Prompt : Avec mon idole - toi, toi mon tout mon roi


À l'abri des caméras.

Je n'aimais pas spécialement les interviews, passer à la télé, ou voir ma photo dans les journaux. C'était un mélange de timidité et de pudeur. À vrai dire, même des années après Yuei, je ne savais toujours pas comment répondre aux questions des journalistes, je bégayais devant les caméras et appareils photo, je voulais seulement aller me cacher dans un trou de souris. Certes c'était galvanisant d'une certaine façon de voir qu'on prenait en compte ce qu'on appelait mes exploits (et que je préférais nommer mes sauvetages), mais c'était aussi beaucoup trop gênant et intimidant. Je n'arrivais à vraiment m'exprimer que sur les questions plus techniques. Quand on me demandait comment fonctionnait mon pouvoir ou de parler des autres super-héros.

Les autres, mes amis, étaient bien plus à l'aise que moi, même si leurs propos n'étaient pas toujours hyper pertinents (je pense par exemple à Mineta qui pouvait décrire les mensurations de la femme qu'il avait sauvée ou simplement de Kacchan qui gueulait qu'il avait tout fait péter).

Donc en général, si j'arrivais à m'enfuir avant l'arrivée des journalistes sur les lieux, je le faisais. On pouvait bien me surnommer Deku-le-timide ou n'importe quoi d'autre du même genre, cela me convenait ainsi. Je n'étais pas un super-héros de la lumière, qui prenait toute la place à l'écran. Je sauvais les gens, j'essayais d'aider le plus possible, d'être partout à la fois, et il m'arrivait de m'épuiser pour les autres. Mais quand arrivait les flashs des photographes, pouf je m'éclipsais.

Même si j'adorais All Might, au final je n'arrivais pas à être comme lui, à insuffler de l'espoir à travers un sourire et un message. Moi je bégayais ou je disparaissais. À vrai dire, c'était bien plus facile pour moi de laisser la place à Kacchan, lui il fracassait l'écran et personne ne l'oubliait jamais.

Ce n'était pas grave, c'était bien ainsi. J'adorais voir Kacchan, j'adorais allumer la télévision et entendre parler de ses exploits, quand bien même la plupart du temps j'étais moi aussi sur place. Il me charriait pour ça. Il regardait l'écran de la télévision avec moi et faisait des commentaires du genre :

— Tiens voilà ton super-héros préféré.

Ou encore :

— Je le connais pas celui-là, mais il est pas mal beau.

Ça me faisait sourire. Ça menait à des taquineries entre nous, jusqu'à ce que les taquineries se transforment en flirte et que sans le voir venir, nous nous sommes embrassés. On avait ensuite parlé des heures, de ce qu'on ressentait, de ce qu'on désirait, de la vie qu'on voulait. Ensemble était le mot qui revenait le plus souvent. Ensemble, voilà comment on avait toujours fonctionné et comment on fonctionnait encore, mais différemment.

On n'avait mis personne au courant, mais nos amis l'avaient vite compris. Ils avaient sans doute su avant nous comment ça allait se finir entre Kacchan et moi. Ils avaient gardé ça pour eux bien évidemment, donc je n'avais aucune idée de comment les médias avaient fini par l'apprendre.

Peut-être nous avaient-ils pris sur le fait, en civil, en train de marcher main dans la main dans la rue, ou avaient surpris un baiser qu'on s'échangeait dans la voiture avant de rentrer chez nous, je l'ignorais, peu importe à dire vrai comment ils l'avaient su. Le problème c'était que maintenant, ils voulaient qu'on en parle.

On se trouvait là, Kacchan et moi, tous les deux, sur les gravats d'un champ de bataille. Épuisés, mais heureux d'avoir réussi à sauver tout le monde et arrêté les vilains. Ma première pensée à la fin du combat était pour le bain que je prendrais en rentrant, mais les journalistes nous avaient très vite entourés et j'avais su que le bain devrait attendre.

Quand ils avaient posé la question fatidique « est-il vrai que vous entretenez une relation amoureuse ? », Kacchan et moi nous étions regardés fixement, un peu trop longtemps sans doute, et ils ont eu leur réponse sans qu'on ait eu besoin de dire quoi que ce soit.

Après on ne les arrêtait plus.

Depuis quand ?

Qui avait fait sa demande ?

Envisagions-nous d'aller plus loin et de nous marier ?

Vivions-nous ensemble ?

J'avais la tête qui tournait tandis que je sentais Kacchan au point de rupture, prêt à tous les envoyer balader. J'avais posé une main rassurante sur son bras, il m'avait regardé comme s'il hésitait entre tout faire exploser et me prendre dans ses bras et fuir. Et moi, qui détestais les interviews, qui n'arrivais pas à aligner deux mots corrects quand je me retrouvais au centre d'une attention que je n'avais pas désiré, j'avais pris les choses en main. J'avais ouvert la bouche pour simplement dire :

— Kacchan est mon idole, mon super-héros et surtout mon compagnon. Et oui, je l'aime. Le reste ne vous regarde en rien. Si vous avez le temps pour ce genre de questions, vous aurez bien le temps d'aider la population à nettoyer les gravats et à donner un peu d'argent pour pouvoir rebâtir cet endroit.

Kacchan m'avait regardé avec une douceur incomparable dans le regard. Ce n'était pas une image rare, mais il l'offrait très très peu en public. J'avais senti mon cœur fondre et je me suis retenu de ne pas l'embrasser. Je ne voulais pas que notre relation se retrouve sous les feux des projecteurs. Les journalistes paraissaient dépités, mais avaient continué à insister jusqu'à ce que Kirishima, Mina et Uraraka arrivent et prennent les choses en main. Kacchan et moi avions besoin de nous reposer, et il fallait nous laisser partir maintenant. Kacchan avait pris ma main dans la sienne puis m'avait entraîné avec lui au loin, à l'abri du monde.

Une fois chez nous, il m'avait serré contre lui, m'enroulant dans ses bras, et il avait embrassé mon crâne. Nous étions restés ainsi dix secondes ou dix minutes et mon cœur battait vite et fort et je me sentais si bien, comme dans un cocon.

— Tu as été super là-bas, m'avait-il dit.

Il n'avait pas précisé si c'était au cours du combat contre les vilains ou contre les journalistes.

— Tu es mon super-héros et mon idole, à moi aussi, avait-il ajouté.

Et les derniers mots furent ceux que j'aimais le plus, les plus beaux à entendre quand ils étaient sincères.

— Et je t'aime.

J'avais levé le nez pour pousser le sien avec le mien. Et il m'avait souri comme un idiot béat. Oui mon Kacchan était explosif comme un feu d'artifice, mais au fond de lui, il pouvait être aussi doux que de la guimauve, et j'aimais toutes ses facettes. Ses moments grognons comme ses moments tendres.

C'était pour ces raisons que j'avais posé mes lèvres sur les siennes la toute première fois, c'était pour ces raisons encore que je le refaisais chaque jour. Et même si je devrais sans doute subir les questions des journalistes pendant un temps, ça en valait la peine.

Parce que Kacchan était plus que mon idole, il était mon tout, mon toit, mon chez moi.

Fin.

L'autatrice : un petit machin, n'hésitez pas à me donner vos avis.