Doucement elle se balança de droite à gauche au rythme de la musique et sans perdre son sourire.

« Your lips, my lips, apocalypse. » Chantonna-t-elle finalement.

Regina ne put empêcher un doux sourire d'étirer ses lèvres en l'écoutant faire, elle lui jeta un léger et rapide coup d'œil et sourit un peu plus, si cela était possible, en la voyant danser doucement – presque sensuellement – à côté d'elle. A cet instant précis, son cœur rata un battement dans sa poitrine, à sa droite ne se trouvait plus la Emma Swan qu'elle redécouvrait depuis quelques semaines mais bien la Emma Swan dont elle était follement tombée amoureuse alors qu'elles n'étaient encore que deux adolescents qui se cherchaient et se découvraient, alors qu'elles n'avaient tout juste que treize, voir quatorze ans tout au plus. Elle se reconcentra sur la route et tenta de calmer les battements de son cœur qui étaient vraiment beaucoup trop rapide, ce n'était pas le moment de créer un accident après tout. Elle conduisit pendant encore de longues minutes et finalement, elles arrivèrent au lieu de rendez-vous alors Regina se gara et demanda à la blonde de sortir de la voiture.

« On est où là ? » Questionna Emma.

« Fais-moi confiance. » Répondit la brune.

Elle attrapa le plaid qui se trouvait sur la banquette arrière, prit délicatement la main de la blonde et traversa le petit champ d'herbe pour se rendre à l'accueil. Elle montra sa carte d'identité, apposa sa signature sur le bas d'une feuille et remercia la jeune femme rousse de l'accueil malgré les interrogations incessantes de la blonde qui se comportait vraiment comme une enfant. Elles sortirent par une autre porte, traversèrent une écurie dans laquelle se trouvait pas mal de chevaux sagement enfermés dans leur box et se dirigèrent vers un homme qui portait un costume qui semblait beaucoup trop serré pour lui.

« Une calèche ? Mais qu'est-ce que tu manigances encore Regina Mills ! » Souffla Emma en regardant la brune.

« Swan-Mills. » Rectifia-t-elle simplement.

Elles parcoururent les quelques kilomètres qui les séparaient de l'homme qui remarqua enfin leur présence et descendit de la calèche en lissant les plis imaginaires de son costume. Il passa doucement sa main sur son crâne chauve et afficha son plus charmant sourire.

« Vous êtes Regina Mills ? Je suis votre conducteur pour la balade, appelez-moi Facilier Samdi. » Se présenta-t-il en se penchant légèrement en avant comme s'il faisait une révérence.

« C'est bien moi et voici Emma, la jeune femme dont nous avons discuté. » Souffla la brune.

« Je suis ravi de faire votre rencontre Mademoiselle. » Sourit l'homme en se saisissaient délicatement de la main de la blonde pour déposer un doux et léger baiser sur le dos de celle-ci.

En voyant se geste pourtant simple qui était une marque de politesse à une époque, Regina ne put se retenir de se racler la gorge en fusillant l'homme du regard mais homme de couleur ne lui accordait pas la moindre intention puisqu'il n'avait d'yeux que pour le corps de la jeune blonde qu'il dévorait littéralement du regard sans aucune gêne. Les secondes passèrent et elle resserra doucement sa prise sur la main de la photographe et tira doucement dessus pour la coller à elle et ainsi passer son bras dans son dos de manière très possessive. Ledit Samdi releva enfin le regard et adressa son plus beau sourire avec ses dents parfaitement alignées et très blanche à Emma avant de leur tourner le dos et pour ouvrir la petite porte qui fermait et sécurisait sa calèche qui ressemblait à deux gouttes d'eau à celle des princesses dans les contes de fée. Il glissa l'une de ses mains dans son dos et tendit la seconde à la jeune femme qui la saisit volontiers pour grimper, rapidement suivie par Regina qui se saisit de l'imposant bouquet de rose blanches qui se trouvait à l'intérieur. L'homme grimpa à son tour à l'avant de la calèche et donna un léger coup au chevaux pour les faire avancer lentement.

« Encore des fleurs ? Tu vas te ruiner à force. » Souffla Emma en la regardant.

