Bonjour !
Je vous retrouve aujourd'hui avec une nouvelle histoire pas si nouvelle, car il s'agit de la réécriture de "Drago Malefoy et le calvaire mortifiant d'être amoureux" du point de vue d'Hermione.
Isthisselfcare, l'auteur originale de l'histoire, a déclaré qu'elle n'avait aucune intention de publier l'histoire avec la vision d'Hermione mais j'aurais vraiment aimé la lire. Du coup j'ai décidé de le faire moi même.
Je n'ai pas autant de temps que je le voudrais à consacrer à l'écriture, je ne pourrais donc pas publier aussi souvent que ce que je faisais sur la traduction de l'histoire originale, mais j'ai déjà quelques chapitres d'avance et je vous publie les trois premiers aujourd'hui. Je vais tenter de publier un chapitre par semaine, le mercredi.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, si vous trouvez intéressant d'avoir ce nouveau point de vue ou si ça n'est pas la peine que je continue.
En attendant, bonne lecture !
SoleneSwann
Chapitre 1 - Une attaque absolument pas nécessaire
Hermione Granger aurait pu vivre une vie tranquille, se marier et faire des enfants, avoir un travail rangé au Ministère. Mais elle n'était pas du genre à se contenter d'une vie paisible. Ainsi, après être retournée à Poudlard passer ses ASPIC (au nombre de sept, s'il vous plaît), elle avait obtenu un master en Métamorphose et s'était lancée en parallèle dans des études de médecine Moldue, spécialité Immunologie et Oncologie. Elle avait conclu ses études par la formation de Guérisseuse.
Forte de connaissances sur la médecine sorcière et moldue, elle étudiait les croisements des deux disciplines dans son laboratoire de Cambridge, entre deux ou trois autres assignations mineures comme Guérisseuse à Sainte Mangouste ou Docteur dans un cabinet de médecine moldu.
Elle travaillait depuis quelques temps sur un projet qui lui tenait à cœur. Un projet qui n'était au départ qu'un simple rêve mais qui, au fil de ses recherches, était devenu de plus en plus sérieux, jusqu'à devenir Le Projet De Sa Vie. Entre autres projets de moindre importance évidemment, il ne s'agissait pas de se complaire dans une douce oisiveté, Hermione s'était attaquée à l'application de traitements antigéniques d'origine moldue sur des maladies sorcières telles que la lycanthropie.
Et donc, notre scène d'ouverture : un lundi matin dans le bureau du Ministre de la Magie, Kingsley Shacklebolt, Hermione, invitée à partager une tasse de thé avec le Ministre, semblant bien trop joyeuse pour un début de semaine. Elle avait, la veille, fait un progrès significatif dans son projet : elle avait réussi à mettre en évidence le fait que le virus de la lycanthropie était sensible aux cellules CAR-T d'origine moldues, preuve définitive que son traitement pouvait être potentiellement efficace.
"Je t'ai rarement vu si joyeuse, Hermione. Même si tu parais au bord du surmenage, quand as-tu dormi pour la dernière fois ?" dit Kingsley.
Hermione chassa la remarque d'un geste de la main. Elle avait en effet passé une certaine partie de la nuit dans son laboratoire, mais elle aurait tout le temps de dormir plus tard.
"Il se trouve que j'ai fait une belle avancée dans un projet qui me tient à cœur. Un projet qui pourrait changer les choses en bien pour beaucoup de monde."
"Un projet de grande envergure ?" demanda Kingsley, poliment curieux.
Hermione but une gorgée de thé pour se laisser le temps de réfléchir. Pouvait-elle partager son secret avec Kingsley sans compromettre la confidentialité de ses recherches ?
"J'ai très envie de te le dire, mais je voudrais garder tout cela secret tant que les résultats ne sont pas probants, je n'en suis qu'aux balbutiements, mais tout porte à croire qu'il serait possible de…"
Elle agita pensivement sa cuillère d'avant en arrière dans sa tasse, soupesant le pour et le contre de la révélation de son projet au Ministre. Peut-être qu'avec une certaine garantie sur son silence…
"Accepterais-tu de faire le Serment du Secret pour que je puisse t'en parler l'esprit tranquille ? Non que je n'aie pas confiance en toi, évidemment, mais cela implique tellement de choses -"
Avec un sourire confiant, Kingsley sortit sa baguette et lui tendit la main. Hermione la saisit et il prononça l'incantation du Serment. Des fils d'or sortirent de sa baguette et s'enroulèrent autour de leurs mains en formant des spirales dorées.
