Note : Hey !

Comme promis, la suite de Honeymoon est là. Le chapitre est moins long que le précédent, mais toujours suffisamment pour que ça puisse continuer de développer le wordbuilding (toujours plus de worldbuilding les gaars) et les relations entre les personnages.

J'espère que ça continuera à vous plaire ! Bon, sur FFnet, le fandom est mort de chez mort, je vois sur les stats qu'il y a que des anglophones qui lisent (A translation is available on AO3 guys, just for the first chapters but others will follow!) mais je vois que même sur wattpad où les gens ont été réactifs à l'époque, cette histoire a été amputée de pas mal de son lectorat avec le temps, et c'est totalement ma faute vu que j'ai mis trois cents ans à la mettre à jour X'D, de toute façon je continue pour moi avant tout, cependant je prends plaisir à l'écrire et j'espère que ça se transmettra à ceux qui sont toujours là :D ! (Merci à vous, d'ailleurs TwT)

Sinon, pour les rares lecteurs du site, pour le moment, j'ai bien conscience que ça peut sembler long, 7 chapitres pour une grande exposition, mais c'est nécessaire : C'est un monde A/B/O qui fonctionne d'une façon particulière ici, ça joue sur les personnages, Allen et Kanda (surtout lui) sont très différents du canon, il faut bien que le récit justifie tout ça, s'étende sur leur caractérisation, et que leur relation, pour le moment teintée de méfiance, de retenue pour Allen qui est pieds et poings liés (ça s'arrange pas), se dénoue progressivement et qu'ils échangent pas mal pour que les sentiments apparaissent.

Le monde qui les entoure gagne lui aussi à être développé progressivement.

J'admets que j'adore les intrigues qui montent en un très lent crescendo, la concentration sur le tâtonnement des personnages qui cherchent à se connaître, les petits moments de flirt, la tension qui s'installe, ici, on y est à fond. Je m'éclate, ça devrait en valoir la peine. Cette fic sera moins pire que SOS en matière de slow, ça, c'est sûr xD.

Dans ce chapitre précisément, on a une tension narrative qui s'installe, du background, des pdvs variés, ettttt un personnage du canon qui n'était pas encore apparu qui aménage lui aussi dans l'intrigue o/.

Bonne lecture les gens !


Chapitre 7

Ils arrivèrent au club. Allen s'en rendit compte lorsque la lumière du néon rose l'aveugla. Son corps se leva du cuir de la banquette, la peau de sa main faisant du bruit en se décollant. Le tissu de son costume frotta lui aussi sur la matière, le son atteignant les tympans d'Allen, de même que la lumière tamisée de la porte de la boîte, que quelqu'un ouvrit, le frappa encore plus que le néon. Il eut le réflexe de vouloir sortir, lorsque Kanda actionna la poignée de la portière et s'engagea dans la rue. Encore à moitié endormi, les cheveux emmêlés, Allen se frotta les yeux. Son dos craqua. Kanda lui intima d'un geste de se recoucher.

« Ne bouge pas. Je vais juste chercher quelque chose, ce ne sera pas bien long. On ne dort pas ici ce soir. »

Allen fut surpris. Combien d'endroits Kanda possédait-il ? Il était riche à ce point ? Et surtout, pourquoi ne dormiraient-ils pas ici ? Les... surveillants du clan avaient-ils été repéré ? L'idée le terrifia. Lui qui avait finalement passé une bonne soirée avait envie de profiter de son temps avec Kanda, qu'il appréciait malgré ses comportements parfois agaçant et étrange, malgré la véritable raison de leurs entrevues qui le poussait à chercher un détail à détester. Il fit de son mieux pour paraître toujours somnolant, maintenant qu'il était bien alerte, posant sa tête sur le coussin en cuir et écoutant ce qui se passait aux alentours. Il cherchait le moindre bruit, s'il y avait des coups de feu... n'importe quoi d'alarmant... Il se doutait bien que si c'était le cas, Kanda lui aurait épargné le danger. Il aurait cherché à le protéger.

Une fois de plus à cause de son statut, et aussi par une question logique : Allen était supposé être le protégé de bourgeois terrestres qui ne savait pas se battre.

Il releva à peine la tête, jetant un coup d'oeil à l'entrée du bar. Les gardes étaient sur le qui-vive, tendus. Ils semblaient chercher quelque chose, eux aussi. Allen se baissa avant qu'ils ne le remarquent. Il aurait voulu peut-être en observer davantage, mais ça aurait paru suspect — ou pas vraiment, après tout, la curiosité était de mise. Cependant, il préférait éviter d'attirer l'attention.

Il entendit le son de la musique, signe que la porte se rouvrait. Kanda était déjà revenu ? Il ne tarda pas à entendre des bruits de conversations, la voix du plus âgé retentissant. S'il se fiait à ce qu'il entendait, Kanda n'avait pas l'air de plaisanter, pas du tout.

« Trouvez-moi ces salopards, et trouez leur le bide. Je veux voir leurs tripes. Vous avez compris ?

—Oui, monsieur. Ce sera fait, monsieur. »

Les gardes avaient répondus d'une même voix, grâce à laquelle Allen parvenait à non seulement imaginer leur visage stressé, il les visualisait au garde à vous, apeurés de se prendre une remontrance qu'ils n'avaient pas mérité. Kanda faisait flipper, quand il le voulait. Vraiment, il était effrayant. Allen comprit qu'il n'était pas dépeint comme un chef de clan sans pitié pour rien. Quant à savoir de qui ils parlaient, Allen se sentit anxieux. Si c'était effectivement des membres de son clan, qu'ils se faisaient torturer, qu'ils lâchaient le morceau... Qu'allait-il advenir de lui ? Il recommençait à s'angoisser, il ne pouvait pas garder son sang-froid.

Comment faisait Tyki, lui qui était toujours envoyé par Luberrier on ne sait où pour ce type d'opération ? Il supportait ce stress au quotidien ?

Allen allait devenir taré en l'espace de trois semaines. Et Tyki qui lui jurait que c'était un métier, que ça s'apprenait. Eh bien, Allen n'était pas fait pour ce métier là. Il ne savait même pas s'il était fait pour grand-chose, dans sa situation actuelle. Il avait été un bon acrobate au cirque, un petit clown amusant, il était bon au combat quand Tyki et lui croisait le fer ensemble, mais rien de Cross, il avait appris à jouer au Poker. Il était bon. Pourtant, que faire de ce seul don, quand on était un oméga et qu'on pouvait se faire violer pour avoir plumé un bandit local ? Ça n'allait pas plus loin. Tout ce qu'il aurait pu vouloir faire, toutes ses capacités, son affiliation à son clan, son obéissance forcée à Luberrier, son propre statut, le lui dérobait. Pas qu'il voulait continuer à se lamenter sur son sort, non. C'était juste factuel. Il avait envie de sortir de ça. Mais comment ?

Son plan actuel, garder l'argent que lui donnait Kanda pour économiser et se barrer au loin s'il en avait l'opportunité, lui semblait bien bancal. Parce qu'un oméga ne s'en sortirait nulle part.

Kanda ouvrit la porte à ce moment-là, Allen sursautant comme s'il était vraiment endormi lorsqu'il entendit le bruit, et que le poids du plus vieux se posta à ses côtés. Kanda soupira. Non, ce n'était pas ça... Son visage était assombri. Il exhalait de colère.

