Helloooo !
J'espère que tout va bien pour vous en ce mercredi ? Le beau temps commence à s'installer, croisons les doigts pour que ça dure !
Vos reviews ont été moins nombreuses sur le chapitre précédent, j'espère que vous continuez d'apprécier cette histoire ? (tout le monde dit bonjour à mon syndrome de l'imposteur ahah).
Bref, au menu de ce neuvième chapitre : une visite de deux amis (on se demande lesquels), des sapins de Noël et des aveux...
Bonne lecture !
Du fait de sa proximité avec Durmstrang, Tsvetengrad possédait sa propre aire de transplanage à l'entrée du village.
Et c'était exactement à cet endroit-là qu'Hermione patientait, dans le froid de début décembre, emmitouflée dans un long manteau et ses yeux presque cachés sous son bonnet en laine. Les hivers à Londres étaient froids, mais c'était incomparable avec ceux de la Bulgarie. L'air était glacial, piquant, et si elle n'avait pas mis des gants, ses doigts seraient probablement devenus dix stalactites.
Pour tenter de se réchauffer, elle sautillait sur place, en vain. Elle ne cessait de regarder sa montre, comme si le temps allait avancer plus vite. Mais alors qu'elle réfléchissait à aller se mettre au chaud dans un café pendant quelques minutes, deux "plop" de transplanage retentirent.
- Par Godric, enfin !
Devant elle, Harry et Ron grimaçaient pour se remettre de leur transport. Visiblement, ils l'avaient écoutée - pour une fois - et ne semblaient pas être surpris par le froid.
- Quel accueil, ricana Ron en l'embrassant sur la joue.
- Désolée, mais vous aviez dit que vous seriez là à midi dix et il est midi vingt-cinq !
- Totalement pas de notre faute, se dédouana Harry après l'avoir saluée d'un baiser à son tour. Notre Portoloin a été retardé à Londres à cause de la neige.
Hermione fronça les sourcils.
- Je ne vois pas le rapport ?
- L'officier qui s'occupait de le déclencher a glissé sur une plaque de verglas cachée sous la neige et s'est pété le tibia.
Une grimace succéda à l'incompréhension d'Hermione.
- On peut aller le plaindre au chaud au restaurant ?
- Avec plaisir ! acceptèrent les garçons.
Il était rare qu'ils restent si longtemps loin les uns des autres, alors Hermione était très heureuse de les avoir avec elle, même si ce n'était que pour deux jours.
Après quelques minutes de marche dans les rues de Tsvetengrad, ils arrivèrent dans un restaurant traditionnel que Malefoy lui avait conseillé. Hermione avait choisi de lui faire confiance et elle espérait ne pas le regretter.
Ils s'attablèrent au fond de la salle avant de commander des bières pour l'apéritif.
- Ça fait plaisir de te voir, Hermione, dit Harry.
- Plaisir partagé, les garçons ! Alors, quoi de nouveau à Londres ? Qu'avez-vous d'intéressant à me raconter depuis septembre ?
- La rentrée a été compliquée à la boutique, se lança Ron. Enfin, c'est toujours pareil à cette période de l'année. On n'est jamais assez préparés, j'ai l'impression, même si on fait toujours plus que l'année précédente.
- Ça veut dire que la boutique marche bien, c'est plutôt bon signe, tenta-t-elle de le rassurer.
- Oh, je ne me plains pas !
- Si, un peu, le taquina Harry, le nez dans sa pinte et son sourire dissimulé à l'intérieur.
Hermione pouffa et le frappa discrètement sous la table.
- Oui, bon, un peu, admit Ron, les oreilles rouges. Je me plaindrai aussi pendant les périodes creuses, puis à Noël, et ainsi de suite. J'aime bien râler.
- On avait remarqué, ricana Harry.
Ron lui envoya un doigt d'honneur duquel Harry fit semblant d'être extrêmement choqué.
- Et le Bureau des Aurors, Harry, tout se passe bien ? s'enquit Hermione.
- Depuis que j'en ai pris la direction et que je vais moins souvent sur le terrain, je dois reconnaître que je suis plus reposé. J'ai du boulot au Ministère, mais je risque un peu moins ma vie et ça me fait du bien.
- Tu m'étonnes !
