Dans le miroir ce n'était pas son reflet, cela ne pouvait pas être son reflet, elle ne voulait pas que ce soit son reflet.

Pétunia Dursley, née Evans se trouvait là, assise sur le bord de la baignoire, observant son reflet dans ce satané miroir. Elle n'avait jamais été un canon de beauté, même petite fille. Elle était banale mais jamais elle n'avait ressemblé à la femme maigre et pathétique qui la narguait. Elle ne se souvint pas bien de ce qui déclencha sa colère, cette impulsion, mais en une fraction de seconde, elle se retrouva debout, la main en sang et le miroir éparpillé sur le sol en plusieurs petits morceaux, plus tranchants les uns que les autres.

Elle ne se souvint pas non plus du moment où elle se rassis sur le bord de la baignoire le regard dans le vide. Elle se réveilla, pourtant, il le fallait bien, lorsque Vernon, son mari, lui cria depuis le rez-de-chaussée pour qu'elle lui apporte un Whisky.

Elle se releva, lentement. Apposant comme toujours son masque de bonne petite épouse et mère au foyer heureuse et comblée. Vérifia sa tenue, tapotant à un endroit où devait se trouver de la poussière imaginaire. Puis elle franchit la porte pour s'acquitter de sa tâche.

Elle avait soixante-deux ans depuis quelques jours mais l'âge n'avait en rien arrangé à l'humeur ou même adoucie le caractère de son mari, au contraire.

Elle s'était persuadée de nombreuses années, qu'elle n'aurait jamais rien de mieux que Vernon. C'était faux. L'homme était raciste, grossier et violent. Au début cela ne s'était manifesté que par des tirades plus ridicules les unes que les autres. Puis il y avait eu le garçon. Un rappel constant que plus rien n'irait dans sa vie.

Elle avait découvert une nouvelle facette de son époux et cela ne lui avait pas plu. Mais elle ne pouvait rien faire. Qui savait quels châtiments il lui faisait subir lorsqu'elle osait ne pas suivre le même mode de pensée ? Qui savait ce qu'elle endurant chaque soir lorsqu'il entrait dans la chambre à coucher rond comme un tonneau de bière ? Cela n'excuse rien.

Mais maintenant le karma semblait se retourner une fois de plus contre elle. Il n'y avait plus de garçon pour faire tampon, ni même Dudley pour distraire son père. Elle était seule. Elle l'avait toujours été n'est-ce pas ?

Petite, elle n'avait pas su se satisfaire de sa vie, elle avait dénigré tout, l'amour, la paix, le sentiment de sécurité qui lui étaient apportés par sa famille. Elle aurait fait n'importe quoi pour retourner à cette époque. Pour revoir les sourires de son père et ses grandes mains qui lui donnaient milles réconforts lorsqu'il les posaient contre ses joues. Pour revoir sa mère et sa voix, si douce, lorsqu'elle venait la border le soir. Pour revoir son grand-père et ses histoires de guerre et de racisme a peines voilées mais qui cachait toujours des bonbons au caramel à moitié fondus dans ses poches.

Pour revoir Lily. Lily, sa petite sœur dont elle n'avait pas su être une bonne grande-sœur. Cette petite fille qu'elle avait abandonné par jalousie et par bêtise.

Toute à ses pensées, elle ne reprit ses esprits qu'en sentant une douleur sourde dans sa poitrine. Une douleur telle, qu'elle se stoppa en haut des escaliers pour se tenir contre la rambarde.

Elle bascula en avant en même temps qu'elle entendait le cri de Vernon, plus fort, lui demandant de se dépêcher pour lui rapporter son fichu verre de Whisky.

Elle n'atteignit jamais le pallier. Du moins son corps le fit mais son cœur s'était arrêté et son esprit envolé.

Plus tard. Lorsque les ambulanciers viendraient l'emmener, leurs rapports feraient mention d'un arrêt cardiaque du au stress.