Instinctivement, en tant qu'oméga, Allen se sentit apeuré. Il y avait un alpha fâché à côté de lui. Ça tournait généralement mal, quand il s'agissait des alphas avec qui il était forcé de vivre quotidiennement. On le réprimandait, on lui disait de baisser les yeux, gratuitement, il était un parfait bouc-émissaire. Il avait déjà pris quelques mains aux fesses, des petites tapes çà et là. C'était sexiste, Allen avait beau protester, il s'agissait en vrai d'un automatisme, il ne se taisait jamais et c'était ça le pire. Il était reconnu comme l'oméga au mauvais caractère que tous voulaient mater. Ça n'arrivait pas tous les jours, mais les rares fois où c'était le cas, Allen souffrait de ne pas parvenir à se faire respecter, quoiqu'il fasse. C'était pathétique, qu'il ne puisse rien dire, qu'on ne l'écoute pas — encore une fois, il essayait en vain. Sa frustration et sa rage en étaient encore plus forte.

Allen choisit cependant de se battre contre ses instincts avilissants. Il déglutit, se redressant, et jeta un regard à la dérobée à Kanda, se frottant les yeux comme s'il venait de se réveiller.

Ses yeux gris rencontrèrent les siens, leurs visages faiblement éclairés par la lumière du néon. Le chauffeur ne démarrait pas. Allen ne comprenait pas pourquoi, maintenant que Kanda était dedans.

Attendaient-ils quelque chose ?

Qu'importe, les protocoles de ce clan ne l'intéressaient que peu. Allen voulait juste savoir ce qui se tramait.

« Il... y a un souci, Kanda ? Vous avez l'air énervé. »

Il pointait les évidences, et sa répartie due agacer le plus vieux, puisqu'il renifla sèchement.

« Tu as le sens de l'observation, c'est le moins qu'on puisse dire, ironisa l'épéiste.

—Je n'y suis surtout pour rien. »

Allen croisa les bras sur sa poitrine, rétorquant avec fermeté. Il était fier d'arriver à remettre l'alpha à sa place. Avec Kanda, c'était la première fois qu'il parvenait à se dresser face à un alpha sans que ça ne le mette en danger direct.

Kanda s'adoucit. Il sourit, venant déposer une main sur sa joue. Allen se laissa faire, la caresse fut agréable.

« Rien qui doit t'inquiéter, petit Moyashi.

—Je m'appelle Allen, bon sang ! Et vous avez été désagréable en me répondant, vous me devez la vérité. »

Il leva le menton avec un air de défi, son ton de voix appuyant ses propos, une petite expression qui montrait qu'il avait décidé de ne pas lâcher. Kanda rit doucement.

« T'es pas chié, toi.

—Je croyais que vous aimiez bien mon caractère, il faut savoir. »

Sa main qui lui cajolait la joue remonta à sa tête. Il s'amusa à la flatter, avec peut-être un peu trop de force pour que ce ne soit totalement innocent. Kanda lui jeta un regard en coin, à moitié agacé, à moitié amusé. Allen, pour sa part, grinçait des dents, peu content de se sentir comme un petit chien bien dressé.

« Plus ça va, plus je l'aime bien, oui, » dit Kanda en retirant sa main. « Même quand il me semble bien merdique. Encore plus, peut-être. »

Avant qu'Allen ne puisse prendre la mouche, Kanda reprit :

« Je suis sérieux. Je ne veux pas que tu prennes peur. »

Alors il y avait bien quelque chose. Sinon, il ne dirait pas ça. Et c'était aussi la pire chose à dire.

Allen choisit de trahir en partie sa première stratégie, espérant que ça paierait. Bordel, qu'il détestait ces jeux de manipulations.

« Je vous ai entendu dire aux gardes que vous vouliez les tripes de je ne sais pas qui... Je suis déjà inquiet. »

Il minauda, ayant une moue de circonstance : les bras croisés, les lèvres pincées, et le nez relevé dans sa direction, les sourcils froncés. Il essayait d'avoir l'air à la fois mignon, sérieux, et convaincant. Il se prit une pichenette sur le nez, montrant que ça ne fonctionnait pas beaucoup, ou pas comme il l'aurait espéré.

« T'as fait semblant de dormir, alors.

—Vous êtes rentré furieux ! C'était angoissant ! »

Allen fut sincère en exprimant son désarroi. Kanda hocha la tête, ses traits se relaxant.

« Ouais, excuse-moi. »

Surpris qu'il s'excuse, Allen eut le réflexe lui-même de s'excuser ou d'au moins se montrer un peu humble, parce que c'était un alpha, fusse-t-il Kanda, fusse-t-il quelqu'un qui ne se comportait pas comme le faisaient les autres alphas, il ne pouvait pas non plus exiger de lui que... Ou peut-être que si ? Il aurait aimé, qu'un alpha soit sincèrement capable de s'excuser devant un oméga. Et c'était ce qui venait de se passer. Paradoxalement, ça l'agaça. Pourquoi Kanda était si... relaxé ? Si libéré des conventions, alors que lui, il y était prisonnier ? Ça l'énerva. Il l'envia avec une jalousie qui n'eut rien d'un beau sentiment.

C'était peut-être ça, aussi, le privilège d'être un alpha. Avoir le choix de ne pas être parce que ça ne changeait rien, au fond. Allen aurait voulu connaître ça.

« T'en fais une tête, Allen. »

Kanda s'étonnait, ainsi, et il l'appelait par son prénom. Allen se fustigea de ne pas s'être masqué suffisamment bien. Il se rasséréna, aussi, s'engueulant même pour ses pensées, adouci par l'effort que venait de faire son interlocuteur en employant son nom. Il enviait Kanda pour la liberté d'esprit dont il jouissait. Mais à ce qu'il lui avait raconté, sa vie n'avait pas été rose bien qu'il soit un foutu alpha et aussi... le fait qu'il soit capable de s'excuser devant lui, un oméga, sans voir les conventions, c'était surtout qu'il était quelqu'un de bien. Avec un bon fond. Encore une preuve de plus.

Allen appréciait ça. Le fait qu'ils se parlent comme des êtres humains.

« Je suis désolé, j'ai juste la trouille, en fait... »

Il baissa la tête, honteux, mais pas pour la raison que croyait Kanda.

Ce dernier se rapprocha de lui, l'attirant gentiment contre son torse, en lui prêtant son odeur. Allen ne paniqua pas, cette fois. Il la huma, sentant la léthargie bienfaisante, les endorphines qui faisaient leur travail, son envie d'être marqué par Kanda en recevant son odeur, le calmant. Tout ses sentiments personnels disparaissaient. Qu'il aurait aimé rester comme ça aussi longtemps que possible.

« On a été repéré lors de notre sortie. Normalement, le lieu où je t'ai amené est sûr, mais Akutagawa et Atsushi n'étaient pas les seuls mafieux ici.

—Ce sont des mafieux ?! »

Allen s'arracha à son emprise, les yeux encore vitreux. Kanda le laissa faire.

Et ça scotcha Allen quand il le remarqua. Dès que Kanda s'approchait de lui, il lui laissait le temps de l'accepter. Dès qu'Allen voulait se reculer, Kanda ne le retenait pas.

Ce respect le tua.

Il ne s'imaginait pas que des gens de différents clans pouvaient se parler sans que ça ne vire en pugilat. C'était peut-être bête, parce qu'il se doutait qu'il y avait des affaires, des accords, qui devaient être faits. Cependant, entre membres lambdas, qui ne semblaient pas être des chefs — Allen ne savait pas, mais il présumait qu'ils auraient été... escortés, et on ne lui avait absolument pas décrit les chefs mafieux de cette façon, aucun ne ressemblait au Comte Millénaire —, et justement Kanda Yû, le chef d'un clan... c'était si étrange qu'ils se soient parlés comme ça, comme des amis.

