FLASH BACK
DEUX ANS PLUS TÔT
Ultia posa ses yeux sombres sur les quatre membres du conseil qui lui faisaient face. Ils étaient assis derrière une table en verre avec une place vacante au milieu. Elle ressentit un léger pincement au coeur en observant le fauteuil vide. La doyenne avait succombé, emportée par une longue maladie pendant l'une de ses missions quelques mois plus tôt, et n'avait toujours pas été remplacé.
« Si nous t'avons convoqué Ultia, c'est parce que nous avons une proposition à te faire. »
Elle tourna la tête vers le vieil homme au crâne chauve qui venait de parler.
« Nous souhaitons créer une nouvelle équipe de ninja d'élite qui aura pour rôle d'assurer la protection du Raikage ou bien encore d'effectuer des missions classées ''secret défense''. Au vu de tes derniers rapports de mission et de ton expérience, nous avons estimé que tu étais la personne la plus qualifiée pour ce poste.
_ C'est-à-dire ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.
_ Nous voudrions que tu prennes la tête de cette équipe, répondit un autre homme, plus jeune.
_ Ça ne va malheureusement pas être possible. »
Les membres du conseil levèrent tous la tête vers elle, comme un seul et même homme. La surprise, mais aussi l'irritation, tiraient les traits de leurs visages. Ils avaient conscience du tempérament rebelle de la jeune femme. Ultia n'avait pas un caractère facile et pourtant, jamais ils n'auraient imaginé qu'elle puisse refuser un si grand honneur.
« Ne vous méprenez pas. J'apprécie votre offre, mais je dois la refuser, expliqua-t-elle. Et puis, au vu de ce qu'il s'est passé dernièrement, je ne pense pas être la meilleure candidate pour ce poste. »
Le nom de la kunoichi avait beaucoup circulé ces derniers temps, nombreux étaient ceux qui pensaient qu'elle pourrait devenir un membre imminent des forces spéciales. Mais son profil n'avait finalement pas été retenu. Elle avait été jugé trop imprévisible et impertinente par sa hiérarchie. Elle aimait défier les règles et ne remplissait donc pas tous les critères de sélection. Ultia ne s'en formalisait pas plus que ça, elle n'avait jamais eu l'ambition ou l'envie de rejoindre les forces spéciales. Elle savait qu'elle n'était pas faite pour ça, qu'elle n'y avait pas sa place. Alors, elle était d'autant plus surprise que les conseillers lui proposent un tel poste, qui plus est, sous la direction directe du Raikage.
« Ça n'a rien à voir avec les forces spéciales Ultia, il s'agit d'une toute nouvelle unité.
_ Certes, mais je dois quand même refuser. Je quitte le village dans quelques mois. Je ne peux donc pas prendre la tête d'une équipe, avec des responsabilités aussi importantes, pour tout abandonner juste après. »
Un silence pensant s'abattit sur eux, rompu uniquement par le raclement de gorge nerveux d'une femme aux cheveux grisonnants.
« Que veux-tu dire par ''quitter le village'' ?
_ Je fais partie du prochain transfert, Ultia sortit un rouleau de parchemin de la poche de sa veste et lui tendit avant de reculer d'un pas. C'est définitif, je ne reviendrais pas. Ma demande a déjà été acceptée par Kumo. Je n'attends plus qu'un retour de la part de Konoha pour que tout cela soit officiel.
_ Qu'est-ce que tu racontes ? faillit s'étrangler le vieil homme chauve. Qui a accepté une telle demande chez nous sans nous concerter au préalable ?
_ Dame Eboshi. »
Les regards perplexes des membres du conseil convergèrent tous vers le fauteuil vide. Dame Eboshi était la doyenne, celle qui était malheureusement morte depuis plusieurs mois. La femme qui tenait le parchemin entre ses mains fronça les sourcils.
