Thème 63 : Le jour J

votre perso possède chez lui un objet : cadeau jamais ouvert, cigare jamais vu, bouteille de vin ou autre qui attend dans le placard, lettre jamais décacheté, pellicule jamais développée et pourtant voilà, aujourd'hui c'est le Jour J, il est temps d'ouvrir le paquet, de fumer le cigare, de boire un verre ou autre. A vous de nous dire pourquoi c'est le Jour J, que représentait cet objet et pourquoi votre personnage saute le pas aujourd'hui.

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Carlos rentra chez lui déprimé, comme tous les soirs depuis le départ de TK. Il venait de terminer son footing quotidien, la nuit était tombée, il pleuvait, il faisait froid et son cœur était en miette. Il regarda les cartons autour de lui et sentit à nouveau les larmes lui monter aux yeux. Cela faisait trois semaines qu'il réagissait ainsi à chaque fois qu'il revenait dans le loft qu'il avait acheté pour eux deux, mais dans lequel il habitait seul. Il avait augmenté ses horaires au travail au maximum, passait plusieurs heures par jour à la salle de musculation, allait courir au moins une heure chaque soir, mais il n'était jamais assez fatigué lorsqu'il rentrait pour oublier que TK ne se coucherait pas à ses côtés, qu'il ne le ferait plus, et qu'il ne savait pas pourquoi.

Il posa ses affaires et passa de longues minutes sous la douche. Il laissa l'eau s'écouler sur son visage et rincer ses larmes, le bruit des gouttes sur la cabine lui vidait l'esprit et il attendit de ne plus penser à rien, de ne plus pleurer pour fermer le robinet.

Il passa un jogging et un t-shirt avant de retourner dans la pièce principale. Il devait avancer, il ne pouvait plus se désoler sur sa situation amoureuse et se laisser glisser dans la déprime. Il alluma la télévision, mit le premier film d'action sur lequel il tomba, se saisit d'une paire de ciseaux et s'attela à la tâche.

Il vida tous les cartons de vaisselle avant de les ranger, puis il s'attaqua à ceux qui contenaient la décoration. Pendant presque deux heures, il réussit à garder ses souvenirs loin de son esprit et ses émotions sous contrôle jusqu'à ce qu'il tombe sur une enveloppe avec son nom dessus. Il reconnut sans aucun doute l'écriture de TK et ses joues s'humidifièrent avant qu'il ne puisse essayer de lutter contre ses larmes.

D'une main tremblante, il décacheta l'enveloppe et en sortit son contenu. Il dut laisser passer plusieurs minutes de sanglots avant de réussir à lire la carte.

''Un an ensemble, que dirais-tu d'explorer New York avec moi ?''

Carlos réalisa qu'il venait de découvrir le cadeau que TK avait prévu de lui offrir pour leur anniversaire, s'il ne l'avait pas quitté quelques semaines avant. Les larmes coulaient à torrent sur ses joues, ses idées étaient confuses, il ne parvenait pas à avoir la certitude d'avoir bien compris le message. Il retourna la carte et découvrit un dessin de la statue de la Liberté.

Plus que jamais, il était perdu, si TK avait eu l'intention de passer quelques jours à New York avec lui, qu'était-il arrivé pour qu'il le quitte. Il n'avait pas pu avoir cette idée longtemps avant de partir sans explication, pourquoi avait-il changé d'avis sur leur relation du tout au tout en si peu de temps ?

Il regarda le papier qui accompagnait la carte, des billets d'avions factices qui confirmèrent ce qu'il avait déjà compris et relança ses pleurs. Des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête, auxquelles il n'avait aucune réponse. Il se demanda comment cette enveloppe était arrivée dans ses affaires, si TK s'en souvenait et s'il avait eu l'intention qu'il la trouve, s'il s'attendait à ce qu'il le contacte. Ses interrogations revinrent sur celles qu'il avait tous les soirs et qui concernaient les raisons du départ de l'homme qu'il aimait. Il ne comprenait pas comment lui pouvait être persuadé, même après le départ de TK, que celui-ci était l'homme de sa vie, son âme-sœur, et que le pompier ait pu ne pas s'en rendre compte.

Cette fois, et comme souvent, il ne parvint pas à stopper ses larmes. Il laissa les objets au sol, les cartons ouverts et s'installa en boule sur le canapé, un coussin dans les bras, un autre sous la tête. Il ne regardait pas le film, trop pris dans le fil de ses souvenirs et de ses questions.

Comme tous les soirs, il finit par s'endormir d'épuisement sur le canapé, la télévision toujours allumée, les larmes coulant toujours sur ses joues. Il n'avait pas passé une seule nuit dans son lit depuis le départ de TK, au départ parce que son odeur trop présente lui était insupportable, puis parce qu'il n'avait pas la force d'affronter ses souvenirs de ce corps avec lequel il aimait tant danser. Le canapé était plus neutre.

Toute la nuit il rêva du secouriste, du week-end à New-York qu'ils auraient pu passer ensemble, des lieux qu'ils auraient pu visité, des photos qu'ils auraient prises… Au matin, les larmes coulèrent à nouveau alors qu'il faisait le lien entre son rêve, sa découverte de la veille et l'absence de TK dans sa vie. Il se leva et se prépara en vitesse, voulant sortir de chez lui le plus vite possible pour laisser ses pensées derrière lui. Il était tôt, sa séance de musculation matinale allait l'aider à se vider l'esprit, puis sa journée allait le garder occupé jusqu'à son retour nocturne.