Emma refusait catégoriquement de sortir de chez elle ce qui, en soi, était totalement normal et compréhensif. Elle n'avait aucune idée de voir Regina ou Roni – elle ne savait plus vraiment comme elle devait l'appeler à présent – alors qu'elle savait très bien qu'elle s'était faite avoir par ses sourires, ses attentions et ses belles paroles. Si cela ne tenait qu'à elle, elle refuserait même de sortir de son lit mais elle ne pouvait pas se le permettre, elle ne pouvait pas faire ça à ses enfants alors elle mentait. Elle souriait et assurait que tout allait bien mais en réalité tout était faux. Rien. Absolument rien n'allait. Mais elle souriait, stupidement. Elle souriait à ses enfants. Elle souriait à ses parents et à sa sœur. Elle souriait à Ruby qui était passée au manoir le lendemain pour s'assurer que tout allait bien après avoir assisté à toute la scène, la veille, alors qu'elle venait servir un client courageux qui avait décidé de boire son café sur la terrasse à l'avant. Elle se forçait à sourire, tout le temps même lorsqu'elle se retrouvait seule, elle gardait se pathétique sourire sur le visage pour ne pas voir qu'elle allait mal, qu'elle avait mal. Elle sentait son cœur mourir dans sa poitrine mais elle ne voulait pas voir la vérité en face. Quelle vérité ? La dure vérité. La vérité qui faisait mal. La vérité qui faisait pleurer. La vérité qui lui chuchotait doucement à l'oreille que ses sentiments pour la jeune femme brune n'avaient pas disparu en six ans et que, pire que cela, elle était même tombée une seconde fois amoureuse d'elle. Cette vérité-là, elle ne voulait pas l'entendre et pourtant son cœur ne cessait de la lui crier. Mais son cerveau ne cessait de penser à cette réalité alors elle faisait son possible pour s'occuper, elle travaillait en musique, passait un maximum de temps avec ses enfants, gardait la télévision allumée même lorsqu'ils passaient à table. Deux jours étaient passés et elle était déjà fatiguée, épuisée. La journée, elle parvenait à s'occuper l'esprit pour ne pas y penser mais le soir tout était beaucoup plus compliqué. Le soir, lorsque le silence prenait possession de sa maison et que ses enfants dormaient à point fermé, son cerveau se remettait à penser à ce qui s'était passé et il se mettait à imaginer tout un tas de scénario possible et inimaginable incluant cet homme et Regina. Alors, elle avait essayé de dormir pour ne pas se faire tous ses films mais une fois encore, son cerveau lui jouait des tours et repassait encore et encore ce langoureux et amoureux baiser entre la brune et cet homme. Alors elle ne cherchait même plus le sommeil, rester éveiller était bien moins douloureux que de voir ces deux-là s'embrasser à pleine bouche alors que quelques heures plus tôt, c'était elle qui se trouvait dans les bras de Regina et qui l'embrasser délicatement, avec tout l'amour qu'elle lui portait. Elle avait tenté de rester éveiller en dessinant mais l'imagination et l'envie n'y était pas alors elle s'était assise dans son lit, un chocolat chaud dans la main droite et un bon roman dans la main gauche mais rapidement elle s'était rendu compte qu'elle tournait stupidement les pages, qu'elle survolait les écritures et qu'elle n'était pas du tout concentrée sur ce qu'elle lisait, enfin sur ce qu'elle semblait être en train de lire mais la vérité était qu'elle n'avait pas lu une seule ligne de ce roman qu'elle avait achetée quelques semaines plus tôt dans l'espoir de trouver le temps de pouvoir le lire. Emma avait fini par abandonner sa lecture, cela ne servait à rien alors à quoi bon se forcer ? Le plus discrètement, lors de la seconde nuit où elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, elle avait descendu les escaliers pour se servir un verre d'eau avant d'aller s'affaler sur le canapé de son salon. Elle avait allumé la télévision, ajusté le volume pour ne pas prendre le risque de réveiller ses deux enfants et elle avait juste stupidement zappé de chaine en chaine en espérant trouver une émission qui attirerait son attention, une émission un tant soit peu intéressante pour qu'elle arrête de penser ne serait-ce que quelques minutes. Elle s'apprêtait à éteindre sa télé lorsqu'elle tomba, après plusieurs minutes passées à zapper de chaine en chaine, sur un documentaire animalier qui parlait des girafes. Elle haussa nonchalamment des épaules et reposa la télécommande sur la table avant de s'enrouler dans le plaid qui restait constamment dans un coin dans le salon et de se laisser tomber de tout son long dans le canapé. Elle gesticula pour s'installer correctement et écouta, d'une oreille distraite, la voix off d'un homme qui lui racontait la vie des girafes. Qui pouvait rester éveillé jusqu'à si tard pour écouter de telles émissions ? Elle n'en avait vraiment aucune idée mais cela était le cadet de ses soucis. Elle découvrit alors que le mot girafe provenait d'un mot arabe qui signifiait « charmante » ce qui était plutôt paradoxale puisqu'elle n'avait absolument jamais rien trouvé de « charmant » chez une girafe. Epuisée de ne pas avoir fermé l'œil depuis bien trop d'heure pour sa santé physique et mentale, la belle blonde finit par s'endormir sans s'en rendre compte. Elle ne se reposa pas bien longtemps puisque quelques minutes plus tard, elle sentit une petite masse venir se blottir contre elle et ouvrit donc les yeux.

