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3/ Spooky Slipknot

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"You're so hypnotizing,

Could you be the devil ?

Could you be an angel ?

Your touch, magnetizing,

Feels like I am floating,

Leaves my body glowing."

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F.B.I Headquarters "The J. Edgar Hoover Building" - Washington, D.C.

23 Décembre 1994 :

En ouvrant lentement mes paupières, la première chose que je vis, fut...

... Une soucoupe volante ?

Forcément, j'ai sursauté pour écarquiller en grand mes yeux, le cœur au bord de l'infarctus. Heureusement, mes battements se calmèrent lorsque mon cerveau comprit qu'il ne s'agissait que d'une photo d'un OVNI, sur un poster. L'affiche accrochée sur le mur en face de moi représentait un objet ovale avec, écrit en dessous :

"I WANT TO BELIEVE"

Je souris enfin en comprenant où je me trouvais : dans le bureau personnel de l'Agent Fox Mulder.

J'étais en train de me frotter le visage et les yeux, lorsque la porte s'ouvrit et qu'une voix grave s'amusa :

- Sweet dreams...?

- ... are made of this, who am I to disagree ?... m'amusais-je en citant la chanson.

Pour une fois, je n'étais pas en anachronisme avec ma ligne temporelle, puisque la musique "Sweet Dreams" d'Annie Lennox était sortie en 1983.

Mulder rit en se dirigeant vers moi, puis il posa un mug de café fumant sur son bureau, devant mon visage fatigué. Il avait lui aussi une tasse en main, puis railla derechef :

- Si tu commences à avoir le même sens de l'humour que moi, Scully va me tuer.

J'étouffai un rire en aspirant une gorgée de liquide chaud, ce qui eut le mérite de me réveiller. Enfin, me réveiller dans mon songe, parce que moi, je dormais toujours en 2024.

Mulder reprit :

- Au fait, Skinner est en boucle sur la fête de demain. Le Noël du FBI, tout le monde doit venir.

Un fit "oui" de la tête.

- Je serais là.

- Parfait.

Il sourit en buvant son café, sans me quitter du regard.

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"They say, be afraid,

You're not like the others,

Futuristic lover.

Different DNA,

They don't understand you."

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Apartment 221B - Washington, D.C.

24 Décembre 1994 :

Je me tenais debout devant mon armoire grande ouverte, appuyée sur ma canne, cherchant une robe à mettre pour le Noël du FBI. Je n'avais rien de bien probant, rien d'intéressant, rien de joli. En plus, je me sentais faible.

J'étais à jeun, je devais faire des examens médicaux le lendemain, et je n'avais rien le droit de manger, ni de boire pendant les 12h avant les tests. Je n'arrivais pas bien à réfléchir, alors j'ai sorti le premier cintre qui glissa sous mes doigts et je me suis habillée en vitesse. Une fois fait, j'eus encore le réflexe de chercher mon IPhone pour commander un Uber, jusqu'à me souvenir de ma ligne temporelle.

Bon... Où se trouve donc mon téléphone fixe ?

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"You're from a whole another world,

A different dimension,

You open my eyes,

And I'm ready to go,

Lead me into the light."

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F.B.I Headquarters "The J. Edgar Hoover Building" - Washington, D.C.

24 Décembre 1994 :

En clopinant jusqu'à la salle des fêtes du bâtiment, je suis passée devant un miroir géant devant lequel mon reflet m'arrêta net dans mon élan : j'avais toujours mes longs cheveux châtains noués en une grande tresse qui tombait dans mon dos jusqu'à mes hanches, ma main droite tenait fermement ma canne, j'avais des ballerines noires aux pieds, et toujours ma longue chaîne et son médaillon argenté en forme de "M" écrit en alphabet gothique. Mais ma robe...

... N'allait pas du tout.

C'était une robe dont la forme portait le nom inélégant de "Puff Dress", avec des bretelles courtes et un pan épais, qui arrivait tout juste aux genoux. Ma parure était entièrement noire, avec seulement une touche de couleur.

Du rouge.

Du rouge sang.

En haut à droite, sur ma poitrine, je pouvais lire un mot : "Slipknot".

C'est ça, précisément, qui n'allait pas.

Déjà, parce que même si je connais ce groupe de musique de nom, je n'ai jamais écouté une seule de leur chanson.

Jamais.

Aussi, parce que le groupe ne s'est formé qu'en 1995 et que la ligne temporelle était donc, une nouvelle fois, mauvaise.

Nonobstant cet anachronisme, le mot "Slipknot" ressortait sur le noir ébène, avec cette typographie bien spécifique, un peu spooky. La robe entière avait un côté gothique très prononcé que si, d'ordinaire, j'apprécie, n'allait pas du tout pour une fête de Noël.

Il était, de toute façon, trop tard pour me changer, donc j'ai boitillé jusqu'à la grande salle. Les hauts lustres éclairés et le brouhaha du monde qui parlait me donnaient déjà le tournis. Je me sentais mal, lorsqu'une personne dans mon dos me lança :

- Eh dire que tout le monde pense que je suis le spooky du Bureau.

