Le week-end était arrivé alors Emma se laissa aller un peu plus longtemps dans son lit, elle avait terriblement mal dormi durant la nuit. En réalité, elle avait eu beaucoup de mal à s'endormir et s'était réveillé à de nombreuse reprise à cause de ses cauchemars qui avaient pourtant cessés depuis plusieurs mois. Finalement, en comprenant qu'elle ne retrouverait pas le sommeil, elle quitta son lit et enfila rapidement un pantalon de pyjama à la place de son short. Discrètement, elle descendit les escaliers en s'attachant les cheveux et se dirigea directement vers la cuisine. Elle se servit un grand verre d'eau froide, attrapa ses boites de cachets, elle en prit un de chaque et les avala rapidement en fermant les yeux. Peu après la naissance de sa fille, son psychiatre, Archie Hopper lui avait prescrit des tranquillisants mais aussi des antidépresseurs de peur qu'elle ne tienne pas le coup face à tout ce qui se passait dans sa vie, face à tout ce qui lui tombait dessus en si peu de temps. Depuis, elle n'avait jamais arrêté son traitement, Archie lui affirmait qu'arrêter était une très mauvaise idée au vu de son état psychologique et elle, au fond, elle savait qu'elle tenait debout seulement grâce à ses fichus comprimés. Elle soupira doucement et passa doucement ses mains sur son visage pour tenter de se réveiller. La blonde se servit un nouveau verre d'eau au robinet et le but d'une traite. Elle jeta un rapide coup d'œil à l'horloge de sa cuisine avant de commencer la préparation du petit déjeuner pour ses enfants. Elle lança de la musique sur son téléphone et suivit à la lettre la recette des pancakes qu'elle connaissait à présent par cœur à force de la réaliser. Elle laissa la préparation reposer pendant quelques minutes avant de commencer à les faire cuire dans le plus grand des calmes. Une fois terminée, elle attrapa sa montre et grimpa les escaliers en direction de la chambre de sa petite fille. Elle commença par ouvrir les rideaux de la chambre pour laisser de la lumière entrer et s'assit tranquillement sur le bord du lit, elle ne put s'empêcher de sourire en admirant sa petite tête blonde dormir en respirant paisiblement. Elle vint doucement lui caresser les cheveux et la laissa émerger tranquillement. Lorsqu'elle vit ses magnifiques yeux chocolat s'ouvrir, son sourire s'élargit encore plus si cela était possible.
« Bonjour ma chérie. Tu te lèves ? » Souffla doucement Emma.
Alice hocha doucement de la tête et se frotta les yeux avant de se redresser dans son lit tout en gardant sa peluche contre son petit corps. Emma attrapa le carnet et, comme la veille, comme tous les autres jours, elle mesura la tension à sa fille mais aussi sa fréquence cardiaque qu'elle annota dans le carnet avant de venir retirer le masque qui recouvrait le nez de sa fille. Elle lui déposa un doux baiser sur le front et éteignit son appareil à oxygène.
« Et si on allait réveiller Henry ? » Sourit Emma en lui tendant la main.