« Ma chérie ? Qu'est-ce que tu fais là ? » Demanda-t-elle doucement en enroulant ses bras autour du petit corps de sa fille.

« Cauchemars. » Marmonna doucement Alice en se blottissant confortablement contre le torse de sa mère.

« Tu veux me raconter ? » Souffla Emma en glissant sa main dans les cheveux blonds défaits.

« Je veux dodo. Avec toi. Dans le canapé » Soupira simplement la petite.

« Tu es certaine que ça va aller sans ta machine mon ange ? On peut très bien monter dormir dans la chambre sinon. » Fit l'adulte en lui déposant un doux baiser sur le front.

« Veux dodo ici. » Assura la petite blonde.

Emma l'attira alors un peu plus contre son corps et tira entièrement le petit plaid sur sa fille pour être certaine qu'elle n'attrape pas froid durant la nuit. Elle attrapa la télécommande pour baisser le son de la télévision, s'installa correctement en espérant ne pas avoir trop mal au dos en se réveillant et embrassa délicatement le front d'Alice qui roupillait déjà. Elle ferma les yeux à son tour, berça tendrement sa fille dans ses bras et finit, elle aussi, par s'endormir à nouveau. Elle ne rêva pas et cela lui allait parfaitement bien, son sommeil fut calme et léger mais sans aucun songe. Les deux blondes passèrent le reste de leur nuit sur le canapé jusqu'à ce que le soleil atteigne son apogée dans le ciel et ne vienne réveiller Henry en venant illuminer la pièce car l'enfant avait totalement oublié de fermer ses volets la veille au soir. Il resta quelques minutes dans son lit avant de se tourner vers sa table de nuit pour savoir l'heure qu'il était et il écarquilla légèrement de yeux en constatant qu'il avait passé la moitié de la journée au lit. Il n'avait jamais dormi aussi longtemps principalement parce que sa mère avait l'habitude de venir les réveiller pour que lui et sa sœur prennent leur petit déjeuner et il fronça des sourcils en se rendant compte que sa mère n'était pas venue le réveiller aujourd'hui ce qui n'était vraiment pas dans les habitudes de celle-ci. Après un long soupir, il quitta son lit pour rejoindre le couloir. Il jeta un coup d'œil à sa droite puis à sa gauche et décida d'aller tout d'abord voir ce que faisait Alice. Henry entra dans la chambre de la petite blonde et fronça des sourcils en voyant qu'il n'y avait absolument personne, le lit était défait, le doudou de sa petite sœur se trouvait au sol, sa machine était encore allumée mais personne ne se trouvait de l'autre bout du masque. Il éteignit donc l'appareil, attrapa la petite peluche Stitch et se dirigea rapidement vers la chambre qu'il trouva également complètement vide. Il n'aimait pas ça du tout alors il descendit les escaliers en courant tout en appelant sa mère et sa sœur. Il entra dans la cuisine en espérant les trouver toutes les deux, installée autour de l'ilot de la cuisine, en train de grignoter mais tout ce qu'il trouva était un verre d'eau à moitié vide. Il entendit les légers miaulements de Swan qui provenait du salon et il passa sa tête dans la pièce dans l'espoir de voir sa petite sœur jouer avec le bébé chat, il laissa échapper un profond soupir de soulagement en voyant deux têtes blondes dépasser de l'accoudoir du canapé. Il s'approcha discrètement d'elles et les observa dormir en soupirant doucement. Pendant une grosse quinzaine de seconde, il avait eu peur, il avait imaginé que sa mère était partie comme l'avait fait la brune six ans plus tôt. Il s'assit sur le bord du canapé et remonta le plaid sur les épaules de sa mère pour la couvrir mais se simple geste réveilla les deux blondes qui ouvrirent soudainement les yeux, l'observèrent longuement avant de tendrement lui sourire.