« C'est vrai … Ultia dit vrai. Eboshi a rédigé et signé la demande de transfert. »
Ultia pinça ses lèvres qui ne formèrent bientôt plus qu'une ligne droite à peine visible. Elle n'était pas une menteuse, enfin pas sur ce point. Elle avait fait les choses correctement et cela avait pris du temps. Elle avait dû se montrer plus maligne que tout le monde pour ne pas laisser entrevoir le moindre indice sur ses véritables intentions. La jeune femme peaufinait son plan depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, tirant les ficelles dans l'ombre afin de préparer minutieusement son départ sans éveiller les soupçons.
Elle avait dû la jouer fine, mais heureusement pour elle, la doyenne n'avait pas été trop dur à convaincre. Elle avait perdu de son mordant sur la fin de sa vie. Eboshi n'avait pas posé de question, n'avait pas essayé de la raisonner. Elle savait que c'était inutile. Plus rien ne retenait Ultia. Elle avait sûrement cru lui offrir un nouveau départ en signant la demande de transport, mais elle ignorait que Konoha n'était qu'une étape. La kunoichi n'avait pas l'intention d'y rester indéfiniment, seulement quelques mois, le temps de trouver une nouvelle porte de sortie et de quitter le village sans être qualifiée de déserteuse.
« Je peux y aller ? » demanda finalement Ultia, une pointe d'insolence dans la voix.
Les membres du conseil acquiescèrent mollement. Ils ne s'étaient pas attendus à un tel retournement de situation, ni à un coup porté aussi bas par leur ancienne cheffe. Ultia reprit le parchemin qu'elle rangea soigneusement dans la poche de sa veste, puis quitta la pièce sans un regard en arrière.
« Quand est-ce que tu comptais me dire que tu allais partir ? s'enquit Darui.
_ Quand ça aurait été officiel. » répondit-elle en haussant les épaules.
Le jeune homme acquiesça en silence. Ils se trouvaient en retrait dans un coin de la salle de pause des jônins. La plupart des ninjas étaient partis en mission à l'extérieur, mais le peu qui restait ne manquer pas de lui lancer des coup d'oeil assassins. Ultia pouvait sentir le poids de leurs regards inquisiteurs dans son dos. La nouvelle de son départ avait fait le tour du village et désormais, ils ne la considéraient plus comme l'une des leurs.
Elle était devenue une traîtresse.
« J'arrive pas à croire que tu aies refusé leur proposition …
_ Je pars Darui. Évidemment que j'ai refusé leur proposition, elle fit claquer sa langue contre son palais en signe d'agacement. Tout le monde n'a pas envie de passer le restant de ses jours à cirer les bottes du Raikage. »
Darui tiqua, les muscles de sa mâchoire se contractèrent légèrement. Il n'appréciait pas le sous-entendu à peine voilé derrière ses mots, mais il n'eut pas le temps de le lui dire. Il fut coupé dans son élan par l'arrivée soudaine de Samui qui, un large sourire narquois peint sur les lèvres, vint se poster juste devant eux.
« Il parait que tu t'en vas ? fit-elle à l'attention de la jeune femme. J'espère que c'est vrai.
_ C'est le fait de savoir qu'on ne se croisera plus jamais qui te mets d'aussi bonne humeur ? Si j'avais vu … Je serais partie plus tôt.
_ Ça n'a rien à voir avec toi. Le monde ne tourne pas autour de toi Ultia.
_ Tiens donc ? railla-t-elle en jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule, remarquant que les quelques ninjas présents dans la pièce ne manquaient pas une miette de leur discussion. J'aurais pourtant juré le contraire. »
Samui leva les yeux au ciel avant de faire semblant d'observer le bout de ses ongles.
« J'ai été promu si tu veux tout savoir. Je vais prendre la tête d'une nouvelle équipe qui sera responsable de la sécurité du Raikage, elle reporta ses pupilles bleus polaires sur son interlocutrice. Tu vois Ultia, il y a deux types de personnes dans ce bas monde : ceux qui montent les échelons et ceux qui restent sur le carreau. »
Ultia ne put retenir un reniflement dédaigneux.
« Ils n'ont pas perdu de temps.
_ Tu n'es pas jalouse au moins ? » s'enquit faussement la blonde.
Elle releva la tête et croisa le regard sombre de Darui. Elle vit sa bouche prononcer silencieusement le mot « non » plusieurs fois, mais elle choisit de l'ignorer. Elle ne prenait presque jamais en compte ses conseils. Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait commencer.
