Prompt : Huis clos - quatre murs et toi et moi.


Enfermé dans la plus haute tour.

Le prince Izuku vivait en haut de la plus haute tour de son château. Il avait une minuscule fenêtre, à peine une fente dans le mur qui lui permettait assez peu de voir l'extérieur. Sa chambre n'était pas très grande, il avait un lit en baldaquin, une cheminée, un endroit pour stocker le bois, un placard qui était plus rempli de livres que de vêtements, un bureau où s'entassaient des parchemins, des plumes, de l'encre. Et sur le sol encore plus de livres dans de gigantesques piles inégales. Sa porte se fermait de l'extérieur, seuls quelques élus en possédaient la clé et elle contenait un passe-plat pour permettre aux domestiques d'y mettre des plateaux de nourriture et à Izuku de les rendre.

Il vivait là, enfermé, comme s'il était puni indéfiniment pour une bêtise qu'il n'avait jamais commise. Ses parents faisaient en sorte qu'il ait toujours à manger et à boire. De temps en temps un domestique (toujours le même) venait s'occuper de son seau pour ses besoins, et lui donnait de quoi se laver, prenait son linge sale et en ramenait du propre. Les meilleurs précepteurs venaient lui donner des cours pour lui parler de pays qu'il ne verrait sans doute jamais, pour lui raconter la vie des gens qu'il ne côtoierait pas, pour lui enseigner tout un tas de trucs dont il n'aurait pas l'utilité, enfermé dans sa chambre. Hormis le domestique cité plus tôt, seuls eux avaient accès à une clé et pouvaient entrer dans la pièce. Ils étaient mis au secret et bien entendu risquaient la peine de mort s'il osait en parler ou tenter de faire sortir le prince. Personne ne s'y était jamais essayé.

Les parents d'Izuku n'étaient pas spécialement cruels, ils faisaient quand même en sorte que leur rejeton ait tous les livres qu'il désire, et quand il se retrouvait seul, Izuku se plongeait dans mille histoires, mille voyages qu'il ne ferait jamais, avec mille compagnons qu'il n'aurait jamais.

Cependant, Izuku n'était pas dupe sur la « charité » de ses parents. S'ils le nourrissaient, lui offraient une éducation et de quoi s'occuper, c'était parce qu'il était le seul héritier de ce foutu pays. Il suffisait que la reine mette au monde un deuxième fils et sans doute serait-il oublié tout là-haut, seul, enfermé, et qu'un jour on retrouverait ses ossements et on se demanderait qui pouvait bien habiter cette chambre remplit de livres.

Izuku ignorait si les gens du royaume connaissaient son existence, et si c'était le cas, comment le nommaient-ils ? Étaient-ils devenus une sorte de légende ou d'histoire d'horreur qu'on racontait aux enfants pour qu'ils ne fassent pas de bêtises. « Tu vois, si tu ne fais pas ce qu'on te dit, tu seras enfermé dans la plus haute tour d'un château ».

Les parents d'Izuku avaient leurs raisons. Bonnes pour eux, et tant pis pour leur fils. Une sorcière avait maudit le prince à sa naissance. Elle lui conféra : la laideur, la bêtise, et jura qu'il serait le pire prince de tous ceux qui avaient été enfantés.

Izuku ne savait pas pour la laideur, déjà parce qu'il ne s'était jamais vu lui-même, mais surtout parce qu'il n'avait pas vraiment de point de comparaison. Il n'avait jamais trouvé particulièrement beaux ses précepteurs, était-il pire qu'eux ? Comme dans les histoires qu'il lisait : avait-il un groin à la place du nez ? D'horribles verrues partout ? Des yeux de différentes tailles ? Un visage déformé ? Ou ressemblait-il à un monstre comme la bête dans le conte ? Il avait tenté de se toucher avec ses doigts sans vraiment quoi en dire. Il ne sentait ni groin, ni verrue, ni cicatrice. Mais peut-être avait-il la peau bleu ou verte, la langue violette ?

Pour la bêtise, Izuku hésitait. Il ne se sentait pas vraiment bête, ni vraiment intelligent. Il savait lire, compter, et pouvait trouver tous les pays découverts en les pointant sur une carte. Mais il serait incapable de s'y retrouver, de savoir comment y aller. En fait, si on le libérait, il n'était même pas sûr de trouver sa route vers la sortie du château. Et comparé aux gens du royaume, il était peut-être le plus stupide de tous.

Enfin, Izuku se doutait bien qu'il était le pire prince. Un prince enfermé a bien du mal à répondre aux attentes de son peuple, tant de gens dont il ignorait tout. S'il avait des cours de politiques, il n'y comprenait rien. On lui parlait de comtes, de ducs, de riches gens, et de pauvres gens, et son précepteur passait son temps à souligner que le roi et la reine étaient les plus charitables, les pus grands dirigeants, les plus merveilleux. Izuku voulait bien le croire, mais il aurait quelques objections sur la façon dont le roi et la reine traitaient leur unique enfant.

