Bonjour,
Je n'ai pas encore pu récupérer l'accès à mon ordinateur, je songe à en acheter un nouveau mais en attendant je ne peux toujours pas avancer dans l'écriture.
Il ne me reste plus beaucoup de chapitres prêts mais en voilà un nouveau.
Bonne lecture,
SoleneSwann
Chapitre 7 - Ostara
Un matin de début mars, alors qu'elle s'apprêtait à donner son cours d'Immunologie, Hermione reçut un message de Malefoy qui l'informait qu'il allait entrer dans sa maison, si elle le permettait, parce qu'il n'avait pas protégé chaque fenêtre individuellement et que ça le tracassait. Elle haussa un sourcil devant cette requête inhabituelle. Les protections en place étaient déjà largement suffisantes à son sens.
Si tu trouves vraiment ça nécessaire, répondit-elle. Quoi que Malefoy ait derrière la tête, elle n'avait pas de temps à perdre avec ces bêtises pour le moment.
Néanmoins, le soir venu, elle fit le tour de son cottage pour vérifier que tout était en ordre. Au moment où elle atteignait les escaliers, Pattenrond, jusque-là roulé en boule devant son bureau, se précipita vers elle avec un miaulement plaintif.
"Qu'est ce qu'il se passe, mon tout doux ?" lui demanda-elle en le grattant derrière les oreilles. "Malefoy m'a dit qu'il était passé, il t'a embêté ?"
Pattenrond feula en entendant le nom. Il leva la queue, trottina jusqu'au pupitre où reposait Révélations et gratta le pied du pupitre en grognant.
"Malefoy a touché à mon livre ?" demanda-elle, frappée d'horreur.
Pattenrond approuva. ll précisa que cet épouvantail blond avait non seulement regardé le livre mais qu'il y avait touché avec son bâton en bois, malgré les avertissements du maître des lieux, c'est à dire lui-même.
"Il a utilisé sa baguette !?" s'exclama Hermione, de plus en plus outrée.
Elle lança un sort de détection mais il ne révéla rien. Elle éprouvait un profond malaise de savoir que Malefoy ait pu fouiner sans ses affaires quand elle avait le dos tourné. Malgré elle, elle avait commencé à lui faire confiance et se voir trahir de cette façon était des plus désagréable.
Elle saisit son Carnet d'un geste rageur.
Malefoy, est-ce que tu as touché à mon livre ?
Quel livre ? Je n'ai rien touché.
Le grimoire qui se trouve sur le pupitre dans mon bureau.
Non, je ne l'ai pas touché.
Tu es sûr ?
Oui.
Menteur. Qu'est-ce que tu as fait ?
Tu n'as absolument pas le droit de toucher à mes affaires !
Réponds Malefoy, qu'est-ce que tu as fait à mon livre ?
DIS-MOI MALEFOY !
Il ne répondit plus du tout.
Puisque Malefoy ignorait son Carnet, Hermione se rabattit sur des moyens de communications plus traditionnels. Elle attendit le lendemain que le hibou de Malefoy, qui continuait à venir régulièrement quémander du gâteau, vienne lui rendre visite. Elle attacha à sa patte une courte lettre incisive - Malefoy, espèce de fouineur indiscret, dis-moi tout de suite ce que tu as fait à mon livre. N'essaie pas de nier je sais que tu y as touché. H - et lui promit une part de gâteau entier s'il revenait aussitôt sa lettre déposée.
Usant de ce stratagème, elle put envoyer trois autres missives du même acabit - quoi que de plus en plus ardentes au fur et à mesure de son absence de réponse - avant que le hibou ne revienne plus.
Tout en préparant une Beuglante pour Malefoy, puisqu'il se bornait à rester muet, Hermione maudit Tonks de lui avoir collé un tel idiot indiscret entre les pattes.
Elle doubla la Beugante d'un message par Patronus, histoire que les choses soient bien claires - Malefoy, tu es un imbécile de fouineur doublé d'un putain de menteur, tu ferais mieux de te jeter du haut d'un pont, ça rendrait service à tout le monde.
À ce stade, elle n'attendait plus de réponse mais souhaitait juste lui faire part de son indignation et de sa colère.
Un gracieux Patronus en forme de grand chien aristocratique fit irruption dans son laboratoire.
Granger, garde ta loutre bruyante pour toi, je travaille, dit-il avec la voix de Malefoy avant de disparaitre.
