Bonne lecture.
Chapitre 16: Un mentor
Une brume très dense est installée dans une partie de l'archipel, le commun des mortels ignorent sa localisation, d'autres ignorent même son existence. Malgré cette visibilité quasi nulle, une frêle embarcation parvient à trouver son chemin. Ses mystérieux passagers ne semblent pas être gêner par la brume, son navigateur sachant où aller. Quand à son acolyte, il restait auprès d'un petit garçon.
- Egill, par tous les dieux, arrête de couver cet avorton. Il mourra comme les autres, ce n'est que de la chair à manger. Tu deviens sentimental mon vieux.
- Arrête de voir aussi loin que le bout de ton nez, il faut voir au-delà de ce que tu vois.
- Rien compris, c'est trop intellectuel pour moi.
- Il n'y a rien d'intellectuel mon ami, c'est philosophique. Tyr (dieu de la sagesse et de la justice), lui-même déclare ce genre de chose. Et je t'assure que cette citation, je sais ce qu'elle veut dire et je sais quand l'appliquer.
- À force d'être dans son palais, tu deviens un de ses disciples.
- Si je ne finissais pas en Passeur, je me convertirai à ces idées.
- Trêve de bavardages, voilà notre destination.
Une île apparaît soudain à l'horizon, une île où la végétation est absente, la terre est noire de cendres alors qu'aucun volcan ne se situait à l'horizon. Une île où la vie est absente, où la Mort a trouvé son royaume. La désolation, tristesse, maladie sont devenus le quotidien de cette île. Le navire prend donc son temps pour rentrer à bon port, et est accueilli par un vieillard.
- Egill, Harald, mes vieux amis, bon retour à Leifter. Comment allez-vous? Et quelle pauvre âme amenez-vous?
- Je te présente Harold Horrib' Haddock Troisième du nom, pour une raison inconnue mais pour le moins très philosophique, Egill semble s'être attaché à ce môme.
- Je te le répète Harald, ce gamin possède une particularité unique sur Midgard. Il mettra en action cette capacité pour faire la paix, mais en même temps à faire la guerre. C'est un sacré paradoxe quand on y pense.
- Qu'as-tu donc vu Egill? C'est juste un gamin ordinaire, rien de plus.
- C'est ce que je me tue à lui dire. Il a abusé des pensées philosophiques encore une fois.
- Me suis-je trompé dans mon jugement? Concernant les garçons que l'on a ramené sur ce bateau, j'ai toujours prédis à quel moment et par qui ou quoi ils allaient se faire massacrer. Non seulement, il survivra à l'épreuve, mais en plus il mènera d'autres âmes vers ses idées.
- Ce serait une première dans notre histoire. Et qui voudrait être le mentor de cet avorton?
- J'ai pensé à Inghen Ruaidh. Elle saura l'entraîner.
- Elle n'a plus eu d'apprenti depuis longtemps. Pourquoi elle le prendrait?
- Parce qu'elle a toujours su voir le potentiel maximal des personnes qui arrivaient ici. Et si elle voit ce que j'ai vu, elle le prendra sous son aile.
- Je ne le pense pas. Elle a dit qu'elle ne prendrait plus d'apprenti, elle en a marre de ce boulot.
- On verra bien, je vous assure du contraire. Sur ces dires, je te laisse Harold mon cher Harald.
- Quoi? Pourquoi moi?
- Parce que Karl m'a nommé responsable de cette mission et de son passager. Je délègue, et tu te chargeras d'Harold. Quand à moi, je m'occupe d'Inghen.
- Bon courage, tu vas en avoir besoin.
Egill n'écouta pas les remarques de ses acolytes, et part vers le centre de l'île. Plus il avançait vers son milieu, plus la végétation est absente, et la terre sèche et noire. La Mort est omniprésente, aucune forme de vie ne peut se développer dans cette zone. Pourtant, un grand arbre imposant finit par se dresser sur la route d'Egil. Et il peut enfin voir la raison de sa venue: une femme bouclier qui méditait à côté du tronc. C'est une femme plus grande que la moyenne, taille mince, mais une prestance qui ferait tressaillir les plus grands vikings. Elle porte une armure en parfait état, une épée attachée à sa taille, et un bouclier rond en métal ornée de croix. Egil hésite à s'avancer.
