Tous assis au sol, autour de la table du salon, jouant à un vieux jeu de société qui prenait la poussière depuis maintenant quelques années dans le grenier, Emma ne pouvait s'empecher de sourire en voyant toute sa petite famille réunis. Henry était tranquillement installée entre Ingrid et Marco, Alice jouait distraitement avec les doigts de Lilith, Mary et David se souriait amoureusement et James était confortablement installée dans les bras d'August qui tenait discrètement la main à Peter sous la table. Ils étaient tous là mis à part Graham qui travaillait au poste de police puisque David avait pris son jour de congé. Toutes les personnes auquel le la blonde tenait de tout son cœur se trouvait là, assis autour de sa petite table basse en verre à se disputer la Rue de la Paix ou encore l'Avenue Matignon. Elle les regardait faire avec énormément de tendresse dans le regard tout en caressant délicatement le pelage roux de Swan qui était venu se blottir contre ses cuisses, elle les observait jouer tous ensemble et elle se permettait parfois de laisser échapper un très léger ricanement lorsqu'elle voyait David soupirer et tirer la moue car Henry venait à nouveau de lui demander une somme d'argent astronomique. Malgré la joie qu'elle ressentait de tous les avoir dans son salon, auprès d'elle, Emma ne pouvait s'empecher de ressentir un léger pincement au cœur. Tout le monde était présent, toutes les personnes qui lui étaient chères étaient autour de cette table à partager une partie de jeu de société comme la famille qu'ils formaient tous ensemble. Son âme ne cessait de lui crier qu'elle avait tort, que tous n'étaient pas là, qu'il manquait encore et toujours quelqu'un à l'appel. Regina n'était pas présente sur ce tableau de famille presque parfait. Regina était, une fois de plus, absente. Emma lâcha un léger soupir en se remémorant qu'elle n'avait pas eu de nouvelle depuis plusieurs jours, depuis qu'elle s'était endormie sur son canapé totalement épuisée alors que la brune était toujours présente chez elle. Depuis cette fameuse soirée, elle ne l'avait pas revu, elle ne lui avait pas reparlé, elle n'avait eu aucune nouvelle de sa part. Il fallait tout de même avouer que la blonde n'était pas sortie depuis cette soirée, trois jours qu'elle s'enfermait dans sa maison tellement il faisait froid à l'extérieur. Evidemment, elle aurait pu lui passer un coup de téléphone ou lui envoyer un simple message, après tout, elle avait composé son nouveau numéro – qu'elle avait trouvé dans le dossier du détecteur privé – une seule fois en six longues années, elle aurait pu avoir l'occasion de vérifier si celui-ci était toujours d'actualité mais elle s'était dégonflée. Elle s'était lâchement dégonflée. Une partie d'elle avait voulu l'inviter et l'autre partie lui avait assuré que passer un peu de temps loin de cette brune ténébreuse ne lui ferait aucun mal. Après tout, Regina finirait forcément par rentrer chez elle, elle se retrouverait à nouveau seule et devrait gérer comme elle le faisait avant le retour de la brune alors, s'habituer à sa présence était sans doute tout sauf une bonne idée de sa part. Son cœur voulait la revoir. Son cerveau savait pertinemment qu'il ne fallait pas, qu'il fallait être raisonnable pour le bien de tous. Au fond, elle en avait assez d'être raisonnable, elle rêvait de pouvoir être égoïste une seule journée et avoir l'opportunité de faire absolument tout ce qu'elle voulait, mais elle ne pouvait se le permettre car elle n'était plus seule dans l'équation, à présent il y avait Henry et Alice et elle se devait d'agir en fonction d'eux et de leur bonheur. N'était-elle pas un peu égoïste d'utiliser l'excuse de ses enfants pour garder les barrières fièrement dressées autour de son cœur ? Sans doute mais elle n'avait aucune envie de souffrir à nouveau. Le vide qui la rongeait un peu plus de jour en jour s'était légèrement fermé avec le temps et l'acceptation, ce qui lui paraissait être un véritable trou noir ne ressemblait plus qu'à un énorme cratère. Elle n'était pas prête pour reparcourir tout le chemin qu'elle avait parcouru. Elle savait bien qu'elle allait regretter son choix, au fond, si cela ne tenait qu'à elle, elle ferait tout ce qu'elle pouvait pour reconquérir le cœur de Regina et la garder auprès d'elle quitte à souffrir mais elle ne pouvait pas, elle n'avait pas le droit d'entrainer ses enfants dans une lente et tortueuse descente aux enfers. Elle ne pouvait pas, elle n'avait pas le droit alors elle se retenait. Elle se faisait violence. Elle faisait semblant de ne rien ressentir lorsque la brune posait son regard sur elle. Elle faisait semblant de ne pas sentir son cœur s'emballer dès qu'elle entendant le rire chaud de cette femme qu'elle aimait secrètement de toute son âme. Elle faisait en sorte d'ignorer les papillons qui se trouvait dans son ventre lorsqu'elle apercevait Regina chez elle, avec ses enfants, après tant d'année d'absence. Elle passait son temps à faire semblant pour ne faire souffrir personne mais combien de temps allait-elle pouvoir faire semblant ?
