Hello !

Voici la suite, je vous remercie pour vos retours/vos follows, j'espère que ça vous plaira autant que pour le premier chapitre.

Je voulais à tout prix poster le 31, avant de me consacrer à ma soirée du nouvel an. Donc joyeux Noël en retard et bonne année 2020 les gens !

Trigger Warning pour ce chapitre, référence à un attouchement non-consenti, du "slut shaming" et des pensées dépressives. Joyeux cocktail, navrée, on reste dans le sombre.

Je vous laisse à la lecture ~


[Chapitre 2]

Après cette ténébreuse rencontre, Allen avait été sincèrement agacé de retrouver la sale tronche de Luberrier. Dans la cantine, la répartition des tables était conçue pour mettre en avant les hauts membres du clan, qui festoyaient sur une estrade, les surplombant, juste en face d'eux. Allen entrapercevait que le vieil homme au carré de moustache le fixait méchamment, comme d'habitude. Il soupira, écoutant d'une oreille distraite Toma, un bêta relativement sympathique, lui raconter des blagues. Quand Luberrier le toisait avec autant d'insistance, ça signifiait une convocation. Il s'attendait déjà à se faire sermonner pour avoir passé trop de temps en ville par Link. Se voir rabâcher qu'avec son Innocence en lui, il devait être protégé, et qu'un oméga ne pouvait pas sortir comme bon lui semblait.

La seule chose qu'il appréhendait, c'était d'être puni. Il pouvait encore faire l'objet de coups de badines si Luberrier jugeait qu'il se comportait mal, si ce n'était plus à cause des entraînements. Encore une fois, il était dur avec lui. Parce qu'il était un oméga, et, ce qui faisait que la correction tombait facilement mal, surtout parce que malgré les punitions, Allen restait droit dans sa tête et savait très bien ce qu'il valait, il demeurait aussi conscient de l'injustice dont il était victime, mais l'homme voulait qu'il accepte cette violence comme étant normale, justifiée, méritée.

S'il y a une chose dont Allen était sûr, c'est que jamais, ô grand jamais, il ne considérerait normal et mérité d'être battu pour un regard trop appuyé ou l'expression d'un point de vue personnel. Jamais.

Mais il détestait quand Link le faisait, ce qui arrivait le plus souvent car. Parce que ça faisait encore plus mal. Parce qu'il se rappelait le mal-être et la douleur de savoir qu'il n'était pas soutenu. Peut-être que Link aussi en souffrait plus, peut-être que ça le réjouissait… Il avait encore ces grimaces, cette expression crispée, cependant, le blandin ressentait une indifférence supplémentaire dû au fait qu'il savait que Link lui en voulait.

Deux ans auparavant, à ses seize ans, Allen s'était inquiété de ses chaleurs qui pouvaient arriver à tout moment. Il en avait parlé à Link, à qui il était encore promis, et sachant qu'il était en âge, il avait timidement demandé à l'alpha s'ils pouvaient coucher ensemble. Il se rappelait s'être totalement offert, en oméga totalement inexpérimenté des plaisirs de la chair, et lui avoir déclaré qu'il ne voulait pas perdre sa virginité sans l'avoir décidé de lui-même. Le sang bourdonnant à ses oreilles rougies, les joues cramoisies et les yeux baissés, Allen avait été prêt à le faire sur le champ. Il avait surtout espéré que Link recueillerait positivement sa confession et qu'il saurait le réconforter.

Au contraire, l'alpha s'était totalement fermé, arguant qu'il était trop jeune et qu'il ne devait pas parler de ça à la légère. Vexé, et car il était encore à l'aise avec lui à ce moment, l'oméga avait argué qu'il ne plaisantait pas, qu'il voulait vraiment le faire, n'avait pas osé dire qu'il avait peur mais il se doutait que le plus vieux s'en rendait compte. Link n'avait pas cédé. À la question « que ferons-nous quand mes chaleurs seront là ? » il avait répondu qu'il serait en âge à ce moment, mais pas avant. Allen s'était énervé, par anxiété refoulée et irritation de peiner à communiquer, et lui avait demandé pourquoi il n'avait jamais essayé de l'embrasser, de le toucher, pourquoi ils n'avaient jamais fait un simple échange d'odeur ou ne serait-ce qu'un fichu câlin. Il avait eu l'impression d'être rejeté, en fait.

Link avait été incroyablement froid et ils s'étaient disputés.

Allen avait couru en pleurs jusqu'à sa chambre, mais Chaoji l'avait intercepté. Allen ne l'aimait pas beaucoup, concrètement. Seulement, il était un adolescent de seize ans qui venait de subir un choc émotionnel et, sensiblement peiné, il avait besoin de quelqu'un à qui parler.

Il n'avait pas su mettre de mots devant un autre sur ce qui relevait de l'intime entre lui et Link, juste articuler sans cesse « Link a dit qu'il voulait pas de moi, il veut pas de moi » ce à quoi Chaoji avait répondu en le prenant contre son torse « moi, je veux de toi. » et il l'avait embrassé sur la joue.

Si, au début, Allen avait apprécié de sentir l'odeur d'un alpha, le poids des bras d'une étreinte, cette phrase l'avait laissé pantois. Et il n'avait pas été capable de se dégager. C'était la première fois qu'il sentait un alpha si près, et chez les omégas, leurs odeurs avaient des effets anesthésiants, ça les rendait docile et calmes. Ce pourquoi les échanges d'odeurs et les étreintes prolongées étaient faites entre membre de la même famille, couples et amis proches. Chaoji n'était rien de tout ça. Ce qu'ils faisaient était inconvenant, et ça avait frappé Allen. Jusqu'à le choqué profondément.

Confus, il avait réussi à poser une main sur le torse du plus vieux.

« A-Attends, je…

—Tu as envie que je m'occupe de toi, Allen ? »

Les premières secondes, la voix de l'alpha l'avait ébranlé. Il était assuré, suave, il lui demandait une réponse, il exigeait quelque chose de lui, et son jeune instinct d'oméga ne savait pas quelle réponse apporter. Il n'avait jamais été docile comme ça, pourtant. Il n'en serait pas là sinon. Alors, se mordant la lèvre, Allen avait lutté.

« N-non, lâche…

—Ne mens pas. Ne lutte pas contre tes pulsions, Oméga. »

Ce salaud était conscient de l'effet qu'il lui faisait, cette motricité réduite. Allen fut fâché, et il était trop perturbé, trop fatigué avec la colère, pour arriver à se débattre franchement. Surtout, il était perdu. Comme sidéré. Alors Chaoji avait continué. Ses mains s'étaient posées sur ses hanches, Allen ayant frissonné, perdu, découvrant des sensations étranges pour lui et perturbé de ce qui était en train de se produire. La main s'était posée sur la ligne entre son pantalon, son t-shirt trop petit qui camouflait mal la peau ferme et douce de son ventre blanc. Il n'avait pas réussi à réagir, et en quelques mouvements, la main de Chaoji s'était glissée dans son pantalon.

