Hey, je commence à réussir à trouver un petit rythme avec des périodes de dispo ! Je pense pouvoir bientot vous promettre 2 chapitres par semaine ! il me faut juste le temps de me refaire une pitite avance (parce que j'ai tendance à modifier les chapitres une fois les suivants écrits pour éviter des répétitions et réorganiser les éléments les uns après les autres...)
On revient 100% pov de Drago ! C'est bien, c'est plus simple à suivre !
Merci encore de vos retours ! C'est hyper précieux et agréable

Guest : Merci :D j'étais pas sure de moi sur ce cas là !

Drayy : ahahaha, c'est pas franchement une lecture dans l'ambiance des fêtes, mais ma foi, si ça permet de compenser trop de mariah carrey !

En passant : Ca fait partie des trucs que je n'avais pas prévu : Dans ma tête, je passais beeeaaauuucoup de temps sur le début de leur relation, mais je pensais que toute la partie avec le Détraqueur et le Professore tiendrait en une dizain de chapitres, et que par conséquent, Rosier resterait dans les esprits... Mais finalement, la relation entre Drago et Harry a eu besoin de 50 chapitres pour s'améliorer XD Dans un sens, tant mieux, c'est plus agréable à écrire, et j'espère à lire que les premiers chapitres ultra violents !


Drago n'avait besoin ni d'amour, ni de liberté, et c'était une sensation incroyable de le découvrir. Il n'avait pas non plus besoin d'être remarqué, que l'on lui parle, qu'on le touche.

Depuis qu'il était entré à Azkaban – et à bien y réfléchir, peut-être même un peu avant ça, à peu près quand sa tante avait été libérée – la mort avait eu un aspect attractif répulsif sur lui. Ou plutôt, c'était la vie qui avait eu cet effet-là. Il n'avait jamais réellement voulu mourir, mais il avait caressé le rêve de mettre sa vie sur pause.

Il en était désormais capable.

Il pouvait parcourir chaque vie que le Détraqueur avait avalée, avec lui. Lui montrer ce que ça faisait d'aimer, de découvrir, de gouter… Ce qu'il pouvait y avoir de bon dans l'attente, dans l'espoir, dans le froid, et même dans l'angoisse et la faim. Ils n'avaient pas besoin de se parler, mais ils parvenaient à communiquer, et une par une, leurs barrières s'effondraient.

Parfois, ils se prenaient par la main, ou bien ils s'embrassaient. Dans ces moments-là, ils étaient de nouveau aveugles et sourds, mais il reconnaissait son corps à lui sous ses doigts : Ses mains asymétriques, son corps trop maigre, son nez trop pointu et ses lèvres trop fines. Son désir le rendait enfin attirant.

Et puis ils replongeaient, ensemble, à un autre moment, dans une autre vie, et ils comprenaient.

Des années passèrent ainsi. Des secondes étirées pour durer des siècles, pour compter les étoiles dans le ciel ou les grains de sable sur une plage, pour sentir leurs orteils s'y enfoncer, et faire durer chaque pas des heures entières. Sentir le balancement des corps, les clignements de paupières. Poser sa main sur une pierre chauffée par le soleil, sentir l'odeur du pain brulé, voir l'eau d'un lac devenir solide en hivers. Craindre la foudre, attendre le retour des parents, supporter la mort d'un nouveau-né, redresser la tête. Croire au destin, croire en Dieu, croire aux monstres sous les lits. Croire que les efforts finissent par payer. Faire l'amour, se blesser, aimer, souffrir, rire, défaillir, naître, mourir, créer, rencontrer, espérer, et voir ses espoirs se concrétiser.

Et puis un jour, il sentit le Détraqueur fermer les yeux et s'endormir.

Et lui se réveilla.

·

Le plafond de l'infirmerie d'Azkaban.

La panique le fit immédiatement se redresser, s'empêtrer dans les draps, puis un cri et deux bras s'enroulèrent autour de lui, l'empêchèrent de bouger davantage. À demi assis et à demi allongé, en tout cas bizarrement essoufflé, il lui fallut un moment pour se rappeler dans quelle vie il avait vu ce plafond et pourquoi celui-ci le faisait autant paniquer. Il ressentit un mélange de peur, de dégout et de soulagement, jusqu'à ce qu'il reconnaisse l'odeur de Potter contre lui et entende sa voix. Alors la haine prit le dessus, et il repoussa brutalement l'importun.

