.

Notes : Je cauchemarde en Anglais, je parle avec mon chéri en Anglais, et je regarde les films et séries en Anglais, donc : pour mes histoires ici, j'essaye de traduire comme je peux, mais parfois la version originale est mieux. Désolée.

.

4/ Spooky Birthday

.

"You shut your mouth,

How can you say,

I go about things the wrong way ?

I am human and I need to be loved,

Just like everybody else does."

.

Cité Millet, Villecomtal - France.

9 Janvier 2002 :

La chambre était comme je l'avais laissé, du haut de mes douze hivers en 2002 : bleu.

Toute bleue : la tapisserie bleue, ma couette bleue sur mon lit une place, le vieux bureau en bois laqué de mon grand-père croulant sous le poids de dizaines de livres, carnets et crayons, mon étagère également en bois, ainsi que mon coffre au pied de mon lit et mon armoire dans un angle du mur bleu.

Un calendrier bleu avec un dauphin bleu indiquait la date : 9 Janvier 2002.

À chaque fois que je Jump dans cette ligne temporelle, j'en profite toujours pour fouiller ma chambre, car je cherche un artefact.

Oui, je cherche un artefact en 2002. Le seul problème, et pas des moindres, c'est que j'ignore toujours la nature de l'artefact en question.

J'ai plusieurs théories :

Peut-être un vieux collier que nous avions échangé avec mes amies en 1998 avant que je ne quitte le nord pour migrer au sud, soit une clef magnétique orange, soit un vieil harmonica que j'utilisais en 1996/1997.

Cependant, plus le temps passait et plus mes fouilles ne donnaient rien de probant et plus je pensais que l'artefact en question devait être un livre. Je savais que je saurais ce que je cherchais une fois que je l'aurais trouvé.

En attendant, les rares fois où je Jumpais en 2002, j'en profitais pour retourner ma chambre bleue.

Comme cette nuit-là, le vendredi 24 Mai 2024.

.

"I am the son,

And the heir,

Of a shyness that is criminally vulgar,

I am the son and heir,

Of nothing in particular."

.

Il faisait nuit dehors, les volets étaient ouverts et je pouvais voir le ciel noir constellé de millions d'étoiles brillantes, la grande lumière de ma chambre était éteinte, je n'avais que ma petite lampe de chevet pour éclairer mes recherches, dont les ombres formaient des monstres étranges sur les murs bleus. C'était une simple lampe orange, posée sur le bord de mon bureau, qui me servait également de table de nuit. Je me suis accroupie par terre, commençant par sortir les caisses poussiéreuses de sous mon lit, les retournant rapidement, puis je me suis attaquée à un minuscule buffet dans un coin de ma chambre. C'était une sorte de petite armoire avec deux portes aimantées qui s'ouvraient sur quatre étagères internes. J'ai tout sorti, défait les pochettes plastiques, j'ai glissé mes doigts entre les pages des carnets, puis bougé tous les objets qui me bloquaient le passage.

Tout.

Mais, rien...

J'étais tellement absorbé par mes recherches, que j'ai sursauté au moment où la porte blanche de ma chambre a commencé à s'ouvrir en grinçant. Puis, tout doucement, une silhouette est rentrée dans la salle, son ombre la première...

Mon cœur rata un battement.

C'était un homme, debout devant moi, que je reconnus de suite, avec surprise :

- Mulder ?!

J'ai sauté d'un bond sur mes deux jambes, valides, pour faire face à l'Agent, qui jetait des regards partout autour de lui.

- Alisone ? Qu'est-ce que...

Je l'ai rapidement coupé pour tout lui expliquer le plus vite possible. Je n'avais pas de temps à perdre, le sable tombait dans le sablier invisible des lignes temporelles, et je devais me dépêcher. J'ai repris mon exploration en me jetant sur mon bureau pour tout regarder, tandis que Fox s'occupait de l'étagère, entre la porte blanche et mon armoire en bois.