« Henry. » Sourit Alice en baillant.

« Salut sauterelle. » Répondit-il en lui rendant son sourire.

« Tout va bien mon chéri ? Il est quelle heure ? » Questionna Emma en se redressant.

« Midi passé. » Fit Henry en grimaçant légèrement.

« Ce n'est pas possible, on n'a pas dormi aussi longtemps ? » Soupira-t-elle en s'étirant.

« Apparemment si. » Souffla Alice en haussant des épaules.

« On va faire à manger ? J'ai un petit creux. » Grimaça le brun en entendant un étrange grognement provenant de son ventre.

« Laissez tomber le repas, allez vite vous habiller, on va déjeuner au Granny's. » Annonça la blonde en s'étirant.

Henry et Alice échangèrent un rapide regard et grimpèrent les escaliers en souriant de toutes leurs dents. Emma se leva à son tour du canapé, bien moins motivée que ses enfants, et passa tout d'abord par la cuisine pour se faire couler un bon café dont elle avait bien besoin pour le moment. Tout en sirotant sa boisson brulante, elle sortit deux grands verres du placard et les remplit de jus d'orange puis elle les déposa sur l'ilot centrale de la cuisine avec un petit paquet de gâteau et elle grimpa enfin les escaliers à son tour. Elle se glissa directement sous l'eau chaude de la douche pour se réveiller de sa nuit, elle s'habilla, se coiffa rapidement et descendit rejoindre ses enfants qui buvaient sagement leur jus de fruit. Elle éteignit la télévision, replia rapidement le plaid sur le canapé et demanda à ses enfants de mettre leurs manteaux pendant qu'elle mettait elle-même le sien. Echarpe autour du cou, bonnet sur la tête et clé en main, les trois Swan quittèrent leur manoir et montèrent dans la voiture. Le trajet ne dura pas très longtemps, seulement quelques toutes petites minutes, minutes pendant lesquelles Alice et Henry eurent le temps de se disputer sur le choix de la musique au plus grand damne d'Emma qui n'avait pas fermé l'œil depuis deux jours et qui rêvait donc de silence et de calme. Mais avec deux enfants, le silence et le calme étaient quelques choses de rare, très rare, et habituellement elle ne s'en plaignait pas, au contraire, elle aimait les entendre rire, plaisanter et se disputer gentiment mais là son cerveau n'était vraiment pas en état de supporter la moindre petite plaisanterie et, honteusement, elle avait hâte de rentrer chez elle et trouver une raison stupide pour les envoyer dans leurs chambres juste histoire de pourvoir avoir la paix pendant quelques minutes. Finalement, elle se gara juste en face du Granny's et ils entrèrent tous les trois dans le petit restaurant familiale. A peine avait-elle posée un pied à l'intérieur qu'elle remarqua la présence de Regina, assise à une table, déjeunant tranquillement avec cet homme, ce Robin. Elle sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, venir déjeuner au Granny's n'était vraiment pas la meilleure de toutes ses idées, elle aurait dû se douter qu'ils seraient là, tous les deux. Elle fit mine de ne pas les voir, de ne pas la voir et se dirigea simplement vers le comptoir où se trouvait Ruby qui accueillit les trois Swan avec un grand et beau sourire. Contrairement à Emma, Regina l'avait bien vu entrer et elle ne l'avait pas lâché du regard, au contraire, en la voyant se déconnecta de toute réalité, elle en oublia même la présence de Robin à ses côtés qui, comme à son habitude, lui parlait encore et encore de son métier et ne cessait de lui montrer les muscles qu'il avait à force de couper du bois. Elle avait arrêté de l'écouter depuis déjà de longues minutes mais elle parvenait encore à faire semblant d'être intéressée par ce que lui racontait l'homme. Depuis l'entrée des trois Swan dans le petit restaurant, plus rien ne comptait à ses yeux en dehors des trois Swan. Elle les suivit du regard, les observa, offrit un léger sourire à Alice qui la regarda quelques secondes avant de rapidement tourner la tête. Elle regarda Emma discuter avec Ruby, puis prendre Granny dans ses bras, elle admira littéralement la blonde qui passait sa commande et qui entrainait ses deux enfants vers une banquette qui se trouvait totalement à l'opposé de là où elle se trouvait mais qui, par conséquent, lui offrait une vue parfaite sur les deux têtes blondes et Henry.