C'était déjà trop tard quand Allen avait sursauté devant l'attouchement, il s'était débattu, il s'était senti furieux et ça l'avait réveillé de l'emprise des phéromones, il avait crié « Non ! Arrête ! » et ne s'était plus laissé faire, mais le plus grand, et aussi plus âgé de quatre ans, donc en clair position de force, n'en avait eu que faire. Il l'acculait déjà, sa main ayant empoigné son pénis auquel il appliquait de bruts va-et-vient, son corps maintenant le sien contre le mur. Au début, ça n'avait fait que lui faire mal, Allen stressait, se débattant vainement, pleurant, ne comprenant pas ce qui lui arrivait et pourquoi l'alpha se permettait de le caresser ainsi, d'une manière aussi intime en plein couloir. Ça avait été la goutte de trop, son cerveau avait déconnecté, il n'avait plus réussi à se défendre, et il avait percuté qu'il était coincé.

Son corps s'était ramolli contre celui de Chaoji, il avait seulement pu subir, se sentant mourir à chaque seconde.

Un sentiment inadéquat et humiliant, une forme de plaisir, l'avait saisi, avant qu'il n'ait pu réaliser ce qu'il se passait, il avait joui contre le plus grand et gémissait de honte. L'alpha s'en était aperçu, ses mains glissants jusqu'à ses fesses.

« Je savais que tu aimerais ça… »

Allen avait soudain retrouvé la force de se débattre, hurlant confusément que c'était faux, que son corps avait réagi, Chaoji le bloquant en s'appliquant à lui susurrer qu'il se mentait à lui-même, qu'il avait eu du plaisir dans ce qui s'était produit, qu'il ne pouvait pas partir comme ça. Allen n'avait pas su quoi faire et quoi penser tant il ne comprenait pas ses propres réactions, il n'avait pu que trembler et craindre l'inévitable. Heureusement, ou pas vraiment, une voix avait interrompu la scène, s'écriant son nom.

Celle de Link.

Pour le jeune oméga, ça avait été une hécatombe.

Il n'en avait pas fallu plus à l'alpha pour comprendre ce qui s'était passé. La main souillée de Chaoji, son pantalon descendu sur ses cuisses et la tâche humide sur son caleçon. Allen avait honte, il avait mal et il était humilié. Tremblant, il s'était effondré.

Il n'avait jamais su ce que Chaoji avait dit à Link après son évanouissement. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il s'était retrouvé propre, dans son lit, Link le veillant sur une chaise.

Allen s'était passé la langue sur les lèvres, tremblant, et il avait éclaté en sanglots. Pour la première fois, il avait tendu les bras en direction de Link, réclamant ouvertement le soutien et la protection de l'alpha.

Link avait accepté, mais son emprise n'avait eu rien de réconfortant. Il n'avait mis aucune force dans l'étreinte, l'enserrant avec des bras mous et incertain. Allen s'était reculé, voulant faire part à l'autre de son désarroi, mais Link avait ouvert la bouche, avant de la refermer. Allen s'était dit qu'il voulait lui parler, lui proposer une solution pour dénoncer Chaoji, parce qui s'était produit, Allen savait que c'était un viol, il ne l'avait pas voulu, il n'était pas consentant, Chaoji avait simplement profité de lui.

« Walker, Chaoji a… il a perdu le contrôle avec tes phéromones, ce que tu as fait était vraiment irresponsable.

—Quoi… ? »

Allen ne s'était presque pas reconnu dans cette exclamation effarée. Il n'en croyait pas ses oreilles.

« Il a dépassé les bornes, mais toi, aller te réfugier dans les bras du premier alpha venu… Tu sais que les omégas sont rares et que les alphas n'apprennent pas tous à canaliser leurs pulsions, ce que tu as fait, ça ne se fait pas. Il ne faut pas s'étonner de…

—Tu es en train de dire que c'est de ma faute s'il m'a touché ? »

Link baissa la tête. À sa voix étranglée, il paraissait avoir conscience du fait qu'il le blessait, et ne pas en être ravi. Pourtant, son discours n'avait pas changé.

« Il a fait ce qu'il a fait. » Sa voix était morne, il n'y avait aucune empathie, et ça avait profondément blessé Allen. « Mais tu as joui, il me l'a dit et je l'ai vu quand je t'ai lavé, c'est donc que tu en as retiré du plaisir. Essaie de voir ça comme une expérience, toi qui voulais essayer le sexe, et oublie-le. Grand dieu, au moins tu es toujours vierge. »

Pour le blandin, ça avait été la goutte d'eau.

D'un état vulnérable de tristesse, il s'était senti envahi par une fureur incontrôlable. Il se rappelait avoir crié, avoir tempêté, et s'être énervé, jusqu'à déclarer à Link que s'il était parti se réfugier dans les bras d'un autre alpha, c'était parce qu'il l'avait blessé et parce qu'il avait besoin de soutien, qu'il n'y avait eu personne d'autre, il lui avait reproché de ne pas être foutu de considérer ses émotions – devenant clairement vulgaire, il lui avait hurlé qu'il lui faisait porter la responsabilité de son agression, que c'était dégueulasse et il l'avait insulté. Link avait aussi levé la voix, et, ce qu'Allen avait toujours cru impensable s'était produit.

Le plus âgé l'avait frappé, un soufflet violent, avant de quitter sa chambre en lui lançant un regard froid.

« Tu finiras seul, si tu n'apprends pas à être docile. J'ai été trop clément avec toi, Walker. Tu as oublié ta place. »

Effondré, se sentant rabaissé et perdu, Allen avait passé la journée à pleurer. Il avait cru mourir tant il avait eu mal.

Toutefois, il pouvait en attester aujourd'hui, il n'était pas mort. Il avait souffert, ça avait été horriblement douloureux, mais il n'était pas mort. Quelque fois, il aurait préféré que ce soit le cas.

Link et lui avaient bien évidemment rompu, le maudit ne le supportait plus et l'alpha blond le jugeait avec dégoût. Il paraissait lui en vouloir de son attitude, lui en vouloir de ne pas avoir accepté ses sermons, encore maintenant, c'était ça, le symptôme de la grande tension entre eux. Allen détestait Link, parfois. Il haïssait sa façon de penser, ses raisonnements obscurs et son absence de considération. Cependant, la relation qu'ils avaient avant lui manquait un peu, bien qu'il n'y ait jamais eu de sincérité, Link s'occupait de lui, il le surveillait, et Allen se sentait moins seul.

C'était juste une présence qu'il n'avait plus à ses côtés, et ça avait beau le peiner un peu plus chaque jour, il avait bien dû y faire face – il avait toujours dû faire face. C'était lassant, mais il tenait le coup.

Sur ces pensées mornes, Allen termina de manger, il avait picoré – ce qui n'était pas son genre, et se sentait complètement vide. Le regard de Luberrier le suivait toujours, et il avait remarqué que Link lui jetait des coups d'œil alarmé.

Cela acheva de lui faire penser quelque chose se tramait, toutefois, il était trop fatigué et comptait faire une sieste cette après-midi.

Il sourit mollement au blague du bêta à côté de lui, et le salua, quittant enfin la salle.

Il sentait sur sa silhouette les regards d'alphas et de bêtas qui le suivaient, mais se forçait comme toujours à s'en ficher.

Voilà ce qu'était la vie de l'un des seuls omégas du clan de Luberrier.


