Emma soupira doucement en entrant dans son salon, sa maison était silencieuse, bien trop silencieuse à son gout. Henry et Alice avaient décidés d'aller sagement faire leur devoir à l'étage, chacun dans leur chambre ce qui rendait soudainement le manoir bien vide or, la blonde détestait le vide, elle détestait le silence. Elle avait bien essayé de faire du bruit, elle avait fait la vaisselle, nettoyé toute la cuisine puis elle s'était mise dans l'idée de faire un gâteau mais elle avait finalement renoncé. Elle n'avait aucune idée de quoi faire mais elle devait faire cesser ce silence. Ce silence pesant qui l'avait accueilli six ans plus tôt alors qu'elle rentrait d'une longue journée de boulot. Ce silence dans lequel elle entendait encore les échos de sa propre voix lorsqu'elle répétait le nom de sa femme, ce soir-là. Elle ne voulait pas de silence, pour le bien de son cœur, elle ne pouvait pas rester dans ce silence qui faisait remonter tant de souvenir plus douloureux les uns que les autres.
Une voiture qui n'était pas garée sur la place de parking de l'immeuble. Un trousseau de clé présent dans le pot à l'entrée alors que d'habitude il trainait dans absolument tout l'appartement. Une veste qui ne se trouvait pas accrochée au porte manteaux. Un sac à main qui n'était pas simplement posé sur l'une des chaises dans la salle à manger. Toutes les fenêtres qui étaient fermés comme le matin lorsqu'elle avait quitté le loft. Un appel qui n'avait reçu pas reçu de réponse, si ce n'était le silence qui devenait peu à peu pesant. Les rideaux du salon qui n'était pas tirés. Un second appel qui n'avait encore une fois aboutit à rien. Un froncement de sourcils et des inquiétudes qui grandissaient. Lui était-il arrivé quelque chose ? Des escaliers grimpés en quatrième vitesse. Un troisième appel qui percuta le silence de plein fouet. Le porte du bureau ouvert à la volé. Un ordinateur marquant sur le meuble. La porte de la chambre conjugale d'ouverte à son tour. Le lit toujours parfaitement fait. Les draps du lit qui n'était pas même un tout petit peu froissé. Seul détail intriguant, la porte de la salle de bain d'entrouverte. Des produits de beauté qui manquaient à l'appel sur le lavabo. Un shampoing à la pomme qui n'était plus à sa place. Une trousse de maquillage qui avait tout simplement disparu. L'inquiétude qui disparait pour laisser place à la panique. Rien d'autre que la panique. Une panique qui n'avait pourtant aucune raison mais une panique qui était bien présente et qui lui retournait douloureusement l'estomac. L'armoire d'ouverte rapidement, plus de la moitié des affaires qui avait disparu. Une douleur de plus intense qui lui foudroyait soudainement le cœur. Des larmes qui menaçaient de couler. Des livres manquants dans la bibliothèque commune. Un silence assourdissant qui planait dans le loft entier. Un numéro de téléphone composait. Une sonnerie. Deux sonneries. Puis la messagerie. Était-ce une sombre blague ? Un nouvel appel de lancer. Une sonnerie. Deux sonneries. Et à nouveau la messagerie. Un soupire de lassitude lâche, des larmes qui commençait à couler et la vue qui commençait à se brouiller. Un nouvel appel de tenter. La messagerie directe. Une colère sans nom qui apparait soudainement. Un cri de colère et de rage. Le téléphone qui se retrouvait lancé à travers l'entrée du loft. Les larmes qui coulaient à présent librement le long de ses joues. Une main délicatement posée sur son ventre et des rêves qui s'envolaient. C'était fini. Elle était partie. Elle l'avait abandonné.
