Bonjour à tous, voilà enfin le terrible évènement. Pauvre Haddock.
Chapitre 14: La tradition
- Vite, vite! Prévenir Stoïck le plus rapidement possible. Allez, avance stupide rafiot.
Johann le Négociant n'en revenait pas, lui qui commerçait paisiblement sur l'île de Yasne, a assisté à un événement dramatique. Des sortes de messagers ont pris l'héritier au nom de la tradition de l'Expiation. Cette tradition a lieu tous les 200 ans, et aucun Viking n'a pu en ressortir vivant. Et les chefs ne peuvent contredire ces messagers sous peine d'être maudit par les Dieux.
- Beurk, enfin te voilà.
Johann naviguait toute voile dehors jusqu'au moment où il accoste, cependant, il n'amarra pas son bateau et fila vers le premier viking qu'il voit.
- Millas, où puis-je trouvé Stoïck? C'est une question de vie ou de mort.
- Oh bonjour à toi Johann, aurais-tu oublié les…..
- ça concerne Harold. Si tu ne me laisse pas le voir immédiatement, il va le perdre pour toujours.
- Harold tu dis? …..Tu trouveras Stoïck au Grand Hall pendant un conseil. Tu es sûr de ce que tu annonces?
- Sûr et certain. Cela risque d'être une catastrophe pour lui et sa femme. Merci Millas.
- Tu commences à me faire peur Johann.
Johann remonta tout le village aussi vite qu'il le pouvait, ignorant complètement les Beurkiens qu'il croisa. Il sait qu'il ne doit pas interrompre un chef dans l'exercice de ses fonctions, mais ceci est un cas d'extrême urgence. Enfin, il poussa les portes du Grand Hall et fait irruption pendant la réunion.
- Johann, en voilà des manières. Je t'ai connu plus poli.
- Désolé …. pour …. les ….. formalités…. Gueulfor…. mais...
- Reprend ton souffle Johann. J'ai l'impression que tu as quelque chose d'important à nous annoncer.
Au bout de quelques secondes, Johann reprend:
- Merci Chef Stoïck. Mais je vous implore de clore ce Conseil et d'écouter ce que à vous dire, seulement à vous et votre femme. Ça concerne Harold.
- Tu peux le dire ici Johann, commence Mastok. Il n'y rien de secret sur Beurk, d'autant plus que tout se sait rapidement sur cette île.
- La tradition de l'Expiation, ils arrivent.
Stoïck, comprenant enfin ce que Johann vient de dire, devient pâle et quitta la table.
- Harold! Non, pas maintenant, pas lui.
Stoïck n'a jamais paniqué, n'a jamais eu peur, même lorsqu'il a failli perdre Harold ou Valka pendant des raids. Mais les paroles de Johann font paniqué le chef inébranlable, et pour la première fois de sa vie, Stoïck Haddock dit La Brute a peur. La peur de ne plus revoir son enfant unique, car il sait que les enfants pris pour cette tradition ne reviennent jamais vivant. Seules reviennent les dépouilles de ces défunts, mais seulement après des années de souffrances, d'attente et d'angoisse. Stoïck n'ouvra même pas la porte de sa maison: il la défonce littéralement.
- Stoïck, enfin que se passe-t-il? Pourquoi as-tu…..
- Harold, où es Harold?
- Dans la forge, il répare les armes. Enfin, que t'arrive-t-il?
Stoïck ne répondit même pas à la question de sa femme, et fonça vers la forge. Il n'a pas parcouru la moitié de la distance qu'un orage éclata soudainement. Et au moment d'arriver à sa destination, un inconnu sort de la forge.
- N'y pense même pas Stoïck Haddock.
Stoïck s'arrêta et scrute son adversaire. Il n'est pas de Beurk, c'est certain, mais l'allure sinistre de cet homme ne rassure pas le chef. Il portait une grande tunique noire et délabrée qui descend jusqu'au sol, et sa capuche recouvrait l'ensemble de son visage. Les seules parties de son corps que Stoïck peut voir sont ses mains: des mains d'une couleur blanche qu'il n'avait jamais vu, des doigts très fins aussi minces que possible, à la limite de la grosseur des os. Et dans sa main gauche, il tenait un parchemin.
- Qui es tu et que fais-tu chez moi?
- Mon nom n'a pas d'importance, c'est plutôt toi, que t'apprêtes-tu à faire?
