Ce qui revient toujours au pire moment
-Chéri ?
Seul le silence répondit à Helen Granger. Elle se rendit donc dans la salle des transports du manoir Potter pour se rendre dans le nouveau cabinet de son mari, en plein Bern. Après une année sabbatique, le couple avait décidé de laisser définitivement leurs cabinets respectifs à de nouveaux praticiens et d'en ouvrir de nouveaux mais en Suisse. Si Helen continuait à exercer parmi les non magiques, Malcolm s'était ouvert aux être magiques, ce qui lui avait offert une clientèle plus nombreuse car la psychologie n'était pas un domaine vraiment pris en compte dans le monde magique.
-Bonjour, madame Granger, salua le secrétaire. Que puis-je pour vous ?
-J'aimerai voir mon époux entre deux rendez-vous, indiqua Helen.
-Le prochain se termine dans une dizaine de minutes, répondit le secrétaire en consultant l'emploi du temps.
-Merci, sourit Helen.
Un quart d'heure plus tard, le couple s'était retrouvé et Malcolm s'inquiéta immédiatement en découvrant à son tour le courrier des services sociaux.
-Il est vrai que nous ne nous sommes pas inquiétés du cousin d'Harry … avoua Malcolm.
-Nous n'étions pas censés le faire, rétorqua Helen. Mais je ne comprends pas pourquoi ils exigent une rencontre alors qu'ils s'en sont parfaitement passé ces cinq dernières années !
Malcolm mit quelques instants à rassembler ses idées.
-Je ne suis pas spécialisé dans la pédopsychiatrie, rappela Malcolm, mais je pense que ça doit faire partie de la thérapie du jeune Dudley. On doit vouloir lui faire affronter ses erreurs.
-Est-ce que c'est une raison pour ne pas prendre en compte ce que pourrait ressentir Harry ? s'indigna Helen. Il était son souffre-douleur, bon sang ! Harry a réussi à garder la tête hors de l'eau avec tout ce qui se passe dans le monde sorcier et il n'a pas à se soucier du bien-être d'une famille qui l'a réduit en esclavage en prime !
-Le père qui est en moi dit que tu as totalement raison, fit Malcolm. Mais le spécialiste pense que ça pourrait également être une bonne expérience pour Harry. Mais avant toute chose, il faudra lui en parler.
-La rencontre ne pourra se passer que pendant les vacances, pointa Helen. On pourrait s'arranger avec Severus pour qu'il autorise Harry à s'absenter mais il y en aura toujours pour s'indigner alors que ça ne les concerne même pas.
-Nous allons quand même aller le voir pour lui expliquer la situation, prévint Malcolm. Je vais également me rendre aux bureaux des services sociaux pour en savoir plus et me renseigner sur le devenir de tous les membres des Dursley. Est-ce que tu te souviens si Harry les a attaqués en justice ?
-Pas que je sache, il me semble qu'il était partie civile, réfléchit Helen. Est-ce que tu penses qu'il en sera capable ou qu'il en a besoin ?
-Cela lui permettrait de tourner définitivement la page, concéda Malcolm. Ils ont déjà été reconnus coupables de maltraitance sur mineur mais ce n'était pas lui qui avait porté l'affaire. Je verrai avec lui pendant la prochaine séance.
-Docteur Granger ? fit une voix à l'extérieur du bureau
-Oui ? répondit en chœur le couple avant de pouffer
-Je vais te laisser, fit Helen en embrassant tendrement son mari. On en discutera ce soir.
Malcolm eut un sourire rêveur dès que ça ne concernait pas le travail pendant toute la journée.
§§§§§
-Harry ?
Le brun leva le nez de sa rédaction pour apercevoir Lavande Brown et Parvati Patil à ses côtés. En se redressant complètement, il nota qu'il n'y avait pas que des filles de Gryffondors qui s'étaient rassemblées dans la Grande Salle. Distraitement, il observa les alentours et remarqua qu'il n'y avait plus de professeurs présents. D'où l'attaque en règle …
-Salut les filles, sourit Harry. Qu'est-ce qui se passe ?
