Le repas se déroula tranquillement et dans une ambiance silencieuse mais douce. Derek et Stiles ne parlaient pas souvent. Toutefois, cela semblait leur convenir, même si l'alpha fut très étonné par l'absence de démonstration de l'hyperactivité du plus jeune. Puis, il se souvint de ses soucis actuels et se rappela une nouvelle fois que Stiles ne montrait plus grand-chose de ce côté-ci depuis un bon moment. Plusieurs fois, il se demanda si son hyperactivité avait disparue mais il se doutait très bien que non. Elle était toujours là, dissimulée par sa dépression qui le faisait agir différemment. Dépression… Repenser à ce fait serrait le cœur du loup. À son âge, Stiles en était déjà là et bien sûr, il n'en avait parlé à personne. Derek était au courant seulement parce qu'il avait en sa possession les médicaments de Stiles, que Liam avait vus et Lydia, trouvés dans son sac. Comment un jeune homme hyperactif plein de vie, débrouillard, avec une sacrée ressource, avait-il pu en arriver là ? Son éloignement avec Scott devait jouer là-dedans. Il y avait autre chose, il le sentait. Il fallait que l'adolescent lui parle mais ce n'était sans doute pas pour tout de suite.
Stiles eut l'air gêné à la fin du repas, lorsque Derek sortit ostensiblement sa carte dans le but de régler. L'adolescent tata ses poches, l'air perdu, avant de se rappeler que ces vêtements n'étaient pas les siens et qu'il n'avait, mis à part son téléphone, rien de ses affaires sur lui. L'air désemparé, il regarda Derek. Ce qu'il avait mangé n'était pas forcément très coûteux, mais il était hors de question que l'alpha ait à payer ça. Comment ne pas être un poids lorsque l'on est un boulet fini ?
- Qu'est-ce qu'il y a ? Finit par demander le loup, perplexe quant à l'expression de désespoir de Stiles.
Car c'était effectivement du désespoir. Stiles voulait essayer d'augmenter ses chances pour garder l'attention de Liam et Derek, mais l'obstacle s'était dressé devant lui, grand, imposant. Le stress serra ses entrailles et lui tordit le ventre. De quoi avait-il l'air ? D'un incapable, d'un faible. Le pauvre humain de la meute. Il eut du mal à avaler sa salive. Que faisait Derek ici, encore en face de lui ? Stiles avait mangé son repas avec un appétit étonnant et se retrouvait là, pantoi, face à son assiette vide, incapable de payer. Ça n'était sans doute rien pour quelqu'un qui passerait par là mais pour lui, cela voulait dire beaucoup.
- Je… J'ai rien sur moi pour payer… Avoua-t-il, honteux. Pardon, j'aurais dû y penser…
Stiles ne voulait pas qu'on l'abandonne à nouveau et était terrifié à l'idée que cela puisse arriver, alors qu'il avait potentiellement une chance de remonter la pente. Il se souvenait encore de l'étreinte de Liam, de ses bras autour de lui, de cette chaleur apaisante. Il ne voulait pas transformer ce souvenir en simple rêve lointain. Il voulait d'autres moments de répit comme celui-ci, des moments de bien-être qui lui feraient oublier ses soucis.
- Je sais. De toute manière, je ne comptais pas te faire payer. C'est moi qui invite, lui expliqua tranquillement Derek.
- Non, mais… Je…
- Stiles, j'ai jamais dit que tu avais le choix.
Le petit sourire de l'alpha ne détendit pas l'adolescent pour autant et celui-ci n'alla mieux que lorsque l'addition fut réglée et qu'ils sortirent enfin de l'établissement. Stiles souffla un coup tandis que Derek s'était remis à pousser son fauteuil. Il était affreusement gêné que le loup ait payé pour lui et s'il avait su, il n'aurait pas accepté de déjeuner dans ce restaurant. Et en même temps, il sentait une petite chaleur intérieure l'envahir doucement. Il fallait qu'il se concentre sur le côté positif de la chose. Derek l'avait invité au restaurant et restait avec lui, pour il ne savait combien de temps encore, mais c'était déjà ça. La question que Stiles se posait était surtout de savoir si son comportement durant le repas avait refroidi le loup dans sa tentative de renouer avec lui ou non. Stiles ne pouvait pas se forcer à être quelqu'un d'autre avec lui, il le savait. Derek le percerait à jour et ne chercherait peut-être plus à faire tous ces efforts. Pourtant, Stiles n'était pas très agréable à vivre en ce moment, il serait donc préférable qu'il enjolive les choses, qu'il fasse semblant. Se posait donc le souci de savoir comment agir. Rester lui-même, ennuyeux, triste, ou bien être plus agréable, d'une bien meilleure compagnie mais faux ?
