Peter Pettigrow découvert ! Sirius Black serait-il innocent ?

Le gros titre de la Gazette du Sorcier entraîna un vent de chuchotements excités dans la Grande Salle le lendemain de la rentrée. Plusieurs têtes se tournaient plus ou moins discrètement envers le petit Poufsouffle brun.

Plus les élèves avançaient dans la lecture de l'article et plus ils semblaient excités. Pettigrow n'avait pas été tué comme on l'avait rapporté des années auparavant, il se cachait sous la forme d'un animal dans une famille sorcière ! Pour préserver sa sécurité, le nom de la famille n'avait pas été révélée mais tous se doutaient d'après la formulation de l'article qu'ils n'étaient pas complices et avaient été profondément choqués en apprenant que l'animal qu'ils avaient hébergé pendant des années était en fait un sorcier sous sa forme d'animagus.

Cela signifiait-il que Sirius Black n'avait pas tué tout ces Moldus ? Avait-il seulement vraiment trahi les Potter ? La Gazette indiquait qu'un procès était prévu dans la semaine pour Pettigrow et, si les révélations de celui-ci en indiquaient la nécessité, la semaine suivante pour Black.

À la table des Poufsouffle, Ron était d'une pâleur inquiétante. Harry lui prit la main sous la table et la serra en geste de soutien.

- Tout va bien aller, Ron.

- Je… Harry… J'ai laissé Croûtard dormir dans mon lit à la maison. Et Percy le faisait aussi. Qui peut dire ce que ce dégénéré a fait pendant qu'on dormait ?

Harry hocha sombrement de la tête. Il s'apprêtait à répondre lorsque quelqu'un lui tapota l'épaule pour attirer son attention. Il reconnu un élève qui était, s'il se rappelait bien (Mais si, j'en suis sûre ~ Charlie) en troisième année. Di… Diag… (Diggory Sérieusement Harry, toi et les prénoms… ~ Gabriel).

- Potter-Peverell, le Directeur m'a demandé de te donner ceci.

Le garçon lui tendit un morceau de parchemin. Après l'avoir remercié, Harry ouvrit le parchemin et lu :

M. Potter-Peverell,

Je vous prie de me retrouver dans mon bureau ce matin après votre petit-déjeuner. Le professeur Chourave vous accompagnera.

Albus Dumbledore.

Harry regarda vers la table professorale et hocha de la tête pour montrer au Directeur qu'il avait bien reçu son message. Il retourna à sa conversation avec son ami, essayant du mieux qu'il le pouvait de lui remonter le moral.

Lorsqu'il eut terminé son petit-déjeuner, il chercha le professeur de Botanique du regard. Elle le regardait, attendant patiemment que son élève finisse de manger. Professeur Chourave lui fit signe de la suivre.

- M. Potter-Peverell, le professeur Dumbledore a plusieurs choses dont il doit discuter avec vous. Il m'a demandé de vous accompagner puisque vous ne savez pas encore où se trouve son bureau.

- Vous savez de quoi le Directeur veut me parler ?

- Je suppose que cela doit avoir un rapport avec l'article de la Gazette de ce matin, M. Potter-Peverell.

Les deux montèrent plusieurs escaliers, passèrent dans plusieurs couloirs. Le professeur regardait avec amusement le garçon dont la tête tournait dans tous les sens.

Ils arrivèrent finalement devant une gargouille qui sembla fasciner le jeune homme. Celui-ci fit un signe devant les yeux de la gargouille.

- Incroyable. Vous saviez que pour les Moldus, les gargouilles sont les gardiennes du Bien, qu'elles éloigneraient les forces du Mal, c'est pour ça qu'ils en mettent sur leurs églises. Il s'agirait aussi d'une créature que Saint Romain aurait vaincu à Paris, en France au VIIe siècle. Certains sorciers français pensent qu'il s'agissait en fait d'un dragon, un Dent-de-Vipère du Pérou d'après les descriptions de l'époque, qui avait élu domicile sur les rives de la Seine, le fleuve qui traverse Paris, et que Saint Romain était en fait un sorcier qui faisait passer sa magie pour des miracles.