- Et ça me laisse du temps pour faire des rencontres…
Il laissa volontairement traîner sa voix et Hermione fut tout de suite happée par ce suspens. Elle jeta un coup d'œil à Ron, qui ne semblait pas étonné, avant de porter toute son attention sur Harry.
- Que signifie tout ce mystère, Harry James Potter ? le questionna-t-elle, les yeux plissés.
- Est-ce que tu te souviens de Ruby Williams ?
- L'ancienne directrice du Département des mystères ? Un peu que je m'en souviens, elle était insupportable.
Hermione se rappelait encore de son nez retroussé, de ses lèvres peintes en rouge et de son air incroyablement hautain.
- Ne me dis pas que…
- Oh non ! Je t'arrête tout de suite, la rassura Harry, elle est bien trop détestable. En revanche, son frère…
À nouveau, Harry mit du suspens dans sa voix et le petit sourire tendre au coin de ses lèvres le trahit.
- Le retour de l'air benêt, se moqua Ron après sa dernière gorgée de bière. Habitue-toi à ce visage, Hermione, parce qu'il l'a tout le temps quand il parle de Zachary.
- Il peut bien prendre l'air qu'il veut, Ron, le rappela-t-elle gentiment à l'ordre. Dis m'en plus, Harry !
Le sourire d'Hermione témoignait de son impatience.
Harry, plus que n'importe qui d'autre, méritait tellement d'être heureux et de trouver quelqu'un de bien avec qui partager sa vie.
Après être sorti pendant très longtemps avec Olivier Dubois, Harry s'était rendu compte qu'il menait une double vie et qu'il avait une femme et deux enfants en Irlande. Harry avait eu beaucoup de mal à se remettre de cette trahison, s'en voulant de n'avoir rien vu, aveuglé par l'amour qu'il portait à Olivier. Il en était même venu à remettre en question ses capacités à être Auror.
"Comment puis-je être bon dans mon métier si je ne vois pas ce qui se passe sous mon nez ?"
Hermione et Ron avaient passé des heures à le réconforter, à le rassurer, à lui faire comprendre que ce n'était pas sa faute. Il s'en était remis, péniblement, et Hermione était ravie qu'il ait trouvé quelqu'un qui le fasse sourire ainsi.
- Je l'ai rencontré au début du mois de septembre, lors de la soirée de rentrée organisée par le Ministère, raconta-t-il d'un air rêveur. Le Ministre a présenté les nouveaux recrutements de chaque Département, dont Zach, qui venait d'intégrer les tireurs d'élite de baguette magique. Il faisait partie du même service au MACUSA et il a débarqué ici suite à une mutation.
Harry fit une pause dans son récit le temps de passer commande de leurs plats auprès du serveur.
- Comme la Brigade de Police Magique et le Bureau des Aurors travaillent ensemble sur certaines missions, les nouvelles recrues m'ont été présentées personnellement par la suite.
- Et Zachary t'a tapé dans l'œil ?
- Littéralement, oui. Il est très… comment dire… expressif. Il parle avec de grands gestes et en racontant une de ses interventions, il m'a mis un coup de coude dans l'œil.
Hermione s'autorisa un petit rire, puisqu'il n'y avait rien de grave.
- Je suis très contente pour toi, Harry, dit-elle en serrant sa main dans la sienne pour appuyer ses propos.
- Merci, sourit-il.
- Et en parlant de taper dans l'œil, comment va Viktor ? demanda Ron.
Hermione leva les yeux au ciel.
- Aux dernières nouvelles, il va bien. Il passe régulièrement au château, mais je ne l'ai pas vu depuis la première tâche.
Harry rebondit sur le sujet pour lui demander comment cela s'était passé et Hermione se lança dans un récit qui dura presque tout le temps du repas. Ses meilleurs amis n'étaient pas avares de questions et elle n'était pas la dernière pour y répondre dans les moindres détails.
Ils partagèrent un dessert et un digestif avant de quitter le restaurant.
Mais alors qu'ils tournaient dans une rue pour se rendre à l'Âme Vagabonde, l'auberge dans laquelle les garçons avaient réservé une chambre pour la nuit, ils tombèrent nez à nez avec Malefoy qui sortait de la boutique de fleurs de Pansy. Cette dernière, lorsqu'elle croisa leur regard, s'empressa de tourner le panneau sur sa porte d'entrée pour annoncer qu'elle fermait.
- Tiens, tiens, voilà une image que je n'avais pas vue depuis bien longtemps, constata Malefoy en les regardant chacun leur tour.
