Le réveil sonna dans la chambre et Regina attrapa son téléphone pour le faire taire, elle enfouit son visage dans son oreiller et ferma les yeux pour gagner quelques minutes de sommeil en plus.

Les vacances de noël touchaient à leur fin, le dernier week-end venait tout juste de se réveiller ce qui signifiait que les écoles réouvraient leurs portes aujourd'hui pour le plus grand damne de tous les enfants de la petite ville portuaire de StoryBrooke. La brune soupira doucement en se tournant pour s'allonger sur le dos, le retour de l'école marquait aussi le retour des réveils très tôt alors qu'il faisait encore nuit à l'extérieur et elle n'était littéralement pas prête pour ça.

Après plusieurs minutes à fixer le plafond, elle envoya ses couvertures valser sur le coté et quitta sa chambre pour ne pas être tentée de se recoucher dans son lit douillet.

Elle entra dans la chambre d'Alice, lui caressa doucement les cheveux et attendit que celle-ci n'ouvre les yeux, elle lui retira son masque et éteignit la machine médicale et quitta la pièce pour la laisser se réveiller tranquillement. Elle fit de même avec Henry qui eut beaucoup plus de mal à décoller ses paupières.

Finalement, elle pénétra dans la chambre d'Emma et s'approcha du lit, elle s'assit sur le bord du matelas et l'admira.

La belle blonde dormait paisiblement avec un fin sourire dessiné sur ses fines lèvres, ses cheveux étaient éparpillés tout autour de son visage et formaient ce qui pouvait ressembler à une auréole. Elle lui caressa délicatement la joue et décida de la laisser dormir, elle en avait bien besoin, alors elle quitta la pièce et ferma la porte derrière elle en faisant en sorte de ne pas la faire claquer.

Elle descendit les escaliers, se fit couler un café et fit chauffer un peu de lait pour préparer un bon bol de céréale pour les enfants. Elle sortit du jus d'orange du frigo et en remplit deux verres avant de le ranger.

Elle versa une bonne dose de céréale dans les bols, y glissa une cuillère et baissa le feu. Voyant qu'aucun des enfants ne descendait, elle remonta rapidement et soupira doucement en constatant qu'ils s'étaient tous les deux profondément rendormi.

Elle eut presque envie d'utiliser la manière forte pour les faire sortir de leur lit mais elle n'était pas encore désespérée à ce point. Elle s'assit à nouveau sur le bord du lit d'Alice et lui frotta doucement le dos pour la réveiller, une fois qu'elle eut ouvert les yeux, elle tendit ses bras en direction de Regina, encore trop fatiguée pour pouvoir poser le pied au sol, et elles quittèrent la pièce.

La brune réitéra son geste avec Henry mais celui-ci était bien plus coriace, il s'éloigna de sa main et sr recroquevilla sur lui-même en ronflant légèrement. Elle lui caressa doucement ses cheveux bruns mais cela ne servit à rien si ce n'est que le faire dormir un peu plus paisiblement.

Elle échangea un sourire malicieux à Alice qui tenait fermement sa peluche dans ses bras et défit littéralement le lit du jeune garçon, elle retira les couvertures de sous le matelas, les replia sur le coté et lui chatouilla la plante des pieds avec ses longs ongles.

Cette fois-ci, Henry se réveilla en sursaut et s'éloigna rapidement sa main au point de se cogner la tête à son mur ce qui fit rire la petite blonde. Il grommela doucement en se frottant le crâne et quitta son lit à contre cœur.

Ils descendirent tous les trois les escaliers et se dirigèrent directement vers la cuisine, Regina installa Alice et laissa Henry prendre place à coté de sa sœur.

Elle coupa enfin le feu et versa le lait chaud dans les bols de céréales avant de le glisser face aux enfants avec le verre de jus de fruit. Elle sirota silencieusement son café en observant les deux Swan qui dormaient littéralement debout. Ils prirent plusieurs minutes pour prendre leur petit déjeuné, ainsi que ses vitamines pour Henry et ses médicaments pour Alice, et finalement, la brune les envoya s'habiller en précisant que cette fois-ci elle utiliserait la manière forte si l'un ou l'autre venait à se rallonger.

Elle nettoya rapidement la vaisselle salie et grimpa à l'étage à son tour pour s'habiller, elle enfila un ensemble de sous-vêtement simple, un jean noir dans lequel elle rentra un pull à col roulé gris clair. Elle enfila ses bottes à talon et rejoignit les enfants dans la salle de bain, elle se brossa rapidement les dents avec eux et brossa les cheveux à Alice qui lui souriait de toutes ses dents à travers le miroir.

