Prompt : Jeux de main - c'est toi le chat


Retour en enfance.

Certains Alter pouvaient avoir des effets… plutôt inattendus. Entre celui qui provoquait des fous rires ou celui qui faisait vomir des grenouilles, on pouvait facilement croire un peu en toutes sortes de pouvoirs différents. Certains étaient carrément inutiles comme celui de pouvoir tendre le cou comme une girafe, d'autres vraiment dangereux comme celui de pouvoir transformer en une sorte de loup-garou et de transformer les gens en charpie.

Mais ni Bakugo ni les autres ne s'attendaient à ce qu'Izuku soit touché par un Alter… qui le ramène en enfance. Ce dernier avait toujours l'apparence d'un adolescent de seize ans, mais se comportait comme un enfant de quatre ans. Et on avait désigné le blond pour le baby-sitter, comme s'il était tout à fait la personne de la situation.

Pourtant Bakugo était loin d'être à l'aise avec les mômes et il ne comprenait pas pourquoi on lui refourguait le paquet le temps que les effets de l'Alter se dissipent. Le blond ne savait pas quoi faire de cet Izuku-enfant, il n'avait aucune idée de comment le gérer.

La situation était plus qu'étrange, Izuku était assez musclé et plus grand qu'un enfant de quatre ans, il ressemblait à un gars de seize, presque dix-sept ans, mais il parlait et se comportait comme un tout petit. On avait essayé de lui expliquer ce qu'il se passait, mais même s'il paraissait comprendre, il n'arrivait tout simplement pas à être lui-même. Il n'était qu'un gosse. Et vraiment, vraiment, Bakugo n'avait pas envie de lui torcher les fesses parce qu'Izuku avait fait caca et qu'il ne savait pas bien s'essuyer.

C'était un véritable cauchemar.

— Si tu sais pas te torcher le cul tout seul, je te fous des couches, gronda Bakugo.

Izuku en eut les larmes aux yeux, mais, toujours cul nu, il retourna dans les toilettes et sans doute fit-il de son mieux, avant de tirer la chasse.

Des situations comme celles-ci, que certains nommeraient cocasses, Bakugo en vivait dix par jour. Izuku qui se trimballait à poil partout avant d'aller prendre sa douche et qui demandait à ce qu'on lui lave le dos. Izuku qui avait le nez qui coule et qui léchait sa morve au lieu de se moucher. Izuku qui rotait à table et explosait de rire. Izuku qui trainait un doudou (à l'effigie d'All Might) absolument partout avec lui. Izuku qui faisait accidentellement pipi au lit et qui pleurait toutes les larmes de son corps parce que c'est un grand maintenant et il ne devrait plus, forçant Bakugo à le rassurer en disant que les petits accidents arrivaient et que ce n'était pas grave. Quand bien même le blond qui défaisait les draps pour les laver avait envie d'exploser le lit au complet.

Bakugo en avait souvent plus que marre, mais heureusement, il y avait des moments plus calmes. Izuku adorait les films et dessins animés de super-héros, alors de temps à autre le blond le casait devant le téléviseur. Pas trop longtemps, histoire de ne pas lui griller les neurones. Bakugo avait beau dire, il était plus responsable qu'il ne voulait bien le montrer. Il cuisinait à l'ado-enfant des légumes et toutes sortes de plats sains pour lui. Il acceptait un gâteau pour le goûter. Il limitait les écrans. Et il jouait avec le garçon.

Izuku voulait jouer à All Might contre les vilains, TRÈS souvent, et Bakugo devait soit jouer le méchant, soit jouer la personne qu'Izuku sauvait. Cela se résumait souvent à une partie de cache-cache, ou bien à un « je t'ai touché c'est toi le vilain ».

Bakugo lui racontait des histoires avant qu'il ne s'endorme, et devait parfois lutter avec Izuku qui refusait de dormir tôt.

— Pi c'est pas juste parce que toi bah tu vas pas dormir !

— Mais moi je suis grand, grognait Bakugo.

— Moi aussi je suis grand, j'ai quatre ans.

Et Izuku montrait fièrement quatre doigts.

Bakugo levait les yeux au ciel, le bordait et lui faisait un bisou sur le front pour chasser les cauchemars – sous l'insistance d'Izuku qui jurait qu'il n'arriverait jamais à dormir sans son bisou.

Et des fois l'ado-gosse avait des terreurs nocturnes, alors Bakugo se réveillait à ses cris et venait le bercer. Tout en s'endormant à moitié avec Izuku, parce que le blond n'avait pas l'habitude de veiller la nuit.

Au bout d'un moment, sans s'en rendre compte, Bakugo s'était habitué à cet Izuku.

— Dis Kacchan, c'est quand j'aurai un Alter ?

La question figea le blond au milieu de l'histoire qu'il lui racontait. Techniquement Izuku avait un Alter, celui qu'All Might lui avait donné. Mais il ne s'en rappelait pas, et se croyait donc sans Alter. Il attendait impatiemment son pouvoir sans savoir toute la vérité.

