Le pinceau glissait lentement sur la peau du chasseur.
La première fois que Boya avait vu les sorts instillé directement sous la peau du nordiste, il les avait activés pour sauver la Princesse. Sur le moment, Boya n'avait pas vraiment compris ce qu'il avait vu. Des sorts ? Comment était-ce possible ?
Après avoir rencontré et appris à connaitre les shishen de QingMing, Boya n'était plus vraiment étonné. Kuang HuaShi lui avait expliqué ce qu'étaient ces sorts. Tous étaient des sigils de protection, de purification et de renforcement. Il les avait gravé sur la peau, dans les muscles et sur les os de l'enfant, puis de l'adolescent au court de sa croissance. Il avait profité de toutes les occasions pour accéder à tout ce qu'il pouvait. Une fracture ouverte ? Qu'on lui laisse un instant pour graver ses os. Une plaie ouverte dans le ventre ? Il avait pu peindre des sigils sur ses intestins, son foie et sa rate. Avec les années, le demi-démon s'était volontairement ouvert sous surveillance de MiChong pour laisser Kuang HuaShi continuer son patient travail. Il n'avait pas finit évidemment. Il y avait des endroits qu'il ne pourrait malheureusement jamais peindre. Il était difficile de marquer un cœur battant ou un crane.
Enfin, directement. Avec les années, Kuang HuaShi avait découvert qu'il était possible d'utiliser de l'encre sur la peau, de la charger en qi et de la propulser sur les os ou les organes. C'était un peu comme les marquer au fer rouge de l'extérieur, c'était affreusement douloureux pour un quidam, mais rien d'insurmontable pour un cultivateur en méditation. Ce qui expliquait pourquoi Boya était allongé de tout son long, nu, sur la terrasse de la Maison du lac avec QingMing près de lui pour monitorer son état pendant que Kuang HuaShi peignait son corps des même sigils qu'il avait tracé pendant des années sur la peau de QingMing. Il avait fallut les adapter bien sur. Il fallait laisser la place à Zhuque. Le dieu gardien avait prit possession de Boya et ne comptait pas l'abandonner. Une bonne partie de ses os et de ses organes étaient déjà marqués par la bête divine. Kuang HuaShi avait peu d'espace pour travailler, mais assez pour des protections aussi basiques qu'efficaces.
QingMing se passa la langue sur les lèvres. Les sorts s'entrelaçaient lentement sur la peau de son ami.
L'un après l'autre, ils traçaient une mosaïque sans fin partout où ils le pouvaient. Résistance au poison, à la possession, au ressentiment, au feu, au froid... L'un après l'autre, les sigils apparaissaient sur sa peau avant d'y bruler et de s'enfoncer lentement dans ses chairs pour laisser des plaies qui auraient été horribles si elles n'avaient pas été faite avec du qi. Dès que le sort était intégré à sa place, la plaie se refermait lentement pour laisser aucune cicatrice.
Kuang HuaShi claqua de la langue lorsque sa tentative de tracer ses sigils sur les plantes des pieds de Boya se soldèrent par un coup de pied reflexe dans la mâchoire. Sha ShengShi verrouilla les jambes du chasseur en place pour que l'esprit fasse son travail. Boya se tortillait quand même malgré sa méditation. QingMing avait eut les mêmes reflexes.
Il finit au bout de plusieurs heures par se redresser pour juger son travail. Il ne restait plus de l'encre que sur ses genoux, ses jambes et ses pieds. Elle fut a son tour lentement absorbée, remplacée par des plaies béantes qui se refermèrent à leur tour. QingMing eut un sourire.
Son ami était protégé.