Regina jeta un rapide coup d'œil dans le sac à dos d'Henry mais aussi dans celui de sa petite sœur pour s'assurer qu'ils n'oubliaient rien à la maison avant de partir.

Elle ouvrit doucement la porte de la chambre d'Emma et laissa les enfants entrer, ils s'approchèrent rapidement du lit, déposèrent un léger baiser sur le jour de leur mère et quittèrent la pièce pour descendre les escaliers. A son tour, elle s'approcha de la belle blonde qui dormait toujours aussi paisiblement, elle lui déposa un délicat baiser sur le front ce qui étira ses lèvres en un doux sourire et elle descendit enfin en regardant l'heure.

En arrivant au rez-de-chaussée, elle ne put s'empecher de sourire en voyant Henry et Alice qui caressaient le doux pelage de Swan qui ronronnait de plaisir. Elle leur laissa quelques minutes de calme avec le chaton puis leur demanda de se préparer.

Malheureusement pour elle, elle dut parlementer pendant de longues minutes avec la petite blonde qui voulait emmener le petit chaton avec elle à l'école pour le montrer à tous ses amis.

Calmement elle tenta de lui expliquer qu'elle ne pouvait pas l'emmener à l'école pour plusieurs raisons.

Tout d'abord parce que certains enfants étaient gravement allergiques aux poils des animaux et qu'ils ne pouvaient donc pas les approcher, elle risquait donc de mettre la santé de certains de ses amis en danger.

Ensuite parce que la place de Swan était à la maison et non à l'école, entouré de tout un tas d'enfant qui allaient crier et courir dans tous les sens, elle allait simplement lui faire très peu en l'emmenant avec elle.

Et puis, pour finir, elle lui expliqua que de toute façon, les animaux de compagnie n'étaient pas autorisés à l'école, elle ne pourrait pas passer la grille de l'école avec le petit chaton donc autant le laisser au chaud à la maison.

La petite blonde croisa ses bras sur sa poitrine en tirant une légère moue boudeuse, Regina se retint de toutes ses forces pour ne pas craquer devant cette petite moue qui faisait fondre son cœur.

Heureusement pour elle, Henry vint à son secours et expliqua à sa petite sœur qu'elle serait tellement occupée avec ses copines qu'elle n'aurait même pas le temps de penser à la petite boule de poil qui allait, bien sagement, attendre son retour à la maison. Un peu moins contrariée, Alice prit la main de son grand frère et ils se dirigèrent tous les trois vers la Mercedes de la brune dans laquelle ils grimpèrent rapidement.

Regina s'assura que les deux enfants étaient bien attachés avant de démarrer et de prendre la route en direction de la seule école de StoryBrooke. Le portail venait à peine de s'ouvrir lorsqu'ils arrivèrent, elle conduisit les deux enfants devant le portail, leur embrassa doucement le front et les laissa enfin rejoindre leurs amis.

Elle sourit doucement à Mary qui l'observait et lança un rapide coup d'œil vers Ruby, August, Mulan et Philipe qui discutaient calmement un peu plus loin.

Elle remonta rapidement dans sa voiture et fit le chemin inverse vers le manoir Swan sans aucun problème.

Une fois au chaud, elle se prépara un bon thé dans lequel elle plongea une cuillère de miel et elle le but doucement – pour ne pas se bruler bêtement la langue – en nettoyant le plan de travail.

Elle monta à l'étage, fit le lit d'Alice et refit le lit d'Henry en souriant doucement. Son fils allait très certainement la détester si elle venait le réveiller de cette manière tous les matins. Ensuite, elle fit un peu de ménage au rez-de-chaussée et s'installa sur l'un des tabourets qui entourait l'ilot centrale dans la cuisine pour finir son thé bien chaud, elle sortit son téléphone portable de sa poche et surfa sur internet sans voir les heures passer.

A l'étage, Emma se réveilla finalement et bailla à s'en décrocher la mâchoire, elle voulut s'étirer mais son épaule gauche la rappela très rapidement à l'ordre et elle grimaça de douleur en fermant les yeux. La douleur qu'elle avait ravivé en voulant bouger se calma après plusieurs minutes ce qui lui permit enfin de pouvoir quitter son lit.

Un peu difficilement, elle réajusta ses attelles et déverrouilla son téléphone portable pour savoir combien de temps elle avait dormi. Elle sauta hors de son lit en voyant l'heure et quitta sa chambre pour rentre dans celle de son fils sans prendre le temps d'enfiler ses pantoufles pour ne pas attraper froid.

