Chapitre 14

S'il y a bien une chose pour laquelle Bucky remerciait les cieux tous les matins c'était bien de pouvoir se réveiller en tenant Ved'ma dans ses bras. Ce matin là, le brun se réveilla la tête dans le brouillard, ouvrant les yeux il s'aperçut de l'absence de sa sorcière sur lui et chercha sa présence sur le matelas de sa main de chaire. Un grognement s'échappa de ses lèvres : le lit était froid et Hermione introuvable.

Normal, se souvient-il, aujourd'hui avait lieu le procès des Potter et elle avait insisté pour y aller seule. Seule avec Sev car le petit garçon avait obligation d'y assister.

Se redressant et râlant toujours, Bucky détermina enfin la source de son réveil : un ado aux cheveux bleu bien déterminé à ne pas s'ennuyer. Teddy le regardait dormir, telle l'étrange habitude qu'il avait gardé de son enfance. C'était flippant.

— Je m'ennuis, annonça-t-il.

— Il est quelle heure ?

— Dix heures et demie. On fait quoi aujourd'hui Tonton Bucky ? Mam's et Sev sont pas prêts de rentrer.

— Je sais pas.

— J'ai faim.

— Tu as tout le temps faim louveteau. Aller déguerpit que je puisse m'habiller.

— Pas tout en noir alors ! On dirait un vampire.

En toute réponse, Bucky lança son t-shirt à la tête du gosse qui s'en alla en ricanant. Teddy avait tant grandit en cinq ans, le super-soldat le revoyait encore courir après les chèvres au Wakanda, avec cinquante centimètre de moins et un contrôle de ses pouvoirs approximatifs. Aujourd'hui le garçon mesurait près d'un mètre quatre-vingt, réussissait à garder le contrôle sur sa métamorphomagie et avait une petite amie… Bucky se prit un sacré coup de vieux.

Habillé, l'homme rejoignit l'ado dans le salon. Pas qu'il puisse être autre part, son appartement ici à New York était très étroit pour quatre personnes.

— Alors qu'est-ce que tu veux manger gamin ?

— Un truc pas brûlé ?

— Ça devrait pouvoir se faire…

— Attend je t'aide ! À deux on à moins de chance d'avoir une intoxication alimentaire.

Intoxication alimentaire peut-être pas, mais jamais Bucky n'aurait dû accepter l'aide du gamin. En une heure de temps sa cuisine devient un chantier phénoménal et s'il fut fière de ses progrès en la matière durant ses six mois de solitude, Bucky constata amèrement que cela ne suffisait pas à palier la maladresse d'Edward !

— Euh…

Ce fut les seuls mots qui sortirent de sa bouche lorsque la plaque de cuisson prit feu.

— Pardon, pardon ! Je suis désolé Oncle Bucky, attend je vais essayer d'endiguer ça !

— Non atten…

Trop tard. Edward sortit sa baguette à une vitesse ahurissante et s'il réussit à en inspirer le feu, l'ensemble du mobilier de cuisine devient rose.

— Louveteau, grogna Bucky.

— Mais ils sont beaux tes meubles regarde ! Ça attire la lumière.

Dans sa précipitation la magie de Ted agit instinctivement, alors certes il sauva l'appartement d'un incendie mais en attendant la pauvre cuisine en payait les frais. Lorsque les deux garçons furent enfin devant leur petit déjeuné, dehors, dans un café, loin de la cuisine et de l'odeur de brûlé, la serveuse vient pour leur commande.

— Deux café, noirs sans sucre, trois assiettes d'œuf brouillés et un croissant. Tu prends quoi gamin ?

— Un chocolat chaud, deux assiettes d'œufs brouillés, du bacon, un éclair et un bol de fruit s'il vous plaît !

Bucky s'étouffa avec l'air ambiant. Il ne se souvenait pas que Ted mangeait autant !

— Le médicomage dit que c'est mon métabolisme lupin qui se réveille, affirma le garçon en haussant les épaules.

— Mais Androméda t'avait fait les tests six fois, c'est impossible.

— Yep je me transformerais jamais à la pleine lune, ça m'empêche pas d'avoir des caractéristiques de loups !

Le sourire qu'avait l'ado sur le visage était effrayant, en fait le brun se souvient parfaitement qu'il trouvait la petite bouche pleine de dent pointus du gamin terrifiante lorsqu'il essayait encore de récupérer ses souvenirs. Ça et le fait qu'il avait la fâcheuse tendance à s'approprier Ved'ma en se réfugiant dans sa tignasse pour le narguer.

