DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de The 100 ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de l'équipe de production de la série réalisée par Jason ROTHENBERG et inspirée par les livres de Kass MORGAN. Je n'en tire aucun revenu ni avantage quelconque si ce n'est l'infini plaisir de vous divertir et vos précieux retours qui m'aident à constamment essayer d'améliorer mes écrits.

REMERCIEMENTS : Merci à toutes celles et ceux d'entre vous qui ajoutent cette histoire dans leur liste de favori et de suivi et qui prennent le temps de me laisser des commentaires !


Anya arpentait les couloirs qui menaient au dortoir d'un pas nerveux.

Elle redoutait non seulement la réaction d'Abby, quand elle apprendrait qu'elle devrait encore patienter avant de pouvoir enfin voir sa fille.

Mais également celle de Raven, lorsqu'elle lui proposerait le nécessaire pour rendre plus supportable les douleurs provoquées par sa jambe meurtrie.

Arrivée non loin des chambres, elle ne fut pas surprise le moins du monde de trouver la mère de Clarke, sur le seuil de la porte de l'une d'elle, qui l'attendait les bras croisés et les sourcils durement froncés.

Sa posture trahissait son impatience et de la détermination.

Anya pressentit qu'elle allait devoir affronter la redoutable colère d'une mère prête à en découdre et à renverser tous les obstacles qui se dressaient entre elle et son objectif.

Et son objectif c'était sa fille.

- Abby, commença la native d'un ton à mi-chemin entre la compassion et la fermeté. Il va falloir patienter encore un peu, avant de pouvoir voir Clarke.

Le regard du Docteur Griffin se durcit, sa mâchoire se crispa.

Elle prit une profonde inspiration avant de prendre la parole.

- Anya, interpella-t-elle son interlocutrice, la voix rendue tremblante par l'émotion. J'ai besoin de voir ma fille maintenant et ma fille a besoin de moi ! Il est hors de question que j'attende une minute de plus ! Je devrais déjà être auprès d'elle !

La native comprenait parfaitement le désir impérieux qu'avait Abby d'être auprès de son enfant.

Néanmoins, elle comprenait aussi celui de Lexa de rester encore un peu dans la bulle qu'elle partageait avec la fille du ciel, encore faible, qu'elle venait tout juste de retrouver après de douloureuses épreuves.

- Je comprends Abby. Mais Clarke a encore besoin de se reposer. Une visite immédiate pourrait perturber son rétablissement. Dès qu'elle aura retrouvé suffisamment de forces pour rester éveillée et recevoir des visites vous en serez la première informée, déclara-t-elle le plus calmement possible, en espérant que son ton parviendrait à apaiser temporairement l'inquiétude de la skaikru.

Cette dernière ne dit rien pendant un moment, prenant le temps d'assimiler les paroles de la terrienne.

Finalement, après quelques secondes qui semblèrent être des heures à Anya, elle soupira longuement.

- D'accord, concéda-t-elle.

Bien que cette concession était clairement douloureuse, elle décida de prendre encore un peu sur elle.

Si sa fille avait besoin de dormir, cela ne changeait rien qu'elle soit à son chevet maintenant ou un peu plus tard.

Elle avait, de plus, elle aussi besoin de se reposer après tout le chemin parcouru depuis Arkadia.

Anya hocha la tête, admirative de la force dont son aînée faisait preuve et de sa capacité à dominer ses émotions face à une situation aussi délicate.

Pour l'aider à penser à autre chose, elle lui présente la besace qui contenait les plantes et l'onguent destinés à Raven et lui expliqua comment les utiliser.

- Merci Anya, dit-elle d'une voix qui se radoucit légèrement. Tu devrais aller lui donner tout ça. J'espère qu'elle acceptera de les utiliser et que ça la soulagera car les remèdes conventionnels semblent avoir de moins en moins d'effet sur elle.

La tension dans l'air commença à se dissiper, au plus grand soulagement de la rousse.

Elle sourit à la blonde, avant de la laisser pour se diriger vers la chambre où elle avait quitté Raven et son sac un peu plus tôt.

Elle la retrouva assise au bord de son lit, sa jambe blessée étendue devant elle.

Son visage était visiblement crispé, elle avait les mâchoires durement serrées et ses yeux brillaient de larmes contenues avec peine.

Elle luttait visiblement contre une douleur difficilement supportable, même si Anya le savait, elle ne l'admettrait jamais.

Elle était trop fière pour cela.

- Raven, l'interpella Anya.

La brune releva la tête, ses yeux vifs se plantant dans ceux de la native.

- Qu'est-ce que tu veux ? Demanda-t-elle alors sur la défensive

- T'aider, répondit simplement Anya.

- Mais je n'ai pas besoin de ton aide, rétorqua la brune, le ton défiant, bien qu'il lui fallut prendre une respiration hachée pour s'empêcher de grimacer de douleur.

Anya resta silencieuse un moment, observant d'un air songeur cette jeune femme qui avait, tout comme Clarke, surmonté et survécu à tant d'épreuves dans sa jeune existence.

Elle pouvait lire dans son regard, par delà sa fierté mal placée, une force évidente.

Mais également une souffrance abyssale, qu'elle peinait de plus en plus à dissimuler.

Raven lui ressemblait, réalisa-t-elle alors.

Elle aussi était fière.

Elle aussi détestait qu'on la prenne en pitié.

Elle aussi acceptait rarement l'aide d'autrui, qu'elle prenait comme une insulte à son intelligence, à sa force et à sa bravoure.

Mais elle savait aussi qu'accepter du secours n'était, dans certaines circonstances, pas toujours un signe de faiblesse.

C'était, au contraire, la plus grande des forces.

