Entre regrets et espoirs

Buck se réveilla seul sur le canapé de Jonah, la lumière du matin filtrant à travers les rideaux.

Il se sentait désorienté, son corps nu recouvert seulement par une couverture légère. En se redressant, les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire.

La soirée avec Jonah, l'alcool, les caresses... et ce moment où il avait abandonné toute résistance. Il le regrettait comme un goût amer sur sa langue.

Cela n'aurait jamais dû se produire.

Tout en rassemblant ses vêtements éparpillés, Buck sentit une vague de culpabilité l'envahir.

Sa relation avec Jonah devait rester purement amicale, et il savait qu'il s'était laissé aller à une faiblesse qu'il regrettait profondément.

Alors qu'il enfilait son pantalon, Jonah entra dans la pièce avec un plateau contenant le petit-déjeuner.

– Buck, tu es réveillé, dit Jonah avec un sourire, ignorant l'atmosphère tendue. J'ai préparé le petit-déjeuner.

Buck baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de Jonah.

– Je... je dois rentrer, murmura-t-il en boutonnant sa chemise.

– Tu n'as pas à te presser. Christopher ne sera pas là avant quelques heures. On a encore du temps, répondit Jonah en posant le plateau sur la table basse.

– Non, je… Écoute, ce qui s'est passé hier soir... c'était une erreur, dit Buck en relevant finalement les yeux vers lui. Nous sommes amis, et ça n'aurait jamais dû arriver.

– Une erreur ?

– Je suis marié.

– Vous êtes séparés, lui rappela-t-il. Alors quoi ? Tu veux retourner avec ce connard qui te trompe dans ton propre lit ? C'est quoi ? Une sorte relation malsaine que tu veux ?

– Jonah, calme-toi s'il te plait, c'est…

– Non, le coupa-t-il en colère. C'est toujours pareil hein, je ne suis jamais assez bien. J'en ai marre.

Il frappa le mur de toutes ses forces, y laissant une marque profonde. Buck sursauta alors que Jonah grimaçait à la douleur vive.

– Une erreur ? Tu te rends compte de ce que tu dis ? cria Jonah, les yeux brillants de colère et de douleur.

Buck, choqué, se précipita vers lui.

– Jonah, calme-toi, tu t'es blessé, tenta-t-il de l'apaiser tout en examinant la main ensanglantée de Jonah.

Mais il le repoussa violemment.

– Laisse-moi. Si notre amitié comptait vraiment pour toi, tu n'aurais pas laissé ça arriver. Sors de chez moi, Buck.

Dévasté, Buck ramassa ses affaires et quitta la maison de son ami, sans un mot de plus. De retour chez lui, il se laissa tomber sur son propre canapé, les larmes aux yeux.

Il avait encore tout gâché.

Quelques heures plus tard, Eddie ramena Christopher à la maison. Buck se força à sourire en les voyant entrer.

– Salut, les gars, dit-il en essayant de masquer son malaise.

– Salut, Pops ! s'exclama Christopher en courant vers lui pour un câlin. On a passé un super week-end !

– Oh mais je n'en doutais pas, sourit-il.

Il croisa le regard d'Eddie qui les observait avec tendresse.

Les mots de Tommy résonnaient encore dans ses oreilles et ce qui s'était passé avec Jonah sonnait comme un rappel à l'ordre sur le fait d'avancer et de ne pas rester en arrière.

– J'ai pensé que je pourrais rester pour le déjeuner, si ça te va, souffla Eddie.

Buck hésita un instant, mais finit par accepter.

– Oui, bien sûr.

Pendant qu'ils préparaient le déjeuner, Eddie semblait déterminé à se rapprocher de Buck. Ils travaillèrent côte à côte, parlant facilement du week-end à San Diego, mais Buck ne pouvait s'empêcher de penser à la veille.

– C'était vraiment bien, tu sais, dit Eddie en lavant les légumes. San Diego a tellement changé depuis la dernière fois qu'on y est allés tous ensemble.

– Oui, j'imagine, répondit Buck distraitement.

– J'aimerais t'emmener avec nous la prochaine fois.

– Oui, pourquoi pas.

Eddie sembla remarquer son malaise et cogna doucement son épaule contre la sienne, un geste familier et réconfortant.

– Buck, je... je voulais te demander quelque chose. Je sais que j'ai merdé, mais pourrais-tu me donner une chance d'essayer de recoller les morceaux ?