"Bien," dit Hermione. "Comme tu le sais, j'étudie la médecine moldue du point de vue des sorciers, en cherchant les entrecroisements et les similitudes entre médecine et Guérison. Je suis actuellement en train de tester le principe de l'immunothérapie - une technique de guérison moldue, pour simplifier à l'extrême - pour guérir la lycanthropie. Dans un premier temps en tout cas, mais je pense pouvoir appliquer le même principe au vampirisme si ça fonctionne. J'ai réussi à isoler le virus de la lycanthropie et mes premiers essais semblent prometteurs. Kingsley, je me suis lancée là-dedans par curiosité, sans beaucoup d'espoir que ça puisse fonctionner, mais je crois bien que c'est possible. C'est évidemment encore très très hypothétique, on est loin d'un traitement abouti, mais, quand même…"
Elle s'interrompit, rêveuse. La lycanthropie était le fléau de la population sorcière. La portée d'un tel traitement serait tellement grande, pouvoir soulager toutes les pauvres victimes de cette maladie.
Kingsley semblait complètement abasourdi. Il la fixa du regard, la bouche ouverte pendant une minute entière. Il finit par la refermer et un pli inquiet barra son front. Il mit fin au Serment du Secret et lança un Assurdiato sur la porte de son bureau.
"Hermione, tu es incroyable…" dit-il doucement. "Guérir la lycanthropie, je n'ose même pas rêver d'une telle possibilité. Quelle avancée majeure cela serait pour la population sorcière ! Mais tu es consciente que ça ne plairait pas à tout le monde, n'est-ce pas ? Je m'inquiète des possibles actions d'opposants. Tes recherches sont-elles bien protégées ? Qui d'autre est au courant ?"
"Personne n'est au courant. Je finance le projet sur mes propres fonds et je travaille avec quelques étudiants mais aucun d'entre eux n'a de vision globale du projet. Tu es le premier à qui j'en parle ouvertement. Tant que mon travail demeure secret il n'y a aucune inquiétude à avoir."
"Tu as été prudente en exigeant un Serment du Secret, mais je ne suis pas aussi confiant que toi sur la sécurité de tes recherches - ainsi que ta propre sécurité. Je vais demander une protection rapprochée -"
Hermione fronça les sourcils et posa sa tasse sur la table basse à côté de son fauteuil, agacée du tournant que prenait la conversation. Elle pensait que Kingsley partagerait sa joie, pas qu'il réagirait de façon aussi dramatique.
"C'est hors de question. Mes recherches sont parfaitement en sécurité, je n'ai l'intention de ne parler de mon projet à personne. Assigner un Auror pour ma protection serait une perte de temps et de moyens pour tout le monde."
"Hermione, tu ne peux pas te pointer dans mon bureau pour m'annoncer ce que tu viens de m'annoncer et ne pas t'attendre à ce que je m'inquiète pour ta sécurité. Tu sais aussi bien que moi ce dont certains loups-garous sont capables…"
Une pensée furtive de Lavande Brown passa dans l'esprit d'Hermione, mais de nouveau elle chassa cette pensée d'un geste. Elle se leva.
"Vraiment, Kingsley, ne t'inquiète pas pour moi. Il faut que je file, j'ai une garde à Sainte Mangouste dans dix minutes. On en reparlera plus tard, d'accord ?"
Kingsley secoua la tête. "Je n'ai pas dit mon dernier mot oui," dit-il.
À présent contrariée, Hermione sortit sa baguette et métamorphosa d'un coup sec sa tenue en robes de Guérisseuses vertes. Elle prit une poignée de poudre de Cheminette dans le pot posé sur le manteau de la cheminée et le jeta dans le feu qui prit la même couleur que ses vêtements. Elle adressa un petit signe de la main à Kingsley en pénétrant dans les flammes.
"Prend soin de toi," dit-il alors qu'elle disparaissait.
ooo
Deux semaines plus tard, c'est une Hermione passablement agacée qui reçut un hibou de la part de Drago Malefoy pendant son déjeuner, lui indiquant d'une écriture pointue et serrée qu'il avait été assigné à sa protection, quand pouvait-il la voir afin de discuter des choses à mettre en place pour sa sécurité ?
Toute affairée entre ses gardes dans diverses maisons médicales, ses recherches, les cours qu'elle donnait à ses étudiants, et la conférence qu'elle était en train de préparer, Hermione avait mis de côté cette irritante conversation avec le Ministre et elle n'en avait pas reparlé avec lui, espérant au fond d'elle qu'il allait oublier toute cette affaire. Apparemment Kinglsey avait pris à la lettre l'expression 'qui ne dit mot consent' et avait engagé les démarches pour une protection rapprochée à son endroit. Première chose agaçante.