- Tu parles moins, mais ça mouline toujours autant dans ta petite tête, fit remarquer Derek au bout d'un moment.
Stiles revint dans le monde réel.
- Tu… Ça se voit tant que ça ? Demanda-t-il sans oser tourner la tête vers le loup, dont la remarque était tout sauf un reproche.
C'était une constatation amusée, qui était pour Derek une preuve qu'il restait encore un peu du Stiles qu'il avait connu dans ce jeune homme pâlot et peu sûr de lui.
- Ça se sent, surtout, répondit l'alpha, faisant référence à ses sens olfactifs surnaturels.
Stiles oubliait parfois que le Hale n'était pas un humain, mais bien un loup capable de voir beaucoup de choses grâce à son pouvoir animal. Un ensemble de facultés à double tranchant.
- Ne te pose pas trop de questions, Stiles. Vis comme tu le sens, sans te préoccuper de ce que d'autres peuvent penser.
Cette douce injonction qui aurait dû faire plaisir au jeune homme lui fit l'effet inverse son regard s'assombrit soudainement et il serra les poings sur ses genoux. Sa culpabilité lui revenait en pleine figure. Allison, Donovan… Il avait tué deux personnes. Comment vivre avec ce poids sans se soucier des autres, de ce qu'ils pourraient penser ? Stiles ne voyait pas comment une telle chose pouvait être possible. Il n'arrivait pas à passer outre et le rejet de Scott et précédemment, de la meute, ne l'avait pas aidé.
- Vivre, répéta distraitement Stiles.
Il avait tué une excellente amie, brisé le cœur de son meilleur ami. Un adolescent à peine plus âgé que lui avait vu sa vie brusquement stoppée par sa faute, empalé en bas d'un échafaudage. Stiles porterait ce poids toute sa vie, le poids de la mort.
- Comment faire pour vivre quand t'es un meurtrier ?
La voix ténue de Stiles était rauque, soudainement enrouée par l'émotion qui l'étreignait. Son mal-être revenait en trombe, déferlait dans sa tête. Derek avait, sans le vouloir, rappelé à Stiles l'une des principales raisons pour laquelle il s'était déjà posé la question quant à l'idée de mettre fin à ses jours. Il ne méritait pas de vivre, de continuer alors qu'il avait tant détruit autour de lui.
- T'es pas un meurtrier.
L'air sûr de lui de Derek surprit Stiles, qui n'alla pas mieux pour autant. Il fallait qu'il trouve un moyen de se procurer ses médicaments ou ça risquait de tourner au vinaigre dans sa tête.
- J'ai tué Allison et Donovan.
Derek savait pour la première et avait eu des échos pour le second. C'était Lydia qui lui avait raconté cette histoire de chimères, puisqu'il n'était pas à Beacon Hills durant cette période. Triste histoire.
- Tu n'es pas responsable, Stiles.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
La voix de Stiles avait beau sembler un peu plus posée, ses battements de cœur et son odeur le trahissaient. Il s'en voulait énormément et la tristesse que Derek percevait lui piquait les narines tout en lui serrant le cœur. Ses mains se crispèrent sur les poignées du fauteuil qu'il continuait de pousser depuis déjà quelques minutes. C'était donc ça ?
- La mort d'Allison est due au nogitsune qui te possédait tu ne pouvais pas être maître de toi-même. En ce qui concerne Donovan, sa mort était accidentelle, tu le sais très bien. Il t'a agressé, tu t'es défendu, il est tombé.
Des explications simples et précises, mais qui ne convenaient pas au jeune homme, qui ne se rappelait que trop bien de ces deux moments destructeurs de sa vie.
- Il n'est pas de cet avis.
- Qui ?
- Lui, là-bas, indiqua vaguement Stiles d'un geste de la main.
