Koraav hin In ! Reconnaissez votre Maître !

Arngeir traversait le monastère du Haut-Hrothgar, ayant achevé de méditer et s'apprêtant à savourer un met frugal. Une pensée le tiraillait tout de même qui l'empêchait d'apprécier les plaisirs simples de son existence: l'Enfant de Dragon demeurait silencieux. Avait-il péri ? S'était-il détourné de son rôle par peur, ignorance ou simple paresse ? Depuis l'éveil de son pouvoir, depuis de longs mois, et malgré des séances de méditation acharnées pour ressentir chaque sursaut dans la toile de la réalité, le calme régnait. Pas d'interférence majeure, pas de coup du destin, juste les rugissements des dragons qui emplissaient les cieux de leur nombre croissant.

Un grondement totalement différent de celui des monstres volants résonna soudainement dans le hall principal, interrompant le fil de ses pensées. La porte d'entrée venait d'être poussée, avec difficulté au vu de la mélodie saccadée de ses gonds gelés. Arngeir se figea. Personne n'entrait jamais par la porte principale, à moins d'y être invité. Les sept-milles marches repoussaient assez vite les voyageurs les moins motivés, et sans une excellente raison, nul n'osait braver les créatures féroces parsemées tout au long de l'ascension. Il marcha aussi vite qu'il pouvait jusqu'à la source de cette anomalie.

Il ne s'attendait à rien de particulier, vraiment, mais la figure encapuchonnée qui apparut, époussetant la neige tenace qui s'accrochait à son armure sombre, ne représentait rien de ce qu'il avait imaginé. Petite, intimidée, frémissante. Était-elle véritablement l'Enfant de Dragon ? Il attendit un instant, observant les mouvements prudents de la nouvelle arrivante. Elle bougeait silencieusement, posant chacun de ses pas contre les dalles du monastère avec délicatesse et appréhension. Dans la foulée, elle découvrit aussi son visage, révélant une courte tignasse jaune et hérissée au-dessus d'un visage rond, indéniablement bréton.

S'accoutumant à la luminosité et s'étonnant de la chaleur ambiante après la tempête qui l'avait poursuivie durant toute sa randonnée, elle se recroquevilla sensiblement en remarquant le vieil homme qui se découpait dans l'ombre. Il s'approcha d'un pas solennel, la salua poliment et lui demanda son nom. Elle hésita. Depuis la révélation du sombrage, ce pseudonyme lui déposait un goût amer sur la langue, mais au vu de la tâche qu'elle s'apprêtait à accomplir…

"Siltafiir Viingnu." Répondit-elle timidement.

Arngeir haussa un sourcil.

"Vraiment ? Est-ce votre véritable nom ? En connaissez-vous seulement le sens ?"

La Brétonne recula franchement devant cet interrogatoire, mais se ressaisit en captant l'expression paisible de l'ermite.

"Je… Non, c'est un surnom, souffla-t-elle d'un ton résigné, j'en ignorais le sens quand je l'ai choisi, il ne m'est apparu que récemment et j'ai encore de la peine à l'interpréter. Il vient d'un rêve récurrent et sa sonorité m'a toujours plu."

Du moins lui plaisait-elle jusqu'à sa conversation avec Ralof, grinça-t-elle intérieurement.

"Vous en avez rêvé ? Racontez-moi."

Il conservait une posture droite, impassible et sobre, mais une lumière agitée palpitait dans ses yeux tandis qu'il questionnait la jeune fille. Une lumière enfantine. Elle fit mine d'ignorer ce détail, inspira profondément et, paupières closes, se remémora le songe en question, contant les événements à son auditoire solitaire tandis qu'ils défilaient dans son esprit.

Dans ses souvenirs, des champs de neige s'étendaient de toutes parts, ponctués de collines, de forêts, de mares sanglantes qui menaient jusqu'à une montagne, un gigantesque pic couvert de glace et de brume. De là-haut descendaient des hurlements orageux, et la jeune fille savait que ces cris venaient d'un énorme ours noir, et que cette bête était responsable des flots sanguins qui maculaient le paysage. Si personne ne l'arrêtait, elle dévorerait tout le monde, le monde entier, mais aucun n'osait, aucun ne savait comment, alors les gens effrayés poussaient la Brétonne en avant, vers le danger, parce qu'ils pensaient qu'elle trouverait le moyen. Étrangement, elle ne s'en inquiétait pas. Elle tenait son arc après tout, le seul arc dans tous le pays capable de toucher l'ennemi sous sa carapace poilue, il était donc logique qu'elle s'en charge. Malheureusement l'ours noir se cachait dans une grotte hors de portée de ses jambes engourdies. D'ailleurs, plus elle s'avançait vers la tanière de l'ennemi, plus celle-ci gagnait en hauteur, ou peut-être que le sol s'aplatissait pour l'éloigner de son but, impossible à savoir. Tandis qu'elle lutait, un rire moqueur l'interpellait. Un homme, un chasseur, souriait, narquois, l'observant se débattre en vain avec une délectation proprement irritante…

"C'est à ce moment là qu'il se mettait à parler. Je ne me suis jamais rappelée de tout son discours, mais je sais qu'il m'appelait Siltafiir et Viingnu. Ensuite, le rêve se termine toujours de la même manière. Il s'avance vers moi, me pousse vers la montagne et je me réveille.

