Hello !

Mon pc m'a lâchée, je ne peux donc malheureusement pas continuer l'écriture tant qu'il n'est pas reparé ou remplacé.

J'ai encore quelques chapitres d'avance mais le projet va forcément prendre un peu de retard, j'en suis désolée.

Bon dimanche et bonne lecture,

SoleneSwann


Chapitre 5 - La plate-forme infernale

Ils roulèrent en silence pendant un petit moment.

Hermione était préoccupée par la présence de Malefoy. Au-delà des Moldus qui seraient présents en nombre et ne manqueraient pas de remarquer l'homme qui semblait s'être égaré sur le chemin de son mariage, elle craignait vraiment que le côté paranoïaque de Malefoy ne cause un désastre devant les Gardiennes.

Elle s'était bien sûr renseignée à leur propos, elles étaient de très anciennes créatures qui étaient loin d'être inoffensives si on s'y prenait mal avec elles. En plus de leurs griffes acérées, on leur prêtait de nombreux pouvoirs magiques comme la télépathie, la divination et la manipulation des esprits.

Si Malefoy se montrait irrespectueux - et elle avait toutes les raisons de croire que ça allait être le cas - non seulement elle échouerait à récupérer son échantillon d'eau de la Source Verte et son projet serait reporté d'une année complète, jusqu'à la prochaine fête d'Imbolc, mais ils risquaient tous les deux leur sanité d'esprit, voire leur vie.

Elle reconsidéra sérieusement l'idée de le Stupéfixer avant de se reprendre.

"Il va y avoir du monde cet après-midi," dit Hermione, s'attaquant au problème le plus immédiat - les Moldus. "Aux Jardins, je veux dire. Essayons de faire profil bas. Nous devrons passer par le magasin de souvenirs pour acheter les billets d'entrée, mais après ça nous pourrons aller dans les jardins eux-mêmes et éviter le gros de la foule."

"Je sais faire profil bas," dit Malefoy.

Elle lui jeta un regard en coin. Difficile à croire.

"Est-ce que l'eau a des propriétés magiques ?" demanda Malefoy. "Pourquoi les Moldus sont au courant de leur existence, d'ailleurs ?"

Le changement de sujet était bienvenu. Elle se redressa et prit une inspiration pour expliquer :

"Les sources de cet endroit sont utilisées aussi bien par les Moldus que par la population magique depuis des millénaires. Il aurait été trop difficile d'effacer tout ça de tant d'esprits quand le Code du Secret a été mis en place, j'imagine. Mais, pour répondre à ta question, les Moldus ne connaissent que deux des sources d'eau de Glastonbury, une qu'ils appellent la Source Blanche, et une qu'ils appellent le Puits Rouge. Aucune qui n'ait de réelles propriétés magiques, bien que les Moldus y aient attribué leurs propres significations mythologique et spirituelle. Ils ont des histoires qui les lient au Saint Graal, et au Roi Arthur (il est censé avoir été enterré à l'Abbaye de Glastonbury), et autres légendes."

Ils approchaient maintenant des faubourgs de la ville. Hermione tourna devant un panneau indiquant les Jardins des Puits du Calice.

"Mais," continua-elle, "il y a une troisième source, une que l'on ne trouve pas dans les brochures moldues. On l'appelle la Source Verte. Celle-là a d'authentiques propriétés magiques. J'ai besoin -" Hermione hésita à révéler cette information, mais Malefoy le découvrirait de toute façon puisqu'il n'y avait pas moyen de se débarrasser de lui "- j'ai besoin d'y prélever un échantillon."

"Pour ton projet."

"Oui."

"Et pourquoi spécifiquement à Imbolc ?"

"Tu deviens trop curieux," dit Hermione, pesant ses mots.

"J'imagine que la source est à l'apogée de son potentiel magique à Imbolc," dit Malefoy.

Il avait partiellement raison, le potentiel magique de la source était à son apogée à Imbolc, mais également lors de toutes les fêtes païennes. Seulement, Imbolc était une fête de l'eau, liée aux pluies du printemps, à la fonte des neiges, au lait chaud des brebis après l'agnelage.

C'était une fête où l'on se purifiait avec de l'eau, et c'était justement le rôle de l'eau bénite dans la composition de la Sanitanem.

Pour que sa proto-Sanitanem soit optimale, elle avait besoin que l'eau de la Source Verte soit prélevée en ce jour d'Imbolc. Mais Malefoy n'avait pas besoin de savoir tout ça, elle ne répondit donc pas.

"J'ai raison, n'est-ce pas ?"

