_**THEME 39 : C'est arrivé un 23 février **_
23 février 1836 : Début du siège de Fort Alamo au Texas
*Ecrire sur des personnages qui sont assiégés*
1500 mots minimum
Carlos, TK et Paul prenaient un verre dans un bar peu fréquenté quand le policier et le chicagoen se tendirent, tous deux avaient repéré l'entrée d'une dizaine d'hommes asiatiques en costume qui détonnaient dans l'ambiance. Ils échangèrent un regard, mais n'eurent pas le temps de se lever qu'une dizaine d'hommes mexicains cette fois entrèrent, dont un que Carlos connaissait. Ce dernier tenta d'éviter son regard et hâta ses compagnons vers la sortie, cependant, il vit ce jeune, qu'il avait arrêté à plusieurs occasions, chuchoter à l'oreille d'un homme plus âgé.
"Courez, dégagez." ordonna Carlos en voyant les mexicains s'avancer vers la porte.
Il fut soulagé de les voir obéir tout de suite et de les voir passer la porte avant que les deux gros bras ne l'atteigne, lui fut cependant intercepté d'un coup de chaise dans le ventre qui lui coupa la respiration et l'envoya au sol. Il gémit de douleur, mais aussi de détresse en voyant un des portes-flingues quitter le bar à la suite de TK et Paul.
Deux paires de mains se saisirent de ses bras et le remirent sur ses pieds. Elles le maintinrent immobile pendant que d'autres le fouillaient, sortirent son téléphone, son portefeuille et sa plaque. Carlos se demanda si son sort était scellé et s'il sortirait vivant de ce bar. Son seul espoir était que le porte-flingue à la poursuite de son homme et de Paul ne les rattrape pas et qu'ils préviennent la police.
"Vous avez appelé les flics ? demanda un des asiatiques.
- Non, il s'est invité tout seul, grogna l'homme avec un fort accent latin, qui fouillait Carlos.
- Je prenais juste un verre, déclara Carlos. Laissez-moi partir, j'ai rien contre vous.
- Ferme-la !" aboya l'homme face à lui en sortant son arme.
Carlos se tendit et retint sa respiration, il pria pour un miracle, il ne voulait pas mourir. L'homme arma son pistolet, la tension dans la pièce était palpable, le ventre de Carlos se tordit, il pensa à TK, les sirènes des voitures de police retentirent. Le policier crut que ce son signait son arrêt de mort, mais un asiatique d'une quarantaine d'années intervint.
"Ficelez-le dans un coin, assommez-le, on a à parler affaires. Il nous servira de monnaie d'échange si besoin."
Carlos n'eut pas le temps de réagir avant qu'un coup ne lui soit porté et que le noir ne l'englobe. Il fut ramené à lui par le bruit de détonations et, alarmé, il ouvrit les yeux précipitamment. Il ignora la douleur lancinante dans sa tête, la lumière aveuglante et les cordes qui l'immobilisaient, pour se concentrer sur la scène autour de lui. Il comprit rapidement que le bar était assiégé par les forces de l'ordre qui tentaient d'entrer, mais étaient tenues en respect par les mafieux. Il réalisa aussi qu'il devait être la seule raison les empêchant de charger l'établissement et se demanda pendant combien de temps sa vie aurait suffisamment de valeur pour que les deux camps souhaitent le garder en vie. Il se rendit compte aussi que de moins en moins de gangsters étaient présents, ils devaient être une quinzaine lorsqu'il avait ouvert les yeux et étaient à présent à peine plus d'une dizaine.
Carlos se demanda où ils pouvaient bien être, à sa connaissance il n'y avait qu'une seule sortie et personne ne l'avait empruntée. Il avait mal à la tête, il avait peur pour sa vie, pour TK qui devait se faire un sang d'encre, s'il était vivant, pour Paul… et se dit qu'ils jouaient vraiment de malchance et se retrouvaient beaucoup trop souvent dans des situations cauchemardesques qui n'avaient rien à voir avec leurs métiers. Il faillit se mettre à penser à sa vie et aux personnes qu'il aimait, la douleur pulsant dans son crâne lui donnant envie de s'évader de son corps, mais il s'en empêcha, il devait analyser la situation.
Le lieu était défendu par cinq asiatiques en costumes et six latinos ayant un style plutôt de rue, dont l'homme qui avait empêché sa mise à mort et le jeune à qui il devait d'être dans cette situation. Sa première hypothèse fut qu'ils étaient tombés dans une guerre de gangs, mais il se corrigea, jamais deux gangs n'auraient pu interférer aussi posément et travailler à présent ensemble pour se sortir de ce siège. A force de les observer, il finit par se demander s'il n'était pas plutôt en présence de deux mafias très puissantes : un cartel mexicain et les Yakuza. Cette hypothèse lui glaça le sang autant qu'elle lui donnait de l'espoir : ces hommes tuaient de sang froid et n'hésiteraient pas à l'abattre, mais ils étaient aussi des hommes d'affaires intelligents et capables de raisonner, il devait les convaincre que le garder en vie leur serait plus profitable. Cependant il était difficile de parler à qui que ce soit durant cet échange de coups de feu.
