- Ce qui veut dire ? Demanda précipitamment Derek en faisant attention toutefois de ne pas lâcher le poignet de Stiles.

- Sa chair est actuellement en train de pourrir, explicita Deaton. C'est rare, mais ça arrive. Pour le moment, ça va, ce n'est pas critique mais si on attend trop, il pourrait risquer l'amputation.

- Qu'est-ce qu'on peut faire ?

- Vous ? Rien. Il faut qu'il se fasse opérer pour retirer les parties nécrosées de sa chair. Il faut l'emmener à l'hôpital.

- Non, pas l'hôpital…

La petite voix de Stiles se faisait à peine entendre. Il essayait d'ouvrir les yeux mais n'y arrivait pas. Il avait beau n'avoir presque plus mal grâce à Derek et Peter, son épuisement était palpable. La voix peu assurée de Derek l'avait tiré de sa léthargie toute relative.

- Pas d'argent… Papa doit pas savoir…

Ces quelques mots à peine soufflés fendirent le cœur de Derek, qui comprenait parfaitement pourquoi Noah ne devait absolument pas savoir pour l'aggravation de l'état de Stiles. Et en même temps, c'était justement son fils. Il était en droit de savoir. Les paroles du shérif ne partaient pas de l'esprit de Derek, qui commençait sérieusement à ressentir le besoin urgent de protéger l'hyperactif. D'un regard entendu avec son oncle, l'alpha relâcha le poignet de l'adolescent et Peter s'occupa d'absorber la douleur de Stiles, qu'il n'aurait jamais imaginée aussi constante. À partir de là, Derek prit quelques secondes pour se remettre de cet épisode épuisant avant de dire d'une voix un peu plus claire :

- Il faut qu'on trouve une autre solution.

- Et que proposes-tu ? S'enquit Deaton.

Le regard décidé de Derek surprit le vétérinaire.

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Derek portait un Stiles inanimé dans ses bras. Assommé par l'injection d'un puissant calmant, l'adolescent ne gémit pas une seule fois alors que Derek avait un bras dans son dos, l'autre derrière ses genoux. Peter, près de lui, envoya un SMS et rangea son téléphone. Deaton, lui, ne disait rien, se contentant de tenir une mallette dans sa main droite. Quelques secondes plus tard, la porte arrière de l'hôpital s'ouvrit sur une Mélissa à l'air impatiente.

- Venez, on n'a pas beaucoup de temps. Deaton, vous avez tout ce qu'il faut ? Demanda-t-elle.

Le vétérinaire hocha la tête et tout le petit groupe suivit Mélissa jusqu'à la zone des blocs opératoires. Elle les emmena dans le plus lointain, inutilisé et pas réservé avant plusieurs heures. L'infirmière grimaça en voyant l'état de la jambe de Stiles, dont la blessure était à l'air libre, du fait que l'on avait coupé son pantalon et ses bandages.

- Le docteur Dunbar est en chemin. On va déjà commencer à l'installer, dit-elle.

Après avoir nettoyé aussi bien et rapidement que possible la table du bloc, Mélissa aida Derek et Peter à déshabiller Stiles jusqu'à ce qu'il se retrouve en caleçon. Pas le temps de le doucher correctement, Mélissa lui fit enfiler une légère blouse bleue et lui retira à ce moment-là à l'aveugle son boxer. Peter grimaça même s'il n'avait rien vu des parties intimes de Stiles. La suggestion suffisait.

- C'est vraiment nécessaire ? Râla-t-il, dégoûté.

Derek, quant à lui, ne fit aucun commentaire. Il était… Comme vide.

- Toujours, répondit-elle en fronçant les sourcils. On voit que vous n'êtes pas très coutumier des manières hospitalières.

- Non et ça m'arrange bien…

Mélissa soupira. Après tout, c'était Peter Hale.

- Installez-le sur la table. Deaton, sortez-tout.