Mais le prince Izuku prenait tout ça avec calme. Se mettre en colère n'aurait rien changé, mouiller son oreiller de larmes il l'avait fait des jours et des jours et ça n'avait servi à rien. Il avait supplié chacun de ses précepteurs, chacun des domestiques qui lui passaient sa nourriture, il avait demandé à au moins pouvoir parler au roi et à la reine, en vain.

Alors il avait simplement abandonné. Il apprenait ce qu'on lui apprenait, mangeait ce qu'on lui donnait à manger, il faisait en sorte de rester le plus propre possible, et lisait pour s'échapper de ces quatre murs.

Izuku venait d'avoir seize ans, une rare information personnelle qu'on lui indiquait chaque année, son âge. Cela lui permettait de savoir qu'un an avait passé. Son précepteur amoureux de la politique du pays venait de décéder, il l'apprit de la bouche d'un autre. Peut-être serait-il remplacé, peut-être pas. Izuku s'en fichait, si personne ne prenait la place de l'homme, cela lui donnerait plus de temps pour lire, plus de temps seuls à s'évader comme il le pouvait.

Le prince essayait de voir le monde à travers sa minuscule fenêtre, seulement capable d'apercevoir le ciel et le soleil, quand quelqu'un fit tourner la clé dans la porte. Izuku se retourna, s'attendant à voir son domestique ou un de ces précepteurs, mais un adolescent aux cheveux blonds que le prince n'avait jamais vu pénétra dans la pièce. Il avait l'air revêche, mécontent d'être là, il fusilla de ses yeux rouges ceux d'Izuku avant de les écarquiller comme s'il était surpris par quelque chose. Ceci dit cette expression s'effaça bien vite, tellement qu'Izuku pensa l'avoir rêvé. Le prince resta silencieux, il observait ce jeune homme sans lui venir en aide. Si Izuku était sans doute laid, cet adolescent était plutôt beau, selon les critères d'Izuku. Peut-être se trompait-il, il n'en savait rien. Soudain, l'adolescent s'exprima et le prince se concentra sur la conversation :

— Je suis le fils de votre ancien précepteur de politique, prince Midoriya. Je me nomme Katsuki Bakugo, je suis venu le remplacer.

— Vous paraissez bien jeune pour être précepteur.

— J'ai seize ans, répondit le garçon en relevant le nez.

— Moi aussi.

— Dans ce cas si vous êtes assez âgé pour qu'on vous ancienne la politique, je suis assez âgé pour vous l'enseigner.

Izuku n'était pas sûr de la science exacte de cette affirmation, mais il ne discuta pas. C'était étrange de voir quelqu'un de son âge, et pas désagréable.

— Vous pouvez m'appeler Katsuki, ajouta l'adolescent, et je vous appellerai Izuku.

— Dans ce cas, nous pouvons tout aussi bien nous tutoyer.

Le dénommé Katsuki n'eut ni l'air gêné, ni surpris.

— Très bien, faisons comme ça. Peux-tu me montrer ce que mon père t'a appris que je sache où je peux commencer ?

Izuku sortit tout un tas de parchemins écrits en pattes de mouche et Katsuki fronça les sourcils pour les lire. Il y en avait des pages et des pages, le père du jeune précepteur était assez prolixe et Izuku avait pour habitude d'en noter le plus possible.

— C'est vraiment n'importe quoi. As-tu vraiment écouté mon père ?

— Oui.

— Ne t'a-t-il donc qu'enseigné les potins de la cour ? Cela n'a rien de politique.

— J'ai noté ce qu'il m'a raconté.

Katsuki posa une main sur son visage et soupira d'agacement.

— Mon père était un peu excentrique, ronchonna-t-il. Nous allons tout reprendre depuis le début.

— Comme tu veux, fit le prince Izuku, pour ce que ça va changer.

— Il faut que tu sois prêt à reprendre les rênes du royaume, gronda Katsuki.

— Oui oui bien sûr s'amusa Izuku malgré lui.

Katsuki semblait croire qu'il allait sortir de cette chambre un jour, alors qu'Izuku était persuadé du contraire depuis longtemps. Bon sang, il venait d'avoir seize ans et il n'avait aucune idée d'à quoi ressemblaient ses propres parents, alors tout un royaume à gouverner ? C'était une plaisanterie.

— Cela n'a rien de drôle, se fâcha Katsuki.

— Écoute Katsuki, tu peux m'apprendre ce que tu veux, je t'écouterai, je prendrai des notes et j'apprendrai même ce que tu me racontes, mais ne crois pas qu'un jour par magie je sortirai de cette pièce pour gouverner le royaume.

— Le roi se fait vieillissant, c'est la suite logique de l'histoire Izuku.

— Ou bien le royaume est condamné et moi avec.

Katsuki secoua la tête et fit un geste brutal de la main :

— Cesse donc ces inepties. Commençons.

Obéissant, Izuku s'assit à son bureau, prit un parchemin neuf, trempa sa plume dans l'encre et attendit. Katsuki se racla la gorge, ouvrit la bouche, puis la referma.