- J'ignorais tout ceci, M. Potter-Peverell. Ne faisons pas attendre le Directeur. Chaudron au chocolat.

La gargouille se décala, révélant des escaliers en colimaçon.

Lorsqu'ils arrivèrent à la porte, ils entendirent Dumbledore les inviter à entrer. Dans le bureau directorial se trouvaient déjà les trois autres directeurs de maison, assis sur des fauteuils dépareillés, manifestement conjurés pour l'occasion.

- Ah, M. Potter-Peverell, Pomona, installez-vous. Voulez-vous du thé ?

- Non merci, Albus.

- Non merci, monsieur, je viens de finir mon petit-déjeuner.

- Bien sûr, bien sûr. M. Potter-Peverell, je vais aller au vif du sujet. Le professeur MacGonagall m'a informé que c'est vous qui avez repéré quelque chose d'étrange à propos du rat de votre camarade, M. Weasley ?

Harry fit signe de la tête pour montrer son assentiment. Il expliqua en quelques phrases ce qu'il s'était passé dans le train la veille. Le professeur Chourave fut étonnée du rapport concis que venait de faire son élève.

- Ce sort que vous avez utilisé m'intrigue. J'ai une certaine expérience en magie et je n'ai jamais rencontré un tel sort. Qui vous l'a enseigné ?

- C'est mon gardien qui me l'a appris. Il m'a appris à faire quelques sorts depuis que je suis tout petit. Il m'a interdit d'apprendre ceux que j'allais apprendre à Poudlard, il avait peur que je m'ennuie. Mais ce sort fait partie de ses sorts personnels donc il était sûr que je ne le rencontrerais pas ici.

- Je vois. Sans vouloir me montrer trop curieux, pourriez-vous m'en dire plus ?

- C'est un sort qui montre l'espérance de vie d'un être vivant.

- Vous voulez nous faire croire que vous pouvez déterminer quand décédera quelqu'un ? demanda le professeur de Potions, dubitatif.

- Pas du tout, professeur. Il est rare qu'un être vivant ne meure pas avant la fin de son espérance de vie. Par exemple, si je le faisais sur un bébé, ça montrerait un nombre entre 90 et 150, selon sa génétique, son mode de vie et s'il possède de la magie ou non. Ça ne veut pas dire que ce bébé vivrait jusqu'à cet âge. Il peut très bien avoir un accident dans son enfance comme mes six amis, ou tomber gravement malade à quarante ans ou rencontrer la mauvaise personne au mauvais endroit dans son adolescence.

Les adultes restèrent un instant silencieux. Ce fut Minerva qui le rompit.

- Vos six amis, M. Potter-Peverell ?

- Oui. Les six enfants qu'oncle Vernon a tué, ils sont toujours avez moi maintenant.

- Que voulez-vous dire ?

- Hmm… Mon gardien m'a dit que je pouvais en parler seulement à des gens qui feraient une Promesse magique de n'en parler à personne sans mon accord.

Pesant le pour et le contre, discutant longuement des conséquences possibles d'un tel acte, les professeurs acceptèrent un par un, le professeur Snape en dernier, de faire une Promesse. Ce fut seulement une fois toutes les Promesses faites qu'Harry reprit la parole.

- Quand oncle Vernon a foncé sur moi avec sa voiture, il a tué sept enfants.

- Sept ?

- Oui, sept. Cassidy, Gabriel, Susie, Fritz, Charlotte, Jeremy et moi.

- Vous ? Mais comment… mais…

- C'est là que mon gardien intervient. Saviez-vous que les Potter étaient les derniers descendants de la famille Peverell ?

- Oui, bien sûr.

- Connaissez-vous l'histoire de cette famille ?

- Peu de choses sont connues, les Peverell étaient une famille qui gardait ses secrets, répondit le professeur Flitwick. Il est supposé que les trois frères du conte de Beedle le barde étaient Antioch, Cadmus et Ignotus Peverell.

- Oh, ça n'est pas que supposé, c'est un fait avéré. Les Potter sont des descendants d'Ignotus qui a obtenu la Cape d'Invisibilité. D'ailleurs, Directeur, j'aimerais assez récupérer la Cape, s'il vous plaît.