C'était le moment ou jamais pour Malefoy de prouver qu'il avait changé et Hermione espérait qu'il ne ferait pas n'importe quoi sous prétexte que Harry et Ron étaient là.
Ce qui semblait mal parti vu la manière dont il les regardait.
- Bonjour, Malefoy, le salua sobrement Harry.
Ron, qui choisit de garder le silence, ne lui adressa qu'un mouvement de tête.
- Harry et Ron ont loué une chambre à l'Âme Vagabonde, lui apprit Hermione pour briser la glace. Je les y conduisais.
- Vous y passerez un très bon séjour, dit-il. J'y ai dormi quelques nuits avant d'avoir mes propres appartements à Durmstrang.
Puisque ni Harry ni Ron ne semblaient vouloir rebondir sur cette remarque, Malefoy poursuivit la conversation comme s'ils n'étaient pas là, ne portant son attention qu'à Hermione.
- Vous avez bien mangé à la Tanière de l'Ours ?
- Oui ! J'ai pris le plat végétarien que tu m'as conseillé et c'était excellent, je te remercie encore.
- Avec plaisir. Bien, ce n'est pas que votre compagnie me déplaît, quoi que, mais j'ai du travail. Messieurs, bon après-midi. Granger, on se voit plus tard ?
Hermione hocha simplement la tête et suivit Malefoy du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Lorsqu'elle pivota vers ses amis, elle fut surprise par leurs regards inquisiteurs. Hermione se sentit rougir.
- "Granger, on se voit plus tard ?" imita Harry avec une voix traînante plutôt très ressemblante à celle de Malefoy. Tu nous expliques ?
- Il n'y a rien à expliquer, balaya Hermione en passant entre eux pour continuer son chemin.
- Malefoy te conseille un plat et tu dis qu'il n'y a rien à expliquer ? Mon œil, dit Ron.
Hermione les sentit presser le pas dans son dos.
- On est bien forcés de s'entendre, puisqu'on se voit tous les jours depuis début octobre et que ça va durer jusqu'au mois de juin, expliqua Hermione.
- Il y a une différence entre avoir une relation professionnelle, voire cordiale, et se conseiller des plats végétariens ! nota Harry.
Hermione s'arrêta net devant la porte d'entrée de l'auberge et fit face à ses amis. Elle devait clarifier les choses tout de suite avant qu'ils s'imaginent n'importe quoi qui ne soit pas vrai.
- Si vous avez bien mangé ce midi, c'est grâce à Malefoy. Il n'y a rien de plus entre nous qu'un début d'amitié. Maintenant, vous ôtez de votre tête toutes vos pensées lubriques. S'il y a quelqu'un que vous devez cuisiner à propos de ses activités en dehors de Durmstrang, ce n'est pas moi.
Désolée, George, pensa-t-elle.
Alors que Harry et Ron demandaient plus d'explications, Hermione entra dans l'auberge et ils se turent pour respecter le calme du lieu.
La réceptionniste leur confia la clé de leur chambre et ils s'y rendirent dans le silence. Cependant, une fois la porte fermée derrière eux, Harry et Ron ne purent se retenir de reprendre leurs questions là où ils les avaient laissées.
Hermione comprenait que ce soit difficile à comprendre pour eux. Après tout, ils n'étaient pas sur place et n'avaient pas pu constater, comme elle, à quel point Malefoy avait changé et les efforts qu'il faisait. Elle comprenait aussi que, d'un œil extérieur, leur nouvelle relation puisse surprendre.
Pourtant, il n'y avait rien de plus qu'une amitié naissante entre Malefoy et elle et elle espérait que ses amis puissent, eux aussi, laisser le passé derrière eux.
- Je ne vous demande pas de devenir amis avec lui, dit Hermione, je vous demande juste d'essayer de comprendre. Ça peut vous sembler invraisemblable, mais vous me connaissez suffisamment pour savoir que je réfléchis toujours avant d'agir. Je ne donnerais pas ma confiance à Malefoy si je ne l'en estimais pas digne.
Harry et Ron semblèrent considérer son argument avec sérieux.
- J'espère juste que tu n'as pas oublié qui il a été, voulut s'assurer Ron.
Déjà allongé sur le lit comme s'il vivait ici, il ôta ses chaussures après que Harry l'ait disputé.