« Roni chérie ? Tu m'écoutes ? » Questionna Robin en lui prenant délicatement la main par-dessus la table.

« Oui, bien sûr, je suis complètement d'accord avec toi. C'est une excellente idée. » Souffla la brune sans détacher son regard de la table autour de laquelle se trouvait sa famille.

« Tant mieux, je suis vraiment heureux qu'on soit sur la même longueur d'onde. » Sourit-il.

Regina hocha stupidement la tête de haut en bas pour lui faire plaisir, elle n'avait absolument rien écouté de ce qu'il venait de lui dire et elle n'en avait franchement rien à faire. Elle reprit sa contemplation – qui était tout sauf discrète – de la petite famille qui déjeunait dans le calme et la bonne humeur. La porte du Granny's s'ouvrit et la petite clochette marquant l'arrivée des clients retentit dans tout le petit restaurant mais la brune n'y préta pas attention enfin, elle ne s'y intéressa pas plus que cela jusqu'à ce que le nouvel arrivant entre dans son champ de vision en s'approchant rapidement de la table qu'occupait la petite famille Swan. Il ébouriffa gentiment les cheveux de jais d'Henry, offrit un doux sourire à Alice qui le lui rendit et déposa un délicat baiser sur le dos de la main d'Emma qui rougit légèrement. Les quatre discutèrent rapidement ensemble avant que cet homme ne prenne la place juste à côté de la blonde qui souriait à présent de toutes ses dents. Will – ce minable petit vendeur de sapin – venait de poser ses fesses à côté de son Emma, de sa blonde, de sa femme. Regina contracta inconsciemment sa mâchoire, elle avait envie de lui hurler dessus pour le faire fuir le plus loin possible de sa famille, le plus loin possible de ses gens qu'elle aimait de tout son cœur. Son regard devint bien plus noir que d'habitude, elle fusilla l'homme du regard. Cet homme qui faisait rire Emma. Cet homme qui jouait avec deux frites pour faire rire Henry et Alice. Cet homme qui couvait la blonde d'un regard si tendre qu'elle sentait son estomac se faire retourner à la pelle. Elle n'aimait pas cet homme. Elle ne le connaissait pas mais le savoir aussi proche de la personne dont elle était amoureuse était tout bonnement insupportable, elle ne pouvait tout simplement pas le voir. Elle voulait se lever. Elle voulait aller la voir. Elle voulait aller lui expliquer la situation. Elle voulait s'asseoir à côté d'elle. Lui saisir la main et admirer les enfants qui mangeaient. Elle voulait faire tout ça et bien plus mais surtout, surtout elle rêvait de pouvoir coller son poing dans la figure à se vendeur de pacotille. Ruby passa à coté de sa table pour rejoindre celle où se trouvait Emma, elle y déposa une imposante tasse fumante devant l'homme et repartit aussi vite qu'elle était arrivée. Will fit semblant de s'étirer et posa délicatement son bras autour du cou d'Emma. Regina se fit violence pour ne pas laisser sa colère éclater en le voyant faire, elle attendit quelques secondes, laissant le temps à la blonde de réagir mais celle-ci ne fit absolument rien. Elle accorda un léger sourire à cet homme et recommença à grignoter ses frites sans ne rien dire, sans ne rien faire, et surtout, sans retirer ce bras de ses épaules. La brune sentit son cœur se faire compresser dans sa poitrine mais elle ne parvint pas à détacher son regard du portrait de famille qui se dressait devant ses yeux. Ils riaient et avaient l'air drôlement heureux tous les quatre, sans elle. En les regardant interagir ensemble, la réalité la frappa en pleine face.