Allen marchait dans le couloir jusqu'à sa chambre, se réjouissant d'aller s'étendre pour récupérer. Il s'était trop laissé aller dans la déprime pour continuer sa journée comme si de rien était, il espérait que le sommeil changerait son humeur. Au détour du croisement, il tomba sur Tyki. Ce dernier lui sourit, et rougissant, Allen lui rendit évidemment son sourire.

Tyki était mystérieux, pas toujours très loquace mais gentil, Allen pouvait l'attester.

Lorsque Link l'avait rejeté, il s'était isolé et avait remis en doute ses propres pensées. Était-ce de sa faute ? Tyki, qui s'occupait de son entraînement habituellement, s'était enquis de son état en réalisant qu'il ne venait plus. Comme il s'agissait d'un alpha, Allen avait eu peur de lui, il avait eu peur qu'il ne lui fasse la même chose que Chaoji, pourtant, le bouclé l'avait mis en confiance et il s'était livré.

Il n'oublierait jamais la façon dont Tyki l'avait rassuré, s'étant montré à son écoute et particulièrement sensible à sa souffrance. C'était, en partie, ce qui avait aidé le blandin à se sentir un peu mieux. Il avait au moins gardé la foi en lui-même, ce qui était nécessaire.

« Tu t'es bien amusé, en ville ? »

Le basané avait une cigarette, denrée rare, qu'il mâchouillait aux coins de ses lèvres. Il remit une mèche derrière son oreille, Allen plongeant ses yeux dans les siens, s'attardant sur son grain de beauté sous son œil droit, bien au fait qu'il était magnifique.

« Oui, » bredouilla-t-il, « merci beaucoup de m'avoir couvert. Est-ce que tu sais si… Luberrier a remarqué mon absence ? Je l'ai vu me lancer des regards, et je suis un peu stressé d'être réprimandé. »

Il préférait être honnête, d'autant plus qu'il faisait confiance à Tyki pour comprendre son malaise. Le plus vieux marqua un temps d'arrêt.

« J'ai rien entendu, mais c'est possible avec ce vieux connard, on sait jamais. »

Bien qu'étant membre du clan, il ne portait pas Luberrier dans son cœur, et il ne s'en cachait nullement. Allen opina, brièvement soulagé, mais à moitié – seul Link aurait pu le renseigner, et si Luberrier l'envoyait lui parler, ce ne serait pas gratuit. Il se mordit la lèvre.

« Gamin, » parla soudain Tyki, coupant court à ses élucubrations, « si t'as des emmerdes, hésite pas à demander mon soutien. Pour quoique ce soit. »

Touché, Allen baissa les yeux.

« Merci beaucoup Tyki, c'est très gentil. »

L'autre eut un sourire entendu.

« Penses-y, j'parle pas dans le vide.

—D'accord. »

Un petit sourire gêné, un autre sourire plus assuré. Cette fois, leurs chemins se séparèrent sur un hochement de tête entendu.

Allen regagna sa chambre, le cœur à peine plus léger.


Emmitouflé entre ses draps, Timcanpy lové contre sa poitrine, Allen fut réveillé en sursaut. L'on cognait à sa porte. Il appréhenda, imaginant Link avec une canne dans la main lui ordonner de s'allonger à plat ventre sur son lit pour une correction, mais ce ne fut rien d'autre que Timothy. Le garçonnet lui sauta dessus, s'emparant de Timcanpy qu'il adorait lui aussi, et commença à le tanner pour qu'il vienne s'entraîner avec lui au lieu de flemmarder au lit.

Le blandin sourit, trouvant l'enfant adorable. Il rit gentiment en lui ébouriffant les cheveux. Et il décida qu'en effet, ça serait une bonne idée de s'entraîner. Il pourrait en profiter pour mater Tyki en toute liberté. Puis, surtout, les entraînements lui permettaient de faire étalage de sa force, et ça, pour Allen, c'était quelque chose de particulièrement agréable. Il en avait besoin, de montrer qu'il n'était pas seulement cet oméga faible que les autres imaginaient en lui. D'un naturel souple, Allen avait aussi profité des conseils de Tyki pour se muscler et acquérir de l'endurance. Il lui arrivait fréquemment de faire des tours de terrain dans la salle d'entraînement, lorsqu'il était suffisamment tard pour que peu de monde, à part Tyki qui le coachait, ne soit présent. De cette façon, il s'exerçait à loisir, et personne ne l'importunait. Personne ne lui disait qu'un oméga n'avait pas à se battre. Personne ne tentait de lui enseigner sa foutue place.

Parce qu'il était justement dans son élément.

Tyki avait toujours dit qu'il était un bon combattant. Il manquait de pratique, pour cause de son interdiction de participer aux Raids, mais il était bon.

« Il est quelle heure, Timmy ? » lui demanda-t-il affectueusement.

Le jeune garçon bouda.

« M'appelle pas comme ça ! Et j'sais pas, c'est la fin d'après-midi, il est p'tête dix-sept heures. C'pas l'heure de dormir, lève-toi, Allen, arrête de faire le flemmard !

—Laisse-moi deux secondes pour me sortir du lit, ok ? »

Immédiatement, un rictus taquin fendit la bouche de Timothy.

« Un, deux… »

Et il lui tira la langue, en même temps qu'il agrippa son bras. Allen rit malgré son léger agacement. Avec le sursaut qu'il s'était tapé, il n'était pas très frais et il aurait souhaité quelques minutes pour se réveiller.

« T'es vraiment chiant, tu le sais ? »

Timothy eut une moue qu'Allen trouva littéralement adorable. Il le lâcha en minaudant, le blandin se redressant, laissant sa chemise ouverte sur torse et s'approchant de son armoire pour trouver un pantalon assez souple pour lui permettre de se mouvoir pendant l'entraînement. Il attrapa aussi un t-shirt ample et les enfila, Timothy jouant avec Timcanpy derrière lui en l'attendant. Les deux omégas étaient comme des frères et n'avaient aucune pudeur, ni malséance, l'un avec l'autre. Ils étaient très proches et Allen l'aimait énormément.

Il prit le temps de passer aux toilettes pour se mettre un peu d'eau sur le visage et mieux se réveiller, Timothy ne râlant qu'à peine, pour une fois. Allen devait avouer qu'il se sentait rafraîchi. Il gardait en lui le souvenir positif de cet homme qu'il avait entraperçu, de sa sortie qui l'avait fait voir autre chose que l'intérieur de ce foutu bateau et le pont bien trop grand qui lui permettait de surplomber la ville, en ne renforçant qu'encore plus son sentiment de solitude. Non, Allen se sentait mieux. Il décidait d'enfouir le reste en lui, de s'accrocher à ces sentiments de bien-être, et surtout, de se battre.

Ils arrivèrent à la salle d'entraînement, Tim surexcité et Allen commençant à ressentir un sentiment similaire.

Tyki lui sourit quand ils arrivèrent, lui lançant directement une épée en bois.

« Quelques passes pour t'échauffer, gamin ?

—Je préférerai courir un peu avant, si ça ne t'ennuie pas, » répondit Allen en tendant néanmoins l'épée à Tim, « mais je pense qu'il aimerait me montrer ce que tu lui as appris l'autre fois d'abord.

—Oh oui ! »

Le garçonnet venait de s'exclamer, prenant la fausse épée.

« Tyki, en garde, je vais te botter les fesses !