- Oh ! Oui, bien sûr, mon garçon ! Je pensais vous la donner à Noël. James me l'avait confiée peu de temps avant… avant.

- Albus ! s'insurgea professeur Chourave. On ne donne pas en cadeau de Noël quelque chose qui appartient déjà à son destinataire !

Honteusement, le Directeur se dirigea vers ses quartiers dont il sortit avec une magnifique cape argentée aussi fluide que de l'eau.

- Je vous remercie, dit Harry avant de plier la Cape et de la ranger dans la poche de sa robe. Donc, je disais… Ah, oui. Donc les trois frères étaient bien des Peverell. Là où l'histoire dévie de la réalité, c'est qu'Ignotus était devenu ami avec la Mort. Et elle a décidé de bénir la famille. Les Peverell sont devenus de puissants nécromanciens, utilisant leurs dons pour apporter la paix aux souffrants et aux familles endeuillées. Car la nécromancie, c'est pas néfaste comme certains veulent le faire croire. C'est pas ressusciter les morts pour en faire une armée ou je ne sais quoi.

- Venez en au fait, Potter-Peverell, nous n'avons pas toute la journée.

- Severus, un peu de patience, réprimanda le professeur MacGonagall.

- Pardon, professeur. Je sais que je suis trop bavard. Alors, donc je suis mort avec six autres enfants. Comme vous le savez sûrement, sept est un nombre avec une grande puissance magique. Et comme j'ai le sang des Peverell, la Mort a réussit à faire en sorte que je vive. Le hic, c'est que pour faire ça, mon âme a absorbé celles des autres enfants. Je reste l'âme principale mais j'ai toujours mes six amis avec moi. On s'entend très bien mais ils sont bruyants des fois, ils veulent pas toujours voir la même chose en même temps.

- Incroyable, souffla Dumbledore.

- Oh, d'ailleurs, lorsque j'ai absorbé les âmes de mes amis, mon gardien a trouvé un parasite sur mon âme. Un tout petit morceau d'âme qui s'était collé à mon corps.

- Comment ?

Harry haussa des épaules. Son gardien n'avait pas expliqué la présence de ce parasite et il n'avait pas cherché à en savoir plus.

- Aucune idée. Juste que c'était sur mon front.

Les adultes pâlirent. Les implications de cette information étaient terrifiantes. Car les cinq adultes conclurent rapidement à qui appartenait ce morceau d'âme. Dumbledore et Snape échangèrent un sombre regard. Ils avaient déjà discutés des manières que pouvait avoir utilisé Voldemort pour garantir sa survie.

- Harry, intervint le professeur Chourave qui voulait changer de sujet, pouvez-vous nous donner le nom de votre gardien ?

- Oh, il en a plein plein plein ! Yama, Pluton, Hadès, Anubis, Mactlantecuhtli…

- Potter, vous voulez nous faire croire que votre gardien est la mort elle-même ? accusa le professeur de Potions, irrité.

- C'est ça. Mais il a pris forme humaine pour s'occuper de moi. Oh, ne vous inquiétez pas, il peut exister partout à la fois donc ça ne change rien pour le cours naturel de la vie.

Un long silence se fit, les adultes regardant l'enfant avec consternation et incrédulité. Cette fois, ce fut le professeur de Sortilèges qui le rompit.

- Je suis curieux. Pourriez-vous nous montrer le sort que vous avez utilisé sur le rat de M. Weasley ?

- Avec plaisir ! Sur quoi je dois le faire ?

- Je me porte volontaire, proposa Dumbledore.

Harry se leva et sortit sa baguette. Il fit un geste de vague en direction du Directeur et une vapeur blanche apparut au-dessus de lui. Peu à peu, la vapeur prit la forme d'un deux et d'un quatre.

- Vingt-quatre ans ? Par Merlin, je m'avoue surpris, je ne pensais pas avoir la possibilité de vivre si longtemps. Par pure curiosité, que pensez-vous que votre sort révélerait si vous le lanciez sur Fumseck ?

- Fumseck ?

Dumbledore pointa du doigt un magnifique oiseau rouge et or donc les rectrices semblaient se mouvoir dans un courant d'air pourtant inexistant qui regardait attentivement la scène de son perchoir. Il chanta une douce mélodie comme pour saluer le garçon.