« Emma me complète, elle est la femme de ma vie. » Pensa-t-elle à voix haute.

« Euh, Roni ? » S'exclama Robin en fronçant des sourcils.

« Oui chéri ? » Répondit-elle par réflexe, encore perdue dans la tornade de pensée qu'était devenue son cerveau.

« Je suis plus ou moins ton petit ami, depuis quatre ans. » Rappela tout de même l'homme.

« C'est vrai, mais Emma est mon âme sœur. » Enonça la brune comme une évidence.

« Mais qui est cette Emma ? C'est la femme de l'autre jour ? Ton amie ? Celle qui t'a tenue compagnie pendant les fêtes de noël ?» Lança le brun en la regardant intensément.

Regina secoua sa tête de droite à gauche en signe de négation et leva lascivement sur yeux au ciel. Elle commençait à en avoir plus qu'assez de toute cette mascarade, tous ses mensonges, tous ses faux-semblants. Elle en avait assez de faire en sorte d'être une femme qu'elle n'était pas pour oublier celle qu'elle était réellement. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas sentie elle-même et, en présence d'Emma, d'Henry et d'Alice, elle n'avait pas eu à faire semblant, elle n'avait pas eu à jouer de rôle. Elle s'était sentie elle-même. Elle avait été elle-même avec eux tout simplement parce qu'avec sa famille, elle n'avait pas à se cacher, elle avait le droit d'être faible et d'avoir peur mais ça, elle ne le comprit que maintenant. Elle aurait tellement voulu le comprendre six ans plus tôt, lorsqu'elle avait pris cette stupide décision de fuir pour les protéger mais en voulant les protéger elle n'avait fait que les détruire. En les voyant, tous les trois rigoler avec cet homme, elle comprit. Elle comprît qu'elle les aimait. Tous les trois. Henry. Alice. Emma. Son cœur ne battait que pour eux. Ils étaient sa famille. Ils étaient sa maison. Sans eux, elle n'était rien, elle n'était personne, elle ne représentait rien d'autre qu'un stupide chiffre parmi tant d'autre. Elle ne pouvait absolument rien faire sans eux. Ses six années qu'elle avait passé loin d'eux n'était que mensonge et tromperie, ce n'était que du faux et elle en avait plus qu'assez de passer son temps à mentir, à jouer la comédie.