Ou peut-être qu'il n'y avait que son clan qui était aussi sauvage. Allen n'en savait, en fin de compte, rien.

« Oui, mais j'ai rencontré Atsushi dans des circonstances particulières. Quant à Akutagawa, il est puissant mais pas si méchant. Je l'ai formé en tant qu'Exorciste. Rashomon, son Innocence, a été particulièrement compliquée à maitriser. »

Allen se rappelait que chaque clan comportait des Exorcistes. Il avait toujours entendu dire que les Mafieux avaient aussi autre chose, mais il ne savait pas quoi. Il était surpris que Kanda ait formé Akutagawa. Cela voulait dire-t-il dire que... Akutagawa avait changé de camp ? Ça se faisait, ça ?!

Allen déglutit. L'idée lui traversa l'esprit. Kanda n'avait pas vu son Innocence, bien qu'il l'ait changé pour le mettre au lit la première nuit qu'ils avaient passé ensemble, Allen portait des bandages autour de son bras gauche et ils ne lui avaient pas été enlevé. Est-ce qu'il avait compris... il n'en savait rien, Kanda n'avait rien dit, en tout cas, Allen présumait donc que non. Et comme la sienne ne se réveillait pas, ce n'était pas nécessaire qu'il se jette dans les bras de l'alpha en pleurnichant pour qu'il l'accepte à ses côtés et qu'il l'aide à quitter le clan de Luberrier. Il mettrait en lumière son double-jeu, Kanda pourrait vouloir ses tripes, à lui aussi, il n'y aurait aucun bénéfice à apporter pour sa vie — sa malédiction qui détectait les Akumas ne servait pas à grand chose avec leur dernière mutation, si Kanda s'était montré intéressé, ça ne semblait pas assez pour contrebalancer sa trahison, son bras inutile... Ça n'aurait servi à rien.

Allen avait trop peur, en fait. Il se sentait lâche, mais il n'avait aucune garantie, malgré toutes les preuves qu'il avait dans le nez, que Kanda était quelqu'un de bien au point de comprendre sa véritable situation. Au point de ne pas être effrayé par le fait qu'il ait pu lui mentir de façon éhonté et le manipuler malgré toutes les remontrances mentales et les élucubrations qu'il faisait dans sa tête à ce sujet.

Il la chassa donc. Il écouta simplement, caressant l'idée dans un coin de sa tête le temps qu'elle s'en aille. Ce serait peut-être sa seule occasion. Après, ça serait encore pire et encore moins faisable. Et il ne pouvait pas faire ça.

Se ressaisissant, Allen répondit à Kanda :

« Je vois. Et... pourquoi ces mafieux nous veulent du mal ? »

Kanda eut un reniflement.

« Les clans sont toujours en guerres, tu sais. »

Oh que oui, Allen savait.

« Ils nous ont aperçu rire ensemble, ils voient que j'ai un compagnon, et ça les attire. »

Allen marqua un temps d'arrêt en comprenant que Kanda parlait de lui. Allen se sentit rougir jusqu'à la racine de ses cheveux. Un... compagnon... Kanda le voyait comme un compagnon potentiel, ou parlait-il de la façon dont les autres percevaient leurs échanges ? Parce que ce n'était pas pareil.

« Forcément, dit-il, on trouve là un moyen de m'atteindre. Je vais devoir te garder en sureté avec moi pendant deux jours, je ne veux pas qu'ils retrouvent ta trace.

—...Attendez, quoi ? Deux jours ?! Mais... il faut que je prévienne chez moi ! Ce n'est pas ce qui était convenu ! »

Allen paniqua. En même temps, ça valait mieux que de se faire mettre sa couverture en miettes par des guignols d'autres clans. Que de devoir se battre alors qu'il n'était toujours pas assez préparé. Que de risquer sa vie bêtement.

Kanda émit un 'tch', agacé.

« Bien sûr. Je t'accompagne jusqu'à chez toi, si tu veux. Je parlerai à ta famille...

—Non ! »

Allen devint blême, le coupant net.

« S'il vous plaît, non, » se corrigea-t-il, affectant une expression un peu moins... mortifiée. « Ça vaut mieux que j'appelle. Ils ont le téléphone. Le mari fait des affaires, son employeur le lui a offert. Mais comme vous le voyez, ça ne suffit apparement pas... Ses courses sont trop rares. »

Il eut un petit rire, les accents tristes pourtant non-feints. Il avait réellement connu ce milieu, à l'époque où il vivait avec Cross Marian. Cet enfoiré l'envoyait faire ses courses à sa place, alors qu'il n'avait que 8 ans. C'était à lui, un gamin, de surveiller quand le téléphone sonnait. Et sa compagne, Anita, la pauvre femme qui se faisait tellement trompée qu'elle s'était vu refiler la chaude pisse sans comprendre d'où cela était venu, en payait elle aussi les pots cassés. C'était pour ça qu'Allen avait été vendu au clan de Luberrier.

Quelque part, cette mission lui faisait revivre l'un de ses plus grands traumatismes. Après la mort de Mana, son départ du cirque, Cross l'avait trouvé. Anita et lui étaient un couple dysfonctionnels, Anita le traitait bien, et Cross... un peu moins. Il était parfois à la limite de la maltraitance, avec lui. Sa main était leste. Sous couvert d'humour, il n'hésitait pas à le blesser. Pourtant, ils avaient un peu été comme des parents pour lui.

Et ils l'avaient abandonné, eux aussi.

S'ils ne l'avaient pas vendu à Luberrier, de toute façon, ce genre de choses, ce qu'il faisait actuellement avec Kanda, ça aurait pu lui arriver pour de vrai. Sans que ses clients n'aient pitié de lui, cette fois.

Allen dut faire un effort pour continuer de sourire.

Quant aux téléphones, tout le monde ne l'avait pas, encore une fois. Ce n'était pas très répandu. Le réseau de téléphonie ainsi que des cabines avaient été en partie restaurés au fur et à mesure du temps, les commutateurs téléphoniques plus faciles à maintenir dans de petites zones que les gros serveurs nécessaires pour abriter ce qui avait été un réseau sans fil à l'époque d'avant. Un travail toutefois coûteux en main d'oeuvre et en énergie, qui plantait donc régulièrement, et qui voyait ses ouvriers travailler dans de mauvaises conditions. C'était quand même mieux que d'être à la rue. Il y avait peu de commutateurs en l'état, de toute façon, et une seule de centrale — assez grosse, cependant — pour toute la ville.

Kanda ne dit rien. Il n'insista pas. À la place, il jeta un oeil aux alentours.

« Je t'accompagne au moins jusqu'à la cabine téléphonique juste en face, dans ce cas. S'il y a quoique ce soit, j'interviendrai. Je n'écouterai pas votre conversation. »

Allen lui fit un grand sourire.