—Tu parles, qu'est-ce que je tremble ! »

En les regardant se chamailler gentiment, Allen se sentit réjoui. Cette salle d'entraînement, qui suintait tellement les phéromones d'alphas et bêtas mélangés que la senteur était assez neutre, lui apportait toujours un sentiment de réconfort. Ça manquait d'odeur d'omégas pour qu'il s'y sente totalement à l'aise, mais ce n'était pas à deux qu'ils contrebalanceraient toute une faction. Toutefois, Tyki avait une bonne odeur. Forte, comme tous les alphas, cependant, il y avait quelque chose de rassurant. Le blandin aimait bien quand ses phéromones étaient présentes dans la salle.

Pendant qu'il s'imprégnait des effluves présentes, les deux autres s'étaient mis en garde. Allen observa Timothy, devant Tyki qui tenait lui aussi la position de préattaque. L'enfant lui lança un sourire, cherchant ainsi à obtenir ses encouragements. Amusé, Allen le lui rendit.

Enfin, ils attaquèrent. Tyki brandit son épée, et Timothy contra – il était évident que Tyki y allait doucement, de manière à il lui apprendre les mouvements de base, comme ça avait pu être le cas avec lui quand il était plus jeune. Leurs épées se bloquèrent en s'entrechoquant. Timothy repoussa Tyki en tournant sur lui-même, forçant ainsi sa lame à dévier. Il put donc reprendre le contrôle de la sienne et donner un coup en direction de la main de Tyki pour le faire lâcher prise.

L'adulte lâcha son arme, et Timothy le visait de la pointe de bois, pas peu fier du résultat.

Le bouclé ricana.

« Tu t'en sors très bien. Tu lâches peut-être l'emprise un peu trop tôt.

—T'avais dit que tu te laisserais pas faire ! »

Vexé, le garçonnet aux cheveux bleus venait de comprendre que Tyki l'avait laissé gagner.

« Je ne peux pas y aller comme un bourrin avec toi, gamin, réfléchis un peu. Quand tu sauras doser ta force on pourra corser les entraînements.

—D'accord, mais apprends-moi alors, tout de suite ! »

À renfort de grand geste, Tim insistait. Nonchalamment, Tyki donna un coup de tête en direction d'Allen.

« Tu peux aussi nous regarder et apprendre en observant, Allen sait y faire, tu pourras en prendre de la graine. »

Le blandin rougit furieusement.

« Oh, non, je ne suis pas si doué que ça… »

Malgré l'immense fierté qu'il retirait de ses capacités, il était toujours gêné quand un autre les pointait.

« J'admets qu'on m'a aussi déjà vanté tes mérites, Allen Walker. »

Une voix grave et sèche fit sursauter Allen. Luberrier se tenait derrière lui, flanqué de Link, comme toujours. Ils venaient de faire irruption dans la salle, et tout de suite, tout les bêtas et alphas qui s'entraînaient s'immobilisèrent. Ils adoptèrent une posture droite, de respect, face à l'arrivée de leur chef et de son assistant. Immédiatement, Allen baissa la tête, attrapant Timothy par la manche pour l'inciter à en faire de même. En tant qu'omégas, ils n'avaient pas le droit d'avoir une posture décontractée, ni de regarder les plus hauts gradés. C'était simplement comme ça que ça fonctionnait.

Malgré son regard bas, Allen réussit à apercevoir un geste de la main attenté par l'alpha en chef.

« Relève la tête, Oméga. »

Allen obéit, et Timothy se redressa à peine, croisant son regard en serrant les dents. L'enfant n'était pas encore tout à fait conscient des écarts de classe, il les subissait mais ne les comprenait pas, et il n'appréciait pas du tout les moments où son statut le mettait en position d'infériorité, de fait, il peinait à rester docile. Ça finirait par lui jouer des tours, surtout s'il ne respectait pas les règles devant Luberrier. Anxieux de ce qui pourrait arriver, Allen secoua à peine la tête. Timothy parut comprendre, aussi, il s'occupa seulement de séparer le Golem, qui les avait bien entendu suivis pendant l'entraînement, et s'était réfugié contre son corps.

Ainsi, le blandin tourna son regard vers le quinquagénaire, attendant qu'il parle.

« Oui, monsieur ? »

Luberrier le fixa, et Allen croisa le regard de Link. Le jeune alpha était neutre, il soutint néanmoins son regard, esquissant une micro-expression qu'Allen ne comprit pas.

« Tyki, » fit Luberrier en ignorant totalement l'oméga, « je veux que tu fasses une démonstration des savoir faire de Walker. Walker, échauffe-toi. »

Le blandin savait qu'il n'avait pas le choix. Il marqua un temps d'arrêt, ne comprenant pas pourquoi Luberrier tenait à tout prix à ce qu'il s'entraîne, mais il savait que s'il posait une question, il risquait d'être puni à tout moment.

« Oui, monsieur. »

Il commença par quelques étirements, tandis que Luberrier ordonnait aux alphas et bêtas de s'écarter afin de lui laisser de l'espace. Tyki restait au centre de la salle, l'observant, le reprenant de temps en temps sur sa position. Malgré lui, Allen sentait qu'il rougissait. Être observé par tous et être ainsi exposé n'était pas du tout son habitude. Quant à Tyki, il fronçait parfois les sourcils, signe que lui aussi n'avait aucune idée de ce qu'il se passait mais qu'il était bien obligé de s'adapter. Quand l'oméga exerça une fente, son corps se penchant en avant, Allen vit qu'un groupe d'alpha se souriait en lui jetant des coups d'œil lubrique. Ça le fit presque frissonner, ce n'était pas du tout agréable et il sentait le stress qui montait en lui.

Heureusement, ses étirements se terminèrent bientôt, et Tyki lui ordonna de faire trois tours de terrain.

Allen obéit. La salle d'entraînement était très grande, et bien sûr, trois tours, ça représentait déjà un effort – Allen était toutefois capable d'en faire cinq à la moitié de sa vitesse maximale. Il était très endurant et n'avait aucun problème à gérer la course, autant en sprint qu'en durée.

Il se dépêcha un peu, voyant que Luberrier s'impatientait, et il fallait le dire, très peu à l'aise d'être reluqué comme ça. Quand il se battrait contre Tyki, ça ne serait pas la même chose, il serait plongé dans un combat, alors que là… Il pouvait certes se focaliser sur sa performance personnelle, mais c'était assez dur dans ces conditions.

Il entendait, chaque fois qu'il passait, que ça parlait de lui. Et pas en termes qui lui plaisaient. On le détaillait complètement : son visage, sa démarche, la courbure de son corps, son cul – il avait entendu un bêta le complimenter, en termes pourtant peu flatteur, un alpha reprenant le flambeau. C'était juste humiliant, et entre gêne et colère, Allen se mit à accélérer la course pour le dernier tour.

Il rejoignit Tyki au centre de la salle, coulant un regard blasé sur l'assistance.

Le bouclé lui tendit une épée, et lui sourit.

« Fais de ton mieux, gamin.

—Comme toujours. »

Allen était déterminé.