- Je…
- Non, ne dis rien. Je présume qu'un certain Johann le Négociant a dû être témoin des événements de Yasne et a navigué aussi vite que possible pour arriver ici. Je suppose également qu'il nous a reconnu, nous les messagers de l'Expiation, et qu'il est au courant de la tradition. Tous les 200 ans, des héritiers de l'archipel Barbaric sont amenés dans un endroit dont nous seuls connaissons l'emplacement. Et ce qu'il s'y passe, vous ne le savez pas. Malheureusement, aucun n'est revenu vivant. Les Pères se consolent en faisant leurs funérailles puisque nous leur rendons leurs dépouilles.
- Je n'appelle pas ça une consolation.
- Appelle ça comme tu veux Stoïck. Ça permet de dire un «Adieu» de manière plus solennel.
- Comment oses-tu dire ça? Tu n'as aucun cœur?
- Quelles preuves permettent de te confirmer que je suis bien vivant?
Cette interrogation a jeté une situation de malaise, les gens se sont rameutés autour de la forge pour voir la situation. Et elle n'est pas du goût de tout le monde.
- Es tu sûr que je suis vivant? Ou bien suis-je un messager du royaume de Hel (monde des morts)?
Certains vikings reculèrent, de peur de voir les morts revenir de l'au-delà.
- C'est bien ce que je pensais. Tu n'as aucune preuve.
- NON! NON! LÂCHEZ-MOI!
Une seconde personne sort de la forge, en tirant Harold par le bras.
- Harold!
- Gamin!
- Papa, dit à ces personnes de me lâcher. Ils me font mal au bras.
- Lâchez le tout de suite, sinon…
- Sinon quoi? Si tu portes la main sur moi ou mon compère, tu seras maudit.
- Il ne sera pas seul, déclara Gueulfor. Si tu crois que je vais te laisser faire.
Bientôt, c'est presque toute l'île de Beurk qui entoure les inconnus et s'oppose à ce tour de force.
- Je vois, déclara l'inconnu. Vous êtes donc déterminé à défendre cet héritier? Alors que la moitié des personnes présentes ne le respecte pas, qu'a-t-il de si spécial?
- Ne cherche pas à comprendre, l'inconnu. On ne te laissera pas l'embarquer.
- Dans ce cas, vous ne me laissez pas le choix.
L'inconnu leva son bras, et pointe son index vers les nuages noirs. Un éclair bleu jaillit et viens frapper le sol entre les deux groupes.
- Les dieux sont en colères, c'est un signe. Ne venez pas nous contredire.
Une partie du groupe recula; cependant, Stoïck continuait à avancer, bien décidé à aller jusqu'au bout.
- Cela ne me fera pas fléchir, je ne te laisserai pas emmener mon fils.
- Si même cette volonté ne suffit pas à te faire reculer, alors tu ne me laisse pas le choix.
De la brume émana de ces manches, d'un seul coup, la température descend et des corbeaux viennent se poser sur les maisons.
- Sache une chose, Stoïck la brute. Et c'est mon dernier avertissement, j'admire ta détermination à retenir ton fils mais c'est la tradition. De plus, si tu t'obstines à me refuser ce passage, je ferai abattre le Fléau d'Odin.
A la mention de ce nom, tous les viking pâlirent. Cette maladie n'a plus fait de ravages depuis 300 ans mais la légende de cette épidémie est connue et redoutée par toutes les tribus de l'archipel.
- Vous m'avez très bien entendu. Je peux faire abattre cette maladie ici, comme réprimande envers vous. Maintenant Stoïck, choisit: ton fils ou ta tribu. Dans les deux cas, ton fils mourra.
- Je ….
- Attend, j'oubliais. Étant chef du village, cette décision ne te revient pas: seul le Conseil décidera. Tu n'as pas à me contredire: la loi dit que si l'héritier est concerné, l'avis du chef n'est pas pris en compte car les sentiments du Père fausseront la décision. Que tous les membres du Conseil s'avancent.
Ainsi, 7 Vikings sortirent de la foule et se tiennent devant le mystérieux inconnu: Gueulfor, Gothi, Olaf Ingermann, Sven le Silencieux, Mastok Jorgenson, Millas Bardson et Grid Norf attendent les instructions.
- Le principe est simple mais non discutable: chacun à tour de rôle va voter. Si vous voulez que cet héritier reste, vous me faites face. Dans le cas contraire, tournez-moi le dos. Mais vous ferez face à Stoïck. Avancez d'un pas lorsque votre décision est prise.
Mastok est le premier à s'avancer, et contre toute attente, il fait face au messager. Gueulfor emboîta son pas et prend la même décision. Malheureusement, Grid et Millas font face à Stoïck. Sven le Silencieux rejoint Mastok et Gueulfor, tandis que Gothi rejoint l'autre camp, à la surprise de tout le monde.