- Non, je n'ai pas oublié. Il s'est excusé et me prouve que je peux faire confiance à celui qu'il est devenu.
- Bon… Eh bien tant que tu ne nous demandes pas d'être témoins à votre mariage, je suppose qu'on peut vivre avec l'idée que vous êtes amis, conclut Harry.
Ron fit semblant de vomir et Hermione ne put que rire. Elle était vraiment heureuse qu'ils soient là.
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Le lendemain, le dimanche, Hermione était installée devant la cheminée des quartiers réservés à la délégation de Poudlard.
Il neigeait et boire son thé en admirant le paysage devenir tout blanc était si apaisant. Cela lui rappelait son école. Tous ces après-midi passés dans la salle commune de Gryffondor, à regarder les flocons se déposer sur l'herbe. Ces matinées à marcher autour du lac, ses pas crissant dans la neige fraîche.
Une vague de nostalgie lui traversa le corps et elle essaya de ne pas la laisser l'envahir totalement.
Elle aurait pu rester ici toute la journée si elle n'avait pas prévu de retrouver Harry, Ron et George pour déjeuner. Ses meilleurs amis repartaient en fin d'après-midi et elle ne voulait pas perdre une minute de ce temps ensemble.
Une fois son thé terminé, Hermione nettoya rapidement la tasse et se rendit dans sa chambre pour se préparer. Sa cape boutonnée jusqu'au cou, elle parcourut les couloirs froids du château en direction de l'extérieur. Le village n'étant pas loin à pied, elle pouvait se rendre à l'Âme Vagabonde sans avoir besoin de transplaner. Certes, il neigeait, mais pas de quoi l'empêcher d'apprécier une petite promenade.
Alors qu'elle était sur le point de passer les lourdes portes de l'entrée, Hermione sentit qu'on rabattait sa capuche sur sa tête. Surprise, elle se retourna pour faire face à Malefoy, ses mains jointes dans son dos.
- Personne n'y croit à ce sourire innocent, dit-elle en ajustant le tissu sur ses cheveux.
- Je ne cherche pas à l'être. Où vas-tu de ce pas si pressé ?
- Je rejoins Ron et Harry à Tsvetengrad. On retourne déjeuner à la Tanière de l'Ours avant leur départ.
- Ils ne sont pas restés longtemps, constata-t-il.
- Seulement le week-end, ils ont du travail à Londres.
Hermione lui indiqua les métiers respectifs de ses amis, ce à quoi Malefoy répliqua qu'il n'en était pas étonné.
- Alors je te dis bon appétit. Je m'en vais accomplir une tâche qui demande beaucoup de force et de courage.
- C'est-à-dire ? demanda Hermione, curieuse.
- Installer les sapins de Noël dans le hall d'entrée, puis celui de la salle de réception.
Si elle s'était regardée dans un miroir, Hermione aurait vu ses yeux briller. Ce qui était le cas à chaque fois qu'on lui parlait de faire le sapin de Noël.
Elle adorait ça. Chez elle, elle le faisait toujours le premier jour du mois de décembre, c'était une tradition. Non seulement elle décorait le sapin, mais sa maison subissait le même sort et se transformait en atelier du Père Noël. Des guirlandes colorées, des lumières, des étoiles scintillantes, des sucres d'orge… Elle avait même un soldat casse-noisette d'un mètre soixante qu'elle installait sur son perron.
Lorsqu'elle était encore à Poudlard, elle adorait regarder Flitwick installer ceux de la Grand Salle. C'était toujours un moment magique.
- Tu… tu vas faire ça maintenant ? lui demanda-elle presque timidement.
- Oui, les sapins ont été coupés ce matin et Koslowski a décidé qu'il était de mon devoir de les décorer.
À son ton, Malefoy ne semblait pas ravi par l'idée. Hermione, elle, aurait payé pour être à sa place.
- Il n'y a pas moyen que tu fasses ça plus tard dans la journée ? tenta-t-elle de négocier.
- Hum hum, j'en connais une qui aimerait bien être de la partie, je me trompe ?
Hermione sentit ses joues rougir.
- J'adore Noël ! Ne me prive pas de ce plaisir, s'il-te-plaît…
- Même si j'adore t'entendre me supplier, Granger, je ne peux pas attendre. J'ai beaucoup de travail dans la journée et mon seul créneau de libre, c'est maintenant. Nous recevons notre Conseil d'Administration demain matin, donc je ne peux pas repousser.