Luberrier voulait sans doute le tester, c'était bizarre, il était apeuré des conséquences, mais soit. Il comptait lui en mettre plein la vue. Il savait que Tyki était très fort, plus que lui, pourtant, ça lui était déjà arrivé de le désarmer pendant leurs affrontements, et pas par chance. Rien de dramatique, l'alpha aurait pu aisément lui échapper et reprendre son arme en situation de combat réelle, mais quand même, il considérait ça comme un exploit. Ça voulait aussi dire autre chose : Tyki était doux avec Timothy parce qu'il était un enfant, pas à cause de son second-genre. De fait, comme Allen était objectivement doué, il ne le ménageait pas, et l'oméga aimait ça.

La position de garde. Le poids des regards sur eux. Sur lui. Allen respira, lentement. Il clôt ses paupières, inspira lentement, et les rouvrit. Il fit le premier geste, et chargea. Tyki esquiva, et le contra de pair. Allen ne se laissa pas faire. Sautant, il jeta un coup frontal, voulant que l'autre n'ait aucune chance d'esquiver. Tyki, l'ayant vu venir, lui balança un coup au ventre. Allen tomba en arrière lourdement. Des « oh » retentirent de la salle, autant de désapprobation pour l'acte de Tyki – pour beaucoup, c'était inconvenant de ne pas y aller doucement avec un oméga – que d'inquiétude pour lui. C'était une fausse arme, bien sûr, mais ça pouvait tout de même faire mal.

Allen se redressa tout de suite.

Il fondit sur Tyki, joutant dans sa direction. La bataille dura un moment, ils se contrèrent habilement, Allen esquivant les attaques du maître d'arme – diablement doué – en effectuant des roulades parfois improbables, récoltant des sifflements de la foule. Link les reprenait, visiblement mécontent d'un tel manque de bienséance, mais Luberrier laissait faire. Allen voyait son regard arrêté sur lui, comme s'il cherchait à analyser son potentiel. Il ne pouvait pas dire que ce n'était pas inquiétant. A force de regarder, Allen trébucha encore.

Jurant entre ses dents, il roula sur le côté quand Tyki l'attaqua d'un coup latéral par le dessus. Il se dépêcha de se relever, et attendit qu'il se remette face à lui pour attaquer. Par principe, Allen détestait frapper de dos.

Il n'était toutefois pas trop magnanime. Il réattaqua promptement, visant Tyki d'un grand coup à l'horizontal. Celui-ci le bloqua, et, conformément au tour que Tim' avait tenu à lui montrer, leurs lames restèrent coincées. Avec leurs forces, ils luttèrent, et si les alphas sifflèrent, ce fut cette fois d'admiration de voir qu'Allen réussit à contrer la force de Tyki.

Même Luberrier se montra très attentif.

En sentant la transpiration lui courir dans le dos et sur le front, Allen donna un coup d'épaule, reprenant sa respiration sur un gémissement rauque. Il s'était libéré, mais au lieu de chercher à désarmer Tyki, il se contenta d'attraper farouchement son poignet qui tenait l'arme, et pointer sa lame en direction de son coup. Ils auraient été en combat réel, il l'aurait tué.

Cela fixait résolument la fin du combat.

Des applaudissements retentirent, et Allen se sentit cette fois envahit par une sensation de plaisir. Naïvement, il espéra avoir gagner un peu de respect de la part de la foule.

Il voyait bien que certains bêtas et alphas étaient admiratifs, tandis que d'autres chuchotaient entre eux – Allen appréhendait les commentaires à la noix du type « Tyki a été indulgent, c'est pas possible que ça se finisse comme ça », mais il se décidait de s'en moquer. Ce qui comptait, était visiblement ce que Luberrier avait pensé du spectacle. S'il décidait de parler, puisqu'il était plutôt avare en compliments.

L'homme embrasa la foule du regard, lui y compris, et parla de sa voix ferme :

« Très bien. J'ai vu ce que j'avais à voir. Howard, allons-y. »

C'était un jour sans, apparemment.

En lui coulant un dernier regard, l'alpha ordonna néanmoins :

« Cesse donc les combats pour aujourd'hui, Walker. Un accident serait regrettable. »

Fronçant les sourcils, et se doutant fortement que Luberrier s'inquiète de son état, Allen ne put s'empêcher de répliquer :

« Je sais encaisser le choc, monsieur, et je viens à peine de m'échauffer.

—Fort bien, » répondit Link à sa place, sur un ton peut-être assez doux, « mais tu restes un oméga, Walker. Nous te voulons en forme. »

Allen baissa la tête, sentant un vent de colère prendre place en lui. Il ne put qu'articuler un « bien » malgré la colère qui le faisait fulminer.

Les alphas partirent, et les chuchotements s'intensifièrent.

« Putain, ce qu'il est mignon, et fort, » entendit-il d'un côté. « Il est maudit, sa cicatrice gâche tout, c'est vraiment dommage… Et ce bras… —Ouais, mais il est majeur, donc baisable. Ça fait longtemps que je me suis pas fait un oméga, il vaudrait sûrement mieux que ces putes qu'on trouve en ville. —Tu parles, il était fiancé à Link, ils te tueraient si tu le touchais. —Ils ont rompu. —Peut-être que le gamin refusait d'écarter les cuisses avec l'autre, qui sait, je lui plairai peut-être mieux… »

Et ce fut une explosion de rire gras qui rendirent Allen malade.

Tyki s'éclaircit la gorge :

« Mettez-vous au boulot, les gars ! Je veux voir tout le monde avec un partenaire en train de s'échauffer d'ici cinq minutes ! »

Puis, alors que les foules se dispersaient, pour lui :

« Tu t'es très bien battu, gamin. Ils n'ont rien dit mais je suis sûr qu'ils ont été impressionnés.

—Entre ceux qui ne parlent de moi que pour mon statut… »

Il ne pouvait s'empêcher d'en faire la remarque, ça le laissait tellement fumasse, cette mentalité ambiante.

« Ignore les abrutis. Tu sais que tu vaux mieux que ça. »

Se disant, Tyki le gratifia d'une petite tape sur la joue.

Allen sentit qu'il prenait des couleurs.

« Merci, Tyki. Bon, je vais y aller…

—Attends ! » C'était Timothy qui venait de parler. « Demain, je veux aller en ville avec Allen, tu pourras nous couvrir, Tyki ? S'il te plaît ! »

Le blandin écarquilla les yeux, un peu fâché.

« Tu ne m'as même pas demandé mon avis ! T'exagère, Timothy !

—Depuis quand t'as pas envie de sortir, toi ?

—Tim, tu sais bien que je suis déjà sorti hier, si ça se voit, je vais avoir des ennuis !

—Mais Alleeeen, s'il te plaîiiittt ! »

L'enfant et l'adolescent s'affrontèrent du regard, n'ayant l'un comme l'autre aucune envie de se laisser faire, tandis que Tyki éclata de rire.

« Vous êtes adorables. Parlez-en entre vous, et si vous voulez sortir, je suis d'accord. »

Allen eut un sourire doux.

« Merci, Tyki, c'est très gentil. » Il secoua la tête en s'adressant Timothy : « Viens-là, toi, on a deux mots à se dire. »

Le garçonnet rigola un « j'ai pas peur de toi, même si t'es plus fort que moi ! » avant de sautiller en montrant les poings autour de lui. Il en profita pour le féliciter pour son combat. Allen rit, lui caressant le crâne. Ils partirent gaiement, le blandin se doutant qu'il s'engageait dans de lourdes négociations s'il voulait faire flancher Timothy.