- Eh ben, 3 voix de chaque côté. Oh, que je ne voudrais pas être à ta place Olaf Ingermann.
Tous les regards se portaient vers Olaf, mal à l'aise devant tout le monde. Il patienta un peu et s'avance. Il se tient face à l'arrogante personne, avant de finalement faire un demi-tour sur place et faire face à Stoïck
Ce dernier n'en revenait pas, il était certain qu'Olaf prendrait la bonne décision et il garderait son fils avec lui. Au lieu de ça, il a pratiquement envoyé son fils à la mort.
- Olaf, comment…. pourquoi?
- Je suis désolé Stoïck, je devais prendre la décision pour le bien de la tribu.
Un long silence s'installa avant d'être de nouveau brisé.
- Le Conseil a décidé Stoïck, tu n'as pas d'autre choix que d'accepter la décision. Mais je suis magnanime, je te laisse une heure pour faire tes adieux. Quand à toi, jeune avorton, tu auras le droit d'emmener qu'une seule chose avec toi. Réfléchit bien.
Le deuxième compère lâche Harold qui fonce dans les bras de son père.
- N'oublie pas Stoïck, tu n'as qu'une heure. Je t'attendrai devant la forge.
Tout le village se dispersa, ne voulant pas assister à la déchirante scène.
- Papa, dit-moi que c'est un cauchemar. Que ce n'est pas possible.
- Je voudrais tellement que tu ais raison mon fils. Mais …. c'est ….. la….. réalité.
Ces mots sonnent durs pour Stoïck, il ne contrôlait plus ses larmes et les laissa couler le long de son visage.
- Harold, mon petit garçon, mon fils. Moi-même je n'ose pas y croire, si je le pouvais, je te garderais près de moi.
- Pourquoi dois-je partir alors?
- Je ne sais pas, mais il le faut mon fils.
De longs moments s'écoulent avant que Gueulfor ne revienne, et s'agenouilla pour être à la hauteur d'Harold.
- Écoute moi Gamin. Lorsque j'avais encore mes deux mains, j'ai forgé ce couteau pour qu'il serve à toutes les situations. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de l'utiliser. Je l'ai entretenu comme toutes les autres armes, la lame ne te lâchera pas de sitôt. Prend le, comme ça, où que tu ailles, je serais là pour toi.
- Gueulfor ….
- Non Harold, soit fort. N'oublie pas, tu n'as peut-être pas la force nécessaire, mais tu as l'audace, le courage, mais surtout ta tête. Sert-toi s'en le plus possible.
Harold prit dans ses bras Gueulfor, autant qu'il le pouvait
- Je serai toujours avec toi Gamin, tes parents aussi. Laisse ton cœur te guider.
L'heure passa tellement vite, et l'inévitable départ se rapprocha.
- J'espère que tu as bien réfléchi jeune prétendant. Tu ne reverras pas ta famille de sitôt.
Pour toute réponse, Harold passa devant lui en l'ignorant complètement.
- Petit insolant, ça doit être de famille. Oh, une dernière chose Stoïck. Puisque ton fils sera sur notre île, il est sous notre bannière. Donc officiellement, tu n'as plus de fils. Tu ne peux plus rien rédiger pour son bien ou son avenir. Maintenant, on largue les amarres.
Le bateau s'éloigna de Beurk, et la dernière chose qu'Harold vit sont les pleurs de ses parents et de Gueulfor. L'île n'est bientôt plus qu'un point, la tête d'Harold devient très lourde et il tomba au sol, évanoui.
- ça m'arrange qu'il tombe dans les pommes, je ne voulais pas le frapper.
L'inconnu s'approcha d'Harold, l'examine attentivement.
- Ah, c'est donc ça. Je comprends pourquoi je sentais que cet enfant était particulier. Je le confierai à Inghen Ruaidh.
- Pourquoi une femme l'entraînerait?
- Parce qu'il nous poussera à la retraite anticipée. Mais je voudrais garder un œil sur lui, je dois dire qu'il est très intéressant. S'il m'impressionne, je viendrai personnellement l'emmener au Valhalla, et le plus tard possible j'espère.
- Tu perds les pédales Egill.
- Tu ne comprends pas Harald. Tu ne vois pas ce que je vois. Petit Harold, tu vas souffrir pendant 10 ans. Mais ça en vaudra la peine.
Une brume apparaît soudainement, entourant le bateau qui poursuit son voyage vers un infini lointain.
