Salut à tous et à toutes !
Nous voilà de retour pour une nouvelle fanfiction dans l'univers HP à une époque qu'on a peu traitée : celle d'après la guerre de Poudlard. On voulait creuser un peu l'ambiance post-déchirement du monde sorcier ! La fic est basée sur un mystère, des tensions entre maisons mais aussi et toujours l'amour et l'amitié. Et pour pimenter le tout, une grande partie des personnages sont issus de l'univers de Jane Austen (dont nos héroïnes !), on vous laisse deviner de quel livre héhéhé. Un combo parfait pour une lecture originale !
Pour les nouveaux ou nouvelles, on est deux à écrire P'tite Yume (alias Lou) pour les chapitre impaires de Frédérika et Cloclosorcièremégalo (alias Clo) pour les chapitres paires de Catherine.
Bonne lecture !
Chapitre 1
Frederika Vernon est un prénom rude et fier plus fait pour les aventures romanesques et trépidantes que pour la fille timide de dix sept ans que je suis. Mes parents l'ont choisi avec amour.
Mon père mort depuis déjà dix ans a fait fortune à la bourse. Ma mère si elle a l'esprit d'une coquette gère notre fortune avec plus de discernement que les associés de mon père ne lui ont accordé au premier abord. Je viens confortablement dans une maison du quartier de Kensington à Londres. Cette année la bonne société anglaise a daigné me faire parvenir un carton d'invitation pour le bal des débutantes. Ma mère a été aussi enthousiaste que j'ai été tétanisée. Être le centre d'attention de toute les mondaines de Londres et de leurs fils, devoir intégrer la compétition de leurs filles en quête d'un bon parti comme on l'aurait fait au siècle dernier… Un cauchemar. Notre statut social le demanderait bien entendu mais je ne peux pas. C'est de l'ingratitude pour certains, de l'arrogance pour d'autres. Peu importe, je ne suis pas vraiment faite pour le monde des courtoisies et de l'élégance.
Tout d'abord parce que pour l'élégance, il faudra la redéfinir en ce qui me concerne. Je suis petite er effacée, du moins au regard de ma filiation. Du haut de mon un mètre soixante six je fais office de la naine de la famille. De plus je suis un peu empotée, très gauche et d'une timidité qui me dévore les entrailles à chaque rencontre avec un étranger. Je ne suis pas d'une grande finesse non plus dans mes manières puisque bien souvent incapable d'aligner trois mots à des inconnus qu'ils soit ou non intimidants. Je ne suis pas vilaine, et même très jolie si on en croit ma mère. « Tu as les traits fins et délicats liefje, crois en ton charme ! ». Y croire est une chose, réussir à le mettre en avant et à en user en est une autre. Sur ce point, je suis lamentable il faut bien le reconnaître. Malgré tous mes efforts pour avoir des cheveux propres, bien coiffés je finis toujours pas m'en servir pour cacher derrière. Heureusement ils sont d'une très belle couleur. Auburn. En tout cas plus beau que mes yeux d'un marron très ordinaire. Je ne m'assume pas me direz-vous, je devrais prendre conscience de mes atouts, me conseillez-vous. Et vous auriez surement raison. Si ce n'est que je suis tétanisée devant cet objectif quand je me compare à la si belle et si pleine d'assurance Susan Collper. Et pourquoi elle parmi toutes les autres ?
Après tout, d'autres ont de plus beaux yeux que les siens gris, ou des cheveux d'une couleur plus lumineuse que son noir corbeau. Surement parce qu'elle est la petite amie de Réginald de Courcy. Tout le drame de ma vie et ma gaucherie atteint son paroxysme avec lui. Vous l'aurez sans doute compris, Réginald est le garçon dont je suis désespérément amoureuse – et sans retour – depuis tellement de temps que s'en devient pathétique de le dater.