Merde, Kanda était presque l'incarnation du partenaire parfait, parfois. Allen n'était pas exigeant, mais ce genre de réaction, c'était un idéal qu'il n'avait jamais osé miroiter. Un alpha qui semblait sorti des rêves de beaucoup d'oméga, en fait. Pour être un imbécile mal léché dix minutes après, mais Allen ne pouvait vraiment pas lui en vouloir maintenant. Il était soulagé. Il ne savait pas vraiment ce qu'il allait baragouiner comme excuse à Link. Il avait peur que ce dernier lui mette la pression pour passer à l'acte, s'il avait déjà droit à une escapade avec lui. Ça aurait été l'occasion parfaite. Il lui aurait peut-être fallu du poison. Tyki lui avait proposé la solution. Rapide, douloureuse, mais sans se salir les mains. Allen n'était absolument pas prêt à tuer Kanda. Il ne trouvait rien d'assez horrible en lui pour qu'il en ait envie. Encore une fois, c'était tout le contraire.

Serait-ce pire avec le temps ?

Possible. Fort possible. Il le savait déjà.

Cette fois, ci, donc Allen suivit Kanda lorsqu'il rouvrit la portière. Il avait les jambes engourdies et titubait un petit peu, le temps qu'elles se remettent. Ses mains desserrèrent son noeud papillon, qu'il les détestait. Il comprit qu'il n'avait pas de rechange, et ça l'affola un peu. Il n'allait pas porter la même tenue deux jours de suite, il n'avait aucun caleçon de rechange, pas de quoi s'habiller. Certes, avoir des vêtements propres était un luxe, au clan de Luberrier. Surtout pour lui. Allen faisait quand même sa lessive à la main très régulièrement, tournant entre le peu de vêtements qu'il possédait, il passait le plus de temps possible au bain, il ne se négligeait pas — et pas parce qu'il était un oméga, simplement parce qu'il avait déjà vécu dans la négligence et la saleté au cirque. Il ne voulait plus jamais que ça arrive. Pour deux jours, ce ne serait pas dramatique, mais... Peut-être demanderait-il à l'alpha de lui prêter des vêtements, bien que ce soit gênant.

Considération mineure, Walker. Préviens Link, ne t'en fais pas pour des détails, certes déplaisant, mais somme toute débile.

Se répéter ça le calma un peu. Ils traversèrent la rue, Kanda ayant la main sur la garde de son épée. C'était un peu flippant de se dire qu'ils pouvaient se faire attaquer à tout moment en quelques mètres à peine, s'il avisait l'anxiété du chef de clan. Lorsqu'ils atteignirent la cabine téléphonique, Allen se sentit soulagé. Il y aurait le trajet retour jusqu'à la voiture, mais ça devrait aller.

Le maudit entra dans la cabine, tournant le dos à Kanda.

Dans un zeste de paranoïa, il essaya de se rapprocher le maximum du cadrant en tapant les chiffres du numéro de Link. Il réfléchit à ce qu'il dirait. Il avait bien compris que Kanda n'écoutait pas vraiment ce qu'il disait, mais Allen n'était pas con au point d'ignorer qu'il n'était pas sourd.

Il allait falloir la jouer fine.

La tonalité retentit, et bientôt, elle disparut au profit d'une voix.

—Qui est-ce ?

Allen s'éclaircit la gorge.

« Madame ! »fit-il avec une voix faussement polie et obéissante. « J'ai un petit souci, le client... demande à ce que je passe plus de temps avec lui. Il me veut pour deux jours. »

Il entendit Link grogner de l'autre côté du téléphone. L'alpha n'avait pas dû aimer le "madame", et Allen en fut, bêtement, satisfait.

—Walker, bonsoir. Je vois que tout se passe bien. Tu excèdes mes espérances. Quel est ta stratégie ? Vas-tu le laisser te marquer, ou vas-tu précipiter sa fin ? Attention, si tu lui donnes ta vertu, sois sûr qu'il n'en ait pas qu'après ça. Ça sera dommage de le perdre parce que tu te seras donné trop tôt. Ta première approche, ton idée de te faire désirer, me semblait meilleure.

Allen grinça des dents. Il commençait à se sentir énervé. Link sous-entendait qu'il était un oméga "facile", et Allen savait aussi très bien pourquoi il sautait aux conclusions. Qu'il le détestait. Bordel, il n'avait jamais haï quelqu'un comme ça. À part Chao Ji. Ces deux-là pouvaient pourrir en enfer.

Il y avait beaucoup de monde à qui Allen aurait pu réserver un tel sort. Se faire une liste, et se venger d'eux un à un s'il en obtenait le pouvoir un jour serait peut-être à envisager.

Il chassa l'idée, sachant qu'il y avait peu de chances que ça arrive un jour.

Se forçant à ricaner, il rétorqua tardivement :

« Oh, oui, je vais lui demander plus d'argent... On pourra s'acheter un bon poulet, au marché, mais vous savez qu'il faut bien le cuire avant de le manger ! Je l'aime rôti. »

Link rit. Allen ne put s'empêcher de ricaner à son tour, parce qu'à vrai dire, son analogie était amusante.

—Je vois. Tu as donc la situation sous contrôle. Tu as carte blanche, de toute façon. Ce ne sont que mes conseils. Sois prudent, je te veux entier quand tu reviendras. Tu as encore le temps.

Et Link raccrocha, avant qu'Allen ne puisse dire quoique ce soit. Il y avait une forme de douceur dans sa voix, comme à la période où ils s'entendaient bien. Ça n'apaisait pas Allen. Au contraire. Pour Link, la manière dont il le traitait était... normale. Assez pour qu'ils puissent interagir comme ça. Et Allen détestait que ça le soit.

Il posa le combiné, soufflant longuement avant de sortir.

Son visage dut être tout de même suffisamment éloquent pour lui, puisque Kanda lui caressa la tête.

« Ils réclament plus d'argent, c'est ça ? J'ai entendu. »

Allen se mordit la lèvre.

« Je croyais que vous n'écoutiez pas.

—Tu parlais fort. »

Hm, oui, peut-être un peu. Il avait fait exprès pour ne pas avoir l'air suspect, bien sûr. Pour ça, la question de l'argent, Allen se sentait... à moitié coupable. Il n'aimait pas être en position de réclamer comme ça, surtout que c'était faux, son sens de l'honnêteté criait à l'outrage, mais... il se détestait pour ce qu'il allait dire, cependant, Kanda avait des moyens et ça ne lui manquerait pas. Lui en avait besoin. Moralement, c'était horrible. Allen essayait cependant de se convaincre que ça aurait pu être pire.

« C'est le cas, oui. Ils veulent le double. »

Kanda haussa les sourcils.

« Pour ce qu'ils doivent penser que je te ferai pendant ces deux jours, c'est pas bien cher. »

Cela fit rougir Allen. Déjà pour l'implication sexuelle et pour le fait qu'il ne connaissait pas du tout les prix... de ce genre de choses. Est-ce que ça ferait foirer sa couverture, il n'en savait rien. Voulant se rattraper, Allen secoua la tête :

« C'est... possible qu'ils ne savent pas si vous pouvez payer plus. C'est déjà cher, en soit, et je n'ai pas dit qui vous étiez, j'ai juste dit que vous aviez de l'argent.

—C'est très bien, Moyashi. J'apprécie ta discrétion. »

Kanda était sincère. Allen se détestait pour ses mensonges, mais ça le soulageait qu'ils passent inaperçu. L'épéiste reprit :

« Donc, je paierai. Et ne t'inquiète pas, je ne compte toujours pas te forcer à quoique ce soit. »

Allen haussa les sourcils.