Hermione soupira.
Harry, Ron et George l'attendaient, mais elle voulait vraiment décorer les sapins… Quel genre d'amie serait-elle si elle les contactait pour annuler ce repas ? Ils repartaient bientôt, elle ne pouvait décemment pas les abandonner ainsi. Ce n'était pas son genre d'annuler au dernier moment pour une telle raison.
En plus, avec la manière dont ils l'avaient charrié la veille à propos de Malefoy, cela ne ferait que rajouter de l'huile sur le feu. Ils ne comprendraient pas.
Mais l'appel de Noël était fort. Trop fort pour être ignoré.
- Laisse-moi envoyer un Patronus et j'arrive.
Son cœur avait devancé sa raison. Et Malefoy souriait.
Pansy n'aimait pas Noël.
Elle trouvait cette fête commerciale et hypocrite. Elle avait l'impression qu'à l'approche du vingt-cinq décembre, les gens se voilaient la face et faisaient semblant de s'aimer les uns les autres. Pourtant, c'était tout simplement impossible. Toutes les familles n'étaient pas unies, aimantes, ou heureuses de s'offrir des cadeaux sans intérêt.
Sauf que si elle était totalement honnête avec elle-même, Pansy aimait Noël.
Avant.
Elle aimait Noël quand elle était petite. Quand ses deux parents étaient là. Quand elle avait droit à sa tasse de chocolat chaud au lit. Quand elle faisait griller des guimauves dans la cheminée du manoir avec son père. Quand elle faisait du shopping pour les fêtes. Quand elle déballait ses - trop - nombreux cadeaux au pied du sapin. Quand elle s'empiffrait de sucreries jusqu'à en avoir mal au ventre.
Depuis que ses parents n'étaient plus de ce monde, elle haïssait Noël.
Elle haïssait ces familles heureuses, ces sourires émerveillés qui collaient au visage des gens, cette odeur de mandarine et ces milliers de guirlandes de toutes les couleurs.
Maussade, elle tourna le panneau sur la vitrine de sa boutique pour indiquer que celle-ci était ouverte.
D'ailleurs, c'était probablement le seul magasin de Tsvetengrad qui n'était pas décoré. Elle n'allait pas faire cet effort, puisqu'elle n'aimait pas Noël.
Installée derrière son comptoir, Pansy jeta un œil à son planning et à son carnet de commandes. Elle n'était ouverte que le matin, dimanche oblige, donc ces derniers étaient peu remplis, ce qui lui permettrait de pouvoir réaménager sa boutique et refaire sa devanture. C'était quelque chose qu'elle faisait assez souvent, pour ne pas se lasser et pour donner envie à sa clientèle.
Étonnamment, la matinée passa plutôt vite. Entre son réaménagement et les quelques clients, Pansy ne vit pas le temps filer. À treize heures trente, elle ferma la boutique et se rendit à la boulangerie française qu'elle aimait tant pour y acheter son déjeuner.
Simon préparait des sandwichs délicieux et elle opta pour celui au poulet et aux crudités, dans un pain aux céréales. Gourmande, elle ajouta une part de tarte au citron qu'elle dégusterait avec son thé en fin d'après-midi.
- Parkinson !
Pansy se figea au milieu du trottoir. Non, non, non… Pas maintenant. Pas alors qu'elle faisait tout pour l'éviter depuis des jours.
Elle entendit des pas se rapprocher dans son dos. Prise au piège, elle ne put que se retourner, car partir en courant en faisant semblant de ne pas avoir entendu aurait été trop suspect.
- Weasley… Salut.
- J'ai cru que tu allais m'ignorer.
- J'ai considéré l'idée durant une seconde, puis j'ai estimé que tu n'allais pas y croire.
- Bien, donc ça confirme ce que je pensais.
- C'est-à-dire ? s'enquit-elle.
- Que tu me fuis.
- Je ne fuis pas ! s'empressa-t-elle de nier.
- Tranquille, Parkinson, je ne te le reproche pas. On ne s'est rien promis, après tout. Tu as été la première à dire que c'était "une baise et c'est tout".
Pansy se prit ses propres mots de plein fouet. Il y avait une différence entre les prononcer et les entendre de la bouche de quelqu'un d'autre.