La pauvre serveuse du faire trois allers-retours au bar avant de rapporter leur commande complète, finalement Ted et Bucky avait le même appétit : énorme. Merde. Le budget course allait exploser. Entre les supers-soldats, l'ado à moitié loup et le gamin à moitié super, ils n'étaient pas sortis de l'auberge !

Discutant des cinq dernières années qu'il avait manqué avec le bleuet, le temps passa bien vite.

— Hermione a fait quoi ? demanda Bucky abasourdis.

— BOOM ! Elle a fait exploser le salon, et les manges-morts avec. Je crois que c'est à partir de là qu'elle a retiré sa clef de la maison à Harry, de toute façon dès qu'il mettait un pied dehors soit il la perdait, soit il était trop saoul pour parvenir à la glisser dans la serrure. Du coup on a du refaire une bonne partie de la décoration, Ginevra était horrifiée en la découvrant à son retour.

Ce qui ajoutait un peu plus à sa haine de la brune, ils s'en doutaient tout les deux. Bucky décida de changer de sujet, profitant du mot « décoration » pour aborder l'achat de la maison à Delacroix et les rénovations qu'ils entameraient prochainement.

— Tu voudras y faire un tour ?

— Par portoloin j'espère ! Les avions moldus sont rapides mais je doute qu'on soit rentré avant Mam's !

— Oui par portoloin, sourit Bucky face au rire et explosion de joie régulière du jeune homme devant ses yeux.

Bien que le monde sorcier s'était ouvert au moldus, Teddy adoptait un style bas, voulant passer inaperçus parmi la foule. Il avait donc changé son apparence avant de partir, ressemblant encore davantage à son père que cela en était troublant, la seule différence demeurait en sa qualité capillaire : ses cheveux bouclaient dans tous les sens.

La serveuse revient finalement vers eux, après la fin de leur imposant petit déjeuné.

— Tout s'est bien passé ? Votre fils et vous souhaitez encore quelque chose ?

Ted explosa de rire, accusant le regard d'incompréhension de la pauvre femme. Bucky se contenta de lever les yeux aux ciels et demanda l'addition. Heureusement pour lui le louveteau finit par se calmer et s'excusa auprès de la jeune travailleuse.

— Désolé Madame. Ça fais juste trèèèès longtemps qu'on ne nous avait pas dis un truc comme ça.

« Bucky était dans la merde. Et quand il disait dans la merde, c'était jusqu'au cou ! Comment était-ce arrivé ? Il l'avait quitté des yeux une micro-seconde, pas même une minute, il tourna juste la tête pour aider un pauvre vieux à s'asseoir sur le banc. Et pouf. Edward avait disparu. Ved'ma allait le tuer. Elle allait le décapiter. Pire, elle allait l'émasculer ! L'ancien Atout chercha des yeux la chevelure de l'enfant, il dût d'abord se souvenir de sa couleur du jour : du noir.

Teddy ? Teddy où es-tu, l'appela-t-il.

Aucune réponse. Paniqué à souhait, Bucky se leva et parcourut chaque centimètre carré du parc de jeu, soulevant chaque casquette de gosse pour voir si le sien ne se cachait pas en dessous.

Désolé, s'excusa-t-il auprès de parents.

Mais ça va pas bien dans votre tête ! hurla un père. Vous êtes fou c'est ça ?!

Non je cherche… Ted… Ved'ma va me tuer, j'étais censé le surveiller.

L'homme ne se calma pas pour un sou et Bucky recula vivement, manquant de renverser un gosse au passage. La mère posa une main tranquille sur le bras de son époux et offrit un sourire encourageant au pauvre gars, complètement perdu et angoissé.

Comment s'appelle votre fils, nous pouvons le chercher ensemble si vous voulez.

Edward, on l'appelle Teddy.

Bucky tremblait de tout son corps, putain de merde, il avait perdu Ted. Comment diable était-ce arrivé ? La gentille dame ordonna à son mari de lever ses grosses fesses.

Aide-le à chercher son fils, je reste avec Magalia. Magalia ? Où est-elle ? Magalia !

Maintenant Bucky n'était plus le seul à paniquer. Deux gosses avaient disparus. L'homme sembla comprendre que Bucky n'était pas un pervers pédophile, ils appelèrent Teddy et Magalia aux quatre coins de l'air de jeu lorsqu'enfin ils eurent une piste.

Dîtes, votre gamin il a bien des cheveux noirs et bouclés ? demanda-t-il.