« Drago, tout va bien, je suis là, tu es en sécurité, et… »

Et quand il comprit les mots que ce crétin osait proférer, il eut envie de l'étrangler. C'était impossible, alors il se contenta de cracher « La ferme, Potter ! » avec autant de venin qu'il était capable d'en rassembler.

Puis il ramena ses genoux contre son torse, cacha son visage dans ses mains et tenta de réarranger ses souvenirs.

« Ah, je suis de nouveau Potter, alors… Désolé, je croyais que tu te rappelais de tout… »

Drago gémit et grogna, et Potter finit par obéir et se taire.

Il s'était senti incroyablement bien en voyageant avec le Détraqueur. Il se rappelait de chaque instant qui lui avait semblé durer une éternité… Avant ça…

« Où est mon p… »

Avant ça, il avait pénétré l'esprit de Lucius Malfoy.

Il redressa la tête, libéra son visage, regarda sans le voir le rideau vert et ouvert devant lui…

« Le Détraqueur ? demanda-t-il finalement.

– Je t'avais promis de le relâcher, tu te souviens ? répondit la voix de Potter. Il y a deux jours, on lui a fait boire de la potion de sommeil sans rêve. Là, tu as recommencé à bouger et à m'appeler. Au bout de deux ou trois heures, il s'est réveillé, mais il était normal, genre calmé. Il a quand-même fini par s'apercevoir qu'il était enfermé dans la cage, et il avait l'air de stresser. Je l'ai libéré dans l'entre dôme pour voir comment il réagissait, et il a passé un moment à se promener sans attaquer personne ni rien. Finalement, ce matin, on l'a ré-enfermé, et j'ai été le relâcher au Nord, hors de la zone incartable d'Azkaban. Il a pas trop eu l'air d'apprécier le voyage, et c'est pour ça que je voulais pas prendre le risque de le trimbaler trop longtemps et sur une trop grosse distance. Je suis resté un moment pour surveiller comment il s'en sortait, mais en fait, j'étais surtout inquiet pour toi, alors je suis revenu après quelques heures. J'ai débarqué, y-a genre, cinq minutes ? Tu t'es réveillé tout de suite à ce moment-là, alors j'ai cru que… Mais bon, en bref, je me suis encore planté… »

Le discours était long et désagréable, comme toujours quand c'était Potter qui parlait, et les trous et les imprécisions le rendaient encore plus difficile à suivre.

Il reprit tour à tour tous les éléments bizarres :

« Vous avez donné de la potion de sommeil à un Détraqueur.

– Oui. Ce n'était pas mon idée.

– Et tu l'as relâché ?

– Est-ce que tu te souviens que tu nous l'avais demandé ?

– Oui, cracha Drago, je me souviens vous l'avoir demandé, mais je ne pensais pas que tu honorerais ta part du marché ! Et je pensais encore moins que Kenaran finirait par accepter. »

Il se sentait un peu plus alerte et capable de parcourir le carré de soin des yeux. Il aperçut une intraveineuse sur le dos de sa main qu'il enleva avant de comprimer la plaie avec les doigts. Derrière lui, une petite fenêtre, et bien sûr, un albatros qui faisait la sieste sur son rebord. À côté de son brancard, Potter dans une chaise, et à ses pieds, un monceau de papiers. Ses joues et son menton étaient sombres, parcourus des petits picots d'une barbe naissante et mal taillée. Son expression était indescriptible, la bouche penchée, les sourcils tordus, comme s'il était à la fois triste, heureux, inquiet et effrayé.

Drago se souvenait que les expressions de Potter étaient toujours excessives et difficiles à déchiffrer, mais il avait l'impression que cet état de fait ne l'avait jamais autant agacé qu'à cet instant précis. Il avait la sensation d'avoir un mot sur le bout de la langue, sans parvenir à le prononcer, comme s'il aurait dû savoir déchiffrer son visage.