« Jalouse de quoi ? Les membres du conseil m'ont proposé le poste, j'ai refusé, répondit-elle en relevant fièrement le menton, une lueur de défi brillant dans le fond de ses iris.
_ Tu mens, souffla Samui tout en fronçant les sourcils.
_ Pourquoi est-ce que je mentirais ? Va leur demander si tu ne me crois pas. Tu n'as obtenu cette promotion que parce que je l'ai refusé. Ultia se leva, faisant face à la jeune femme. C'est grâce à moi si tu as été promu et tu veux savoir le plus drôle ? C'est que tu y repenseras à chaque fois que tu douteras de toi. Tu n'es que le second choix Samui, tâche de t'en souvenir. »
Elle laissa sa dernière phrase en suspens, un sourire suffisant ornant ses lèvres. La mâchoire de Samui se contracta, de même que ses poings. Elle fulminait. Elle fit un pas en avant, mais Darui fut plus rapide et vint se placer entre les deux kunoichis.
« Ça suffit toutes les deux, ne commencez pas, les prévint-il.
Ultia leva les mains en signe de reddition, puis tourna les talons.
« Pourquoi est-ce que tu fais ça ? A quoi ça sert ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? claqua la voix de Samui dans son dos. Regarde-moi quand je te parle Ultia ! »
Mais la jeune femme ne lui prêta aucune attention. Elle ne ralentit pas, ne se retourna pas. Elle continua son chemin entre les fauteuils et les tables de la salle de pause des jônins, ignorant ses questions. Elle n'avait pas envie de lui donner de réponses, ou même d'en chercher. C'était comme ça, elles étaient comme ça. Samui et elle ne pouvaient pas rester plus de cinq minutes dans la même pièce sans se quereller ou sans en venir aux mains. Et ça non plus ce n'était pas prêt de changer.
« Tu as raison, casse-toi, fini par cracher la blonde. Fuis comme l'a fait ta mère avant toi. Sur ce point, vous vous ressemblez beaucoup. Tu es bien la digne fille de ta mère. »
Ultia se stoppa brusquement. Les muscles de son corps se raidirent et elle sentit son sang se glacer dans ses veines. Elle resta immobile pendant ce qui lui parut une éternité, avant de trouver le courage de se retourner, les mains tremblantes.
« Qu'est-ce que tu as dit ?
_ Tu m'as très bien entendu. Tu es comme ta mère, une putain de lâche. »
Le mot sonnait comme la pire des insultes dans la bouche de Samui, et c'est ce qui fit craquer Ultia. Elle fit un pas en avant, prête à se jeter sur la blonde, mais plusieurs paires de bras se refermèrent sur elle, l'empêchant d'aller plus loin. Elle avait beau se débattre, leur ordonner de la lâcher, ils ignorèrent ses protestations et ne relâchèrent pas leur prise sur elle.
« Je te jure que si je te croise avant de partir, je t'arrache les yeux sale trainée.
_ Des menaces, rien de plus. C'est tout ce que tu sais faire, se moqua son interlocutrice.
_ Samui. Ça suffit, arrête. »
La voix de Darui était dure et froide, aussi tranchante que la lame d'un couteau, ce qui ne lui ressemblait pas. Mais cela eut au moins pour effet d'attirer l'attention de Samui sur lui tandis que les autres ninjas entraînaient Ultia dans le couloir.
« C'est bon, lâchez-moi maintenant. » siffla-t-elle une fois à bonne distance de la salle de repos.
La jeune femme se dirigea vers une fenêtre où elle crispa ses mains sur le rebord. Elle ferma les yeux, puis se pinça l'arête du nez pour essayer de se calmer. Des bruits de pas se firent entendre dans son dos, mais elle n'eut pas besoin de tourner la tête pour savoir qu'il s'agissait de Darui.