Oui !

Le père désigna un petit renfoncement dans un buisson, où un gamin aux boucles noires parlait tout seul. Tout seul ? Je ne crois pas, une petite fille était avec lui, pleurant à chaude larme devant son égratinure aux genoux.

Ils sont là ! appela le père alors que Bucky se jetait la tête la première dans les buissons épineux pour récupérer les deux enfants.

Edward ! Dieu ce que tu m'as fais peur ! Ne refais plus jamais ça !

À quatre pattes, des épines lui écorchant les fesses, Bucky fusilla le garçon d'un regard noir.

C'est mon ami Oncle Bucky, elle s'est blessée et n'arrivait plus à ressortir. Je voulais pas la laisser toute seule…

Avec ses grands yeux miels et sa lèvre tremblotante, Teddy savait à coup sûr remporter la partie. Oncle Bucky n'était pas encore immunisé contre ses bouilles de louveteau battu. Seules Mamie Andy et sa Marraine l'étaient, ce qui a son goût était déjà de trop.

Vas avec mon oncle, il va te faire sortir sans que tu te blesses, encouragea Edward.

La fillette pleurait à chaude larme et Bucky déglutit péniblement lorsqu'elle se dirigea vers lui en tremblant, de peur ou de sanglot, il ne savait le dire. L'homme l'attrapa rapidement et fit le chemin retour en évitant les épines à la gamine avant de la redonner à ses parents. Il recommença le même chemin pour en sortir Edward.

Plus jamais tu recommences, grinça Buck après avoir sortit le gamin.

Aggripé à ses jambes, Edward pleurait à chaude larme à son tour, ne comprenant pas ce qu'il avait fait de mal.

Ne soyez pas si dur avec lui, l'interpella la mère de Magalia. Il voulait seulement aider.

D'un mouvement souple, Bucky joncha le gamin sur l'une de ses hanches et salua brièvement le couple pour sortir du parc au plus vite. Ved'ma ne le tuerait pas. Il avait trouvé Edward. Bonne nouvelle. Maintenant comment faire en sorte qu'il arrête de pleurer ?

Je voulais pas crier. La prochaine fois appelle un adulte quand tu trouves quelqu'un blessé, ronchonna-t-il.

L'enfant acquiesça vivement, le visage enfouit dans son t-shirt et le badigeonnant de morve. Passant devant une petite boutique, Bucky hésita un instant. Ils n'avaient pas beaucoup d'argent à jeter par les fenêtres mais d'un autre côté, il se souvenait qu'un garçon blond de son âge prenait volontiers une glace après une mauvaise bagarre.

Descend et marche.

Edward se laissa redescendre et saisit fortement la main de son oncle, ils entrètrent alors dans la boutique où le vendeur leur adressa un grand sourire.

Bonjour ! Que puis-je faire pour vous messieurs ? Oh mais c'est un vilain bobo que tu as là mon garçon.

En examinant Edward de plus prêt, Bucky se rendit compte que lui aussi avait été blessé par les méchantes épines du buisson, il essuya nerveusement le sang sur l'arcade du gnome et ordonna :

2 glaces.

S'il vous plaît, rajouta Teddy en lui lançant son plus beau regard noir.

S'il vous plaît, termina Bucky.

Le glacier rit de leur drôle de manière et de leur accent bizarre.

Qu'est-ce que ce sera pour toi mon gars ?

Au chocolat s'il vous plaît ! demanda Teddy en baragouinant son roumain plus qu'il ne le parlait.

Et pour le papa ?

Bucky se figea instantanément. Il n'y avait pas fait attention sous la pression mais cet homme n'était pas le premier à insinuer sa filiation avec Edward. Comment était-ce possible ? Il était un monstre. Il ne méritait pas ça, d'être considérer comme le père d'un minimoys aussi horripilant qu'attachant.

Pareil.

Ils mangèrent alors tous les deux leurs friandises, le sourire du gamin atteignait ses yeux malgré le sang lui barbouillant le visage. Et si Bucky se sentit d'abord mal à l'aise, il se contenta de passer outre et de profiter d'un rare moment où ce sale gnome n'essayait pas de lui voler sa sorcière. »

Secouant la tête pour sortir de ce souvenir, Bucky suivit le mouvement de Teddy jusqu'à la sortie (après avoir payé, on s'entend). Ils décidèrent alors de prendre le portoloin pour Delacroix, avec un peu de chance Sam serait là et l'ex-soldat d'hiver pourrait lui ronchonner dans les oreilles.

