Prompt : Sous stupéfiant - cigarettes, whisky etc.
Sous stupéfiant.
Bakugo avait trouvé un job d'été en tant que barman. C'était un boulot assez intense, mais il adorait faire des cocktails plus ou moins explosifs et savait arrêter les bagarres de gens saouls. Ce n'était pas quelqu'un de très causant, il grognait plus qu'il ne faisait la conversation. Peu sociable, mais doué dans son boulot, le patron le laissait gérer. Il avait caché à ses potes où il travaillait, mais bien sûr il avait fallu que son ami d'enfance lui fasse ses grands yeux de chat potté pour que Bakugo cède et lui donne l'adresse, en lui faisant jurer de n'en parler à personne.
C'était pour cette raison, que le garçon le plus doux de l'univers était là, au bar, à siroter une grenadine en tentant d'attirer l'attention de Bakugo qui faisait semblant d'avoir trop de travail pour aller lui parler. Pas qu'il n'aimerait pas passer un moment avec Izuku, plutôt parce qu'il n'était pas sûr de bien faire son travail s'il s'attardait trop dans les beaux yeux verts de son ami.
Bakugo servit une table, puis une autre, la salle se remplissait et il devait être partout à la fois. Il n'était pas le seul employé bien sûr, mais quand c'était un samedi soir, il ne voyait pas le temps passer, et avait à peine celui de souffler. Il perdit de vue Izuku quelques instants. Il remarqua un mec qui s'asseyait à côté de lui, puis vit disparaître son ami d'enfance dans les toilettes. Bakugo n'y prêta guère attention et pensa à autre chose un moment, parce qu'un connard avait vomi en salle et que ses collègues étaient tous trop occupés pour aller nettoyer. Il était obligé de s'y coller.
Quand enfin Bakugo releva les yeux, Izuku paraissait être en train de partir. Mais pas tout seul. Le gars qui l'avait accosté était près de lui, trop près de lui, il avait son bras autour de son épaule comme s'ils avaient élevé les torchons, les serviettes et les cochons ensemble. Le blond sentit un pique de jalousie se planter dans son cœur, mais également d'inquiétude. Il connaissait suffisamment bien Izuku (après tout, ils étaient déjà amis au berceau) pour savoir que quelque chose clochait. Izuku n'avait pas bu d'alcool (il n'en prenait jamais) et pourtant paraissait tituber. L'autre le tenait, lui soufflait des choses dans l'oreille et semblait le pousser vers la sortie.
Bakugo devait en avoir le cœur net. Il abandonna, seau, serpillère, clients et s'approcha d'Izuku et de l'inconnu. L'autre se montra méfiant tout de suite, ce qui était encore plus suspect :
— Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il d'un ton agressif.
Bakugo l'ignora et regarda en direction d'Izuku, il avait l'air à moitié dans les vapes, ses yeux se fermaient et s'ouvraient bizarrement, il avait les pupilles dilatées, et il souriait exagérément. Le barman n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que le gars l'assaillait à nouveau en lançant :
— Je suis avec mon mec, laisse-nous tranquilles.
Si Izuku avait eu un mec, Bakugo aurait été le premier à le savoir, même si ça avait été dès ce soir, dans ce foutu bar. Il était évident que ce mec avait fait quelque chose à Izuku, et Bakugo allait lui casser la gueule pour ça. Il appela tout de même :
— Deku, tu te sens bien ?
L'autre type devint pâle, il avait dû comprendre que Bakugo connaissait son soi-disant petit ami, et il regardait à gauche, à droite, pour chercher une échappatoire, sauf que le barman blond se trouvait juste devant l'entrée.
— Deku ? insista Bakugo.
Finalement son ami lui répondit :
— Oooooh Kacchan, tu brilles !
Bakugo vit rouge. Il était clair qu'Izuku était sous stupéfiant, que quelque chose clochait et le mec à côté en était le responsable. Il l'attrapa par le col et colla presque son nez à son visage :
— Qu'est-ce que tu lui as fait ?
— C'est pas moi, c'est pas ma faute, il a trop bu, je voulais juste l'aider.