« Ne l'écoute pas Ul. Elle voulait juste te faire mal comme tu viens de le faire. Ne pense pas à ce qu'elle a dit, ce n'est pas vrai. Tu n'es pas une-
_ Toi aussi tu le penses, n'est-ce pas ? le coupa-t-elle sèchement. Au fond, toi aussi tu penses que j'ai trahi le village, que je ne suis qu'une traîtresse, une lâche qui fuit à la première occasion. »
Darui soupira bruyamment et plongea son regard dans le sien.
« Je pense que tu as tes raisons. Et que rien, ni personne, ne pourra te faire changer d'avis. Ton choix est fait depuis longtemps. »
Ultia ne répondit pas. À la place, elle se contenta de le regarder en silence quelques instants avant de tourner les talons. Elle n'était pas comme sa mère, elle n'avait même absolument rien en commun avec elle. Elle n'était pas faible au point de se laisser noyer par son propre chagrin. Elle avait su ravaler ses larmes et faire face. Elle ne fuyait pas par égoïsme en laissant des gens derrière elle. Non, elle partait pour protéger son démon.
Elle partait parce que c'était la meilleure chose à faire.
Ultia entra en trombe dans l'antichambre qui conduisait au bureau du Raikage, sous le regard médusé de la secrétaire. Mais elle ne lui prêta aucune attention et se dirigea d'un pas déterminé vers la porte en bois dont les dorures en forme d'éclair brillaient sous les rayons du soleil.
« Qu'est-ce que vous faites ? lui demanda Mabui tout en se levant de son siège.
_ Je dois parler au Raikage, répondit-elle platement.
_ Vous ne pouvez pas entrer comme ça, le Raikage est occupé ! »
La jeune femme ignora sa remarque et ouvrit le battant sans même prendre la peine de toquer. Assis derrière son bureau, le Raikage leva les yeux vers elle avant de les poser par-dessus son épaule, en direction de la fine silhouette de Mabui qui se découpait dans l'entrebâillement de la porte.
« C'est bon Mabui, laisse-la entrer. »
Mabui acquiesça et la porte se referma dans un léger grincement derrière elle.
« Tu es venue négocier les accords ? » l'interrogea-t-il, la voix remplie de sarcasme.
Ultia avala la faible distance qui les séparait en quelques pas, puis abattit ses paumes sur le bureau.
« Je suis venue te faire entendre raison.
_ Et comment comptes-tu faire ça exactement ? ricana le Raikage.
_ Je crois que tu n'as pas bien compris la situation. Tu n'es pas en position d'exiger quoi que ce soit de la part de Konoha, siffla-t-elle entre ses dents, menaçante. Nous sommes déjà bien gentils d'accepter la suppression des transferts, alors contente-toi en et ne pousse pas ta chance plus loin. Les sages savent quand il faut mener une bataille, ou quand au contraire, il faut se retirer.
_ De mon point de vue, j'ai plutôt l'impression que c'est Konoha qui a besoin de ces accords et qui n'est pas en position de refuser. Pas moi.
_ C'est la guerre que tu veux ?
_ Tout de suite les grands mots.
_ Parce que si c'est le cas, sache que tu as perdu d'avance, le coupa Ultia, ignorant sa dernier remarque. Tu n'es pas en capacité de te dresser contre Konoha. Tu n'as aucune idée de leur puissance de frappe, moi si. Kumo ne fera pas le poids.
_ Tu crois que tu me fais peur ? La seule chose que j'entends sortir de ta jolie petite bouche Ultia, ce ne sont que des mots. Rien que des mots. Des menaces vides de sens.
_ Je ne menace jamais personne dans le vide. Je mets toujours mes menaces à exécution. »
Ils s'observèrent en silence durant quelques secondes, avant d'être interrompus par des coups contre la fenêtre. Le Raikage tourna la tête pour voir un petit chat noir, dont le pelage se confondait avec le kimono qu'il portait, gratter ses griffes sur la vitre.
« Tu devrais le laisser entrer, déclara Ultia tandis qu'elle prenait place dans l'un des fauteuils à proximité. Tu apprécieras sûrement ce qu'il a à dire. »
Le Raikage grommela des paroles inaudibles, mais s'exécuta tout de même. Il ouvrit la fenêtre, laissant entrer le félin qui sauta directement sur le bureau pour ensuite s'asseoir juste en face de la jeune femme.