Et secondement, s'il vous plait, Drago Malefoy ? Sérieusement ? Ce bellâtre arrogant, certes efficace dans ses attributions d'Auror d'après Harry et Ron, mais dont la sympathie envers elle était aussi inexistante que la morale. Qu'était-il passé dans la tête de Tonks pour qu'elle écarte Harry ou Ron et qu'elle lui assigne Malefoy ? Tout le monde avait-il perdu son bon sens autour d'elle ?
Certes, quinze ans étaient passés depuis la fin de la guerre, Malefoy avait été acquitté (en partie grâce à son témoignage, au passage), s'était repenti et avait reconstruit la réputation de sa maison. Elle ne l'avait pas revu depuis le procès de sa famille mais avait entendu des anecdotes de ses amis à son propos, étant donné qu'ils étaient collègues. En ce qui la concernait, Malefoy avait beau faire bonne figure, rien ne disait qu'il avait changé d'avis à propos des nés-moldus et elle se portait très bien sans fréquenter ce genre de personnes. Elle n'avait pas besoin d'un garde du corps hautain et désagréable, merci beaucoup.
Elle rédigea une note froide pour lui indiquer que cette demande était une réaction exagérée de la part du Ministre, qu'elle s'en occuperait sous peu et de ne pas en tenir compte.
Elle donna un peu de son dessert, une tarte à la mélasse qu'elle avait elle-même cuisinée, au hibou de Malefoy - qui sembla beaucoup l'apprécier - avant d'attacher la lettre à sa patte et de le faire sortir par la fenêtre. Puis elle entama une seconde missive, pour Kingsley cette fois, lui demandant quand il pourrait la recevoir pour discuter de cette ridicule assignation.
Elle le rencontra le soir même, entre la fin de son cours d'Immunologie à Cambridge et sa garde au cabinet de médecine moldu. Le Ministre se montra buté et inflexible. Il avança des arguments qu'Hermione trouva fantaisistes et montra une détermination farouche quant à l'idée de faire le maximum en son pouvoir pour les protéger, elle et son précieux projet.
Prise par le temps et sentant le combat perdu d'avance, Hermione finit par soupirer et accepter à contre-cœur qu'il ne changerait pas d'avis pour le moment. Elle voyait bien qu'il était animé par une inquiétude sincère que rien de ce qu'elle put dire n'apaisa et ne lui en tint donc pas rigueur. Cependant, elle reviendrait probablement sur ce point si l'obstination du Ministre devait lui faire supporter la présence quotidienne de Malefoy dans son laboratoire.
Ce soir-là, en rentrant du cabinet médical, après un repas sur le pouce, elle se résolut à renvoyer un message à Malefoy :
Malefoy, à ma grande déception, et malgré des arguments tout à fait pertinents, le Ministre n'a pas changé d'avis à propos de la garde rapprochée et compte aller au bout de son idée - que je trouve toujours disproportionnée et irrationnelle, mais passons. Serais-tu disponible pour une réunion à neuf heures ce jeudi ? Je suis au Laboratoire Granger. Trinity College, Cambridge.
Elle avait à peine terminé d'écrire qu'un tapotement à la fenêtre la fit se retourner. Le hibou de Malefoy était là, mais il ne portait pas de lettre. Il entra dans le salon et fondit sur l'assiette d'Hermione restée sur la table basse. Pattenrond le suivit des yeux, l'air indigné.
"On dirait que tu as développé une addiction à la tarte à la mélasse," dit Hermione à l'oiseau. Elle profita de la présence du hibou pour attacher le message pour son maître à sa patte. Puis elle ouvrit de nouveau la fenêtre pour laisser sortir le hibou rassasié sous le regard jaune acéré de Pattenrond.
"Tu ne devineras jamais qui a été assigné à ma protection par Tonks et Kingsley," lui dit-elle en lui grattant la tête. "Drago Malefoy, l'Auror le moins disposé envers moi qui soit."
Le chat feula.
"Je sais, je sais. Mais je n'ai pas encore dit mon dernier mot, j'espère encore pouvoir convaincre Kingsley que ce n'est absolument pas nécessaire. Mais en attendant, je crois qu'il va falloir s'en accommoder"
ooo
Le jeudi suivant, à neuf heures et dix minutes - évidemment qu'il était en retard, aucun respect - Malefoy frappa à la porte du bureau d'Hermione.