-On aimerait te poser une question, fit Lavande.
-Je me réserve le droit de ne pas y répondre si j'estime que ça ne vous concerne pas, prévint Harry.
-D'accord, fit Parvati.
-On a remarqué que tu n'avais pas de petite-amie, pouffa Lavande. Quel est ton type de fille ? Est-ce que l'une d'entre nous te plait ?
Harry retint un ricanement mauvais en entendant le reniflement de mépris d'Hermione, assise en face de lui. Il croisa le regard amusé de Neville qui avait sûrement eu la même pensée que lui. Toute la bande en avait discuté quelques jours plus tôt quand Blaise avait fait remarquer que les journaux n'avaient pas listé les potentielles lady Potter à l'approche des fêtes de fin d'année.
-Contrairement à ce que les journaux ou les soi-disant proches qui ont donné des interviews, je ne suis pas attaché à des détails physiques comme la couleur de cheveux ou celles des yeux, expliqua Harry après avoir soigneusement refermé ses stylos. J'ai même tendance à m'écarter des rousses parce que le complexe d'Œdipe ne m'intéresse vraiment pas.
La majorité des nés de moldus et des nés de sorciers vivant dans le monde moldu éclata de rire.
-Qu'est-ce que c'est ? demanda Lavande, perdue
-Pour simplifier, je ne cherche pas ma mère chez ma petite-amie, expliqua Harry. Je ne la connais pas et je ne suis pas une réplique fidèle de mon père ou sinon, vous auriez eu de sacrées surprises. Donc non, je ne vais pas directement vers les rousses à fort caractère. Les rares qui correspondent à cette description que je connais ne comprennent pas le sens du mot concession et honnêtement, j'ai autre chose à faire que de me battre jusqu'à dans mon lit parce que ma partenaire n'aime pas qu'on lui tienne tête.
Beaucoup reconnurent la pique envers Ginny Weasley qui criait depuis sa deuxième année être la prochaine lady Potter sans s'enquérir de l'accord du principal intéressé. Cette dernière ne pouvait pas répliquer car c'était exactement son caractère.
-Donc ? fit Parvati. Quels sont les critères que devra respecter ta future petite-amie ?
-Qu'elle respecte le fait que je ne veuille pas me retrouver dans tous les journaux, c'est non négociable, décréta Harry. Je n'aime pas être célèbre pour une chose dont je ne me souviens même pas, je veux vivre ma vie comme je l'entends et pas comme le voudrait le peuple sorcier. Qu'elle ne me considère pas comme le prince charmant qui va résoudre tous ses problèmes. Qu'elle ne vive pas, qu'elle ne respire pas et qu'elle ne voit pas que par moi.
-Que veux-tu dire ? s'étonna Hermione
-Je refuse d'avoir une petite-amie qui soit totalement dépendante de moi, expliqua Harry. Qu'elle croit dur comme fer qu'elle n'est qu'une extension de moi, qu'elle attende mon approbation pour tout ce qu'elle pourrait faire. Ou l'opposé, qu'elle pense que je ne peux rien faire sans elle, qu'elle prenne des décisions en mon nom ou fasse les choses à ma place. Je veux une personne indépendante mais qui me complète.
-C'est vague, constata Lavande.
-Au contraire, c'est très précis, sourit Harry. Ma moitié devra être là pour moi et pas pour le Survivant ou le futur lord Potter. Et autant vous le dire tout de suite, je ne compte pas sortir avec qui que ce soit jusqu'à la fin de l'année.
-Mais … protesta Lavande.