Emma secoua doucement sa tête pour remettre ses idées en place, ce n'était pas le moment pour penser à ça, ce n'était pas le moment de penser tout simplement. Dieu qu'elle détestait le silence. Elle attrapa son téléphone portable et se laissa lourdement tomber dans son canapé avant de se couvrir avec le plaid qui se trouvait toujours sur le dossier du canapé. Elle brancha ses écouteurs à son téléphone, les glissa dans ses oreilles et observa son plafond sans grand intérêt. Sur un air de Debussy, elle se laissa aller complètement dans son canapé. Elle se laissa porter par les douces notes de musique et s'empêcha de penser, elle ne voulait pas penser, elle voulait seulement profiter d'un petit moment de calme sans penser à rien ni à personne. Surtout à personne. Ses yeux dévièrent de son plafond au sapin qui clignotaient dans le coin du salon et un doux sourire se dessina sur ses lèvres en repensant à la journée qu'ils avaient passé tous les trois en compagnie de Regina. Ils avaient passé une très bonne journée tous ensemble. Une bien trop bonne journée. En présence de la brune, Henry avait retrouvé son si beau sourire d'enfant innocent et comblé, Alice avait semblée heureuse de sa compagnie et elle, elle avait senti son âme devenir plus légère, son estomac se faire agréablement retourner à chaque sourire et son cœur rater un battement à chaque rire. Elle ferma les yeux et se mit à sourire un peu plus si cela était possible, son cœur se retrouva enivré par une douce chaleur qui sortait d'absolument nulle part. En voyant Henry, Alice et Regina faire le sapin de noël, elle avait vraiment eu l'impression de voir une petite famille, sa petite famille. Sa femme et ses enfants. Elle attrapa doucement l'un des coussins du canapé et le plaqua sur son visage en grommelant doucement. Elle qui ne voulait penser à personne se retrouvait en train de penser à Regina. Elle se frappa le front, elle se trouvait vraiment stupide de penser à cette magnifique brune qui faisait battre son cœur. Elle retira finalement ses écouteurs en soupirant bruyamment, elle devait à présent trouver un autre moyen de ne pas penser. Elle déverrouilla son téléphone portable dans l'espoir de s'abrutir le cerveau en faisant quelques parties de Candy Crush mais ses yeux s'écarquillèrent avant même qu'elle n'ait le temps de lancer l'application, elle ne s'en était pas rendu compte mais les minutes avaient défilé à une vitesse folle si bien qu'il était à présent l'heure pour elle d'aller préparer à manger pour ses enfants. Elle s'apprêtait à se lever du canapé lorsqu'elle sursauta en entendant des coups être frappé à la porte d'entrée. Qui pouvait bien leur rendre visite à une heure pareille ? Elle soupira doucement et se dirigea lentement vers sa porte d'entrée sans grande ambition et ouvrit celle-ci sans prendre la peine de chercher à savoir qui était la personne qui se trouvait dans son perron.
« Regina ? » Soupira-t-elle doucement en haussant des sourcils.
Qu'avait-elle fait au bon dieu ? Elle n'en avait aucune idée mais celui-ci devait avoir une certaine rancœur contre elle pour faire apparaitre devant sa porte d'entrée la seule personne à qui elle ne voulait pas penser mais qui monopolisait constamment ses pensées. Cette même personne qu'elle refusait de voir mais qu'elle cherchait du regard au Granny's. Cette femme qui provoquait son sourire en faisant battre son cœur mais qui provoquait également ses larmes en condamnant son âme à la damnation éternelle. Cette femme qui représentait le oui et le non, le chaud et le froid, le bien et le mal, l'assurance et la fuite.
Elle expira doucement tout l'air qui était présent dans ses poumons et tenta de calmer son cœur qui ne pouvait s'empêcher de s'emballer dès qu'elle apercevait, voyait ou même pensait à la magnifique brune. Elle releva doucement le visage vers son interlocutrice et l'observa de haut en bas du coin de l'œil. Ses cheveux de jais étaient bouclés et ils encadraient son doux visage de manière indisciplinée, sa veste en cuir noire posée sur ses épaules contrastait avec sa robe de couleur bordeaux qui mettait délicieusement ses formes en avant. Comment le petit cœur d'Emma pouvait survire alors que Regina se présentait devant sa porte en étant aussi belle ?
« Qu'est-ce que tu fais là ? » Demanda-t-elle finalement après plusieurs minutes de silence.
« Je... je voulais vous emmener diner mais après la scène de la patinoire, je pense que tu ne me laisseras jamais vous emmener, les enfants et toi, en dehors de la ville, et puis je n'avais pas vraiment envie d'aller diner au Grannys avec vous puisque ma marraine me déteste et ne se gêne pas pour me faire savoir que mon comportement ne lui a pas du tout plut. Tu sais très bien que ce petit restaurant est parfait mais les rumeurs y courent tellement vite. Du coup, je me suis dit que je pouvais vous inviter pour vous faire le repas mais je dors dans une chambre au-dessus du Granny's, donc je ne peux pas cuisiner ni même vous y inviter. » Répondit la brune en souriant doucement.
« Viens-en au fait. » Soupira la blonde.
« Je me suis dit que, peut-être, tu me laisserais entrer chez toi pour vous préparer un bon petit repas. » Proposa Regina en l'observant.
« Pourquoi est-ce que je te laisserais faire le repas de ce soir alors que je peux le faire moi-même ? » Questionna Emma en fronçant des sourcils.