Quelques heures plus tard, une masse à la main, Teddy s'excitait contre un mur comme un petit fou.

— Waaaah ça fait trop du bien ! Tu veux essayer Oncle Bucky ? demanda-t-il en frappant encore et encore dans le mur de brique.

Occupé à ses mesures de la cuisine, désormais vide, le brun étouffa son rire : un amas de poussière s'était déposé dans les cheveux du gamin, son visage était rouge pivoine sous l'effort et ses yeux noisettes brillaient de milles feus. Apparemment Edward adorait casser des choses. Pour éviter qu'il lui claque dans les pattes, Bucky termina vite sa mesure et lui prit la massa des mains.

— Regarde comment font les pros.

En moins de cinq minutes le mur était par terre. Bucky se demanda alors si c'était bien le mur là que Ved'ma voulait abattre… Bon. Cela ne devait pas être si grave, il pourrait lui en remonter un si elle le souhaitait.

La sonnette retentit alors, faisant sursauter les deux garçons arrachant des plaintes pourris dans la cuisine. Barnes alla ouvrir, tout aussi poussiéreux que l'était le louveteau, il faudrait qu'ils prennent une douche avant le retour de Ved'ma, la sorcière serait capable de ne pas les laisser entrer à l'appartement s'ils se présentaient aussi sale.

— Mr Barnes ! Je suis contente de vous voir ! J'ai entendu la petite McGuy dire que vous aviez acheté cette vieille maison, votre femme n'est-elle pas avec vous pour les travaux ? Oooh ! Cet adorable jeune homme ! Bonjour ! Je suis Maria Nilborn ! Je vois que vous êtes en pleine rénovation ! Vous avez faim les garçons ? Je vous ai apporté de quoi manger, les voisins m'ont prévenu que vous commenciez les travaux alors je me suis dis que cela vous ferez une pause !

Bucky n'eut pas le temps de l'empêcher d'entrer, ni d'en placer une en fait. Un instant il comprit amèrement pourquoi Ved'ma les avait boudé, Sam et lui, pour l'avoir laissé avec la vieille femme.

— Bonjour Madame, salua poliment Teddy.

— Je suis désolé Mme Nilborn, il y a un peu de poussière…

— Oh ne le soyez pas mon garçon ! Venez donc manger un morceau.

Si l'idée qu'elle veuille l'empoisonner résonna en Bucky, il finit par engouffrer le gratin de pâtes encore chaud de sa nouvelle voisine préférée. Teddy n'était pas en reste, il ne cessait de remercier Mme Nilborn et discutait de ses années d'école avec elle.

— Vous devez un garçon très intelligent pour passer vos Aspic avec un an d'avance ! Pas étonnant que votre maman soit si fière de vous !

Rouge tomate, le garçon adressa un sourire timide à la dame, foudroyant par la suite son oncle d'un regard semblant dire : « Hé-Ho te moque pas ». Finalement Mme Nilborn repartit chez elle, avec la promesse qu'ils passeraient tous dîner une fois installés durablement à Delacroix.

Les garçons s'amusèrent longtemps, assez pour avoir rangé tout les meubles dans un sac extensible, réussis à casser un mur, déblayer les débris, enlever les plaintes pourris et commencer à regarder l'état du parquet sous le lino.

— Lui on pourra peut-être le garder, remarqua Bucky. T'en penses quoi louveteau ?

— C'est toi le pro Tonton.

— Ok, donc le parquet on y touche pas. On a bien avancé, on devrait rentrer prendre une douche avant le retour de ta mère… Ved'ma. Bref ! Comment je suis censé l'appeler avec toi ? maugréa Bucky frottant un instant ses tempes.

Toute cette histoire allait lui donner des maux de têtes. Quand il était gosse Teddy appelait Hermione « Marraine », ce qu'elle était nous le concevons tous, or depuis le snap il l'appelait « Mam's », toute ces noms différents perdaient le sergent.

— Ça va, rassura l'ado soudain sérieux. J'ai compris que c'était pas mal d'appeler quelqu'un d'autre « mes parents » en fait… Papa, Maman et Mamie Andy seraient heureux pour moi je pense. Ils m'aimaient tous énormément et je les aime aussi très fort, mais Mam's m'a élevée, tu l'as aidé Oncle Bucky, et ça aussi c'est important pour moi. Très.

Dire qu'il ne savait pas comment réagir était un euphémisme, à part hocher la tête comme un demeuré, qu'était-il censé faire face à une pareille annonce ? Edward le regardait, attendant certainement qu'il ouvre la bouche.