— Il n'y a pas assez de lumière, se plaignit-il, comment fais-tu pour écrire ?

— J'ai l'habitude.

— Tu n'as pas de bougie ?

— Si, mais à quoi bon les user pendant la journée ?

— Pour y voir clair.

— J'y vois clair.

Katsuki s'empourpra l'air énervé, Izuku resta là, sans rien dire. Le blond allait devoir s'accommoder de cette pièce, du peu de luminosité, de la taille également. Ses grandes jambes le menaient d'un bout à l'autre de la pièce en deux pas et il donnait l'impression d'être une souris en cage. Izuku avait l'habitude de l'étroitesse, il vivait avec depuis toujours, mais le précepteur blond grommelait dans sa barbe inexistante que ce n'était pas un endroit convenable pour vivre, alors pour y étudier ? Impossible.

— On ne peut pas sortir dans le jardin ? proposa-t-il soudainement. Ou dans une plus grande pièce mieux éclairée ?

— On ne t'a pas mis au courant ? Je n'ai pas le droit de sortir d'ici.

— Bien sûr que l'on m'a mis au courant, mais c'est ridicule.

— C'est pourtant la vérité.

Katsuki ronchonna :

— J'ai cru que tous ces papiers et ces menaces n'étaient que des bagatelles, des contes pour enfants, et voilà que je découvre que tu es vraiment enfermé dans ta chambre dans ce château et pour des raisons qui m'échappent.

— Tu ne connais pas l'histoire ?

— La sorcière qui t'a rendu laid, stupide et nul comme prince ? Si, fit Katsuki, on me l'a rabâché encore et encore et encore jusqu'à en devenir dingue.

— Donc tu dois comprendre que…

Katsuki le coupa d'un ton brutal :

— Je ne crois pas aux sorcières, sortons d'ici !

— Tu n'es pas sérieux ! On va te couper la tête, et la mienne avec sans doute.

Le blond n'avait pas l'air perturbé par l'information.

— En tout cas, tu vas où tu veux, mais je ne bouge pas d'ici, fit Izuku.

— Qu'est-ce que ta tête a de si important pour que tu veuilles à ce point la garder ? questionna Katsuki.

— Euh et bien elle me permet de rester en vie.

Le blond fit le tour de la pièce de ses yeux et eut un air goguenard :

— Tu appelles ça une vie ? Si on m'enfermait dans une pièce aussi petite, je me ficherais qu'on me coupe la tête.

Izuku pinça les lèvres :

— Tu ne sais rien de ma vie.

— Non en effet, fit Katsuki, et si tu me racontais ? Je suis sûr qu'on en aura vite fait le tour.

Le prince ouvrit la bouche, puis la referma. Il l'ouvrit à nouveau, mais aucun son n'en sortit.

— J'attends, fit Katsuki en s'asseyant sur le lit et en le regardant droit dans les yeux. Provocant.

Gêné, Izuku se détourna.

— Et bien, je suis né, une sorcière m'a jeté un sort, on m'a enfermé ici avec une nourrice jusqu'à ce que je sois assez grand pour m'occuper de moi-même. J'ai des précepteurs qui viennent me donner des cours et je lis beaucoup.

Puis il se tut.

— Et la suite ? interrogea Katsuki. Je t'écoute, vas-y raconte moi ta vie, tu as une oreille où t'épancher, profites-en.

Sauf que c'était tout.

Izuku n'avait rien d'autre à dire.

Il essaya de broder.

— J'ai du bois pour faire du feu et j'ai bien chaud, on me donne des bougies, des livres, et de quoi manger et boire, ainsi que des vêtements qui font à peu près ma taille. On m'indique quand c'est mon anniversaire.

— Fascinant !

Izuku vit rouge.

— Tu ne sais pas ce que c'est, tu ne peux pas juger !

— Je ne juge pas, mais dès qu'on te donne l'occasion d'aller voir ailleurs, tu te plains. Peut-être que finalement tu aimes bien être enfermé ici.

Izuku se fâcha, il passa un bras sur son bureau envoyant valser tout ce qu'il y avait dessus. Parchemins, livres, encre et plumes. Il connaissait à peine ce nouveau précepteur et celui-ci lui rendait les choses compliquées. C'était la première fois que le prince se sentait autant à bout de nerfs.

Katsuki le regarda faire sans rien dire. Finalement il se leva :

— Bon la leçon d'aujourd'hui est terminée. À la semaine prochaine

Et juste comme ça, il sortit de la pièce.

Izuku n'entendit pas le verrou qui se tournait dans la porte. Katsuki avait-il oublié ou est-ce que l'esprit du prince lui jouait des tours ?

Il ne tenta pas de l'ouvrir.

À quoi bon ?

Il ne saurait même pas où il irait si la porte était réellement restée ouverte.

Izuku prit un livre, s'allongea sur son lit et en commença la lecture, mais il eut beaucoup de mal à se concentrer. Il repensait à ce Katsuki, ses yeux rouges, sa verve, sa colère, sa leçon de vie, son sourire goguenard et le fait qu'il n'avait peut-être pas fermé la porte à clé. Mais si, il l'avait fait, il l'avait fermé.