« Parce qu'Henry adorait mes lasagnes et que tu n'as jamais su les faire. » Répondit naturellement la brune avec un léger sourire en coin qui agaça la blonde.
Emma soupira doucement et baissa les yeux au sol en faisant rapidement travailler ses méninges. Devait-elle la laisser entrer et préparer ce repas ? Était-ce vraiment une bonne idée ? Allait-elle supporter de la voir évoluer dans son espace personnel ? Pouvait-elle seulement refuser cette offre ? Henry finirait forcément par apprendre la venue de Regina, comment allait-il réagir ? Allait-il lui en vouloir ? Après tout, il avait tout de même fait des centaines de kilomètres pour retrouver Regina ce qui laissait clairement sous-entendre qu'il voulait la voir, passer du temps avec elle, retrouver sa deuxième mère tout simplement. La blonde soupira à nouveau, son cœur balançait. Elle voulait passer du temps avec elle. Rattraper le temps perdu. La voir sourire et l'entendre rire. Mais au fond, elle ne voulait pas la voir. Elle ne voulait pas renouer ce lien qu'elles avaient perdu. Ce lien qui avait disparu en six ans. Ce lien que Regina avait détruit en fuyant lâchement. Elle passa doucement sa main sur son visage et releva finalement la tête.
« D'accord. » Lâcha-t-elle finalement.
Un immense sourire illumina le visage de Regina, elle sourit de toutes ses dents et repartit vers sa voiture qui était garée derrière celle d'Emma dans l'allée du manoir. Elle sortit un sac de course bien remplit de son coffre ainsi qu'un imposant bouquet de fleur. Elle revint vers la blonde qui n'avait pas bougé de l'embrassure de la porte d'entrée.
« Trente-six roses rouges pour la plus belle des femmes. » Informa la brune en lui offrant ledit bouquet.
Emma la laissa entrer dans le manoir et lui indiqua la cuisine d'un simple signe de la main en observant attentivement la trentaine de fleur qu'elle tenait à présent dans les mains. Elle tourna sur elle-même, ferma la porte à l'aide de son pied et rejoignit Regina qui semblait déjà comme chez elle dans la cuisine. La blonde la regarda faire, un sourcil légèrement haussé, et remplit un vase pour y déposer ses magnifiques fleurs. Une petite carte cachée entre deux imposante fleurs attira son attention, elle l'attrapa et s'assit sur le plan de travail. Ce simple geste la perturba instantanément. Elle avait toujours eu cette très mauvaise habitude de s'asseoir sur le plan de travail lorsque sa mère faisait à manger quand elle était plus jeune, lorsque Regina faisait à manger quand elles avaient aménagé ensemble, mais elle avait vite perdu cette habitude lorsqu'elle s'était retrouvée seule. Habitude qu'Henry avait évidemment attrapé à force de la voir faire mais lui aussi, il l'avait perdu plus ou moins rapidement. Elle ne comprenait pas pourquoi, soudainement, elle avait eu envie de venir s'asseoir sur le plan de travail alors qu'elle aurait pu s'asseoir sur l'un des tabourets qui se trouvaient autour de l'ilot principale. Elle se tendit en sentant une légère tape sur sa cuisse, elle releva la tête du morceau de papier qu'elle tordait dans tous les sens avec ses doigts et plongea immédiatement dans les deux prunelles chocolat de Regina. Elle avait l'impression d'être remontée, six ans plus tôt, lorsqu'elle s'asseyait sur le plan de travail pour observer sa brune cuisiner mais elle n'était pas remontée dans le temps, elle n'observait pas la jeune femme en train de cuisine et ce n'était pas sa brune, ce n'était plus sa brune depuis six longues années. Regina, un léger sourire un coin, lui rappela qu'il ne fallait pas poser ses fesses là où se trouvait la nourriture, cette phrase elle lui avait tant répété pendant des années avant de disparaitre. Emma sentit un léger pincement dans son cœur et répondit, bien plus sèchement qu'elle ne le voulait, qu'elle était chez elle et qu'elle n'avait d'ordre à recevoir de qui que ce soit. La brune ne lui dit rien, elle se reconcentra simplement sur la préparation de ses fameuses lasagnes. Après de longues, très longues secondes, la blonde se décida enfin d'ouvrir la petite carte qu'elle tenait en main et lut le message qui y était écrit dans une douce écriture plaisante à lire, ronde et appliquée.
« Les Roses sont Rouges
Les Violettes sont Bleues
Toi, Tu es Belle
Et Moi Amoureuse...