« Vissarion est reparti à Rome, indiqua doucement Potter. Rosier était bien celui qu'il cherchait, alors tout à coup, toi et le Détraqueur, vous lui êtes un peu sortis de l'esprit. »

Drago fronça les sourcils : Celui qu'il cherchait ?

« Où est Rosier ? exigea-t-il de savoir.

– À Rome aussi. Il nous a transmis tes instructions, a réclamé deux ou trois trucs, il t'a écrit une lettre, et puis il a décrété que c'était le moment de partir. Et Vissarion est, genre, complètement à ses pieds. La lettre, je dois l'avoir par ici… Attends… Tiens. »

Potter lui tendit une espèce de boulette de papier chiffonnée, maintenue serrée avec une ficelle qui pendouillait, évoquant la queue d'une souris. À l'autre extrémité, le papier pointait pour simuler un museau et deux petits yeux souriant avaient été dessinés sur les plis qui se chevauchaient. Un système plus rudimentaire que les pliages compliqués qu'il réalisait pour son… Qu'il réalisait, avant, mais l'intention était lisible : Personne n'avait lu cette lettre depuis qu'elle avait été achevée.

Drago tendit la main pour s'en emparer, réalisa que celle-ci tremblait, mais décida que son état de jeune rétabli l'autorisait à être un peu fébrile.

Rosier était parti ? Sans lui ? C'était ce qu'ils avaient convenu entre eux, mais tout de même, cet abandon lui coutait…

« Mes instructions ? répéta-t-il en tripotant sa petite souris de papier.

– Disons : ce qu'il a prétendu être tes instructions ? J'imagine que la Potion de Sommeil n'était pas non plus ton idée ? Après, il a dit que ça ne servait à rien de t'attendre. Que tu les rejoindrais quand tu serais prêt.

– J'ai encore le droit de partir ? s'étonna Drago en accordant de nouveau son attention au visage de Potter. Il ne vous a pas dit que c'était moi le responsable pour Ackerley ?

– Si. Marchebank et Shacklebolt veulent plus que tu t'en ailles. Ils disent que c'est un nouveau crime pour lequel tu dois être jugé et payer. Vu ton message, je savais pas trop ce que tu voulais, alors je me suis pas prononcé. Mais Vissarion est quand-même encore intéressé par ta venue… Je suis sensé le tenir au courant. »

Le conditionnel des phrases semblait indiquer que Potter se plierait à sa volonté, et Drago se demanda un moment ce qu'il exigerait en échange de son abdication. Il n'était pas sûr d'être prêt à payer n'importe quel prix. Il pouvait cependant écrire à Kenaran, ou à Rosier, ou même à son… En tout cas, à Rosier.

« Donc… » reprit Drago, toujours perdu, « Ça fait deux jours que je suis inconscient ?

– Cinq jours, le corrigea Potter. D'abord, tu es resté inconscient trois jours, puis Rosier a parlé de la potion. Et c'était il y a deux jours. »

Le regard de Potter était instable : Il parcourait chaque fraction du visage de Drago, sautait de sa bouche à ses yeux, virait à chaque froncement de sourcil ou à chaque avalement de salive, comme s'il cherchait une faiblesse avec avidité.

« Comment tu te sens ? demanda-t-il enfin. Est-ce que tu veux un verre d'eau ou quelque chose ?

– Je t'emmerde, Potter, cracha Drago. Ça ne te regarde pas, comment je vais ! »

Le Survivant se contenta de ricaner sous l'insulte.

La vérité, c'était que Drago se sentait plus vide qu'il ne l'avait jamais été. Il n'avait plus vraiment envie de partir pour Rome, il n'avait aucune envie de rester à Azkaban. Ce qu'il aurait voulu, c'est rejoindre à nouveau le Détraqueur dans son esprit, et s'y oublier pour toujours.

Bien sûr, hors de question que le Sauveur lui accorde cette faveur.

Il l'avait bien évidemment ramené à la vie.

·

Nguyen avait fini par constater le réveil de Drago et par faire dégager le jeune Directeur d'Azkaban. Aussitôt, le malade s'était senti un peu mieux, un peu plus lui-même, et davantage capable de respirer.