— C'est… Profond ? Désolé gamin je suis pas doué pour les beau discours, c'était le truc à Steve ça. Juste, tu sais qu'on sera là pour toi tant que tu le voudras n'est-ce pas ?

— Ouai Steve a pris tout les discours et toi tout le charisme, rit Teddy. On peut aller la prendre cette douche maintenant ? Je crois que je suis un peu… Poussiéreux.

Un sourire narquois au coin des lèvres, Bucky sortit le portoloin de sa poche. Ils disparurent alors jusqu'à New York.

Le soleil se couchait maintenant, doucement, mais les garçons s'ennuyaient de pieds ferment face à un bêtisier stupide de la télévision.

— Oncle Bucky…

— Quoi ? grommela l'homme perdant sa concentration inexistante fixée sur l'écran.

— Je m'ennuiiiis !

— Moi aussi.

— Elle rentre quand Mam's ?

— Je sais pas. T'as pas des devoirs à faire ? Je t'aide… se proposa Bucky au comble de l'ennui.

— Tu sais oncle Bucky, si je m'ennuyais pas autant je prendrais très mal que tu prétendes devoir m'aider pour mes devoirs… T'as pas un jeu plutôt ?

— Si ! Attend louveteau je dois avoir ça qui traîne !

L'homme releva vivement la tête, un éclair de génie venant de lui traverser l'esprit, ou du moins celui du gamin. Il se leva rapidement, chercha dans les cartons de sa copine et en ressortit un très vieux tas de carte.

— Un UNO ! Tu vas voir je suis devenu super fort, tu ne me battras jamais !

Jamais… Jamais… Bucky gagna trois parties sur six tout de même.

Enfin, la porte d'entrée émit le cliquetis caractéristique des clefs dans une serrure. En moins de trois secondes, les garçons se redressèrent, totalement prêt à sauter sur les nouveaux arrivants. De vrais chiots. Bientôt la porte s'ouvrit et Hermione pénétra dans l'appartement, absolument exténuée, Severus dormait d'un sommeil agité dans ses bras, visiblement cette journée fut éprouvante.

Jetant un coup d'œil au louveteau surexcité, Bucky soupira de soulagement en le voyant se calmer d'un seul coup.

— Ça va Mam's ? demanda Ted.

La brune leur sourit, consciente qu'elle ne tromperait pas James, et embrassa rapidement son adolescent.

—Tout va bien, c'est fini maintenant vous êtes tout les deux en sécurité.

Teddy acquiesça, bien heureux et vola son petit frère des bras de sa mère pour le porter dans l'unique chambre de l'appartement où il pourrait dormir jusqu'à l'arrivé du repas. Bucky lui en était reconnaissant, vraiment, car à peine ferma-t-il la porte que Ved'ma se laissa aller dans ses bras. En silence, elle tentait de garder sa respiration sous contrôle. Le brun la serra d'autant plus fort contre lui.

— Ils ne vont pas s'arrêter à ce putain de procès James, grogna-t-elle. Ils ont seulement eu une amende et une injonction d'éloignement, tant que cette « rature » demeurera dans l'arbre généalogique ils ne s'arrêteront pas.

— On va trouver une solution ma belle.

— Bucky… Pourquoi les meubles de la cuisine sont-ils roses ?

— … Tu demanderas à ton fils.

— Attend vous avez essayé de cuisiner, rit-elle. Oh Merlin j'avais oublié de te le rappeler, Ted a hérité de la maladresse de Dora ! Elle n'était pas capable de casser un œuf sans s'en retrouver barbouillée.

— Je m'en suis souvenu... Trop tard. Hey et si tu allais prendre une douche, j'ai déjà commandé le dîner, ça ne va pas tarder.

— Merci Jamie. Excuse-moi pour tout ça, j'ai la maudite impression de te forcer à t'occuper de moi.

— Ved'ma tu as pris soin de moi pendant 4 ans, d'affilé, tu dormais moins que moi pour veiller sur mon sommeil et tu me donnais de ta magie pour guérir mon esprit. Le moins que je puisse faire aujourd'hui c'est de commander à emporter, parce que Ted et moi-même ne savons pas cuisiner ensemble sans tout faire exploser.

— J'en déduis que les traces de suie ne sont pas seulement de la faute du petit alors ? pouffa Hermione retrouvant une ébauche de sourire. Je t'aime mon loup.