Face à cette indifférence presque insultante, elle laissa tomber l'affaire. De toute façon, elle avait du travail.
Malefoy eut quand même l'outrecuidance de la contacter le soir même à propos de sa prochaine expédition, comme s'il ne venait pas de la trahir sans aucun remords.
Alors - Ostara approche.
Tu n'avais PAS à toucher ce livre, répondit-elle immédiatement, maintenant qu'elle l'avait à portée de Carnet.
Où vas-tu à Ostara ? demanda Malefoy.
Tu n'es PAS invité, dit Hermione, espérant être tout à fait claire.
Pas besoin d'une invitation
Je n'ai pas besoin d'être supervisée par un idiot indiscret
À bientôt, dit Malefoy.
Elle sentait l'insolence à travers ses mots. Elle ne répondit pas par Carnet. Il aurait sa réponse le samedi suivant quand il tenterait de la rejoindre.
ooo
Le samedi d'Ostara arriva. Hermione se leva aussi tôt qu'à son habitude et commença la journée par une séance de yoga. Après une douche rapide, elle noua ses cheveux dans une queue de cheval haute, enfila ses vêtements de randonnée et plaça une autre flasque dans la poche de son anorak.
Avant de partir, elle prit soin d'enlever la bague de Malefoy et de la laisser bien en évidence sur la table de la cuisine. Elle conseilla à Pattenrond de rester dans les parages s'il avait envie de voir Malefoy déconfit. Le chat s'installa sur le plan de travail avec un air de connivence satisfait.
Avec l'assurance de passer une journée tranquille, Hermione rejoignit sa voiture et entreprit de conduire jusqu'à la Colline au Dragon, dans l'Uffington. Il y avait deux heures et demie de route pendant lesquelles aucune botte en cuir de dragon n'apparut dans son visage, ce qui fut fort appréciable.
Une fois sur place, elle se gara sur le parking attenant et entama la montée de la colline. Elle chercha et trouva sans difficulté les jacinthes, les chardons et la Glossamère de Fali que Révélations décrivait, confirmant qu'elle était au bon endroit. Rayonnante, elle termina la montée et se retrouva devant une petite étendue blanche sur laquelle aucune plante ne poussait.
C'est sur cette colline que George de Lydda, sorcier remarquable du quatrième siècle, avait tué le dragon qui persécutait les habitants de la région, demandant qu'on lui sacrifiat des humains chaque année. La légende disait que là où le sang du dragon avait coulé, l'herbe ne poussait plus.
Hermione regarda autour d'elle pour vérifier qu'aucun Moldu n'était présent, puis elle sortit sa baguette et entreprit de creuser une excavation dans la craie qui recouvrait le sol nu. Elle sortit sa flasque, la déboucha et la posa sur le sol à côté du trou.
C'était le moment critique. Révélations parlait d'un sortilège qui permettait de faire revenir à la surface le sang autrefois versé mais Hermione n'était pas certaine que ça allait fonctionner. Le livre datait d'une époque proche de celle de la mort du dragon, elle n'avait aucun doute qu'à l'époque il avait été possible d'extraire le sang encore relativement frais. Beaucoup de siècles étaient passés depuis et rien n'indiquait que le sang pouvait toujours être extrait.
Hermione s'accroupit près du trou et pointa sa baguette dedans.
"Excerpo sanguis", dit-elle.
Des filaments de lumière sortirent de sa baguette et s'infiltrèrent dans le sol. D'abord il ne se passa rien. Puis doucement, une goutte rouge émergea du sol à l'endroit où un filament s'y enfonçait. Puis une seconde sur un autre filament. Puis une troisième. Goutte à goutte, le trou se remplit lentement de sang épais à l'odeur de rouille. Quand il fut rempli à ras bord, Hermione brisa le sortilège et siphona tout le liquide visqueux dans la flaque à l'aide de sa baguette. Elle remit le bouchon et reboucha le trou d'un coup de baguette. Elle était émerveillée que ça ait fonctionné aussi rapidement.
Avant qu'elle n'ait pu sauter de joie, elle entendit des voix provenant de l'autre côté de la colline - des touristes moldus - et cacha rapidement sa baguette dans sa manche et sa flasque sous son anorak.
C'est à ce moment là qu'un pop retentit derrière elle, suivi d'un "Surprise !" ravi qui la firent sursauter violemment.