"Entrez," dit-elle. Pour respecter son absence de respect, elle ne se leva pas pour le saluer. Il entra et se tint là, debout devant elle.
Ils échangèrent un regard gênant qui dura inconfortablement. Alors ce n'était pas une blague de mauvais goût, Malefoy était réellement assigné à sa protection.
Il avait l'air aussi mécontent qu'elle de cette tournure des événements. Il devait garder aussi les souvenirs amers de leur temps à Poudlard. Quinze ans, une éternité d'une certaine façon, mais un temps risible face à certaines choses comme une guerre enrôlant des enfants dans des camps opposés. Hermione prit conscience qu'elle n'avait jamais été seule dans une pièce avec Malefoy. Heureusement, quinze années étaient suffisantes pour qu'elle ne ressente pas le besoin de saisir immédiatement sa baguette.
Dans un effort pour briser le silence inconfortable, elle finit par se lever et le saluer. Pas trop chaleureusement quand même, le respect, tout ça.
"Malefoy," dit-elle.
"Granger," dit-il tout aussi chaleureusement.
Elle fit un geste indiquant la chaise de l'autre côté de son bureau. Alors qu'il s'approchait, elle le détailla du regard. Il était grand, près d'un mètre quatre vingt cinq selon son estimation, mais n'avait pas cet air dégingandé qu'avait Ron. Probablement grâce à sa carrure musclée, il dégageait plutôt une impression de dangerosité. Ses cheveux blond pâle étaient parfaitement arrangés, son visage était plus grave qu'autrefois. Ses yeux gris étaient froids, son regard perçant, sa barbe fraîchement rasée. Son insigne d'Auror était épinglée sur son torse, brillant sur ses robes noires. Il portait des bottes en cuir, probablement de dragon. Tout était méticuleusement arrangé. Toujours à cheval sur les apparences apparemment.
Elle vit que Malefoy l'obervait également : son regard passa de ses cheveux à son visage, de sa blouse à son jean noir et finit sur ses baskets.
Malefoy ouvrit la bouche pour parler mais elle le coupa directement.
"Ceci est une totale perte de temps et de ressources pour le Bureau des Aurors."
Il referma la bouche et s'assit sur la chaise qu'elle lui avait désignée. Ou plutôt, il posa ses fesses sur le bord et resta droit comme une planche à vingt centimètres du dossier. Il ne lui manquait que la tasse de thé avec le doigt en l'air pour incarner le parfait aristocrate.
"Donne-moi un peu plus de munitions et je pourrai plaider auprès de Shacklebolt pour qu'il retire sa demande. Je n'ai pas plus envie d'être ici que toi," dit-il d'un ton affreusement snob.
Elle pinça les lèvres. Il lui faisait penser à Lucius Malefoy autrefois, à agir comme s'il était le propriétaire du monde et tous les autres autour de lui des êtres inférieurs. Pourvu que Kingsley finisse par changer d'avis, qu'il lui épargne ça.
"Très bien," dit-elle finalement. "Il y a deux semaines, j'ai informé Shacklebolt de mes progrès sur un certain projet de recherche. Un projet de recherche qui n'est pas sous la responsabilité du Ministère, ni financé par celui-ci, d'ailleurs. Je partageais ce que je pensais être une bonne nouvelle avec un mentor et ami de longue date - qui se trouve être le Ministre de la Magie. Apparemment, la nouvelle était trop bonne. Shacklebolt a eu peur des répercussions, car le projet aura des conséquences pour une certaine partie de la population."
"Quelles conséquences ?" demanda Malefoy. "Quelle partie ?"
"Je préfère ne pas en parler, comme j'ai espoir que ton implication n'ira pas plus loin que cette réunion. Shacklebolt réagit de manière excessive. Je lui parlerai à nouveau cette semaine et je le persuaderai que me mettre sous surveillance d'un Auror n'est absolument pas nécessaire."
"Protection d'un Auror," la reprit Malefoy.
"Appelle ça comme tu veux," dit Hermione. Qu'il pinaille sur les détails, quelle importance ? Ça restait une épine dans son pied.
"Shacklebolt a ses défauts, mais réagir de manière excessive n'est pas l'un d'entre eux." dit Malefoy comme s'il était particulièrement proche du Ministre. Encore une fois, il lui fit penser à son père.
"Non, ce n'est pas une de ses propensions. C'est pour ça que j'ai été surprise – consternée, même – par sa décision d'impliquer ton service."
"Est-il possible qu'il n'exagère pas ?"