Elle soupira doucement de soulagement en voyant le lit vide mais aussi refait et comprit qu'une fois de plus, Regina s'était occupée des enfants pendant qu'elle se reposait. Sans repasser par sa chambre, elle descendit les escaliers et retrouva la brune dans la cuisine, elle semblait très concentrée sur son téléphone portable alors elle s'approcha d'elle et jeta un léger coup d'œil à l'écran par-dessus son épaule.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Demanda-t-elle finalement.

« Je me renseigne pour tes hématomes. Tu savais qu'il fallait mettre la moitié d'une pomme de terre dessus pour les faire disparaitre, c'est un peu étrange mais bon, toutes les astuces de grand-mère sont bizarres et finalement elles fonctionnent du feu de Dieu. On va essayer. » Répondit Regina en descendant de son tabouret haut.

« Ce n'est qu'un bleu qui va disparaitre avec le temps, il ne me fait même plus mal, donc tu vas me faire le plaisir de laisser tranquille mes patates qui ne t'ont absolument rien demandé. » Répliqua rapidement Emma.

« Je veux simplement t'aider. » Souffla la brune en la regardant.

« Et moi j'ai faim. On mange ? » Sourit la blonde.

« Estomac sur patte. Je vais faire à manger, va t'installer sur le canapé. » Rigola la jeune femme.

« Sinon tu viens m'aider à m'habiller et on va déjeuner au Granny's ? » Proposa la photographe.

Regina la regarda de haut en bas et la suivit finalement à l'étage.

Emma entra dans le dressing et lui lança littéralement au visage les habits qu'elle souhaitait mettre ce qui les fit rire toutes les deux.

La blonde se laissa ensuite faire comme une poupée de chiffon.

La brune la déshabilla et l'habilla avec calme et douceur en prenant son temps. Après plusieurs minutes, elle attacha le dernier bouton du chemisier noir et lui enfila correctement ses attelles pour maintenir ses membres blessés.

Elle se dirigea ensuite dans la petite salle de bain attenante à la chambre pour récupérer le peigne de la blonde. Elle brossa longuement les cheveux d'or, finalement elle décida de ne pas les attacher pour laisser les boucles claires retomber le long des épaules de sa jeune femme.

Elles redescendirent les escaliers ensemble et la brune aida Emma à enfiler sa veste par-dessus son attelle avant d'elle-même mettre son manteau pour ne pas attraper froid.

Décembre avait certes laissé sa place à Janvier mais les températures très fraiches de fin d'année étaient toujours présente.

Une fois bien couverte, elles quittèrent le manoir et montrèrent dans la voiture de collection de la brune qui conduisit calmement jusqu'au Granny's. Elle se gara pile en face du petit restaurant et fit rapidement le tour de la voiture pour ouvrir la portière à Emma qui lui sourit doucement.

Elles entrèrent dans le restaurant et Ruby sauta immédiatement sur la blonde, heureusement la gérante du petit restaurant n'était jamais bien loin pour rappeler sa petite fille à l'ordre.

Elles passèrent donc commande et s'assirent sur une table pour deux en attendant. Tout en déjeunant, elles discutèrent de tout et de rien.

Regina se confia un peu plus sur la vie qu'elle avait eu à New-York, sur les connaissances qu'elle avait et qu'elle laissait volontiers là-bas.

Emma s'ouvrit un peu plus à son tour et déverrouilla son téléphone portable avant de le poser sur la table, l'écran tourné vers la brune, elle sélectionna l'application qui servait de galerie et fit défiler les photos qu'elle avait jusqu'à tomber sur des photos d'Henry et Alice lorsqu'ils étaient plus petit.

Regina admira les deux bouilles d'enfants qui souriaient sur absolument chaque photo et la blonde lui racontait joyeusement des anecdotes qui allaient avec les photos. Plus elle l'écoutait et plus elle sentait son cœur se serrer dans sa poitrine, elle avait raté tellement de chose, elle avait tellement été absente. Elle pourrait faire tout ce qu'elle voulait, tout ce qui était en son pouvoir pour se rattraper et rendre autant que possible les trois Swan heureux, elle ne pourrait jamais rien faire pour rattraper le temps qu'elle avait stupidement perdu. Et elle s'en voulait. Elle s'en voulait de ne pas avoir été présente pour la naissance d'Alice qui avait été un rude moment. Elle s'en voulait de ne pas avoir été présente lorsque son fils avait fait son entrée en primaire. Elle s'en voulait de ne pas avoir entendu les premiers mots de la petite blonde et de ne pas avoir hurlé de joie en la voyant faire ses premiers pas. Elle s'en voulait et elle ne pourrait rien faire pour que cela change.