Derek releva la tête et suivit du regard la direction indiquée par l'adolescent et repéra bien vite Scott, accompagné de Kira, quelques dizaines de mètres plus loin, près d'un marchand de glace. Le bêta, qui était en vérité un véritable alpha pas encore prêt à assumer son rôle. Pour cette raison, il avait décidé de laisser les rênes de la meute au Hale, qui avait beaucoup plus d'expérience que lui à ce niveau-là. Ledit Hale supposait plutôt que Scott avait peur des responsabilités et n'avait pas très envie d'en avoir. Il n'empêche qu'il fut réellement surpris de voir McCall ici alors qu'il devrait être en cours, ceux-ci ne se terminant qu'aux alentours de quinze heures. Le jeune latino semblait rayonner et croquer la vie à pleines dents tout le contraire de Stiles, qui n'était plus que l'ombre de lui-même. Seul son visage gardait le souvenir de la petite pile électrique qu'il avait été. Derek serra un peu plus ses doigts autour des poignées du fauteuil. À cet instant, Scott le répugna. Quel genre d'ami était-il pour abandonner d'un coup d'un seul celui qu'il avait longtemps considéré comme un frère ? Comment arrivait-il à sourire en ayant délibérément laissé à Stiles le poids de ces crimes qui n'étaient guère de son fait ? Avait-il seulement conscience de ce qu'il avait fait, dans quel état il avait laissé l'hyperactif ?
- N'écoute plus jamais ce que pourrait te dire Scott. Tu n'es responsable de rien.
La voix de Derek était plus dure qu'il ne l'aurait voulue, mais la colère qu'il ressentait envers l'autre alpha était telle qu'il avait du mal à ne pas la laisser transpirer dans sa voix. Hale accordait une importance particulière aux liens familiaux et amicaux. Voir à quel point ceux-ci étaient bafoués dans cette situation le dégoûtait et renforça son envie d'aider Stiles. Plus jamais il ne le mettrait à l'écart, plus jamais il ne l'oublierait.
Il fit changer le fauteuil de direction et poussa Stiles dans l'autre sens rapidement, pour faire disparaître Scott de leur champ de vision à tous les deux.
Aussi stupéfiante qu'inattendue, la voix de l'adolescent s'éleva doucement sans crier gare :
- Le jour où j'ai eu l'accident, je sortais d'une discussion avec Scott, commença-t-il.
Derek ouvrit grand ses oreilles, de peur de perdre une miette de la confession de Stiles. Il continua à le pousser, direction la maison des Dunbar.
- Ça faisait des mois qu'on ne se parlait plus vraiment, des mois que je faisais semblant d'aller bien. J'arrivais pas… J'arrivais pas à montrer ce que je ressentais réellement. Dans ma tête, c'était complètement irrespectueux de me laisser aller devant eux, devant Scott. Je me sentais pas légitime. J'avais pas le droit de me sentir mal au vu de ce que j'avais fait. Alors… Je me faisais tout petit et je me donnais l'air normal. Petit à petit, j'ai commencé à sentir le fossé qui se creusait entre moi et la meute. Au début, j'ai supporté cette situation sans réagir, puis… J'ai sauté le pas et décidé de prendre quelque chose, pour me soulager un peu.
Derek était profondément soucieux, bien que toujours en colère et l'émotion le faisait pousser un peu plus vite le fauteuil. Encore quelques minutes et ils arriveraient chez Liam. Il voulut parler mais se retint, ne voulant absolument pas interrompre Stiles dans sa confession. Il commençait enfin à s'ouvrir à lui, ce n'était pas le moment de le couper. Et pourtant… Son récit le bouleversait, le faisait se rendre compte de son malheur, de tout ce qu'il avait traversé seul ces derniers mois, dans l'ombre de la meute qui le rejetait petit à petit.
- J'ai eu du mal à obtenir cette discussion avec Scott, continua doucement Stiles, les yeux dans le vague. Chaque fois que j'essayais de lui parler, il m'évitait, trouvait des excuses pour partir sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Un jour, enfin, j'ai réussi à l'attraper à temps. Je voulais tenter quelque chose, voir si on pouvait redevenir amis, comme avant, je voulais… Exister à nouveau à ses yeux et à ceux des autres parce que je sais que… Scott est celui qui unifie tout le monde. Après tout, c'est aussi un alpha…
Un alpha qui n'assume pas ses responsabilités, songea Derek en se mordant la lèvre inférieure. Il était pris de remords. Il aurait dû voir la souffrance de Stiles avant, mais il fallait avouer que l'hyperactif était un sacré bon comédien… Qui s'était graduellement effacé, à tel point que tous l'avaient oublié.