- Je veux juste te donner quelque chose qui pourrait rendre la douleur de ta jambe plus supportable, répondit finalement Anya en tendant la besace vers elle. Après je m'en vais.

Raven l'observa longuement, avant d'hocher la tête.

Ok, consentit-elle. Montre moi.

Anya s'avança pour venir s'asseoir sur le rebord du lit, aux côtés de Raven.

Puis, elle ouvrit la besace, révélant les herbes et l'onguent.

Elle lui expliqua longuement et le plus clairement possible quand et comment utiliser chaque élément.

Elle lui décrivit comment l'onguent devait être appliqué directement sur sa jambe blessée et à quelle occasion et de quelle façon les herbes devaient être infusées et bues.

La mécanicienne l'écouta attentivement, absorbant chacun de ses mots, pour s'en souvenir plus... Lorsqu'elle serait de nouveau seule face à sa douleur.

Quand la native eut terminé ses explications, elle demeura silencieuse quelques secondes, semblant évaluer la situation.

- Merci, déclara-t-elle finalement d'un ton plus doux, presque vulnérable.

- C'est rien, répondit Anya en se levant du lit et en lui adressant un bref sourire.

Elle savait que la route de Raven vers un complet rétablissement était encore longue et serait semée d'embûches. Mais au moins, elle avait maintenant entre les mains quelque chose de plus pour l'aider à mieux supporter la douleur en attendant.

Après un dernier regard vers Raven qui avait la tête baissée vers la besace qu'elle lui avait laissé sur les genoux, Anya se dirigea vers la porte avant de soudainement s'arrêter.

Elle se tourna de nouveau vers Raven, un doute s'étant soudainement glissé dans son qu'elle redoutait fut confirmé à l'instant où elle posa les yeux sur elle. La brune avait les yeux fermés, les traits déformés par une grimace qui trahissait une douleur évidente et ses mains s'étaient mise à trembler fortement.

- Raven, appela Anya d'une voix à la fois douce et ferme. Je peux t'aider à appliquer l'onguent maintenant si tu veux.

Raven releva vivement la tête, une lueur de surprise passant dans les yeux, avant d'être remplacée par une vive colère.

- Je t'ai dit que j'avais pas besoin d'aide, refusa-t-elle d'une voix tremblante qui trahissait son agacement et l'insoutenable douleur qu'elle essayait encore de dissimuler, en vain.

- T'en as peut-être pas besoin mais tu vas quand même l'accepter ce soir, insista Anya en s'approchant lentement de Raven. Ça aidera à soulager la douleur plus vite et je te laisserais tranquille plus vite. T'es pas obligée de garder la face devant moi. Ce n'est pas parce que tu montres à certaines personnes que tu as mal que ça fait de toi quelqu'un de faible Raven.

Un silence tendu s'installa dans la pièce, troublé seulement par la respiration de Raven, de plus en plus laborieuse.

Enfin, après une pause qui sembla durer une éternité, la brune hocha la tête, acceptant de mettre temporairement sa fierté de côté pour accueillir une aide bienvenue.

Anya s'accroupît alors face à elle.

Elle prit le pot d'onguent de ses mains, l'ouvrit et le posa sur le sol près d'elle.

Après quoi, elle retroussa prudemment le pantalon qui dissimulait la jambe blessée de la fille du ciel, révélant une cicatrice écarlate et enflée.

Elle sentit Raven se crisper, mais la jeune femme ne fit aucun mouvement pour se retirer.

Alors Anya prit un peu d'onguent sur le bout des doigts et commence à l'appliquer avec une douceur inattendue sur la blessure de Raven.

Chaque mouvement était calculé, destiné à minimiser la douleur.

Les premières secondes, la brune serra les mâchoires, redoutant que ce soit trop beau pour être vrai et que le mal ne s'amplifie à un moment ou à et laissa involontairement échapper un gémissement plaintif.

Mais elle resta immobile, laissant Anya qui ne fit pas cas continuer de masser sa jambe.

Puis, peu à peu, la tension dans la jambe et le corps de Raven commença à se relâcher tandis que l'onguent commençait à faire effet.

Son visage se décontracta et sa respiration, qui était auparavant rapide et courte, s'allongea et ralentit, indiquant à la native que la douleur commençait à se calmer.

Alors que le baume pénétrait lentement dans sa chair meurtrie et venait neutraliser le mal, Raven réalisa à quel point sa souffrance constante avait épuisé ses ressources et à quel point elle était fatiguée physiquement et mentalement.

Elle était toujours présente bien sûr. C'était une présence grondante et sourde, toujours là, tapie quelque part à la périphérie de sa conscience. Mais, le soulagement que procurait l'onguent était bien réel et avait quelque chose de presque euphorisant. Elle ne se souvenait plus de la dernière fois qu'elle avait ressenti un tel répit.

Et puis à tout cela s'ajoutait le toucher d'Anya.

Elle le voyait et elle le sentait : chaque geste, chaque pression était minutieusement ajustée pour ne pas lui faire mal.

Raven avait toujours été quelqu'un qui se méfiait du contact physique, qui gardait une distance prudente entre elle et les autres de peur d'être blessée. Elle s'ouvrait rarement et acceptait la proximité seulement quand elle était sûre d'être en confiance. Et la seule fois qu'elle l'avait fait avec Finn, elle avait finalement était cruellement trahie. Elle l'avait regretté.

Et elle n'était pas prête à faire confiance de nouveau.

Mais il y avait quelque chose d'étrangement réconfortant et rassurant dans la façon dont Anya manipulait sa jambe blessée.

Ses doigts étaient doux et fermes.

Ses gestes étaient assurés, témoignant de longues années d'expérience.

C'était un toucher ne demandait rien en retour : il était simplement là pour la soulager.