Elle le foudroya du regard. Elle n'avait pas pour habitude d'être contredite, et ne comptait certainement pas l'être par Malefoy.
"Non."
"Tu ne penses pas que ce - cette avancée, ou cette découverte - que tu as faite t'expose à un nouveau risque ?" s'entêta-il.
"Pas pour le moment. Premièrement, personne n'est au courant de ma découverte, à part Shacklebolt lui-même et - à des degrés divers - mon personnel, en qui j'ai une confiance implicite. Et deuxièmement, même si j'ai fait une avancée, je n'ai pas encore complètement résolu le problème. Ça prendra encore au moins un an de travail. Je ne vais pas être à la une de la Gazette du Sorcier à appâter les meurtriers demain matin."
Malefoy haussa un sourcil surpris. "Shacklebolt pense que tu vas te faire assassiner ?"
"Il pense - probablement à raison - que tout le monde ne sera pas ravi de ma découverte."
Elle vit une lueur de curiosité s'allumer dans le regard de Malefoy. Il resta silencieux quelques secondes puis reprit :
"Est-il possible que Shacklebolt ait connaissance de certains penchants ou de certains parti-pris du monde des sorciers, dont tu n'aurais pas conscience et qui pourraient être la source de son inquiétude ?"
Hermione inspira. Voilà qu'il la prenait pour une idiote à présent. Elle avait vécu plus de temps dans le monde magique que dans le monde moldu, comment pouvait-il insinuer qu'elle ignorait encore certaines choses ?
"Si je te disais que j'ai résolu la faim dans le monde, ou autre chose de tout aussi merveilleux, est-ce que tu t'inquiéterais des actions d'une poignée d'opposants ?"
"Un seul opposant serait suffisant pour exécuter une chercheuse bienfaisante, surtout une qui protège son laboratoire avec un charme de verrouillage au rabais et un peu grillage à poules."
Cette remarque énerva passablement Hermione, mais elle se contrôla. Son laboratoire était certes sommairement protégé mais jusqu'à preuve du contraire, aucune menace ne pesait sur elle pour le moment.
"Alors, c'est vrai ?" demanda Malefoy.
"C'est vrai quoi ?"
"Que tu as résolu la faim dans le monde."
"Rien d'aussi grandiose. C'était un exemple."
"Où est-ce que tu consignes tes découvertes ?" demanda Malefoy.
C'était maintenant au tour d'Hermione de hausser un sourcil. Elle se garda de répondre. Croyait-il réellement qu'elle allait lui simplifier la tâche ?
Malefoy désigna d'un geste le bureau d'Hermione et le laboratoire de l'autre côté de la porte. "J'ai déjà identifié une douzaine de points de vulnérabilités - et c'est seulement ce que j'ai vu dans les cinq minutes qu'il m'a fallu pour venir jusqu'ici. Si je cherchais vraiment, je pense que j'en trouverais d'autres"
"Ah oui ?"
"Oui."
Quelle suffisance, il n'avait vraiment pas changé. Mais il n'avait aucune idée d'à qui il avait affaire. Elle ne put retenir un sourire narquois avant de redevenir sérieuse.
"Si nous parlons de sécurité physique, je n'ai pas vraiment eu de raison de l'améliorer au-delà des mesures habituelles jusqu'à récemment. Je peux t'assurer que je suis capable de protéger mon laboratoire avec bien plus qu'un charme de verrouillage - et de garder mes données en sécurité."
"Parfait," dit Malefoy. "Tu n'as qu'à faire ça. Je reviendrai dans quelques jours faire un test d'intrusion. Si tu réponds aux exigences requises - et si tu mets en place les mesures additionnelles que je pourrais recommander - nous pourrons peut-être convaincre Shacklebolt que tes recherches et toi êtes en sécurité, et nous pourrons mettre toute cette affaire derrière nous."
Ce défi fut lancé avec un niveau d'arrogance astronomique. Hermione ne se laissa pas impressionner. Il était clair qu'il la sous-estimait gravement.
"Très bien. Et quand ce test d'intrusion aura-t-il lieu ?"
"Je ne vais pas prévenir," dit Malefoy en se levant. "Penses-tu qu'un véritable danger préviendrait ?"
"Parfait," dit Hermione, sarcastique, en se levant à son tour. "J'adore les surprises."
Ils ne se serrèrent pas la main et elle ne le raccompagna pas à la porte.
ooo
Hermione informa son équipe du laboratoire qu'il y aurait désormais une sécurité supplémentaire pour pénétrer dans le laboratoire. Elle leur fit la démonstration d'un coup de baguette, Désillusionant la porte du laboratoire. Elle mit fin au sort d'un Finite.