« Tu as fait ce que je t'ai demandé ? » lui demanda Ultia sans quitter des yeux le kage.
Le chat acquiesça.
« Bien, merci Haïko. Tu peux disposer. »
Et sur ces mots, il disparut dans un nuage de fumée.
« Qu'est-ce que ça veut dire ? s'impatienta le Raikage en lui jetant un regard noir.
_ Tu ne l'as pas reconnu ? C'est Haïko, l'une de mes invocations. Il excelle dans le pistage et les missions d'infiltration. Ça fait des jours qu'il arpente les rues du village et qu'il dissémine des parchemins d'invocations un peu partout. »
Le visage de son interlocuteur pâlit brusquement.
« Qu'est-ce que tu essaies de me dire Ultia ?
_ Qu'il y a une faille dans ton protocole de sécurité. Je te laisse tirer tes propres conclusions et imaginer ce qui se passera si tu refuses de signes les accords. Konoha ne passera pas par la grande porte. »
Elle mentait. Elle avait invoqué Haïko juste après avoir quitté les appartements diplomatiques et lui avait demandé de la rejoindre dans le bureau du Raikage. Il ne se baladait pas depuis des jours dans le village et n'y avait dissimulé aucun parchemin d'invocation. Mais Ultia devait assurer ses arrières, faire pression sur le Raikage en lui faisant croire qu'il n'avait pas d'autres choix que de signer les accords. Le bluff restait encore son meilleur atout, avant de jouer sa dernière carte.
Le Raikage se racla la gorge, reprenant contenance.
« Qui parle de guerre maintenant ? Tu as une drôle de façon de négocier la paix, il renifla dédaigneusement. Mais sache que tes techniques d'intimidation ne fonctionnent pas avec moi. Konoha a essayé de lourdes pertes suite à l'attaque des villages de Suna et d'Oto. Votre Hokage est mort, vous n'êtes plus au sommet de votre puissance, c'est fini. Et tu sais mieux que quiconque de quoi nous sommes capables, de quels atouts nous avons dans notre manche.
_ Tu vas me sortir la carte de Killer Bee et de Gyûki ? Ultia leva les yeux au ciel. Ils n'ont aucune chance face aux bijûs de Konoha.
_ Les ? Le Raikage fronça les sourcils.
_ Konoha dispose de deux démons à queues et ils ne feront qu'une bouchée de Killer Bee. »
_ Lesquels ? »
La jeune femme le regarda un instant, silencieuse. Il la provoquait, et il n'allait pas être déçu.
« Ils ont Kyûbi, le démon-renard à neuf queues. Le plus puissant de tous les bijûs.
_ Je m'en doutais, lâcha sombrement le Raikage. J'imagine qu'il ne doit pas être simple de contrôler une telle puissance, c'est une arme à double tranchant. Son hôte pourrait tout aussi bien se retourner contre vous ravager les rues de Konoha. Après tout, le démon l'a déjà fait par le passé … Et le deuxième ?
_ Tu n'as pas encore deviné ? Je te croyais pourtant plus intelligent que ça. »
Elle esquissa un faible sourire narquois en voyant les muscles de la mâchoire, de tout le corps de son interlocuteur, se crisper.
« Ce sont eux qui ont ce que tu recherches depuis des années. Ce sont eux qui ont Matatabi.
_ Impossible. »
Le Raikage serrait tellement fort ses poings que ses jointures étaient devenues blanches. De petites étincelles apparaissaient même au-dessus de ses doigts.
« C'est impossible, répéta-t-il. Aucun des ninjas de Konoha n'a jamais mis les pieds au Pays de la Foudre. Ils ne sont jamais venus ici.
_ Ils n'ont pas eu besoin de le faire. Elle est venue directement à eux. »
Elle perçut un changement dans l'attitude du Raikage. Un lueur brilla soudainement dans le fond de ses iris, comme s'il venait de comprendre quelque chose. Comme si la dernière pièce du puzzle se mettait enfin en place. Il écarquilla les yeux.
« Toi … C'est toi. »
Ultia sourit. Il avait compris.