« Désolé pour ça, je n'avais pas prévu son petit numéro de drague. » Marmonna la brune en levant les yeux au ciel.

« Ce n'était pas de la drague mais il est vraiment très charmant je trouve. » Sourit doucement la blonde.

Regina écarquilla des yeux et claqua sa langue sur son palais en hochant la tête de droite à gauche, ce qui amusa Emma qui voulait seulement la taquiner un petit peu.

« Alors ? Tu comptes me donner des explications ? » Questionna finalement Emma en déposant délicatement le magnifique bouquet sur la banquette en cuire vide.

« Pose moi les questions et j'y répondrais. » Assura-t-elle en s'installant correctement pour se retrouver face à face avec sa belle.

« Regina ou Roni ? » Souffla tout d'abord la blonde.

« Pour toi je serais toujours Regina Mills, Regina Swan-Mills. » Répondit sincèrement la brune.

« Ça ne répond pas à ma question. » Rétorqua la photographe en croisant ses bras sur sa poitrine.

Regina lâcha un léger soupir et passa nerveusement sa main dans ses cheveux court. Nerveusement elle se mit à jouer avec ses mains en se demandant si elle devait vraiment lui raconter la vérité. Ne ferait-elle pas mieux d'inventer de toute pièce une histoire qui la ferait paraitre forte et brave ? Devait-elle vraiment lui expliquer à quel point elle avait été lâche ? A quel point elle n'avait pas assumé la vie qu'elle avait, la vie qu'elle menait, la vie qu'elle aimait avoir. Elle soupira doucement en se rappelant du super pouvoir de sa femme, celle-ci était capable de savoir – avec une facilité déconcertante – lorsque les gens mentaient, elle avait toujours eu se « don » en quelques sortes mais Regina savait pertinemment qu'elle n'en avait jamais eu besoin sur elle puisqu'Emma savait lire en elle comme dans un livre ouvert.

« Tu me promets de ne pas me couper ? » Soupira-t-elle doucement.

« Je te le promets. » Assura la belle blonde.