« Tout va bien ma chérie ? » Souffla doucement Ingrid en posant tendrement sa main sur l'avant-bras de sa fille.
« Tout va bien. » Souffla-t-elle doucement en reportant son attention sur le plateau de jeu sur la table.
« Qui veux du gâteau au chocolat ? » Proposa soudainement Mary en se levant du sol.
« Moi ! » S'exclamèrent Alice et Henry en levant leur main en l'air.
« Emma. Cuisine. Maintenant. » Fit la brune en quittant le salon.
Emma regarda sa sœur quitter le salon, un sourcil haussé, elle finit par poser Swan dans les bras de sa mère et se leva à son tour du sol. Elle offrir un doux sourire à sa fille qui l'observait attentivement et rejoignit Mary-Margaret dans la cuisine. Elle s'assit sur l'un des tabourets qui entouraient l'ilot central et regarda la jeune femme couper avec énormément d'attention l'énorme gâteau au chocolat qu'avait préparé Ingrid avant de venir. Elle la regarda faire en silence et attendit que celle-ci prenne la parole, après tout, elles n'avaient pas besoin d'être deux pour couper un gâteau donc la petite brune voulait forcément lui parler, en privé, et avait donc sauté sur l'occasion.
« Alors ? » Souffla-t-elle finalement.
« Alors quoi ? » Répondit naturellement Emma en la regardant.
« Henry est persuadé que tous ses bouquets proviennent de Regina, Alice n'est pas vraiment certaine, elle hésite entre Regina et Will mais je pense qu'elle penche un peu plus pour Regina. Alors ? Regina ou Will ? » Questionna la brune en relevant finalement le visage.
« Regina. » Fit doucement la photographe.
« D'accord. C'est très mignon je trouve. » Souffla la professeure.
« Mais ? » Lança la blonde en fronçant légèrement des sourcils.
« Mais fait attention à toi. Ne la laisse pas te blesser comme elle l'a fait en disparaissant il y a six ans. Déjà à l'époque, j'ai eu envie de la tuer en voyant dans quel état tu étais mais maintenant, maintenant que je sais que tu es ma sœur, je la tuerais si elle vient à te détruire comme elle t'a détruit. Sois heureuse, tu mérites d'être heureuse alors laisse toi aller mais protège-toi, ne la laisse pas revenir trop facilement sinon tu risques de souffrir à nouveau et je refuse de sécher de nouvelles larmes. » Assura Mary en posant le couteau qu'elle utilisait sur l'ilot central.
Emma soupira doucement en tirant la moue. Elle se pensait incapable de faire une telle chose. Se laisser aller mais se protéger en même temps ? Comment diable devait-elle faire une chose pareille ? Son cœur ne savait pas faire dans la demie mesure, elle ne savait pas aimer à moitié, elle ne savait pas apprécier partiellement. Elle n'avait jamais su faire les choses à moitié et, à cause de ça, elle avait très souvent été blessée durant son enfance. Quand elle appréciait, elle appréciait totalement. Quand elle aimait, elle aimait intensément, passionnément, follement. Elle aimait de toute son âme, de tout son corps et au final, elle finissait par souffrir à chaque fois. Elle finissait par souffrir car elle ne savait pas se protéger, elle ne savait pas protéger son cœur. Soit elle aimait, soit elle n'aimait pas. Il n'y avait pas d'entre deux avec Emma. Pourtant elle avait essayé, elle avait tenté d'être beaucoup moins intense dans ses sentiments mais elle n'y parvenait pas. Elle était comme ça et elle ne pouvait malheureusement pas se changer. Elle avait essayé mais elle avait lamentablement échoué.