- Il… Il m'a bien fait comprendre qu'on ne serait plus amis comme avant. Il ne m'a jamais pardonné. C'est drôle, il… Il m'a dit qu'il avait besoin de temps pour se reconstruire. Tu sais ce que j'ai pensé ? J'ai pensé qu'il allait y arriver, car tout le monde était là pour lui. Moi… Je me suis rendu compte que j'étais seul. J'ai pas tenu. Quand il est parti, je… J'ai pris mes médicaments. Mon traitement contre mon hyperactivité et… L'autre. Sans le vouloir, j'ai pris une dose un peu trop élevée et je me suis dit que c'était pas grave, que j'allais vite rentrer. Je me suis surestimé et… Putain, Derek, je me suis même pas senti partir, au volant…
Le désespoir se devinait dans sa voix et l'alpha n'avait même pas besoin de voir son visage pour le deviner. Son odeur, son intonation… Stiles ne mentait plus. Il n'était que tristesse et ombre. Qu'il se confie était une bonne chose, mais ce qu'il lui disait dépassait ses attentes. Derek comprenait enfin comment Stiles avait pu s'endormir au volant. Il comprenait mieux ses larmes, sa retenue et enfin, cet effacement permanent. D'une certaine manière, il était brisé, plus qu'on ne pouvait l'imaginer. Il repensa à Scott qui rendait Stiles responsable des deux morts et se promit d'aller lui en toucher deux mots. En grande partie par sa faute, l'hyperactif s'était renfermé sur lui-même et était lentement tombé dans les affres de la dépression.
Et Derek ferait tout pour l'en sortir.
- Ton père cuisine bien, lâcha Stiles après avoir pris une bouchée de la part de lasagnes qui se trouvait dans son assiette.
- Je sais, soupira Liam. J'aurais aimé hériter de son talent mais pour le coup, j'ai plus pris de ma mère… Elle n'aime pas cuisiner et ça se sent.
Stiles souffla du nez. Le retour de Liam lui faisait un bien fou et lui permettait de penser à autre chose. De ne pas penser au regard de Derek, qu'il avait enfin vu lorsque celui-ci l'avait ramené dans la chambre. Un regard profondément triste. Stiles ne savait pas ce qui lui avait pris de lui faire cette soudaine confession, mais il en avait eu besoin. Cette histoire, il ne l'avait bien évidemment racontée à personne, pas même son père et surtout pas, d'ailleurs. Sans doute l'aurait-il trouvé pathétique.
Parler de ça à Derek avait également été un test, pour Stiles. Il avait voulu voir comment réagirait le loup, pour prendre la température. Sa réaction l'avait surpris, il fallait le dire il avait entendu les mains de Derek se crisper sur le faux cuir des poignées du fauteuil, sa voix se teinter de colère. Pas une fois l'alpha s'était rangé du côté de Scott, il avait sans cesse défendu l'hyperactif, à sa manière : simplement. Ce qui avait le plus étonné Stiles avait été de voir que le loup de naissance ne l'avait aucunement accablé quant aux morts d'Allison et Donovan. Un plaisir. Sa mauvaise humeur n'était pas entièrement partie mais constater ce fait l'avait un peu soulagé.
Après avoir terminé de manger en tête à tête dans la chambre, Liam débarrassa et partit faire la vaisselle. Il revint bien vite et imposa gentiment un film à Stiles, qui n'eut pas vraiment son mot à dire devant l'engouement du plus jeune. La chambre possédant une petite télévision, le loup y avait vu une bonne occasion d'occuper l'hyperactif et de recommencer à tisser des liens avec lui. Il ressentait sa tristesse dans son odeur mais le fait que son visage soit beaucoup moins fermé que la veille l'encourageait à continuer sur sa lancée. La différence était notable à plusieurs niveaux : il parlait, ne l'évitait pas et le regardait souvent, entamant parfois la conversation.
Durant le film, Liam eut l'impression, par moments, de retrouver le Stiles qu'il avait autrefois connu lors de passages clichés, il commentait, se moquait, montrait son éternel côté sarcastique. Parfois, il esquissait même un léger sourire et c'était très agréable à voir. Après le film et juste avant d'aller au lit, le docteur Dunbar vint les déranger malgré lui pour examiner la jambe de Stiles et changer ses pansements. Autant dire que ce moment fut fort désagréable pour Stiles qui était partagé entre petite douleur et forte gêne. À plusieurs moments, Liam prit sa douleur, jusqu'à ce que son père ait terminé son inspection et remplacé correctement ses bandages.