— Deku n'avait pris qu'un sirop grenadine, c'est moi qui l'ai servi et je sais qu'il ne boit pas d'alcool, alors soit tu me dis ce que tu lui as fait sois je te pète tes dix doigts très très lentement et phalange par phalange.
Le mec pâlit un peu plus, essaya de repousser Bakugo de sa main libre ce qui fut une très mauvaise idée. Le blond le relâcha et à son tour le poussa de toutes ses forces en arrière, tout en retenant Izuku de son autre bras. Son ami continuait de lui sourire et de dodeliner de la tête :
— Wouaouh Kacchan, tu es trop fort.
Le mec coupable essaya de se défendre en s'approchant menaçant et en gueulant :
— J'ai rien fait !
Mais Bakugo était trop énervé et lui lança son meilleur coup de poing en pleine figure, l'envoyant valdinguer sur le sol. Les gens les regardaient, mais Bakugo s'en moquait, il s'avança et marcha sur la main du mec qui poussa un cri de douleur :
— Dis-moi ce que tu lui as donné ! ordonna-t-il.
Le mec finit par obéir, et lui donna le nom de la drogue qu'il avait versé dans le verre d'Izuku quand celui-ci était parti aux toilettes. Du GHB, la drogue du viol. Ses intentions vis-à-vis d'Izuku étaient très claires, il avait essayé d'abuser de lui. Bakugo mourrait d'envie de lui éclater la tronche jusqu'à ce que mort s'ensuive, mais il devait s'occuper d'Izuku qui s'appuyait sur lui en gloussant. Il retira son pied de la main du coupable et cracha :
— Casse-toi de ce bar, et si je te revois dans le coin, je te dévisse la tête.
Le mec ne se le fit pas dire deux fois, il se releva et s'enfuit. Bakugo regarda autour de lui jusqu'à ce que son regard tombe sur celui d'une barmaid qui bossait avec lui :
— Je prends une pause, désolé !
— Vas-y fit-elle, occupe-toi de ton ami, on gère.
— Merci, je te rendrai ça.
Bakugo attrapa Izuku par les épaules pour le maintenir sur ses pieds et le sortit du bar pour lui faire respirer un peu d'air frais. Le jeune homme s'accrocha à lui en gloussant. Le blond l'emmena jusqu'à un banc, le fit s'asseoir et se mit à côté de lui.
— Kacchan tu es tellement beau, fit Izuku de sa voix droguée.
Il vint nicher son nez dans le cou de Bakugo qui dût se retenir de ne pas frissonner.
— Et tu sens tellement bon.
Gentiment, Bakugo le repoussa :
— T'es pas dans ton état normal Deku, dit-il.
— Mais si, sourit Izuku. Tu es grand, beau, fort, intelligent et hyper grognon comme un gros nounours avec plein de guimauve à l'intérieur.
Bakugo leva les yeux au ciel :
— Mais bien sûr.
Izuku voulut l'entourer de ses bras, mais Bakugo le bloqua avant qu'il ne puisse le faire.
— Oh allez, fais-moi un câlin.
— Non.
— Pourquoiiii ?
— Parce que tu n'es pas dans ton état normal.
— Mais si ! Je veux un câlin.
— Non !
— Mais pourquoiiii ? pleurnicha Izuku.
Bakugo soupira et ne répondit pas, Izuku finit par se calmer. La drogue paraissait à la fois l'exciter et l'épuiser. Il était complètement soumis d'une certaine façon et Bakugo aurait pu lui faire n'importe quoi. Le blond sentit un frisson glacer le long de sa colonne vertébrale, heureusement qu'il avait été là, heureusement qu'il avait pu sauver Izuku. Sinon, il ne voulait même pas imaginer ce qu'il se serait passé.
— Tu as eu de la chance, crétin, tu ne sais donc pas qu'on ne doit jamais laisser son verre sans surveillance ? grogna-t-il à l'adresse d'Izuku.
Il avait tellement eu peur que le ton montait, il l'engueulait, pas parce qu'il lui en voulait, mais parce que la situation le terrifiait. Il ne voulait que rien de mal n'arrive à son ami d'enfance. Il voulait le protéger.