"Putain !" s'exclama-elle en voyant que c'était cet indésirable parasite qu'était Malefoy. Comment était-ce seulement possible ? Avait-il deviné où elle allait à Ostara simplement en lisant quelques pages de Révélations ? Très peu probable, mais pas impossible. Avait-il un autre moyen de la localiser que la bague ? Déjà plus probable.
Toujours vêtu de ses sempiternelles robes d'Auror noires, Malefoy regardait autour de lui, observant l'environnement dans lequel il était apparu. Il ne semblait pas savoir où il était, ce qui élimina sa première hypothèse.
"Comment diable peux-tu être ici ?" demanda-t-elle.
"Où sommes-nous ?" demanda Malefoy.
"Comment m'as tu trouvée ?"
"Qu'y a t'il dans ton anorak ?" demanda Malefoy, remarquant le renflement de la flasque.
Hermione resserra son anorak pour s'assurer que la flasque ne dépasserait pas. Par prudence, elle Occluda. Elle n'avait plus aucune confiance en Malefoy après sa récente intrusion dans ses affaires.
"Rien," répondit-elle rageusement. "Voilà - j'ai répondu à l'une de tes questions, maintenant répond à la mienne."
"C'était un mensonge, par contre."
"Hé bien, c'est tout ce que tu obtiendras de moi," dit Hermione. Elle commença à avancer pour descendre de la colline, s'éloignant de Malefoy. "Je ne veux pas te parler."
"Ah oui ? Parce que tu as fait exploser mon Carnet, réquisitionné mon hibou, envoyé une Beuglante et une loutre en colère. Hé - où vas-tu ?"
"Loin de toi," dit Hermione.
Elle se mit à descendre en sautillant, toute encore à la joie d'avoir réussi sa mission du jour. Malefoy était arrivé trop tard pour interférer, elle allait rentrer chez elle à présent - sans Malefoy - et profiter du reste de son jour de repos tranquillement.
"Granger ! Revient," appela Malefoy derrière elle. "On en a pas fini."
Il la poursuivait, entamant lui aussi la descente de la colline.
"J'en ai fini, moi," dit Hermione avec légèreté. "Je ne me prononcerais pas pour toi."
"Tu dois porter la putain de bague," lança t'il dans son dos.
Elle avança, l'ignorant. Qu'il aille au diable avec sa bague. Visiblement il n'en avait pas besoin pour la retrouver de toute façon.
Elle repéra une feuille de Glossamère de Fali et se plia en deux pour la cueillir. Malefoy, entraîné par la pente, évita de justesse de lui rentrer dedans. Elle se releva et brandit la feuille devant le nez de Malefoy. Il était temps de lui donner une petite leçon.
"Qu'est-ce que c'est ?" demanda-elle.
Malefoy examina la feuille. "Une plante."
"De la Glossamère, pour être exacte. Tu sais quelle sorte de Glossamère ?"
"F-F-ranchement, je n'en ai aucune idée," bégaya Malefoy.
Elle n'avait jamais entendu Malefoy bégayer. Elle était certaine qu'il avait failli se trahir en répondant 'Fali'.
"Fali. C'est de la Glossamère de Fali."
"Tant mieux pour Fali."
"Mais tu le savais, parce que tu as lu le livre," dit Hermione, essayant de contenir sa colère.
Malefoy repoussa la plante. Hermione lui tourna le dos et reprit son chemin. Ce crétin entêté n'avouerait jamais. Elle ne voulait plus rien à voir avec lui, qu'il se mette sa fichue bague dans le fondement.
"Enlever la bague ne faisait pas partie de notre arrangement," insista Malefoy. "Tu dois la garder tout le temps. C'est tout le principe."
Hermione virevolta sur elle-même, n'essayant plus de retenir sa colère. "Sais-tu ce qu'il y avait pas non plus dans notre arrangement ?" hurla-elle. "Toi brisant ma confiance et touchant à mes affaires !"
"Je n'ai rien fait à ton livre."
"Tu n'avais pas à le toucher, d'abord ! Ce livre est inestimable !"
Virevoltant de nouveau, Hermione dévala la colline. Elle voulait rejoindre sa voiture au plus vite et planter Malefoy sur la colline. Il n'aurait qu'à pousser là avec les chardons, entre nuisibles.
"Remets cette maudite bague, Granger," dit Malefoy, qui semblait lui aussi sur le point de perdre patience.