Hermione aurait pu mentir, mais ce fichu Scrutoscope dans la boîte à gants l'aurait trahie sans éprouver le moindre regret. Elle préféra biaiser.

"Arrête d'être aussi curieux," dit-elle.

"C'est un peu fort de café, venant de toi."

Elle ricana. "Être curieuse est littéralement mon travail, je suis une chercheuse. Ton travail, c'est de me protéger des Forces Inconnues, pas de m'interroger sur un projet confidentiel et exclusif."

Hermione se gara sur une place de parking, éteignit le moteur, et attendit que Malefoy réponde à ça.

"Je ne suis pas un garde du corps. Je n'ai pas été attribué à ton service pour rester derrière toi sans réfléchir," dit Malefoy, grimaçant légèrement.

"Non, tu es un Auror très bien entraîné et extrêmement compétent, et c'est juste une perte de ton temps."

Et de celui d'Hermione. Elle prit une grande inspiration, tentant de juguler l'irritation qui l'envahissait de nouveau.

Un groupe de Moldus passa près de la voiture, détournant leur attention à tous les deux. Décidant mutuellement d'une trêve implicite - et très temporaire, Hermione en était certaine - ils descendirent de la voiture.

Le parking était bondé. Des Moldus en famille, des Moldus poussant des poussettes, des Moldus portant des tenues celtiques, déguisés en mages, en druides ou en enchanteresses.

"Il faut que je t'avertisse, il y a beaucoup de gens du type New age ici" dit Hermione alors qu'ils rejoignaient la foule massée devant l'entrée.

"New age ?"

"Des hippies, des Wicans, des Païens. Des perchés." Elle ne savait pas comment décrire ce mouvement pour que Malefoy en saisisse les subtilités de son point de vue de sorcier de pure souche. "Des Moldus qui sont très spirituels, et qui croient en la magie - ou d'autres forces plus grandes, d'ailleurs - dans une certaine mesure. Certains d'entre eux s'appellent même des sorcières. Ils ne savent pas qu'il y a des vraies sorcières et sorciers, bien sûr, et une vraie magie. Ils collectionnent des cristaux et d'autres choses, et suivent des rituels qu'ils ont trouvé dans des vieux livres."

"Ah," dit Malefoy, semblant un peu perplexe. "Je pensais que les Moldus étaient censés être toujours terre-à-terre."

"Certains le sont," dit Hermione. "Certains sont - un peu moins terre-à-terre. Ou peut-être qu'une part d'entre eux se souvient de la magie. Ou savent inconsciemment qu'elle existe. Peut-être qu'ils ont juste envie de croire en quelque chose-"

Ils entrèrent dans le magasin de souvenirs bondé - animé et saturé du parfum des bougies et des huiles essentielles.

Hermione vit Malefoy froncer le nez - alors que lui-même portait un parfum pas moins écoeurant - et dit "Ça doit être les huiles essentielles, les gens New age les adorent."

Elle le vit examiner des bougies parfumées, étiquetées 'Pour se relaxer'.

"Pourquoi quelqu'un ne leur a-t'il pas dit qu'ils ont tellement transformé ces choses qu'elles ne contiennent plus la moindre trace de magie ?" l'entendit-elle marmonner.

Hermione entraina fermement Malefoy dans un coin de la boutique et il se laissa conduire sans résister. Elle craignait qu'il se mette à tripoter les bibelots et autres articles qui lui étaient inconnus.

"Reste là," dit-elle. "Je vais acheter les billets. Ne casse rien."

Elle s'éloigna pour rejoindre la file d'attente. Elle jetait de temps à autre un regard à Malefoy, qui comme prévu détonnait avec son mètre quatre vingt cinq, ses cheveux platine, son air snob et son costume chic. Avant que l'irritation ne la gagne de nouveau, elle engagea la conversation avec la famille qui se trouvait derrière elle dans la queue. Ils abordèrent des sujets cruciaux comme le temps est épouvantable en ce moment, n'est-ce pas ? C'est la première fois que vous venez ici ? Le bar ne paye pas de mine mais leurs cafés sont délicieux, vous savez.

Ce fut enfin le tour d'Hermione. Elle acheta deux entrées puis fit un détour au café-bar pour y acheter un cappuccino. Pour Malefoy, ne sachant que prendre, elle opta pour le plus cher de la carte, pour coller au personnage.

En se tournant vers l'endroit où elle avait laissé Malefoy pour le rejoindre, elle vit qu'il était aux prises avec une vendeuse couverte de châles. Elle lui donna quelque chose puis s'éloigna au moment où Hermione atteignait Malefoy.

"Qui était-ce ?" demanda-elle, observant la vendeuse aux mille châles battre en retraite.