- Je veux juste qu'on soit amis, dit-il en enfonçant ses mains dans les poches de son jean. Je t'apprécie et les journées peuvent être longues, ici. Surtout l'hiver.
Pouvait-elle être son amie ? D'accord, il était sympa, drôle et ils avaient - jusqu'à maintenant - passé de bons moments ensemble, mais elle n'avait pas tissé de nouvelles amitiés depuis très longtemps. Il n'y avait qu'à voir son entourage. Celui-ci se résumait à Drago et ses anciennes camarades de l'université qu'elle voyait de temps en temps. Elle ne s'était donc pas fait de nouveaux amis depuis cette époque-là.
- Je ne sais pas ce qui te pousse à vouloir être mon ami, mais… c'est d'accord.
Pansy lui tendit sa main, comme s'ils allaient ainsi sceller leur amitié. Et Weasley accepta le deal. Il lui serra la main et Pansy fit comme si ce courant magique dans tout son corps avait été le fruit de son imagination.
- Tu as fini ta journée de travail ? lui demanda-t-il.
- En effet, j'allais déjeuner chez moi, répondit-elle en lui montrant le sachet de la boulangerie.
- Eh bien bon appétit. Moi je reviens de Tanière de l'Ours où j'ai déjeuné avec Harry et Ron.
- J'étais à deux doigts de te demander ce qu'ils faisaient ici jusqu'à ce que je me souvienne que le troisième mousquetaire était dans le coin.
Weasley eut un petit rire.
- Qui nous a d'ailleurs fait faux bond.
- Granger ?
- Oui. On devait déjeuner tous ensemble, mais elle a envoyé un Patronus pour nous prévenir qu'elle ne pourrait pas être là et s'en excuser. Je n'en sais pas plus.
Pansy n'insista pas. Après tout, même si ça l'étonnait un peu de la part de Granger de laisser ses amis en plan, elle s'en fichait royalement.
- Du coup, en tant qu'amie, est-ce que tu accepterais de m'accompagner à Sofia un de ces jours ? J'ai besoin de faire des achats pour Noël et je ne connais pas du tout la ville.
Si c'était là une tentative de proposition de rencard, Pansy la trouva totalement ridicule et désespérée. Cependant, qui était-elle pour refuser une journée de shopping ? Elle pouvait mettre son aversion pour Noël de côté le temps d'un après-midi, non ?
- Tu es libre là, maintenant ? proposa-t-elle.
Weasley sembla surpris l'espace d'une seconde.
- Euh… oui. Totalement.
- Bien. Laisse-moi le temps de manger et on se retrouve ici dans une trentaine de minutes pour transplaner à Sofia, d'accord ?
Il approuva d'un signe de tête et Pansy le dépassa pour rentrer chez elle. Il fallait qu'elle mange et qu'elle rectifie cette coiffure approximative après une matinée de travail.
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Sofia représentait tout ce que Pansy détestait de Noël.
Des décorations lumineuses à tous les coins de rues, des suspensions colorées sur les réverbères, des chants de Noël dans les hauts-parleurs, une odeur de sucre et de sapin. Bref, son pire cauchemar.
L'appel du shopping avait été trop fort, mais elle ne pensait pas que Weasley aurait voulu faire ça sur le marché de Noël. Qui achetait un dessous de plat en liège en forme de flocon en guise de cadeau de Noël ? Lui. Pour sa mère. L'horreur.
Pansy lui faisait bien comprendre qu'elle n'était pas ravie d'être ici. Elle soupirait, traînait des pieds. Il avait voulu être son ami ? Il la prenait avec ses qualités et ses défauts. Et s'il était encore là après ça… Eh bien c'était qu'il l'appréciait pour de bon.
- Tu aimes ? lui demanda-t-il.
Il tenait devant lui une immonde écharpe multicolore avec des froufrous. Pansy eut beaucoup de mal à contenir sa grimace de dégoût.
- Tout dépend à qui tu veux l'offrir. Moi je la trouve moche, mais si c'est pour une vieille tante aveugle, alors elle devrait certainement lui plaire.
Trop honnête ? Peut-être.
- C'est tout à fait la réponse que j'attendais. C'est pour mon ex-femme.
Pansy éclata de rire.
- Toi qui me disais que vous étiez encore en bons termes.