"La porte doit demeurer cachée. À chaque fois que vous entrez, il faudra de nouveau la dissimuler. Je vais mettre en place une porte leurre à côté de la véritable porte, prenez garde à ne pas vous tromper."
C'était rudimentaire mais elle ne voyait pas d'autre moyen de permettre à ses employés de faire des allers-retours sans devoir les former aux sorts de protection les plus complexes.
Sur la porte factice, Hermione laissa libre court à son talent pendant les sept minutes qu'elle avait à accorder à l'ajout de protection - l'intervalle entre deux cours aux étudiants moldus du Master en Immunologie de Cambridge. D'après Harry et Ron, Malefoy était doué pour ce genre de choses. Elle cacha donc sans scrupules quelques pièges et maléfices vicieux histoire de voir si ces rumeurs étaient fondées.
En y repensant plus tard, Hermione avait nourri le vague projet d'ajouter un sortilège de métamorphose qui aurait transformé Malefoy en fouine, ainsi qu'un Dentesaugmento, en souvenir de leur scolarité. Mais elle ne trouva pas le temps de retoucher aux protections de la porte. Elle jeta juste un Maléfice de Sable Mouvant à la sortie en quittant le laboratoire à la fin de la semaine.
Hermione avait néanmoins ajouté une caméra qui donnait sur le couloir, paramétrée pour qu'elle reçoive une alerte sur son téléphone en cas de mouvement. Hors de question de rater le spectacle de Malefoy s'acharnant sur une porte factice, surtout si le Sortilège de Crâne Chauve qu'elle avait astucieusement dissimulé arrivait à ses fins.
Elle n'eut pas longtemps à attendre. Le lundi suivant, tard le soir, elle reçut une alerte alors qu'elle terminait sa garde à Sainte Mangouste. D'un coup d'œil, elle consulta les images de la caméra montrant Malefoy en robes d'Auror se diriger vers la porte de son laboratoire. Cela tombait très mal car elle était déjà exténuée par sa garde et elle avait encore prévu de terminer la rédaction d'un article dont la deadline de la soumission était le lendemain midi. Agacée, elle se précipita vers la Cheminette et lança "Cambridge" avant de disparaître dans le feu.
Elle émergea dans le hall principal de King's Hall et monta quatre à quatre les trois étages qui la séparaient de son laboratoire. Elle trouva Malefoy en train d'examiner la porte factice.
"Malefoy," le salua-elle, haletante.
Il eut l'air surpris de la voir apparaître. Cela emplit Hermione de satisfaction et elle se surprit à être impatiente de le voir à l'œuvre.
"C'est l'heure de ton fameux test, n'est-ce pas? Ça va durer combien de temps ?"
Elle était déjà en train de regretter sa fin de soirée, cherchant où caser la rédaction de son article la matinée suivante, alors qu'elle devait déjà travailler au cabinet de médecine moldu. Elle allait encore une fois devoir écourter sa nuit, voire y renoncer.
"Ça va dépendre de tes protections - je pense à un quart d'heure tout au plus," dit Malefoy avec arrogance, insinuant qu'elle était incapable de présenter un défi qu'il ne saurait pas relever en quelques minutes.
Elle haussa un sourcil. Elle en doutait fortement, mais peut-être qu'elle n'aurait pas à renoncer à sa nuit après tout.
"Bien. Je sors d'une garde aux urgences et je suis complètement claquée."
Place au spectacle maintenant. Pour en profiter confortablement - et lui donner un avant goût de ce dont elle était capable - elle prit une épingle dans ses cheveux et la métamorphosa en une chaise de bois verni, prenant bien soin de fignoler les détails, histoire d'insuffler à Malefoy un peu de modestie. Peine perdue évidemment, il la regarda faire sans rien laisser paraître.
"Les urgences ?" dit-il en reportant son attention sur la porte factice. "Je croyais que tu étais une chercheuse."
"L'hôpital est en sous-effectif chronique. Je fais des gardes à Sainte Mangouste pour donner un coup de main. Ça me permet de ne pas perdre mes compétences en Guérison."
"Bien aimable de ta part," dit-il avec un soupçon de sarcasme.
"Mm."
Elle le vit lancer quelques sortilèges de détection et se mettre au travail. Il était tombé droit dans le piège. Elle resta impassible, savourant déjà sa victoire.
"Le Charme du Cridurut ? Vexant." dit-il.