Le vétérinaire s'exécuta. Les flacons et poches apparurent aux deux loups qui allongeaient doucement l'adolescent sur cette table d'opération si froide, si austère. Il y avait juste un petit coussin à mémoire de forme pour la tête. Mélissa fit toutes les manipulations adéquates. En moins de deux minutes, le cathéter était posé sur le dos de la main droite de Stiles et faisait déjà passer l'anesthésiant, tandis qu'un masque recouvrait son nez et sa bouche pour le moment, le temps d'endormir complètement son corps, assez pour l'opération en tout cas. La double-porte au fond de la grande salle s'ouvrit brusquement et tout le monde se retourna. Le père de Liam, le docteur Dunbar, était déjà prêt pour l'intervention. Mélissa l'avait appelé en urgence pour lui demander une faveur : soigner Stiles gratuitement. Connaissant fort bien les liens unissant Scott, Stiles et Liam et sachant très bien de combien de situations désastreuses les aînés avaient sorti le cadet, n'avait que peu hésité avant d'accepter. Depuis quelques semaines, il connaissait presque tout ce qu'il y avait à savoir sur le surnaturel. Mélissa lui avait transmis tout ce qu'elle savait.

- Messieurs, je vais devoir vous demander de sortir, nous allons désinfecter le bloc et commencer l'intervention. Mélissa, préparez l'intubation.

L'infirmière s'exécuta tandis que Derek et Peter sortaient calmement, et soupira. L'opération promettait d'être longue et fastidieuse. La jambe de Stiles était en mauvais état et les premiers signes de nécrose avaient dû commencer à apparaître quelques jours plus tôt. Être la seule assistante ne l'enchantait pas non plus, mais elle n'avait pas le choix : cette intervention était faite secrètement et avec les produits de Deaton, de manière à ce que l'hôpital ne se rende compte de rien. Pour cette raison, il allait falloir aller vite et tout nettoyer rapidement. Stiles n'avait pas les moyens de payer quelque soin de plus, son père n'avait qu'à peine commencé à rembourser les frais de son hospitalisation précédente. Elle connaissait bien Noah Stilinski et savait fort bien qu'il ne roulait pas sur l'or.

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Liam ne tenait plus en place. Il était près de midi et son père était parti en urgence depuis près de deux heures à l'hôpital alors qu'il était censé passer la journée avec lui car c'était son jour de repos. Et là, il venait de recevoir un message de sa part qu'il ne comprenait tout simplement pas.

« Liam, range ta chambre et prépare la chambre d'ami. Rien ne doit dépasser, il faut pouvoir s'y déplacer facilement. Je t'expliquerai. Je ne rentre pas seul. »

L'adolescent s'affolait. Son père était-il en train de lui dire de manière plus ou moins subtile qu'il trompait sa femme et rentrait avec une conquête ? Son père était-il réellement comme ça ? Et sa mère, qui était en déplacement à l'étranger, devait-il lui dire ? Il reçut tout de suite un message le détrompant totalement.

« Non, je te le dis tout de suite, je suis fidèle, je ne trompe pas ta mère. Je t'explique en rentrant. S'il te plaît, fais ce que je t'ai demandé. »

Autant dire que Liam soupira de soulagement et se sentit bien bête. D'un pas néanmoins hésitant, il alla voir l'état de la chambre d'amis, puis de la sienne. Le louveteau ne savait pas combien de temps il avait devant lui mais il était au moins sûr d'une chose ce n'était pas le travail qui manquait.

La chambre d'amis n'était que rarement utilisée, mais elle restait toujours propre, ses parents y veillaient. Ils aimaient vivre dans un espace sain et bien entretenu, hygiénique. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'ils ne rentraient presque jamais dans la chambre de Liam, qui représentait tout le contraire de leur mode de vie. Pas que Liam était sale. Seulement… Son don pour la procrastination était certain. Autant dire qu'il prenait parfois plusieurs jours avant d'amener ses affaires sales, qui élisaient leur place dans un coin de sa chambre, à la panière à linge. Passer l'aspirateur ? Il oubliait souvent. Par contre, il faisait correctement son lit tous les matins. C'était déjà ça.

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- On n'a pas le temps de le mettre en salle de réveil, il faut l'emmener tout de suite.

Mélissa regarda le chirurgien avant de détourner les yeux vers le bloc puis, enfin, de revenir vers lui.

- Je m'occupe de nettoyer le bloc et faire disparaître toute trace de l'intervention. Normalement, Derek et Peter attendent dehors, dit-elle.