Maintenant que j'ai planté le décor, autant vous expliquer ce par quoi je comptais commencer. J'ai enfin décidé de faire quelque chose pour mes sentiments envers lui, Susan Collper ou non. Ne nous emballons pas, je n'ai pas soudainement décidé de me couper les cheveux pour me donner un air mutin comme me le répète ma mère. Ni de me les teindre, ni de me transformer en femme fatale. L'idée elle-même est carrément ridicule. J'ai décidé de me déclarer, moi Frederika Vernon. La fille si timide que personne n'ose l'attaquer de peur de s'attirer les foudres de l'école entière pour s'en être pris à quelqu'un d'aussi « inoffensif et gentil ». Oui, je renvoie malgré moi l'image d'une fille fragile que la moindre attaque briserait. C'est dire ma consternation, on me croit beaucoup plus délicate que je ne le suis. Ce n'est pas parce que je suis incapable de ne pas rougir que je suis incapable de ne pas m'énerver ou me venger. Je vous l'accorde, ça n'est pas arrivé depuis longtemps.
Bref, j'ai donc décidé de me déclarer. Cet été m'a fait prendre conscience que si je voulais ne serais-ce que commencer le deuil de cet amour à sens unique il allait falloir me déclarer. Je n'ai aucun espoir de le voir avoir la soudaine révélation, comme à la fin du roman ; c'est elle, la fille la plus extraordinaire et adorable, c'est elle dont je suis amoureux depuis toujours ! Cependant, je pense qu'un rejet ne peut que m'obliger à arrêter de l'aimer ou du moins à mettre fin aux maigres espoirs que les souvenirs d'une conversation en cours de potion et qu'une danse à la fête de fin d'année – sur un gage… - ravivent douloureusement. Oui il est temps pour moi d'assumer mes sentiments et la passion incontestée et contestable que j'ai pour les lèvres de Réginald de Courcy. Qui ne doit même pas se souvenir de mon prénom.
D'aucun y verront un acte de courage, je crois pour ma part que c'est juste un moyen de réussir à enfin trouver l'amour. De me laisser la chance de regarder quelqu'un d'autre. Parce que oui, je crois à l'amour. Je crois à ces scènes tendres et discrètes qu'on peut voir se dérouler de derrière la fenêtre dans Hyde Park. Je crois aux romances et aux fins heureuses. Même si je suis assez pragmatique pour savoir que les filles timides comme moi, vers qui se tourne le héros soudainement frappé un matin par la grâce de l'héroïne, tel Newton et sa pomme, ça existent pas. Héroïne qui n'aura eu qu'a mené sa petite vie bien rangée pour récupérer le garçon de ses rêves en plus… Non, je sais pertinemment que ne rien faire ne vous apporte rien. Rien du tout. Je suis bien placée pour le savoir, je n'ai jamais rien fait et n'ai pas eu la moindre attention de Réginald autre qu'un amical salut dans le couloir depuis la sixième année où nous avons dû travailler ensemble en métamorphose. Alors il faut agir, d'où cette résolution. Je vais agir sur un terrain où je suis mon avantage, c'est-à-dire pas en face-à-face. Je crains que je ne fasse une syncope avant même d'avoir pu dire le moindre mot si j'étais en face de lui pour lui déclarer ma flamme. J'ai donc décidé d'écrire une lettre. Je glisse ma main dans ma poche, avec l'impression que le papier me brûle les doigts.
Cher Réginald,
Tu dois surement te douter de pourquoi tu reçois une lettre anonyme. Tu vas peut-être trouvé ça gamin ou alors vieux jeux. Peut-être que tu vas rire. Ou la jeter. Tu feras comme tu veux. Je sais que je n'aurais pas été capable de te le dire en face alors voilà : je suis amoureuse de toi. Je ne sais pas trop comment on doit écrire des déclarations d'amour... Je sais que tu as une petite amie, je sais que tu ne peux pas m'aimer parce que tu ne sais même pas qui je suis. Mais c'est mieux comme ça. Je n'attends même pas de réponse. Je tenais juste à te faire part de mes sentiments, que tu saches que quelqu'un, que tu ne remarqueras probablement jamais, t'aime.
Pas de signature, ni rien de tout ça. Je connais par cœur tous les mots, tous les brouillons aussi. J'avais peur de paraître trop désespérée, trop insistante ou puérile. Peur qu'il pense que c'est un canular ou ce genre de chose. Ou pire, une fanatique. Je n'ai pas dit les trois quarts des choses que j'aurais aimé lui dire. Combien j'aime la façon qu'il a de toujours voir les choses du bon côté. Son air sociable et affable alors qu'il est quelqu'un de méfiant qui n'accorde pas facilement sa confiance. La façon qu'il a d'être toujours convaincu de ses opinions même si elles sont discutables. La façon dont il s'emporte trop vite. Et son sourire dans ses yeux bleus quand il se moque de l'équipe de Quidditch de Pouffsouffle. La façon dont ces cheveux bruns bouclent légèrement me donnant toujours l'envie d'y glisser mes doigts. Envie qui me fait toujours devenir si rouge qu'on croirait que j'ai une bouffée de chaleur.