- Oh, un phénix ! Il est sublime ! Mon gardien adore ces oiseaux-là ! Vous saviez que c'est Hérodote qui a été le premier à appeler ces oiseaux « phénix » ? Chez les égyptiens, ils était appelés benou et était considérés comme les manifestations des dieux solaires.

Fumseck émit un chant saccadé ressemblant à un rire, faisant sourire involontairement les humains qui le regardaient.

- Je n'ai jamais essayé le sort sur un phénix. Voyons voir ce que ça va donner.

Harry fit une vague de sa baguette en direction de l'oiseau. À nouveau, une vapeur blanche apparut au-dessus de celui-ci. Cependant, dès qu'elle commençait à prendre la forme d'un chiffre, celui-ci devenait vapeur avant de tenter un nouveau chiffre. Au bout de quelques essais, la vapeur disparut complètement.

- Intéressant.

- En effet, mon garçon. Je voudrais à présent te parler d'autre chose. Comme tu as pu le lire dans le journal ce matin, la découverte de Peter Pettigrow va sans nul doute entraîner le procès de Sirius Black.

- Je sais. Sirius Black est mon parrain, d'après ce que m'a dit mon gardien. D'ailleurs, mon gardien aime bien Black à cause de sa forme animagus.

Le professeur de Métamorphose émit un son ressemblant à un couinement de souris.

- Animagus ? Non seulement Peter en est un mais aussi Sirius ?

- Oui, c'est un sinistros. Et mon papa était un cerf.

- Tous les trois ? Comment est-ce possible ?

- Je ne sais pas, c'est mon gardien qui m'a dit tout ça, il m'en a pas dit plus. Pour ce qui est de Black, mon gardien m'a dit qu'il n'aurait jamais dû être enfermé en prison mais qu'il ne pouvait rien faire pour le sortir de là. Mais ça ne changera pas grand-chose pour moi, de toute façon.

- Harry, Sirius est votre parrain. Il peut demander votre garde s'il est libéré.

- Nope. Mon gardien m'a officiellement adopté quand j'ai fêté mon quatrième anniversaire. Il est Lord Peverell quand il n'y a pas d'homme vivant portant ce nom. Il a ma garde. En plus, les détraqueurs ont dû abîmer l'esprit de Black. Mon gardien déteste les détraqueurs.

- Étonnant, il m'aurait semblé que la Mort apprécie ces créatures, commenta le professeur Snape.

- Nan, il dit que c'est super pénible de récupérer les âmes une fois qu'elles sont passées par un détraqueur. Il lui faut des fois un siècle avant qu'il réussisse à en récupérer une et elles sont dans un sale état.

- Et bien… Mon garçon, je vous remercie d'avoir bien voulu parler avec nous. Vous nous avez donné matière à réfléchir. Peut-être pourrions-nous reprendre cette conversation plus tard, je viens de voir que l'heure du déjeuner approche.

- D'accord, monsieur. J'ai une faim de loup ! Au revoir, professeurs ! Au revoir Fumseck !

Les adultes regardèrent l'enfant quitter le bureau d'un air joyeux.

- Albus… Je… Cette conversation a été… surréaliste.

- Je suis d'accord, Minerva. Je ne sais pas à quoi penser en premier.

- Le fait qu'il y ait sept âmes qui partagent un corps ? proposa Filius.

- Je pense que le fait que le fils de Lily et Potter soit mort à trois ans et demi puis ait été élevé par la Mort elle-même ?

- Et pourquoi pas le fait étonnant qu'il semble plutôt sain d'esprit après ce qui lui est arrivé et malgré le fait que six enfants sont en permanence dans sa tête ? Va-t-il devoir vivre ainsi toute sa vie ? s'inquiéta Pomona.

- Vous avez tous raison. Cependant, ce qui m'inquiète le plus, c'est le fait qu'un morceau de l'âme de Voldemort se soit attaché à lui après qu'il ait survécu au sortilège de Mort.

- Vous pensez vraiment qu'il s'agissait de Voldemort, Albus ?

- Qui d'autre, Minerva, qui d'autre ?