Le docteur hocha la tête et sortit du bloc puis de l'hôpital, toujours par la porte arrière.

Peter et Derek attendaient effectivement à l'extérieur, l'un appuyé contre un mur, l'autre contre la Camaro. Dès qu'il vit le père de Liam, l'alpha se redressa et un air inquiet se peignit sur son visage auparavant vide.

Derek n'avait cessé de penser à Stiles depuis que Deaton l'avait examiné. Par la suite, tout était allé très vite, tout s'était enchaîné. Le vétérinaire avait contacté Mélissa, qui à son tour avait tout de suite appelé le père de Liam, seul autre membre du personnel hospitalier à savoir ce qui se passait dans cette ville. Il ne savait comment, mais la mère de Scott et le docteur Dubar s'étaient arrangés pour trouver un bloc vide et l'opérer tout de suite.

C'était Peter qui avait conduit jusqu'à l'hôpital avec Deaton sur le siège passager, tandis que Derek était resté à l'arrière avec Stiles. Il ne l'avait pas lâché une fois. Il avait eu et avait toujours un peu peur pour lui. Ses hurlements de douleur ne quittaient pas son esprit. Jamais il n'avait entendu qui que ce soit hurler de cette manière. Stiles souffrait bien plus qu'il ne l'avait imaginé et ça lui avait procuré toute une panoplie de frissons désagréables. Paradoxalement, l'envie et surtout le besoin de le protéger n'en étaient que plus forts. Derek voulait tout savoir, tout comprendre. Il s'en voulait de ne pas avoir vu plus tôt que l'hyperactif allait mal, qu'il était tombé en dépression. Il s'en voulait de ne pas l'avoir fait voir Deaton avant. Il s'en voulait… De n'avoir pas fait assez attention à lui.

Durant deux heures, durée de l'intervention, Derek n'avait cessé de se perdre dans ses pensées, de réfléchir. Il trépignait, tapait du pied, tournait en rond, dans tous les sens. Il en avait donné le tournis à son oncle, qu'il avait exaspéré de nombreuses fois. Et maintenant, voilà que le médecin qui avait opéré clandestinement Stiles se montrait.

Derek n'attendit pas une seconde et posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis tant de temps :

- Comment il va ?

- Bien, répondit le docteur. Mais pour le moment, on a d'autres priorités. Il faut le faire sortir d'ici, donc j'aurais besoin de l'un de vous deux pour le transporter.

- Prenez donc mon neveu, il a la bougeotte, soupira Peter, masquant ainsi son inquiétude pour l'hyperactif.

Car Peter avait beau faire comme si ça ne l'atteignait pas, lui aussi était hanté par les précédents hurlements de Stiles. Le déplacer avait été une horreur absolue. Quant à sa blessure… Oui, l'oncle psychopathe en avait été dégoûté, mais derrière ce dégoût se cachait l'horreur de savoir que l'adolescent se baladait avec ça depuis des jours. C'était ça, l'odeur de pourri que lui, Derek, Isaac et Liam avaient sentie. La jambe de Stiles avait commencé à pourrir, au sens propre du terme.

Derek partit à la suite du docteur après avoir convenu avec Peter que ce dernier ramènerait sa Camaro à sa place de parking attribuée, près du loft. Déplacer et installer un Stiles encore sous anesthésie ne fut guère aisé mais l'alpha réussit, avec le père de Liam, à faire en sorte qu'il soit bien le temps du trajet. Et pour cela, il fut décidé que Derek resterait à l'arrière et qu'il maintiendrait l'adolescent en position assise près de lui.

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Liam avait mis de la musique pour s'encourager. En deux heures, il avait bien avancé, mais la faim commençait sérieusement à lui tirailler l'estomac. Quand son père reviendrait-il donc ? Le lycéen n'attendait qu'une chose qu'il lui donne des nouvelles. Ne plus recevoir de messages de sa part l'inquiétait un peu. Deux heures qu'il n'avait plus d'information. Au bout d'un moment, l'adolescent se décida à faire une pause, désireux de satisfaire les besoins impérieux dictés par son estomac capricieux. Il avait envie de bacon. D'une dizaine de tranches de bacon. La question était de savoir s'il en restait. Liam en mangeait tous les matins au petit-déjeuner, jamais au repas de midi. Cette fois-là faisait exception. N'ayant pas de nouvelles, le lycéen ne se mit pas la pression et se mit en tête de ne terminer cette séance de ménage qu'après son petit repas. Au moment où il posait la poêle sur le feu, le verrou de sa porte d'entrée se fit entendre. Liam sourit mais ne se retourna pas : son père était rentré et c'était tout ce qui lui importait. Quoique. Il lui avait dit qu'il ne rentrerait pas seul… Étant quelqu'un de naturellement très curieux, Liam oublia tout de suite la cuisine au souvenir de cet élément intrigant.