Alors qu'ils avançaient sous le ciel grisâtre et le jour venteux, Allen se faisait la réflexion qu'il avait perdu. La veille, Timothy l'avait tanné pendant des heures pour qu'il accepte de sortir avec lui en ville. Le maudit n'avait pas eu le cœur de refuser au garçonnet sa sortie. Puis, il fallait admettre qu'il en avait envie également, l'enfant l'avait bel et bien percé à jour, s'il avait pu, Allen aurait passé tout son temps dehors. Il fallait dire qu'en tant qu'oméga, à part observer les alphas s'entraîner, le faire quand cela était permis et accepté pour lui, lire des livres qu'il avait déjà relu maintes fois ou les rares nouveaux ouvrages qui étaient récupérés dans la petite bibliothèque du bateau, il n'y avait pas grand-chose à faire. Quand les autres partaient en raid, ce qui arrivait au minimum tous les deux jours, le coin se vidait un peu et ils pouvaient déambuler plus tranquillement. Prendre l'air de cette vie pour le moins vide était un besoin que les deux omégas partageaient.

De fait, ils se retrouvèrent à flâner tous les deux.

Allen s'était un peu mieux apprêté que l'autre fois, il avait fait attention à avoir un pantalon propre, à sa taille, avec une ceinture, une chemise qu'il avait bien rentré dans son pantalon, ainsi que son manteau certes petit mais joli. Il n'avait plus l'air d'un souillon, et Timothy, qui avait un peu le même genre de vêtement que lui, ne jurait pas non plus. Comme ça, si jamais ils croisaient le bel alpha – Allen se sentait stupide, mais il l'avait trouvé tellement beau qu'il voulait le revoir, il aurait moins honte.

En prenant garde à tenir l'enfant par la main, question de prudence, Allen et lui avançaient paisiblement. À quelques rues de là, les habitants des bas quartiers avaient coutumes de faire un marché. Il y avait quelques fruits et légumes, qui, avec un peu de chance, pouvaient ne pas être trop gâtés. Paradoxalement, le marché était assez connu et même des terrestres des milieux assez aisés – ça existait, si c'était rare – pouvaient s'y promener. Il y avait tout type de monde, une étrange mixité peu de coutume, et Allen aimait bien détailler les gens qui se promenaient.

Timothy et lui ne mirent que peu de temps à regagner ce qui avait dû, fut un temps, être une grande place, maintenant jonchée par les ruines et les détritus. De la terre séchée et de la poussière jonchaient l'endroit, en marchant, Allen donna un coup de pied à une conserve qui manqua de le faire trébucher. Timothy observait lui aussi, fasciné par la foule haute en couleur. Les gens étaient couverts, comme lui, car il faisait plutôt froid, mais la plupart portaient des bouts de tissus en guises de vêtements, peu avaient le luxe d'avoir de vrais habits.

Des immeubles à moitié penchés encadraient la place, certains étaient complètements détruits, d'autres gardaient des partis habitables, et les rares immeubles encore en place appartenaient aux riches. Devant les stands de nourriture, ça grouillait et ça négociait. Il y avait même des stands de bijoux, de création qui s'avéraient de plus ou moins bonne qualité, mais c'était toujours agréable à regarder. Quelques fois, il y avait des livres, aussi. Des revues, avec un papier au toucher étrange qu'Allen adorait tripoter quand il était enfant. Il se souvenait, le jour où Mana lui avait passé quelques numéros de Comics et des magazines sur le sujet qu'il avait trouvé en fouillant un immeuble, il avait été tellement heureux !

Sur un poteau électrique se trouvait l'affiche d'un cirque, peinte à la main, elle représentait un clown et une troupe de danseurs riant à pleines dents. Contrairement à ce que existait avant selon les livres d'histoires, ils étaient sans animaux, juste des artistes itinérants qui faisaient des tours ou dupaient des clients au Poker. Ça aussi, ça lui rappelait des souvenirs.

Une boule monta dans sa gorge.

Ce temps était révolu.

« Allen, regarde, c'est super joli ! »

Timothy pointait un stand où des portraits étaient réalisés, et effectivement, l'homme, un vieillard moustachu à l'air sympathique, dessinait rudement bien. Un écriteau montrait : Un portrait : 4 cents. S'il vous plaît, un portrait : 3 cents. Bonjour, un portait s'il vous plaît : 2 cents. Ça le fit sourire. Pas sûr que tout le monde sache lire, mais ceux qui le pouvaient étaient au moins avertis, la politesse était de mise.

Ils passèrent devant l'étalage et s'approchèrent des immeubles bancales. Allen n'aimait pas trop passer à côté, et Timothy non plus, il s'accrochait toujours à son bras, comme s'ils avaient peur qu'ils tombent à tout moment. Le toit pointait tout de même dangereusement dans la direction des passants, si une attaque d'Akumas avait lieu, il y avait de sérieux risque. Il était encore tôt, c'était le milieu d'après-midi, mais après dix-huit heures, là où la plupart des attaques se produisaient, les gens se ruaient dans leurs domiciles ou les lieux qu'ils occupaient plus ou moins légitimement.

Pour le moment, tout le monde profitait du marché dans la joie et la bonne humeur. Bien entendu, Allen et Tim ne venaient pas là pour acheter. Ils se baladaient, simplement.

Au détour d'un énième stand, et entre divers bruits de conversations animées, Allen se stoppa dans sa marche, Timothy s'accrochant à son bras. Timcanpy, le Golem, s'était posé sur son crâne. Il s'était pétrifié. Son bras-gauche. Au lieu d'être inerte, la partie de sa main où se trouvait la Croix le lançait terriblement. Il gémit entre ses dents, Timothy commençant à s'inquiéter, tandis que le Golem se mit à virevolter autour d'eux – d'habitude, Allen détestait qu'il fasse ça, il avait trop peur que quelqu'un le lui vole Timcanpy. Cette fois, Timcanpy refusait de rester caché. Il semblait alerter la foule sur la position précaire de son maître, en une tentative de grainer du secours.

« Allen, qu'est-ce que t'as ? »

Le garçonnet s'exclama, rudement perdu. Le blandin secoua la tête.

« C'est juste une crampe, ça va passer. »

A peine déclara-t-il cela sur un grand sourire que celui mourut dans sa gorge. Il lâcha précipitamment la main de Timothy, plaquant sa main libre sur son poignet gauche, et étouffa un cri endolori en se mordant la lèvre à sang. Timothy s'en aperçut et regardait maintenant autour de lui, proche d'imiter le Golem, ne sachant absolument pas quoi faire.

Allen dut se retenir de pleurer. Encore une foutue attaque de l'Innocence en lui. Il ne comprenait pas. Son œil ne l'avait pas lancé, il n'y avait pas d'Akumas, mais son bras… Oh bordel, ce qu'il souffrait.

Il resta ainsi, de longues minutes, avant de sentir une main étonnamment ferme et virile se poser sur son épaule.

Allen n'eut pas la force de se relever et de faire face. Pas tout de suite.

Jusqu'à ce que la voix parle.

« Je peux vous aider ? Ça a pas l'air d'aller. »

Tu déconnes, connard.