Pas aussi vexant que quand tu découvriras que c'est un leurre, pensa Hermione en répondant sèchement "J'ai appris à travailler en partant du plus petit dénominateur commun."
Il désarma les sorts de protection les uns après les autres, d'abord le gentil Salveo Maleficia qu'elle avait mis en place pour l'échauffer. Puis Foribus Ignis et Custos Portae. Il ne se laissa pas prendre par le Confundus extrêmement sensible qu'elle avait caché derrière, ni par le Maléfice Aveuglant. À la grande déception d'Hermione, il désarma également trop vite le Sortilège de Crâne Chauve. Elle aurait adoré voir sa réaction en voyant ses cheveux impeccablement coiffés disparaître. Il termina par le Confringo qu'elle avait laissé sur la poignée de la porte elle-même, au cas où il serait assez stupide pour la toucher. Elle vit que ce dernier le faisait transpirer, mais dans l'ensemble il s'était montré extrêmement rapide et efficace, ce qui impressionna Hermione, même si elle se garda bien de le lui montrer.
La porte se déverrouilla et Malefoy lui jeta un regard en coin avant de l'ouvrir, révélant un mur de pierre. Il ne laissa rien paraître mais Hermione éprouva quand même une satisfaction plaisante.
"Très drôle," dit-il en donnant un coup de baguette sur le mur un mètre plus loin, faisant apparaître la véritable porte du laboratoire.
Hermione haussa les épaules. "Il faut bien que mon personnel puisse entrer. Ce ne sont pas des experts en neutralisation des protections, mais ils s'en sortent avec le Finite Incantatem."
Raide, Malefoy entra dans le laboratoire. Hermione rendit à sa chaise sa forme d'origine avant de le suivre. Le laboratoire était impeccablement rangé, comme toujours une fois que ses étudiants avaient fini leur travail. Elle était extrêmement vigilante à ce sujet depuis qu'un stagiaire avait renversé deux fioles qui, en se mélangeant, avaient explosé. Le malheureux avait perdu ses sourcils et une bonne partie de sa chevelure.
"D'ordinaire, j'aurais insisté sur le port des EPI, conformément aux protocoles du laboratoire de Trinity," dit-elle. "Mais nous avons déjà tout rangé. Je ne pense pas que tu pourras te blesser sur quoi que ce soit."
Elle aurait probablement d'autres occasions de s'en prendre à ses cheveux.
Malefoy ignora les paillasses désertes et se mit à fouiller dans les armoires et les étagères qui contenaient de la littérature scientifique, certes en lien avec son travail mais pas directement reliée à son projet sur la lycanthropie. Comme si elle pouvait être assez bête pour laisser ses résultats à portée de tous.
Tout était évidemment sauvegardé sur le cloud via son ordinateur, mais Malefoy était bien trop sorcier pour se préoccuper des objets moldus. Il n'avait même pas jeté un œil à l'ordinateur dans le coin de la pièce, comme s'il était invisible à ses yeux. Erreur de sang-pur, évidemment.
Elle remarqua qu'il avait mal rangé certains documents après sa fouille. Toujours ce manque de respect latent.
"Je sais que l'objectif de ce test est de voir jusqu'où tu peux aller et ce que tu peux découvrir de mes recherches - mais je te prie de remettre les choses à leur place," dit-elle sèchement.
Il remit de l'ordre dans les documents et changea de tactique, lançant sur l'armoire un sort de détection magique, qui évidemment ne signala rien. Il répéta l'opération sur le reste du laboratoire.
Elle voyait l'irritation le gagner peu à peu, alors qu'il échouait à trouver quelque chose d'intéressant - parce qu'il n'y avait rien à trouver. Son sort de détection attira l'attention de Malefoy sur les fioles et les tubes à essais alignées le long des paillasses. Encore une fois, rien qui ne soit directement en rapport avec son projet.
"Si je volais ça et que je les faisais analyser, qu'est-ce que je découvrirais ?" demanda Malefoy.
Hermione s'approcha des fioles et les pointa du doigt une par une. "Lymphocytes T gamma delta. Antigènes MART-1, Tyrosinase, GP100, Survivine. Toutes de provenance magique, ce qui explique pourquoi ton sort les détecte, mais sans rien d'autre de remarquable."
"Je vois," dit Malefoy.
Hermione en doutait, elle était certaine qu'aucun sorcier du Royaume-Uni ne connaissait ces échantillons car ils étaient dérivés de substances moldues. À part elle-même bien sûr. Ce dont elle lui fit très modestement part :
"Je ne sais pas qui mènerait ton analyse hypothétique, dans le cas où ceci serait dérobé pour découvrir ce sur quoi je travaille, mais je dois te dire que très peu de gens au Royaume-Uni seraient capables d'en tirer des conclusions significatives."