Je n'ai pas pu m'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs dans sa direction. Il portait une simple chemise aussi blanche que ma porte, qui semblait presque trop grande sur lui, il avait ses cheveux châtains parfaitement bien coiffés et ses yeux bleus analysaient les objets devant lui avec grand intérêt. Mon cœur battait la chamade.

Il ne savait pas ce que nous cherchions, puisque je l'ignorais moi-même :

- What about a book ? demanda-t-il en touchant mon crocus du bout des doigts.

- Yeah... Maybe...

Puis, il attrapa délicatement plusieurs livres dont il lut les titres et admira les couvertures avec curiosité, avant de se tourner vers moi, en souriant :

- Tu as un nombre astronomique d'encyclopédies concernant les serpents... Je dois m'inquiéter, ou pas ?

Je souris.

- Non. Le serpent est mon animal préféré. J'ai passé mon enfance et mon adolescence à les étudier, acheter tous les livres à leurs sujets, ramasser des mues aux quatre coins des villes... Je voulais être Herpétologue... J'enregistrais d'ailleurs des reportages sur des cassettes, lorsque certains passaient à la télévision. Regarde sur mon lit, toutes mes peluches sont des serpents.

Il pencha sa tête sur le côté pour voir que, effectivement, la couette bleue de mon lit était recouverte de serpents en peluches, de toute taille et de toute couleur.

Je souris derechef :

- Pas étonnant que Serpentard soit ma Maison, n'est-ce pas ?

Il tiqua :

- Que quoi soit quoi ?

Je me mordis les lèvres.

C'est vrai.

J'oubliais.

La ligne temporelle de Mulder était 1994/1995, et "Harry Potter" n'existait pas encore.

Il reposa les grimoires puis se rapprocha de moi. Il me dépassait de presque deux têtes, ce qui n'était pas si choquant que ça, puisque je ne mesurais que 1m60.

Mais là, j'ai plongé dans son regard.

Dans ses yeux, j'avais l'impression de voir l'océan. Azur et argent, sous la lune. Distant et intouchable.

Magnifique.

.

"You shut your mouth,

How can you say,

I go about things the wrong way ?

I am human and I need to be loved,

Just like everybody else does."

.

La chanson se terminait. La ligne temporelle se refermait lentement sur elle-même.

Nous n'avions plus le temps de fouiller la chambre.

Ni même de nous embrasser pour la première fois.

Le portail nous amena ailleurs.

Loin.

Très loin.

Au milieu des millions de galaxies et des milliards d'étoiles, qui font rêver Perceval...

.

.

.

F.B.I Headquarters "The J. Edgar Hoover Building" - Washington, D.C.

9 Janvier 1995 :

Le "ding" de l'ascenseur me ramena à moi. J'étais seule dans la cabine métallique qui venait de s'arrêter à l'étage des sous-sols. Ma main droite tenait ma canne tandis que ma main gauche tenait une boîte en carton contenant plusieurs cupcakes. Je portais une robe noire et des Converses blanches aux pieds. Ma tresse tombait dans mon dos jusqu'à mes hanches et lorsque les portes s'ouvrirent, mes pas m'amenèrent mécaniquement vers un bureau, au fond d'un long couloir anthracite aux vives lumières émanant des lustres du plafond.

Devant le battant en bois dont l'insigne indiquait "Agent Fox Mulder", mon cœur rata un battement. Nonobstant les battements incessants, j'ai poussé la porte ouverte pour entrer dans l'antre de mon collègue. Ce dernier était dos à moi, un casque sur les oreilles, écoutant avec intérêt une cassette dans son vieux lecteur en face de lui. Sa main droite tenait fermement un stylo noir qui gribouillait de temps en temps des phrases sur un calepin couleur parchemin, tandis que sa main gauche piochait allégrement dans son sachet de graines de tournesol pour les écraser entre ses dents.

Je souris en clopinant vers lui.

Il portait désormais une chemise bleu pâle avec une cravate rouge à motifs, ses cheveux châtains partaient dans tous les sens et sa montre argentée brillait à son poignet gauche. Je savais qu'il n'aurait aucun souvenir du voyage temporel en 2002.