Je souris en me retournant, sachant pertinemment qui venait de parler.

L'Agent Fox Mulder se tenait debout devant moi, dans son costume bleu marine impeccable, sa cravate rouge à motifs et son très long trench-coat aussi noir que ma robe. Il avait un visage angélique, de profond yeux bleu clair et des cheveux châtain parfaitement bien coiffés. Son regard m'admira avec minutie de la tête aux pieds, puis il sourit :

- Une touche d'Halloween au moment de la fête de Noël, je ne dis pas non.

- Oh, c'est la fête de Noël ? badinais-je. Je n'ai pas dû lire le mémo.

Il sourit derechef :

- Attention, tu auras le droit à ton surnom, toi aussi.

J'ai haussé les épaules, nonchalante, mais souriante :

- "Scary Alisone" ? Après tout, "Spooky Mulder" est déjà pris.

Il se rapprocha de moi pour analyser le mot sanguinolent sur ma robe.

- "Slipknot" ? Je ne connais pas.

- Pas encore...

Il plissa des yeux, ne comprenant pas ce que je voulais sous-entendre.

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Trois cliquetis retentirent. Nous nous sommes tournés vers l'origine du bruit, c'était Skinner qui tapotait sa coupe de champagne pour entamer son discours. L'Agent Scully nous rejoignit en nous souriant. Elle portait une élégante et longue robe argentée, mais elle se dirigea vers le buffet, me laissant seule avec Mulder.

Durant la longue déclaration de Skinner, ma tête commença à tourner. Je voyais les gens boire et manger, ce que je ne pouvais pas faire. Un son strident vrilla mon crâne, mon corps entier me fit mal et, par réflexe, j'ai posé mes doigts de la main gauche sur le "M" de mon collier, pour m'ancrer à quelque chose. J'ai fermé les yeux pour ne plus sentir la Terre tourner et retourner dans l'espace. J'avais l'impression de me tenir dans un brouillard épais, au milieu d'une mélasse informe, impossible de convenablement bouger, respirer, penser...

Je tremblais, j'allais tomber dans les vapes, traverser un autre portail, lorsqu'une personne me retint juste à temps.

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Ma main gauche lâcha mon collier pour me retenir à mon sauveur, agrippant fermement son bras pour ne pas m'écraser sur le sol. En ouvrant les yeux, mon regard plongea dans l'azur de celui de Mulder, puisque oui, il s'agissait bien de lui.

Évidemment...

Bien qu'il semblait inquiet en me retenant, il badina néanmoins :

- Alisone, si tu veux terminer dans mes bras, tu n'as pas besoin de faire de malaise. Suffit de demander...

Je souris.

- Je prends note.

Le son strident dans mon crâne se changea en une étrange mélodie. Comme le discours de Skinner venait de se terminer et que l'orchestre commença enfin à jouer les ballades de Noël, j'ignorais si la musique était réelle, ou si elle résonnait simplement dans mon Palais Mental.

Je dus me concentrer pour comprendre les paroles :

"Ready for abduction,

Boy, you're an alien,

Your touch, so foreign,

It's supernatural,

Extraterrestrial."

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C'est officiel, c'est dans ma tête. La chanson "E.T" de Katty Perry est sortie en 2011, donc hors de ma ligne temporelle actuelle.

Encore.

En revanche, je comprenais pourquoi cette musique en particulier hurlait dans le Palais, puisqu'elle s'appliquait parfaitement à l'homme en face de moi, qui me dévisageait avec inquiétude et envie.

Le Monde continuait de tourner autour de moi, lorsque Scully marcha dans notre direction. Si elle fut surprise de nous voir dans les bras l'un de l'autre, elle ne dit rien, parce qu'elle tenait quelque chose en main et qu'elle souhaitait ardemment nous informer d'une chose importante :

- Mulder. Alisone. Un coursier vient de laisser cette enveloppe à l'accueil. Elle est adressée au nom de : "Alisone Davies".

Mon cœur rata un battement.

Mulder se tourna vers moi, à la fois surpris et curieux.

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"You're so supersonic,

Wanna feel your powers,

Stun me with your laser,

Your kiss is cosmic,

Every move is magic."

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Mulder m'a aidé à marcher jusqu'au couloir du hall, une fois loin de la salle et du bruit, je me suis posée contre le mur pour prendre l'enveloppe kraft que Dana Scully me donna, intriguée.

Sous les regards interrogateurs de mes amis, j'ai ouvert la lettre et j'ai glissé ma main gauche à l'intérieur. Malgré le format A4 de l'enveloppe, cette dernière ne contenait qu'un minuscule objet. De la taille d'une phalange, c'était une mini clef argentée, accrochée à une corde noire usée. Je reconnus de suite l'objet en question. C'était un ancien bijou de portable, très à la mode dans les années 2010, bien avant les Smartphones. Les gens accrochaient des bijoux, des objets, à un trou dans leur téléphone. J'en avais aussi, j'avais une clef.