Alice sauta hors de son lit en gardant sa pelucha avec elle et prit délicatement la main de sa mère. Ensemble, elles se dirigèrent vers la chambre du petit brun et l'enfant ne perdit pas une seule seconde, elle grimpa avec un peu de difficulté sur le lit de son frère, s'allongea à côté de lui et tapota doucement sur sa joue en souriant. Emma la laissa faire et ouvrit les rideaux pour laisser la lumière du jour entrer dans la pièce. Henry finit par ouvrir les yeux et glissa son bras autour de sa petite sœur en souriant, il la garda contre lui pendant un petit moment avant de se redresser pour sourire à sa mère qui les observait depuis le coin de la pièce. Finalement Alice tira son frère hors de son lit et ils descendirent manger leur petit déjeuner. Emma leur tendit leurs assiettes remplies de pancakes et de fruit coupés avant de leur servir à chacun un bon verre de jus d'orange. Ils déjeunèrent tranquillement pendant que la blonde sirotait paisiblement son café bien chaud en picorant de temps à autres un petit morceau de fruit dans la coupelle devant elle. Elle vérifia que sa fille avait bien prit ses médicaments et lui déposa un doux baiser sur son petit nez. Une fois finit, elle laissa ses enfants aller dans le salon et elle débarrassa la table avant de faire rapidement la vaisselle. Elle les rejoignit ensuite et s'assit au sol pour rester auprès d'eux, Alice adorait dessiner depuis qu'elle savait tenir un stylo dans ses mains et Henry aimait par-dessous tout écrire des histoires alors, très souvent le petit brun écrivait de magnifique histoire pour sa sœur et la petite blonde s'amusait à faire de splendide dessin pour son frère. Ils pouvaient passer des heures à écrire et dessiner et, à chaque fois, Emma ne se lassait pas de les regarder faire. Elle avait toujours aimé les voir interagir ensemble, les voir jouer ou se sourire, les voir prendre soin l'un de l'autre et les voir s'aimer tendrement. Elle était si heureuse de voir se lien fusionnel qui exister entre ses deux enfants. Le bruit de la sonnette de la porte d'entrée la tira plutôt violement de ses pensées, elle sursauta et sourit doucement à ses enfants qui se retenaient visiblement de se moquer d'elle. Elle embrassa le front de sa fille, ébouriffa les cheveux de son fils et partit ouvrir la porte.
« Maman ? Papa ? Allez-y, entrez. » Sourit-elle en les laissant passer devant elle.
« Où sont donc mes petits-enfants préférés ? » Lança Marco après lui avoir embrassé la joue.
« Ce sont nos seuls petits enfants. » Rappela Ingrid en souriant à son mari.
« Et donc ce sont mes préférés. » Fit l'homme en entrant dans le salon.
Ingrid soupira doucement face au comportement de son mari puis prit sa fille dans ses bras avant de lui embrasser les deux joues comme elle le faisait à chaque fois. Elle entra à son tour dans le salon et réceptionna facilement Alice qui lui sauta dans les bras en criant de joie. Elle parsema délicatement son visage de doux baiser en la faisant doucement rire avant de la poser au sol et de prendre Henry dans ses bras. Après une séance de baiser et de câlin, elle les laissa en compagnie de son mari et rejoignit sa fille qui était restée dans l'embrasure de la porte. Toutes les deux se dirigèrent vers la cuisine où Emma prépara deux chocolats bien chauds avant de plonger un bâton de cannelle dans chaque tasse et d'entrer dans la salle à manger pour pouvoir discuter tranquillement avec sa mère pendant que ses enfants jouaient sagement avec son père.
« Tu portes toujours ta bagues ma chérie. » Constata Ingrid sans méchanceté.
« Maman… » Souffla Emma en baissant les yeux.
« Pourquoi refuses-tu de l'oublier ? Tu souffres tellement alors que tu pourrais être heureuse au bras d'une femme ou d'un homme qui t'aimera et qui se rendra compte de la chance qu'il ou elle a de vous avoir tous les trois dans sa vie. » Fit la femme aux cheveux blond qui tiraient énormément vers le blanc.
« Parce que ce serait comme si j'oubliais la meilleure partie de moi. Ça serait oublier celle qui m'a appris à vivre. Même si maintenant ça me tue, au fond de moi, je sais que je ne me permettrais jamais de l'oublier. Parce qu'on n'oublie pas la seule personne qui nous a appris à aimer et à être aimé en retour. » Répondit la blonde en sentant son cœur lui faire mal comme à chaque fois qu'elle venait à parler d'elle.
« Ma chérie… tu peux réapprendre à aimer auprès de quelqu'un d'autre. » Assura Ingrid en lui prenant délicatement la main.
« Elle est mon plus beau souvenir, ma blessure la plus profonde et mon amour le plus intense, mon seul amour à vrai dire. Je l'ai aimé avec tant d'ardeur et de fougue qu'il ne m'est tout simplement plus possible de ressentir ça à nouveau. Même si je ne la retrouverais sans doute jamais, je ne veux pas prendre le risque de donner mes sentiments à quelqu'un d'autre, parce que l'aimer comme je le fais ça n'arrive pas deux fois. C'est la chose la plus précieuse que je possède. » Avoua Emma en haussant lascivement des épaules.