Et à sa grande surprise, Raven réalisa qu'elle aimait ça :

La chaleur et la force des mains d'Anya contre sa peau meurtrie.

La sensation d'être prise en charge, de pouvoir se reposer et de se laisser aller à la douceur de l'instant.

Si bien que lorsque les mouvements d'Anya commencèrent à ralentir, indiquant la fin imminente du massage, une vague de déception la submergea.

Non !

Elle ne voulait pas que ça s'arrête tout de suite : pas alors qu'elle commençait enfin à avoir moins mal, à trouver ça agréable et à profiter de la sensation.

- Tu peux... continuer encore un peu ? Murmura-t-elle alors, sa voix presque étouffée par la surprise de sa propre demande.

Anya se figea un instant, relevant brièvement les yeux vers elle, avant d'hocher la tête en silence.

Puis ses doigts reprirent leur mouvement, traçant de doux cercles sur la peau de Raven.

Celle-ci ferma les yeux, laissant échapper un soupir de soulagement.

Elle profita du massage pendant de longues minutes supplémentaires, finissant presque par s'assoupir.

- Voilà, murmura finalement Anya de longues minutes plus tard, avant de se reculer légèrement.

Raven rouvrit les yeux.

- Merci, murmura-t-elle.

Anya hocha la tête.

- Je t'en prie, dit-elle simplement avant de se lever et de se diriger vers la porte. Repose toi maintenant, ajouta-t-elle avant de quitter la pièce.

CLEXA • CLEXA • CLEXA

Une fois la porte fermée derrière elle, Anya s'adossa quelques instants contre le mur froid du couloir, laissant le silence et l'obscurité l'envelopper.

Elle avait l'esprit en ébullition malgré la tranquillité environnante.

Elle se revoyait en train d'appliquer l'onguent sur la jambe de la jeune mécanicienne, sentant les muscles tendus sous sa peau se détendre peu à peu sous la pression de ses doigts.

Chaque mouvement, chaque contact avait semblé intensifier une connexion silencieuse entre elles, presque tangible. Un lien qui lui avait semblé à la fois familier et complètement nouveau.

Elle repensait au visage de Raven pendant leur échange.

Ses yeux avaient reflété une détermination sans faille malgré la douleur :

Une volonté de fer qui avait toujours caractérisé la jeune femme depuis qu'elle avait fait sa connaissance.

Mais il y avait lu aussi, pour la première fois, de la vulnérabilité.

Cela avait fait naître en Anya le désir impérieux de prendre soin d'elle et de la protéger : des autres mais surtout d'elle même.

Elle ne voulait plus la voir souffrir seule et en silence.

Et alors, sans prévenir, une autre sensation s'était insinuée en elle.

Inattendue et incontrôlable.

Un frisson avait parcouru tout son corps lorsqu'elle avait effleuré la peau de Raven.

Un élan inexplicable, presque magnétique.

Une attirance qui allait au-delà de la simple préoccupation pour la santé de la jeune femme.

Anya était surprise par l'intensité de ce sentiment, par cette envie soudaine de se rapprocher encore plus de Raven.

Avant Clarke, elle n'avait jamais ressenti une telle chose, ou du moins...

Elle ne s'était jamais permis de laisser ce genre de sentiments s'infiltrer dans son esprit.

Elle était une guerrière après tout.

Son monde avait toujours été fait de batailles et de conflits, pas de désirs inavoués et d'émotions brûlantes.

Et voilà que ça lui arrivait de nouveau avec Raven.

Il était inutile de nier ce qu'elle ressentait.

C'était une émotion qu'elle ne comprenait pas encore tout à fait, mais qu'elle savait être réelle et puissante. Le souffle court, elle ferma les yeux, se laissant envahir par l'image de la brune, par la chaleur de sa jambe sous ses mains, par le bruit de sa respiration qui avait semblé s'apaiser sous son toucher.

Ce moment de réflexion solitaire permit à Anya de comprendre que quelque chose avait changé entre elles.

Quoi qu'il se passe ensuite, elle savait que leur relation ne serait plus jamais la même.

Mais pour l'instant, elle décida de garder ce qu'elle ressentait pour elle et d'explorer ses sensations et sentiments nouveaux en silence.

Elle ne voulait pas faire les mêmes erreurs qu'avec Clarke.

Elle ne voulait pas s'exposer et être blessée comme elle l'avait été avec Clarke.

Lorsque le moment serait venu, et seulement s'il venait, elle ferait face à ces sentiments avec la même force et la même détermination qui l'avaient toujours guidée.

Mais pas avant.

Pour l'instant, elle était déterminée à faire preuve d'une extrême prudence pour se préserver.

Et pour protéger Raven.

Elles étaient toutes les deux fragiles et n'avaient pas besoin d'ajouter à tout ce qu'elle devait déjà affronter une nouvelle déception sentimentale.

Avec une dernière pensée pour la jeune femme, Anya se redressa et s'éloigna, chaque pas résonnant dans le couloir silencieux, faisant échos aux battements désordonnés de son cœur.

CLEXA • CLEXA • CLEXA

Raven, toujours assise sur le rebord du lit, regarda la porte se refermer lentement derrière Anya.

Son corps était débarrassé de toutes tensions.

La douleur était redevenue tolérable.

Elle s'allongea alors sur son lit, laissant son corps s'enfoncer dans les épaisses couvertures.

Elle devait absolument en profiter pour essayer de dormir et de récupérer.

Elle ferma alors les yeux.

Mais son esprit se mit à vagabonder.

Elle pensa à Anya et à sa présence étrangement réconfortante.