"Eunice," dit Malefoy. "Elle m'a donné ça. As-tu besoin de réaligner tes chakras ?"

Hermione échangea le café de Malefoy contre la carte qu'il lui tendait. La vendeuse avait griffonné son numéro de téléphone dessus.

"Ooh, elle t'a donné son numéro."

"Qu'est ce que ça veut dire ?"

"Tu plais à cette Eunice," dit Hermione, amusée.

"Je plais à la plupart des femmes."

Elle cacha son rire avec un reniflement. Elle ignorait que Malefoy, toujours si raide et guindé, pouvait avoir de l'humour. Elle se reprit, redevint sérieuse et le regarda avec un œil nouveau. "Tu es drôle, Malefoy."

"À ton service," dit Malefoy, imperturbable.

Hermione lui rendit la carte. "Dommage que tu ne saches même pas ce qu'est un téléphone portable. La pauvre Eunice s'est trompée de cible."

"Elle me trouvait extrêmement beau."

"Elle trouvait aussi que tes chakras avaient besoin d'être réalignés. Ne faisons pas une confiance aveugle dans le jugement d'Eunice," dit Hermione, piquante.

Pour toute réponse, Malefoy prit une gorgée du café qu'elle lui avait offert. Il sembla l'apprécier. "Comment as-tu su que j'aimais les doubles expressos ?" demanda-il.

Hermione haussa les épaules. "Ça semblait être ton genre."

"Audacieux ? Amer ?"

"Hors de prix."

Elle le vit étouffer un rire dans sa tasse. Il avait non seulement de l'humour mais aussi de l'autodérision.

Forte de cette nouvelle information des plus surprenante, Hermione prit la tête pour les mener jusqu'aux jardins.

La pluie commençait à faiblir et faisait place à une tentative d'éclaircie. Les jardins étaient vraiment charmants. Bien qu'on soit en février, les environs étaient colorés, grâce au choix des plantes. Des glouglous harmonieux venant des sources ajoutaient une dimension auditive intéressante et l'ensemble était délicatement illuminé par des centaines et des centaines de bougies cachées dans des recoins en pierre.

Des panneaux ici et là demandaient aux visiteurs de garder le silence afin de respecter ceux qui méditaient. Hermione lança un sort de silence autour d'eux afin qu'ils puissent parler.

Il arrivèrent près du Puits Rouge - qui portait bien son nom avec son eau couleur rouille. Une plaque explicative liait la source à la mythologie Chrétienne, suggérant que le Saint Graal était enterré ici. Il y avait également quelques références à la légende arthurienne.

"Les Moldus connaissent la fée Morgane ?" demanda Malefoy, un sourcil relevé à la vue du nom d'une sorcière si célèbre sur un écriteau moldu.

"Oui - mais c'est un personnage de légende," dit Hermione. "La plupart ne croient pas qu'elle ait réellement existé."

Malefoy claqua la langue.

Ensuite, ils flânèrent jusqu'à l'édifice qui contenait la Source Blanche - un endroit sombre sentant l'humidité, où les pierres grossières étaient décorées avec des bougies et des petits temples dédiés à des déités réelles ou imaginaires. Sainte Brigitte, la Dame d'Avalon, le Roi des Fées…

"Nous y voilà," dit Hermione en repérant le chemin plus calme et moins emprunté qui contournait l'édifice. Ils s'y engagèrent. "Il devrait y avoir une sorte de plateforme pour nous faire descendre jusqu'à la Source Verte. Nous allons avoir besoin de nos baguettes pour entrer. Désillusions-nous au cas où des Moldus passeraient par là."

Hermione, à présent forme transparente et légèrement scintillante dans le faible soleil de février, marchait à présent en scrutant le sol à la recherche de la plaque décrite dans Les sources magiques de Grande-Bretagne, origines et propriétés. Elle entendait les pas de Malefoy derrière elle, bien qu'elle ne puisse plus le voir.

Elle repéra enfin la plaque, à moitié cachée sous un buisson. Elle s'arrêta et Malefoy lui rentra dedans. Elle ne se formalisa pas, toute à sa joie d'avoir trouvé l'entrée de la source. La plaque ressemblait à une bouche d'égout dont la surface métallique érodée était marquée de deux grands cercles, se croisant sous des feuilles mortes et de la mousse, comme décrit dans le livre.

"Ils symbolisent l'interaction entre le monde physique et le monde spirituel," dit Hermione en pointant sa baguette magique fantomatique vers les cercles. "Tu auras peut-être reconnu le symbole, le Puits Rouge est construit de la même façon. Montons dessus, c'est la plateforme de descente."