Allen était en colère car humilié. Il se tenait le bras, redressant lentement la tête, piteux et pitoyable, s'apercevant que Timothy le regardant avec des yeux effarés de terreur. Putain, une crise, en plein devant la foule ! Il allait se préparer à rabrouer l'inconnu, quand son visage rencontra celui de l'homme si beau de l'autre fois. Et son cœur loupa un battement. Il n'en croyait pas ses oreilles.

Cet alpha… non, un alpha, qui le vouvoyait ? Allen fut tellement surpris qu'il eut immédiatement le rouge aux joues.

« J-Je… Euh…

—Si vous vous sentez mal, il y a un centre de soin pas loin, vous savez, » coupa l'homme.

Allen secoua la tête. Il se força à reprendre contenance. Un Akuma devait être pas loin… Son œil n'avait rien aperçu, mais son bras l'avait senti le premier. C'était bien étrange. La douleur commençait à cesser. Il eut la force de se reprendre, espérant que ça ne reviendrait pas. Autant dire qu'il n'était pas naïf au point de se dire que ce n'était rien.

« Ça va, merci. »

Le blandin baissa les yeux, se sentant quelque peu paumé. Recroiser cet individu dans ces circonstances et imaginer qu'il lui adresse la parole… Bon sang, c'était trop beau pour être vrai. Toutefois, il hésitait à profiter de l'instant. Il se prépara tirer doucement Timothy pour qu'ils bifurquent – il ne voulait pas traîner en ville s'il risquait d'y avoir une attaque, et il pensait que faire confiance à son instinct était le mieux – et amorça un signe de tête en direction de l'autre, pensant que le destin avait été bien clément de lui octroyer cela, mais l'homme lui adressa un sourire en coin :

« Excusez-moi, j'vous dérange peut-être, mais j'vous ai vu, l'autre fois, on s'est croisés. Vous habitez dans le quartier Nord ? »

Il avait une voix chaleureuse, humble, mais ferme. Il était assuré, ça se voyait, ses mots ne sonnaient pas du tout maladroits. Il laissait à Allen la possibilité de refuser l'interaction, ce dernier le sentait. Malgré la situation, Allen n'en avait aucune envie. Étrangement, alors qu'il avait des choses à faire, il avait envie de discuter avec cet homme. Ce n'était pas si étrange, toutefois. Il réfléchit à toute allure.

C'était encore assez calme, et son œil ne réagissait pas. Il pouvait bien prendre deux minutes.

Il était un peu indécis et incertain, concrètement, ne comprenant pas ce que l'alpha pouvait bien lui trouver pour lui parler, conscient des risques que son bras ne lui ait pas fait mal pour rien, mais il ne voulait pas refuser ça.

« Non, je m'y baladais simplement. Et vous ? »

C'était une discussion tout à fait bateau et dans son cas, Allen n'avait aucune assurance quant à comment la tenir et la rendre intéressante. Il craignait vite de faire mauvaise impression et que l'alpha ne parte aussi sec en croyant avoir déniché le premier empoté venu.

« Je dois traverser ce quartier pour me rendre où je travaille. » Allen ressentit la pulsion de poser des questions, mais il eut peur d'être intrusif et se tut. Aussi, l'alpha désigna bien vite l'enfant : « C'est votre frère ? Il est mignon.

—Oh, non, pas vraiment c'est un enfant dont je m'occupe… pour mon travail. »

Il n'allait pas en dire plus. Luberrier avait bien dit que s'il sortait, il ne devait jamais se présenter en tant que membre d'un clan. Évidemment, le petit garçon le savait lui aussi. Timothy gonfla les joues, protestant immédiatement :

« J'suis pas un enfant, Allen ! Je suis grand ! »

L'oméga rougit un peu et caressa la tête de Timothy.

« Oui, tu es un grand bonhomme. »

Pendant ce temps-là, l'alpha avait suivi leur échange avec une petite moue attendri.

« Vous avez un très joli prénom. »

Allen hoqueta. De nouveau, son visage s'enflamma.

« C'est très gentil, merci. »

Il allait envie d'ajouter quelque chose, ouvrant la bouche comme un idiot et regardant l'autre dans l'attente de voir s'il parlait, se rendant compte qu'il aurait été logique de demander celui de l'alpha, mais Timothy éclata de rire en pointant son visage du doigt :

« T'es tout rouge, Allen !

—Mais tais-toi, à la fin ! »

Autant dire que le commentaire de l'enfant ne réussissait qu'à faire augmenter son embarras.

« Je vais devoir y aller, » dit l'homme sans cesser de sourire de ce rictus étrange si séduisant, « passez une bonne journée. Pensez à aller au centre pour vot' bras. »

Allen sourit.

« Bonne journée à vous aussi. »

Il eut le réflexe ô combien idiot de remettre une mèche derrière son oreille. Celle du côté gauche, dévoilant ainsi sa cicatrice. L'alpha écarquilla les yeux et le fixa intensément, fronçant les sourcils :

« Vous êtes… »

Immédiatement, Allen porta la main à son visage. Il comprit et jura intérieurement, ignorant la blessure dans son cœur de se voir encore jugé pour cette foutue malédiction et tira enfin Timothy par le bras.

« Je dois y aller, je suis déjà en retard. C'était agréable de discuter avec vous, monsieur.

—Attendez ! »

L'homme cherchait visiblement à le retenir, mais une explosion retentit venant d'une rue mitoyenne.

Les Akumas.

Allen sentit son sang ne faire qu'un tour. Et merde, lui qui s'emportait à discuter comme le dernier des crétins qu'il était, alors qu'il avait tout à fait eu conscience des risques, c'était tellement pathétique… Il s'injuria copieusement mais savait qu'il n'avait pas le temps pour ça. Cette fois, il ne le perdrait pas. Il fallait qu'il protège le gamin.

Il eut à peine le temps d'apercevoir que l'inconnu fuyait aussi, allant toutefois en direction de l'explosion. Il s'inquiéta pour lui, s'apercevant tardivement qu'un fourreau battait ses flancs. Il était armé ?

Merde… s'il arrivait quelque chose à cet homme…

Il ne se posa pas plus de question, malheureusement, on ne pouvait pas sauver tout le monde. Ça lui pesait, mais il n'y pouvait rien.

« Donne-moi la main, Tim et prends Timcanpy contre toi ! »

Ni une ni deux, l'enfant s'exécuta.

Ils coururent, zigzaguant entre les passants effrayés qui faisaient de même. De peur que Tim et ne soient séparés, Allen s'agrippait rudement à son bras. Il était trop grand pour qu'il puisse le porter, mais ça aurait été plus pratique dans cette situation. Il jura entre ses dents et ils accélèrent.

Ça se bousculait, ça cognait et ça courrait de tous les côtés. Timothy gueula une ou deux fois que des gens le poussaient, Allen restant sur le qui-vive. Avec la cohue, s'ils tombaient au sol, ils risquaient d'être piétinés. Il tira Tim' dans une petite rue, connaissant un raccourci pour revenir au bateau du clan de là.

« Viens, dépêche-toi ! »

Néanmoins, traverser à contre sens de la cohue de la foule était quelque peu risqué. Allen réussit à faire passer l'enfant devant, et fut lourdement pousser par un groupe, s'écrasant la tête la première.

Quand il se releva, il fit face à face à une paire de bottes noires et montantes, ainsi qu'un manteau beige qu'il crut reconnaître. Ses yeux exercèrent une ascension pour tomber directement dans ceux de Link.