Elle se rappela de ses mains fermes mais douces sur sa peau, chaque toucher apportant un soulagement incroyable. Et alors qu'elle repensait à ces moments, une drôle sensation s'empara d'elle.

Son corps fut secoué d'un frisson qui lui fit soudainement rouvrir les yeux et se redresser sur son lit.

Est-ce que...

Était-ce possible que ce soit...

Etait-ce de l'attirance qu'elle ressentait pour Anya ?!

C'était quelque chose qu'elle n'avait encore jamais envisagée.

Eprouver de l'attirance physique pour une femme ?

Une guerrière native, fière et autoritaire de surcroît ?

Anya ?!

Mais aussi une femme douce, qui avait pris soin d'elle avec une gentillesse insoupçonnée, lui souffla une petite voix dans sa tête.

Raven se mordit la lèvre inférieure, incertaine.

Elle ressentait de la gratitude envers Anya, c'était certain.

Mais était-ce pour autant plus que cela ?

Était-ce vraiment de l'attirance qu'elle ressentait pour elle ?

Une attirance physique ?

Ce qu'elle éprouvait été étrange et déroutant.

Elle n'était pas sûre de ce que cela signifiait, ni de ce qu'elle devait faire.

Alors avec un soupir, elle referma les yeux et se rallongea, essayant de calmer son esprit agité. Elle se blottit dans les couvertures.

Mais alors que le sommeil commençait enfin à la gagner, une pensée furtive lui traversa de nouveau l'esprit.

C'était encore elle :

Anya.

Anya, qui l'avait touchée avec tant de douceur.

Anya, qui lui avait offert un peu de répit grâce à ce baume et ce massage.

Anya, qui lui avait fait éprouver des choses qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps.

Et ce fut sur cette pensée, que Raven s'endormit finalement, laissant de nombreuses questions sans réponse mais se promettant de les explorer à son réveil.

CLEXA • CLEXA • CLEXA

À l'intérieur de l'infirmerie, l'atmosphère était calme, seulement troublée par le léger crépitement du feu qui veillait à maintenir dans la pièce une température confortable.

Dans un lit au coin de cette dernière, Clarke était encore endormie dans les bras de Lexa.

Les traits de son visage, d'ordinaire si vifs et énergiques, étaient détendus.

Le visage de Lexa, lui, était marqué par la fatigue, mais aussi par une inquiétude persistante.

Elle regardait Clarke avec une tendresse à peine contenue, ses yeux se perdant dans le relief de ses traits paisibles, son pouce caressant doucement la main de la blonde qui reposait sur son ventre.

Lorsque les cils dorés de la jeune femme frémirent, indiquant son réveil imminent, Lexa retint son souffle. Ses yeux se posèrent sur le visage de la blonde alors que celle-ci clignait des yeux pour chasser le voile du sommeil.

Une expression de confusion passa sur son visage avant que son regard ne retrouve celui de Lexa. La blonde esquissa alors un sourire qui, bien que faible, atteignit ses yeux, les faisant scintiller d'une lueur joyeuse malgré la situation.

- Lexa, murmura-t-elle, sa voix rauque.

- Clarke, répondit la brune.

Elle pencha la tête en avant pour déposer un baiser chaste sur le front de Clarke.

- Comment tu te sens ? demanda-t-elle, ses doigts continuant de caresser la main de la blonde.

Clarke prit une profonde inspiration, testant son corps.

Elle se sentait faible, mais la douleur provoquée par ses blessures était plus gérable que la veille.

- Fatiguée, avoua-t-elle. Mais ça va aller.

Sa voix était faible, mais déterminée.

Lexa sourit à cette réponse, sa main quittant celle de Clarke pour venir caresser doucement sa joue.

- Tu es forte, Clarke. Tu te rétabliras vite.

Sa voix était emplie de douceur et de tendresse.

Clarke ferma brièvement les yeux, se laissant envahir par la sensation du contact de la main de Lexa sa joue, avant de rouvrir ses paupières et de plonger son regard dans celui de la commandante.

- Lexa, je...

Elle s'interrompit, cherchant les bons mots.

Elle voulait exprimer à Lexa son amour et sa gratitude, mais les mots qui étaient sur le bout de ses lèvres, semblaient lui échapper.

Lexa comprit.

Elle se pencha en avant, capturant les lèvres de Clarke dans un baiser doux et rassurant.

- Je sais, Clarke, murmura-t-elle contre ses lèvres. Je sais. Moi aussi.

L'échange fut interrompu par un bruit à l'entrée de la pièce.

Lexa se redressa, se tournant vers le bruit.

Elle vit Anya, le regard grave.

Alors, la Commandante se leva, s'excusant du regard auprès de Clarke, et alla à la rencontre de la rousse.

Elles échangèrent quelques mots à voix basse, puis Lexa revint vers Clarke, une expression sérieuse sur son visage.

- Clarke, ta mère est ici depuis hier soir, annonça-t-elle doucement. Elle veut te voir.

Clarke fronça les sourcils, une ombre passant sur son visage.

Elle prit une profonde inspiration, son regard cherchant celui de sa compagne.

Lexa lui offrit un sourire doux.

Clarke prit une autre profonde inspiration, fermant les yeux pendant un moment avant de les rouvrir, une détermination nouvelle dans son regard.

- D'accord, dit-elle finalement. Fais-la entrer.

CLEXA • CLEXA • CLEXA

Abby Griffin attendait patiemment à l'extérieur de l'infirmerie, son cœur battant la chamade.

Elle s'était préparée à ce moment depuis qu'elle avait appris que Clarke avait été blessée.

À la fois impatiente et anxieuse, elle attendait la permission d'entrer.

Lexa sortit de la pièce avec Anya, son visage aussi impassible et solennel que jamais.