"Et ceux-là ?" demanda Malefoy en désignant les grosses fioles de Sanitanem qu'elle avait alignées le long du mur du fond.
"Tes analystes hypothétiques découvriraient une Sanitatem parfaitement préparée", dit Hermione. "C'est une potion de guérison," ajouta-t-elle, incertaine du niveau en Potions de Malefoy.
"Une trouvaille d'une importance capitale, dans le laboratoire d'une Guérisseuse," ironisa Malefoy.
Et pourtant, c'était ce qui était de loin le plus en lien avec son projet dans ce laboratoire. Elle réprima un sourire moqueur.
Finissant par intégrer l'idée qu'il n'y avait rien de tangible sur son projet dans ce laboratoire, Malefoy se tourna enfin vers la seule chose qu'il avait ignorée jusqu'à présent : les ordinateurs. Il y jeta également un sort de détection puis se dirigea vers le bureau.
Hermione s'approcha de lui, curieuse de voir comment il allait s'en sortir face à un objet aussi moldu.
"Des ordinateurs," dit Malefoy après un moment de réflexion.
"Bien joué," le félicita Hermione. Qu'il connaisse le mot était déjà une belle surprise.
Il lui jeta un regard noir comme s'il se sentait insulté. Mais quoi qu'il en dise, les compétences de Malefoy en informatique semblaient se limiter à ce simple mot de vocabulaire. Il resta immobile à contempler les écrans avant de conclure :
"...J'aurais besoin de faire venir un Né-Moldu."
Quelle naïveté. Malefoy n'avait apparemment aucune conscience de l'existence de mots de passe ou de cryptage des données. Il était extrêmement satisfaisant de le voir perdre de arrogance.
"Oh, oui, ce serait un bon début ", dit Hermione en contemplant ses ongles d'un air nonchalant. "Tu auras besoin d'en trouver un qui soit également un bon hacker. Je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup parmi les sorciers, mais il y en a peut-être un ou deux au Royaume-Uni."
"Un hacker," répéta Malefoy, ne sachant visiblement pas non plus ce dont il s'agissait.
"Oui," dit Hermione, sans lui faire le plaisir d'éclaircir le terme. Elle n'allait pas lui faciliter la tâche, ce n'était certainement pas sa faute si Malefoy avait de grosses lacunes en Étude des Moldus.
"Si - comme je le soupçonne - tes découvertes se trouvent dans ces choses - qu'est-ce qui m'empêcherait, moi, un méchant, de tout détruire et de mettre fin à tes recherches dans la foulée ?" demanda Malefoy dans une démonstration encore plus évidente de son ignorance.
Hermione haussa les épaules. "Cela n'aurait aucune d'importance. Tout est sur le cloud."
"Le cloud."
Encore un terme inconnu pour lui qu'elle ne prit pas la peine de clarifier.
"Oui. J'en aurais pour le prix de l'équipement, c'est tout."
"Donc un mage noir lambda, qui viendrait avec de mauvaises intentions, n'aurait rien de particulier à découvrir ici."
"J'ai bien peur que non," dit Hermione, satisfaite de voir qu'il avait enfin compris. Il allait pouvoir rentrer chez lui avec une nouvelle humilité, et elle allait pouvoir finir son article et dormir au moins quelques heures
"Les sorts de protection sur la porte étaient un jeu amusant. Merci de m'avoir fait perdre mon temps."
"Je voulais voir si tu étais aussi doué qu'on le dit."
Et il l'était, mais elle se garda bien de lui communiquer cette information. Son regard curieux suite à cette remarque l'invitait à donner plus de précisions sur cette rumeur mais elle ne lui fit pas le plaisir de développer. Il était bien assez arrogant comme ça.
"J'avais d'autres idées de sorts et autre," dit-elle, faisant un geste vers la porte, "mais je n'ai pas eu le temps."
"Donc, pas de preuve de dissimulation, aucune trace écrite, des ordinateurs, des clouds..." Malefoy regarda Hermione. "Si j'étais un méchant à la recherche d'informations, qu'est-ce que je ferais ensuite ?"
Hermione lui rendit son regard, se demandant ce qu'il avait en tête.
"Qu'est-ce que tu ferais ?"
"Je m'en prendrais à toi," dit Malefoy.
Il leva sa baguette et, avant qu'elle ne puisse réagir, son sort la frappa vicieusement en pleine poitrine.