— Je veux pas que tu m'engueules, couina Izuku, je veux un câlin.
— Et moi je veux la lune, tu vas aller me la décrocher ?
Izuku se mit debout, il faillit trébucher, mais se reprit et leva les mains vers le ciel comme pour attraper l'astre argenté.
— Allez viens la lune, cria-t-il, viens !
— Laisse tomber Deku, souffla Bakugo, je disais juste ça comme ça, je m'en fous de la lune.
Izuku se tourna vers lui, tomba vers le banc et le blond le rattrapa dans ses bras. Le jeune homme sous stupéfiant en profita pour se blottir contre son ami.
— J'ai mon câlin, ricana-t-il.
Bakugo lâcha les armes. Qu'est-ce que c'était qu'un câlin après tout ? Il serra un peu plus sa prise sur Izuku et celui-ci garda sa joue contre son épaule.
— Je t'aime tellement Kacchan, fit Izuku en fermant les yeux.
Le cœur de Bakugo se mit sur pause, avant de redémarrer en accéléré. C'est la drogue, pensa-t-il, c'est juste la drogue.
Ils restèrent là un moment, et Bakugo sentit Izuku devenir de plus en plus lourd dans ses bras, alors qu'il s'endormait.
— Deku, chuchota-t-il, t'endors pas, reste avec moi.
— Hmmmm.
— Deku ?
— …
— Izuku ?
— …
Le jeune homme s'était complètement endormi et Bakugo n'eut d'autres choix que de doucement reculer. Il se tourna, et s'accroupit, Izuku s'écroula à moitié contre son dos. Bakugo prit ses bras, les passa autour de son cou, puis il lui choppa les jambes et se releva avec un Izuku endormi sur son dos. Il le porta ainsi jusqu'au bar, et alla l'allonger dans la salle de pause du personnel où il pourrait piquer son roupillon tranquillement sur le canapé. Bakugo reprit son travail, la tête un peu en l'air. Il ne cessait de jeter des coups d'œil vers la salle de pause, et servit une margarita à quelqu'un qui lui avait demandé un mojito.
Heureusement, son service prit fin. Izuku dormait toujours, Bakugo ne le réveilla pas, et le reprit sur son dos. Le jeune homme se mit à soupirer, mais resta endormi.
— Qu'est-ce que je vais faire de toi ? murmura Bakugo.
Il n'obtint aucune réponse.
Bakugo posa Izuku dans sa voiture, puis les conduisit chez lui. Il aurait pu ramener Izuku dans son appart, mais il trouvait plus simple de faire comme ça. Il le reprit sur son dos, rentra dans l'immeuble, appela l'ascenseur. Il coucha Izuku dans son lit, lui enleva ses chaussures et l'emballa dans la couette. Pendant un instant, sans y penser, il se pencha vers son ami prêt à embrasser sa tempe. Il se retint au dernier moment et se fustigea.
— Bonne nuit, Deku, murmura-t-il simplement à son oreille.
Puis il quitta la pièce, et prit un plaid et un oreiller dans un placard pour se coucher sur son canapé convertible.
Le lendemain, Bakugo se réveilla aux alentours de midi. Il ne reconnut pas tout de suite où il était, puis tout lui revint en tête. Il se leva en grognant et se dirigea vers sa chambre, où son ami dormait toujours, enroulé dans la couette. Bakugo eut un sourire en coin. Izuku était mignon, beaucoup trop pour son bien, et le blond crevait d'amour pour lui.
Il sortit de la pièce et alla cuisiner un repas pour eux deux. Les odeurs de nourriture durent réveiller Izuku, parce que Bakugo entendit un gros boum. Il retourna dans la chambre, pour voir que son ami avait roulé et était tombé du lit. Izuku essaya de sortir de sous la couette où il était tout emmêlé, et se frotta le crâne.
— Kacchan ?
— Hm ?
— Je suis où là ?
— Chez moi.
— Qu'est-ce que je fais chez toi ?
Évidemment, Izuku ne se souvenait plus de rien. Bakugo lui fit un bref résumé de la situation, sans parler de ses déclarations d'amour. Le jeune homme aux cheveux verts devint un peu pâle.