.

En me voyant arriver, il sourit à son tour, et appuya sur le bouton "stop" de son lecteur, puis enleva son casque. Il analysa la boîte en carton que je posais devant lui :

- Cupcakes ? dis-je, tout sourire.

Il plissa des yeux :

- Ce n'est pas mon anniversaire.

- Non, c'est le mien... avouais-je.

Il tiqua, puis souleva le couvercle. Dans le creux du carton, reposant sur une feuille de cuisson, se trouvait plusieurs cupcakes au chocolat, avec des glaçages de couleurs différentes : bleu, blanc, rouge, orange et vert.

J'avais commandé à la boulangère de ma rue des glaçages aux couleurs de mes deux pays : la France et l'Irlande.

Mulder attrapa un gâteau au nappage vert, puis toussota avant de demander, timidement, sans me regarder :

- Alors... Hum... Tu as quel âge, aujourd'hui ?

Je souris :

- En 1995 ? J'ai cinq ans.

Il tiqua derechef.

Je ne mentais pourtant pas. En 1995, j'avais réellement cinq ans. Néanmoins, pour ne pas perturber mon ami, je secouais la tête, en répondant simplement :

- J'ai 34 ans.

Ce qui était d'ailleurs, également, vrai.

Mulder se mit à...

... Rougir ?

Il enleva délicatement le papier à motifs du cupcake, tout en m'avouant, à voix basse :

- Quelle coïncidence... Moi aussi, j'ai 34 ans...

J'ai levé les yeux au plafond. Oui... Mulder, tu as 34 ans... En 1995 !

Je n'ai rien dit, j'ai simplement souri en le regardant dévorer mon dessert d'anniversaire.

Derechef, mon cœur rata un battement.

Je savais pertinemment que je m'étais encore embarqué dans une histoire sans fin, une ligne temporelle hors de la mienne et je voulais rester ici, dans cette dimension...

... Pour lui.

Shiiiiiiiiiiiiit...

.

.

.

"We used to love one another,

Give to each other,

Lie under covers so,

Are you friend or foe ?"

.

Drogheda - Ireland.

26 Mai 2024 :

Je tournais et retournais dans mon lit, quelque chose n'allait pas dans mon cauchemar. Comme souvent, je sais. Je crois que le Maître hurlait des phrases étranges vers moi.

Soudain, j'ai entendu un bruit sourd, un "bzzzzzzzzzzzz" continue, mais étouffé par quelque chose.

Je possède deux téléphones portables :

Un avec mon numéro Français et mon forfait pas cher, que je garde toujours avec moi, sous mon oreiller, la nuit.

Un avec un numéro Irlandais, que je n'utilise que pour recevoir des appels, mais celui-là, je le laisse à charger dans la cuisine, en silencieux.

La lumière de la cuisine, justement, était allumée. Mon chéri, Brendan, devait se faire un café avant de glander sur sa tablette, puis il a ouvert la porte de la chambre, en murmurant :

- Baby, your phone's ringing...

- What ?

J'émergeais à peine de mon songe, Brendan m'a donné mon portable Irlandais, qu'il a enlevé du chargeur. Effectivement, un numéro inconnu venait de me téléphoner.

- Oh, it's a scam... marmonnais-je, encore dans le coaltar.

Comme trop souvent, malheureusement, un numéro venant d'Afrique m'appelait pour m'arnaquer. Sauf que, lorsque j'ai vu l'heure, je me suis rendu compte qu'il était 00h30 !

Crétins...

J'ai glissé le portable sous mon oreiller, et je me suis écroulée sur ce dernier, pour retomber dans un nouveau cauchemar...

.

"Is it too late ?

Nothing to salvage.

You look away,

Clear all the damage,

The meaning to,

All words of love,

Has disappeared."

.

Apartment 221B - Washington, D.C.