Abby la dévisagea, cherchant dans ses yeux la moindre indication sur l'état de sa fille.

Elle était consciente du rôle de la commandante dans la survie de Clarke, une gratitude réticente teintant son regard.

- Abby, salua Lexa, sa voix calme malgré la tension évidente dans l'air.

- Lexa, répondit Abby, sa voix remplie d'inquiétude. Comment va Clarke ?

- Elle récupère doucement mais sûrement, la rassura Lexa. Elle veut vous voir.

Abby hocha la tête, son cœur se serrant.

Elle suivit Lexa à l'intérieur de l'infirmerie.

Son regard se posa immédiatement sur Clarke.

La vue de sa fille, couchée sur le lit et visiblement affaiblie, fut pour elle un coup dur.

Elle dut lutter pour garder son calme, se rappelant qu'elle devait rester forte pour sa fille.

Clarke, quant à elle, esquissa un sourire à la vue de sa mère.

- Maman, murmura-t-elle.

- Ma chérie, répondit Abby, en s'approchant du lit.

Elle prit la main de sa fille dans la sienne, la pressant doucement.

- Je suis là, souffla-t-elle.

Un silence s'installa, lourd d'émotion non exprimée.

Abby se tourna vers Lexa, un regard étrangement doux sur son visage qui contrastait avec celui plus hostile qu'elle avait arboré un peu plus tôt dans le couloir.

- Merci de l'avoir sauvé et d'avoir veillé sur elle, Lexa, dit-elle.

La brune hocha la tête, une lueur de reconnaissance dans ses yeux.

- Clarke est... importante pour moi, avoua-t-elle, après avoir choisi ses mots avec soin.

Abby leva les sourcils.

Mais avant qu'elle ne puisse répondre, Clarke qui avait tenté de se redresser sur ses oreillers gémit de douleur.

Abby se tourna immédiatement vers elle, sa main caressant doucement son front.

- Je suis là, Clarke, murmura Abby, son regard rempli d'amour maternel. Laisse moi t'aider.

Tandis qu'Abby se concentrait sur sa fille et l'aidait à s'asseoir, Lexa s'éclipsa silencieusement, laissant mère et fille se retrouver.

En sortant de la pièce, une étrange sensation de vide s'empara d'elle, mais elle savait que c'était ce qu'il fallait faire.

Clarke avait besoin de sa mère.

Et elle, Lexa, devait aller prendre des nouvelles de son peuple.

Elle s'éloigna, un dernier regard en arrière, révélant une expression de douceur et d'inquiétude mêlées sur son visage, avant de disparaître au bout du couloir.

CLEXA • CLEXA • CLEXA

La journée s'écoula lentement.

Abby était toujours à l'infirmerie, sa main entrelacée avec celle de sa fille.

Les dernières heures avaient été remplies d'émotion brute et d'intimité silencieuse.

Mais Abby savait qu'elle allait bientôt être obligée de gâcher leurs retrouvailles.

Elle devait informer Clarke de ce qui se passait actuellement au campement des Skaikru.

- Clarke, commença Abby hésitante, il y a des choses que je dois te dire maintenant.

La jeune femme aux yeux bleus fatigués la regarda, une légère inquiétude plissant son front.

- Qu'est-ce qui se passe, maman ? Voulut-elle savoir.

Abby inspira profondément, cherchant ses mots.

- Pike a pris le pouvoir, révéla-t-elle finalement. Il a divisé notre peuple. Son règne est... c'est dur, Clarke. Il n'a aucune considération pour l'alliance que nous avons conclue. Et encore moins pour les Natifs.

Clarke serra les lèvres, sa main se crispant dans celle de sa mère.

- Et le peuple ? demanda-t-elle anxieuse. Que fait-il ?

- Il suit, répondit Abby, sa voix teintée d'amertume. Ils ont peur, Clarke. Ils pensent que Pike est leur meilleure chance de survie.

La tension s'installa entre elles, lourde et écrasante.

Clarke restait silencieuse, son regard perdu dans le vide.

Abby pouvait voir les rouages tourner dans son esprit, la douleur et la confusion s'affrontant dans ses yeux.

- Clarke, reprit Abby, sa voix douce. Quand tu seras rétablie, il va falloir que tu rentres avec moi. Nous devons essayer de faire revenir notre peuple à la raison. Nous devons le pousser à destituer Pike et élire quelqu'un de plus raisonnable, plus humain.

Clarke cligna des yeux, la surprise évidente lisible sur son visage.

Elle ouvrit la bouche, puis la referma, semblant lutter pour trouver les mots justes.

Finalement, elle murmura :

- Je ne sais pas, maman...

Elle ne savait pas si elle en serait capable.

Elle avait tellement donné et pensé aux autres depuis son arrivé sur terre qu'elle était vidée.

Elle n'était pas sûre d'être capable ni d'avoir envie de reprendre le rôle de leader.

Elle n'était pas certaines de pouvoir assumer toutes les responsabilités qui allaient avec.

Ni d'accepter tous les sacrifices qu'impliquaient cette position.

Sa seule envie était de penser un peu à elle.

Et d'essayer de (re)construire quelque chose avec Lexa.

Depuis son réveil, elle n'avait pas envisagé une seule seconde qu'on lui demanderait de reprendre la tête de son clan. Après tout n'était elle pas encore qu'une enfant ? N'avait elle pas le droit de retrouver une certaine insouciance, ne serait-ce que temporairement ?

Abby lui serra la main, essayant de transmettre autant de réconfort que possible.

- Clarke, je comprends. C'est beaucoup à digérer. Mais nous avons besoin de toi. Notre peuple a besoin de toi.

Clarke ferma les yeux, sa respiration devenant saccadée.