-Si ça te plait que tout le monde sache le nombre de fois que tu as couché dans les placards de l'école ou quelle est ta position préférée, c'est ton problème, Lavande, coupa Harry. Pour moi, un couple, c'est entre deux personnes et pas avec le monde entier. Ma vie privée restera désormais privée, merci. Si tu es à court de ragots, intéresse-toi aux personnes pour lesquelles voir leur vie étalée dans les journaux ne les gênent pas. Maintenant, si ça ne te dérange pas, je vais aller réviser avec mes amis. Et non, personne d'autre n'est invité.
Harry rangea ses affaires puis présenta ses bras à Hermione et Luna avant de quitter la Grande Salle. Ils se dirigèrent vers l'orée de la forêt interdire malgré le temps nuageux et le temps qu'ils aménagent et protègent l'endroit, Daphnée, Astoria, Neville, Théo et Draco arrivèrent, accompagnés de Susan Bones et de Blaise Zabini.
-Je dois te féliciter, Potter, fit Draco en tapant lentement dans ses mains. En moins de dix minutes, tu viens d'exclure définitivement la Weasley en tant que prochaine lady Potter et ce, sans qu'elle ne puisse rien dire. Je m'incline.
-Ce n'est pas ma faute si la personne idéale pour moi ne lui correspond pas, de près comme de loin, rit Harry.
-Au moins, maintenant, toutes les rumeurs qui vous disent ensemble vont être totalement décrédibilisées, assura Daphnée.
-Ou alors, il faudra qu'elle change du tout au tout et même là, ça ne va pas être gagné, prédit Luna.
-Si nous pouvions ne plus parler de cette garce, grommela Hermione. Draco a raison, tu étais inspiré.
-On savait que le sujet viendrait sur la table un jour ou l'autre, haussa des épaules Harry. J'ai juste révélé les grands absolus que la personne qui partagerait ma vie devait respecter.
-Ce qui a écarté les trois quarts des filles à Poudlard, ricana Neville. Mais tu te doutes que ça ne les empêchera pas de tenter quand même leur chance, non ?
-Je ne me fais pas d'illusions, soupira Harry. J'imagine qu'on leur a mis dans la tête que le mari ultime à avoir était le Survivant, le sorcier parfait dans toute sa splendeur …
-Vous savez à qui me fait penser ces filles ? sourit Luna
-A des gourdes ? railla Hermione. Je ne pensais pas que les sorcières pouvaient encore croire aux contes de fées à leur âge …
-Elles me font penser à la Dame Grise qui ne veut pas se remettre en cause, sourit Luna. Quand elle est toute seule, elle se plaint toujours que sa mère ne la regardait jamais alors que d'après les écrits authentiques, Rowena ne voyait qu'elle mais elle ne savait jamais comme la satisfaire malgré son jeune âge. Dans un sens, si elle avait vécu au-delà de ses dix-sept ans, je ne suis pas sûre que sa mère serait restée aussi tolérante.
-Rowena … releva Harry. Tu es en train de me dire que la Dame Grise est la fille de Rowena Serdaigle ?
Toute la bande regarda Harry avec de grands yeux.
-Dites … Ce n'est pas un crime de ne pas le savoir, hein ? s'inquiéta Hermione. Moi aussi je n'étais pas au courant.
-Neville ? fit Luna
-Je vous avoue que comme grand-mère me l'avait dit, je ne m'étais pas inquiété, fit Neville. Mais maintenant que nous mettons le nez dessus … L'histoire des fantômes de chaque maison est connue des élèves des autres maisons. Mais c'est vrai que les Gryffondors ne s'y intéressent pas forcément.
-La Dame Grise s'appelle Helena Serdaigle, expliqua Luna. Elle était la fille de Rowena Serdaigle et était éternellement insatisfaite d'être dans l'ombre de sa mère. Elle a fini par voler la plus grande œuvre de sa mère et elle a quitté la Grande Bretagne pour le continent. Désespérée, Rowena a envoyé le fils d'un noble sorcier qui la connaissait bien la poursuivre jusqu'à l'actuelle Albanie. Tous les deux se sont disputés et il a fini par la tuer accidentellement. On dit qu'il a ramené le corps d'Helena auprès de sa mère mais depuis, le diadème de Rowena a disparu.