Buck se tourna vers lui, surpris par sa franchise.

– Eddie, c'est... compliqué. Je ne sais pas si je suis prêt.

– Je comprends. Mais je te demande juste une chance de te prouver que je peux faire mieux. Que je peux te rendre heureux, à nouveau, plaida Eddie.

Buck se sentait pris entre deux feux.

D'un côté il voulait lui hurler de sortir de sa vie, que plus jamais il ne lui ferait confiance avec son cœur mais d'un autre côté, il avait lui-même commis une erreur pas plus tard que la nuit dernière et il se demandait si Eddie s'était sentit aussi fautif que lui.

Et puis, Eddie lui manquait tellement quotidiennement.

– D'accord. Je suis prêt à t'écouter, dit finalement Buck.

Eddie sourit, soulagé.

– Merci. Que dirais-tu d'un dîner après notre garde, dans deux jours ?

Buck acquiesça.

– D'accord.

Soudain, ils furent interrompus par la voix de Christopher saluant Jonah à l'entrée de la maison. Buck sursauta, son cœur battant à tout rompre. Eddie en profita pour déposer un baiser sur sa joue, avant de rejoindre Christopher dans le salon.

– Salut, je suis Eddie, dit-il en tendant la main à Jonah.

Jonah sourit, mais Buck pouvait voir la tension dans ses yeux.

– Bonjour, Jonah.

– Christopher parle souvent de toi. Merci d'aider Buck avec la maison.

– C'est un plaisir. Buck est un très bon ami, répondit Jonah avec un sourire forcé. Et puis, je n'aime pas l'idée qu'il doive se débrouiller seul, ici.

Eddie fronça légèrement les sourcils, mais garda son sourire.

– Je suis heureux de savoir qu'il a de bons voisins.

Buck intervint rapidement.

– Jonah, tu as une garde bientôt, non ?

Jonah comprit l'allusion et se leva pour partir.

– Oui, en effet. Ravi de vous avoir rencontré, Eddie.

– Moi de même, répondit Eddie. À bientôt, Jonah.

Deux jours plus tard, Buck et Eddie rentrèrent de leur dîner.

La soirée s'était bien passée, marquée par des discussions honnêtes et des explications nécessaires. Eddie avait exprimé ses regrets pour son comportement, expliquant comment il se sentait perdu et éloigné de Buck, ce qui l'avait poussé à commettre l'impensable.

– Je sais que j'ai merdé, Buck. Mais je te promets que ça n'arrivera plus jamais. J'ai coupé les ponts avec elle, définitivement, assura Eddie.

Buck, touché par la sincérité de ses paroles, partagea ses propres peurs et doutes.

– Je veux te croire, Eddie. Mais j'ai peur de me brûler à nouveau.

– Je ferai tout pour te prouver que tu peux me faire confiance. Je t'aime, Buck, plus que tout, répondit Eddie avec une intensité qui laissa Buck sans voix.

Arrivés à la porte, Eddie s'approcha de Buck pour l'embrasser.

Buck se laissa faire, ressentant combien Eddie lui avait manqué. Il entoura Eddie de ses bras, savourant ce moment de réconfort.

Mais lorsque les mains d'Eddie agrippèrent ses fesses, Buck se dégagea brusquement.

– C'est trop facile, Eddie, murmura-t-il en ouvrant la porte.

– Je suis désolé, je me suis laissé emporter. Je t'attendrai, autant de temps qu'il le faudra, parce que tu en vaux la peine, répondit Eddie.

– Sois prudent en rentrant, demanda Buck en refermant la porte.

Eddie hocha la tête et s'éloigna vers sa voiture.

Buck resta un moment immobile, les yeux fermés, avant de soupirer profondément. Eddie lui manquait tellement, mais il ne pouvait pas se permettre de souffrir à nouveau. Pour le moment, il n'était pas sûr de pouvoir lui faire confiance.

Alors qu'il se dirigeait vers son canapé pour s'allonger, il repensa à Jonah.

Il espérait que Jonah ne dirait rien à Eddie de ce qui s'était passé entre eux, surtout s'il y avait une infime chance de réconciliation. Mais pour l'instant, il devait simplement prendre un jour à la fois et tenter de reconstruire sa vie, qu'elle inclue ou non Eddie.