Sans s'en rendre compte, elle s'était littéralement perdue dans ses pensées pendant de longues minutes si bien que le Granny's s'était considérablement vidée sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle releva le visage et porta par reflexe sa tasse à ses lèvres mais elle le regretta rapidement en grimaçant, son café était à présent complètement froid. Elle se rendit enfin compte que Robin n'était plus tranquillement assis face à elle, il n'était plus du tout dans la salle. Était-il parti depuis longtemps ? Elle n'en avait aucune idée et au fond d'elle, elle se sentait légèrement mal de le traiter de cette façon, elle allait devoir avoir une conversation avec lui. Elle se devait d'être sincère avec l'homme avec qui elle avait une relation totalement basée sur le sexe depuis quatre ans. Elle aurait dû avoir une conversation avec lui depuis bien longtemps mais elle pensait, naïvement, que tout allait bien entre eux, que leur « relation » les satisfaisait tous les deux mais lorsqu'il était arrivé à StoryBrooke, il l'avait décrite comme sa compagne ce qui l'avait grandement perturbée sur le coup mais maintenant avec un peu de recul elle se rendait compte, elle comprenait. Cette relation lui allait parfaitement à Regina, elle satisfaisait ses désirs charnels et cela sans être contrainte par des sentiments qu'elle était incapable d'avoir pour quelqu'un d'autre qu'Emma. Mais leur relation ne satisfaisait plus Robin, l'homme ne s'était jamais caché de ressentir une très grande attirance physique à son égard mais il n'avait jamais été question de sentient et pourtant, aujourd'hui la brune le savait, tout était une question de sentiment. Son regard fut attiré un peu plus loin dans la pièce, à la table qu'occupait la petite famille Swan. Elle se tendit en les voyant se lever de leur table, Emma prit l'homme dans ses bras en souriant doucement avant de se diriger vers le comptoir, accompagnée de sa petite fille. Henry attrapa sa veste, son écharpe et se dirigea tranquillement vers les toilettes pour homme du Granny's. Regina se leva d'un bon de sa banquette en comprenant que c'était sa chance – et surement son unique chance – d'avoir une conversation avec son fils aujourd'hui.

« Henry ! Chéri, attend. » S'exclama-t-elle doucement en arrivant à sa hauteur.

« Quoi ? » Grommela l'enfant en s'arrêtant juste devant la porte des toilettes, à l'écart des regards curieux de certaines personnes dans la salle.

« Je voudrais juste qu'on discute un peu toi et moi. » Souffla la brune en l'admirant de haut en bas.

« Mais moi je n'ai pas envie et puis j'ai envie d'aller aux toilettes. » Répondit Henry en fixant le sol.

« Tu es venu me chercher à New-York pour qu'on rattrape le temps perdu. » Rappela, un peu stupidement, Regina.

« C'est faux. Je suis venu te chercher chez toi pour que tu rattrapes tes erreurs, pour que tu répares le cœur de maman et tout ce que tu as fait jusqu'à maintenant, c'est lui faire encore plus de peine. Tu lui as brisé le cœur une seconde fois. Tu devrais peut-être rentrer chez toi en fin de compte, tu crées des dégâts partout où tu passes. » Contra le brun en la fusillant du regard.

« Henry Swan-Mills, surveille ta façon de me parler. » S'agaça-t-elle en sachant pertinemment qu'il avait raison sur toute la ligne.

« Henry Swan. Mon nom est Henry Swan. Seulement Swan. Avec maman on a effacé le Mills parce que tu es partie, tu nous as abandonnée sans aucune raison, sans aucune explication. On t'a attendu tu sais, pendant longtemps mais tu n'es jamais revenue alors on a essayé d'avancer et comme Alice est seulement une Swan avec maman on est devenu des Swan parce que c'est notre famille. Maman et Alice sont ma seule famille. Toi tu n'es plus personne. » Marmonna-t-il entre ses dents, le cœur lourd.

Il était vrai qu'il était parti chercher Regina chez elle, qu'il était allé à sa rencontre mais il l'avait fait pour rallumer les étoiles dans les yeux de sa mère non pas pour les éteindre encore plus si cela était possible. Il restait persuadé que Regina était le véritable amour d'Emma car une Emma sans sa Regina était aussi impossible qu'une tasse de chocolat chaud sans son nuage de cannelle. Impossible. Tout bonnement impossible. Il savait que, tôt ou tard, tous les quatre, ils reformeraient une famille car c'était écrit dans leurs histoire mais il en voulait tout de même à la brune, cette brune qui lui avait promis de prendre soin de sa mère et qui, au final, lui faisait à nouveau énormément de mal. Son besoin d'aller aux toilettes devint bien secondaire, il lança un dernier regard noir à Regina qui n'avait toujours rien et traversa rapidement le petit diner pour rejoindre sa mère et sa sœur qui discutaient calmement avec Ruby et sa grand-mère en l'attendant.