Vernon ferait mine d'être un mari éploré, un mari qui aurait été aimant et attristé. Il propagerait sans doute la rumeur qu'elle se droguait ou même qu'elle avait un problème d'ordre psychologique. Peut-être que Dudley pleurerait au début, peut-être pas. Elle n'en savait rien et elle était fatiguée, si fatiguée.

Elle n'en avait plus rien à faire des qu'en dira-t-on. Elle ne voulait plus qu'une seule chose : retrouver sa famille, sa vraie famille.

Elle sentit alors, sans comprendre, une force l'envelopper, douce et chaleureuse, la bercer toute entière. Elle ne le su pas sur le moment mais la magie entendit ses prières et, les exaucèrent à sa manière.


Pétunia Dursley, née Evans n'avait jamais était croyante. Elle allait aux offices avec ses parents bien sûr mais elle n'y avait jamais cru. Elle avait également entendu parler de toutes ces autres religions mais aucune de faisait vibrer son être.

Pourtant force était de croire, que quelque chose de plus grand, plus puissant, était à l'œuvre.

Elle avait été plongée dans cette sensation de bien-être pendant un certain temps, elle ne savait pas exactement combien de temps et elle s'en fichait totalement a vrai dire.

Puis elle s'était réveillée dans son lit. Pas celui du 4 Privet Drive, non, celui 7 Green Street, a Cokeworth.

Elle se trouvait dans sa chambre d'enfant. Il y avait les murs peints en un violet très clair. Son lit. Sa housse de couette épaisse et moelleuse couleur menthe a l'eau. Son armoire dont l'une des portes ne fermait plus, son bureau où se trouvaient ses affaires d'école et même l'affreux porte-crayons que sa sœur lui avait offert pour ses 9 ans.

Machinalement, elle se frotta les yeux avant de se redresser, posant délicatement ses pieds sur la moquette couleur crème. Elle se releva tout aussi lentement, enfila la paire de chaussons qui l'attendait au pied de son lit et s'avança vers la fenêtre.

Rien n'avait changé. De la balancelle au pied du pommier, aux parterres de fleurs que sa mère affectionnait tant.

Elle entendit la porte de la maison se refermer et elle fronça les sourcils un instant, réfléchissant a qui pouvait bien entrer à cette heure matinale…

Se souvenant d'un détail, elle traversa sa chambre puis le couloir encore plongé dans le noir et le silence puis encore l'escalier avant de se retrouver devant la porte menant à la salle à manger.

Elle pouvait entendre le bruissement d'un manteau qu'on enlève puis le bruit caractéristique des sachets qu'on ouvre.

Sans réfléchir elle ouvrit la porte, jetant rapidement un regard sur la plainte où se trouvaient, gravées dans le bois, les petites inscriptions symbolisant sa taille et celle de sa sœur au fil des années.

A l'intérieur une odeur de pain frais et de viennoiseries françaises régnait. Elle pouvait entendre quelqu'un s'affairer en cuisine et sentir l'odeur du café.

- Tu es déjà réveillée ? Tu es bien matinale ce matin S'étonna une voix en la faisant sursauter.

Relevant la tête, elle reconnut son père. Il avait toujours ses cheveux roux virant sur le cuivré avec l'âge, ses yeux bleus immenses et rieurs et sa barbe de trois jours.

Elle l'observa déposer le café sur la table, s'approcher et elle se rendit compte qu'elle pleurait.

- Papa…souffla-t-elle dans un chuintement qui dans une autre situation lui aurait paru bien pathétique.

- Shhhh qu'est-ce qu'il t'arrive ma chérie ? Souffla l'homme en la prenant entre ses bras.

Elle reconnut son parfum aux odeurs caractéristiques de cuir et de caramel et ses pleurs se calmèrent tout doucement.