— Bientôt, promit Bakugo, si tu es sage.

— Toi t'as ton Alter et t'es pas sage du tout, bouda le faux gosse.

Bakugo grogna :

— Je suis très très sage.

Izuku croisa les bras :

— T'es un menteur Kacchan ! En plus il est trop cool ton Alter.

Bakugo leva le nez tout fier :

— Bien sûr que oui.

Izuku lui tira la langue et lui donna une petite tape sur le bras.

— Tu sais ce qu'on dit Izuku, jeux de main, jeu de…

— Je suis pas un vilain, coupa Izuku, moi je vais être un super héros comme All Might et toi !

Bakugo finit par étirer ses lèvres :

— Et tu le seras.

— Pour de vrai ?

— Oui pour de vrai.

— Vraiment, vraiment, vraiment ?

Bakugo ferma le livre qu'il tenait dans les mains et le rangea puis doucement, embrassant le front d'Izuku pour veiller sur son sommeil, il murmura :

— Vraiment, je te le promets.

Izuku lui offrit un tel sourire, que le cœur de Bakugo s'en retrouva chamboulé et qu'il lui fallut dix secondes à reprendre ses esprits. Ce n'est qu'un gosse, il n'a que quatre ans, ne fais pas de bêtises.

Le blond se leva, borda Izuku et quitta sa chambre après avoir allumé sa veilleuse. Parce que même les meilleurs des super-héros pouvaient avoir peur dans le noir.

Les jours se succédèrent et une routine s'installa. Bakugo s'habituait, et Izuku le suivait partout comme son ombre, lui faisant une confiance complètement aveugle. C'était plutôt gratifiant d'une certaine façon, mais Bakugo s'inquiétait pour l'ado-enfant, l'Alter paraissait ne pas vouloir s'estomper et il espérait qu'Izuku ne resterait pas coincé ainsi dans cet âge qui n'était pas le sien. Les autres, de temps à autre lui venaient en aide. Kaminari racontait des blagues stupides à Izuku, Kirishima lui parlait des biens faits de la virilité, Jiro lui faisait écouter de la musique, Uraraka s'amusait à le faire voler en annulant sa gravité, et on bouchait les oreilles d'Izuku quand Mineta était dans les parages.

— Il est tellement craquant, disait Momo, on a presque envie qu'il reste comme ça toute la vie.

Elle plaisantait bien sûr, mais ça ne faisait pas rire Bakugo.

Ce n'était pas bon. Ce n'était pas sain. Izuku avait déjà eu quatre ans, il devait maintenant redevenir un adolescent.

Bakugo avait emmené Izuku avec lui pour faire quelques courses quand un vilain avait fait son apparition dans la supérette. Son corps était fait de pics dont les pointes paraissaient suffisamment acérées pour s'empaler dessus. Il réclamait l'argent de la caisse en menaçant toutes les personnes du magasin. Bakugo ne fut pas assez rapide et pourtant, il aurait dû le voir venir. Izuku se mit devant lui comme si c'était le rôle d'un môme de quatre ans de protéger un adolescent de seize ans. Il était comme ça cet idiot, peu importe son âge, et Bakugo n'avait pas pu le retenir de crier :

— Tu peux pas voler les gens ! cria Izuku attirant l'attention du vilain.

Bakugo soupira, attrapa la main d'Izuku avant que celui-ci ne se fasse empaler par les piques du méchant.

— Le petit a raison, grogna-t-il, tu ferais mieux d'abandonner cette idée et de te rendre, renchérit le blond.

Cela ne fit qu'échauder le vilain qui s'approcha d'eux à toute vitesse, les piques pointées dans leur direction. Bakugo allait le faire exploser et un sourire s'affichait déjà sur son visage, sur et certain de sa réussite. Et il aurait gagné, évidemment, si ce maudit Izuku ne l'avait pas poussé de toutes ses forces, loin de lui. Peut-être que ce dernier avait la mentalité d'un enfant de quatre ans, mais il avait toujours son Alter et Bakugo fit un vol plané jusqu'à l'autre bout du magasin.

— Tu touches pas à Kacchan, cria l'ado-enfant.

Bakugo eut soudainement très très peur pour Izuku, mais le regard de celui-ci parut changer, comme s'il maîtrisait à nouveau son Alter.

— Personne ne fait de mal à Kacchan, cria-t-il.

Puis il se jeta sur les piques de l'homme, sauf qu'au lieu de s'empaler sur ceux-ci, il réussit à l'envoyer valdinguer contre le mur du fond. Le vilain retrouva ses piques coincées dans le mur et fut incapable de s'en retirer. Il n'y avait plus qu'à appeler la police pour qu'elle vienne s'en occuper.

Bakugo se remit debout et s'approcha d'Izuku :

— Putain de sale gosse, gronda-t-il, tu aurais pu te faire tuer !

Comme s'il n'avait rien entendu, Izuku demanda :

— Tu vas bien Kacchan ?

— Parfaitement bien.

— Tant mieux alors, sourit Izuku.

