se balançait devant ses yeux, il voulait aller la détacher, se battre pour réinsuffler la vie en elle, seul le contact de son fiancé contre lui le retenait. Avec difficultés, il se détourna de la maison et se laissa installé sur le brancard. TK fut très attentif à ce que Carlos ne puisse pas voir le manoir, mais il ne put l'empêcher de tourner la tête lorsque le policier entendit son nom appelé alors que les secouristes le montaient dans l'ambulance. Le regard chocolat tomba alors sur le visage cadavérique de son fiancé qui se fendit d'un sourire démoniaque jusqu'aux oreilles. Le cœur de Carlos s'emballa, sa respiration se coupa, ses muscles se figèrent, il entendit à peine une machine se mettre à sonner.
TK lui ne manqua pas l'alarme qui se mit en route, il avisa le regard de son homme et claqua la porte de l'ambulance derrière lui avant de prendre le visage bronzé en coupe. Les yeux de Carlos papillonnèrent et s'accrochèrent aux pupilles bleues inquiètes face à lui. Sa respiration et son rythme cardiaque se régularisèrent et sa tension musculaire se transforma en larmes alors que le véhicule démarrait. Il se réfugia dans les bras de TK qui lui soufflait que tout irait bien, mais au fond de son être, il n'y croyait pas, il avait l'intuition que ce qu'il venait de vivre le hanterait pour toujours.