- Je sens ta présence Egill, que me veux tu?
- Eh bien, je….
- Ne dis rien, je crois savoir pourquoi tu es là. Et ma réponse est non.
- D'ordinaire, je n'aurais pas insisté. Mais l'enfant que j'amène mérite une toute autre attention.
- Pourquoi?
- Tout d'abord, il a 7 ans, et il est plus maigre que la normale. Cependant, ….
- En clair, tu me demande de m'occuper d'un avorton? Tu m'as bien regardé?
- Oh oui, et un sacré paquet de fois. Et même à plusieurs reprises au naturel.
- DE QUOI? COMMENT OSES-TU?
- J'ai bien analysé le jeune homme en venant ici. Et je peux t'assurer que tu es exactement l'un des mentors qu'il lui faut.
- Comment ça, l'un des mentors?
- Je peux déceler de nombreuses qualités à ce gamin. Mais il y aura beaucoup de boulot, je te l'accorde. Cependant, il a une arme très destructive qui est en lui. Mais il aura besoin de bien manier les armes, et quelqu'un qui croit en lui. C'est la raison de ma présence ici.
- Je n'ai plus pris d'apprenti depuis environ 600 ans. Et je ne reviendrai sur ma parole.
- Mais ce gamin a le mérite d'être examiné et entraîné. Et puis, tu pourras quitter cette île de malheur et retourner à Asgard.
- Il faudrait qu'il reparte vivant de cette île.
- Raison de plus pour venir. Et puis, me suis-je trompé quand je t'ai amené un apprenti?
Devant l'absence de réponse, Egill passa à la vitesse supérieure.
- Tu sais que j'ai la possibilité de faire visionner certains de mes souvenirs?
- Oui, mais je ne vois pas où tu veux en venir.
- Beaucoup de mentors fantasment beaucoup sur toi. Et j'ai le souvenir où tu te dévêtis pour prendre une douche dans la cascade des Trois Rivières sur l'île d'à côté. Je pense qu'ils aimeraient voir cette vision.
- Si tu fais ça, tu signes ton arrêt de mort.
- Sachant que l'on est censé être déjà mort, cela risque d'être difficile. Examine attentivement le gamin, et je ne diffuserai pas ce souvenir.
- C'est du chantage.
- Appelle ça comme tu veux. Moi, je dirais que je mets à profit des éléments que je dispose.
- ça va, j'ai compris. Allons voir ton petit protégé.
Les deux protagonistes parirtent, et pendant tout le chemin, aucun mot n'est échangé. Lorsqu'ils arrivent à destination, Harald faisait les cent pas en attendant leur retour et est stupéfait de voir Inghen avec lui.
- Je n'en crois pas mes yeux, comment a-t-il réussi à te convaincre de t'occuper de ce garçon?
- Pas encore, Karl. Il m'a juste convaincu de venir, donc pas de conclusions hâtives je te prie. Et mieux vaut pour toi ne pas savoir comment il s'y est pris.
- Très bien, je n'insiste pas.
- Si tu veux voir le gamin, je l'ai laissé sur le bateau.
- Tu t'en es bien occupé Harald?
- Ne t'inquiète pas Egill, je me suis seulement assuré qu'il ne lui est rien arrivé. Tu le trouveras dans la même position que tu l'as laissé.
- Voilà qui me rassure. Après toi Inghen, les dames d'abord.
- Trop gentil de ta part. Mais tu viens avec moi. S'il n'est pas aussi intéressant que tu le dit, je veux m'assurer que tu sois à portée de mes armes.