Néanmoins, Izuku n'eut pas le courage d'aller vérifier. Et puis quoi ? Il sortirait de sa chambre, se ferait attraper puis dans le meilleur des cas : réenfermer. Il souffla, ferma son livre d'un coup sec et maudit ce nouveau précepteur qui ne ressemblait pas du tout à l'ancien. Avait-il vraiment des liens de parenté d'ailleurs ou est-ce que Katsuki avait cherché à le tromper ? Et pour quoi faire ?

Izuku passa une très mauvaise nuit, se tournant et retournant dans son lit. Puis au matin, il décida d'oublier tout ça. Cela ne faisait que le rendre fou, le faisait souffrir, et il valait mieux ne pas penser du tout plutôt que d'avoir mal pour des choses qu'on ne pouvait pas changer.

Le reste de la semaine fut à l'image des autres.

Et puis Katsuki revint.

D'abord, il scruta Izuku avant de parler :

— J'ai voulu être trop rapide la semaine dernière, dit-il, pour le moment nous allons donc nous contenter des leçons de politique.

Izuku acquiesça, rassuré, il prit un parchemin et écouta la leçon. Qui ne ressemblait en rien à ce que l'ancien précepteur lui avait appris. Katsuki décrivait avec force et passion la façon dont les nobles s'enrichissaient, faisaient la fête, profitaient de la nourriture, quand le peuple subissait de longues journées de travails pour des récoltes qui serviraient surtout à remplir la panse déjà bien remplie des nobles. Ils étaient pauvres, ils subissaient parfois la famine, et vraiment, ils se fichaient de la soi-disant laideur et bêtise du prince, puisque la seule chose à laquelle ils pensaient c'était à comment ils allaient nourrir leur famille. D'ailleurs la plupart ignoraient même à quoi ressemblent le roi et la reine eux-mêmes, ils ne savaient sans doute même pas qu'ils avaient enfanté d'un rejeton qu'ils enfermaient.

Izuku arrêta de prendre des notes.

— Tu inventes, marmonna-t-il.

— Et pourquoi j'inventerais ?

— Ton père ne décrivait pas du tout le royaume de cette façon.

— Mon père était un fieffé imbécile qui n'avait aucune ambition et préférait cirer les chaussures de la noblesse pour se donner l'impression d'y avoir sa place.

— C'était ton père, pourquoi en dire du mal ?

— Je ne dis que la vérité, ce n'est pas ma faute si elle n'est pas reluisante. Heureusement, ma mère est une bien meilleure personne et elle m'a appris à réfléchir par moi-même et à ne pas faire des courbettes à tout va.

— Mais mes parents sont un bon roi et une bonne reine, il insistait là-dessus.

— Tes « parents », fit Katsuki en mimant les guillemets, ne sont bons que pour remplir leurs poches et leurs ventres. Ah et ils se félicitent d'avoir un petit prince enfermé dans une tour qui ne sort pas même quand on lui laisse la porte ouverte.

L'estomac d'Izuku se retourna.

— Tu avais donc bien laissé la porte ouverte la dernière fois.

— Oui, admit Katsuki.

Le prince se sentit mal, il avait la nausée, il voulait déchiqueter toute la leçon qu'il venait d'écrire. Katsuki le remuait, Katsuki cherchait la mouche, il retournait son monde, le mettant sens dessus dessous. Il troublait la tranquillité qu'Izuku avait mise en place durant des années.

— Et si j'étais sorti, je me serais fait attraper et enfermer à nouveau alors à quoi bon ?

— Qui t'aurait arrêté ? La plupart des gens ignorent à quoi tu ressembles.

— Mais je n'ai pas le droit de sortir, et pour aller où ? Je ne connais rien de ce qui se trouve en dehors de cette chambre. Et puis si je suis laid et stupide, je dois être facilement remarquable, les gens comprendraient qui je suis.

Katuki se pinça l'arête du nez comme pour s'empêcher d'exploser. Izuku le regarda faire en attendant la suite, peu curieux de savoir quelle nouvelle révélation pourrait bien lui faire le blond.

— Qu'est-ce que tu sais de la laideur et la beauté ? interrogea Katsuki.

— Pas grand-chose, admit Izuku, mais j'imagine que je dois être vraiment terrible pour qu'on m'enferme.

Le blond s'assit sur le lit et regarda longuement Izuku en silence.

— Est-ce que tu me trouves beau ou laid ? demanda-t-il enfin.

Le prince resta coi.

— Vas-y hein, lâche-toi, je suis ouvert à la critique, fit Katsuki.

Izuku le scruta malgré lui et de tous les gens qui venaient dans sa chambre, les précepteurs, son domestique attitré, et des visages qu'il devinait parfois à travers le passe-plat, Katsuki était celui qui paraissait le plus beau. Selon lui.