« Tu mérites d'être heureuse petite sœur, tu le mérites plus que quiconque. Tu peux y arriver, tu peux raiment y arriver. Tu es une Blanchard après tout ! » Souffla tendrement Mary en l'enlaçant.
« Une Blanchard bien illégitime ouais. » Sourit Emma en riant jaune.
« Qu'importe ce que les gens diront, tu es ma petite sœur, tu es aussi légitime que moi. Tu es et seras toujours une Blanchard. Ma mère t'a toujours aimé comme si tu étais sa fille et moi je t'aime alors c'est tout ce qui compte. » Assura la brune en lui embrassant délicatement le front.
« Je t'aime toi. » Soupira doucement la blonde en fermant les yeux.
Elles restèrent blotties l'une contre l'autre durant quelques secondes, elles avaient, autant l'une que l'autre, besoin de cette douce étreinte. Elles restèrent dans leur bulle, rien que toutes les deux, pendant un court moment avant que David n'entre dans la cuisine pour s'assurer que tout allait bien. Il sourit doucement aux deux femmes, déposa un baiser furtif sur les lèvres de sa compagne et plaqua un baiser un peu plus appuyé sur le front d'Emma qui lui sourit grandement. Finalement, les deux sœurs descendirent de leur tabouret et dressèrent les diverses assiettes de gâteaux au chocolat pour tout le petit monde qui se trouvait dans le salon du manoir. Elles s'occupèrent des assiettes et allèrent retrouver leur petite famille qui avait recommencée une nouvelle partie du jeu de société. Elles tendirent une assiette à chacun, s'assirent au sol et se sourirent doucement avant de se concentrer sur le plateau de jeu.
Les minutes passèrent, les parts de gâteaux furent mangées et les assiettes se retrouvèrent délaissés un peu plus loin. Alice se leva des cuisses de Lilith, attrapa Swan qui jouait sagement dans le coin du salon avec une petite balle à clochette et vint s'asseoir sur les jambes d'Emma qui l'accueillit avec un magnifique sourire. Elle entoura sa fille de ses bras, lui déposa un doux baiser sur le front et lui caressa amoureusement les cheveux en la gardant près de son corps. Elle observa tendrement chaque personne assise autour de cette petite table et porta son regard sur son fils qui souriait fièrement alors qu'il venait à nouveau de terrasser son oncle qui commençait à en avoir assez de perdre. Alors que le calme planait dans la pièce, ils sursautèrent tous en entendant la sonnette de la porte d'entrée retentir. Ils se regardèrent et éclatèrent tous de rire, se moquant de leur propre réaction.
« Tu attendais quelqu'un ? » Demanda finalement Marco en se calmant.
« Pas que je sache. » Soupira Emma en reprenant sa respiration.
Elle souleva sa fille et la posa dans les bras de sa mère qui se trouvait juste à cote d'elle avant de se lever pour aller voir qui se trouvait derrière la porte, pour savoir qui était la personne qui venait les déranger pendant leur petit moment en famille. Sans prendre la peine de demander quoi que ce soit, elle ouvrit la porte et fronça des sourcils en voyant son ami.
« Philippe ? Qu'est-ce qui t'amène ? » Questionna-t-elle.
« Une nouvelle livraison spéciale pour toi. Signe-moi ça et on t'apporte tout ça. » Sourit-il en lui tendant un stylo et un porte bloc.
« On ? » Répéta Emma en relevant le visage de la feuille qu'elle tenait dans les mains.
Philippe lui sourit mystérieusement et retourna vers son camion, il tapa fortement sur la porte du coffre avant de l'ouvrir. Will sortit du camion à ce moment-là, il offrit un sourit enjôleur à Emma et aida son collègue à sortir des dizaines de bouquets du camion. La blonde écarquilla des yeux et les laissa entrer dans sa maison, elle les observa déposer tous ses bouquets sur les différents meubles qui se trouvait dans le hall, dans le salon, dans la salle à manger et même dans la cuisine. Mary et Ingrid arrière dans l'entrée, intriguée de voir les deux jeunes hommes faire tant d'aller-retour.