Je suis déçue de cette lettre, elle est froide et calme. Guindée. Elle ne reflète rien du tout. Je crois que je suis timide aussi par écrit.
« Alors ? me souffle Marianne, tu l'as envoyée ?
- Non, murmuré-je. Pas encore.
- Tu devrais y aller avant le dîner, ya jamais personne à la volière ! conseille-t-elle. »
J'hoche la tête. Marianne Dashwood est une de mes plus proches amies. Comme moi, elle partage un esprit romantique même si le sien est aussi romanesque que le mien est pragmatique. Elle est persuadée que les déclarations par lettre sont les choses plus romantiques et adorables qui puissent exister et reste persuadée que j'ai mes chances. Parce que Marianne elle est comme ça, elle ne perd jamais espoir. Il faut dire qu'elle a de quoi croire en l'amour, elle a eu le coup de foudre pour George Willoughby et une semaine plus tard ils sortaient ensemble. Au grand désespoir de Christopher Brandon qu'elle a rejeté en prétextant qu'il n'était pas son type. Oui ça peut paraître froid et cruel mais au moins, il ne peut pas se faire d'illusions. Marianne est une fille tellement belle et énergique que j'en suis parfois envieuse. Elle est grande, élancée. Et a de longs cheveux blonds foncés bouclés et des yeux très bleus. Et elle sort avec un garçon qui passe pour irrésistible. Un vrai roman à la Jane Austen en définitive. Et si elle y a eu droit, pourquoi pas moi ?
« Tu as raison, disé-je gênée, je… je vais y aller alors.
- Oui ! Vas-y ! sourit-elle excitée, t'inquiète, il peut rien t'arriver. L'anonymat c'est libérateur !
- Oh… ça je n'en sais rien tu sais…
- Allez, file ! me pousse-t-elle un peu, on se voit à table ! »
Sa cascade de boucles tressautant sur son dos, je la regarde s'éloigner avant de prendre une grande inspiration et de me diriger vers la volière. Et tout en marchant je sens tout mon courage s'effriter. Qu'ai-je besoin de me déclarer ? C'est ridicule ! Je me sens mal à l'idée de divulguer enfin ce secret. Et s'il le disait à tout le monde ? Si l'école se moquait de cette lettre stupide ? Et si on découvrait que c'est moi ? Le sang me monte au visage et mes mains se mettent à trembler. J'arrive devant la volière complètement désemparée.
Je suis prise de panique en entendant des bruits de pas dans le couloir. Comme si j'allais commettre un crime je n'ai pas le temps de filer que déboule alors devant moi ma meilleure amie. Catherine Morland.
« Freddy ! T'es là ! s'écrit-elle ravie avant de froncer les sourcils, ben… qu'est-ce que tu fais plantée là ?
- Ben… je sais pas trop si… marmonné-je en tripotant la lettre.
- Pas trop quoi ? demande-t-elle avec son fameux air curieux. »
Catherine est probablement la personne la plus curieuse que je connaisse, toujours à essayer de mettre son nez dans les affaires des autres. Toujours à essayer de découvrir les histoires les plus sordides que renferment les murs de Poudlard. A s'imaginer les meurtres les plus macabres et les passions les plus morbides. Et pourtant au premier abord, on ne dirait pas. Elle a une petite bouille ronde encadrée par une chevelure brune ondulée et un air naïf dans ses yeux d'un brun vif. Mais il ne faut pas se fier à son apparence, elle est loin d'être l'innocence même ! Elle emporte toujours avec elle des romans d'horreurs que je ne lirais pas, même pendant la journée !
« C'est peut être pas une bonne idée…
- Ça tu peux pas savoir si tu essaie pas et ça coûte rien, fait-elle avec un sourire, il saura pas que c'est toi en plus !