Une goutte d'eau salé perla des yeux émeraude de la photographe qui se dépêcha de la chasser du revers de la main même si sa mère l'avait parfaitement vu. Elle ne voulait pas se montrer faible mais tout le monde savait que ce sujet-là était beaucoup trop lourd, beaucoup trop sensible, beaucoup trop dur pour elle. Au fond, elle savait qu'elle avait besoin d'en parler pour extérioriser sa peine, sa douleur, sa colère mais en parler la faisait tellement souffrir. Quelle était la différence dans sa vie lorsqu'elle n'en parlait pas ? Aucune. Il n'y avait aucune différence. Elle souffrait absolument chaque seconde, de chaque minute, de chaque heure, de chaque journée. Qu'elle parle de ses maux ou qu'elle les garde enfouit au fond d'elle, la douleur était bien présente et se vide présent dans son cœur la tourmentait jour et nuit.
« Tu penses souvent à elle ? Tu souffres souvent de son absence ? » Questionna doucement Ingrid qui voulait pousser sa fille à se confier.
« Tout le temps. Je pense à elle quoi que je fasse, que je sois dehors et entouré ou seule chez moi. Je pense à elle partout où je vais. Je suis accro à elle, tout simplement. Il me suffit d'un rien pour penser à elle et souffrir. Une musique, une date ou un endroit et les souvenirs reviennent et me torturent. Son absence me transperce le corps de toute part. Je la ressens à chaque instant de ma vie, je la vois partout, tout me rappelle sa présence. Ce manque m'envahit, il me détruit et je ne serais bientôt plus que poussière s'il continue de me dévorer ainsi. » Soupira Emma en contractant sa mâchoire pour ne pas éclater en sanglot.
« La douleur finira par partir pour laisser place à la douceur du souvenir. » Assura Ingrid en se demandant quoi faire pour soulager sa fille.
« Non maman, je ne pense pas non. Je suis condamnée à souffrir jusqu'à ce que je m'éteigne d'épuisement. Un peu comme une bougie qui se brule, qui se consume jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. » Fit doucement la blonde. « Je ne suis sans doute pas faite pour être aimé. » Ajouta-t-elle finalement avant de se lever.
Rapidement, sans doute trop rapidement, elle quitta la salle à manger en laissant sa mère totalement désarmée derrière elle. Elle quitta la salle à manger pour se réfugier dans la cuisine et laisser les larmes, qu'elle avait bien trop retenu, couler librement le long de son visage, pour laisser sa peine éclater dans son cœur meurtri. Elle s'appuya contre l'évier et se laissa aller à sangloter silencieusement pour ne pas attirer l'attention sur elle. Sa mère était déjà suffisamment troublée par leur discussion. Son père ne supporterait pas de la voir aussi mal. Ses enfants ne devaient se douter de rien, ils ne devaient surtout pas voir la douleur qui l'habitait chaque jour. Elle s'offrit quelques minutes rien qu'à elle, quelques minutes où ses larmes coulèrent librement, quelques minutes où elle laissa son cœur souffrir pleinement avant de reconstruire sa muraille qui l'empêchait de craquer face à sa famille, face à ses amis, face à ses enfants. Finalement, elle se passa un peu d'eau sur le visage pour faire disparaitre les traces qu'avaient laissés ses larmes et soupira profondément avant de retourner dans le salon où sa mère se trouvait déjà. Elle lui sourit tristement et s'installa entre ses deux enfants qui regardaient sagement un Disney à la télévision avec leur grand-parent. Alice resta blottie contre le torse musclé de son grand-père mais attrapa tout de même la main de sa mère en soupirant tout doucement tandis qu'Henry se blottit contre Emma qui l'entoura avec son bras de libre.
« En partant, maman a détruit toutes les étoiles dans tes yeux et a tué tes rêves. Je te promets de faire en sorte de réparer chaque partie de ton cœur maman. » Souffla doucement Henry en serrant les hanches de la blonde.
Emma soupira doucement et tristement en resserrant sa prise autour du petit corps de son fils avant de lui déposer un délicat baiser sur ses cheveux de jais. Elle lança un léger coup d'œil vers ses parents qui l'observaient et tenta de se concentrer sur le dessin animé qui passait à la télévision.