Abby pouvait voir son conflit intérieur - son devoir envers son peuple, sa loyauté envers Lexa, son désir probable de la suivre à Polis.

- Je sais, maman, murmura Clarke. Je sais. Mais...

Sa voix se brisa, une larme solitaire creusant un sillon humide le long de sa joue pâle.

Abby la regarda, son cœur se serrant. Elle savait que Clarke avait du mal à faire face à la réalité de la situation. Et qu'elle lui en demandait beaucoup.

C'est pourquoi elle n'attendait pas de réponse immédiate de sa part.

- Prends ton temps, Clarke, dit Abby doucement, caressant la main de sa fille. Tu n'es pas obligée de me donner une réponse tout de suite.

CLEXA • CLEXA • CLEXA

Après une journée passée à apporter des réponses à des questions portées par ses messagers, Lexa regagna l'infirmerie.

Elle avait demandé un peu plus tôt à Roan d'organiser un banquet en petit comité et d'y convier la délégation Skaikru.

Ce serait l'occasion pour tout le monde de se restaurer et de se détendre un peu après les événements des derniers jours qui n'avaient pas étaient de tout repos, et avant qu'ils ne reprennent la route tantôt pour Camp Jaha, tantôt pour Polis.

Elle espérait que Clarke serait assez en forme pour y participer.

- Abby, Clarke, salua-t-elle les deux femmes en entrant dans la pièce, un léger sourire aux lèvres. Le dîner va bientôt être servi dans la grande salle si vous...

Elle s'interrompît brusquement lorsque son regard se posa sur Clarke.

La lueur d'excitation présente dans les yeux de la jeune femme lorsqu'elle l'avait quitté un peu plus tôt avait disparu, désormais remplacée par un voile d'inquiétude et de détresse.

Lexa sentit une vague d'anxiété la submerger.

- Clarke, est-ce que ça va ? Demanda-t-elle prudemment.

Clarke secoua la tête de droite à gauche en levant vers elles des yeux brillants de larmes contenues avec peine.

- Maman, est-ce que tu pourrais nous laisser un petit moment ? Souhaita-t-elle, la voix légèrement tremblante.

Abby jeta un regard à sa fille, hésitante. Mais en voyant la détermination dans le regard de Clarke, elle acquiesça lentement.

- D'accord, murmura-t-elle, se levant finalement de sa chaise et posant une main rassurante sur l'épaule de sa fille avant de quitter la pièce.

Lexa s'avança vers le lit de Clarke, sa main trouvant naturellement celle de la jeune femme.

- Clarke, commença-t-elle, qu'est-ce qui ne va pas ?

La jeune femme fixa leur mains entrelacées, ses lèvres tremblant légèrement avant qu'elle ne prenne la parole.

- Maman veut que je rentre au campement. Pour aider à déchoir Pike qui a pris le pouvoir et fait preuve d'hostilité envers les tiens. Elle veut que j'essaye de ramener notre peuple à la raison, là où elle et Kane ont échoué.

Un silence s'installa entre elles.

Lexa sentit une tension naître dans sa poitrine.

Elle comprit de suite la gravité de la situation et le dilemme auquel Clarke était confrontée.

- Et toi, qu'est-ce que tu veux, Clarke ? demanda-t-elle doucement, son regard émeraude plongeant dans celui de la jeune femme.

- Je ne sais pas, Lexa, répondit Clarke, son regard suppliant cherchant des réponses dans celui de la brune. Je suis déchirée entre mon devoir envers mon peuple et toi... Nous.

La confession de Clarke résonna dans la pièce, l'émotion palpable dans sa voix alors qu'elle admettait l'étendue de son conflit intérieur et, à demi mots, de ses sentiments pour la terrienne.

Lexa serra doucement sa main, la réconfortant du mieux qu'elle pouvait.

- Clarke, quel que soit ton choix, je serai là pour toi, pour te soutenir, promit-elle, sa voix douce mais ferme. Nous traverserons cela ensemble. Je ne te laisserais pas tomber.

Clarke regarda Lexa, tandis que ses yeux laissaient échapper quelques larmes.

En dépit de sa tristesse, un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Merci, murmura-t-elle, pleine de gratitude et d'amour envers la jeune guerrière.

CLEXA • CLEXA • CLEXA

Lexa laissa Clarke seule quelques instants afin d'aller s'entretenir avec Abby qui attendait patiemment à l'extérieur.

Lorsque la brune apparut dans le couloir, un silence glacé s'y installa.

Lexa fixait la mère de Clarke, les yeux remplis de colère.

- Abby, commença-t-elle sèchement, elle n'est même pas encore rétablie que vous la stressez déjà avec des considérations politiques ?! Après tout ce qu'elle a déjà fait pour votre peuple n'a-t-elle pas mérité un peu de répit ?! Pourquoi ?!

Abby lui répondit, furieuse.

- Parce qu'elle est la seule qui puisse nous sauver de Pike ! Parce qu'elle est la seule à qui mon peuple fait confiance ! Parce que c'est un leader naturel et qu'elle a un sens politique aiguisé ! Parce que s'il y en a bien une qui peut réussir là où nous avons lamentablement échoué Marcus et moi, après tout ce qu'elle a déjà accompli depuis son arrivée sur Terre, c'est elle ! Et tu le sais aussi bien que moi Lexa ! Sinon tu n'aurais jamais accepté de traiter avec elle et de conclure une alliance avec nous.

Lexa fronça les sourcils.

Abby n'avait pas tort.

Pour autant, Clarke n'était pas encore en état de sauver qui que ce soit.

- Mais elle se remet à peine ! Elle a besoin de repos et de temps, pas de stress.

Abby rit amèrement.