« Qu'est-ce qui se passe ici ? » Souffla Mary en admirant les assortiments de fleurs.
« Tu m'expliques ? » Questionna Emma en regardant son ami.
« Je ne sais pas de qui vient tout ça mais il va falloir que je me remette en scelle sinon ton cœur va m'échapper. » Plaisanta Will avec un léger sourire en coin.
« Livraison spéciale de trois cents roses divisés dans de généreux bouquet composé d'une dizaine de roses chacun, de jolies fleurs blanches et agrémentées d'un beau feuillage. » Fit Philippe en souriant légèrement en coin.
« Et de qui ça vient ? » Lança la blonde même si, au fond d'elle, elle avait une petite idée de qui venait se cadeau.
« C'est classé secret d'état. » Ironisa le brun.
« Même à moi il n'a pas voulu me dire de qui venait une telle commande. » Renchérit Will.
« Cependant, j'ai une petite carte pour toi. » Sourit le fleuriste.
Il lui tendit la carte en question et attrapa son ami pour quitter le manoir. Emma soupira doucement pour calmer les battements frénétiques de son cœur. Trois cents roses ? Était-ce une blague ? Le plus délicatement possible, elle déplia le morceau de papier cartonnée qu'elle tenait dans les mains et lâcha un léger soupire en reconnaissant l'écriture de Philippe et non celle de Regina. Elle releva le visage en entendant la porte s'ouvrir à nouveau et fronça des sourcils en voyant la tête de Will apparaitre.
« C'est toujours ok pour une danse ? » Voulut-il savoir, les yeux pétillant d'espoir.
« C'est toujours ok. » Fit doucement Emma.
« Tu es fantastique. Merci. » Sourit l'homme avant de fermer la porte derrière lui.
Ignorant totalement sa mère et sa sœur qui l'observaient de près, elle reporta son attention sur la carte qu'elle avait inconsciemment refermé en voyant le fleuriste revenir. Elle l'ouvrit et laissa son regard survolé sur les lèvres bien moins soignées, bien moins arrondies qu'à l'habitude. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres en voyant le poème, enfin, l'extrait de chanson qui s'y trouvait écrit :
« J'aurais aimé t'aimer comme on aime le soleil,
Te dire que le monde est beau, que c'est beau d'aimer.
J'aurais aimé t'écrire le plus beau des poèmes,
Et construire un empire juste pour ton sourire,
Devenir le soleil pour sécher tes sanglots et faire
Battre le ciel pour un futur plus beau.
R. »
Son sourire s'élargit un peu plus en remémorant tous ses moments qu'elles avaient passées, toutes les deux, à écouter cette musique tard le soir. Toutes ses fois où elles avaient grimpé sur le toit de la maison d'Ingrid et Marco, cette musique en fond, pour observer les étoiles pendant de longues heures. Tous les doux moments qu'elles avaient passées ensemble, à écouter cette musique, revinrent dans sa mémoire et Emma était incapable de tous les lister tellement il y en avait.
« De qui vienne toutes ses fleurs ? » Lança finalement Ingrid en s'approchant de la blonde.
« Je ne sais pas, le mot n'est pas signé. » Répondit-elle bien trop rapidement pour que cela soit vrai.
« Et que dit le mot ? » Interrogea l'ainée en fronçant légèrement des sourcils.
« Rien de bien intéressant. » Souffla Emma en repliant soigneusement la carte pour la glisser dans la poche arrière de son pantalon.
« Je devrais sans doute t'offrir le discours de la grande sœur qui te demande de faire attention à toi et de penser à toi avant de penser aux autres mais je pense qu'elle ne t'enverrait pas autant de roses, pas autant de bouquet si elle ne voulait pas s'excuser et si elle ne t'aimait plus. C'est bien la première fois que je vois Regina Mills tenter de reconquérir quelqu'un qu'elle a blessée. Protège-toi, ne te laisses pas tomber trop rapidement mais donne-lui une seconde chance, donne à votre histoire une seconde chance. Qui sait ? Celle-ci sera sans doute la bonne. » Chuchota tout bas Mary en regardant Ingrid retourner dans le salon.
« Je crois que je l'aime toujours… » Soupira la blonde en baissant lamentablement la tête vers le sol.
« Tu es bien la seule, dans cette ville, à ne pas en être persuadée petite sœur. » Souffla la brune en lui souriant doucement.