Ils se tinrent ensemble sur la bouche d'égout, plutôt serrés. Il était étrange d'être serrée contre un Malefoy semi-invisible. Elle percevait sa chaleur et son parfum entêtant, agrémenté de notes de sous-bois et de café. Elle se surprit à trouver le mélange plutôt plaisant.

"Incantation ?" demanda Malefoy quelque part au-dessus de la tête d'Hermione.

"Vesica piscis," dit-elle, recréant le symbole circulaire d'un geste de sa baguette.

La plaque trembla. Hermione se glissa plus près de Malefoy pour être certaine d'avoir ses deux pieds invisibles complètement dessus au moment où elle allait entamer sa lente descente vers les profondeurs.

Puis, sans aucune forme d'avertissement, la plateforme se déroba sous leurs pieds.

Par réflexe, elle s'agrippa à Malefoy, poussant un hurlement de peur alors qu'ils chutaient à toute vitesse dans le vide. Son cœur lui remonta dans la poitrine, sensation écoeurante qui lui donna la nausée.

Un épais sortilège d'amortissement les attendait en bas de la chute. Le choc de la décélération soudaine n'en fut pas moins brutal. Ils atterrirent et rebondirent douloureusement l'un sur l'autre - elle reçut un coup de coude de Malefoy dans un sein - et s'écroulèrent, bras et jambes écartés, sur un épais lit de champignons phosphorescents.

"Wow. Un voyage en première classe," dit Malefoy d'une voix traînante dans l'obscurité. Il semblait avoir vécu une expérience amusante, à l'opposée de celle qu'avait vécue Hermione.

"Gah," s'entendit-elle répondre d'une voix pâteuse. Elle allait vomir. Le choc de la chute avait déclenché des tremblements dans tous ses membres.

Malefoy se releva d'un saut élégant. Hermione resta prostrée sur le sol, incapable de bouger.

"N'au-N'auraient-ils pas pu utiliser un sort de lévitation ?" demanda-elle faiblement. "Je pensais que ce truc était un ascenseur. Je ne m'attendais pas à ce te-terrible plongeon vers la mort."

Ils mirent fin à leurs Désillusions et, une fois qu'Hermione se fût un peu remise du choc, commencèrent à suivre un passage illuminé par de grands champignons phosphorescents. Un bruit de goutte à goutte résonnait tout autour d'eux. Même les murs étaient trempés d'un constant écoulement d'humidité.

Alors qu'ils arrivaient dans la longue grotte basse de plafond appelée la Caverne des Gardiennes selon le livre qu'elle avait lu, Hermione repéra d'autres sorcières et sorciers dans les environs. Tout l'endroit était uniquement éclairé par l'éclat des champignons, qui poussaient partout - le sol, les murs, pendant du plafond. Comme décrit, il y avait un étal d'apothicaire et une librairie. Elle examina longuement les ouvrages exposés puis décida de revenir après avoir récolté son échantillon.

"Omphalotus luxaeterna," dit Hermione en pointant les champignons du doigt alors qu'ils reprennaient leur marche. "Joli, dans le genre visqueux."

Elle aurait bien ajouté "Comme toi" à l'intention de Malefoy, mais il s'était abstenu de se moquer d'elle lors de leur chute alors elle l'épargna également.

Ils arrivèrent enfin à la Source Verte - une source bouillonnante éclairée en vert, encadrée par les deux Gardiennes, cachées dans la pénombre.

"Les Gardiennes de la Source," dit Hermione à Malefoy. "Bien, Tu restes là. C'est moi qui doit parler. Elles doivent être traitées avec politesse. Et respect."

Elle appuya ce dernier mot pour le mettre en garde. Tout irritant qu'il était, il ignora l'avertissement et se mit à protester.

"Je pense que je devrais plutôt venir," dit-il en essayant de distinguer les Gardiennes dans l'obscurité.

Hermione, sur les nerfs car elle approchait du moment critique de la journée, s'emporta immédiatement. "Tu as dit que tu n'interférerais pas. Tu n'es même pas censé être là. C'est une opération délicate. Et d'une importance critique."

"Très bien," siffla Malefoy, mécontent. "Je resterai là."

Satisfaite, Hermione s'avança. Les Gardiennes formaient deux silhouettes bossues et drapées de noir. Leurs deux regards pâles, aussi phosphorescents que les champignons, étaient déconcertants. Hermione s'approcha de la plus proche des deux Gardiennes. Elle était intimidée par les deux anciennes créatures, mais savait exactement ce qu'elle avait à faire.

"T'es là pour faire le plein, ma chérie ?" croassa la Gardienne d'une voix rauque et sèche qui résonna dans la caverne.