-Je trouve que pour une gamine pourrie gâtée, elle s'est assez bien débrouillée pour traverser tout le continent, commenta Daphnée. Le réseau de communication ne devait pas être aussi développé qu'aujourd'hui et une femme ne pouvait pas voyager seule.
Hermione eut un hoquet de stupeur qui attira l'attention. Elle toussa alors fortement.
-Désolée, s'excusa Hermione. J'ai avalé de travers.
-Ne t'étouffe pas, surtout, sourit Harry. Si elle est morte, on sait ce qu'est devenu celui qui l'a ramené ?
-Tu connais l'expression « errer comme une âme en peine » ? demanda Théo. Celui qui l'illustre le mieux est le Baron Sanglant. Il ne s'est jamais remis d'avoir tué celle qu'il aimait et il s'est suicidé après être revenu à Poudlard.
-On se rend compte que les fantômes des maisons ont eu des morts assez violentes, constata Neville.
Ils continuèrent à discuter des fantômes les plus célèbres du monde sorcier puis, alors que l'heure du dîner se faisait de plus en plus proche, ils décidèrent de se séparer pour déposer leurs affaires dans leurs chambres respectives avant de retourner dans la Grande Salle. Alors que les Serpentards raccompagnaient Susan chez les Poufsouffles, les Gryffondors se chargèrent de Luna.
-Dis, Luna, fit Hermione. Tu penses qu'il serait possible que la Dame Grise nous raconte elle-même son histoire à Harry et moi ?
-Bien sûr, sourit Luna. Je peux lui en parler et lui demander de vous rejoindre à un endroit précis. En revanche, ce ne sera pas après le couvre-feu.
-Bien sûr, sourit Hermione.
La blonde les accompagna ses amis devant la salle commune de Gryffondor. Neville lui tint compagnie tandis qu'Harry rapportait ses affaires en même temps que les siennes dans les dortoirs comme Hermione. En descendant les escaliers, la brune se pencha vers son meilleur ami.
-Le diadème de Serdaigle ? murmura Hermione
-Le diadème de Serdaigle, confirma Harry.
§§§§§
-Pourquoi ? s'indigna Poppy
-Parce qu'il a son propre foyer et qu'il sera toujours mieux chez lui, indiqua Sirius. Surtout, s'il s'installe au QG, s'il est découvert, nous n'aurons pas le temps de l'évacuer avec toutes ses affaires.
Rares étaient les fois où Poppy Pomfrey se rendait au QG de l'Ordre du Phénix, la sorcière ayant négocié son adhésion à une participation strictement médicale. Ainsi, après les affrontements contre les mangemorts, les portes de l'infirmerie de Poudlard étaient ouvertes aux membres de l'Ordre mais depuis la suspension de Dumbledore, l'infirmière avait dû monter de toute pièce un local médical de fortune. Severus ne s'était pas opposé à son « second » emploi mais avec les professeurs supplémentaires cette année, elle ne pouvait plus se servir officiellement dans les stocks de l'école. En plus de cela, bien qu'elle en veuille encore à Albus Dumbledore, elle était toujours tenue de le soigner, ce qui faisait que pour l'année scolaire, elle tenait une permanence à Poudlard, une autre au QG de l'Ordre et une troisième au chevet de Dumbledore. Au bout de trois mois, elle était complètement épuisée et c'était pour cette raison qu'elle avait demandé à Sirius Black s'il lui était possible d'héberger l'ancien directeur au manoir Black.
-Vous ne voulez pas le voir ici, avouez-le, grogna Poppy.
-Autant que vous ne voulez pas le soigner après qu'il vous ait abandonné aux mains des mangemorts, renvoya Sirius.
Poppy détourna le regard, agacée. Malgré son serment médical, c'était la vérité. Malheureusement, elle s'était engagée et ne pas soigner le vieux sorcier entacherait sa réputation qui était déjà bien malmenée à cause dudit patient, d'ailleurs.