"Non, j'en ai assez de ton truc de surveillance."
"Très bien," dit Malefoy d'une forte voix alors qu'elle s'éloignait. "Je dirais à Shacklebolt que je démissionne et il devra te mettre sous réelle surveillance. Avec des Aurors qui vont littéralement te surveiller H24. Chaque mouvement, chaque nouveau flacon que tu utilises dans ton laboratoire, chaque mot que tu écris sur tes ordinateurs !"
Hermione s'arrêta, horrifiée par cette perspective. Elle fit un bruit étranglé. Elle était piégée.
Malefoy la rattrapa d'un pas lourd.
"Main," dit-il.
Résignée, Hermione tendit la main. Malefoy l'attrapa brusquement. Il semblait aussi en colère qu'elle, mais il glissa néanmoins délicatement la bague à son doigt dans un moment de silence qui fut beaucoup moins gênant que la première fois.
"Oh !" dit une voix.
Les randonneurs Moldus qu'Hermione avait entendu un peu avant venaient juste d'apparaître sur le flanc de la colline.
Des exclamations de joie suivirent. "Des fiançailles !" et "Quel couple adorable !" et "Félicitations !" et "Quel merveilleux endroit pour une demande !"
Hermione assassina Malefoy du regard, submergée par une vague de haine la plus pure qu'il ose la mettre dans une telle situation. Puis elle se tourna vers les Moldus et utilisa son ton le plus joyeux - ce qui ne dut pas être convainquant vu sa rage - pour leur répondre avec enthousiasme afin qu'ils passent à autre chose et continuent leur chemin. Malefoy, aussi inutile qu'à l'accoutumée, ne fit rien pour aider.
Les marcheurs reprirent enfin leur route, leur ayant souhaité du bonheur dans leur vie conjugale et ayant donné des conseils niais à Malefoy.
De dépit, Hermione déchira la feuille de Glossamère qu'elle tenait toujours. Aussitôt que les Moldus eurent disparu, elle la jeta au sol.
"Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?" marmonna-elle.
Malefoy eut le bon sens de ne pas répondre. Hermione le vit sortir sa baguette et marcher à la suite des Moldus.
"Qu'est ce que tu fais ?" demanda-elle, alertée.
"Je vais leur lancer un Oubliettes," dit Malefoy.
"Ne fais pas ça," dit Hermione avec véhémence. "Les sorts d'amnésie ne doivent pas être utilisés à la légère."
Elle avait appris durement cette leçon, ayant perdu ses parents à cause d'un sortilège d'amnésie qui avait s'était révélé trop efficace. Elle ne laisserait pas Malefoy endommager la mémoire de ces Moldus par peur de rumeurs idiotes.
"Mais -"
Hermione marcha jusqu'à Malefoy, attrapa sa baguette et la baissa. "Non. Ce n'est pas important. Je te promets que ces Moldus ne vont pas ternir ta réputation et aller rapporter ce - cette soit-disant nouvelle - à la Gazette."
"Je m'en fous," dit Malefoy. "Je pensais que ça te posait un problème. Tu viens juste de me fusiller du regard."
Il avait l'air vraiment sincère, ce qui la prit au dépourvu. Malefoy était de ces personnes qui se souciaient bien trop de leur image, et des rumeurs qui lui prêteraient une relation avec une née-moldue étaient certainement pour lui quelque chose d'indésirable.
"Tu t'en fous ?" demanda-elle, perplexe. "Je pensais que tu t'en soucierais."
"Pourquoi je m'en soucierais ? Ce sont des Moldus."
"Je ne sais pas. Oublie ça. On en a fini avec cet endroit ?"
"En as-tu fini avec cet endroit ?"
"Oui," dit Hermione.
"Alors moi aussi," dit Malefoy.
Hermione termina la descente de la colline, puis passa par un portillon à chicanes pour rejoindre le parking, laissant Malefoy en plan.
Elle s'installa dans sa voiture, démarra rapidement et rejoignit la route de campagne.
ooo
Quelques jours plus tard, après une journée épuisante à Sainte Mangouste où elle avait enchaîné deux gardes pour remplacer son collègue absent, Hermione dormait du sommeil du juste. C'était le milieu de la nuit quand, brusquement, elle fut réveillée par une sensation étrange. Elle sentait un battement de cœur frénétique, un organisme saturé d'adrénaline, mais ça ne venait pas de son propre corps. La sensation était si prégnante qu'elle la prenait à la gorge, lui donnant une impression de danger imminent. Elle mit quelques secondes à se rendre compte de que ça venait de la bague. Ça venait de Malefoy. Il semblait être aux portes de la mort.