« Tu y arrivais, toi ? Sans moi, je veux dire. Parce que moi je galérais beaucoup. » Souffla-t-elle doucement en reposant le téléphone sur la table.

« Ça t'es arrivée à toi d'aimer un fantôme ? » Questionna Emma.

« Quoi ? » Fit Regina en fronçant des sourcils.

« D'aimer quelque chose plus fort que tout ? Que tu ne peux pas toucher, pas regarder ? Juste de la nostalgie, des souvenirs, une odeur, un souffle, un regard ? Eh bien moi ça fait six ans que j'aime un fantôme. Un putain de fantôme. Et j'ai dû faire avec, je n'ai pas eu le choix, je n'étais pas toute seule, j'avais deux merveilleux enfants qui ne méritaient pas de souffrir alors je me suis relevé comme j'ai pu et j'ai fait sans toi. C'était difficile mais j'ai fait sans toi parce que je ne pouvais pas faire autrement. » Confia la blonde en la regardant dans les yeux.

La brune afficha un sourire un peu triste et baissa le regard vers son assiette. Avait-elle le droit de prétendre avoir elle aussi aimée un fantôme pendant six ans ? Non. Elle ne pouvait pas. Elle n'avait pas le droit. Elle était partie sans donner d'explication à qui que ce soit, elle était simplement partie alors non, elle n'avait pas le droit. Evidemment, elle avait souffert de la situation, tout humain plus ou moins correctement conditionné aurait souffert d'une telle situation, mais elle n'avait pas le droit de prétendre avoir ressenti la même souffrance qu'Emma parce que cela était faux, complètement faux.

Les deux femmes devinrent étrangement silencieuses, elles fixèrent leur assiette respective et mangèrent sans prononcer le moindre mot.

Elles étaient silencieuses mais les gens qui les entouraient ne l'étaient malheureusement pas et, en plus de ça, ils étaient tout sauf discret. Ils parlaient d'elles. Ils parlaient d'Emma. Ils parlaient de Regina. Ils parlaient en toute impunité comme si elles n'étaient pas présente dans la pièce. Ils parlaient sans se soucier de leur ressenti, de leur sentiment. Ils parlaient. Ils jugeaient. Ils critiquaient.

« Tôt ou tard, elle finira par les abandonner à nouveau. » S'exclama Leroy qui était presque allongé sur le comptoir.

« Emma mérite bien mieux. » Commenta Gaston.

« Un homme, un vrai, pourrait lui offrir tellement plus que cette femme qui a abandonné sa famille du jour au lendemain. » Fit William Mouche en riant grossièrement avec ses compagnons.

« La pauvre petite va encore souffrir. » Ajouta Tuck avant de croquer à peine dent dans son hamburguer.

« Tu crois qu'elle joue avec ses sentiments ? » Questionna Dorothy.

« Elle devrait avoir honte. » Dit Kay en sirotant sa bière tout juste servie.

« Qu'a-t-elle bien pu faire durant tout ce temps ? » Interrogea Ratchel, une infirmière de l'hôpital.

« Elle a dû profiter de sa liberté avec n'importe qui » Répondit Hans.

« Elle repartira forcément lorsqu'elle aura eu ce qu'elle est revenue chercher. » Chuchota Éric.

« Emma a déjà tellement souffert. » Souffla Anastasie avec une légère moue attristée.

« Elle est en train de s'attacher et elle va finir brisée, à nouveau. » Lança Maurice en levant les yeux au ciel.

« Peut-être qu'elle a quelque chose à voir dans la chute d'Emma ? » Réfléchit soudainement Gus.

Regina écoutait chaque petit commentaire en silence, elle encaissait et ne disait rien. Elle pourrait se lever et hurler à travers le petit restaurant, elle les ferait tous taire à coup sûr mais elle leur donnerait une nouvelle raison pour parler dans son dos car, bien évidemment, aucune de ses personnes n'auraient le courage de lui dire quoi que ce soit en face.

Elle était partie. Elle avait abandonné sa famille. Elle le savait mieux que quiconque ici mais qui étaient-ils pour la juger de la sorte ? Pour la juger sans la connaitre ? Sans connaitre ses raisons ? Pour quoi se prenaient-ils ?

Ils n'étaient absolument personne. Ils n'étaient personne parce qu'ils ne connaissaient rien. Ils n'avaient pas la moindre idée des litres de larmes qu'elle avait versée le soir, lorsqu'elle se retrouvait seule dans sa chambre.

Ils n'avaient aucune idée de la douleur qui irradiait son cœur dès qu'elle croisait une femme aux cheveux blonds dans la rue.