-Il y a une autre raison pour laquelle je ne peux pas accepter, soupira Sirius. Quand j'ai ouvert une partie du manoir à l'Ordre, j'ai disposé plusieurs sorts aussi bien pour sa protection que pour la mienne. Si Dumbledore est à moitié comme mon oncle Alphard, qui avait ses petites habitudes, alors plusieurs protections sauteraient ce qui mettrait en danger les membres de l'Ordre.
-C'est une justification un peu limite, commenta Poppy.
-Je tolère à peine les Weasley à demeure et vous croyez sérieusement que j'accepterai que Dumbledore fasse comme chez lui ? grinça Sirius. Je ne crois pas, non.
Poppy souffla, vaincue. Même dans l'infirmerie de Poudlard, Albus Dumbledore déréglait toujours les protections des lieux, installant ses propres sorts. Elle comprenait les craintes de Sirius : le vieux sorcier, pour son propre confort, pouvait parfaitement altérer les sorts centenaires du manoir, la raison première de l'installation du QG en ces lieux.
-D'accord, soupira Poppy. J'imagine que demander le raccordement privé de sa cheminée au QG de l'Ordre serait impensable.
La grimace désolée de Sirius répondit pour elle. A la base, les membres devaient se rendre au QG en transplanant dans les ruelles donnant sur la place mais dans le dos du propriétaire des lieux, Dumbledore avait raccordé illégalement la cheminée au réseau. Le raccordement n'étant pas de son fait – la cheminée du QG était considérée comme un domicile différent du manoir Black – Sirius ne pouvait donc rien faire et n'aurait quand même rien fait car physiquement parlant, la cheminée se trouvait bien au manoir Black et un accès privé aurait créé une faille dans les barrières.
-S'il râle, vous n'auriez qu'à lui rappeler qu'après l'attaque, il aurait dû retourner à Poudlard, ricana froidement Sirius. Ainsi, il aurait toujours eu accès à des infrastructures correctes et surtout, il n'aurait pas été suspendu de son poste de directeur.
-Ce serait un coup bas, ne put s'empêcher de dire Poppy en pouffant.
-Ça le ferait descendre de son nuage, surtout, commenta Sirius.
Tous les deux continuèrent à discuter du petit local médical installé au QG. Alors que Dumbledore avait confié à Molly Weasley la charge de la remise en état, de l'entretien et du réapprovisionnement du laboratoire de potions, avec pour conséquence que ni Severus ni Hermione ne pouvaient l'utiliser à son plein potentiel, Poppy avait directement avisé Sirius Black pour lui fournir exactement ce qu'elle voulait et pas les approximations hasardeuses de la matrone. Cette dernière en avait été vexée, bien entendu, mais l'infirmière n'avait pas l'intention de se faire apprendre son métier par une mère au foyer qui croyait avoir la magie infuse. Bien entendu, la majorité des potions du local était brassée par Severus ou Hermione, indifféremment, mais l'infirmière refusait clairement que Molly y mette le nez. D'ailleurs, mis à part en cas d'urgence, et encore, elle ne pouvait même pas y mettre les pieds, Sirius et Poppy s'en étaient assurés.
D'ailleurs, en parlant d'elle, la matrone débarqua dans la cuisine où l'ancien prisonnier et l'infirmière discutaient autour d'un thé.
-Je ne savais pas que vous étiez là, grinça presque Molly.
-C'est drôle, je me disais la même chose à votre sujet, railla Sirius.
-Sirius ! s'indigna Poppy
-D'accord, d'accord, capitula Sirius.
-J'aurais besoin de potions anti-douleur, fit Molly.
-Combien ? demanda Poppy
-Une quinzaine, répondit Molly.
-C'est quasiment le stock que j'ai mis à votre disposition pour l'usage des membres de l'Ordre hors urgence la semaine dernière, constata Poppy en fronçant des sourcils. Que s'est-il passé ?