- Oui c'est vrai…
- Allez, on y va ! »
Elle attrape mon bras et ouvre la porte de la volière. Je perds rien, elle a raison. Ça ne peut que me soulager. Et puis… il n'en saura jamais rien. Je prends une nouvelle inspiration et cherche ma chouette rousse tandis que Cath se poste à la porte pour « surveiller si quelqu'un arrive ! ». Je pose la lettre devant l'oiseau, Hildegarde. Oui drôle de nom, moi ça me fait rire ! Elle me fixe sans broncher, avec gravité comme si elle savait pertinemment de quoi il en retourne.
« Fais gaffe Fred, elle veut peut être te crever les yeux pour te sortir le cerveau par les orbites et gober ton…, s'emballe soudain ma meilleure amie.
- Merci Cath, rié-je, comme si j'étais pas assez mal à l'aise ! »
Je ne prends même pas le temps d'avoir des remords et une fois la lettre déposée je tourne brutalement les talons et m'éloigne comme si j'avais Peeves à mes trousses. Je sens monter la bouffée de chaleur deux intersections plus loin et plaque mes mains sur mon visage. Je l'ai fait ! Je l'ai fait !
« Une bonne chose de faite ! approuve Cath en me rejoignant et glissant son bras autour du mien, on va manger !
- Ne perdons pas les choses essentielles de vue, sourié-je en retrouvant mon calme.
- Ben oui hein, fait-elle avec un clin d'œil, ya du pudding ce soir ! »
L'éclat de mon rire couvre alors les battements frénétiques de mon cœur. Et je me dis finalement que ce que je croyais être une erreur monumentale du Choixpeau, m'envoyer à Gryffondor, n'est peut-être pas si stupide que ça. Je me souviens que j'avais été tellement terrorisée de ne pas être à Poufsouffle comme Catherine que j'avais rencontré dans le train alors qu'elle lisait avec avidité Les Pendus de Downton Abbey. J'ai mis du temps, presque trois semaines, à adresser deux mots aux filles de mon dortoir. Je me souviens avoir pleuré le soir dans mon lit. Pas vraiment l'attitude d'une Gryffondor me direz-vous. Ça aurait dû être Cath la Gryffondor, elle qui est née-moldue et qui trépignait dans le train de découvrir un château avec des fantômes alors que j'étais tétanisée à l'idée d'être entourée de parfaits inconnus. Heureusement de sa voix candide et enjouée elle m'a tout de suite mise à l'aise. Elle est adorable, bien qu'un peu naïve parfois… C'est pourquoi je me fais un devoir de la protéger, avec mes propres moyens évidemment. Qu'on ne s'attende pas à me voir me lever de ma chaise et insulter John Thorpes de mufle brutal et écervelé. L'envie ne m'en manque pas soit dit en passant vue la façon dont il s'empresse autour d'elle avec toute la délicatesse d'un phacochère. Mais voilà, je suis irrécupérable de gaucherie, de maladresse et de timidité. Je la protège donc en l'encourageant à se méfier et en déjouant toutes ses tentatives indiscrètes de la mettre dans son lit. Oui vraiment, c'est un mufle de la pire espèce.
Cath rirait si elle m'entendait l'insulter ainsi, elle trouve toujours très drôle mes expressions vieillottes ou de la façon dont je parle parfois. C'est l'éducation anglaise de ma mère je suppose, qui a toujours voulu qu'on s'intègre bien dans la bonne société à commencer par parler comme eux. Et bien que j'ai résisté, certaines choses désuètes sont restées.
« J'ai commencé Midi à Paris hier, s'enthousiasme Cath avec un air fasciné, c'est l'histoire d'une fille qui s'est faite violée dans une rue à côté de Pigalle parce qu'on l'a pris pour une prostituée et en fait… »
J'espère juste qu'il ne va pas le répéter et la faire lire à tout le monde.
« Bien sûr que non Fred, il est pas comme ça ! Promis ! »
Je souris tendrement à Cath, elle est très ingénue et a une imagination débordante. Même si elle n'est pas foncièrement romantique, elle croit en mes chances. Je ne lui ai pas dit que j'attendais un refus sec pour justement passer à autre chose. Elle serait trop déçue que je renonce. Je serre doucement sa main en arrivant devant la Grande Salle.