Cette clef.

Évidemment, lorsque j'ai eu mon premier IPhone en 2014, j'ai enlevé la clef pour l'accrocher à...

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Mulder, curieux.

Mon cœur rata un battement.

- Nous devons retourner dans ton bureau.

Il acquiesça et entoura son bras autour du mien pour que je puisse me raccrocher à lui en marchant dans le long couloir, jusqu'aux ascenseurs. Scully nous suivit et appuya sur le bouton métallique de la cabine.

Une fois à l'intérieur, une musique d'ambiance retentit :

"Kiss me, ki-ki-kiss me,

Infect me with your lovin',

Fill me with your poison,

Take me, ta-ta-take me,

Wanna be your victim,

Ready for abduction.

Boy, you're an alien,

Your touch, so foreign,

It's supernatural,

Extraterrestrial."

Ce n'était pas réel, mais je n'ai pas pu m'empêcher de jeter un coup d'œil vers Mulder, qui me retenait toujours sans me quitter du regard.

- Alisone ? Est-ce que ça va ?

... "Non..." pensais-je. "Si tu arrêtais d'être aussi mignon, je pourrais me réveiller". Mais je fis simplement "oui" de la tête, incapable de parler, ni de penser convenablement.

Un "ding" retentit, nous étions enfin dans les sous-sols, quittant l'ascenseur pour nous diriger vers le bureau de mon collègue. Scully ouvrit la porte pour nous, puis Mulder me fit asseoir sur la chaise en face de son bureau.

J'ai posé la petite clef au milieu des dossiers éparpillés, puis j'ai ouvert le dernier tiroir du bureau pour en sortir un épais carnet couleur parchemin.

Mulder plissa des yeux :

- Qu'est-ce que...? Ce n'est pas à moi.

- Non. C'est à moi... avouais-je. C'est mon "Journal de Chasseuse", comme je l'appelle. Un Journal dans lequel je consigne toutes mes enquêtes paranormales. Qu'elles soient résolues, ou pas.

Mulder tiqua et se rapprocha de moi. Mon carnet était très épais et avait une couverture brune en tissu, usée. Des feuilles sortaient par quelques coins, et il y avait des cordes noires en guise de marque-pages. Au bout de ces cordons, se trouvaient des amulettes. L'une d'elles était ronde, avec des écritures runiques gravées dessus. Une autre corde retenait une véritable clef, cette fois-ci, pas un bijou, mais une clef qui pouvait ouvrir un vrai cadenas. Sur cette clef, j'avais d'ailleurs gravé des runes pour protéger mon Journal.

Le petit gri-gri qui reposait sur le bureau faisait partie des amulettes qui pendaient du carnet. Avant qu'il ne soit enlevé, de toute évidence.

- Tes enquêtes paranormales ? questionna Scully, sceptique.

Seul Mulder souriait, comprenant sa curiosité, je lui ai tendu mon Journal, qu'il commença directement à ouvrir pour le lire en diagonale, tournant lentement les pages jaunies par le temps. Ses yeux brillèrent d'excitation et d'admiration en consultant les enquêtes. Il y avait tellement de choses surnaturelles à l'intérieur :

Plusieurs cartes réalisées par mes soins, des Road Trips avec des codes, les célèbres énigmes de Sam Dalmas, mon Triangle des Bermudes, les Démons et les Anges, mon Tulpa invincible, les cercles de culture, les maisons hantées (surtout celle de ma grand-mère), mes lieux maudits, l'histoire de Samhain, les sorts Magiques, les quêtes des GISHWHES, les mots "Bad Wolf" qui me suivent à travers l'Univers, les Apocalypses, mon premier tremblement de terre à Nice, le mystère d'Hélios le bâtiment hanté à Grasse, etc.

Alors que Mulder se délectait de ces découvertes, Scully reprit :

- Alisone... Si cette clef se trouvait dans ton Journal, cela signifie que...

- ... quelqu'un est entré par effraction ici, pour voler l'amulette.

Mulder tiqua et s'enquit :

- Mais, qui ? Et pourquoi ? Dans quel but ? Pourquoi juste cette amulette et pas le Journal ?

J'esquissais un sourire :

- Well... La vérité est ailleurs, Agent Mulder...

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"This is transcendental,

On another level,

Boy, you're my lucky star,

I wanna walk on your wavelength,

And be there when you vibrate,

For you, I'll risk it all."

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Drogheda - Ireland.

24 Mai 2024 :

Puis, je me suis réveillée, il était 5h45, et j'avais la bouche sèche, j'avais soif.

Oui, aujourd'hui, j'avais des examens médicaux à faire, comme dans mon songe, donc je n'ai rien eu le droit de manger, ni de boire, jusqu'à l'heure de mon rendez-vous à l'hôpital, à 8h. J'étais KO, fatiguée et faible. Pourtant, je suis restée plus de 2h à jeun.

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24.05.2024

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