- C'est le cas, confirma-t-il. On a une tradition depuis qu'on se connait, s'offrir des cadeaux moches à Noël. Une année, elle m'a offert un taille-crayons en forme de chat avec la lame pour tailler au niveau de son anus. L'ironie, c'est que je n'utilise pas de crayons moldus. Du coup, ça décore mon buffet.
Un nouvel éclat de rire secoua Pansy. Elle ne savait pas ce qui l'amusait le plus, le cadeau en lui-même ou la manière détachée avec laquelle Weasley le décrivait.
- Eh bien cette écharpe est tout à fait dans le thème, alors.
Suite à sa validation, Weasley acheta l'immonde morceau de tissu.
- Il est dix-sept heures, annonça-t-il après avoir regardé sa montre. Tu veux un chocolat chaud ?
Il se moquait d'elle ? Il n'avait pas compris qu'elle en avait marre d'être ici ? Les soupirs d'agacement n'étaient donc pas suffisants ?
Ou peut-être qu'il s'en fichait et qu'il passait un bon moment… Parce qu'à dire vrai, depuis qu'elle avait arrêté de souffler d'exaspération à chaque nouveau chalet où il s'arrêtait, elle passait un bon moment elle aussi.
- J'en veux un seulement s'il y a de la guimauve dedans, exigea-t-elle.
- Tes désirs sont des ordres.
Weasley avança jusqu'au prochain chalet où on vendait des boissons chaudes. Il commanda deux chocolats chauds, un avec des guimauves colorées dedans et l'autre avec de la chantilly. Pansy regretta aussitôt son choix en voyant le tourbillon de crème fouettée sur la boisson de Weasley.
Ils s'installèrent sur un banc à l'écart de la foule et Pansy apprécia la chaleur émanant du gobelet contre ses mains.
- Tu as terminé tes achats ou je vais devoir supporter des affreux dessous de plat pendant encore longtemps ?
Weasley sourit, mais ne répondit pas tout de suite. Sa jambe gauche tressautait et Pansy craignit d'avoir été trop loin avec ses taquineries.
Avec la petite cuillère en bois qu'on lui avait donné, Weasley prit un peu de chantilly qu'il lui tendit. Gourmande, Pansy se délecta de ce délicieux goût sucré et le remercia.
- Il me manque les cadeaux de deux personnes, lui dit-il. Les deux plus importantes, finalement.
Pansy fronça les sourcils. Elle ne savait pas de qui il parlait. Elle pensa à ses parents, mais cela ne pouvait pas être eux puisqu'il avait acheté le dessous de plat flocon pour sa mère et un tire-bouchon en noyer surmonté d'une tête de lion, symbole national de la Bulgarie, pour son père.
- Qui ça ? osa-t-elle demander.
L'atmosphère autour d'eux avait changé. C'était moins léger, moins insouciant, comme si le sujet était trop sérieux pour se permettre de plaisanter.
- Je n'ai pas été totalement honnête avec toi quand je t'ai parlé d'Angelina, mon ex-femme. Enfin, à propos d'elle je l'ai été, j'ai juste… pas été au bout des choses.
- Weasley, arrête de parler par énigmes ou tu vas te transformer en Sibylle Trelawney.
Il sembla se détendre à sa petite blague et Pansy en fut ravie.
Weasley ouvrit son manteau et sortit son portefeuille de la poche intérieure. Il l'ouvrit et lui montra une photo sorcière sur laquelle deux enfants se tenaient par les épaules, étroitement serrés l'un contre l'autre et plus souriants que jamais.
Le garçon était le plus grand des deux. Il avait de beaux yeux bruns et un sourire malicieux. La petite fille était elle aussi très belle, elle avait de longs cheveux frisés et les mêmes yeux foncés que le garçon. Leur ressemblance était frappante.
- Ce sont Fred et Roxanne. Mes enfants.
Enfants. Ses enfants.
Comment aurait-il pu en être autrement ? Le petit garçon avait la même étincelle espiègle dans ses yeux que son père. Et la petite fille, le même sourire
Pansy ne savait pas comment accueillir la nouvelle ni comment y réagir. Elle savait que plus elle attendait, plus il allait s'imaginer des choses sur ce qu'elle pensait.
Que pouvait-elle dire ? Il n'y avait rien de plus que de l'amitié entre eux, donc le fait d'apprendre qu'il était papa ne devrait pas la déranger.
Et pourtant.