Cette fois-ci, ça ne lui avait même pas traversé l'esprit. Depuis que leurs entrevues avaient débuté, il avait fini par comprendre que Kanda était sincère. Et que leur arrangement était lui aussi basé sur quelque chose de concret. Allen avait le contrôle là-dessus. Ça lui plaisait, en revanche. Plus que le reste.

« Je sais. Vous en faites pas. J'ai confiance, maintenant. Je ne vous bassinerai plus avec mes questions, je ne paniquerai plus. C'est promis. »

Le sourire que lui offrit Allen fut cette fois vrai. Kanda lui caressa à nouveau le crâne, pour se retirer rapidement.

« Dépêchons-nous de rentrer dans la voiture, si quelqu'un veut nous attaquer, on est une cible facile. »

Opinant, Allen se sentait... soudain étrangement euphorique.

Il allait passer deux jours avec Kanda. C'était... vraiment génial.

Deux jours, loin du clan, à penser à autre chose, à passer du temps avec quelqu'un qui le traitait bien ! Oh, cette culpabilité qui ne le lâchait pas, ces dilemmes incessants qui ne partiraient pas, étaient toujours là. Il n'aimait pas cet arrangement, oui. Il appréciait beaucoup Kanda, oui. Il ne pouvait ni profiter de la situation pour tout lui révéler, à cause du risque des représailles pour ses mensonges — il n'y aurait aucun moyen de garantir sa sécurité, il se le répétait. Et avec la sympathie que lui inspirait Kanda, il ne savait pas comment il arriverait un jour à porter la main sur lui.

Pourtant, cette idée de profiter d'un moment heureux en sa compagnie, de s'évader, ça lui faisait du bien. Il n'eut plus envie de s'en soucier. Sachant que le déni, il le paierait cher plus tard. Link avait dit qu'il avait le temps. Ça le consolait au moins. Il fallait qu'il trouve cette force. Il n'y avait que ça.

Ce n'était pas une bonne idée de développer leurs affinités, l'idée de casser ce qu'il créait l'horrifiait toujours plus. Mais Allen n'avait aucun autre choix.

À présent, tout ce qui l'intéressait, c'était la main tendue de Kanda qu'il saisit dans la sienne. Ce fut le son de leurs pas lorsqu'ils traversèrent à nouveau la rue. Les odeurs d'alphas et d'omégas qui se mélangeaient. Le fait que de l'extérieur, il ressemblait à des compagnons. Ah, et, aussi, la peur de se faire tuer. Qui pouvait aussi arriver à tout moment, assez pour qu'on les envoie au loin.

Allen avait des questions. Où iraient-ils... Que pouvait-il leur arriver... Toutefois, il préféra se taire. Kanda le lui dirait peut-être plus tard. Si besoin, Allen en parlerait lui-même.

Une fois dans la voiture, Allen s'assit d'abord en se poussant vers l'autre bout de la banquette, Kanda le rejoignit et tapota ses genoux pour qu'il s'y couche.

Allen obéit volontiers, ravi d'être proche de lui et de son odeur. L'alpha s'occupait bien de lui. Il aurait l'occasion de le connaître encore davantage, et il ressentit de nouveau cette excitation d'être un adolescent en plein béguin qu'il n'aurait pas dû ressentir.

Dans les faits, il restait un jeune homme de dix-huit ans, ayant à peine dépasser l'adolescence, mais Allen voulait être adulte. Ça n'empêchait pas cette euphorie de refuser de le quitter.

Ça devait se sentir, Kanda lui fit la réflexion qu'il sentait bien bon tout d'un coup, alors qu'Allen, s'agitant contre ses genoux, y frottait sa tête avec délectation. Il ne tarda pas à recevoir des caresses crâniennes, le jeune oméga tout à fait conscient qu'avec le ton de voix qu'il avait employé, teinté d'orgueil et de moquerie, Kanda avait l'égo enflammé de le voir aussi content d'être avec lui. Ça aurait pu l'agacer, tapant dans sa propre fierté mal placée, s'il ne comprenait pas aussi que ça avait de quoi lui faire plaisir, à lui aussi, qu'Allen apprécie sa compagnie.

Cette fois, Allen ne se dit pas que c'était douloureux à encaisser car ça ne nourrissait pas son malaise. Ça l'était toujours d'une part, mais surtout... C'était bien.

Kanda fit signe au chauffeur de démarrer.

La seule question qui taraudait Allen était de savoir dans quelle partie de la ville ils se rendraient exactement.


Link toqua à la porte de l'inspecteur Luberrier, attendant qu'on lui donne l'Ordre d'entrer.

Lorsqu'il avait reçu l'appel d'Allen, Link avait d'abord été intrigué. Voire inquiet. Que se passait-il pour qu'Allen l'appelle si tard, était-il en danger ? Ça avait bien sûr fait peur à Link. Que la mission soit avortée si vite aurait été catastrophique. Surtout si Allen avait révélé sa couverture avant d'y passer. Bien sûr, Link aurait eu un pincement au coeur s'il avait appris qu'Allen courrait un quelconque danger. Sa relation avec le jeune homme avait beau être entachée, il l'appréciait. Link comprenait, en revanche, qu'Allen lui en veuille. Ça ne changerait sans doute jamais, Link pouvait encore une fois le comprendre. Et pour sa part, ses valeurs ne le feraient pas s'excuser auprès de Walker.

Ils n'étaient juste pas pareils, Link avait tiré ses conclusions, Walker les siennes. Et Link ne pouvait rien faire de plus. En soit témoin le fait que ça l'ait travaillé la dernière fois qu'Allen était parti de son bureau en claquant la porte, et qu'il y pensait après ce coup de téléphone, évidemment, ça le turlupinait quand même. Il n'y avait cependant rien à faire et Link était plus que blasé de la situation.

Pour dire la vérité, plus Walker se trouvait dans une situation périlleuse, plus Link se sentait tiraillé intérieurement.

Luberrier lui dit enfin d'entrer, Link clignant des yeux, s'étant derechef perdu dans ses pensées.

Link tourna la poignée, et pénétra à l'intérieur.

Son patron l'attendait, rédigeant une lettre qu'il signa d'un mouvement sec du poignet.

Il avait l'air énervé.

Link prit une inspiration silencieuse, qu'il relâcha. Joignant ses mains entre elles, de façon formelle, il parla distinctement :

« Monsieur, j'ai une bonne nouvelle. Il semble que Walker excelle vraiment à créer un lien avec Kanda. Il joue les escorts, et Kanda l'a demandé pendant deux jours. J'ai laissé carte blanche à l'oméga. Le plan se déroule comme prévu. »

Luberrier ne parut pas aussi emballé que lui.

« J'ai l'impression qu'il est surtout doué pour faire traîner les choses. Compte-t-il agir ?

—Monsieur, il lui faut du temps pour être prêt, vous l'avez dit vous-même. Vous savez qu'il est jeune, nous ne l'avons que peu entraîné, il ne connait pas de technique d'assassinat... Laissez le temps à Tyki de le former. Par la suite, nous pourrons en faire un excellent espion. »

Luberrier secoua la tête. Il tamponna la lettre qu'il venait de signer, passant à une autre qui l'attendait sagement juste à côté.

