Chapitre 14 - Cavalier
Hermione croisa les bras, les spirales du bracelet s'enfonçant dans sa paume.
— Je ne t'amènerai pas Dobby tant que je ne serai pas sûre que tu ne complotes pas une espèce de vengeance personnelle.
— C'est exactement ce que je complote et toi aussi. Mais ce n'est pas contre lui, alors amène-le. Je ne vois pas qui d'autre peut nous ramener un cheveu qui n'appartienne pas à un élève de Poudlard.
— De toute façon, tu ne devrais pas d'abord te concentrer sur le Polynectar ?
Malfoy tira à lui la chaise où était posée sa veste. Du revers, il sortit une fiole épaisse qui contenait une boue vaseuse. Comment avait-il convaincu un Serpentard de la lui voler, ça...
— Tout s'achète, je te l'ai dit.
Elle ouvrit la main sur le bracelet, méfiante.
— Je croyais que tu ne pouvais pas entendre ce que je pense, ici.
— Oui, mais je commence à te connaître.
Pour ne pas donner suite à cette désagréable constatation, Hermione se retira derrière un paravent et enfila l'uniforme propre que lui fournit la Salle sur Demande.
Les cuisines étaient en effervescence, les elfes courant dans tous les sens pour préparer le petit-déjeuner du samedi. Hermione se tint en retrait pour ne pas les déranger dans leurs tâches, mais sa simple présence suffisait à ce qu'ils se soucient de son bien-être.
Manger était le dernier de ses soucis en arrivant, mais le défilé de croissants, petits pains grillés, bacon, marmelade, confitures, jus d'orange ou de mûres, de céréales et de chocolats chauds fit vite gronder son estomac. Quand Dobby l'approcha avec une assiette de toasts beurrés, elle céda.
— Quand tu auras fini ton service, est-ce que tu peux venir avec moi ? J'ai besoin de ton aide.
Les grands yeux verts de Dobby s'illuminèrent comme si elle venait de lui offrir son cadeau de Noël en avance. Une fois les assiettes propres, le sol balayé et les tables brillantes comme si on venait de les vernir, Dobby fonça vers elle. Ses oreilles battaient l'air à chaque pas.
Hermione s'assit sur un banc pour être à son niveau.
— Avant que tu acceptes, tu dois savoir que je ne suis pas la seule que tu aiderais. Draco Malfoy... m'aide, en quelque sorte, alors indirectement tu l'aiderais, lui aussi. Bien entendu, je ne le laisserai pas te manquer de respect et tu seras dédommagé.
— Dobby n'a pas besoin d'être dédommagé pour rendre un service à Hermione Granger, Miss. Dobby serait ravi d'aider l'amie de Harry Potter.
En un transplanage, Dobby les ramena au septième étage.
Dans un coin, la Salle sur Demande avait matérialisé un fauteuil de cuir. Malfoy y était assis, les jambes croisées et la tête contre son poing, dans une posture relativement digne pour quelqu'un d'endormi. Elle se racla la gorge, le faisant se redresser. Il lissa sa chemise et son regard un peu vitreux tomba sur Dobby comme sur un excrément de Scroutt.
— Tu peux remercier Dobby d'être venu nous aider, Malfoy.
— Tu as raison, un elfe de maison qui prend sur son temps libre pour nous, je devrais l'en remercier. Oh, mais attends... les elfes de maison ont du temps libre ? Non ? Alors c'est du temps de l'école, n'est-ce pas ? Et je devrais l'en remer...
— Dobby a du temps libre, le coupa Hermione. C'est dans son contrat de travail.
— Son contrat de... oh et puis peu importe. Dobby, ramène-moi un cheveu de sorcier qui ne soit pas un élève de Poudlard. Ça ne devrait pas être trop compliqué pour toi, assure-toi juste qu'il soit beau.
Il y eu un silence.
— Tu ne comptes donner aucun détail concret de ce que tu considères « beau » ? dit enfin Hermione.
Malfoy jugea un instant la cravate fer à cheval que Dobby portait sur sa poitrine nue.
— Hmm, dit-il en se levant. Déjà les yeux clairs. Environ notre âge. Blond évidemment. Choisis une taille similaire à la mienne. Pour...
— Quelqu'un comme toi si je comprends bien, le coupa Hermione.