Elle se leva immédiatement, faisant voler sa couverture. Elle tendit la main pour attraper à la volée sa baguette, heurtant la lampe et faisant tomber son téléphone au passage.
Sans réfléchir, elle transplana auprès de Malefoy, se laissant guider par la bague. Il devait être blessé, agonisant peut-être. Tout en transplanant, elle prépara un sortilège de Guérison pour pouvoir intervenir au plus vite. Elle arriva au milieu de nulle part, comprit qu'elle était trop loin de Malefoy pour transplaner directement auprès de lui et transplana de nouveau deux autres fois avant de se retrouver sur un terrain de Quidditch. Malefoy était là.
Il avait cependant l'air de se porter comme un charme. Il était sur son balai en tenue de Quidditch et semblait très surpris de la voir. Il vola vers elle et fit halte en vol à sa hauteur.
"Qu'est ce que tu fais là, bordel ?" demanda-il.
Hermione était confuse.
"Je - je t'ai senti -" balbutia-elle, regardant autour d'elle. Elle s'était attendue à une scène de bataille, avec du sang, des blessés, et le contraste avec la tranquillité du domaine du Manoir Malefoy était déroutant. "Ton rythme cardiaque dépassait toutes les limites, ton adrénaline a fait un pic, et c'était horrible, je -"
"Non, c'était dément," corrigea Malefoy, qui semblait avoir été interrompu au milieu d'une séance de vol des plus amusante. Ni blessé, ni agonisant, tout au plus était-il essoufflé.
"Je pensais que tu allais mourir !" s'exclama Hermione, encore au prises avec son propre pic d'adrénaline.
"Attends - comment as-tu pu sentir ? Comment as-tu pu seulement arriver jusqu'ici ?"
"La putain de bague !" dit Hermione, agitant la main portant la bague en question devant le nez de Malefoy.
"Impossible," se moqua-il. "Elle ne marche que dans un sens."
"Alors comment j'ai pu arriver ici, triple idiot?!"
L'argument sembla faire mouche et Malefoy réfléchit un instant. Mais la conclusion de ses réflexions prit Hermione au dépourvu.
"La seule idiote ici est celle qui a enlevé la bague alors qu'elle n'était pas censée le faire et qui a cassé quelque chose. Ces envoûtements sont délicats."
Hermione leva les mains en l'air face à l'absurdité de cette réponse. Evidemment ça allait être de sa faute. La prochaine fois, Malefoy pourrait bien crever, elle resterait dans son lit.
"Je ne suis pas venue ici pour me battre pour savoir qui est le plus gros idiot !"
"C'est toi," dit Malefoy. "Et puisque tu es venue ici en trombe dans ton pyjama pour t'assurer de mon bien-être, je peux te confirmer que je vais bien. Tu peux partir. Je suis sûr que tu as mieux à faire."
Hermione était au bord de l'épuisement, physique comme magique, elle avait froid, ne portant qu'un short et un sweat dans cette nuit de mars, elle était venue uniquement parce qu'elle pensait que Malefoy était sur le point de mourir, et il n'éprouvait pas une once de reconnaissance. Pire, il se moquait d'elle. Elle s'emporta face à cette ingratitude.
"Mieux à faire ? Moi ? Oh, non. Ma vie est une adorable promenade de santé !"
"Granger -"
"J'adore me précipiter sur le terrain de Quidditch au milieu de la nuit ! En mars ! Pieds nus ! Pour échanger des insultes avec ce foutu Drago Malefoy ! J'adore tellement ! J'ai tellement peu de choses à faire, que je réfléchis à me lancer dans le bowling de gazon ! La mise de bateaux en bouteille -!"
Elle fut interrompue par une sensation froide dans son cou. Elle tressaillit en reculant. "Qu'est-ce-"
Malefoy glissa vers elle et tendit un bras, saisissant quelque chose de brillant. Quand il recula, elle reconnut un Vif d'Or.
"J'ai cherché ce salaud toute la nuit."
"Magnifique. T-Tellement contente d'avoir pu aider," dit Hermione, qui sous l'effet du froid et de la fatigue commençait à trembler comme une feuille.