« Je pense qu'il n'y aura pas de suite, Link. On sait très bien comment ça se finira. On ne pourra rien faire d'un oméga qui aura été défloré. Ça m'étonnerait que Kanda ne l'entame pas. Et même s'il survit, il ne nous servira donc plus à rien. Ce qui m'importe, c'est qu'il emmène ce salopard dans la tombe avec lui. »

Ces paroles mirent Link mal à l'aise. Il observa les gestes de son supérieur avec sentiment de latence. Luberrier n'avait aucun espoir quant à la survie d'Allen. Pour être franc, Link non plus. Si Allen le blessait mortellement, Kanda serait assez fort pour l'achever avant d'y passer. Allen ne ferait pas le poids, même Tyki n'avait pas voulu être missionné pour tuer Kanda. C'était dire la difficulté de la tâche. Même l'idée de l'empoisonner, ce qu'ils lui avaient exposé pour tenter de le convaincre, Tyki trouvait que ce n'était pas une concluant. Kanda avait des sens surdéveloppés, personne ne savait d'où ça venait, ça outrepassait la capacité de n'importe quel alpha. Il sentirait le goût du poison sur sa langue.

Ainsi, il ne faudrait pas se trouver à côté de lui lorsque ce serait le cas. Il ferait forcément le lien.

Quel que soit le moyen qu'Allen choisirait pour tenter de le tuer, il signerait aussi son arrêt de mort.

« Je sais que je me montre pressé, fit Luberrier. Tu sais comme moi que si nous ne le tuons pas avant six mois, il obtiendra la partie Nord de la ville sous son contrôle. Or, nous en avons besoin. Son clan nous empêcherait tout accord commercial avec les locaux. Tu sais comme moi ce qu'on perd. Il aurait la main mise sur les Innocences cultivées là-bas. »

Link hocha la tête.

« Il est au courant de ce délai. Walker aura le temps d'être formé avant ces six mois. Tyki est sur le coup. »

Le vieil homme tamponna un dernière lettre.

« Bien. Espérons que Walker ne batifole pas en vain. Lui aussi pourrait tomber sous le charme de Kanda. J'admets que la possibilité m'inquiète. »

Link ne s'en inquiétait pas autant que lui. Walker semblait beaucoup trop... apeuré par les alphas pour envisager cela sérieusement. Il n'y avait qu'à voir l'état dans lequel il était après leurs rendez-vous. Puis, vu ce qu'il avait entendu de Kanda, ça l'aurait étonné qu'il soit un patient. Il brusquerait Walker tôt ou tard, de la façon dont il n'aurait pas envie ni besoin d'être brusqué. Allen le détesterait sans aucun doute assez pour le tuer ensuite. Ça leur servirait. Link avait de la peine pour l'oméga, mais ça arriverait, ce serait inévitable. Un alpha adepte des pratiques sexuelles extrêmes comme l'était Kanda Yû ne garderait pas un oméga pur à ses côtés trop longtemps.

De plus, Allen pouvait essayer de les trahir, en admettant que Link se trompait sur le compte de l'alpha. Kanda n'avait aucune pitié quant aux traîtres. Il le tuerait. Link le savait.

« Vous savez très bien comment ça finira. On peut faire confiance à Walker. Il ira au bout de la mission. Il a peur. Et la peur le rend manipulable. Ne vous en faîtes pas. »

Luberrier le toisa longuement. Des deux, Link était celui que connaissait le mieux Allen Walker. Bien sûr qu'il pouvait lui faire confiance, Link savait de quoi il parlait. Les deux alphas échangèrent un regard, le même hochement de tête.

Le chef de clan était rassuré. Quant à lui, Link se répugnait de plus en plus pour ce qu'il cautionnait.


Kanda se félicitait de la joie qui se peignait sur le visage de l'oméga, une fois que son angoisse d'avoir appelé la famille qui l'employait s'était envolée. Ça le flattait. Pour dire la vérité, l'épéiste se sentait lui-même heureux. Le gamin avait enfin confiance en lui, putain. Il n'était plus à trembler comme une feuille, à craindre de le regarder, il le taquinait, il lui montrait sa personnalité — celle d'un petit couillon qui démarrait au quart de tour, et si Allen restait apeuré de trop en montrer devant un alpha... Il était vrai. Kanda aimait sa sincérité, qu'il entrevoyait maintenant. Sa compagnie lui faisait du bien. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas été si apaisé. En avoir découvert plus sur Allen l'avait beaucoup plus réjoui qu'il ne l'aurait cru. D'autant que le caractère que possédait ce garçon... Putain, depuis Alma, personne ne lui avait autant plu. Pas faute d'avoir essayé nombre d'omégas.

Ça lui fit mal, d'un certain côté. Il ne voulait pas oublier Alma. C'était pour ça, entre autres choses, qu'il s'adonnait au sexe sans lendemain, aux orgies, aux pratiques tabous, qui pouvaient bien sûr inclure de l'amour pour certaines personnes, mais pour lui, elles étaient aussi utilisés pour lâcher prise avant de repartir dans sa vie de tout les jours. Pour ne pas s'attacher. Pas comme ça. En soit témoin sa relation avec Atsushi, les attachements platoniques existaient néanmoins pour lui. Il y avait autre chose dans ce qu'il se passait avec Allen. Kanda le sentait. Il n'était pas le genre à se prendre la tête quinze ans, si ce chemin l'attirait, il le suivrait.

Kanda ne voulait pas vraiment... donner la place d'Alma à quelqu'un. Mais avec leur conversation, conversation que Kanda avait lui-même instinctivement initié, il lui avait fait comprendre qu'il ne souhait pas seulement l'aider. Il l'intéressait. Au fond, qu'importe qu'Allen et lui empruntent cette direction côte à côte, Kanda ne lui donnerait jamais la même place qu'Alma, de toute façon. Juste une autre, peut-être tout aussi importante, peut-être passagère. Kanda ne recherchait pas du passager, si Allen et lui entamaient une histoire. La vie déciderait à leur place.

Quoiqu'il en soit, il ne voulait pas s'imposer au jeune oméga. Il sentait le traumatisme, la peur et une certaine distance. Protection de mise. Lorsqu'il avait parlé de son passé, sans flancher, sans un clignement d'yeux, Kanda avait compris. Allen avait des choses à réparer en lui. Le contexte dans lequel il devait vivre ne l'aidait sans doute pas à le faire correctement. Kanda aurait bien voulu être là pour lui, si Allen le laissait vraiment faire. Mais pour ça, il faudrait du temps. Ils n'avaient pas encore cette relation. Cette escapade qu'ils s'offraient leur donnerait l'occasion de continuer à apprendre l'un de l'autre. Bien que le contexte autour ne soit pas si réjouissant que ça.

Kanda avait confiance en ses hommes de mains. Sinon, il réglerait le problème lui-même. En attendant, il protégeait Allen. C'était sa priorité.

Il avait beau en avoir marre de ne pas pouvoir être tranquille cinq minutes avec ses responsabilités, être agacé que ça mette Allen en péril, Kanda décida d'apprécier cette opportunité, d'en tirer ce qu'il pouvait.

Yû était devenu, avec le temps, un séducteur. Il n'avait jamais été un grand sentimental, ni un grand sensible, il avait de l'empathie mais était parfois abrupt, il le savait — il devait la majeur partie de sa compréhension des émotions des autres à Alma qui était très émotif, facile à vexer, et s'engueulait volontiers avec lui quand il dépassait les bornes. Alma était têtu, il ne lésinait pas d'argument pour lui expliquer en quoi il avait été un crétin. Alma lui avait appris à se montrer sympa, Kanda le faisant quand c'était nécessaire. Il n'avait pas pu tout changer en lui, forcément, et ça n'avait pas été son but. Il l'avait juste aidé à... sortir un peu de sa coquille de garçon renfermé et peu aimable.