Ils ne pouvaient imaginer la rancœur qu'elle nourrissait envers elle-même.

Regina était humaine et, comme tous les humains sur la planète, elle avait ses limites.

Entendre cet homme, qu'elle ne connaissait de nulle part, insinuer qu'elle avait quelque chose à voir avec les blessures de la blonde était trop pour elle. C'était trop. Trop. Beaucoup trop.

Elle posa violement son verre sur sa table ce qui fit sursauter Emma qui ne s'attendait pas à une telle réaction, elle se leva de sa chaise ce qui fit taire tout le monde et se dirigea simplement mais rapidement vers les toilettes destinées aux femmes.

Elle ne prononça pas un seul mot, elle avança en gardant la tête baissée et claqua la porte derrière elle.

Emma soupira doucement, évidement elle avait écouté les petits commentaires mais elle avait préféré les ignorer pour profiter de son repas en tête à tête avec la brune.

Si elle avait su que Regina aurait une telle réaction, elle les aurait rapidement fait taire. Elle jeta un regard circulaire autour d'elle et se leva à son tour de la table, un peu plus doucement que la brune, elle se dirigea vers les toilettes des femmes et entra à son tour.

Regina était là et faisait littéralement les cents pas en fulminant toute seule. La blonde la regarda faire pendant quelques secondes avant de s'approcher et de lui attraper le bras pour l'arrêter, elle grimaça doucement de douleur mais ne la lâcha pas pour autant.

« Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Calme-toi. Ce n'est pas la peine de te mettre dans cet état. » Souffla-t-elle doucement.

« Tout ça m'énerve. Je m'énerve. Ils m'énervent parce qu'ils ne comprendront jamais, parce que moi-même je ne pourrais jamais expliquer ce que ça me fait, mais une chose est sûre, c'est que c'est bel et bien là. L'amour que je te porte. Il est là et il est immense. Il n'a pas disparu une seule seconde en six ans. Je t'aime tellement que ça en fait mal mais c'est la plus belle des douleurs. Mon amour pour toi envahit tout mon être, chaque fragment en est imprégné à jamais. Mais il ne s'arrête pas là, il inonde toute ma vie et semble décidé à faire partie de moi pour le restant de ma vie. » Lâcha Regina en contractant ses points.

Emma l'observa de haut en bas avant de s'approcher un peu plus vers elle, elle glissa son bras droit autour de son cou et l'attira contre son corps.

Dans une pulsion, elle ferma les yeux et plaqua ses lèvres sur celle de la brune qui ne sut quoi faire.

Elles restèrent dans cette position de courte seconde avant que Regina ne reprenne constance. Elle déposa ses mains sur les hanches de la blonde et lui rendit son baiser en l'approfondissant. Rapidement leurs langues se lièrent et entamèrent une danse endiablée.

Leur baiser prit rapidement un aspect beaucoup plus passionné, beaucoup plus fougueux, beaucoup plus désiré. Elles se mouvèrent dans la pièce jusqu'à ce le dos d'Emma heurte la porte des toilettes, empêchant ainsi qui que ce soit d'entrer dans la pièce et de les couper par la même occasion.

Les mains de Regina se glissèrent dans le dos de la blonde puis sur ses fesses qu'elle caressa avant d'attraper fermement ses cuisses pour la soulever.

Emma lâcha un léger soupir en décollant du sol, elle enroula ses jambes autour des hanches de la brune et resserra son bras droit autour des épaules de celle-ci pour ne pas tomber. Leurs bouches se frôlèrent, leurs langues se rencontrèrent et les battements de leurs deux cœurs se synchronisèrent dans leur poitrine qui se soulevaient de plus en plus rapidement.

Les deux femmes se séparèrent seulement lorsque le souffle se fit manquant, Emma laissa sa tête retomber contre la porte en bois derrière elle alors que Regina enfouit son visage dans son cou pour prendre une profonde inspiration de son doux parfum.

Elles gardèrent les yeux fermés pendant de longues secondes en prenant de grande respiration avant de se redresser, de coller leur front et de se sourire.

« Wow… » Lâcha Regina en plongeant dans le regard émeraude.

« On rentre d'accord ? Si ses gens veulent raconter n'importe quoi pour se convaincre qu'ils sont meilleurs que toi, soit, qu'ils continuent si ça peut les rendre heureux. Mais nous, on ne va certainement pas gâcher notre journée à les entendre. » Souffla doucement Emma en lui souriant.

« On rentre à la maison. » Acquiesça la brune.

Mais elles ne bougèrent pas pour autant.