Le blond avait une coiffure particulière, ses cheveux semblaient vivants comme le crépitement du bois dans sa cheminée, ses yeux avaient la couleur du feu, et même avec son air fâché, Izuku lui trouvait du charme. Timidement, détournant le regard, il murmura :

— Je pense que tu es plutôt beau.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas, fit Izuku, c'est mon sentiment.

— Parce que je n'ai pas de cicatrices ? Parce que je n'ai pas de gros boutons ? Parce que je suis élancé et musclé ?

— Non. Je n'en sais rien. Je te trouve beau c'est tout.

Katsuki haussa les épaules.

— Tu sais quand on m'a raconté à quel point tu étais laid, je m'étais bêtement imaginé des trucs comme des difformités, un œil plus haut que l'autre, un visage sans nez, ou des oreilles trop grandes avec peut-être des poils qui en ressortiraient. Et je me suis rendu compte en te voyant que c'était stupide. Même si tu avais tout ça, qui décide de ce qui est beau ou laid ? Et d'ailleurs qu'est-ce que ça peut faire ? On ne demande pas au prince d'être beau, mais d'être juste. Et pour ce que j'en sais, Izuku, je ne te trouve pas laid du tout.

— Alors, dis-moi quelle difformité j'ai que tu ne trouves pas laide du tout ?

— Tu veux vraiment le savoir ?

Izuku hésita. Qu'est-ce que ça lui servirait de le savoir ? Il serait toujours coincé ici, il serait toujours le pire prince du royaume et le plus stupide.

— Peut-être, répondit-il évasivement.

— Tu veux te voir ?

— Pardon ?

— Je te demande si tu veux te voir.

Izuku resta silencieux jusqu'à ce que Katsuki sorte un petit miroir de poche de sa veste. Le prince eut un mouvement de recul. Non. Finalement il ne voulait pas savoir. Et si c'était vraiment aussi horrible que ça ? Et s'il se mettait à se détester ? Au moins, sans s'être vu il pouvait faire semblant, jouer au bel héros qui va sauver le monde comme dans ses histoires. Katsuki n'insista pas et rangea le miroir.

— Et de toute façon, peu importe, conclut Izuku, je reste stupide.

— Tu es stupide de te croire stupide, je veux bien l'entendre, sembla s'amuser le blond.

— Tu ne m'as vu que deux fois.

— Et tes conversations sont déjà dix fois plus intéressantes que la plupart des nobles.

— On a à peine parlé.

— C'est pour te dire à quel point ils sont bêtes.

Izuku commença à se mordre les ongles et lâcha :

— Mais je suis destiné à devenir le pire des princes enfantés.

— Bien sûr que tu vas devenir le pire.

— Tu vois.

— Parce qu'enfermé ici, je ne vois pas trop comment tu vas diriger quoi que ce soit.

Le prince eut l'impression de se prendre une claque. Bien sûr qu'il deviendrait le pire si on ne lui laissait pas sa chance. Il le savait déjà, mais l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre, rendait tout cela réel.

— Écoute, ça ne me dérange pas de rester à huis clos avec un prince. Quatre murs et toi et moi, ça peut être intéressant, mais tu es sûr de ne pas vouloir voir le monde de tes propres yeux ? Crois-moi il y a des beautés qui mérites vraiment qu'on s'y intéresse, et même dans la laideur, parfois on peut voir une lueur qui nous réchauffe le cœur. Tu pourrais courir, t'épanouir, vivre.

— Et on te coupera la tête.

— Ne crois-tu pas que ta liberté vaut bien quelques têtes coupées ?

— Je ne veux pas bâtir ma liberté sur le sang des autres.

Katsuki eut un fin sourire. Il se leva, s'approcha d'Izuku, posa sa main sur ses cheveux et se pencha vers lui pour le regarder droit dans les yeux, alors que leurs visages étaient vraiment proches.

— Certains s'en ficheraient, tu sais. Ça fait donc de toi quelqu'un de bien et ça, c'est ce qu'on veut d'un prince. Tu comprends ?

Izuku resta silencieux.

— Bon, je crois que c'est suffisant pour aujourd'hui, fit Katsuki.

Il se recula et Izuku se rendit compte qu'il avait arrêté de respirer. Il souffla.

— À la semaine prochaine petit prince, lui lança le blond.

Puis il s'en alla, laissant carrément la porte ouverte et Izuku l'entendit rire alors qu'il descendait les escaliers. Sous la panique, Izuku attrapa la porte et la ferma. Pour le verrou il ne pouvait rien y faire, mais tant pis, il ferait comme la semaine précédente, il ferait celui qui ne savait pas, qui n'était pas au courant. Il espérait que les bêtises de Katsuki n'auraient aucune conséquence sur le blond.

La semaine parut longue à Izuku. Les autres précepteurs l'endormaient avec leurs cours. La géographie n'avait plus aucun secret pour lui, mais on lui farcissait encore la tête de noms de ville et de pays, qu'il ne verrait jamais. Les mathématiques c'était sympa, mais son précepteur s'était arrêté à un niveau qui lui paraissait désormais trop rébarbatif et simple. Tous les livres dont lui parlait son précepteur sur la littérature, il les avait déjà lus et aurait pu en parler bien mieux que l'enseignant.