« A tout à l'heure. »
OoOoOo
« A tout à l'heure mon cœur ! susurre Marianne. »
Muette comme une carpe, je laisse mes yeux dériver le long du mur en pierres, essayant d'ignorer les roucoulements de Marianne accrochée à George, le fameux petit ami. Marianne n'est pas quelqu'un de discret, quand elle aime c'est haut et fort, quand elle déteste c'est encore plus haut et encore plus fort. Elle ne supporte pas l'hypocrisie et la tiédeur des sentiments, persuadée qu'un amour c'est passionné. C'est enflammé. C'est une tirade de Shakespeare, bien qu'elle n'ait jamais lu de Shakespeare. Et Willoughby est exactement le genre de garçons qu'elle imagine dans le rôle de son premier et dernier amour – pour elle il n'y a qu'un grand amour dans une vie -. Il est beau, grand, brun avec des yeux très noirs et une aisance dans tout ce qu'il fait. Il a même une aura d'un interdit séduisant en étant un sang-pur de Serpentard. Bien qu'il soit un médiocre joueur de Quidditch reconnaissons-le. Christopher Brandon de Serdaigle n'avait pas la moindre chance, il n'est pas ce qu'on pourrait appeler beau. Il n'est pas expansif ni démonstratif. Et bien qu'avec Marianne il partage une passion incontestée pour le piano et Chopin, je crois que leurs points communs s'arrêtent là. J'ai eu de la peine pour lui lorsqu'elle l'a rejeté, parce que j'aime vraiment Chris. On peut toujours compter sur lui, c'est quelqu'un de droit et loyal. Un vrai gentleman comme on n'en fait plus depuis un siècle.
Encore un baiser déchirant, comme s'ils allaient se quitter pour des années. Je rougis un peu de devoir assister à tant d'effusions et baisse les yeux au sol.
« Salut Fred ! me lance George. »
J'hoche à peine la tête. Tiens il semble avoir enfin pris connaissance de ma présence, quel exploit ! Marianne affiche un sourire extatique sur ses lèvres rouges et gonflées. Ils sortent ensemble depuis à peine un mois. Dans un grand éclat de rire elle s'empare de mon bras et nous entraîne jusqu'au cachot pour le cours de Potions avec Slughorn.
« Alalala il est juste merveilleux ! Tu trouves pas Fred ? soupire-t-elle. Qu'est-ce qu'il est beau… Merlin ! Il est si drôle ! »
Pas vraiment à mon humble avis, il se croit surtout très drôle. Et irrésistible. Elle trouve ça charmant.
« Bien ! Tout le monde est là ? demande Slughorn dans son éternel robe vert bouteille. On va pouvoir commencer ! Tout d'abord je vais faire des groupes... »
Voilà le moment tant redouté. J'en ai des sueurs froides et les mains moites à l'idée de devoir être partenaire avec quelqu'un que je ne connais pas. Les deux premières années j'ai été avec Cath, puis avec Chris, puis avec Caroline Bingley une fille de Serpentard qui n'a pas arrêté de flirter avec Réginald. Une année horrible que cette année de quatrième. Puis j'ai encore eu droit à Chris à mon plus grand soulagement. Heureusement, le pire ne peut advenir. Je ne serais pas la partenaire de potion de Réginald, il est aussi à Gryffondor. Rien que l'idée d'être à côté de lui quatre heures par semaine me tétanise sur place. Me donne des bouffées de chaleur et fait s'affoler mon rythme cardiaque. Je n'y survivrai pas, du moins mes nerfs n'y survivraient pas. Je n'ose même pas jeter un coup d'œil dans sa direction, trop anxieuse de savoir si sur son visage on peut lire sa réaction après avoir lu ma lettre. S'il l'a lu… Oh j'ai tellement honte de moi, quelle godiche vraiment de s'être entichée d'un garçon et à faire autant d'histoires. Je suis tellement risible et timide. C'est fatiguant.
« Morland James et Thorpes John. »
Au moins, j'ai la conscience tranquille de savoir que Catherine ne sera pas entre les mains irrespectueuses et baladeuses de ce mufle.