« Ce jour-là, le jour où je suis partie de l'appartement j'ai reçu un appel de ma mère. Cette même mère qui m'a placée chez ma marraine, Granny, alors que je n'avais que huit ans sous la demande de mon père – puisque Granny est l'une de ses plus vieilles amies – alors qu'elle voulait se débarrasser de moi dans un pensionnat privé. Cette même mère qui dirigeait et dictait ma vie, qui me terrifiait vraiment alors qu'elle habitait à plusieurs kilomètres de chez moi. Cette même mère qui ne m'appelait jamais que ce soit pour mon anniversaire, pour noël, pour le nouvel an, ou simplement pour prendre de mes nouvelles et bien ce jour-là, elle m'a téléphoné. Elle m'a annoncée que mon père était gravement malade et qu'il souhaitait me voir, qu'elle allait donc demander son transfert à l'hôpital de StoryBrooke et qu'elle viendrait habiter chez moi et que ce serait le moment pour que je lui présente mon mari ou pour qu'elle m'en choisisse un. J'ai paniqué, j'ai tout simplement paniqué. » Commença-t-elle, la voix drôlement neutre. « Ma mère allait venir à StoryBrooke, elle allait voir ma femme et mon fils. Elle allait vous rencontrer toi et Henry et je savais pertinemment qu'elle allait vous détester sans prendre la peine d'apprendre à vous connaitre. Ma mère ne savait absolument rien de moi mise à part que j'étais devenue avocate alors qu'elle voulait que je devienne maire de cette ville qui puait le poisson comme elle le disais si souvent, elle ne me connaissait pas et elle ne savait donc pas que j'étais follement amoureuse et mariée à la plus parfaite des femmes qu'il puisse y avoir sur cette stupide planète. Elle ne savait pas que j'étais la maman du plus fantastique des petits garçons. Elle ne savait rien de moi et rien de vous. Et je connais ma mère, elle aurait détruit nos vies, vos vies. Elle aurait absolument tout détruit sur son passage. Elle aurait commencé par détruire Henry – parce qu'il était le plus faible – dans le pire des cas elle nous l'aurait même enlevé ensuite elle t'aurait détruite toi, elle aurait détruit ton studio photo, elle aurait détruit tes pour mieux te détruire, elle aurait détruit Marco et Ingrid. Elle aurait tout détruit et je ne pouvais pas la laisser faire. » Continua-t-elle, la gorge nouée. « J'ai pesé le pour et le contre, j'ai analysé absolument toute la situation pour trouver une solution mais je n'ai rien trouvé. J'ai préféré partir et vous détruire plutôt que de rester et la laisser vous détruire sans bouger le petit doigt. Je me disais que vous arriveriez forcément à vous en remettre après tout, tout le monde était là pour vous soutenir et vous relever. J'ai pris mes affaires et j'ai fui, j'ai pris le volant et j'ai conduit jusqu'à chez mes parents qui habitaient toujours à Milan, dans le New Hampshire. Là-bas, j'ai vendu ma voiture pour m'en acheter une autre, les souvenirs des doux moments qu'on avait passés toi et moi à l'intérieur étaient tout bonnement insoutenable. Je suis retourné vivre dans le manoir de mes parents, ce même manoir dans lequel je n'avais pas mis les pieds depuis mes huit ans. » Soupira-t-elle en fixant le sol. « Mon père avait fait plusieurs crises cardiaques et avait à présent le cœur faible, très faible. Les médecins nous assuraient que tout allait bien mais mon père était de plus en plus faible alors je suis resté chez eux pour prendre soin de mon père qui s'éteignait peu à peu. Ma mère en a profité pour me présenter tout un tas de prétendant, elle disait qu'ils étaient un bon parti pour la famille mais mon cœur ne battait que pour toi. Un peu moins d'un an après mon départ, mon père est mort durant la nuit. Ma mère s'en fichait royalement, elle a organisé sa crémation sans prendre en compte le souhait de mon père qui voulait rejoindre ses propres parents dans le caveau Mills au cimetière de StoryBrooke et elle a vulgairement éparpillé ses cendres sur le bord de la route. Elle voulait juste s'en débarrasser le plus vite possible. Puis elle a vendu absolument toutes ses affaires avant de détruire toutes les photos qu'elle avait de lui. Elle a effacé de sa vie, de ma vie toute trace de mon père et ça je ne l'ai pas supporté. Je me suis finalement rebellé face à ma mère qui me terrifie depuis que je suis une petite fille et je suis partie sans me retourner et en claquant la porte. »

Elle fit une courte pause dans son récit pour sécher les quelques larmes qui s'étaient échappés de ses yeux pendant son récit. Parler de son père, de la seule personne de sa famille qui l'avait toujours aimé était très compliqué. La plaie était encore ouverte, elle n'avait clairement pas fait son deuil et ne le ferait sans doute jamais mais ce n'était pas le moment de craquer, pas maintenant, pas alors qu'elle devait faire preuve de sincérité avec la blonde qui tenait doucement sa main dans la sienne. Elle prit une profonde inspiration et reprit rapidement en voyant Emma ouvrir la bouche, prête à prendre la parole et donc à l'interrompre.