"Oui - si je peux ? J'ai une offrande," dit Hermione d'une petite voix.

"Montre-moi," dit la Gardienne.

Elle se pencha vers Hermione, qui sortit de la poche extensible de son anorak les trois sacoches qu'elle avait préparées. Elle les passa aux serres de la créature les unes après les autres en énumérant "Du grain, des abats, de l'or".

La seconde Gardienne s'anima, plongea ses doigts en forme de serre dans la sacoche qui contenait l'or et en sortit une poignée de Gallions cliquetants. Elle roucoula de satisfaction. "Très gentil. Adorable. Laissons cette bonne fille passer."

La première Gardienne fit signe à Hermione d'avancer. "As-tu un récipient, mon enfant ?"

Hermione sortit sa flasque, dont le bouchon doré brilla dans la faible lumière. "Oui - cela conviendra-il ?"

La Gardienne siffla en guise d'approbation. Elle fit un geste à Hermione qui plongea la flasque dans la Source Verte.

Alors qu'elle remplissait la flasque, elle entendit la seconde Gardienne dire :

"Laisse cette baguette, petit garçon. Cette fille ne rencontrera pas son destin ici."

Elle se crispa légèrement. Que faisait Malefoy ?

"Le sorcier est inquiet, c'est ça ?" demanda la première Gardienne alors qu'Hermione se dépêchait de remplir la flasque.

"Oui."

La première Gardienne se mit à ricaner. "C'est exact, tu ne le feras pas. Vilain garçon. Je ferais une soupe de ton esprit et je la boirais encore chaude, n'est-ce pas ?"

Hermione se redressa et remit le bouchon de la flasque. Elle se tourna vers les deux Gardiennes qui fixaient maintenant un Malefoy qui n'en menait pas large.

"Mais regarde ses yeux," soupira la seconde Gardienne. "Des yeux comme la pluie tombant des cieux…"

"Ne commence pas avec tes rimes," dit la première Gardienne à sa sœur. "On ne va pas jouer avec sa tête."

"Heu - J'ai fini," dit Hermione, sa flasque gouttant d'eau à la main.

Malefoy sembla soulagé par son intervention. Il était livide.

"Bonne fille," dit la Gardienne. "Utilise-la à bon escient."

"C'est promis," dit Hermione, en s'éloignant à reculons des deux Gardiennes. "M-Merci."

"Amour et lumière, ma fille," dit la première Gardienne.

Sa sœur et elle ricanèrent, comme si c'était la chose la plus séditieuse qu'elles n'aient jamais entendu.

Hermione les salua et revint aux côtés de Malefoy. Elle ne l'avait jamais vu aussi tendu. Elle même était un peu nerveuse face aux Gardiennes, mais elle savait exactement ce qu'elle faisait. Il se relâcha imperceptiblement une fois qu'ils furent sortis du champ de vision des Gardiennes.

Hermione se dirigea de nouveau vers la librairie, mais Malefoy l'arrêta en lui saisissant le bras.

"Non," dit-il, ramenant Hermione vers lui.

"Mais, je voulais -"

"Non," dit Malefoy, sa prise sur le coude d'Hermione inflexible. " Allons-y."

Elle sentait qu'il était sur les nerfs, aux prises avec une colère anxieuse, et décida de ne pas discuter. Ils repassèrent par le chemin qui menait à la plateforme, Hermione faisant deux pas pour chacune des grandes enjambées de Malefoy qui la tenait toujours pas le bras.

Quand ils furent finalement sortis de la Caverne des Gardiennes, Malefoy fit pivoter Hermione vers lui. "Qu'est ce que c'était que ça, putain ? Tu aurais pu me dire que tu étais partie pour marchander avec des créatures des Ténèbres !"

Son visage était toujours livide, se reflétant dans la lumière phosphorescente. "Je ne savais pas qu'elles seraient si - si -"

Il s'emporta.

"Harpies ? Cadavériques ? Létales ? La façon dont la première te regardait, elle avait l'air de vouloir bouffer ton putain de foie ! Et toi tu marches droit vers elle ! Même pas de baguette !"

"Arrête de me malmener," dit Hermione, repoussant les mains de Malefoy. "Elle n'allait pas me bouffer le foie. Elles étaient gentilles avec moi. Et ce ne sont certainement pas des harpies."

"Pas des harpies ?!" s'étrangla Malefoy. "Tu t'es présentée à elles avec des abats."

"C'est la tradition d'en offrir - c'est ce que tu es censé apporter aux Gardiennes de la Source."