« Dashwood Marianne et Fanny Price, De Courcy Réginald et Morland Catherine, Smith Hariet et Rochester Edward, Vernon Frederika et Tilney Henry et enfin pour finir…»
Je pousse un soupir de soulagement. Essuie discrètement mes mains moites sur ma robe de sorcière avant de prendre mes affaires pour m'avancer vers Henry Tilney et son sourire. Je lui envoie un petit sourire discret, soulagée de me retrouver avec quelqu'un que je connais assez bien. Tout le monde connaît assez bien Henry Tilney à vrai dire. C'est l'un des garçons les plus populaires de l'école, pas pour son apparence en plus, parce qu'il n'est pas un canon de beauté soyons clairs, mais parce que c'est un vrai clown. Il est toujours à faire rire la galerie et à s'amuser. Même les profs l'adorent, parce qu'il n'est jamais collé, il ne fait jamais de blagues de mauvais goût ou rien. Il n'est pas préfet ni capitaine de son équipe parce qu'on lui reproche souvent son manque de sérieux mais il est un bon élève et poursuiveur pour l'équipe de Poufsouffle. Je ne lui connais aucun ennemi, mis à part John Thorpes qui n'aime pas trop le fait qu'il s'amuse à faire tourner en bourrique Cath qu'il considère avec orgueil comme sa chasse gardée.
« Alors Frederika, je parie que t'es soulagée que ça soit moi ! fait-il avec un clin d'œil malicieux.
- Pas du tout, affirmé-je d'un ton désolé, j'espérais vraiment être avec Thorpes.
- Qui peut résister à ces manières de mufle franchement ! s'exclame-t-il avec un sourire moqueur. »
J'ai eu le malheur de lâcher le mot une fois en sa présence en cinquième année, il ne l'a pas oublié bien évidemment et rit toujours de mon vocabulaire de grand-mère. J'en rougis bien évidemment. Il a un air très satisfait avant de faire mine d'être très sérieusement plongé dans son manuel. Imitant Slughorn.
« Alors euhm… oui voilà, c'est cela… alors nous allons commencer par un sérum de Vortenpilis… Suivez l'exemple de Miss Vernon, toujours très appliquée et ponctuelle dans le mélange des éléments, ou bien Mr Rochester qui va évidemment vous montrer la meilleure façon d'arracher une langue à une mandragore…. »
Je retiens un éclat de rire parce que c'est vraiment Slughorn et sa manie de toujours montrer aux nues les gens fortunés de sa classe comme des vrais modèles.
« Alors euhm…. fait soudainement Slughorn, oui voilà c'est cela… nous allons commencer par une petite potion d'Elictis ! »
Henry accroche un air triomphal et peu modeste à son visage.
« Admire le talent ! »
OoOoOo
« Il l'a reçu ! s'écrie Marianne. Blanche me l'a dit ! Elle a vu qu'il avait reçu une lettre anonyme mais elle sait rien d'autre hein t'inquiète !»
Je pâlis soudainement, laissant retomber mon recueil de poèmes de Poe sur mes genoux. Blanche ? La petite amie d'Edward Rochester, l'un des meilleurs amis de Réginald ?! Mais…. Mais comment elle le sait ? Marianne se laisse tomber sur la chaise en face de moi.
« Il ne reste plus qu'à attendre ! Je suis sûre qu'il a trouvé ça super adorable et qu'il va bientôt se mettre à chercher qui a envoyé cette magnifique lettre ! »
Je me sens presque mal à cette idée et lance un regard nerveux à Catherine qui est toujours profondément plongée dans son roman. Tout, tout mais pas ça. C'était déjà assez dur comme ça de trouver les mots et de les lui écrire alors les lui dire en face et avoir à être découverte, non. Non ! Tout le monde se moquerait de moi, me regarderait et on parlerait de moi pendant des jours ! Un vrai calvaire.
« Et quand il va enfin tomber sur toi, il va complètement craquer c'est évident ! Et larguer cette peste de Collper ! Tu vas voir Fred !
- En tout cas tu vois, il a rien dit à personne, me rassure Cath.
- Oui c'est vrai… hoché-je la tête soulagée. »
Je la prends alors dans mes bras pour trouver en elle la force de ne pas paniquer et avoir des remords. Je suis une vraie nigaude.
« Il reste plus qu'à attendre qu'il te réponde ! sourit-elle.
- C'est pas vraiment important, haussé-je les épaules, on connaît déjà la réponse.
- Pas sûr ! fait Marianne. Il va peut être de demander de le rencontrer ! »
Eh bien moi je n'espère pas. Cath me caresse gentiment le dos pour me rassurer, comme si elle avait deviné la sueur froide qui m'a envahie.
« Le plus dur est fait Freddy ! m'assure-t-elle. »
Non, le plus dur va être de tourner la page.