Il blêmit instantanément.

Et merde…

Les deux omégas n'étaient pas censés sortir plusieurs fois dans la semaine, et il appréhendait des sanctions. Un des alphas de l'escouade déployée retenait déjà durement Timothy par le bras. Allen voulut parler, mais le blond lui coula un regard dédaigneux :

« Madarao, ramène-les au bateau. Quant aux autres, en route. »

L'alpha obéit. Il laissa à Allen le temps de se redresser, et il leur fit signe de le suivre. Ils marchèrent en silence, tandis que les autres fondaient courageusement la foule pour aller combattre les Akumas. Allen avait complètement oublié qu'un Raid était prévu aujourd'hui. Putain, il allait tellement se faire engueuler, il le savait.

Timothy lui jeta un regard désolé.

« Allen, je te demande pardon, » des larmes apparurent sous ses yeux, « tu avais dit que c'était risqué mais…

—C'est pas de ta faute, Timmy. On pouvait pas savoir.

—Oui, mais c'est de ma faute si tu seras puni. »

Allen secoua la tête.

« Bien sûr que non. Ne culpabilise pas. »

Il le reprit par la main.

« Avec un peu de chance, ils passeront l'éponge. »

L'enfant hocha la tête, avant de pointer son genou.

« Oh, tu saignes ! Tu t'es fait mal ? »

S'arrêtant de marcher, Allen réalisa qu'en effet, il avait le pantalon troué et qu'un petit de sang s'écoulait sur sa jambe. La blessure commença à peine à le piquer. Madarao se retourna imperceptiblement, les fixant sans rien dire. Allen le regarda tout en répondant à Timothy.

« C'est rien. »

Ce n'était, effectivement, rien en comparaison de ce que Luberrier risquait de lui faire s'il avait vent de son excursion non-autorisée.

Il espérait juste qu'ils ne toucheraient pas à Timothy.


Madarao les avait fait assoir dans un des bureaux, sous la calle. Il leur avait dit d'attendre les supérieurs. Apparemment, leur absence avait été remarquée par Link, et il lui avait ordonné de les amener ici s'il les trouvait. L'alpha le lui avait expliqué tout en leur lançant un regard presque désolé, pensant, comme lui, que ça ne devait pas être gratuit. Allen n'avait techniquement pas d'avis sur cet homme, il ne lui semblait ni sympathique ni antipathique. Visiblement, il respectait le protocole et faisait son boulot. Il était sorti de la pièce, les laissant à l'intérieur, après les avoir fait assoir derrière une table où deux chaises se faisaient face. Alors ils avaient attendu.

À côté de lui, pleurant, Timothy s'était encore confondu en excuse, tandis qu'Allen essayait de le calmer pour mieux se calmer lui-même. Oui, cette fois, ça n'allait pas se passer facilement, il le sentait. Son instinct lui criait que cette salle trop petite, aux murs gris oppressant, allait signer un tournant, et qu'il ne serait pas sans conséquence.

Ça avait été diablement long avant que la porte ne s'ouvre.

Link apparut, suivi de Luberrier, Allen et Timothy se renfonçant tous deux sur leurs chaises. Ok, s'ils étaient là tous les deux, ça risquait de barder. Allen les dévisagea malgré lui, Link ayant un signe de tête envers Timothy.

« Hearst, sors. On s'occupera de ton cas plus tard.

—Ce n'est pas de sa faute s'il est sorti ! » s'écria Allen, se redressant. « J'ai proposé cette sortie. »

Timothy baissa la tête, s'accrochant mollement à la main d'Allen.

« Non, je…

—Tim. »

Le blandin le fixa sévèrement.

« La question n'est pas là, Walker, » intervint Luberrier, « Hearst, dehors.

—O-Oui monsieur, » bégaya l'enfant.

Il partit, Allen se rasseyant immédiatement.

C'était visiblement après lui qu'ils en avaient, pour pas changer.

Il se doutait qu'ils allaient le corriger, non sans lui rappeler qu'un oméga n'avait pas à se trouver dehors sans autorisation.

Luberrier s'assit face à lui, déposant une mallette qu'il ouvrit lentement, Allen le regardant faire, éberlué. Link, de son côté, ferma la porte avant de le rejoindre. Il était crispé, comme contrarié. Et l'oméga comprenait confusément ce qui se passait.

« Il est inutile de te préciser que cette vadrouille improvisée sera punie en temps et en heure, » tonna le vieil alpha.

Allen baissa la tête. Il s'en doutait.

« Néanmoins, j'ai bien observé ton entraînement aujourd'hui. Tu es un oméga et tu ne peux pas utiliser ton Innocence, mais tu es fort au combat, j'ai bien vu que Tyki ne plaisantait pas avec toi. »

Imperceptiblement, Allen leva la tête.

« Ça fait longtemps que je discute avec Link de ton cas, » poursuivit l'homme, triant ses documents, qu'Allen ne pouvait pas lire, ne voyant que les dos de feuilles imprimées – un luxe, « et que je pensais mettre un certain programme en place. Tu n'es plus fiancé à Link et tu n'as visiblement pas le désir de choisir un autre compagnon, or, il faut bien que ton statut nous soit utile. »

Sans comprendre, le maudit se sentit mal à l'aise.

De quoi parlait-il… ?

« Vois-tu, les alphas aiment les omégas. Les bêtas en raffolent, mais tout alpha tomberait sous le charme d'un oméga d'âge tendre, même maudit. Ton odeur est encore pure, et les séducteurs aiment ça. Leur égo se sent flatté d'être le premier, tu vois ce que je veux dire ? »

Un frisson parcourut l'échine d'Allen. Cette conversation partait sur un terrain qu'il n'aimait pas. Il ne comprenait pas. Il ne voulait pas comprendre, du moins.

« Tu connais le nom du chef de notre clan rival, mais tu n'as sans doute jamais vu son visage, non ? » dit-il en affichant une photographie devant lui.

Allen hoqueta.

Que… ?

« Je vais te donner une mission de la plus haute importance, Oméga. Une mission que je ne peux donner à aucun autre, et qui va te donner l'occasion de faire tes preuves. Cet alpha a coutumes de courir les omégas, il ne ratera pas une occasion de t'avoir. Au contraire, tes particularités risquent de l'intéresser. Invente-toi une histoire, mens, fais ce que tu veux, mais ne lui dis rien sur ta véritable identité. Je veux que tu le séduises, à tous les prix, et, une fois que tu auras endormi sa méfiance, tue-le. »

Le maudit crut qu'il allait défaillir.

L'homme sur la photographie, ce visage juvénile qui lui était exposé, était le bel inconnu rencontré en ville. Ainsi était donc son nom : Kanda Yû.

À suivre...


Et voilà donc ces deux premiers chapitres, plutôt introductifs ! Je pense qu'ils posent bien le contexte.

Allen morfle, et ce n'est malheureusement pas fini... (Promis, je n'ai rien contre ce pauvre garçon, pas de ma faute si mon scénario le place en désavantage)

Le prochain chapitre devrait arriver bientôt ! (Un bientôt relatif, mais réel)

Reviews ? N'hésitez surtout pas, ça encourage toujours et ça fait très plaisir !

Merci d'avoir lu !