"Qui ressemblent à des harpies, et sentent comme des harpies, et mangent comme des harpies," énuméra Malefoy, avec une vigueur irritée.

"Elles ne mangent pas comme des harpies !"

"Tu viens juste de leur donner des ingrédients pour un couscous d'abats ! Si ce n'était pas des harpies, qu'est ce que c'était, putain ?"

"Je ne sais pas ! Elles - ou leurs incarnations successives en tout cas - apparaissent régulièrement dans les textes traitant de la Source Verte depuis des siècles. Elles sont habituellement décrites comme des vieilles femmes. Elles ne sont pas maléfiques. Elles sont anciennes."

"C'était des putain de Détraqueuses, et tu ne traiteras plus avec ce genre de créatures sans m'en parler d'abord. J'ai besoin que tu comprennes que si quelque chose t'arrive, Shacklebolt aura ma tête, Tonks aura mes couilles, et Potter et Weasley s'occuperont du reste. Ma mère devra m'enterrer dans un pot de Marmite. Tu comprends ?"

"Très bien. Mais tu exagères." Hermione agita la flasque d'eau dans la direction de Malefoy. "J'ai ce que je suis venue chercher. J'étais préparée. J'ai dit ce qu'il fallait et j'ai apporté les bonnes offrandes."

Au final, c'était lui qui les avait mis en danger tous les deux. Et il se permettait de la réprimander elle ? Elle s'emporta. "Tu a presque tout fait foirer, à te montrer si sacrément hostile qu'elles commençaient à te titiller. Elle auraient pu te dire des choses qui t'auraient tourmenté pendant des années -"

"Quelles choses ? De quoi tu parles ?" interrompit Malefoy, soudain perturbé.

Oups, sous l'effet de la colère, elle en avait peut-être un peu trop dit.

"Rien," dit Hermione avec l'espoir qu'il oublie ça.

Malefoy la regarda avec intensité. Dans ses yeux brûlaient la peur et la détermination. Elle recula. "C'est stupide."

"Quelles choses, Granger ?" répéta Malefoy, s'approchant maintenant d'elle.

Elle hésita, mais, devant son état de nervosité agitée, elle capitula. "C'est juste - certaines parties des légendes qui entourent les Gardiennes suggèrent que - c'est idiot, et de manière évidente inventé de toutes pièces - suggèrent que ce sont des Voyantes."

"Des Voyantes," répéta Malefoy.

"L'une d'entre elle sait quand tu vas mourir, et l'autre comment tu vas mourir."

Voilà, elle l'avait lâché. Elle vit Malefoy frissonner, probablement pris d'une peur d'un autre genre.

Hermione replaça une boucle derrière son oreille et entreprit de clarifier les choses. "Ce ne sont que des spéculations, bien sûr. Des histoires de bonnes femmes. C'est un concept si commun dans les vieux textes magiques. Il adorent donner aux personnages de gardiens une dimension mythique avec des prétendus pouvoirs. Je ne porte que peu de crédit aux histoires qui impliquent des prémonitions, bien sûr-"

Malefoy interrompit sa tentative de le rassurer. "Comment peux-tu être si cavalière avec ce genre de légendes ? Tu es littéralement la meilleure amie du préconnu, prophétisé, pronostiqué, putain de garçon qui a putain de survécu !"

Hermione se raidit face à cet argument déloyal. "C'était une coïncidence tout à fait inhabituelle," dit-elle.

Loin d'être rassuré par les explications d'Hermione, Malefoy regarda dans le vide, passant une main nerveuse dans ses cheveux. "Je pense que l'une de ces harpies était sur le point de dire quelque chose, aussi. Elle a commencé à parler de rimes. Putain. Je me demande lequel des deux elle savait, le comment ou le quand -"

"Ces histoires sont très vraisemblablement sans fondement," coupa Hermione. Elle était navrée de voir qu'il puisse prendre ce genre de choses au sérieux. "Elles ne savent rien. Ne commence pas à ressasser tout ça."

"Trop tard. Je ressasse. Qu'est ce qui rime avec cieux ?" demanda Malefoy, légèrement paniqué. "Feu ? Pieu ?"

Puisque Malefoy était incapable de se raisonner, elle profita du moment pour remettre la flasque dans sa poche Extensible. Ce qui était plus difficile que de la sortir en raison de sa récente prise de volume. Malefoy fut distrait de ses suppositions morbides en remarquant son entreprise.

"Mais ?! C'est quoi ton truc ? L'Anorak aux Mille Poches ? Comment ça peut rentrer là-dedans ? Tu ne l'as même pas rétréci."