Regina garda fermement la blonde contre son corps et la blonde regardait Regina dans les yeux.

Venait-elle vraiment de dire que le manoir était leur maison ? Leur maison à elles deux ?

Emma aurait sans doute pu s'en offenser mais une étrange sensation de bien-être naquit dans sa poitrine et irradia absolument tout son corps. Son sourire s'agrandit un peu plus si cela était possible et, doucement, elle vint déposer ses lèvres sur celle de Regina pour un chaste baiser qui les fit sourire toutes les deux.

Finalement la brune la déposa doucement au sol et lui offrit un énième baiser mais cette fois-ci sur le front.

Elles sortirent des toilettes, passèrent par leur table pour récupérer leur manteaux et sac puis se dirigèrent vers le comptoir.

Regina paya se qui fit grommeler Emma, elles sourirent doucement à Ruby qui s'excusa du comportement des autres clients et elles quittèrent le petit restaurant sans se retourner.

Le trajet en voiture se passa calmement et en silence, le silence n'était pas pensant mais plutôt reposant, pour l'une comme pour l'autre. En arrivant au manoir, Regina se gara dans l'allée et elles allèrent rapidement se mettre au chaud à l'intérieur, la brune se dirigea directement vers la cuisine pour préparer les boissons chaudes qu'elles n'avaient pas pris le temps de boire au Grannys pendant que la blonde s'installait dans le canapé en l'attendant.

Elle zappa de chaine en chaine pendant de longues minutes avant de finalement s'arrêter sur un programme qui n'avait pas grand intérêt mais qui avait le mérite de couvrir le silence qui régnait dans la pièce.

La brune entra dans la pièce à ce moment-là, elle donna une tasse remplie de chocolat à Emma et s'installa à ses côtés en tenant sa tasse de thé. Elles fixèrent l'écran de la télévision sans rien dire mais en se rapprochant de plus en plus l'une de l'autre.

Les deux tasses se retrouvèrent rapidement posées sur la petite table de la pièce et un plaid se retrouva rapidement posé sur leurs épaules.

Regina glissa doucement son bras autour des épaules de la blonde qui se lova correctement contre son corps pour ne pas blesser un peu plus son bras gauche bloqué dans une attelle, elle laissa sa tête tomber sur l'épaule de la jeune femme et déposa doucement sa main blessée sur ses cuisses sans ne rien dire.

Elles restèrent blotties l'une contre l'autre durant le reste de l'après-midi en regardant sans grand intérêt les diverses émissions qui passèrent à la télévision. Elles restèrent l'une contre l'autre en souriant du bout des lèvres, profitant du parfum enivrant de l'autre femme mais aussi de sa douce présence.

Aucune des deux ne voulaient quitter l'étreinte dans laquelle elles se trouvaient mais elles durent tout de même s'éloigner l'une de l'autre, totalement à contre cœur, pour aller récupérer Alice et Henry à leur école. Elles sortirent de la maison avec quelques minutes de retard, attrapèrent leurs manteaux et prirent rapidement la direction de la petite école élémentaire de la ville.

En arrivant, elles constatèrent que les enfants commençaient déjà à sortir alors elles quittèrent la voiture et se précipitèrent vers le portail.

La classe d'Henry était déjà sorti et le petit garçon attendait sagement ses mères dans la cour de récréation, en les voyant il salua ses camarades de classe qui restaient et les rejoignit à l'extérieur.

Quelques secondes plus tard, Mary quitta l'établissement avec les élèves de sa classe, Emma et Regina comprirent rapidement que quelque chose n'allait pas. Aucun enfant ne souriait, ils fixaient tous leurs pieds en se tenant la main sans ne rien dire. Elles échangèrent un regard et froncèrent des sourcils. Alice releva le visage et les vit mais elle ne retrouva pas son si beau sourire pour autant, elle sortit sagement de l'école et se dirigea vers sa famille en trainant des pieds.

« Bah alors sauterelle, qu'est-ce qui t'arrive ? » Questionna Henry en passant son bras autour des épaules de la petite fille.

« Tata nous a puni, elle nous a donnée beaucoup de ligne à copier pour demain. » Soupira la petite fille en fixant ses pieds.

« Pourquoi ? » Questionna Regina en fronçant un peu plus des sourcils.

« Bah je ne sais pas moi, elle était très énervée. » Répondit Alice en haussant des épaules.

« Mary ? Tu peux venir deux minutes s'il te plait ? » S'exclama Emma en regardant sa sœur qui hocha la tête avant d'approcher.

« Bonjour toi. Comment va ton bras ? » S'intéressa la petite brune en arrivant à leur hauteur.