- Faites attention, râla une voix grave.

Voix qui semblait familière au jeune homme, qui décida d'aller voir ce qui se tramait à l'entrée. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il tomba sur son père accompagné de Derek qui, lui, poussait un fauteuil roulant sur lequel était sanglé un Stiles inconscient ! La bouche ouverte, Liam montra clairement sa surprise et son géniteur soupira.

- La chambre est disponible ? Demanda-t-il, l'air fatigué.

Cette question sembla sortir l'adolescent de sa torpeur.

- O-oui. Il ne manque qu'à terminer la mienne.

- Bien.

Sans un mot de plus, le docteur Dunbar poussa le fauteuil à travers les couloirs et disparut ainsi du champ visuel de l'adolescent qui resta interdit. Il finit néanmoins par se rendre réellement compte de la présence de Derek et de son air soucieux.

- Derek, il s'est passé quoi ? Demanda-t-il, comme désespéré et perdu.

L'alpha lui expliqua brièvement que son père avait opéré Stiles en urgence et de manière clandestine à l'hôpital. Il lui parla des nécroses sur sa jambes et Liam comprit immédiatement que l'odeur de pourri y était reliée. Derek termina en lui disant que Stiles avait besoin d'une surveillance médicale durant la nuit qui allait arriver. De plus, l'anesthésie faisait encore effet, il fallait prendre ses constantes et veiller à ce que son réveil se passe bien. Il montra alors le gros sac qu'il transportait. C'étaient des affaires et outils médicaux empruntés à Deaton.

- Stiles va donc loger chez toi un ou deux jours, j'espère que ça ne te dérange pas, lâcha le plus jeune des Hale.

- Pas du tout, répondit spontanément le lycéen.

Le cœur de Liam n'eut aucun raté, sa sincérité était palpable, ce qui rassura Derek. Il commençait réellement à se rendre compte d'à quel point Stiles avait besoin d'aide et à quel point il avait bien fait semblant. Il voulut ensuite offrir à boire à son alpha qui déclina poliment et préféra aller voir s'il pouvait aider le docteur Dunbar d'une quelconque manière. S'occuper lui permettait de ne pas céder à son stress et ses questionnements. Instinctivement, Liam le suivit.

Le docteur Dunbar avait installé son patient aussi délicatement que possible sur le lit et l'avait recouvert avec les draps. Il avait monté un pied de perfusion à la va-vite et y suspendait une poche contenant un produit médical qui servait sans doute d'antidouleur.

- Comment il va ? Demanda doucement Liam.

- Bien, pour le moment. On va le garder ici un peu pour que je puisse surveiller son état au réveil.

- Vous avez besoin que je fasse quelque chose ? Demanda Derek.

- Pour le moment, non, mais je ferai à nouveau appel à vous en cas de besoin, lui répondit le père de Liam.

Le maître de maison indiqua à son fils qu'il était temps de manger et proposa à Derek de partager leur repas. Le loup déclina et demanda s'il pouvait rester un peu avec Stiles, ce que le médecin accepta. Il pouvait même dire que ça l'arrangeait. Le fait que son patient puisse être sous surveillance durant un moment le rassurait, car il se réveillerait dans peu de temps, l'anesthésiant allait bientôt cesser de faire son effet. Stiles se réveillerait sans doute perdu et… Mécontent. Affamé et fatigué par cette intervention imprévue, l'hôte allait rejoindre son fils et râla à peine en voyant le bacon cramé dans la poêle.