"Je suis une pro des sortilèges d'Extension," dit Hermione, l'air de rien. Cette utilisation des charmes d'Extension n'était pas non plus tout à fait légale. "Pouvons-nous -"

"Alors c'est comme ça que tu transportais ces offrandes impies pour les sœurs voodoo," l'interrompit Malefoy comme s'il venait de résoudre un mystère de longue date. "Tu es au courant que ces sortilèges sont très réglementés par le Ministère, n'est-ce pas ?"

"Je suis au courant, merci," dit Hermione d'un ton brusque. "Si quelqu'un me dénonce - j'espère pas de mon entourage immédiat, s'il sait ce qui est bon pour lui - je suis prête à payer une amende en dédommagement."

"Ah, je vois. C'est pour ça que tu te promènes avec d'énormes sacs de Gallions ? Pour les amendes ?"

"Non, ceux-là servent de lest," dit-elle avec ironie au lieu de répondre à la question implicite sur la provenance de ces Gallions. Rien d'illégal ici, la commercialisation des Carnets à Papote s'était juste révélée très lucrative, chose que Malefoy n'avait pas besoin de savoir.

Hermione plongea la main dans sa poche pour sortir sa baguette et elle l'agita pour consulter l'heure.

"Arg - Je suis en retard ! J'avais une autre chose à faire, mais tu as tellement perturbé mon planning-"

Malefoy leva les yeux vers le plafond de champignons, comme s'il était accusé à tort. "Quelle chose ?" demanda-il.

Hermione et lui pataugèrent vers la bouche d'égout nichée parmi les champignons.

"Un moment de pure complaisance," dit Hermione en pensant à la bibliothèque de Tyntesfield. "Ça fait une éternité que je veux y aller, et pour une fois je suis dans le coin, mais…"

"Mais quoi ?"

"Tu es là," dit Hermione. "Et je ne veux pas que tu le sois."

Rien que de l'imaginer déambulant dans les rayons avec son regard moqueur suffisait à la mettre sur les nerfs.

"Dommage," dit Malefoy. "Toute confiance que j'aurais pu avoir dans ton jugement vient juste d'être anéantie par ta décision de traiter avec des harpies, sans aucun plan de secours au cas où elles auraient eu faim."

Hermione grogna. Évidemment il allait lui servir cette excuse à toutes les sauces maintenant.

"D'ailleurs - quelle complaisance ? Quel est ton vice, Granger ?"

"Ce ne sont pas tes foutues affaires"

"Je promets que j'ai vu pire, quoi que ce soit."

Hermione l'ignora, les Désillusionant tous les deux pendant que Malefoy tentait de deviner son péché mignon - Un bordel ? Être en retenue ? Le couscous d'abats ?

Ils montèrent sur la plateforme. Hermione prit une grande inspiration pour se donner du courage.

Elle expira dans un long cri qui accompagna leur expulsion vers la surface.

Et d'un coup, ils furent de retour dans les Jardins du Puits du Calice, clignant des yeux dans la lumière du soleil. Tremblante, terrifiée, Hermione resta agrippée à Malefoy. Il n'essaya pas de se dégager. Vu la vitesse à laquelle battait le cœur d'Hermione, il devait probablement le sentir dans la bague.

Elle voulut reculer, mais ses genoux lâchèrent et elle retomba contre Malefoy.

"Putain - foutu - maudit - rah !" dit-elle contre son torse.

"Une observation brillante," dit Malefoy.

Son ton railleur ramena Hermione à elle-même. Elle le tint un moment encore, puis prit une inspiration tremblante qui emplit ses narines du parfum de Malefoy et recula en chuchotant une excuse. Malefoy annula leur Désillusion.

Elle vit qu'il l'observait. L'envolée vers la surface semblait avoir chassé toute trace de peur en lui. Ce sorcier fonctionnait vraiment à l'envers.

"C'était horrible," dit-elle.

"J'ai trouvé ça plutôt fun."

"Oui, hé bien - tu fais aussi partie de cette cohorte de lunatiques qui aiment le Quidditch."

"."

Ils suivirent le chemin sinueux qui menait à l'entrée des Jardins. Loin d'être remise de son choc, Hermione tremblait toujours.

Elle passa ses mains sur ses bras plusieurs fois pour chasser sa chair de poule. "Bien. Tu n'as pas besoin de t'inquiéter de me voir retourner marchander avec les jumelles voodoo. Je ne veux plus jamais utiliser cette trappe de la mort. Si j'ai besoin d'un autre échantillon, je t'enverrai."

"Moi ?" dit Malefoy. "C'est mort - l'une d'entre elle voulait m'aspirer le cerveau hors du crâne, tu n'as pas entendu ?"