— Tu m'as sauvé la vie, constata-t-il.
Il se leva difficilement, trébucha sur la couette, et tomba dans les bras de Bakugo. Une scène de déjà-vu.
— Désolé, fit Izuku.
Bakugo se sentit peiné quand son ami se recula. Bien sûr, la veille, c'était la drogue qui parlait. Juste ça. Il aurait pourtant tellement voulu que… ce soit vrai.
Son ami se mit à rougir en demandant timidement :
— J'ai fait ou j'ai dit des trucs bizarres ? demanda-t-il avec gêne.
— Tu as essayé de me décrocher la lune, répondit Bakugo l'air amusé.
Izuku posa ses mains sur son visage :
— Et c'est tout ?
Bakugo haussa une épaule et Izuku souffla, puis laissa tomber ses bras le long de son corps.
— Je ne me souviens plus ce qu'il s'est passé.
— Je me doute.
— Alors, si j'ai fait quelque chose d'inconvenant, je suis désolé.
Bakugo hésita, puis comme il en avait marre de rester silencieux sur ce qu'il ressentait, il lâcha :
— Tu voulais des câlins.
Izuku devint rouge.
— Tu m'as dit que tu m'aimais, ajouta le blond l'air de rien.
Izuku vira plus rouge que rouge. Encore un peu et il serait comme une cocotte-minute sur le feu, de la fumée lui sortirait des oreilles.
— Je… commença Izuku, je… j'ai vraiment dit ça ?
Bakugo fit signe que oui, Izuku gémit en se cachant à nouveau le visage derrière ses mains.
— Et ? tenta Bakugo. C'était vrai ?
Izuku eut l'air tellement embarrassé, qu'il donnait l'impression qu'il allait se transformer en flaque de gêne. Bakugo sentit l'espoir monter dans sa poitrine et il se rapprocha d'Izuku.
— C'était vrai ? insista-t-il.
Izuku finit par acquiescer sans oser le regarder. Bakugo attrapa ses mains pour voir son visage cramoisi et murmura :
— Ce n'est plus la drogue qui parle ?
— Non.
— Tu m'aimes ?
— Oui, murmura Izuku.
Bakugo se sentit comme si on lui avait vraiment décroché la lune. Il ne put empêcher un sourire mûrir sur ses lèvres, et les joues un peu rouges lui aussi, il dit :
— Ça tombe bien, parce que moi aussi.
Izuku le regarda :
— Sérieusement ?
— Oui.
— Oh.
Bakugo se rapprochera encore, puis attrapa la main d'Izuku pour l'attirer à lui.
— Va falloir que tu t'enfuies si tu ne veux pas, parce que dans trois secondes je vais t'embrasser.
Un
Deux…
Izuku posa sa bouche sur la sienne le premier, lui volant un baiser. Il tenta de se reculer ensuite, mais Bakugo resserra sa prise sur son poignet et l'attira à lui pour l'embrasser à son tour. Leurs cœurs en résonnance battaient comme des dingues, et leur embrassade dura, dura, dura.
Quand ils se séparèrent enfin, Bakugo enveloppa Izuku dans ses bras.
— Je ne comprends pas, fit-il.
— Quoi donc ?
— Les personnes qui droguent les autres pour leur faire des trucs sans leur consentement. C'est tellement mieux quand l'autre est d'accord.
— Tu trouves que c'était bien ? murmura Izuku sans doute à nouveau tout rouge.
— Très bien, répondit Bakugo.
Puis il embrassa sa joue, tout près de son oreille.
— Je t'aime tellement que ça me tue, dit-il.
— Je t'aime tellement que ça me rend dingue, renchérit Izuku.
Bakugo se sentit bien, heureux.
Comme un sucre dans un café.
Il sourit, ferma les yeux, et garda Izuku contre son cœur longtemps.
Fin.
L'autatrice : Et voilà une petite fic. Comme je pense que Bakugo et Izuku ne sont pas du tout du genre à prendre des stupéfiants, j'ai tourné ça autrement. Merci à mon amie Maëve pour l'idée du barman.