« Non, tu as promis de ne pas m'interrompre alors ne m'interrompt pas, s'il te plait. J'ai pris le volant de ma voiture et j'ai conduit toute la nuit, je me suis arrêté juste avant de panneau qui souhaite bienvenu à StoryBrooke. J'étais parti presque un an, comment j'aurais pu revenir comme une fleur maintenant ? Je ne pouvais juste pas, je n'en avais pas le droit. J'avais abandonné ma famille, ma femme, mon fils, mes amis, tous mes proches. Je ne pouvais pas revenir, je ne pouvais pas assumer mes erreurs, je ne pouvais pas vous faire ça. Alors j'ai fait demi-tour et j'ai roulé, j'ai roulé jusqu'à ne plus avoir d'essence, j'ai passé quelques jours ici et là puis je suis repartie puis je me suis à nouveau arrêté quelques jours avant de repartir encore. Finalement, je me suis arrêté à New-York et, comme je ne pouvais pas revenir vers ma famille, j'ai décidé de commencer une nouvelle vie et c'est là que j'ai commencé à me faire appeler Roni. Je n'ai pas fait de nouveau papier d'identité, seulement je disais m'appeler Roni, je signais au nom de Roni alors on m'appelait Roni, voilà tout. J'ai acheté un appartement qui se trouvait au-dessus d'un bar du coup j'ai acheté le bar aussi et j'ai appris à faire des boissons sur le tas, je suis passé de Regina Mills, avocate et mère de famille à Roni, célibataire endurcit et barmaid. J'ai débuté une nouvelle vie et je voulais, juste le temps d'un instant, arrêter de souffrir en voyant la photo de toi et d'Henry que je gardais précieusement dans mon portefeuille, loin des regards curieux, alors j'ai commencé à rencontrer des gens. J'ai laissé des clients me draguer, j'en ai à mon tour dragué quelques-uns et certains d'entre eux ont eu la chance de pouvoir passer une partie de la nuit à l'étage avant de partir dès qu'on finissait ce qu'on avait à faire. C'était sans doute cruel de ma part de les virer comme des moins que rien mais je ne voulais pas qu'ils dorment à côté de moi, j'en était tout bonnement incapable, la seule personne qui devait et pouvait s'endormir à cette place c'est toi mais tu n'étais pas là parce que j'ai été lâche mais personne n'a pris ta place dans se lit ni même dans ma vie. Robin n'est pas et n'a jamais été mon compagnon, il est simplement un plan sexe très régulier. Il s'est fait des idées parce que je le laissais dormir sur mon canapé et pensait que lui et moi, nous allions passer un cap mais on ne va rien passé du tout parce que mon cœur ne peut pas battre pour quelqu'un d'autre que toi. J'ai des morceaux de toi dans le cœur, dans l'âme et sur la peau. Quand d'autres ne laissent que le vide, de toi je garde tout, j'ai toujours tout gardé de toi parce que j'ai toujours tout aimé de toi. Et puis voilà, un beau jour Henry a toqué à la porte de mon appartement, je ne sais même pas comment il est entré car la porte de mon bar était fermée, je l'ai ramené et quand je t'ai vu j'ai su que je devais rester. Que c'était toi. Que c'était vous. Que l'évidence même c'était nous. » Termina-t-elle avec un léger soupir, soulagé d'avoir envie vidé son sac, d'avoir dit la vérité. Toute la vérité.

« Je… je suis sincèrement désolé de ce qui est arrivée à ton père Regina, je sais que tu l'aimais très fort. » Souffla Emma, incapable de savoir quoi dire d'autre face à toutes ses révélations plutôt soudaines voire brutales.

La brune lui offrit un sourire qui se voulait rassurant mais il témoignait surtout de toute la peine qu'elle ressentait à cet instant précis. Elle avait été sacrément lâche, c'est vrai, elle avait fui mais elle l'avait fait pour une bonne raison. Elle s'était elle-même déchiré le cœur à main nue pour protéger sa famille, pour protéger la femme de sa vie et son fils. Elle avait longuement réfléchi et elle avait fait ce qui lui semblait le mieux à faire, le plus facile à faire mais aussi le moins douloureux autant pour elle que pour Emma. Mais si elle avait su. Si elle avait su que sa magnifique femme portait la vie, qu'elle portait leur bébé et qu'elle avait fait tout le parcours seule pour ne pas qu'elle en souffre, elle ne serait jamais partie. Ô grand jamais. Elle serait restée et elle les aurait protégés tous les trois envers et contre tout. Elle aurait dressé un vrai bouclier de protection autour de sa famille et elle n'aurait laissée personne les toucher, pas même sa mère. Une perle d'eau salé roula le long de sa joue en repensant à tout ce qu'elle avait raté, tout ce qu'elle ne vivrait ni avec son fils ni avec Alice, tous ses jours où elle s'était endormie loin de son Emma alors qu'elle aurait pu s'endormir lover dans ses bras ou contre son dos. Elle tourna le visage sur le côté et tenta de retenir, tant bien que mal, les larmes qui coulaient de ses yeux sans aucune autorisation mais elle ne put retenir les soubresauts de ses épaules. La blonde qui tenait toujours sa main dans la sienne ne sut quoi faire. Devait-elle la laisser pleurer pour se vider ou devait-elle tenter de la réconforter ? Devait-elle simplement lui tapoter sur l'épaule et attendre ou se sentait-elle prête pour la prendre dans ses bras ? Elle soupira doucement et lâcha finalement la main de la brune qui laissa échapper un léger gémissement de détresse, elle attrapa la petite couverture qu'elles avaient apporté et elle la déposa délicatement sur les épaules de Regina qui ne cessait de pleurer. Elle lui frotta doucement le dos de haut en bas mais en voyant que la brune ne se calmait pas elle lâcha un léger et discret soupira avant de l'attirer contre son corps pour l'entourer de ses bras. Elle laissa la jeune femme blottir sa tête contre sa poitrine et elle vint délicatement lui caresser les cheveux en déposant de temps à autre un doux baiser sur le haut de son crâne comme elle le ferait avec Henry ou Alice. Elles restèrent l'une contre l'autre pendant de longue minute si bien que les caresses se firent plus douce et bien plus agréable et, après un long instant, la blonde se mit même à fredonner une douce mélodie pour l'aider à se calmer.