-Arthur avait mal, déclara Molly.
-Et Arthur sait parfaitement qu'il peut me voir dès que sa blessure le fait souffrir et que les potions anti-douleur peuvent aggraver son cas, renvoya Poppy.
-Vous ne savez pas … protesta Molly.
-Même si j'officie à l'infirmerie de Poudlard, je suis également médicomage, merci de vous en rappeler, coupa sèchement Poppy. Avec l'accord d'Arthur, j'ai eu accès à son dossier médical et nous avons pu en discuter tranquillement. Je connais les recommandations que je lui ai données donc il n'aurait pas pu prendre toutes ses potions sans savoir que ça mettrait sa santé en danger. Donc, je me répète, pourquoi avez-vous consommé autant de potions ?
-J'en avais besoin, s'irrita Molly.
-Sans réponse claire de votre part, vous me voyez désolée de ne pas pouvoir répondre à votre demande, fit Poppy. Il m'est déjà assez difficile de pouvoir obtenir des potions d'urgence et j'ai dû batailler dur pour constituer un stock pour le quotidien, je refuse de le remplir pour qu'il disparaisse dans la nature.
-Le professeur Dumbledore … protesta Molly.
-Effectivement, je vais rapidement l'en aviser et lui rappeler que le seul maître de potions à notre disposition ne peut toujours pas se dédoubler et remplacer au coup de sifflet des potions gaspillées pour il ne sait quelle raison, coupa Poppy. Donc soit je sais pourquoi je dois renouveler le stock, soit vous vous débrouillez pour le faire vous-même en faisant en sorte que ce soit de la même qualité.
Poppy et Sirius virent Molly serrer les dents.
-C'est le stock de l'Ordre, lâcha Molly. Vous ne pouvez pas le laisser vide.
-La pharmacie en cas d'urgence est toujours réapprovisionné, indiqua Poppy. Celle pour le quotidien est à la disposition des membres de l'Ordre et rien ne vous empêche de la remplir avec des potions correctes.
-Je demanderai à Hermione de les faire, renifla Molly. Elle fait partie de la famille.
-Et Hermione les fera que si elle a l'autorisation de Snape, intervint Sirius. Vous avez l'air d'oublier qu'elle est en apprentissage et qu'elle ne reçoit d'ordres que de son maître. S'il estime que ce n'est pas une priorité, vous pourrez vous asseoir dessus.
Comprenant qu'elle ne pouvait plus argumenter, Molly tourna des talons et quitta la pièce. Poppy et Sirius se regardèrent, un peu surpris.
-Ça arrive souvent ? demanda Sirius
-De quoi vous parlez ? demanda Poppy
-Le renouvellement de l'armoire à pharmacie, précisa Sirius.
-Maintenant que vous le dites, elle se vide assez régulièrement, toutes les deux à trois semaines, réfléchit Poppy. Je n'y ai jamais réellement prêté attention, puisque les commandes sont communes à Poudlard et à l'infirmerie du QG et qu'il y a beaucoup d'attaques. Mais il est vrai que j'ai un volume beaucoup plus important de potions du quotidien dans les listes. Je vais aller voir Arthur à son bureau pour vérifier qu'il n'a pas besoin d'une véritable assistance médicale.
Après l'avoir saluée et raccompagnée vers la cheminée, Sirius se rendit dans la partie privée du manoir – qui était largement mieux entretenue que si c'était Molly Weasley qui s'en chargeait – et s'installa dans son bureau.
-Kreattur ! appela Sirius
-Maître Sirius Black m'a appelé ? s'inclina Kreattur
-Oui, j'aimerai que tu me rendes un service, fit Sirius. Il semblerait que le stock de potions du quotidien de l'Ordre descende un peu trop rapidement. Tu pourrais m'en dire plus ?
-Oui, maître Sirius Black, s'inclina Kreattur.