R »
Elle soupira doucement et, du bout des doigts, elle retraça discrètement le contour de ses lettres arrondies. Elle n'avait plus aucun doute, le bouquet qu'elle avait reçu quelques jours plus tôt à son studio venait bien que Regina. L'écriture était la même. Elle avait passée tellement d'heure à fixer ce petit mot qui lui avait arrachée un doux sourire qu'elle était à présent capable de reconnaitre l'écriture parmi cent autre.
« Pourquoi ? » Souffla-t-elle finalement sans quitter le morceau de papier des yeux.
« Pourquoi quoi ? » Fit bêtement Regina en fronçant des sourcils.
« Les fleurs. Pourquoi les fleurs ? » Soupira la blonde en levant les yeux au ciel.
« Pour te redonner les sourires que j'ai parfois pu te faire perdre. » Répondit tout naturellement la brune.
Emma posa son regard sur Regina qui cuisinait toujours avec le plus grand des calmes, elle l'observa de haut en bas, l'analysa longuement sans parvenir à comprendre la plaisanterie. Pourquoi diable lui disait-elle des choses pareilles ? Ella baissa à nouveau le regard vers le petit morceau de papier et le replia avant de le glisser délicatement dans la poche arrière de son pantalon. Elle soupira doucement et passa doucement sa main sur son visage en fermant les yeux, ce n'était vraiment pas le bon moment pour écouter les battements bien trop rapides de son cœur alors elle sauta du plan de travail et attrapa les assiettes pour dresser la table dans la salle à manger. Elle s'occupa de la table, prépara ses médicaments ainsi que ceux de sa fille et finalement, en voyant que Regina ne semblait pas avoir besoin d'aide, qu'elle semblait avoir déjà pris ses marques dans sa cuisine, elle grimpa les escaliers pour prévenir ses enfants. Elle entra dans la chambre d'Henry mais il n'y avait personne alors elle entra dans la chambre d'Alice, pensant les retrouver en train de jouer tous les deux mais en réalité, ils étaient tous les deux allongés dans le lit, profondément endormie avec Swan blottis tous contre eux. Un immense sourire se dessina sur ses lèvres, ils étaient tellement mignons tous les deux. Elle s'approcha doucement d'eux, s'assit sur le bord du lit et les observa quelques secondes. Finalement, en entendant du bruit en bas, elle se décida à les réveiller.
« Encore quelques minutes mamans... » Soupira Henry en enfouissant son visage dans l'oreiller.
« Bah alors, qu'est-ce qui vous a fatigué comme ça ? » Rigola-t-elle en les voyant avoir autant de difficulté à se réveiller.
« Les mathématiques. » Marmonna doucement Alice en grimaçant.
« Je vois. » Rigola Emma, elle non plus elle n'aimait pas les mathématiques. « Mais là, il est l'heure de se lever, Regina est venue exprès pour vous faire des lasagnes et puis ma chérie, tu ne peux pas aller dormir sans prendre tes médicaments. » Reprit-elle en souriant doucement.
« Regina est là ? » Répéta le brun en ouvrant les yeux.
« On mange des lasagnes ? » Fit la petite blonde en se redressant.
Emma ne put s'empêcher de rigoler un peu plus du comportement de ses enfants, elle caressa doucement les cheveux de sa fille et la prit dans ses bras en la voyant bailler à nouveau. Henry sauta du lit, frotta énergiquement ses yeux et prit le chaton dans ses bras pour descendre les escaliers. Arrivé au rez-de-chaussée, il sauta presque dans les bras de Regina en souriant. En les voyant dans les bras l'un de l'autre, Emma sentit son cœur s'emballer un peu plus et, soudainement, elle se dit qu'elle voulait voir ce genre de scène plus souvent. Voir son fils aussi heureux plus souvent. Voir son fils plus heureux auprès de sa deuxième mère plus souvent. Mentalement, elle se gifla. Elle savait bien qu'elle n'avait pas le droit d'espérer quoi que ce soit, Regina les avait déjà abandonnés une fois et elle finirait bien par les abandonner une seconde fois mais au fond d'elle, son cœur ne pouvait s'empecher d'imaginer un avenir meilleur, un avenir plus heureux auprès d'elle avec ses enfants. Alice, toujours dans les bras de sa mère, releva doucement la tête et lui fit un léger signe de la main avant de renfouir son visage dans le cou de la photographe. Tous les quatre s'assirent à leur place, dans la salle à manger, et Henry se jeta littéralement sur son assiette ce qui fit discrètement rire la brune. La petite blonde somnolait presque devant son assiette alors Emma la prit délicatement sur ses genoux, la fit manger et prendre ses médicaments sous le regard interrogateur de Regina. Henry termina de déjeuner et bailla longuement.