Et finalement Katsuki revint. Izuku dut se retenir de sourire, mais il se trahit quand même quand le blond grommela à propos des quatre mille marches qu'il fallait monter pour venir ici. Le blond décida qu'aujourd'hui ils ne parleraient pas de politique, à la place, ils discutèrent de bouquins et de géographie, mais de façon différente qu'avec les précepteurs. Katsuki interrogea Izuku sur ses goûts, et tenta de lui décrire les villes qu'il connaissait. Le plus fascinant pour le prince fut d'entendre parler de l'océan et des montagnes enneigées. Paysages qu'il n'avait pu qu'imaginer au cours de ses lectures.

— Si tu venais avec moi, je pourrais te montrer tout ça pour de vrai.

Katsuki avait abandonné sa façon de parler hautaine. Et Izuku, malgré ses peurs, se sentait séduit par l'idée d'aller avec lui. Voir tout ça en vrai. Toucher la neige, plonger dans l'eau, sentir le sable sous ses pieds nus ou courir dans un pré rempli de fleurs. Pas seulement pour de faux en lisant des livres, mais pour de vrai.

Les rendez-vous avec Katsuki devinrent de plus en plus importants pour Izuku. Le blond pouvait être colérique, mais espiègle, il avait peu de patience, mais écoutait Izuku. Ils pouvaient débattre durant des heures, si bien que le blond restait plus longtemps et oubliait l'heure. Jamais il ne fermait la porte à clé en sortant, mais jamais Izuku n'avait tenté de s'enfuir.

Plus qu'un précepteur et son élève, Katsuki et Izuku devinrent amis. Le prince n'en avait jamais eu, mais il savait que c'était de l'amitié – du moins il l'espérait. Il osa poser la question un jour au blond et celui-ci répondit :

— De l'amitié ou autre chose.

Et Izuku ne comprit pas.

Pas tout de suite.

Le prince attendait toujours impatiemment Katsuki, il se sentait seul et triste quand la tornade blonde disparaissait. Izuku savait qu'il allait devoir attendre une semaine pour le revoir, et plus le temps passait, plus cela lui paraissait insurmontable. Il n'écoutait plus ses autres précepteurs, il avait même presque perdu goût à la lecture, il ne pensait qu'à Katsuki et son cœur cognait contre ses côtes quand enfin le blond apparaissait devant lui. Izuku avait du mal à décoller ses yeux de Katsuki, et il laissait le blond prendre ses aises dans sa chambre, comme si cet endroit leur appartenait à tous les deux. Le précepteur ne faisait plus du tout son boulot, mais ça n'avait aucune importance, Izuku se sentait si bien avec lui, que sa simple présence était bien suffisante.

Le prince pensait que ça pourrait durer toute la vie. Il l'aurait souhaité tout du moins.

Mais les choses changeaient, bougeaient, rien n'était inaltérable. Et un jour, c'est un Katsuki complètement dépité qu'il accueillit au sein de sa chambre.

— Que se passe-t-il ? demanda Izuku.

— La reine est enceinte.

Le prince serait tombé s'il n'était pas assis. Ce n'était pas possible, ce n'était pas possible, ce n'était pas possible. Si la reine était enceinte, si elle accouchait d'un garçon, alors Izuku le savait, il était condamné.

— J'ai cru que tu pourrais devenir prince, mais ils vont sûrement se débarrasser de toi. Tu dois partir ! ordonna Katsuki.

— Pour aller où ? Peut-être va-t-elle accoucher d'une fille ?

— Tu es prêt à prendre le risque ?

Izuku n'en savait rien, il était perdu, la nouvelle lui faisait l'effet d'un coup de masse qui l'étourdissait. Katsuki lui parlait, Katsuki lui criait après, mais le prince avait la tête qui tournait.

— Je ne peux pas, murmura-t-il, je ne peux pas partir.

— Si tu le peux, cria Katsuki, tu le peux et tu vas le faire ! Maintenant !

— Non, tu ne comprends, je ne peux pas.

— Non je ne comprends pas, arrête d'être aussi bête bon sang, faisons-nous la malle, maintenant !

Izuku secoua la tête et n'écoutait aucun argument, si bien que Katsuki l'attrapa par le col :

— C'est donc ça la vie que tu veux ? Attendre que ta génitrice ait un nouvel héritier ? Et que tout le monde t'oublie jusqu'à ce que tu meures ici ?

Des larmes coulèrent des joues d'Izuku, et Katsuki frustré le repoussa brutalement.

— La vérité Izuku, si tu veux vraiment la connaître, elle se trouve là-dedans !