« Monsieur Malfoy. Je ne pensais pas vous parler à nouveau, après notre dernière séance.

– Je suis désolé de contrarier vos plans. Croyez bien que moi aussi, j'aurais préféré ne jamais vous revoir… »

Drago sourit doucement à l'Infirmier pour rendre la plaisanterie plus évidente, et celui-ci lui retourna la faveur. Lors de leur dernière entrevue, Drago s'était livré sur tous les viols qu'il avait subis, toutes les humiliations, toutes les tortures… Il s'étonnait de ne pas être davantage mal à l'aise devant cet homme qui n'ignorait plus grand-chose de ce qui le rendait si misérable.

Nguyen gardait des séquelles de l'éboulement sous lequel il avait été enseveli lors de l'attaque du Détraqueur : Son crâne avait été enfoncé, et même s'il avait été soigné, il restait légèrement déformé. Une partie de son visage se mouvait avec un temps de retard sur l'autre. Ses cheveux avaient été rasés pour permettre les soins, et ils repoussaient de manière erratique. Ses beaux yeux sombres semblaient un peu moins expressifs.

Devant lui, Drago s'était autorisé à s'asseoir en tailleur sur son brancard. La nouvelle position lui avait permis de repérer sa peau de morse posée sur un tabouret voisin de la chaise qu'avait quitté Potter et que Nguyen avait récupéré. Il avait prétendu avoir froid, et l'infirmier n'avait pas semblé dupe, mais lui avait tout de même rendu le vêtement, accompagné de sa baguette et de la manchette en cuir pour la fixer.

« De quoi vous rappelez-vous ? » demanda Nguyen après avoir testé sa mémoire à court terme.

– De tout, je pense ? marmonna Drago. Enfin… À l'exception du souvenir que Potter m'a arraché. Ça n'a pas beaucoup d'importance. Je suppose qu'il s'agissait d'un mensonge, de toute façon. »

Son… disons géniteur ne l'avait jamais aimé. Même quand il n'était qu'un bébé ou qu'un tout jeune enfant. Ce qu'il avait pris pour de l'amour, ce qu'ils avaient tous les deux pris pour de l'amour, n'était que de la possessivité et de la vanité.

« Monsieur Malfoy, reprit l'infirmier après l'avoir laissé se morfondre en silence quelques minutes, savez-vous pourquoi on conseille aux débutants de convoquer un Patronus en utilisant un souvenir, et non pas un espoir ou une certitude ?

– Non, répondit Drago en haussant maladroitement les épaules. Pour être honnête, j'ignorais que cette recommandation existait.

– Les souvenirs sont des choses simples, Monsieur Malfoy. Avec un début et une fin. Propres. On peut même les rendre tangibles, les extraire ou les détruire, à l'aide d'une Pensine ou d'un sortilège d'Oubliettes. »

Drago parcourait des doigts la longue éraflure que les ongles du Détraqueur avaient creusé dans le cuir épais de la cape. La matière y était froncée, abimé, mais l'ensemble avait résisté. La Selkie avait affirmé que le vêtement le protégerait des petits animaux, et il se demandait si le Détraqueur appartenait à cette catégorie, selon ses critères tout à fait personnels.

« Ce n'est pas le cas des sentiments plus complexes comme l'Espoir ou l'Amour », poursuivit Nguyen, malgré le manque de répondant de Drago. « Ceux-là reposent sur des souvenirs, sur des certitudes, sur des réflexions construites, là aussi, sur d'autres souvenirs et sentiments… »

Le cours était peut-être pertinent, mais Drago avait du mal à y trouver un intérêt.

« En bref, on n'arrache pas un Espoir proprement, facilement, comme on arrache un Souvenir. L'espoir emporte avec lui des bribes de tout ce sur quoi il reposait. Je peux vous assurer que vous avez perdu bien plus que vous ne le supposez. Je vous invite à réfléchir à ce qu'a été votre vie jusqu'ici et à noter tout ce qui vous semble manquer. Votre esprit ne pourra jamais se reconstruire si vous tentez de le faire sur des bases aussi abîmées. »