« Je crois que c'est l'heure d'aller dormir. » Souffla doucement Regina en observant les deux enfants qui dormaient littéralement debout.
Henry hocha doucement de la tête, embrassa la joue de la brune, celle d'Emma ainsi que le front de sa petite sœur avant de monter se coucher. La photographe se leva, gardant fermement sa fille dans ses bras et se dirigea à son tour vers les escaliers avant d'être retenue par une main sur son épaule.
« Tu crois que je peux venir... ? » Souffla doucement Regina en fixant le sol.
« Oui. » Soupira Alice dans le cou de sa mère.
Emma haussa doucement des épaules, évidement que sa fille était d'accord, le contraire l'aurait vraiment beaucoup étonnée. Toutes les trois montèrent les escaliers et se dirigèrent tranquillement vers la chambre d'Alice, la blonde la déposa sur son lit et celle-ci se blottit contre sa peluche pendant que sa mère lui préparait un pyjama. Regina resta dans l'embrasure de la pièce pendant qu'Emma changeait la petite, elle avait voulu être présente pendant ce moment important qu'était le coucher mais maintenant, elle n'osait pas entrer dans cette magnifique chambre. Elle n'osait pas entrer dans cette pièce où absolument tout lui montrer qu'elle était une inconnue, cette couleur gris taupe sur les murs, cet assemblage de photo qui formait un cœur où tout le monde se trouvait sauf elle, les différentes photos encadrées sur les meubles, toutes ses peluches qu'elle n'avait encore jamais vues. Emma avait bien vu son trouble, après tout elle la connaissait par cœur mais pour le moment elle devait s'occuper de sa petite fille pour que celle-ci puisse dormir paisiblement ensuite. Elle lui retira ses lunettes qu'elle posa sur la table de nuit juste à côté du lit, la changea et l'empêcha de sombrer dans le sommeil pour le moment, elle sortit le petit carnet de la table de nuit ainsi que le tensiomètre sous le regard interrogateur de Regina. La brune fit quelques pas en avant et pénétra dans cette pièce qui la faisait se sentir toute petite, elle jeta u coup d'œil par-dessus l'épaule de la blonde et la regarda faire avec attention. Comme tous les soirs, elle glissa délicatement le brassard au-dessus du coude de sa petite fille, l'attacha et laissa l'appareil faire son travail en annotant les différents résultats qui apparaissaient sur le petit écran. Une fois terminé, elle retira le brassard du bras de la petite qui bailla à s'en décrocher la mâchoire, elle lui sourit doucement, lui caressa délicatement la joue et vérifia sa fréquence cardiaque avant de la laisser s'allonger sous ses couvertures. Emma rangea le tout dans le tiroir et borda Alice qui souriait doucement.
« Je peux avoir l'histoire de la lune et du soleil maman ? » Demanda-t-elle tout doucement.
« Encore ? Mais tu la connais par cœur mon amour. » Répondit Emma en fronçant des sourcils.
« Oui mais Regina elle ne la connait pas. » Fit Alice en jetant un rapide regard vers la brune qui avait fait quelques pas en arrière.
« Bon, alors, il y a très longtemps, il n'y avait pas de lune dans le ciel durant la nuit. Il n'y avait qu'un soleil qui brillait tout le temps, jour et nuit. Et ce soleil avait toujours l'air triste. Un jour, un oiseau alla à sa rencontre :
-Pourquoi pleures-tu, soleil ? Demanda le petit volatile.
-Parce que j'ai beaucoup trop chaud ! Répondit le soleil, les larmes aux yeux. Je voudrais me rafraîchir un peu.
Alors l'oiseau alla chercher de l'eau dans une rivière, il la mit dans son bec et arrosa le soleil avec mais cela n'y fit rien : le soleil avait toujours aussi chaud. Un autre jour, un papillon vint le voir :
-Pourquoi pleures-tu, soleil ? Demanda-t-il.
-Parce que j'ai beaucoup trop chaud ! Répondit le soleil en gémissant. Je voudrais me rafraîchir un peu.
Alors le papillon battit des ailes très fort pour envoyer de l'air frais au soleil mais cela n'y fit rien : le soleil avait toujours aussi chaud. Le soleil pleurait ainsi tout le temps. Rien ne semblait pouvoir le rafraîchir. Puis un jour, son amie la lune vint le voir :
-Pourquoi pleures-tu, soleil ? Demanda-t-elle.