Et le blond posa sur le bureau le petit miroir de poche qu'il gardait dans sa poche. Izuku détourna les yeux. Katsuki arrêta de crier et souffla :

— La vérité Izuku, c'est que je t'aime. Que tu sois laid, bête ou que tu n'aies pas les capacités à être un bon prince, tout ça m'est égal. Parce que même si c'était vrai, tu es la personne la plus gentille, la plus drôle et la plus intéressante que j'ai rencontrée dans ma vie. Et je ne dis pas ça à tout le monde. Je ne le dis à personne. Les gens me déplaisent, les nobles sont horriblement ennuyants, les autres n'ont bien souvent pas le temps pour la conversation. Avec toi c'est différent. Avec toi tout est différent. Réfléchis bien Izuku à ce que tu veux réellement.

— On te coupera la tête, murmura Izuku.

— On se cachera s'il le faut, ce n'est pas comme si le monde n'était pas suffisamment vaste pour ça.

— Je ne peux pas, murmura le prince.

Katsuki attrapa Izuku en posant ses deux mains sur ses joues et embrassa sa bouche, rien qu'une seconde. Le blond devait savoir qu'il avait merdé, qu'on ne faisait pas un truc comme ça sans le consentement de l'autre, mais c'était sans doute tout ce qu'il avait trouvé pour convaincre Izuku.

Le prince cependant resta planté là en disant qu'il ne pouvait pas, que c'était impossible et Katsuki secoua la tête et sortit de la chambre, sans fermer la porte.

Izuku resta assis sur sa chaise, comme enraciné. Il sentait encore la bouche de Katsuki contre la sienne et il n'en revenait pas. Son cœur battait comme un fou. Son esprit se battait entre son statut de prisonnier et son envie d'être avec Katsuki. Et tant pis si on leur coupait la tête, au moins ils seraient tous les deux.

Alors le prince finit par prendre son courage à deux mains, il attrapa le petit miroir sur son bureau et l'ouvrit. Il ferma les yeux un long moment, très long moment, et enfin, il eut le courage de regarder.

En face, un garçon avec de grands yeux verts le regardait. Ses cheveux, de la même couleur, étaient un peu longs - on les lui coupait rarement - et en désordre. Son nez était au milieu de son visage. Sa bouche était un peu rouge, peut-être à cause du baiser. Ses joues, parsemées de taches de rousseurs, l'étaient aussi, sûrement pour la même raison. Izuku chercha une difformité, quelque chose, une cicatrice, un détail. Mais le garçon qui se trouvait dans le miroir était plus banal que laid. Du moins selon sa propre vision, sa propre imagination.

Était-ce lui qui n'avait pas les bons codes de la beauté selon le royaume, ou était-il enfermé ici depuis seize ans pour… rien ?

Izuku s'était toujours un peu détesté, s'était aussi souvent senti coupable d'être ce garçon qu'on est obligé de cacher à cause de sa laideur, de sa bêtise. Mais en se voyant dans ce miroir, son monde s'écroulait. Tout ce en quoi il avait cru, tous ceux qui étaient rentrés dans cette chambre sans jamais lui dire la vérité, tout absolument tout n'était qu'un mensonge. Et pourquoi ? Pour quelles raisons ses parents l'avaient-ils rejeté ? Pourquoi ? POURQUOI ?

Izuku se sentait lourd, déprimé, détruit aussi et en colère, très en colère. Contre lui-même qui n'avait jamais cherché à savoir la vérité, qui s'était laissé abuser, qui avait été ce pauvre petit prince enfermé dans sa tour avec ses livres alors qu'il aurait pu être libre. Libre.

La porte était toujours ouverte et Izuku se leva. Il fit un pas, puis un autre.

Où irait-il ? Il ne connaissait rien du monde.

Et alors ? Il pourrait aller partout. Partout ! Se perdre dans l'immensité d'une prairie ou dans l'ombre d'une forêt. Il pourrait chercher l'océan. Gravir des montagnes. Voir le ciel bleu et son soleil doré. Sentir la pluie couler sur lui. Goûter les flocons de neige. Rire avec le vent.

Alors Izuku, sortit de la pièce, de sa prison où il s'était enfermé lui-même. Il descendit quelques marches avant de tomber nez à nez avec Katsuki.

— J'ai parié que tu finirais par sortir, fit le blond, je suis content que tu l'aies fait. Tu as regardé le miroir ?

Izuku acquiesça.

— Tu n'es pas laid, ajouta le blond.

— Non.

— Tu es même plutôt mignon, continua Katsuki.

Izuku resta muet, mais ses poings se serrèrent à cause de la colère. Il était plutôt mignon et pendant seize ans on l'avait enfermé !

— Et tu n'es pas stupide, ni un mauvais prince. Tout ça, c'était des mensonges.

— Pourquoi ? lâcha-t-il d'un coup. Je veux voir mes parents et leur demander, pourquoi ?

— La réponse doit être simple, j'imagine que tu es un fils bâtard qu'ils gardaient sous le coude, des fois qu'ils n'aient plus le choix. Mais il s'avère qu'ils vont peut-être l'avoir.

Izuku sentit des larmes de colère rouler sur ses joues. Katsuki prit sa main.

— Allez, viens. Partons.

— Où ?