« Ça va, ça va. Pourquoi est-ce qu'ils sont punis ? » S'intéressa la photographe en lui souriant.

« Ils ont été infernale aujourd'hui. Vraiment insupportable. Ils parlaient tous en même temps, m'appelaient sans cesse en coupant la parole aux autres élèves et même à moi, ils parlaient plus fort les uns que les autres. Ils hurlaient littéralement dans la classe. Je leur ai demandé d'arrêter de nombreuse fois, j'ai prévenu que j'allais finir par punir mais ils ne m'ont pas cru et ont même haussé un peu plus le ton alors j'ai fini par punir. Ils ont une trentaine de ligne à copier pour demain. » Informa la maitresse avec une mine vraiment fatiguée.

« Je vois, rentre chez toi et repose toi d'accord ? » Fit Emma en lui caressant doucement le dos de haut en bas.

La petite brune hocha la tête de haut en bas avant de plaquer un baiser sur la joue de sa sœur, elle sourit doucement à Alice, ébouriffa rapidement les cheveux d'Henry et retourna à l'intérieur de l'établissement pour récupérer ses affaires.

Emma soupira doucement et entraina tout le monde à la voiture sans ne rien dire, d'ailleurs l'atmosphère dans la voiture était vraiment pesante si bien qu'aucun des enfants n'osa ouvrir la bouche pour raconter sa journée.

Ils arrivèrent au manoir et Henry monta rapidement les escaliers pour aller faire ses devoirs au calme dans sa chambre pendant qu'Alice se dirigeait vers le salon mais Emma la rattrapa bien rapidement et l'entraina vers la salle à manger où elle la fit asseoir.

Regina la regarda faire et entra dans la cuisine, elle sortit un paquet de gâteau et déposa quelques biscuits dans un assiette avant d'attraper une petite bouteille de jus de pomme dans le frigo. Elle grimpa les escaliers, entra dans la chambre du garçon, lui donna de quoi faire son gouter et vérifia qu'il n'avait pas besoin d'aide avant de redescendre au rez-de-chaussée. Elle attrapa le paquet de gâteau, une autre bouteille de jus et entra dans la salle à manger. Elle déposa le tout sur la table et y tendit à la petite fille qui lui sourit doucement.

« C'est trop nul, on voulait juste lui raconter nos vacances nous. » Soupira Alice en sortant son cahier rouge, cahier de punition qu'elle sortait très rarement de son sac à dos.

« Je pense que le véritable problème c'est que vous avez parlé tous en même temps sans prendre la peine de lever la main pour avoir la parole, vous avez tous parlé plus fort les uns que les autres pour vous faire entendre et c'est vite devenu la cacophonie dans la classe. Lorsque toi et Henry vous parlez en même temps, je peux vous comprendre parce que vous êtes juste deux et que les pièces de la maison sont quand même sacrément grandes ce qui permet au son de voyager correctement. Mais en classe, vous êtes une bonne vingtaine dans des pièces pas vraiment grande ce qui produit un vrai brouhaha. Je suis certaine que Mary aurait aimé vous entendre parler de vos vacances mais comme vous avez parlé tous en même temps, personne ne s'est écouté et en plus, crier pour se faire entendre n'a servi à rien à part à donner une bonne migraine à Mary. La punition est simplement là pour vous rappeler qu'il faut lever la main pour avoir la parole. » Expliqua Emma en soupirant doucement.

« Tu sais, une fois, il s'est produit la même chose dans une autre classe et la maitresse à finit par disparaitre ! » S'exclama soudainement Regina.

« C'est une blague ? » Fit la petite blonde en écarquillant des yeux.

« Il était une fois, une maitresse d'école très gentille, tellement gentille que les enfants l'appelaient tout le temps et lui parlaient tous en même temps sans jamais lever la main. Au point qu'elle n'arrivait jamais à comprendre ce qu'ils disaient, les mots, les phrases se mélangeaient pour ne devenir qu'un langage incompréhensible.

Elle entendait « Maitresse je… maitresse, il n'arrête pas de… un bobo… m'a embêté… il a copié… je peux aller boire… un plomb propre a mal aux vacances… ma sœur a déchiré les doubles goûter… il a copié sur mon taille crayon… le sommet du verbe…. Deux fois quatre fonte le singulier… j'ai perdu mon super rituel dans la cour… »

La maitresse répondait donc à coté car elle n'entendait jamais en entier ce que lui disaient les élèves. Eux-mêmes s'inquiétaient auprès de leurs parents :

-Elle est très gentille la maitresse, mais quand on lui pose une question, elle répond n'importe quoi, elle ne comprend pas quand on lui parle, même si on répète, même si on crie.