"Elle aurait besoin d'une sacrée paille," fit remarquer Hermione.

"Très drôle."

"Tu pourrais atterrir sur la tête la prochaine fois, ça lui ferait une sorte de milkshake-"

Cette remarque sordide lui valut un regard étonné de Malefoy.

Ils traversèrent le magasin de souvenirs (Hermione vit la vendeuse aux mille châles jeter un regard langoureux à Malefoy) puis le parking jusqu'à sa Mini.

"Y a t'il une chose que je peux dire pour te faire partir ?" demanda Hermione de but en blanc.

"Non," dit Malefoy.

"Et si je demande gentiment ?"

"Non."

Elle essaya la sincérité.

"Je ne vais pas interagir avec quelque chose de maléfique - ni avec personne d'ailleurs. Ça n'a rien à voir avec mon projet."

Malefoy l'étudia du regard. Elle essaya d'avoir l'air sincèrement peinée plutôt qu'irritée.

"Dis-moi ce que c'est et je déciderai si c'est dangereux ou pas. Peut-être que j'attendrai dans la voiture."

Elle réfléchit à la proposition en jetant un œil sur son téléphone portable. "Bon sang. Ils ferment dans une heure. Monte. Je te dirai sur la route."

Ils entrèrent dans la voiture sans incident, Malefoy semblant avoir nouvellement développé une expertise dans l'ouverture des portes de voitures.

"Une chose avant de partir, Mademoiselle la pro des sortilèges d'Extension," dit-il. "Agrandit ce plancher, avant que je me décapite avec mes propres genoux."

ooo

Une fois en route, Hermione révéla à Malefoy qu'elle avait l'intention de visiter une bibliothèque.

"Une bibliothèque ?" répéta Malefoy, l'air incrédule.

"Oui. À Tyntesfield."

"Cette décadence," haleta-il, semblant se retenir d'éclater de rire.

Elle eut de nouveau la vision de l'air narquois de Malefoy se promenant parmi les rayons.

"J'aimerais que tu t'en ailles," dit-elle dans une requête poignante.

"Quel péché mortel," dit Malefoy.

"S'il te plait, transplane chez toi auprès de ta mère."

"Une bibliothèque. Je vais devoir faire un rapport."

"- Comme tu peux le voir, je suis en sécurité ici, les seules choses nuisibles qu'il reste sont tes tentatives de faire de l'humour."

"Quelles autres vilaines habitudes tu as ? Aller à l'église ? Faire de la pâtisserie ?"

"C'est une bibliothèque remarquable."

"Bien sûr, elle doit l'être."

"Et je ne sais pas quand je pourrais revenir dans le Somerset."

"Oui."

"C'est l'une des plus grandes bibliothèques possédée par le National Trust."

"Mmh"

"Le domaine également une très belle orangeraie - une des rares survivantes de la période victorienne."

"Un ravissement, à n'en pas douter."

"Ce sont des choses dont j'aimerais profiter sans toi," dit-elle en serrant la mâchoire, à bout de patience.

Malefoy céda.

"D'accord. Tu peux aller visiter son Testifield chéri -"

"Tynstestfield."

"- Et j'attendrai dans la voiture. Je peux sincèrement te dire que je n'ai pas la moindre envie de venir avec toi -"

Le reste de sa phrase fut recouverte par un geignement soudain provenant de la boîte à gants. Malefoy jura.

Hermione détourna les yeux de la route pour lui jeter un regard extrêmement surpris.

"Il est défectueux, clairement," dit Malefoy.

"Clairement," répéta Hermione, ne sachant quoi penser de la perspective que Malefoy puisse avoir réellement envie de l'accompagner.

Elle le vit fusiller la boîte à gants du regard et retint un sourire.

"Pris à ton propre jeu," dit-elle.

Ce retournement de situation, associé à la capitulation de Malefoy, avait dissipé son énervement et c'est d'excellente humeur qu'elle lança sa Mini à pleine vitesse sur l'A39.

Le gémissement du Scrutoscope s'arrêta.

"Je vais balancer cette chose par la fenêtre," dit Malefoy.

"Non. Je l'aime bien finalement."

Faisant fi des limitations de vitesse, ("Seulement des suggestions" dit-elle face à une remarque de Malefoy. Le Scrutoscope se remit à chanter.) Hermione réussit à arriver à Tynstesfield une demi-heure avant la fermeture.

Elle put admirer la bibliothèque et l'orangeraie pendant que Malefoy profitait d'un gâteau au pavot sur la terrasse, ils regardèrent le coucher de soleil ensemble et ne se disputèrent que quatre fois.