Elle serra les mâchoires, prit une inspiration et se résolut à demander de l'aide à l'Attrapeur idiot absolument pas en danger qui se tenait toujours devant elle sur son balai. "Puisque tu as l'air d'aller très bien, peux-tu me conduire à la Cheminette la plus proche ?"
Malefoy atterrit devant Hermione et sembla prendre la mesure de son état. Elle devait faire peur à voir car elle vit une lueur d'inquiétude dans ses yeux.
"Tu as transplané depuis le putain de Cambridgeshire ?" demanda Malefoy, interloqué.
"J'ai dû le faire en plusieurs f-fois," dit Hermione, réprimant un frisson. "J-j'ai enchaîné deux gardes à Sainte Mangouste ce matin - donc entre ça et le transplanage longue distance, je suis plutôt vidée."
Cette révélation semblait le mettre en colère. Malefoy lança un charme réchauffant sur elle.
"Quel était le plan exactement quand tu serais arrivée pour sauver ma vie avec presque plus aucune réserve magique ?"
Il avait raison, évidemment. Elle avait agi par pur réflexe, ne prenant pas le temps de réfléchir à ce qu'elle faisait. Mais il n'était pas pour autant agréable de se l'entendre reprocher par un parfait imbécile qui ne trouvait rien de mieux à faire de sa nuit que faire des cascades sur des balais.
"J'allais poser un plâtre sur ta blessure," ironisa Hermione, tremblant violemment alors que des vagues de chaleur chassaient le froid de son corps. "L-lâche moi avec ta morale - je n'ai pas réfléchi. Je dormais et d'un coup cette maudite bague me hurlait que tu allais mourir."
"Très bien. Donc j'aurais pu être au milieu d'un duel avec un gang de sorciers maléfiques, et tu décides de te pointer pieds nus, sans magie, en pyjama. Très intelligent."
"C'était un réflexe !" siffla Hermione, agacée qu'il ne lâche pas l'affaire. "Je suis désolée de ne pas m'être arrêtée pour évaluer mes options quand je pensais que tu étais sur le point de mourir ! Je suis une Guérisseuse, il y avait beaucoup de chances que je puisse faire quelque chose pour ta - ta- "
"Ma terrible blessure imaginaire. Bien."
Au grand soulagement d'Hermione, Malefoy sembla mettre le sujet de côté. Il sauta de nouveau sur son balai et s'approcha d'Hermione. "Monte, je vais t'emmener jusqu'au Manoir. Tu peux utiliser la Cheminette de là."
"Non," dit Hermione en reculant. Il était hors de question qu'elle remette les pieds dans un endroit où elle avait été torturée pendant la guerre.
Malefoy, se méprenant visiblement sur les raisons de son refus, leva les yeux au ciel.
"Très bien," dit-il en sautant de son balai et en lui tendant son bras à la place. "Je vais nous faire transplaner jusqu'au Manoir. Allons-y. Tu as l'air prête à t'évanouir."
Hermione recula de nouveau. La seule idée de s'approcher du Manoir la rendait malade.
"Non - pas le Manoir. S'il te plaît. Fais-moi transplaner jusqu'au Swan. J'utiliserai la Cheminette là-bas."
"Qu'est ce qui ne va pas avec ma putain de Cheminette ?" s'emporta Malefoy, ne comprenant toujours pas ses réticences. "Ma mère est en France cette semaine, si c'est ce que tu-"
"Non. Ce n'est pas ta mère. Je ne veux juste - je ne veux juste pas retourner là-bas. D'accord ?" avoua-elle, un peu honteuse. Elle serra ses bras contre elle, luttant contre les larmes.
La colère de Malefoy sembla brusquement disparaître. Il la fixa un instant puis lui offrit de nouveau son bras. "Le Swan, alors."
Elle le prit, sa main se posant sur l'équipement de Quidditch trempé de Malefoy. Elle sentait sa chaleur à travers le tissu et l'odeur de son parfum mêlée à celle de sa transpiration.
Ils transplanèrent dans le vestiaire du Swan, un bar sorcier bruyant qui devait servir de plateforme pour les déplacements en Cheminette du Wiltshire. Les voix des clients du bar grondaient joyeusement à travers les murs. Hermione vit Malefoy jeter un sort de Détourne-regard sur eux, pour ne pas attirer l'attention alors qu'ils sortaient du vestiaire et se dirigeaient vers l'âtre.