- Oh, comme tu t'en soucies maintenant. Après l'avoir trahie aux portes de la bataille contre le Mont Weather, après l'avoir brisé, tu te présentes comme sa protectrice ?! Ce n'est pas un peu facile Lexa ?!

Les mots d'Abby étaient aussi tranchants que des coups de poignards portés en plein cœur.

Lexa recula, le visage blême.

- Je... Si j'avais pu faire autrement je... Je fais de mon mieux pour...

Abby l'interrompit.

- Pour quoi ?! Pour faire amende honorable ?! Pour te faire pardonner ?! Pour essayer de regagner sa confiance ?!

Tandis qu'elles s'affrontaient férocement du regard, un silence pesant s'installa entre les deux femmes.

Lexa finit par secouer la tête avant de baisser les yeux, honteuse.

Abby, de son côté, sentait la rage se dissiper aussi vite qu'elle était venue, laissant soudainement place à une profonde tristesse.

Sa fille n'aurait pas approuvé les reproches qu'elle faisait à Lexa.

Si elle avait réussi à la pardonner, alors elle le devait aussi.

Même si ça lui coûtait.

Finalement, Abby soupira, épuisée.

- Lexa, je ne peux pas... Je ne peux pas me battre avec toi... Pas maintenant... Pas alors que Clarke a besoin de nous deux... Excuse moi.

Lexa leva les yeux vers elle.

Elles échangèrent un regard qui en disait long avant de se diriger toutes les deux vers l'infirmerie.

Abby ouvrit la porte et Lexa suivit, leurs différends momentanément mis de côté pour le bien de l'être cher qu'elles avaient en commun.

Clarke était assise sur le lit, son regard fixé sur les draps.

En voyant sa mère et Lexa entrer, elle leva les yeux vers elles, un faible sourire sur ses lèvres.

- Vous deux... Qu'est-ce que c'était que ces cris dans le couloir ? J'ai cru que vous étiez en train de vous entretuer.

Abby et Lexa échangèrent un regard avant de secouer la tête.

- Non ma chérie, rassure toi. On avait juste certaines choses à mettre au clair. Et maintenant que c'est fait, nous sommes là pour toi, Clarke. Toutes les deux, déclara Abby, d'une voix qui se voulait apaisante. Et nous allons t'aider à te lever si tu veux bien. Tu vas venir manger avec nous dans la grande salle. Ça va te faire du bien de voir du monde.

La jeune femme acquiesça, approuvant l'idée.

Avec l'aide de sa mère et de Lexa, elle se leva lentement, ses jambes flageolantes.

Abby lui passa un bras autour des épaules, la soutenant, tandis que Lexa lui tenait la main, la rassurant.

Puis ensemble, elles quittèrent l'infirmerie et se dirigèrent vers la salle du banquet, leur conflit oublié, toutes concentrées sur un seul objectif : aider Clarke à retrouver des forces et se rétablir au plus vite.

CLEXA • CLEXA • CLEXA

La grande salle du château d'Azgeda était magnifiquement ornée et illuminée.

De nombreuses torches et bougies réparties un peu partout dans la pièce projetaient des éclats chaleureux de lumières dans l'air, révélant les visages des convives présents autour de la table qui avaient été dressée pour l'occasion.

Roan présidait.

Il avait une discussion animé avec Luna et Anya qui étaient installées à sa droite.

Lincoln et Octavia s'étaient assis face à eux et échangeaient avec Raven, qui avait pris place à la gauche d'Anya.

Il restait une chaise vide près d'eux, qui attendait Abby.

Et à l'autre bout de la table, deux couverts avaient étaient dressés, réservés à Lexa et Clarke.

Des mets exhalant des parfums plus appétissants les uns que les autres s'alignaient déjà sur la longue table en bois et n'attendaient plus que l'arrivée des derniers convives pour être dégustés.

Lorsque la porte de la salle s'ouvrit enfin après de longues minutes d'attente, les conversations s'éteignirent lentement.

Lexa apparut la première, arborant une allure à la fois solennelle et anxieuse.

À sa droite, Abby, la mère de Clarke, portait un air à la fois résolu et tendu.

Et au milieu d'elles, soutenue de chaque côté, se tenait Clarke, son visage pâle contrastant avec l'éclat de sa chevelure dorée.

L'assistance mit quelques seconde à prendre conscience de la présence de la jeune femme.

Les regards braqués sur elle étaient à la fois admiratifs et inquiets, témoignant de l'amour et du respect profonds qu'elle inspirait aux personnes présentes dans la pièce.

Puis, le bruit du raclement d'une chaise retentit à travers la salle.

Tous les regards se tournèrent alors vers la source du son, découvrant Raven, qui venait de se lever, un sourire malicieux aux lèvres et une lueur taquine dans les yeux.

- Ravie de voir que tu as enfin réussi à sortir de ce mouroir Griffin ! Plaisanta-t-elle.

Anya lui donna un léger coup de coude, dans l'espoir de la faire taire, et Octavia, redoutant la réaction non pas de Clarke mais de Lexa et Abby, lui fit les gros yeux en secouant la tête de droite à gauche.

Mais au plus soulagement de toute l'assistance, les lèvres de Clarke s'étirèrent en un large sourire qui vint éclaircir son visage fatigué.

- On dirait que je t'ai manqué Raven ? Fit remarquer la blonde avant de gratifier son amie d'un clin d'œil.

- Ça se pourrait bien Princesse, renchérit Raven.

En voyant que la Skaiprisa prenait la remarque de Raven avec humour et légèreté, la tension palpable dans la pièce se dissipa progressivement.

Lexa et Abby guidèrent prudemment Clarke vers la place qui lui était réservée en bout de table, face à Roan et à la droite du Commandant.