10 Janvier 1995 :

Un bruit assourdissant retentit et me réveilla en sursaut. Il faisait sombre, seul des chiffres en rouge indiquaient l'heure sur l'écran digital de mon réveil posé sur la table de nuit :

00h30.

Par réflexe, j'ai glissé ma main sous mon oreiller.

Rien.

Mon IPhone ne s'y trouvait pas.

La sonnerie continuait de torturer mon crâne, j'ai donc tendu ma main vers un objet blanc, derrière mon radio-réveil. C'était un téléphone fixe, j'ai décroché le plus rapidement possible, tout en m'asseyant sur mon lit pour demander, de ma voix encore endormie :

- Hello ?

- Alisone, it's me, Scully.

"Clic". Ma lampe de chevet s'alluma en m'aveuglant quelques secondes.

- Scully ? Est-ce que tout va bien ?

- ... Dans combien de temps peux-tu arriver au Bureau ?

Mon cœur rata un battement.

- J'arrive tout de suite.

J'ai raccroché, puis je me suis jetée sur mon armoire.

.

F.B.I Headquarters "The J. Edgar Hoover Building" - Washington, D.C.

10 Janvier 1995 :

J'ai terminé de nouer mes Converses dans le taxi qui roulait sur les routes presque vides de la ville. J'avais enfilé une robe noire, j'ai recoiffé mes cheveux en une tresse du mieux possible, et je tenais le "M" de mon collier de ma main gauche tout en priant intérieurement. Lorsque le véhicule se gara devant le building, j'ai donné au chauffeur quelques Dollars, avant de quitter la voiture pour clopiner le plus rapidement possible sur ma canne vers l'entrée des Bureaux.

C'était très étrange de découvrir le hall aussi vide, plongé dans une semi-obscurité, donnant une ambiance étrange d'espace liminaire digne des Backrooms. Je n'ai pas tergiversé plus longtemps, je me suis jetée sur l'ascenseur, qui arriva en quelques secondes, pour rejoindre Scully dans les sous-sols.

Mon cœur battait la chamade, menaçant d'exploser dans ma poitrine. Durant la descente à l'intérieur de la cabine métallique, mon esprit imaginait tous les scénarios possibles. Le fait que Scully m'ait elle-même téléphoné m'indiquait clairement que quelque chose était arrivé à Mulder. D'ordinaire, pour nos enquêtes, c'était toujours lui qui m'appelait.

À peine les portes s'ouvrirent devant moi, que je me suis glissée pour atterrir dans le couloir le plus vite possible. Plus je me rapprochais du bureau de Mulder, et plus les battements de mon cœur augmentaient en rythme.

Une fois dans la salle, le faible halo d'une lampe éclaira Scully, debout devant moi, tenant un dossier couleur parchemin entre les mains. Elle portait un T-shirt rouge avec une veste courte et beige, assortie à son pantalon.

- Scully ? Qu'est-ce que...?

- Mulder a disparu.

Mon palpitant s'arrêta de battre.

.

"We used to love one another,

Give to each other,

Lie under covers so,

Are you friend or foe ?

Love one another,

Live for each other,

So, are you friend or foe ?

'Cause I used to know."

.

Scully fouillait le bureau de Mulder pour chercher des indices, découvrir qui pouvait bien en vouloir autant à notre ami. Elle m'expliquait avec minutie comment elle avait constaté la disparition de l'Agent, via un code secret qu'il utilisait parfois sur la fenêtre de son salon. Mulder utilisait deux morceaux de ruban adhésif, qu'il collait en forme de "X", sous une lumière bleue.

Elle examina les tiroirs et les dossiers, tout en me parlant. Mais, voyant que je ne bougeais pas, éventuellement, elle se tourna vers moi :

- Alisone ? Est-ce que tu sais quelque chose ?

Comment lui dire que j'étais justement en train de revisionner tous les épisodes de la série "The X-Files" dans mon Palais Mental en vitesse rapide pour chercher des indices plus tangibles ? Surtout que, au moment de ce cauchemar, j'avais à peine entamer la saison 3. Néanmoins, j'ai lâché, presque malgré moi :

- Je sais où il est.