Pourtant elle sentait ce nœud se former dans son estomac et cette boule dans sa gorge. Cette nouvelle lui importait plus qu'elle le devrait et elle s'en voulait. Elle aurait dû être contente, lui dire que ses enfants lui ressemblaient et qu'ils avaient l'air adorables, mais elle en était incapable.
Sa bouche était sèche et elle serrait son gobelet si fort dans sa main que le liquide à l'intérieur menaçait de déborder.
- J'aurais dû te le dire dès le début, reconnut Weasley. Mais… Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas fait. J'aime mes enfants plus que tout au monde et je m'en veux de n'avoir rien dit, ça donne l'impression que j'ai honte d'eux.
Pansy ferma ses yeux et déglutit péniblement.
Le masque. Le masque de froideur. Celui qu'elle revêtait quand les sujets difficiles étaient abordés.
La barrière. La barrière dans son esprit pour s'empêcher de flancher.
- Ils ont l'air adorables, dit-elle simplement. Fred et Roxanne, tu dis ?
Weasley la regarda avec ses sourcils à peine froncés, comme s'il essayait de déceler quelque chose. Pansy se savait forte au jeu de cacher ses émotions et il tomba dans le panneau.
- Oui. Fred pour une raison que je n'ai pas besoin de t'expliquer et Roxanne, c'est Angelina qui l'a choisi, ça vient d'une chanson moldue qu'elle aime beaucoup.
- Ils ont quel âge ?
- Fred a sept ans et Roxanne a fêté ses six ans récemment.
- D'accord. Bon, il faut que tu leur trouves un cadeau de Noël exceptionnel.
Pansy termina son chocolat d'une traite. Le liquide encore chaud lui brûla la gorge.
Elle se leva du banc où ils étaient assis et posa un regard insistant sur Weasley pour qu'il fasse de même.
Elle ne voulait pas penser. Tout devait aller vite. Il achetait les derniers cadeaux et ils rentraient à Tsvetengrad, c'était aussi simple que ça.
Weasley passa par un énième chalet pour trouver ce qui lui manquait et trouva rapidement son bonheur, pour le plus grand plaisir de Pansy. Elle commençait à étouffer ici, malgré le froid. Sa respiration n'était pas fluide, sa poitrine était comprimée et elle avait chaud.
Au détour d'une ruelle perpendiculaire à la grande place où ils se trouvaient, Weasley balaya les alentours du regard et lui tendit sa main. Pansy, qui n'était pas en état de réfléchir, lui fit confiance et se saisit de cette main tendue. Aussitôt, une forte pression lui enserra tout le corps et il lui fut encore plus difficile de respirer. Ses oreilles sifflaient, ses yeux lui brûlaient et elle remercia le ciel lorsqu'ils arrivèrent enfin en terre connue.
- Je dois y aller, s'empressa-t-elle de lui dire pour qu'il n'ait pas le temps de lui parler. J'espère que ta mère appréciera le dessous de plat.
Machinalement, les pieds de Pansy se dirigèrent vers chez elle. La voix de Weasley n'était qu'un bourdonnement dans son dos. Elle l'entendait l'appeler, mais elle n'avait pas la force ni le courage de se retourner.
Elle monta quatre à quatre les marches qui montaient à son appartement. Fébrile, les mains tremblantes, elle ouvrit la porte et la claqua derrière elle. Pansy se laissa glisser contre celle-ci et entoura ses genoux de ses bras.
Elle était dans la merde.
Eh voilà !
Bon, plein de choses à dire, n'est-ce pas.
À propos de la venue de Harry et Ron. Vous m'avez demandé en reviews si on allait les voir, c'est chose faite ;) En revanche, ils ne seront pas souvent là. J'ai construit cette histoire un peu comme un huis-clos, pour qu'on puisse se concentrer sur les deux relations qui évoluent chacun de leur côté. On ne quitte pas souvent Durmstrang et Tsvetengrad.
Ensuite, notre petite Hermione qui fait faux bond à ses amis pour rester avec Drago et qu'ils décorent les sapins ensemble... Ça cache quelque chose, selon vous ? Elle, elle est dans le déni en tout cas mdr.
Et les aveux de l'autre côté... Que pensez-vous de la réaction de Pansy lorsqu'elle apprend que George a des enfants ? Est-ce que vous trouvez ça compréhensible ? Justifié ? Totalement saugrenu ?
J'ai hâte de lire vos reviews.
Du love pour vous, à mercredi !
