Petit mot de l'autrice : bah j'ai galéré au début mais au final j'en suis plutôt contente
Texte 5 : Catelyn & Tyene Sand
contexte : UA post saison 5
Tyene avait été avertie : l'allume de Lady Coeurdepierre pouvait choquer. Quand elle avait entendu cette phrase, elle avait rigolé. Elle était dornienne, une Aspic des sables de surcroît, rien ne pouvait la choquer ! Pourtant, quand elle se retrouva face à la femme, elle eu un mouvement de dégoût. Si elle n'était pas au courant qu'il s'agissait de Catelyn Stark, elle ne l'aurait jamais reconnu. Translucide, des yeux morts, une cicatrice béante au niveau du cou, du sang s'échappant de cette dernière... cette créature n'avait plus rien d'humain.
Un instant, Tyene en vint à remettre en question le bien fondé de sa démarche ; voulait-elle vraiment que son père finisse dans le même état ? L'image d'Oberyn avançant sans sa tête, d'un air aussi vide que celui qu'arborait Lady Coeurdepierre la terrorisa. Néanmoins, Tyene chassa bien vite cette idée de son esprit. Son père était différent ; jamais il ne finirait comme la femme qu'elle avait sous ses yeux. Lui, s'il revenait, il retrouverait son allure fière, son sourire, sa prestance.
Tyene raffermit donc sa posture, bien déterminée à obtenir ce qu'elle désirait.
- Vous devez ramener mon père.
Lady Coeurdepierre la regarda sans répondre. Tyene se demanda si celle-ci avait comprit ce qu'elle avait dit.
- Mon père, Oberyn Martell, a été massacré par les Lannister. Il faut donc que vous le rameniez. Avec lui, nous pourrions obtenir vengeance. Venger enfin Elia, mais aussi venger votre mari, vos enfants. Nous aurions une chance de faire justice !
Tyene avait toujours été passionnée. Mais rien ne l'emballait moins que l'idée d'enfin faire payer les Lannister. Néanmoins, son enthousiasme fut bien vite balayé par la réponse de Lady Coeurdepierre :
- Je ne peux pas.
Ça, Tyene ne l'avait pas vu venir.
- Comment ça, vous ne pouvez pas ? Vous êtes bien revenue à la vie ! Pourquoi refuser d'appliquer la même chose à mon père ?
- Ce n'est pas moi qui me suis fait revenir. C'est un homme. Mais il est loin, maintenant. Il est allé dans le Grand Nord. Je ne peux pas t'aider.
Chaque syllabe qui sortait de cette bouche déformée était atroce à écouter. Néanmoins, Tyene en comprit l'essentiel. Lady Coeurdepierre, Catelyn Strark, refusait de l'aider. Une immense vague de colère grandit en elle ; pourquoi rejeter sa demande ? Elle avait eu la chance d'être ramenée à la vie, et maintenant elle refusait d'en faire de même ? Elle mériterait de revivre, et son père non ? C'était incompréhensible. Injuste, même.
- Vous devez m'aider, insista Tyene.
- Je ne peux pas.
Une petite voix en elle lui soufflait qu'elle avait l'air sincère. Que si c'était bel et bien quelqu'un d'autre qu'elle-même qui lui avait insufflé la vie, alors elle n'était effectivement pas en mesure d'accomplir ce miracle. Néanmoins, la majeure partie de son être refusait de l'entendre. Lady Coeurdepierre était sa dernière tentative. Son dernier espoir de revoir un jour son père. Si cette piste échouait, alors elle n'aurait plus rien. Elle devrait dire adieu à l'homme qui l'avait aimée, protégée, encouragée. Celui qui avait fait d'elle qui elle était. Et ça... c'était une idée insoutenable.
Avec l'énergie du désespoir, elle sortit la dague qu'elle avait réussit à dissimuler, pour la poser sous la gorge de la femme. Ainsi positionnée, l'arme épousait la cicatrice affreuse.
- Vous pouvez m'aider. Quand on veut, on peut. Alors vous allez faire revenir mon père, sinon... sinon je vous tue.
- Je ne peux pas.
Ces quatre mots suffirent à la terrasser. Sa haine, ou peut-être était-ce de la tristesse, explosa. Avant qu'elle ne puisse vraiment réaliser ce qu'elle faisait, sa lame ouvrait la gorge de la Lady, dans une réplique exacte de l'acte qui lui avait déjà coûté une fois la vie. Lorsqu'elle s'en rendit compte, Tyene lâcha l'arme, mais c'était trop tard : la vie quittait le corps de sa victime. Cette dernière n'avait néanmoins pas l'air apeurée, en colère. Au contraire. Juste avant de s'éteindre, elle esquissa un horrible sourire. Tyene se posa alors une question qui la hanterait toute sa vie : s'était-elle servie de sa colère pour la pousser au meurtre ?