Ah bon ? Même moi, j'étais surprise par mes paroles.

Tout comme Scully d'ailleurs, qui s'arrêta dans ses recherches pour me dévisager :

- What ? How ?

Mon cœur tambourinait dans ma poitrine.

- Mulder se trouve dans la Zone 51.

Scully plissa des yeux :

- Cette Zone n'existe pas, c'est une légende.

Je souris :

- Non, ce n'est pas une légende. Enfin, si... En 1995, c'est une légende, je te l'accorde. Mais, le Gouvernement avouera l'existence de cette Zone en 2013.

Scully réfléchit, tout en secouant la tête :

- Alisone... Je crois que Mulder a une mauvaise influence sur toi, ce n'est pas possible, tu...

- Fais-moi confiance ! coupais-je. Nous pouvons y aller, la sécurité n'est pas encore totale ! Après tout, l'archéologue Jerry Freeman ne tardera pas à traverser la Zone à pied. Nous pouvons le faire ! Prends ton badge d'Agent de FBI.

Sur ce, je me suis retournée pour faire demi-tour. Scully m'a suivi, en me demandant, toujours aussi sceptique :

- Alisone ! Comment sais-tu tout ça ?

Je souris en clopinant vers l'ascenseur :

- Je l'ai vu sur une vidéo YouTube.

"Ding". Les portes s'ouvrirent, Scully et moi entrâmes dans la cabine. J'appuyais frénétiquement sur le bouton gris de l'étage 0, tandis que mon amie m'observa avec intrigue et inquiétude :

- Tu l'as vu sur quoi ?

- Tu n'es pas encore prête pour YouTube. Par contre, tes enfants vont adorer ça.

J'ai souri jusqu'aux oreilles, fière de mon humour, alors que Scully semblait toujours aussi perdue. Et je ne pouvais même pas lui en vouloir.

.

Il nous fallut traverser le pays entier en prenant un avion pour nous rendre au Nevada, où se trouvait la Zone 51. C'était si étrange de sauter à bord d'un avion sans faire les deux heures de sécurité habituelle. Après tout, nous étions en 1995, soit bien avant le funeste jour du 11 Septembre 2001...

.

"The promises,

Hollow concessions,

And innocent show of affection,

I touch your hand,

A hologram,

Are you still there ?"

.

Area 51 United States Air Force - Nevada.

11 Janvier 1995 :

Jamais au grand jamais personne ne faisait attention à moi, j'étais invisible aux yeux des gens, et encore plus dans cette histoire, puisque je marchais avec une canne et que jamais personne ne gardait un œil sur les handicapés. Alors, tandis que l'Agent Scully utilisait son badge de FBI comme un véritable multipass devant les hommes armés jusqu'aux dents des longs couloirs bétonnés de la Zone 51, j'en ai profité pour tourner incognito loin du groupe et pour clopiner seule au milieu du repère secret. Plusieurs lourdes portes métalliques étaient fermées à clef, certaines fenêtres donnaient sur des laboratoires improbables avec, en leur milieu, une table d'autopsie sur laquelle reposait des silhouettes grisâtres. Je me fichais éperdument de savoir si des extraterrestres se trouvaient ici, je n'y croyais pas vraiment, en réalité. Non, je tenais fermement mon "M" entre mes doigts tout en me laissant guider par la Force.

En quelque sorte.

Devant un battant anthracite, des lettres jaunes indiquaient "DOOR 42".

Mon cœur rata un battement et j'ai tourné la poignée pour pénétrer à l'intérieur. C'était ouvert et la salle était plongée dans une semi-obscurité effrayante. Mais, au milieu de la pièce, j'ai pu découvrir un lit en acier inoxydable sur lequel une personne était allongée.

Mulder.

Oh, non.

Je me suis faufilée derrière le garde armé qui se trouvait dos à moi. Dans les ténèbres du repère, j'ai levé ma canne et je l'ai abattue de toutes mes forces sur le crâne du soldat, qui tomba à terre dans un bruit sourd.