L'homme qui avait empêché son exécution, fut soudain à ses côtés et le saisit par le bras pour le mettre sur ses pieds. Le rythme cardiaque de Carlos accéléra alors qu'il se demandait ce qui allait lui arriver.
"Je vais faire tout ce que je peux pour que tu restes en vie. Toi, tu te tais et tu fais ce que je te dis."
L'homme avait environ quarante ans, un beau visage, un corps athlétique, beaucoup de charisme et dégageait une autorité naturelle. Carlos n'hésita pas avant d'acquiescer, cet homme semblait vouloir le garder en vie, alors il ferait ce qu'il fallait pour le rester.
"Quoi qu'il se passe, tu restes près de moi." ordonna le Yakuza à nouveau alors qu'il lui déliait les jambes.
Il noua la corde à celle qui retenait les poignets du policier devant lui et garda l'autre extrémité en main.
Une fois encore, Carlos acquiesça tout de suite et suivit son gardien dès que celui-ci se mit en route. Ce dernier l'entraîna derrière le bar où une trappe était ouverte. L'homme sauta en premier et aida Carlos à se stabiliser quand il atterrit au sol. Ils se mirent en route dans le souterrain, courbés en deux, éclairés seulement par la lampe du téléphone portable de l'Asiatique. Carlos n'aimait pas celà, il se demanda s'il n'aurait pas mieux fait de lutter et de rester dans le bar, mais ses interrogations furent coupées court lorsque des explosions retentirent derrière eux et qu'il dut presser le pas. Il eut l'impression de marcher plié ainsi pendant des heures et de devenir claustrophobe, il se demanda quelles étaient les véritables raisons de l'aide de cet homme, il pensa à TK, à ses parents, à ses amis, et fut plus que soulagé lorsqu'ils sortirent du souterrain par une seconde trappe. A nouveau, son gardien l'aida à compenser les difficultés de mouvements liées à ses sangles et ils se retrouvèrent dans un garage. Plusieurs motos y étaient garées et laissaient présager de la suite à venir. Il fut guidé hors de la pièce et arriva dans ce qu'il identifia comme la salle à manger d'une maison résidentielle, six hommes, plus âgés, trois de chaque clan discutaient à voix basse autour de la table et semblaient négocier quelque chose. D'autres hommes se tenaient debout, en retrait, attendant d'avoir à intervenir. Carlos fut poussé dans un coin de la pièce où son gardien lui ordonna de s'asseoir et de ne pas bouger, il était trop loin pour entendre ce qu'il se disait et mal placé pour avoir une vue quelconque par les fenêtres, il fit alors de son mieux pour se faire oublier des mafieux. Cependant, le calme relatif de cette réunion ne dura pas longtemps, les hommes à table se serrèrent la main et les mexicains quittèrent la maison. Les hommes attablés entamèrent une discussion en japonais à laquelle son gardien prit part, celle-ci semblait calme et posée, mais le ton monta lorsqu'un nouvel homme entra et dit quelques mots, toujours incompréhensibles pour Carlos. Les regards des hommes plus âgés se tournèrent vers lui et devinrent mauvais, le ton monta et l'Asiatique qui l'avait défendu avant se plaça entre eux et lui, cependant ce ne fut pas suffisant.
Carlos sentit la peur l'envahir d'un coup quand deux des hommes restés en retrait se saisirent de son défenseur et que deux autres l'agrippaient et le traînaient de force dans la salle de bain. Là, ils le firent s'allonger dans la baignoire, lièrent ses mains au robinet et firent couler l'eau. Carlos éloigna le plus possible son visage du liquide, mais ne pouvait se redresser dans sa position, la terreur l'envahit à l'idée de ce qu'il voyait se profiler. Un des hommes qu'il avait identifié comme les chefs entra dans la pièce alors que les voix se disputaient toujours dans celle d'à côté.
"Tu as un micro ou un traceur sur toi ? demanda le chef dans un anglais parfait.
- Non ! tenta de se défendre Carlos.
- Que faisais-tu dans ce bar ?
- Je prenais un verre avec des amis, le niveau d'eau montait et bientôt couvrirait ses oreilles.
- Ta présence n'avait donc rien à voir avec notre venue ?
- Non, c'est une coïncidence, soutint le jeune homme, terrorisé de voir qu'il n'était pas cru.
- Et le fait que la police nous ait retrouvé si vite non plus ?
- Non !"