Bakugo souffla pour freiner les mouvements de son cœur. Il avait eu peur, mais c'était autre chose qui faisait vibrer le tambour entre ses côtes.

— Et toi tu vas bien ?

Izuku regarda ses propres mains comme s'il les voyait pour la première fois, puis il acquiesça. Bakugo l'observa. Quelque chose avait changé, quelque chose paraissait différent, plus net, plus vrai. Izuku ne dodelinait plus de la tête comme un gamin, même sa voix paraissait redevenue plus mature.

— Oui je vais bien, je crois ! répondit Izuku en se frottant les cheveux avec gêne.

— Tu es redevenu toi-même ? constata Bakugo.

— Je crois. C'est de voir ce méchant foncer sur toi, mon sang n'a fait qu'un tour et tout à coup mon esprit s'est éclairci et…

— Tu n'as pas pu t'empêcher de me sauver, alors que je maitrisais la situation, conclut Bakugo grognon.

— C'est ça…, fit Izuku tout gêné.

Bakugo roula des yeux, mais posa une main affectueuse contre son crâne :

— Content de te revoir ! dit-il.

Et pour lui foutre un peu la honte et se venger de ce qu'il lui avait subir ces derniers jours, Bakugo ajouta :

— Tu vas pouvoir te torcher le cul tout seul maintenant, ricana-t-il.

Izuku devint rouge tomate écrevisse. Le sourire moqueur de Bakugo s'agrandit et il finit par exploser de rire. Soulagé que tout se soit bien terminé et de retrouver son Izuku. Celui de seize ans.

— J'aurais dû me douter que vouloir jouer au héros te ferait revenir, dit-il.

Izuku grimaça :

— Je ne jouais pas, je voulais vraiment te protéger.

— Mais oui, mais oui, fit Bakugo, comme si moi j'avais besoin d'être protégé, surtout d'un type aussi pitoyable, ajouta-t-il en pointant l'homme aux piquants toujours coincé dans son mur.

Izuku gêné finit par admettre :

— Bon tu as peut-être raison, tu ne risquais pas grand-chose contre lui.

Il eut un petit rire et regarda Bakugo droit dans les yeux. Ils se sourirent comme s'ils partageaient un secret. Puis Bakugo finit par lui donner une tape à l'arrière du crâne :

— Les courses vont pas se faire toutes seules, dit-il, et comme tu n'as plus quatre ans, tu porteras, c'est ta punition.

Izuku l'accepta sans trop rechigner.

Désormais qu'il était redevenu lui-même, il n'avait plus besoin de l'aide de Bakugo, ni d'être aussi proche de lui non plus. Mais le blond avait pris ses habitudes, et il trouvait toujours une excuse pour se retrouver en compagnie de son ami. C'était pour cette raison que là, assit sur le lit d'Izuku alors que celui-ci était allongé, il prit un gros livre entre ses mains :

— L'histoire de ce soir risque d'être bien plus longue, tu as intérêt à te concentrer.

Izuku secoua la tête et ne put s'empêcher de rire.

— Tu es sérieux Kacchan ?

— Complètement, répondit le blond sans esquisser le moindre sourire.

Ce qui n'arrangea pas l'hilarité d'Izuku.

— Mais ce livre fait au moins sept cents pages.

— On en lira un petit peu chaque soir, répondit Bakugo, maintenant tu te tais et tu écoutes.

Izuku, toujours souriant, acquiesça.

Bakugo avait trouvé le moyen de garder Izuku un peu plus longtemps près de lui, il ne s'en priverait pas. Alors il ouvrit l'ouvrage et commença la lecture.

Puis, sans y penser, quand le chapitre fut terminé, il borda Izuku et embrassa son front. Un geste machinal qu'il avait fait par habitude. Il devint rouge en comprenant ce qu'il venait de faire et voulut s'enfuir de la chambre, mais Izuku le retint en attrapant son poignet :

— C'est le bisou chasseur de cauchemars, dit-il. Ça ne me dérange pas, j'espère qu'il y en aura d'autres.

Bakugo osa le regarder, Izuku avait les joues très rouges, mais il souriait et ses yeux pétillaient de contentement. Le blond lui fit un signe de tête pour sceller une sorte d'accord, et quitta la chambre.

Et ainsi, commença leur rituel, où au fil des jours, Bakugo lisait un ou deux chapitres selon leur longueur, et embrassait le front d'Izuku. Jour après jour après jour après jour. Jusqu'à ce qu'Izuku attrape une nouvelle fois son poignet et murmure :

— Je suis plus un enfant Kacchan.

La phrase voulait tout dire.

Et le cœur battant, les joues toutes rouges, Bakugo osa enfin faire ce dont il rêvait chaque soir. Plutôt que poser ses lèvres sur le front d'Izuku, il les posa sur sa bouche. Et avant de s'enfuir comme un voleur, il murmura :

— J'espère que cela fera fuir tes cauchemars.

Bakugo entendit le rire d'Izuku résonner à travers les murs et les parois de son cœur un bon moment.

Fin.

L'autatrice : une nouvelle fic que j'ai trouvé marrante à écrire.