Puis, je me suis jetée sur mon ami. Il portait une chemise blanche, froissée et tachée de sang par endroit, et ses poignets étaient attaché à des sangles à la table. Je l'ai libéré de ses liens, tout en murmurant :

- Mulder ?

Un violent Trigger s'empara de moi. Je revoyais cette scène, dans une autre ligne temporelle. En 1943, en Autriche, lorsque j'ai libéré... Bucky Barnes...

Mulder essaya de bouger, avec difficulté. Ses lèvres étaient sèches, déshydratées et ses paupières aussi écarlates que le sang qui maculait sa chemise sale.

J'ai défait les sangles, puis j'ai arraché les tubes en plastiques qui reliaient un produit inquiétant jusqu'à ses veines gonflées.

- Mulder ? Nous devons sortir d'ici.

Il grogna en bougeant derechef.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, je constatai avec horreur que ses iris, d'ordinaire azur, étaient désormais couleur sang, comme si des vaisseaux avaient explosé, ou comme si...

Mon cœur se serra.

Comme si ses kidnappeurs lui avaient inoculé une substance inconnue directement dans les yeux, puisqu'il avait les mêmes marques écarlates que dans l'épisode 1x02 "Deep Throat".

Oh, non...

Shiiiiiiiiiiiiit...

.

"We used to love one another,

Give to each other,

Lie under covers so,

Are you friend or foe ?

Love one another,

Live for each other,

So, are you friend or foe ?

'Cause I used to know."

.

Our Lady of Sorrows Hospital - Washington, D.C.

13 Janvier 1995 :

They're not gonna get us...

- Alisone ?

J'ai sursauté d'un bond, perdue, hors du temps. Encore.

Scully se tenait debout devant moi, elle avait changé de vêtements et m'observait avec inquiétude.

- Alisone, rentre chez toi, il se réveillera bientôt, je te le dirais quand ça sera le cas.

- What ?

En me tournant, je compris que je me trouvais au chevet de Mulder, allongé sur un lit blanc d'hôpital. Il dormait encore, presque paisible, j'étais assise sur une chaise à sa droite, mes doigts emmêlés entre les siens.

What the Hell ?

J'ai cligné des yeux en essayant de me réveiller à mon tour, sans y parvenir. Scully se rapprocha de moi. Ses talons claquèrent sur le sol, puis elle posa une main amicale sur mon épaule, en souriant :

- Tu sais, tu devrais lui dire.

Je tiquai, encore dans le coaltar.

- Lui dire quoi ?

Elle esquissa un sourire, en avouant mystérieusement :

- Il devrait te le dire, lui aussi. Vous êtes impossibles tous les deux.

- De quoi ?

- Alisone...

.

"Is it too late,

Nothing to salvage,

You look away,

Clear all the damage,

The meaning to,

All words of love,

Has disappeared."

.

.

.

Drogheda - Ireland.

26 Mai 2024 :

J'étais épuisé, exténué, courbaturé. J'ai glissé ma main sous mon oreiller pour attraper mon IPhone.

L'heure indiquait :

4h20.

Oh non, trop tôt.

Je n'arrivais pas à garder les yeux ouverts.

Les bras ténébreux des songes me tiraient encore vers une ligne temporelle différente. Ils tiraient encore et encore, m'engluant encore un plus profondément dans le portail étoilé. Les galaxies tourbillonnèrent devant moi.

OK... Juste cinq minutes.

Cinq petites minutes.

Puis, tout est devenu noir...

.

.

.

F.B.I Headquarters "The J. Edgar Hoover Building" - Washington, D.C.

15 Janvier 1995 :

Skinner hurlait sur tout le monde, mais surtout sur moi.

Il me fallut du temps pour arriver totalement dans la dimension et comprendre où je me trouvais. J'étais au milieu d'une immense salle ancienne, remplie de plusieurs bureaux, au milieu d'une épaisse fumée de cigarettes et d'énormes ordinateurs des années 1995. En face de moi, se trouvaient des montagnes de dossiers, juste à côté d'une imprimante grisâtre.