Hermione, de plus en plus faible, se trouva incapable de lâcher le bras de Malefoy. Au bord de l'évanouissement, elle s'appuya sur lui pour marcher jusqu'aux flammes. Une part d'elle-même détestait devoir s'en remettre à Malefoy, d'entre tous. L'autre part était trop lasse pour se formaliser d'une telle chose et profitait de son soutien et de sa chaleur, à moitié dans les vapes.
Malefoy jeta une poignée de poudre de Cheminette dans le feu et Hermione dit faiblement "Le Mitre."
"Tu n'as pas la force de transplaner chez toi de là-bas," objecta Malefoy.
"Mon cottage n'est pas relié au réseau de Cheminette. Je vais marcher - c'est seulement à quelques minutes," dit Hermione en se demandant si elle en serait vraiment capable.
Malefoy émit une exclamation incrédule. "Tu as prouvé que tu étais une idiote une fois déjà ce soir, mais je vois que tu veux réitérer. Je viens avec toi."
Hermione ne protesta pas. En vérité, elle était plutôt soulagée qu'il ne l'abandonne pas à moitié inconsciente - même si c'était la faute de Malefoy si elle était dans cet état et qu'il le lui devait bien, mais elle n'avait pas été des plus agréable avec lui ces derniers temps. Ils entrèrent ensemble dans la cheminée, tournoyèrent et furent secoués le long de deux douzaines de cheminées avant d'être éjectés au Mitre.
En sortant de la Cheminette, ils tombèrent tous les deux. Malefoy fut debout en un instant, mais Hermione ne réussit qu'à s'effondrer sur Malefoy en tentant de se relever. Elle sentit son bras passer autour de sa taille et fut entrainée dans la sensation oppressante du transplanage.
Ils arrivèrent dans la cuisine d'Hermione. Elle entendit Pattenrond miauler avec inquiétude. Elle était affaissée contre Malefoy et avait du mal à garder le regard fixe, l'inconscience essayant de la submerger.
"Es-tu toujours avec nous ?" demanda Malefoy, en secouant légèrement Hermione. "Dois-je appeler quelqu'un ? Dois-je t'emmener à Sainte Mangouste ? Dis quelque chose ou je vais devoir envoyer mon Patronus à Potter et déclencher une panique générale."
Cette perspective repoussa la pénombre qui tentait de submerger le champ de vision d'Hermione.
"Ne fais pas ça," dit-elle en tentant de se redresser en s'appuyant sur le bras de Malefoy. "C'est juste - juste un épuisement magique. J'ai passé la moitié de la journée à soigner. Le transplanage longue-distance était - stupide. Donne-moi une potion revigorante - la fiole rouge sur le plan de travail, là."
Hermione fut calée sur une chaise, où elle s'assit avec un soupir. Malefoy fit flotter la fiole en question vers eux et fit sauter son bouchon de cire.
"C'est moi la triple idiote," admit Hermione, avant de descendre l'entièreté de la fiole.
Elle vit une lueur de surprise dans les yeux de Malefoy face à cet aveu. Elle, au moins, savait reconnaître ses torts. Pattenrond tournait autour des pieds d'Hermione, continuant ses miaulements anxieux, demandant en boucle ce qu'il s'était passé.
"Je suis d'accord," dit Malefoy. "Elle a besoin de repos."
"Tu ne le comprends pas," dit Hermione, laissant tomber la fiole vide sur la table. "Arrête de faire semblant."
"Il a dit qu'il y avait un canapé quelque part sous les piles de livres dans la pièce voisine sur lequel tu devrais aller t'allonger."
"Ne touche pas à ces livres," dit Hermione. Même si elle était en voie de le pardonner, le souvenir de l'intrusion de Malefoy était encore trop frais.
Pattenrond poussa un grand gémissement, avançant qu'elle ferait mieux de suivre les conseils du joueur de Quidditch puant et d'aller dormir plutôt que de remettre ça sur le tapis.
"Le lit alors. D'accord," dit Malefoy.
Aussitôt, il glissa une main dans le creux du coude d'Hermione et elle sentit de nouveau la sensation du transplanage, puis celle beaucoup plus agréable de son lit.
Elle regarda Malefoy redresser sa lampe et remettre son téléphone portable sur la table de chevet à l'aide de sa baguette.
Pattenrond, outré d'avoir été oublié dans la cuisine, sauta sur le lit et rejoignit Hermione. Il s'installa contre son aisselle, position optimale pour la réchauffer.