- Je ne m'inquiète pas, j'ai vu le potentiel du gamin et je pense que j'ai fait le bon choix.
- On verra.
Inghen et Egill montent donc sur le bateau, et Egill montra le chemin à son invitée. Ils descendent dans les cales pour arriver à côté d'un garçon qui dormait paisiblement dans un lit de fortune: des linges empilés servant d'oreillers, et une fourrure en guise de couverture.
- Je vois que tu le couves bien, depuis quand tu te prends pour une mère poule?
- Arrête de te moquer de moi, et examine-le.
Inghen regarda attentivement Harold, elle n'hésite pas à le toucher, examiner ses paupières, ses bras, ses jambes. Elle prend du recul et réfléchit pendant de très longs moments.
- Pourquoi veux tu que ce soit moi qui m'en occupe?
- C'est un enfant très différent des autres, qui a le mérite d'avoir un mentor peu courant.
- Arrête tes flatteries, as-tu bien vu ce qu'il va lui arriver?
- ça dépend, est-ce que je pense à la même chose que tu penses que je pense?
- Ce gamin provoquera de nouvelles guerres.
- Rectification: il mettra fin à une guerre dans de nombreuses tribus, et jamais il n'en déclarera une autre. Ce sera toujours les autres, les actions qu'il mènera diviseront l'archipel, mais il sera l'un des plus grand chefs que Midgard ait connu. Cela dépendra surtout de quel côté on se trouve.
- Tu confirmes bien ma vision. Je veux bien être l'un de ses mentors, mais il faudra trouver les autres.
- Je ne m'inquiète pas, tu réussiras à les trouver.
- Quoi? Pourquoi moi?
- Parce que ce gamin à un cruel défaut dans le maniement des armes, sans doute dû à sa stature. J'ai bien vu à Beurk que le jeune Harold n'avait pas le soutien absolu de tous ces habitants.
- Tu as bien dit Harold?
- Eh ben, c'est bien ce que j'ai dit. Il y a un problème?
- Non, aucun que tu ne dois savoir.
- Je te l'accorde, je m'excuse d'avoir douter de toi. Alors, j'attends ta réponse.
- Je veux bien m'occuper de lui, cependant je ne pourrais pas tout lui apprendre.
- Apprend lui le maniement des armes et les capacités de survie. Mais tu devras le confier à d'autres personnes pour parfaire sa formation.
- Pour sûr, il faudra lui apprendre la diplomatie. C'est un domaine dans lequel je n'excelle pas.
- Je ne m'inquiète pas, tu sauras à qui le confier.
- Toi et tes idées. Bon descendons de ton rafiot et allons avertir Karl de ma décision.
Les deux individus quittèrent le navire pour rejoindre la terre ferme.
- Alors, quel est ton verdict?
- Je le prends sous mon aile.
- Mais tu es folle, il va se faire massacrer.
- Je t'interdis de me traiter de folle, et il vivra très longtemps, tu verras.
Pour toute réponse, elle n'obtient qu'un reniflement de dégoût.
- Ce n'est pas que je m'ennuie mais je retourne sur Lisde avec mon nouvel apprenti.
- Et comment tu vas faire? Tu n'as pas de bateau.
Inghen rigola et siffla, en attendant, elle partit chercher Harold. Le temps qu'elle revienne sur la terre, un énorme Cauchemar Monstrueux apparaît et atterrit.
- Je n'ai jamais réussi à chasser les dragons de mon île; cependant, j'ai réussi à en asservi un. Il me sert de monture.
- Et voilà comment tu voyages dans l'archipel je suppose.
- Tu as tout compris Egill. Doucement grosse bête, cet individu est précieux. S'il ne supporte pas le voyage, tu vas avoir de mes nouvelles.
Inghen monta sur le dos du dragon, et le Cauchemar Monstrueux décolle en direction de Lisde. Pendant le trajet, Inghen reste perdue dans ses pensées.
- Mais qu'est-ce qui m'a pris de m'engager dans cette galère?