-Parce que j'ai beaucoup trop chaud ! Répondit le soleil en laissant couler une larme sur sa joue. Je voudrais me rafraîchir un peu.
Alors, la lune, qui était vraiment très gentille, lui dit :
-Pourquoi ne vas-tu pas te baigner dans l'océan ? Toute cette eau te rafraîchirait sûrement !
-C'est vrai ? Tu as sans doute raison, mais ne je peux pas laisser le ciel tout seul. Et qui veillerait alors sur la Terre ? S'inquiéta le soleil.
-Ne te préoccupe pas de cela ! L'interrompit la lune. Si tu veux, pendant que tu te baigneras dans l'océan, je resterais dans le ciel et je veillerais sur la Terre.
-C'est vrai ? Tu ferais ça pour moi ? Demanda le soleil.
-Bien sûr ! Tu es mon amie après tout. Répondit la lune.
Alors, le soleil s'en alla dans l'océan pour se rafraîchir. On appela ce moment le coucher du soleil. Et la lune prit sa place dans le ciel pour veiller sur le Terre. C'est ainsi que, dans le ciel, il y a le soleil le jour et la lune la nuit. » Recita la blonde à voix basse en caressant délicatement les cheveux de sa fille.
Une fois certaine que la petite dormait profondément, elle se leva du matelas, contourna le lit et brancha l'appareil médicale qui se trouvait là, évidemment celui-ci se mit à faire énormément de bruit comme à chaque fois. Elle attrapa le petit masque et le glissa délicatement autour du visage de sa fille qui sourit doucement à travers son sommeil. Une fois sure qu'elle passerait une bonne nuit, elle lui embrassa délicatement le front et fit signe à Regina de quitter la chambre. Ensemble, elles se dirigèrent tranquillement vers la chambre d'Henry qu'elles retrouvèrent assis sur son lit, en train de lire une bande dessinée. Emma soupira doucement, lui confisqua son livre qu'elle posa sur le bureau un peu plus loin, elle le fit s'allongea, le couvrit correctement et lui embrassa le front en lui souhaitant une merveilleuse nuit. Regina, cette fois-ci, osa s'approcher, elle s'assit sur le bord du lit en forme de voiture de course de son fils, elle l'observa rapidement puis lui déposa un doux baiser sur le front.
« Je te protégerai d'absolument tout mon petit prince. » Souffla-t-elle tendrement, tout près de son visage pour qu'il soit le seul à pouvoir l'entendre, avant de lui offrir une délicate caresse sur le bout du nez.
« Commence par protéger le cœur de maman, ne lui fait plus jamais de mal. » Chuchota Henry avant de sombrer dans le sommeil.
Regina se redressa doucement et l'admira quelques secondes, les traits apaisés de son fils endormit lui avaient tant manqué pendant ses années. Elle se leva finalement et rejoignit Emma qui l'attendait sagement dans le couloir, elles fermèrent la porte et redescendirent au rez-de-chaussée. La blonde se dirigea directement vers la salle à manger, silencieusement, elle se mit à débarrasser la table avant de faire la vaisselle. Regina soupira doucement, attrapa un chiffon propre et s'approcha d'elle pour sécher et ranger la vaisselle propre. Elles restèrent l'une contre l'autre pendant de longues minutes, faisant la vaisselle en silence, mais elles n'eurent rapidement plus rien à faire ce qui provoqua un silence qui devenait de plus en plus pesant pour l'une comme pour l'autre.
« Tu veux prendre un dernier verre de vin, en ma compagnie ? » Proposa finalement Regina.
« Sers-toi si tu veux. » Souffla Emma en lui tournant le dos.
La brune fronça des sourcils face à cette réponse, elle s'approcha doucement de la blonde et la vit en train de se préparer un chocolat chaud avec un peu de cannelle. Finalement, Regina décida d'abandonner l'idée de boire un bon verre de vin et se fit couler un café. Une fois les deux boissons chaudes de prêtes, elles se dirigèrent vers le salon en éteignant les lumières derrières elles. Emma s'installa dans le coin du grand canapé, une jambe contre sa poitrine, l'autre pliée sous ses fesses, elle s'entoura du plaide qu'elle avait abandonnée quelques heures plus tôt et fit signe à la brune de s'installer à son tour. Elles restèrent dans cette position de longues minutes, sirotant silencieusement leur boisson en attendant que l'autre prenne la parole pour mettre fin à cette situation des plus gênante.
« Je peux te poser une question ? » Demanda finalement Regina.