« Désolé. » Souffla Regina après s'être calmée.

« Il n'y a aucun problème. » Chuchota Emma.

La brune se redressa légèrement car son dos commençait à la tirer, elle attrapa la couverture qu'elle avait sur les épaules et se rapprocha de la jeune photographe pour pouvoir la couvrir à son tour car sans que l'une ou l'autre ne s'en rende compte, la balade en calèche était près terminée puisque le soleil avait doucement commencé sa descente dans le ciel qui s'assombrissait peu à peu. Elles restèrent l'une contre l'autre, les épaules collées, leur tête posée contre celle de l'autre jeune femme et elles profitèrent simplement des quelques minutes de calme et de balade qu'il leur restait. Doucement, Regina tendit sa main vers la blonde et entrelaça presque timidement son auriculaire avec celui d'Emma. Elles se regardèrent mais restèrent silencieuse, aucune des deux ne savaient quoi dire et au fond, aucune des deux n'avaient envie de briser la bulle dans laquelle elles se trouvaient avec de stupide mot. Elles détachèrent leur regard seulement quand Samdi leur informa qu'ils étaient tous de retour à leur point de départ et que leur ballade venait donc de se terminer. Elles descendirent toutes les deux de la calèche, Emma attrapa le magnifique bouquet de rose blanche et Regina replia la couverture qu'elle avait apportée. Elles remercièrent rapidement l'homme pour la ballade et repartir vers l'écurie qu'elles traversèrent avant de saluer rapidement la femme présente à l'accueil puis elles marchèrent tranquillement vers la Mercedes de Regina qui n'avait évidemment pas bougé de là où elles l'avaient laissée. Elles montèrent dans la voiture et la brune proposa d'aller manger dans un restaurant de la ville avant de prendre la route pour retourner à StoryBrooke, Emma accepta volontiers en souriant doucement avant d'attraper son téléphone portable qu'elle avait oubliée dans le véhicule. Elle composa le numéro de sa sœur, patienta quelques secondes avant d'entendre celle-ci décrocher. Elles discutèrent patiemment de longue minute avant que Mary ne passe le téléphone à Henry et Alice, un immense sourire se dessina sur les lèvres d'Emma qui écouta avec grande attention ses enfants lui racontant leur après-midi. Elle resta au téléphone avec ses enfants de très longues minutes, tout le long du trajet jusqu'au restaurant à vrai dire, elle avait même fini par mettre le haut-parleur pour que Regina puisse profiter, silencieusement, de la conversation. Finalement, elle raccrocha en leur souhaitant une bonne nuit après leur avoir promis de ne pas rentrer trop tard à la maison. Regina se gara et fit rapidement le tour de la voiture pour ouvrir la portière à Emma qui lui offrit un léger sourire en guise de remerciement. Elles entrèrent dans le restaurant et suivirent sagement le serveur qui les accompagna jusqu'à une table, un peu à part, magnifiquement dressée pour deux personnes.