Hermione tira péniblement la couverture sur elle d'une main et caressa la tête de Pattenrond de l'autre. Elle était bien, enfin au chaud, à moitié endormie. Elle avait l'impression de flotter. Pourquoi était-elle fâchée contre Malefoy déjà ?
Malefoy eut soudain l'air gêné. Il fit un pas vers la porte. "Bien. Je vais m'en aller maintenant. Fais attention à ne pas refaire ça à l'avenir."
Il fallait qu'elle lui dise quelque chose avant qu'il parte.
"Je suis désolée," dit Hermione. "D'avoir été si - compliquée. Pour ta maison."
"Je m'en fiche," dit Malefoy. "Ça n'a pas d'importance."
"Je sais que les choses horribles qui s'y sont passées sont de l'histoire ancienne," dit-elle, l'ignorant.
"Tu n'as pas besoin de t'excuser. Dors," dit Malefoy, faisant un pas de plus vers la porte.
"Je sais que ce n'est pas rationnel," dit Hermione. "Mais…"
"Arrête de réfléchir, Granger," dit Malefoy. Il disparut dans le couloir. "Au revoir."
"C'était juste pour utiliser la Cheminette," dit Hermione à voix basse, pour elle-même. "Un peu pathétique, vraiment."
Malefoy réapparut dans la chambre. Il n'avait l'air ni moqueur, ni agacé. "Ce n'est pas pathétique de ne pas vouloir retourner à l'endroit où on a été torturé."
"Mmh" dit vaguement Hermione. Elle n'était pas certaine d'être encore éveillée.
"De toute façon," dit Malefoy, "la plus grosse partie du Manoir a été détruite à la fin de la guerre. Cette moitié de la maison n'existe plus. La salle à manger n'existe plus."
"Elle n'existe plus ?" répéta Hermione.
"Oui. Ce sont juste des jardins maintenant. Des serres. Des fleurs, des plantes médicinales…"
"Quelles plantes ?" demanda Hermione, tentant de s'imaginer un jardin rempli de fleurs et de simples.
Malefoy soupira.
"Je ne sais pas," dit-il. "Ma mère donne les trucs utiles à des apothicaires. Dors."
L'idée plaisait à Hermione, qui y puisa un certain réconfort.
"C'est bien," s'entendit-elle répondre.
"Oui."
"Je suis contente que quelque chose de bien soit sorti d'un…"
"D'un endroit aussi horrible ?" proposa Malefoy
"Oui."
Elle se tut. Elle voyait les fleurs, elle voyait les feuilles danser dans une brise légère. Elle était un oiseau qui voletait d'un buisson à un massif. Elle se posa sur une branche à un endroit où les feuilles laissaient passer un rayon de soleil. Elle étendit ses ailes et se laissa aller dans la douce chaleur. Elle entendait le bruit d'une fontaine, le chant d'autres oiseaux, et un peu plus loin, un chien qui aboyait. Le chien était grand et élancé, ses poils longs et blancs s'agitaient au rythme de sa course.
Un mouvement la ramena à la réalité. Malefoy s'éloignait. Pourquoi s'éloignait-il ? Ils étaient si bien, à profiter du soleil…
"Malefoy ?" appela-elle.
Malefoy lâcha un juron. "Tu es censée dormir."
"Ton Patronus est adorable," dit Hermione, les paupières trop lourdes pour les ouvrir. Elle ne voyait plus Malefoy mais elle sentait sa présence.
"Heu… merci."
"C'est quoi ?"
"Dors, Granger."
"Mais c'est quoi ?"
"Dors."
"C'est une sorte de chien ?"
"Oui. Dors."
"Quelle race ?"
"Un Borzoï."
"Oh, les tsars en avaient des comme ça."
"Oui. Dors, ce n'est pas un quizz de bistrot."
"Il n'est pas très poli, mais il est beau."
"Je m'en vais maintenant," dit Malefoy.
"Sa fourrure semblait si douce…"
Elle était une main, caressant de longs poils blancs, des poils si doux, et si longs. Infiniment longs. Ses doigts couraient dans la douce fourrure, encore et encore. Les poils soyeux l'entourèrent, formant un cocon chaud et confortable. Elle s'y sentait en sécurité. Enfoncée dans ce nid douillet, elle sombra dans l'inconscience.