Après la routine du lavage de dents, les deux jeunes hommes se dirent bonne nuit et Stiles retourna dans sa chambre, en béquilles. Il se glissa tant bien que mal sous les couvertures et ferma les yeux une fois que sa lampe de chevet fut éteinte. Néanmoins, il n'arriva pas à trouver le sommeil, son esprit fourmillant de pensées en tout genre. La noirceur était toujours là, allant, venant à sa guise. Pour être honnête, Stiles ressentait le manque de ses médicaments mais faisait son possible pour rester stable mentalement. Pour Liam, pour ne pas rendre son séjour ici plus pesant qu'il ne l'était déjà. Ensuite seulement, il reprendrait sa routine médicamenteuse. C'était en lui un combat mental qui se jouait.
Stiles appréciait franchement les efforts de Liam, c'était très plaisant pour lui de voir qu'il tentait de faire des choses avec lui, qu'il ne se contentait pas de seulement lui adresser la parole de temps en temps. Stiles avait également aimé l'idée de sortie de Derek, même si elle lui avait rappelé sa culpabilité en pleine face. Les deux loups essayaient d'être là pour lui, à leur manière, il ne pouvait plus vraiment en douter. Stiles se demandait simplement parfois ce que le plus jeune des Hale allait faire de sa confession. Il ne lui avait même pas demandé s'il pouvait se confier à lui, il l'avait fait naturellement, sans penser au reste. Il relativisa en se disant que si Derek n'avait pas voulu qu'il lui parle, il l'aurait fait taire comme il en avait l'habitude. En le menaçant de lui arracher la gorge avec ses dents, par exemple.
Stiles passa une bonne heure à réfléchir, si bien que minuit fut passé et fit place à une heure du matin. Il n'arrivait pas à dormir. Il avait froid, se sentait seul et sans ses médicaments, il se fatiguait moins vite et moins facilement. Il sursauta légèrement lorsqu'il entendit du bruit dans le couloir, quelqu'un qui marchait. Après avoir hésité quelques secondes, Stiles prit son téléphone, l'alluma et envoya un message à Liam, lui demandant s'il était réveillé. Les minutes passèrent et il ne reçut pas de réponse. L'hyperactif soupira il fallait l'avouer, il aurait bien voulu que le louveteau soit debout, ne serait-ce que pour discuter avec lui et tromper son manque de sommeil. Sa chaleur lui manquait aussi mais ça, c'était autre chose qu'il ne lui avouerait pas. Stiles ne ressentait aucun sentiment étrange envers Liam, il était juste en manque d'une sensation passée. Les contacts physiques étaient quelque chose qu'il appréciait beaucoup et dont il avait même besoin pour vivre. C'était presque vital pour lui et pourtant, il n'en parlait jamais. C'était comme si on lui offrait un biscuit pour la première fois et que ce biscuit était si bon qu'il était impossible de ne pas vouloir en manger de nouveau, mais qu'on ne lui en donnait que rarement.
Stiles entendit sa porte s'ouvrir et se retourna un peu brusquement dans le lit. La lumière éclairant le couloir lui laissa deviner la silhouette et les traits du visage de Liam, visibles malgré le contrejour.
- Tu dors pas toi ? Fit le louveteau d'une voix pâteuse.
Ce fut seulement à ce moment qu'il remarqua le téléphone dans ses mains.
- N-non, avoua Stiles.
Liam le regarda quelques secondes d'un air indéchiffrable avant d'aller éteindre la lumière du couloir, de revenir et de fermer la porte derrière lui. Stiles le regarda, perdu. Seul l'écran du téléphone éclairait un minimum la pièce et lui permettait de voir Liam, en plus de l'entendre, se rapprocher. La surprise s'empara de l'hyperactif lorsque le louveteau se glissa sous les draps, à côté de lui. Stiles ne dit rien, éteignit son portable tandis que Liam se rapprochait déjà de lui. Les deux garçons s'étaient compris. L'un ouvrit ses bras, l'autre s'y réfugia. Étreinte protectrice, rassurante. La respiration de Liam se régularisait déjà, tout comme celle de l'hyperactif. Néanmoins, ce dernier brûlait d'envie de poser l'une des questions qui lui trottait dans la tête depuis quelques heures déjà. Au bout d'un long moment de combat interne, la petite voix de Stiles, pleine d'hésitation, se fit entendre :
- Liam ?
L'équivalent d'un « hum ? » lui répondit. Stiles avala sa salive, avant de se lancer tout de suite, de peur de se dégonfler s'il attendait trop longtemps :
- Tu vas pas m'abandonner, hm ?
L'étreinte de Liam se resserra sur lui et sa voix endormie eut l'effet d'une caresse faite à un chat pour Stiles :
- Plus jamais, j'te le jure.
Stiles ferma les yeux, une douce chaleur irradiant dans son cœur.