— Oui, exactement. Quelqu'un qui me ressemble.
Dobby se tourna vers Hermione pour confirmer la demande. Elle acquiesça et il disparut dans un « crac » sonore.
— D'ailleurs, j'espère que tu sais danser, Granger.
— Oui. Merci de t'en soucier.
— Dans ce cas reprenons les antidotes. La protection des bijoux est confortable, mais ce n'est pas une solution à long terme.
.*.
Comme le bracelet et la chevalière les isolaient déjà, ils finirent par lever la restriction de la Salle sur Demande pour pouvoir se contacter en toute circonstance pendant qu'ils se divisaient les tâches. Malfoy poursuivit ses potions tests et elle retrouva avec bonheur la bibliothèque aux fenêtres couvertes de neige. Tout lui avait manqué, du froissement des pages à l'odeur des vieux ouvrages. Installée à une table, une pile de livres devant elle, elle partagea son temps entre les recherches sur le Vivet, les antidotes et ses propres devoirs. Le silence entre Malfoy et elle n'était pas absolu, mais tant que tous deux conservaient leur barrière, ils pouvaient s'ignorer.
Ce qu'elle ne pouvait ignorer en revanche fut le retour des groupies de Viktor Krum le lendemain. Et à son grand dam, elles ne quittèrent plus la bibliothèque. Hermione écrivait quand un énième gloussement fit déraper sa plume. Elle ratura le parchemin avec colère et décrocha son bracelet.
« Pourquoi faut-il que Krum amène tout son fan-club ici ? Les élèves de Durmstrang n'ont pas une bibliothèque dans leur vaisseau ? »
La présence de Draco se refit nette.
« Pas que je sache. En tout cas il n'en a pas parlé. Quel est le problème avec son fan-club ? »
« Il glousse ! »
Elle n'entendit aucune réponse, mais une sensation de légèreté la traversa et elle sut qu'il riait. Son courroux un peu apaisé, elle ramassait le bracelet quand une ombre se posa sur sa table. Krum se tenait à côté d'elle, l'air plus gauche et mal à l'aise que d'habitude. Les gloussements avaient cessé.
— Est-ce que tu voudrrrais venirrr au bal avec moi ?
Le bracelet retomba. Le visage brûlant, Hermione entrouvrit la bouche sans savoir quoi répondre, parce qu'elle avait forcément mal entendu.
« Mal entendu quoi ? »
« Je crois que Krum vient de m'inviter au bal... ? »
Elle se tourna pour vérifier qu'il ne parlait pas à une élève dans son dos, mais c'était bien elle que Krum fixait avec espoir.
— Oh, je suis désolée, quelqu'un m'a déjà invitée, mais je... euh...
Krum acquiesça, l'air maussade. Les filles qui les épiaient derrière le rayonnage l'incendièrent du regard alors que lui s'éloignait de sa démarche en canard. Hermione baissa la tête vers son parchemin et rattacha le bracelet d'une main tremblante. Plus elle tentait de l'écarter, plus la scène improbable qui venait de se jouer resurgissait.
Elle ne put s'empêcher de jeter des coups d'œil vers Krum alors qu'il rangeait son livre et ressortait de la bibliothèque. Il était un des champions, il avait forcément un large choix de cavalières.
Comme son malaise ne se dissipait pas, Hermione finit par boucler ses affaires et remonter dans la tour de Gryffondor avec deux des livres dans les bras. Harry et Ron discutaient près de la cheminée avec Dean et Seamus. Le regard de Ron s'arrêta sur son poignet, mais elle monta dans son dortoir avant qu'il ne puisse poser de questions.
Même sans Malfoy, elle ne se serait pas retrouvée seule au bal. Elle s'assit sur son lit et tira le paquet où reposait sa robe dorée. Que se serait-il passé si elle avait refusé l'invitation de Malfoy ? Et qu'est-ce qui l'attendait puisqu'elle avait dit oui ?
Que se serait-il passé sans Malfoy, nous on sait déjà hehe
Krum = Ron jaloux = Ron et Hermione ensemble.
Mais maintenaaaant on a plus que Malfoy = Ron jaloux ?
Merci Fla pour ta review, je suis contente que tu aies trouvé ce Dramione, à vendredi prochain alors !