Les gestes des deux femmes, empreints d'affections, étaient mesurés, afin d'aider la blonde à s'asseoir le plus confortablement possible sur sa chaise, sans aggraver ses blessures.A cette vue, Raven se rassit.

Lorsque tout le monde fut installé, le repas commença enfin et les conversations reprirent, masquant le bruit des couverts qui s'élevaient des assiettes pleines.

Avec une douceur surprenante, Lexa s'appliqua à servir Clarke, remplissant son assiette des nombreux mets alléchants qui s'alignaient sur la table. Il fallait qu'elle mange pour reprendre des forces.

Au cours du repas, leurs regard se croisèrent et leurs mains se frôlèrent à de nombreuses reprises, témoignant d'une affection évidente entre les deux femmes.

Abby de son côté discutait de choses légères avec Lincoln, Octavia et Luna. Des éclats de rire ponctuaient la discussion. Roan, qui s'était joint à la conversation, apporta une touche de gravité au milieu des éclats de rire. Sa voix grave remplissait la salle, entraînant des hochements de tête approbateurs de la part de ses interlocuteurs.

Raven écoutait leur conversation, son regard rivé sur les visages animés et heureux de ses amis.

Anya, qui écoutait seulement d'une oreille, ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs à Clarke et Lexa, un air mélancolique sur le visage.

La tendresse entre les deux femmes lui évoquait des souvenirs qu'elle aurait préféré laisser profondément enfouis.

Les yeux légèrement humide, elle essayait tant bien que mal de se réjouir pour le couple qui évoluait sous ses yeux, même si le cœur n'y était pas vraiment.

Voir la personne que l'on avait aimé le plus au monde heureuse au bras d'une autre était une véritable torture, et ça, même si tout ce que l'on souhaitait son bonheur et que son bonheur était visiblement avec quelqu'un d'autre.

Si elle avait pu choisir, elle aurait voulu ne jamais avoir à expérimenter une telle chose.

- Moi aussi, je connais ça, souffla discrètement Raven, qui avait remarqué l'air sombre d'Anya.

- Quoi ? L'interrogea l'ombrageuse guerrière.

- Ça, répéta-t-elle à voix basse, en désignant d'un mouvement de tête Clarke et Lexa au bout de la table, qui se tenait maintenant la main. Je sais ce que ça fait de voir une personne qu'on a beaucoup aimé proche d'une autre.

La rousse hausse les sourcils.

- Ah bon ? Qui ? Demanda-t-elle, surprise et curieuse d'en savoir plus, en tournant les yeux vers la jeune mécanicienne.

- C'était Finn, révéla-t-elle.

La native hocha la tête, comprenant maintenant mieux les réactions excessives de la jeune femme, qui avaient suivies la mort du garçon, et son vif ressentiment envers Clarke.

- Et... La douleur finit par passer ? Demanda finalement Anya, après quelques secondes, sans grande conviction.

A sa plus grande surprise, la brune hocha vigoureusement la tête.

Elle la regarda alors avec un intérêt non dissimulé, attendant plus d'explications de sa part.

- Je crois que oui, sourit elle doucement. Bien sûr ça prend du temps, mais la douleur finit par s'atténuer... Et je suis convaincue qu'elle finira un jour par disparaître complètement même si la cicatrice sera toujours là.

- Tu sembles tellement convaincue que tu donnerais presque envie de te croire, lâcha Anya.

- Oh mais tu peux me croire, déclara Raven, sûre d'elle. Même si c'est difficile pour le moment, un jour tu te rendras compte que j'avais raison... Et que j'ai toujours raison d'ailleurs !

La guerrière éclata de rire face à l'audace de la brune.

- Convaincante... Et modeste en plus ! Que de qualités ! S'amusa-t-elle.

La brune lui adressa alors un regard indescriptible avant de reporter son attention sur son assiette.

Les sourcils froncés, elle sembla réfléchir intensément pendant quelques secondes, avant de se redresser légèrement pour venir lui glisser quelques mots à l'oreille.

- Au lieu de continuer à te morfondre, tu devrais manger. Tout à l'heure, j'aurais besoin que tu m'aides à masser ma jambe. Qui sait ? Ca te changera peut-être les idées...

Un éclair de surprise traversa les yeux d'Anya, alors que les paroles de Raven faisaient leur chemin dans son esprit.

Ses joues s'empourprèrent légèrement, faisant écho à la subtile insinuation de la mécanicienne.

Puis la surprise céda la place à un trouble évident tandis que l'idée de masser de nouveau la jambe de la jeune femme s'installait dans ses pensées, étrangement déstabilisante.

Gênée, la native baissa les yeux, dissimulant sa confusion aux yeux de ses compagnons de table.

La possibilité que l'attraction qu'elle avait découvert ressentir pour Raven soit réciproque lui donnait le vertige.

Son trouble était accentué par le fait que la jeune femme assise à côté d'elle, même si elle semblait forte et imperturbable, était en réalité aussi fragile qu'elle si ce n'est plus, cachant ses propres blessures derrière un humour acerbe.

Elle n'avait pas la moindre envie de la blesser davantage, en précipitant les choses entre elles, juste pour se changer les idées.

Cependant, après le malaise initial, un sentiment d'excitation la parcourut lentement.

La proposition de Raven avait fait naître une étincelle en elle, un nouvel élan de vivacité.

L'idée qu'elle plaisait à la jeune femme était réconfortante et flatteuse.

Levant les yeux de son assiette pour rencontrer ceux de Raven, Anya lui offrit un sourire maladroit mais sincère.

Son regard, qui étaient quelques minutes auparavant sombre et rempli de tristesse, était désormais illuminé par une lueur de curiosité et d'espoir.