Parfois, Kanda l'était toujours. En premier abord, avec ses subordonnés, avec ses amis, même. Il acceptait beaucoup de choses venant de Lavi, mais il l'envoyait chier tout aussi souvent. Il avait un caractère irascible, à ça, il ne pouvait pas faire grand-chose. Il fallait du temps, pour qu'il baisse la garde. Dans les échanges amoureux, ou sexuels, Kanda se comportait différemment. Ça aussi, Alma lui avait appris.

Alma était un oméga. Il avait été son premier oméga, et serait certainement toujours son compagnon s'il ne s'était pas passé une tragédie qui les avait séparé. Kanda savait qu'ils auraient été ensemble. Ils auraient peut-être même eu un enfant, ils auraient tous deux été dans la petite vingtaine, et son connard de père aurait été ravi qu'il ait un héritier. Alma était son ami d'enfance. Déjà à l'époque, son père blaguait sur le fait qu'il serait un bon pondeur. Ni Kanda ni Alma ne savaient ce que ça signifiait, mais Kanda voyait bien le visage humilié de son ami qui se rendait compte qu'il y avait quelque chose d'horrible dans cette insinuation.

Kanda était heureux que son vieux soit mort. Une chose horrible à dire et à penser, pourtant véridique. Il l'aurait bien sûr félicité pour sa débauche qui ressemblait à la sienne — ne disait-on tel père, tel fils pour une bonne raison — mais vu leur relation quand il était enfant et pré-adolescent, il l'aurait empêché d'être un homme, lui aurait fait ressentir qu'il ne restait que son gosse jusqu'au bout. Déjà qu'on fantasmait un imaginaire de tueur sanguinaire le concernant, alors que les gens confondaient ses faits d'armes et ceux de son paternel.

Évitons tout malentendu, Kanda n'était pas en reste. Il avait tué sans sourciller, il avait torturé, et il y avait pris du plaisir. Il avait ordonné des attaques sur des parties de la ville fragile, y compris si ça signifiait que des habitants allaient y passer, pour en récupérer le contrôle et ainsi faire gagner du pouvoir à son clan. Il comprenait la nécessité de pertes humaines ailleurs, si ça profitait aux siens. Car c'était la priorité de Kanda. Que les gens qu'il avait juré de protéger, ceux qui avaient prêté allégeance à son clan, ses collaborateurs, soient en sécurité. Le monde marchait ainsi. Kanda ne pouvait pas sauver tout le monde.

Peut-être qu'il pourrait faire quelque chose pour Allen, cependant.

La voiture s'était bien éloignée du club, se rendant aux quartiers les plus reculés de la ville, fonçant en direction d'un bâtiment qui ne payait pas de mine. À l'intérieur, pourtant, au niveau du troisième étage, Kanda s'était aménagé un petit chez lui. Rien de trop luxueux, ni de bas pour autant : c'était là qu'il comptait initialement vivre avec Alma, s'ils avaient pu se marier comme il l'avait prévu. Personne n'aurait eu l'idée de venir les chercher à cet endroit. À part son chauffeur, les gars qu'il avait payé pour raccordé l'endroit à l'arrivée d'eau de la ville et installer un générateur, à qui il avait fait signé un contrat qui prévoyait de lui couper la langue et les mains à la moindre suspicion de trahison, personne ne savait qu'il avait une résidence ici. Les gens avaient peur de venir aussi loin.

Il s'agissait du dernier rempart entre la ville, où se disputaient son clan et celui de Luberrier, les mafieux y étant présents en partie mais en bon termes avec eux, et le Dehors. Ce qu'ils nommaient ainsi se situait entre eux et la frontière de restes des pays voisins. Personne ne savait ce qu'il y avait là-bas. Même Kanda ne comptait pas dépasser la périphérie. Il présumait que ça grouillait d'Akumas et de monstres en tout genre. Il avait le souhait d'aller vérifier, mais ses emmerdes ici l'occupaient bien assez.

De plus, il n'avait pas envie d'attirer l'attention de quoique ce soit.

Il avait fallu une heure pour atteindre son refuge. La ville était grande, après tout. Kanda était persuadé qu'il ne risquait rien. Ça ne l'empêchait de prendre des précautions de mises, qui l'auraient rendu imprudent s'il ne l'avait pas fait et qui lui avaient été enseignés pour le faible pourcentage de chances où ce serait nécessaire.

Kanda n'avait de toute manière pas peur d'attaques surprises ou d'être suivi. Il gardait sa précieuse Mugen et serait capable de se battre.

Lorsqu'ils arrivèrent, Allen dormait toujours bien. Kanda demanda au chauffeur de partir, prenant doucement l'oméga contre lui. Il passa un bras sous ses genoux, l'autre dans son dos. Allen gémit dans son sommeil lorsque sa tête se trouva proche de son cou. Kanda savait que les odeurs l'empêcheraient de se réveiller. Bordel, Allen ne pesait strictement rien. Kanda réglerait ce problème. Pas pour le contrôler, comme semblait l'avoir cru le gamin lorsqu'il avait pointé son maquillage excessif qui n'était pas seyant, mais, surtout concernant ceci, pour une raison de santé et de bon sens.

Il aurait voulu voir les connards qui s'occupaient de lui et leur en coller deux trois, ils ne devaient vraiment pas lui donner assez à bouffer.

Kanda n'eut aucun mal à garder Allen contre lui tout en ouvrant la grande porte du bas, se débarrassant des chaînes et du cadenas qui bloquait l'entrée — encore une fois, Kanda prenait bel et bien des précautions, il gardait même l'appartement sous clé. Bien que personne ne venait, il suffisait qu'un jour, un imprudent ait l'idée de briser les chaînes pour venir squatter. Mieux valait prévenir que guérir. Il les réinstalla de l'intérieur, toujours sans lâcher Allen, c'est dire à quel point l'oméga ne l'encombrait pas.

Le bruit des chaînes et de la serrure firent bouger le gamin, ses odeurs le maintenant allègre pour autant. C'était comme une drogue. Kanda était surpris qu'Allen soit si amorphe. Un oméga était en principe plus alerte que lui, même sous emprise des phéromones. Il se posait de sérieuses questions sur la raison d'une telle léthargie. Puis, il monta les escaliers jusqu'à ses appartements.

Ils déboulèrent dans la pièce à vivre, après que Kanda ait plaqué Allen à moitié sur son épaule pour attraper sa clé. Un salon plongé dans le noir, avec une baie vitrée calfeutrée par un carton pour cacher la lumière dans la nuit, qu'il enlevait en plein jour. Kanda verrouilla la porte de l'appartement, distinguant les meubles qu'il avait récupéré çà et là. Si Kanda avait certes dû faire appel à des ouvriers pour mettre le lieu en l'état, pour ce qui composait le foyer, Alma et lui avaient tout restaurer ensemble, utilisant la grande majorité de leur temps libre pour ça. Oh, qu'ils s'étaient engueulés sur les choix de décoration, encore une fois trouvées dans les appartements voisins. Lorsque les travaux avaient commencé, le couple avait fait abattre les cloisons de tout l'étage, faisant un seul grand appartement de la même lignée de portes.

Kanda déposa Allen sur le canapé, l'oméga grognant en quittant ses bras. Ça ne le réveillait pas, les odeurs avaient encore leur emprise sur lui. De toute façon, Kanda devait allumer le générateur en bas, il ne le faisait que lorsqu'il était là. En attendant, il laissait Allen se reposer. Heureusement, ça ne faisait pas si longtemps que ça qu'il était revenu, le réfrigérateur avait encore de la nourriture à l'intérieur. Allen et lui seraient tranquilles pour deux jours. C'était rare, qu'il amène quelqu'un ici.