Les parents sont allés voir la maitresse : effectivement, elle était très gentille. Elle répondait tout à faire normalement aux questions que les parents lui posaient.

Les parents étaient tout à fait rassurés, mais ils ne comprenaient pas pourquoi la maitresse insistait autant auprès d'eux pour que les enfants lèvent la main :

-Sinon, ils parlent tous en même temps et l'on ne s'entend plus.

Elle avait mal à la tête en fin de journée et était déçue que ni elle, ni les enfants ne se comprennent.

Un jour la maitresse était en classe et elle vit un papillon doré et bleu se poser sur la fenêtre. Elle voulut dire à la classe :

-Regardez ce magnifique papillon, c'est un…

Les élèves l'interrompirent pour parler tous en même temps. La maitresse se dit « Ah, si seulement je pouvais disparaître et m'envoler dans la nature quand les enfants m'appellent tous en même temps… »

Quelques minutes plus tard, voyant que la maitresse n'essayait même pas de leur répondre, les élèves l'appelèrent tous en même temps :

-Maitresse !

-Maitresse !

-Maitresse !

Et la maitresse disparut sous leurs yeux ébahit. Ils l'appelèrent, la cherchèrent dans toute l'école, mais ne la trouvèrent pas. Elle n'avait pas pu sortir de l'école, la gardienne l'aurait vu. Alors, où pouvait-elle bien être ? Ils entrèrent dans toutes les chasses, jusque chez le directeur qui les a renvoyés dans leur classe sans les écouter :

-Retournez tout de suite dans votre classe, votre maitresse va s'inquiéter de ne pas vous voir.

Ils revinrent dans la classe et se mirent à pleurer. Mais où est notre gentille maitresse ? Ce qu'ils ne savaient pas ; c'est que leur maitresse s'était transformée en papillon. Elle était sortie par la fenêtre et vivait un moment merveilleux à voleter dans la nature. Plus les enfants l'appelaient en la cherchant, plus son temps de vie en tant que papillon se prolongeait.

Ce fut lorsqu'ils revinrent en classe et qu'ils durent silencieux, le regard perdu par l'incompréhension, qu'elle réapparut dans la cour. Elle retourna en classe, euphorique de cette merveilleuse escapade.

Dès qu'ils la virent, ils redirent en même temps : « Maitresse, maitresse, maitresse » en se précipitant vers elle, mais elle disparut à nouveau sous leurs yeux.

Une élève, plus observatrice que les autres leur dit :

-Taisez-vous, tous ! Ne l'appelez plus, cela va peut-être la faire revenir.

Ils se turent et elle revint. Ils allaient se mettre à crier mais eurent peur qu'elle ne disparaisse à nouveau.

Elle leur raconta alors la vie des papillons sans oser leur dire qu'elle en était devenue un.

Depuis ce jour, dans cette école, on lève le doigt et on attend que la maitresse soit disponible pour interroger les élèves. On ne lève plus jamais le doigt en disant « Maitresse, maitresse, maitresse », car on sait que dans la classe, la maitresse disparait quand on l'appelle. » Raconta la brune avec le plus de sérieux possible.

« Tata Mary va disparaitre si on l'appel au lieu de lever la main ? » Comprit la petite fille en regardant sa mère.

« C'est exactement ça, la punition c'est pour vous faire arrêter avant qu'elle ne devienne, elle aussi, un magnifique papillon. » Sourit la photographe en lui caressant les cheveux.

« Je vais le dire à tous mes copains et on lèvera tous la mains, tata Mary est trop gentille pour devenir un papillon. » Promit-elle en plongeant son nez dans son cahier de punition.

Regina regarda Alice qui copiait ses lignes avec attention puis elle quitta la salle à manger en souriant doucement à Emma.

Elle grimpa les escaliers et vérifia qu'Henry s'en sortait avec ses exercices, elle resta quelques minutes avec lui et finit par redescendre les escaliers pour ne pas le déconcentrer.

Elle revint dans la cuisine, attrapa son téléphone portable et, contre toute attente, elle s'assit sur le plan de travail ce qu'elle ne faisait vraiment jamais, elle était même la première à râler lorsque quelqu'un venait à le faire.

Elle haussa simplement des épaules et se concentra sur l'écran de son smartphone. Emma sortit de la salle à manger à ce moment-là, elle s'approcha, posa sa main sur son épaule et lui déposa un léger baiser sur la joue.

« Merci. » Souffla-t-elle simplement avant de repartir vers le salon.