« Tu avais réservée ? » S'étonna Emma.

« Pas du tout. » Assura la brune en haussant légèrement des épaules.

Elles s'installèrent, jetèrent un très rapide coup d'œil à la carte et passèrent commande. Sans s'être concertée, les deux femmes demandèrent le même repas ce qui fit doucement sourire le serveur qui leur fit remarquer qu'elles étaient un très beau couple. Les joues d'Emma virèrent au rouge et Regina s'étouffa doucement avec sa propre salive, elles étaient toutes les deux affreusement gênées, elles se contentèrent alors de sourire et ne firent aucun commentaire sur ce drôle de compliment qui leur avait été adressée. Une fois le jeune homme repartit, un silence plutôt pesant s'installa, aucune des deux ne savaient quoi dire alors la blonde se mit distraitement à jouer avec sa serviette de table parfaitement pliée.

« Et si tu me parlais un peu de toi ? Qu'est-ce que tu as fait pendant ses six ans ? » Proposa Regina en grimaçant doucement.

« Chaque matin, depuis six longues années, je me réveille en me demandant comment je vais parvenir à vivre cette journée en entier sans toi à mes côtés. Chaque soir je m'endors en me disant que demain est un autre jour, que demain sera forcément différent et je me réveille chaque matin en me disant que finalement, demain n'est en rien différent parce que tu n'es quand même plus là. » Répondit naturellement Emma sans relever le visage.

Le serveur revint à cet instant et déposa une assiette bien remplie devant chacune des femmes qui le remercièrent avant de se mettre à jouer avec leur nourriture sans prononcer un seul mot. Emma fixait attentivement l'extérieur du magasin alors que Regina fixait intensément la blonde qui triturait son plat sans même le manger. Le silence devint rapidement pesant et très gênant pour les deux femmes qui ne savaient plus quoi se dire, qui ne savaient plus quoi faire maintenant qu'elles étaient complètement seules à seule et qu'elles avaient relativement discuté. Le serveur revint et leur servit deux verres de vin en leur affirmant que c'était un cadeau de la maison. L'intervention de l'homme ne changea pas grand-chose à la situation, elles lui sourirent rapidement et se remirent chacune à fixer un point fixe dans le restaurant pour ne pas se regarder. Le plat laissa place au dessert, une énorme boule de glace à la vanille posé sur une très grande part de tarte à la pomme avec une onctueuse couche de caramel par-dessus. Elles le mangèrent le plus lentement possible pour gagner ne serait-ce que deux petites minutes de calme en plus. Elles savaient pertinemment que si elles ne trouvaient pas quelque chose à se dire maintenant alors qu'elles étaient dans un merveilleux restaurant à manger un délicieux repas, le silence pesant qui régnait entre elles les suivra forcément dans la voiture et tout le long de la route qu'elles avaient à faire jusqu'à StoryBrooke mais ni l'une ni l'autre n'avaient envie de faire le trajet dans une atmosphère aussi palpable que maintenant. Alors, silencieusement, regardant chacune d'un coté du restaurant, elle cherchait quoi se dire et plus elles cherchaient et plus elles se rendaient compte qu'en six ans énormément de chose avait changé chez l'une comme chez l'autre, elles étaient presque de parfaites inconnues dans le fond et c'est ce qui leur fit affreusement mal à toutes les deux.

« Tu sais… tout à l'heure je ne plaisantais pas quand j'ai dit que j'étais follement amoureuse de toi, je l'étais vraiment et… je crois que, je retombe doucement folle amoureuse de toi. » Annonça tout bas Regina.

« On dit qu'on tombe fou amoureux, mais honnêtement on tombe fou tout court, comme si devenir fou ne suffit pas, on tombe aussi, et souvent de bien trop haut et, au final, à l'atterrissage, on se fracasse et on se cogne très fort » Répondit la blonde sur le même.

« Je suis prête à me fracasser et à me cogner très fort alors. » Assura la brune en lui prenant doucement la main par-dessus la table. « Enfin, si tu veux bien de moi. » Reprit-elle rapidement en rougissant.