Depuis Alma, personne n'était entré.


Lavi soupira de plaisir, Tyki et Lenalee contre lui. Les trois jeunes gens entretenaient régulièrement des relations sexuelles ensemble, Lavi prenant Lenalee pendant que Tyki le prenait lui, ou inversement. Parfois même, comme aujourd'hui, ils étaient deux en elle, s'embrassant en la pilonnant. Lavi n'aurait jamais pensé qu'il pouvait être attiré par un mâle, que ce soit un alpha, un autre bêta, ou même un oméga, avant que Tyki rentre dans sa vie. Tout comme Lenalee ; elle était une ancienne prostituée, avec une histoire encore plus sombre que celle du dernier amant de Kanda, elle s'était retiré du milieu en ayant été acheté par Alma, à l'époque où il était encore à leurs côtés, et elle leur avait confessé que le sexe avec des hommes ne l'intéressait plus, avant leur liaison. Tyki les avait tous deux séduits, en même temps.

Si être trois leur avait paru étrange, du moins pour Lavi et sûrement aussi pour Lenalee, ça avait fini par devenir... logique. Et même mieux.

Il semblait évident que Tyki faisait changer d'avis beaucoup de monde sans même provoquer quoique ce soit. Un sourire, un jeu de séduction, et tous lui tombaient comme des mouches sous la patte. C'était magnétique, comme un papillon était attiré par la lumière.

Entre eux, la jeune femme haletait, ayant du mal à se remettre du plaisir qu'ils lui avaient infligé. Lavi, quant à lui, ne parvenait pas non plus à se calmer. Il n'y avait que Tyki, qui les observait, s'étant couché entre eux quand leurs corps s'étaient séparés, en les jugeant calmement, leur ouvrant les bras.

Le rouquin se demanda au bout de combien de temps Tyki les lâcherait pour prendre sa clope. À cause de lui, Kanda l'engueulait, d'une façon un peu trop soupçonneuse à son goût, qu'il s'était mis à sentir le tabac. Lavi n'avait pas envie de s'étaler sur cette étrange liaison que ni lui ni les deux autres ne savaient caractériser. Comme il s'inquiétait du dénommé Allen qui hantait les nuits de son ami, il était mal placé pour parler.

« Qui est prêt pour un second round ? finit par lancer Tyki, plaçant une main sur la hanche de Lenalee qui sursauta un petit peu.

—Franchement, dit-elle, je crois que je passe mon tour... Mais je vous regarde volontiers. »

Lavi ricana, passant au-dessus du torse de Tyki pour lui donner un baiser sur la joue, la jeune femme battant des paupières, montrant qu'elle appréciait ce geste.

« Ça ira pour moi aussi. T'es insatiable. Ça fait trois heures qu'on y est. »

Se redressant pour attraper ses cigarettes, Tyki leur coula un regard en coin, tout en faisant sortir l'une d'elles du paquet qu'il prit entre ses lèvres.

« Vous êtes des petits joueurs.

—Dis ça à mes fesses, » soupira Lenalee d'une façon à la fois étrangement gracieuse et rieuse. « Elles ont assez joué pour aujourd'hui. »

Tyki eut l'air de vouloir rétorquer qu'il aurait bien eu des choses à dire à ses fesses, mais Lavi finit par rire gentiment en les regardant interagir, amusé par le jeu de regard entre ses deux amants.

« T'as l'air bien content, toi, » observa Tyki en tirant une taffe.

Se couchant plus confortablement sur le lit, Lavi passa un bras derrière sa tête, regardant le plafond, c'est-à-dire le plancher menant à l'étage supérieur de la cale, avec un instant de réflexion. Ils avaient de la chance que personne n'ait toquer, ils avaient dû réveiller tout le bateau, avec leur rude session de sexe.

« On va dire que oui. J'ai eu une bonne baise. Mon meilleur pote va peut-être se caser et dépasser son deuil. Ça fait plaisir de le voir heureux. Puis... J'suis de bonne humeur, on va dire, en ce moment. »

Effectivement, le rouquin se sentait même carrément au taquet. Et il était sincère. Voir Kanda si heureux, ça lui réchauffait le coeur. Il se souvenait encore de l'après Alma... C'était catastrophique. Il voulait qu'il remonte la pente.

Tyki continuait de fumer, pelotant gentiment les fesses de Lenalee qui s'étira avec l'allégresse d'un chat bien nourri.

« Kanda, hm ? Tant mieux pour lui, » finit par déclarer Tyki. « Qu'il en profite, ça dure jamais longtemps. »

Lavi haussa un sourcil.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Lenalee aussi dardait un regard interloqué sur lui. Son soudain pessimisme était étonnant.

Calmement, le Portugais passa une main dans ses cheveux bouclés. Son collier au milieu des quelques poils sur son torse se soulevait en même temps que sa main portait la cigarette à sa bouche. Très régulier, donc. Lavi n'en revenait toujours pas d'être attiré par un corps si masculin.

« C'est juste que... L'amour, la phase de lune de miel, ça retombe bien vite.

—Vous croyez qu'on l'a eu, nous, la phase de lune de miel ? » interrogea Lenalee, pensive. « On est peut-être encore dedans. »

Tyki ricana.

« Oh que non, on a une lune de feu, nous. C'est purement physique. C'est plus sympa, je dois dire. J'ai jamais trop aimé le miel. »

Lavi se remit à fixer le plafond, pensif à son tour.

« Ouais, moi non plus. Mais bon, ça peut pas lui faire de mal, à Kanda, il en a besoin, j'crois. Tyki, il t'a dit qu'il voulait que tu ramènes des provisions pour le clan ? »

Hochant la tête, le susnommé écrasa sa cigarette dans le cendrier juste sur la table de chevet.

« Laissez-moi redescendre deux minutes et me laver, j'vais pas aller négocier pour des vivres avec la gaule et en sentant le sexe à plein nez. »

Alors qu'ils éclatèrent de rire, Tyki finit par se relever, se dirigeant vers la salle de bain pour prendre une douche.

Lavi cogitait toujours, malgré lui, sur cette histoire de lune de miel.

À suivre...


Note : Admirez la p'tite mise en abîme qui va bien avec le titre qui fait son apparition dans les dialogues x'D.

Lenalee aura donc son importance dans l'intrigue. Elle doit sembler un peu OOC ici, mais son personnage sera développé un peu plus plus tard x3.

Quant à Kanda et Allen, j'essaie vraiment de faire en sorte que malgré les différences qu'il y a entre la situation de leurs personnages ici et dans le canon, le fait que dans cette histoire notamment sur la base ils s'apprécient (un yullen où ils ont pas une base d'animosité c'est rare xD), ils aient quand même cette relation de "tu m'énerves/je te taquine" tout en étant complice :3. J'avoue, je l'imagine bien, j'espère encore une fois que ça vous plaît o/.

N'hésitez pas à donner votre avis sur le chapitre, même un petit mot, si ça vous a fait passer un bon moment ! :)

Le prochain chapitre devrait arriver en fin de mois, si tout va bien. Un ou deux chapitres par mois, c'est pas trop dégueu comme rythme de publication. (mieux que un tous les deux ans anyway o/)

Merci d'avoir lu et à bientôt !