Derek s'assit doucement au bord du lit en faisant bien attention à ne pas réveiller Stiles. C'était une précaution inutile et au fond, il le savait. Cependant, il était pris d'une sorte de peur, d'angoisse. Avoir vu l'horreur que portait l'adolescent depuis des jours ainsi que sa fragilité apparente avait changé son regard sur lui. Il avait commencé à voir le vrai Stiles, celui qui se cachait derrière son masque d'indifférence. Un sacré bon comédien, quand il y repensait, qui avait ses limites. C'était un adolescent qui souffrait en silence, ravalait ses angoisses et douleurs, plutôt que de les exposer, autant dire que c'était mauvais. Voilà où il en était. À garder sa souffrance physique pour lui, il ne s'était même pas rendu compte que sa plaie avait nécrosé. Nul doute qu'il ne s'en serait rendu compte que trop tard, tant il faisait peu attention à sa propre personne. Derek repensa automatiquement à sa boîte d'antidépresseurs, qui se trouvait dans la poche de sa veste. Sans trop savoir pourquoi, il n'avait pas réussi à la laisser au loft. Et puis peut-être que Stiles en aurait besoin. Bien que Derek n'appréciait pas l'idée qu'il puisse en prendre, il savait que le sevrer d'un coup n'était pas une bonne idée.

Au cas-où, Derek posa sa main sur celle, libre de tout catheter, de Stiles. Il était prêt à lui prendre sa douleur en cas de besoin.

L'alpha trouvait très triste qu'un gamin en soit arrivé là. Au lieu de parler de ses problèmes, l'adolescent s'était renfermé sur lui-même et réfugié dans les médicaments. Au fond, Derek comprenait. Il se repassait sans cesse les souvenirs de ces dernières semaines et ne pouvait que constater la séparation invisible et silencieuse entre la meute et Stiles. Même si Isaac et Lydia avaient très récemment tenté de renouer le contact, un fossé les séparait toujours. Stiles était seul. Au vu du peu qu'il savait, Derek se doutait que parler à son père avait dû être une idée inconcevable pour lui, surtout après son accident.

Derek se souvenait de ça, aussi. Il revoyait encore la voiture rentrer violemment dans un arbre, les battements de cœur de Stiles ralentir au rythme de son endormissement. Une chance qu'il n'ait pas eu grand-chose. Mais son père… Derek resserra sans s'en rendre compte ses doigts autour de la main fine de Stiles. Il sentait encore sa peine, revoyait ses larmes silencieuses, son regard douloureux. L'idée qu'il souffre ne lui allait pas du tout, comprimait son cœur. Il fallait qu'il aille mieux et Derek allait l'aider mais pour cela, il allait falloir qu'il comprenne certaines choses. Pourquoi y avait-il un si grand fossé entre la meute et Stiles ? Pourquoi celui-ci ne semblait plus aussi proche de Scott qu'avant ? L'alpha les avait toujours connus meilleurs amis, soudés, unis dans la galère. Ces temps-ci, il avait plus vu McCall galocher Kira et rire avec Malia qu'il ne l'avait aperçu parler à Stiles. En passant, l'hyperactif… Ne semblait plus hyperactif depuis bien longtemps.

Et ces yeux couleur whiskey. Le rire et la malice les avaient quittés, remplacés par une ombre omniprésente qui n'avait pas l'air prête à s'en aller. Pourtant, c'était ce que Derek voudrait.

Il voulait retrouver Stiles, le vrai. Retrouver ce garçon hyperactif, agaçant, toujours de bonne humeur, des idées plein la tête en permanence. Il voulait retrouver celui qui les liait tous. Le garçon parmi les loups.

Pour être honnête, Derek ne savait pas s'il y arriverait tout seul. Stiles avait besoin d'être entouré, comme avant, d'avoir quelqu'un sur qui compter. Des amis. Ceux qui l'étaient autrefois l'étaient sans doute toujours, il fallait simplement leur faire ouvrir les yeux, leur rappeler le souvenir de Stiles de manière à ce qu'ils ne l'oublient plus jamais. Pour tout cela, Derek aurait sans doute besoin d'aide et il savait qui pourrait l'aider.

Il avait entendu les pas de l'adolescent qui s'était voulu discret.

- Entre, Liam, sois pas timide, l'invita-t-il doucement sans tourner la tête.