Sur ses douces paroles, la brune reçut un tendre baiser sur les lèvres. Un sourire étira son visage et bientôt James la chassa dans la salle de bain, il ne voulait sans doute pas s'afficher devant les enfants. La douche fit du bien à Hermione, assez pour qu'elle reprenne du poil de la bête, assez pour qu'elle éteigne cinq minutes son cerveau en ébullition et puisse retrouver la louve noire en elle.

Dans le miroir elle observa chaque cicatrice, chaque bosse sur sa peau, son tatouage nageait librement sur la porcelaine la chatouillant de temps à autres. Et à chacune de ses inspections elle se rappela comment elle en était arrivée là, dans cet appartement de New York, de qui elle était, de ce qu'elle avait perdu pour parvenir ici, de ses buts. Son regard devient plus doux, moins dur et à la fin de son observation elle savait.

Le harcèlement dans son enfance lui donna l'envie de se faire des proches amis à Poudlard et ses mêmes amis l'embarquèrent dans la guerre de sa vie, la laissant seule pour tuer chaque souvenir d'elle à l'intérieur de ses parents. Pour le plus grand bien ses « amis » l'abandonnèrent lorsqu'elle eu le plus besoin d'eux. Et elle rencontra James. Asservit. Inconscient de ses actes. En bonne gryffondor qu'elle était, investigatrice de la S.A.L.E, terreur des elfes, elle se promit de le libérer de son emprise. Malgré tout ses dires, elle avait une dette envers lui.

La dernière bataille arriva alors, et elle perdit la dernière famille qu'il lui restait : Remus. Son grand frère en tout sauf le sang. Elle devient alors mercenaire. Libre de ses mouvements elle arrêtait les criminelles comme elle l'entendait mort ou vif, et ce fut bien plus tard, après avoir subit la trahison de ses amis qu'elle le retrouva. C'était peut-être un coup du destin, qu'elle ait été présente aux États-Unis lorsqu' « Atout » voulu tuer Captain America. Au moins cette saloperie de destinée tourna en sa faveur.

Elle l'aida et il en fit de même, même s'il l'ignorait totalement, il lui donna quelque chose en quoi s'accrocher, une raison de continuer à se battre. Ils se rapprochèrent un peu puis devinrent intime à l'en effrayer, au début elle eut peur de leurs états psychologiques, se souvient la brune nostalgique.

C'est vrai, à vivre tout les deux sept jours sur sept sans de vrai contact avec l'extérieur, ils n'avaient que l'un et l'autre (Andy et Teddy ne comptaient pas, pas comme ça). Alors pourquoi ces sentiments auraient-ils été réels ?

Finalement Hermione comprit qu'elle aimait vraiment James le jour où il disparu. Le snap vient deux années plus tard, après qu'il lui ait susurré qu'il l'aimait, après qu'il lui ait proposé de se marier, après quatre années de vies communes, et elle se sentit plus seule que jamais. Elle affronta alors la tête haute tout les ennemis qui lui passaient sous la main, transformant sa tristesse en rage, anéantissant ses opposants politiques avec l'aide astucieuse de Nott, elle éleva comme elle le pouvait son filleul et son neveu. Puis il y eu encore une guerre et elle combattit ardemment contre l'armée de Thanos, les snappé étaient revenus et elle fut chassé du pays. Voilà les évènements qui la façonnèrent. Voilà qui elle était.

Le monde lui dictait en boucle ce qu'il voulait qu'elle soit mais elle ne mentirait pas en disant qu'elle en avait assez de se battre. Hermione Granger la génie, héroïne, mercenaire et ex-ministre. Elle garderait seulement le génie si on lui donnait le choix. Et Diantre ! Elle avait enfin ce choix. Elle ne se battrait plus. Enfin !

Que ferait-elle de sa vie maintenant ? Peut-être pourrait-elle enseigner comme elle le désirait depuis l'enfance, c'était une inquiétude pour plus tard, dehors elle perçut la sonnette et James appeler à table.

Oui. En regardant les garçons rires ensembles comme si le snap n'eut jamais lieux, Severus accepter l'aide de James lorsqu'il se mit de la pizza partout sur le visage, Hermione se dit qu'elle pouvait bien attendre un peu avant de se poser davantage de question sur l'avenir. Elle allait profiter d'un peu de répit avant de se lancer dans une autre bataille. Après tout… Même les supers-soldats ont besoin de vacance.

Bonjour, bonsoir, bon week-end ! Vous allez bien ? J'espère que le chapitre vous aura plu, n'hésitez pas à me laisser un petit mot. Prenez soin de vous, bisous.

Ericaly