« Je n'en sais trop rien… Qu'est-ce qui m'assure que demain tu ne mettras pas les voiles en te rendant donc que l'état de santé d'Alice vari à tout instant et que c'est vraiment super dur à supporter mentalement ? Qu'est-ce qui me dit que si ta mère ne vient pas en ville pour une raison quelconque tu ne vas pas paniquer et fuir à nouveau ? Comment je peux te faire confiance alors que tu m'as abandonnée avec ton fils ? Comment je peux te faire à nouveau confiance alors que quand j'ai essayé de te faire une toute petite place dans notre famille ton compagnon – qui n'est pas ton compagnon parce que toi tu ne l'aimes pas mais lui oui – a déboulé de nulle part alors que deux minutes avant on était sur le point de s'embrasser au Granny's, devant tout le monde ? Qu'est-ce qui me dit que tu assumeras ? Que tu nous assumeras pleinement ? Comment je peux être sûre que tu accepteras Alice autant que tu acceptes Henry ? Parce que l'un ne va pas sans l'autre maintenant, Henry ne va pas sans Alice et Alice ne va pas sans Henry. Que tu les aimeras autant l'un que l'autre ? Qui me dit qu'un jour tu n'en auras pas assez et tu n'iras pas voire ailleurs ? Après tout tu as été complètement libre pendant six ans, tu as mené une vie de célibataire, qui peux m'assurer aujourd'hui qu'un jour tu ne te lasseras pas de nous ? Que tu ne nous laisseras pas tomber pour retourner vivre une vie complètement libre loin d'ici ? » Déballa Emma en parlant avec son cœur sans même réfléchi à ses paroles.

« Em'… » Trouva seulement la force de soupirer Regina.

« Où est-ce que ça va nous mener tout ça ? Concrètement, à part foncer dans le mur, on va où là ? » Questionna la photographe en la regardant enfin dans les yeux.

« Je ne sais pas où ça nous mène, je n'en ai aucune idée mais je sais que notre histoire est bien trop belle pour se terminer ici, pour se terminer de cette façon. Toi et moi, c'est bien trop beau pour recevoir un point final. » Assura la brune, avec une voix calme et posée qui donnait envie de la croire.

La jeune blonde afficha un sourire semi triste semi heureux face à cette déclaration. Que pouvait-elle répondre à cela ? Elle n'en avait strictement aucune idée, tout ce qu'elle pouvait affirmer à cet instant précis s'était que son cœur avait tendance à s'emballer bien trop rapidement pour sa santé mentale. Elles finirent par rejoindre l'entrée pour payer l'addition, les deux femmes se disputèrent légèrement ce qui fit doucement sourire le serveur qui n'avait cessé de les observer pendant leur repas. Finalement ce fut Regina qui gagna et qui paya la totalité de l'addition ce qui fit grommeler légèrement Emma qui croisa ses bras sur sa poitrine pour montrer son mécontentement. Elles montèrent dans la Mercedes de collection et firent tranquillement le trajet jusqu'à StoryBrooke avec un peu de musique en fond. Aucune des deux ne parlaient, elles n'en ressentaient pas le besoin pour le moment, elles écoutaient les douces mélodies qui arrivaient jusqu'à leur tympan et observaient la route qui défilait devant leurs yeux. Le silence n'était plus aussi pesant qu'au restaurant, à présent il était paisible, presque agréable. Les minutes défilèrent et elles arrivèrent finalement à la petite ville portuaire du Maine, elles dépassèrent le panneau qui souhaitait la bienvenu et la brune prit la direction de la maison de Mary. Elle se gara à nouveau dans l'allée et se détacha pour faire le tour de sa voiture et ainsi ouvrir la portière à Emma qui lui prit la main en souriant doucement. Elle lui tendit les deux bouquets qu'elle lui avait offert devant la journée et l'accompagna jusqu'à la porte d'entrée, juste avant de la laisser entrer elle lui déposa un léger baiser sur la joue avant de lui souhaiter une merveilleuse nuit.

« Mon monde est bien moins intéressant sans toi pour l'illuminer Emma Swan-Mills » Souffla-t-elle doucement avant de repartir vers sa voiture pour rejoindre le Granny's, là où elle passait toutes ses nuits.