J'étais assise sur une chaise noire, ma canne reposant de mon côté droit et le "M" de mon collier virevoltait sur ma poitrine au rythme de mes battements de cœur saccadés.

Skinner se posta debout devant moi, me toisant de haut, avec son costume impeccable, son crâne rasé et ses lunettes rondes sur le nez.

- ALISONE ! Ça fait des heures que j'attends les dossiers ! Tu dois TOUT photocopier ET agrafer les pages avant de me les rendre ! Compris ?

What ?

Je fis simplement "oui" de la tête en attrapant une feuille que je plaçais sur l'écran de la photocopieuse, avant de refermer le couvercle et d'appuyer sur le bouton rouge sur la droite. Skinner se rapprocha de moi :

- Estime-toi heureuse d'être de corvée de photocopie après tout ce que j'ai dû faire pour étouffer ton infiltration dans la Zone 51 !

Je tiquais. C'était donc ça son problème !

Olalalala, si peu...

J'avais envie de lui balancer une phrase du Roi Arthur de Kaamelott :

"Ne soyez jamais Chef d'État."

Mais j'ai mordu ma langue à la place.

La photocopie commença à bourrer le papier et je dus rouvrir le couvercle pour essayer de démonter la machine et de récupérer les rames des pages avalées.

Les hurlements incessants de Skinner alertèrent un homme, qui arriva en trombe dans les bureaux.

- What the Hell, Skinner ?

Mon cœur rata un battement en voyant débarquer Mulder, de toute évidence sortit de l'hôpital, debout devant moi. Il portait son éternel costume sombre, sa chemise blanche et sa cravate rouge à motifs. Son visage semblait plus reposé et ses yeux avaient retrouvé leurs teintes azur.

Néanmoins, sa colère se tourna vers Skinner, qui ne me quittait pas des yeux.

- Ne te mêle pas de ça, Mulder.

Je tiquais. Sans bouger, sans savoir quoi faire à part reprendre les photocopies de façon automatique. Mulder m'observa un long moment, avant de se diriger vers moi pour me tendre la main.

- Alisone, j'ai besoin de toi pour un X-File.

Sans réfléchir, je me suis levée, puis j'ai attrapé ma canne pour clopiner vers lui, mais Skinner s'interposa.

- Non ! Alisone doit terminer sa mise à pied pour avoir enfreint plusieurs règles gouvernementales !

- Elle les a enfreintes pour me sauver... ragea Mulder entre ses dents.

Il posa une main sur mon épaule pour que je le suive dans les couloirs du bâtiment.

- Mulder ! hurla Skinner dans notre dos.

Au moment où le directeur attrapa le bras de Mulder, ce dernier se retourna d'un seul coup pour violemment frapper l'homme dans la mâchoire. Ne s'arrêtant pas là, il lui asséna un nouveau crochet pour l'écraser contre le mur.

Deux Agents se jetèrent ensuite sur Mulder pour l'empêcher de récidiver.

Oh non...

La scène de l'épisode 2x25 "Anasazi" que j'avais vu la veille...

Shiiiiiiiiiiiiit...

.

.

.

Drogheda - Ireland.

26 Mai 2024 :

Je me suis réveillée d'un bond. J'étais encore éclaté de fatigue. Mon téléphone indiquait 6h. Je voulais pourtant me reposer au lit quelques minutes de plus, mais je savais que si je fermais les yeux, je repartirais encore ailleurs.

Donc, malgré mon épuisement, je me suis levée avec difficulté...

.

.

.

Oui, ce long songe est un mélange de trois cauchemars, durant deux nuits. (24 Mai & 26 Mai 2024).

Oups. Désolée.

Allez, je pars continuer de découvrir la saison 3 de "The X-Files" !

À bientôt !

Ou pas...

.

24-26.05.2024

Copyright © 2024 by Alisone DAVIES – All rights reserved.