« Tu viens déjà de le faire. » Rétorqua la blonde en souriant doucement, voulant au fond d'elle, éviter à tout prix la discussion qui allait forcément suivre.
« Sérieusement... c'était quoi tout ça ? Les médicaments ? Le tensiomètre ? L'horrible machine qui empêcherait n'importe qui de dormir ? Pourquoi Alice a besoin de tout ça. » Questionna la brune en s'approchant un peu plus dans le canapé.
« Parce qu'elle est malade. » Répondit naturellement Emma en haussant légèrement des épaules.
« S'il te plait... » Soupira-t-elle, lui quémandant explicitement plus d'information.
La blonde soupira doucement et passa sa main sur son visage en fermant les yeux. Que faire ? La mettre à la porte maintenant et ruiner une autre bonne soirée ? Lui expliquer calmement la situation et, pour la première fois depuis bien longtemps, se confier sur ce qu'elle ressentait et avait vécue avec sa fille ? Pourquoi fallait-il que tout soit toujours si compliqué ? Elle soupira doucement, prit une gorgée de chocolat et se lança finalement.
« Alice a des problèmes de santé car elle est prématurée, c'est une très grande prématurée. Elle n'avait pas encore six mois quand j'ai accouchée d'elle. Pour survivre, elle a eu le droit à une couveuse, une intubation, une sonde gastrique ainsi qu'une opération. Elle avait une persistance du canal artériels. » Commença-t-elle en fixant le sol de son salon.
« Et c'est quoi une persistance du canal ? » Demanda Regina en fronçant des sourcils.
« Quand le fœtus est dans l'utérus, il reçoit l'oxygène par la mère. Le sang ne passe pas nécessairement par les poumons du fœtus, il est donc dévié grâce à une petite artère qui est appelé canal artériel. Lorsque le bébé vient au monde, sa première respiration change tout ça. Remplie d'air, ses poumons se dilatent, les vaisseaux sanguins à l'intérieur des poumons se détendent et l'augmentation soudaine d'oxygène dans le sang contribue à la fermeture naturelle du canal artériels. Chez elle, il n'y a pas eu de première respiration. Son canal ne s'est tout simplement pas fermé. Son cœur a grossi pour augmenter le débit sanguin, du liquide s'est accumulé dans ses poumons ce qui a rendu sa respiration difficile et sa pression artérielle a augmenté. Elle a été intubée puis emmené au bloc alors qu'elle n'avait que quelques heures, même pas. Ils lui ont placé un cathéter et ont simplement cousu le trou. Les médecins se sont vite rendu compte qu'elle avait une immaturité rénale, ses reins se détériorent et n'ont pas la capacité de filtrer le sang correctement, et une insuffisance cardiaque. Les médecins n'étaient pas certains qu'elle survivrait. Ce n'est pas forcément la meilleure partie de sa vie. » Souffla la blonde en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
« Mon dieu... » Lâcha la brune qui était totalement pendue à ses lèvres.
« Elle a du coup un traitement à prendre à vie. Pour son insuffisance rénale, elle n'a qu'un seul comprimé qu'elle prend trois fois par jour : le matin, le midi, et le soir. Par contre, pour son insuffisance cardiaque elle a trois traitements différents. Des inhibiteurs de conversion qui contrôlent le volume et la pression du sang tout en détendant les vaisseaux sanguins, elle en prend un chaque soir. Des débloquant qui renforcent et soutiennent son cœur, elle en prend un le matin et un le soir puis des diurétiques qui servent à prévenir la rétention d'eau et ceux-là aussi elle les prend le matin et le soir. Cette machine, qui fait vraiment un bruit assourdissant, c'est pour son apnée du sommeil. Durant la nuit, pendant qu'elle dort, elle cesse involontairement de respirer. J'ai eu la peur de ma vie la première fois, heureusement qu'on était encore à l'hôpital. L'appareil lui insuffle de l'air par le nez grâce à son masque, et elle passe la nuit sans nous faire de frayeur. C'était compliqué au début mais aujourd'hui, aujourd'hui on s'est habitué. » Continua Emma après avoir posé sa tasse bouillante sur la petite table basse.
« Et en plus de tout ça, tu dois surveiller sa tension ? » Soupira-t-elle après quelques secondes de silence.
« Oui, tous les matins et tous les soirs en plus de sa fréquence cardiaque qui est souvent au-dessus de la moyenne. » Répondit la photographe.