- Est-ce que tu as envie d'en parler ? Lui demanda son père en la relâchant puis voyant qu'elle niait de la tête, alors installe toi confortablement, je vais te chercher un chocolat chaud et on va grignoter ces croissants avant qu'ils ne refroidissent.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, il se passa une heure ou elle petit déjeuna avec son père. Elle ne se souvenait pas avoir partagé de tels moments privilégiés avec l'homme. Elle se souvenait étant petite, des viennoiseries françaises tous les week-end mais elle comprenait seulement maintenant, que si elle avait pu se réveiller et passer à table directement, c'était pour la simple et bonne raison que son père se levait une heure en avance tous les matins. Allant à la boulangerie, préparant œufs, bacon, café et chocolats chauds, seul. Puis il partait au travail après avoir seulement eu le temps d'embrasser sa femme et ses filles qui se réveillaient à peine.

Ce n'est pas bien...se disait-elle à présent. Elle avait conscience d'avoir de la chance, et qu'il ne fallait pas qu'elle gâche cette chance, cette seconde vie ou qu'importe le nom que cela pouvait avoir. Il fallait qu'elle change. Il lui était inconcevable que cette vie, se déroule comme la précédente, alors elle se promit de faire des efforts et cela commençait par passer plus de temps avec son père.

Ce matin, serait le premier d'une longue série, ou, elle se lèverait plus tôt pour aider et passer du temps avec lui.

Plus tard, alors qu'elle était retournée dans sa chambre elle se mit à réfléchir plus amplement sur ce qui lui arrivait. Elle venait de faire la vaisselle pour que son père puisse passer les derniers instants qui lui restait à discuter avec le reste de la petite famille.

Elle était de retour dans le passé. En février de l'année de ses 11 ans plus précisément. De cela elle en était sûre puisqu'elle avait pu le lire sur le calendrier de la cuisine. Que s'était-il passé au juste ? Elle ne pensait pas avoir été une âme méritante et être ainsi récompensée par la roue du karma comme chez les hindous. Elle ne croyait pas...elle n'avait jamais cru à la réincarnation mais il y avait une époque lointaine ou elle ne croyait pas à la magie non plus donc...

Peut-être n'étais-ce qu'un rêve ? Ou bien le rêve était toute la vie dont elle avait encore les souvenirs ?

Elle se prit la tête entre les mains, un mal de crâne faisant doucement irruption tant ses pensées étaient complexes et irréelles.

Elle respira un grand coup puis d'un élan de lucidité alla s'installer à son bureau. Là, elle avisa le journal intime tout neuf qu'elle avait reçus à Noël et elle se mit en action.

Il lui fallait un plan. Pétunia avait toujours été douée en écriture, c'était pour cela, en quelques sortes, qu'elle s'était dirigée vers la dactylographie dans son ancienne vie. Du moins, avant de se marier avec Vernon.

Elle se figea un instant, la plume en main. Elle avait abandonné son ambition, ses rêves et espoirs. Pour un homme ! Elle avait littéralement accepté de se marier, de donner la place la plus important dans sa vie à un homme qui ne voulait pas qu'elle réalise ses rêves. Qui ne voulait pas qu'elle s'accomplisse. Cela se faisait souvent bien sûr et elle avait toujours voulu avoir des enfants et dans une petite partie de son esprit, c'était toujours une idée plaisante. Mais jamais elle...pourquoi s'était-elle laissé faire autant de temps ?

Soupirant, elle écrivit en lettres capitales, juste en dessous de « plans pour l'avenir et ligne de conduite, Ne pas me marier avec Vernon Dursley. Ne pas abandonner mon ambition. Surtout pas pour un homme. Être une meilleure fille et une meilleure sœur. »

La plume à nouveau immobile, la jeune fille sourit puis elle s'attela à la lourde tâche d'écrire tout ce dont elle se souvenait du monde magique. De tout ce qu'elle avait pu apprendre de Lily, puis de Harry.

Elle revint rapidement à la liste du dessus et marqua en gros : ne pas laisser Lily fréquenter un homme qui risque de la faire tuer.

- Tunie ? Je peux entrer ? Demanda sa sœur après avoir toqué a la porte de sa chambre.

- Oui ?