Il contracta un peu plus ses abdominaux pour garder la tête hors de l'eau, mais le chef aboya un ordre en japonais et un des deux gorilles appuya sur son sternum, enfonçant par conséquent sa tête sous la surface. Il se débattit autant qu'il put, avec la force du désespoir, mais ce fut sans succès, l'air vint vite à manquer et ses poumons à le brûler, son larynx commença à produire des spasmes.
Il toussa, s'étranglant avec l'air lorsqu'une main le sortit de l'eau, le chef n'attendit pas qu'il eut reprit son souffle pour l'interroger à nouveau.
"Comment informes-tu la police de nos déplacements ?
- Pas… moi.." réussit-il à articuler avec difficultés.
Sa réponse ne fut pas satisfaisante puisqu'il fut ramené sous l'eau à nouveau. Le processus fut répété deux fois de plus, Carlos sentait ses forces diminuer, sa terreur à l'idée d'être noyé augmenter, son désarroi face à la situation s'amplifier, il ne savait pas quoi dire pour que sa torture s'arrête, mais soudain la pression sur son torse disparut. Il n'avait cependant plus assez de force pour remonter par lui-même, l'eau entrait déjà dans ses poumons, il pensait que c'était fini, qu'ils allaient le laisser mourir là, mais il fut finalement tiré de hors de l'eau. Il toussa, encore et encore, attendit les questions, tenta de reprendre son souffle, mais rien ne vint. La bruit de la bonde débouchée retentit et le niveau d'eau diminua autour de lui, ce fut ce qui le reconnecta à ce qui l'entourait. Une femme, d'environ quarante ans, asiatique, très mince et sportive, les cheveux au carré, le détâcha, l'aida à s'asseoir, lui posa une serviette sur les épaules et lui montra son badge du FBI.
"C'est terminé, vous allez à l'hôpital, votre fiancé vous attend à côté des ambulances."
Carlos fondit en larmes, il était soulagé d'être vivant, soulagé que TK le soit aussi, soulagé que ce soit terminé, mais surtout traumatisé de ce qu'il venait de traverser. Les urgentistes le mirent sur un brancard et lui parlèrent alors qu'ils lui faisaient traverser la maison, mais ce ne fut pas suffisant pour qu'il ne note pas que les Yakuzas étaient soit morts soit menottés. Il réceptionna TK avec plaisir lorsque celui-ci put se jeter sur lui et sentit tout de suite l'inquiétude qui avait habité son homme durant toute cette épreuve. Ils allèrent ensemble à l'hôpital où il n'eut besoin que de quelques heures pour faire sa déposition à l'agent Kalakaua, la femme qui l'avait sorti de la baignoire, et être autorisé à rentrer chez lui.
Après une nuit peuplée de cauchemars, le couple se reposait dans les bras l'un de l'autre, lorsque la sonnette retentit et tira TK du lit. Carlos grogna, mais le laissa se lever, lui n'avait aucune envie de quitter la chaleur rassurante des draps.
"Agent Adam Noshimuri, je souhaite parler à Carlos Reyes, entendit-il.
- Ca ne peut pas attendre ? répondit TK.
- Je n'en ai pas pour longtemps.
- Je vais voir s'il peut venir, grommela le secouriste avant de revenir dans la chambre. Eh bébé, il y a un agent spécial qui veut te parler.
- J'ai entendu, j'arrive." souffla Carlos en se levant.
Vêtu d'un jogging et d'un t-shirt, il ne prit pas la peine de se changer et sortit de la chambre, mais il se figea après avoir passé la porte.
"Je ne vous veux aucun mal, déclara Adam, l'homme qui avait tenté de le garder en vie la veille.
- Que… ? Carlos n'arrivait pas à formuler une pensée cohérente, les images de la veille lui revenant en flashs.
- Je suis venu vous rapporter vos effets personnels et répondre à vos questions sur ce que vous avez traversé." expliqua Adam en lui tendant son portefeuille, son badge et son téléphone.
Carlos les saisit d'une main tremblante avant de s'asseoir dans le canapé, Noshimuri se mit dans un fauteuil face à lui et TK s'assit à ses côtés, un bras autour de lui, lui donnant l'ancrage dont il avait besoin. Adam expliqua qu'il appartenait à l'équipe du 5-0 à Hawaï, mais qu'en tant qu'ancien Yakuza, il avait aidé le FBI à faire tomber un énorme réseau de prostitution sur le territoire américain. Il s'excusa de ne pas avoir réussi à protéger plus Carlos qui s'était trouvé pris au piège dans une rencontre entre la mafia mexicaine et les Yakuzas locaux qui devaient discuter le passage de filles entre le Mexique et les Etats-Unis. Il répondit à toutes les questions du couple avant de conseiller à Carlos de trouver quelqu'un à qui parler de ce qu'il avait vécu et de ne pas se laisser abattre, puis de partir. Le policier pleura alors, de longues heures, dans les bras de son fiancé, avant de suggérer une soirée avec Paul et le reste du 126 pour se changer les idées.