Les deux femmes restèrent l'une en face de l'autre pendant de longues minutes sans ne rien dire, sans bouger, sans ne rien faire tout simplement. Elles restèrent assises dans le canapé, le regard perdu dans le vide. Regina n'avait plus aucune idée de ce qu'elle pouvait dire, elle se demandait comme elle avait pu rater autant de chose aussi importante et surtout. En voyant le voile de peine recouvrir les prunelles émeraude dans lesquelles elle aimait tant se plonger, elle se sentit déçue d'elle-même, de son comportement, de sa façon d'être mais surtout de sa lâcheté. Emma, quant à elle, était plongée dans ses pensées. Elle repensait à tous ses moments difficiles qu'elle avait traversé avec sa si petite fille, toute ses nuits blanches qu'elle avait passée à surveiller son bébé pour être certaine de ne pas la perdre, toutes ses fois où elle s'était réveillée en sursaut après un horrible cauchemar où elle tenait sa fille sans vie. Elle repensait à tous ses moments plus durs les uns que les autres qu'elle avait dû affronter toute seule. Toutes ses fois où elle avait rassuré son fils qui pleurait pendant la nuit alors qu'elle-même était complètement terrifiée, morte de peur. Toutes ses fois où elle s'était réveillée le matin, la boule au ventre, paniquée à l'idée d'avoir dormi trop longtemps et bien trop profondément et de ne pas avoir réagi à l'une des crises qu'aurait pu faire sa fille durant la nuit. Toutes ses fois où elle avait fini par s'assoupir dans la chaise à bascule près du lit d'Alice pour être certaine d'être là, tout près d'elle en cas d'un éventuel problème.
« Un lit en forme de voiture de course, hein. » Tenta nerveusement Regina qui ne savait absolument plus quoi dire pour détendre l'atmosphère.
« Une brillante idée de la part de Marco. » Répondit Emma en affichant un léger sourire en coin.
« Tu sais... je ne l'ai pas reconnu... » Marmonna la brune en passant doucement sa main dans ses mèches bouclées.
« Qui ça ? » Fit la blonde en fronçant des sourcils.
« Henry. Henry je ne l'ai pas reconnu lorsqu'il a frappé à ma porte et qu'il m'a annoncé être mon fils. Il est entré dans mon appartement, il s'est servi un verre de jus d'orange et il a seulement attendu que je réagisse. J'ai eu du mal à me dire que ce petit garçon, que se parfait petit garçon parfaitement bien élevé – si on oublie le fait qu'il s'est littéralement invité chez moi – était le miens, qu'il était le tout petit enfant que j'avais laissé derrière moi en quittant StoryBrooke, ma vie, ma famille, toi. Je ne l'ai pas reconnu. J'avais un inconnu devant moi. Un inconnu que j'ai pourtant mis au monde. Un inconnu que j'ai porté pendant neuf moi. Mais un inconnu. Un inconnu que je n'ai pas vu grandir. Un inconnu dont je ne sais rien. » Soupira-t-elle en mordant doucement sa lèvre inférieure pour ne pas laisser ses émotions la submerger de plein fouet.
« Ça va aller, ça va aller. » Chuchota la photographe en sentant son cœur se compresser dans sa poitrine en la voyant aussi mal.
Délicatement, elle lui prit la main et la serra dans la sienne en lui souriant doucement. Elles restèrent main dans la main sur le canapé en fixant chacune un point invisible dans la pièce pendant de longues minutes sans ne rien dire. Après un long moment de silence, Regina releva le visage et s'aperçut que la blonde s'était finalement endormie en lui tenant doucement la main et avec un léger sourire au coin des lèvres. Elle l'observa pendant quelques instants, contemplant silencieusement sa beauté qui lui avait tant manquée pendant toutes ses années d'absences. Tendrement, elle la fit s'allonger, l'installa correctement pour une nuit plus ou moins agréable, la couvrit de la couverture dans laquelle elle était déjà enroulée et, dans une pulsion, elle lui déposa un délicat baiser sur le front. La brune sentit son cœur bondir dans sa poitrine en voyant un délicat et fin sourire étirer les lèvres de la belle blonde endormie. Elle eut envie de glisser délicatement sa main dans ses mèches blondes qu'elle avait aimée brosser pendant des heures alors qu'elle n'arrivait pas à trouver le sommeil mais elle se retint, elle devait faire ses preuves et reconquérir le cœur de sa femme et de son fils. De sa femme, de son fils et de sa fille. Elle récupéra ses affaires et quitta l'imposant manoir, elle attrapa la petite clé qu'Emma cachait toujours sous son vieux pot qui se trouvait sur le perron et ferma la porte avant de glisser la clé dans la boite aux lettres et de regagner la chambre qu'elle louait au Granny's.