— Où tu voudras.

— Dis-moi d'abord qui es-tu vraiment ? Pourquoi fais-tu tout ça pour moi ?

Katsuki soupira.

— Je te l'ai dit, je suis le fils de ton ancien précepteur. Il rêvait de se faire un nom, de gagner un titre, il te mentait lui et tous les autres. Quand il est mort, j'ai demandé à ma mère de prendre son rôle. On s'est longuement battu, elle trouvait ça stupide, mais elle a fini par rendre les armes. J'étais seulement curieux, je voulais voir de mes propres yeux le petit prince que mon père décrivait comme la créature la plus laide et la plus bête de tout le royaume. Et au final… Je suis tombé sur toi. Izuku. Je suis tombé sur toi et tu n'étais rien de ce qu'il disait. Alors j'ai compris. En un éclair j'ai compris. Tout n'était que mensonge et je devais tout faire pour te sortir de là. Je ne prévoyais pas de t'aimer au passage, mais tu es si intelligent, si sérieux parfois et si drôle à d'autres moments, un peu maladroit, tellement mignon et tellement vrai, mon cœur n'a pas résisté.

— Tu ne m'as pas menti alors.

— Non.

— Tu n'as pas peur qu'on te coupe la tête ?

— Non. Ça aura vraiment valu le coup.

Izuku essuya ses larmes de sa main libre et de l'autre serra les doigts de Katsuki.

— Tu veux toujours voir tes parents pour les confronter ?

— Non, je m'en fiche, je veux juste disparaître.

Katsuki sourit de toutes ses dents.

— Alors, disparaissons. Viens !

Et le blond le guida dans le château. Ils croisèrent ce qui devait être des domestiques, mais aucun ne fit attention à eux. Personne ne reconnut Izuku, parce que comme l'avait souligné Katsuki très peu de monde l'avait vu. Ils sortirent par une petite porte sans doute réservée au personnel et Izuku cligna plusieurs fois des yeux pour s'habituer à la lumière du jour. Il était dehors et il en eut le souffle coupé. Incapable de faire un pas de plus, il se mit à trembler.

— Tu as passé seize ans en huis clos, maintenant le monde entier t'appartient. Qu'est-ce que ça te fait ?

Izuku ancra ses pieds au sol, prit une grande inspiration, même l'air était différent, rien à voir avec celui qu'il respirait depuis toujours. Le vent caressa ses joues et fit voleter ses cheveux. Il était libre.

Izuku était libre.

— J'adore, répondit-il.

Et il sourit à Katsuki. Un sourire tellement sincère, si honnête, rempli de bonheur et de joie, que sans doute le blond retomba amoureux.

— On y va ? demanda celui-ci.

Izuku fit signe que oui :

— On y va.

Et sans un regard en arrière, ils laissèrent derrière eux le château.

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Comment réagirent le roi et la reine ? Et bien, leur fils maudit avait disparu au profit d'un nouveau qui leur plairait sans doute plus, alors ils laissèrent couler. Ils ne firent rien. Ils ne cherchèrent pas à retrouver Izuku sans même penser que celui-ci pourrait désirer se venger, revenir rechercher sa place de prince, récupérer son royaume.

Mais Izuku n'en avait que faire du trône. Le monde était si grand et il avait la vie devant lui pour le découvrir. Main dans la main de Kacchan, surnom qu'il avait fini par lui donner. Izuku s'émerveillait de tout, il avait hurlé de joie devant son premier arc-en-ciel, il avait tenté de respirer chaque fleur, il avait appris à grimper les montagnes, il avait plongé dans l'océan et avait failli se noyer, il avait tenté de grimper aux arbres, il voulait tout voir, tout toucher, tout découvrir et Kacchan le suivait partout, le guidait, lui apprenait, l'aimait. Izuku avait appris à parler aux gens des endroits qu'il traversait, il avait fini par comprendre la différence entre amitié et amour, la ligne pouvait être fine, mais ce qu'il éprouvait pour Kacchan : le cœur qui battait à toute vitesse en le voyant, cette envie de passer sa vie à ses côtés, leurs rires qui se perdaient dans le ciel, tout ça, c'était de l'amour.

De temps à autre ils entendaient parler de la légende d'un prince maudit enfermé dans la plus haute tour d'un château, et ils préféraient s'en amuser – même si Izuku avait souffert pendant seize ans, il rattrapait désormais tout le temps perdu. Au final, personne ne reconnut jamais Izuku, et Kacchan garda sa tête. Ils n'étaient que deux personnes qui traversaient le monde.

Pour le monde entier, ils n'étaient personne, mais pour eux, ensemble, ils étaient les maîtres du monde entier.

Fin.

L'autatrice : bon j'espère que cette fic vous plaira, l'idée m'est venue comme ça un peu au pif et voilà ce que ça a donné au fur et à mesure que j'écrivais. Ça fait déjà quelque temps qu'elle est écrite, mais j'ai eu du mal à la corriger et à la poster. Bref, n'hésitez pas à me donner votre avis.