- Intéressant. Souffla le vieil homme. Fascinant, même. Siltafiir, la voleuse d'âme, et Viingnu, qui n'est pas ailée… Étrangement approprié. Si vous êtes bien Enfant de Dragon. Vous aurez l'occasion de nous prouver cela sous peu."

Elle grimaça tandis qu'il l'entraînait au centre du monastère et, rejoint par ses compagnons d'ermitage, lui indiquait qu'elle pouvait démontrer ses talents. Debout sur les dalles de marbre, encerclée par quatre vieillards au visage ombré, elle inspira profondément et se tourna vers le mur pour éviter de blesser les barbus.

"Avez-vous l'habitude d'observer les pierres lorsque vous saluez quelqu'un ? Demanda Arngeir.

- Vous voulez que je vous crie dessus ? S'étonna-t-elle en l'observant, confuse.

- Je ne désire qu'entretenir une conversation avec vous." Rit-il calmement.

Elle fronça les sourcils mais n'insista pas. Il connaissait le sujet un millier de fois mieux qu'elle, après tout. Pourquoi discuter ? Ou plutôt, pourquoi ne pas le faire ? Elle inspira.

FUS

Il tituba, reculant de quelques pas, la main devant les yeux. Son équilibre regagné, il avança vers l'Enfant de Dragon, un sourire aux lèvres, et déclara que son premier test pouvait enfin commencer. Un test ? Siltafiir s'agita en écoutant nerveusement l'ermite qui débitait ses instructions. Cela faisait des mois qu'elle n'avait pris part à un test, mais ceux qui lui revenaient en mémoire ne présageaient que honte et humiliation. Celui de ce jour ne consistait qu'en deux examens qui lui parurent minimalistes à la première écoute: apprendre les mots ro et wuld et leur s'en servir devant ses nouveaux professeurs. Quelques dizaines de minutes plus tard, ils la fixaient tous avec intensité. Siltafiir, ayant passé les épreuves avec une aisance inhabituelle, sentit ses joues chauffer de fierté lorsqu'Arngeir la félicita, les yeux brillants et la voix fébrile.

"Jamais nous n'avions rencontré d'Enfant de Dragon, expliqua-t-il d'un ton vibrant, les histoires sont nombreuses, mais vous voir maîtriser de nouveaux mots si rapidement…"

Il laissa sa phrase en suspend.

"C'est si difficile pour les gens… normaux ? L'encouragea-t-elle d'un timbre rauque.

- Certains cris nécessitent des semaines, parfois des mois de pratique et de méditation. Même les plus simples nous demandent des jours d'études. Votre âme de dragon vous octroie un pouvoir qui dépasse l'entendement."

Plus de doute possible, le vieil homme transpirait la joie. L'Enfant de Dragon, d'abord étonnée par tant d'émotions de la part d'un moine reclus, apprit bien vite que sa venue au monastère et son éducation par l'art de la Voix représentaient l'accomplissement d'une vie pour les Grisesbarbes. Ces conditions remplies, le bonheur de l'ermite paraissait bien moins surprenant. Puis, car rien de bon ne pouvait durer, vint une question qu'elle redoutait particulièrement:

"Pourquoi avoir tant tardé ? Cela fait longtemps que je n'ai foulé les sept-milles marches, mais assurément elles ne requièrent pas six mois d'ascension.

- Euh… Oui, en effet. Grommela-t-elle dans un frétillement nerveux. Quelques imprévus… Des ennuis avec les Sombrages. Et l'Empire. Un peu le Thalmor, aussi. Un travail très prenant, ça a beaucoup compté. Et des ours, plein d'ours. Vous saviez que certains vivent en groupe ? Il y en a toute une famille au pied de votre montagne. Tout le monde dit qu'ils n'attaquent que quand on les provoque, mais je crois que ma définition de "provoquer" diffère de celle des gens d'ici."

Elle se tut un instant, tentant d'éviter le regard paisible du vieil homme. Pas d'inspection, pas de jugement, pas de colère, rien de négatif ne se dégageait du moine, ce qui attisait la nervosité de Siltafiir plus que tous les sermons et morales du monde. Un regard compréhensif. Un regard auquel elle ne pouvait mentir sans s'étrangler dans sa culpabilité. C'était sa flèche dans le genou, jamais elle n'y résistait.

"Bon, très bien, j'avoue, admit-elle dans un grondement sourd, j'avais peur de ce que j'apprendrais en arrivant ici. Toutes ces histoires de légendes et de dragons… C'était trop d'un coup.

- J'aurais dû poser ma question d'une manière plus délicate dans ce cas, répondit poliment Arngeir, en vous demandant pourquoi vous avez finalement décidé de braver les dangers de notre montagne. D'après la liste que vous venez de me dicter, je suis d'autant plus étonné par votre présence en ces lieux.

- Je… Commença-t-elle d'un ton hésitant. Les dragons sont de retour et ils resteront si on ne fait rien."

Arngeir acquiesça amicalement et lui communiqua les instructions de sa dernière épreuve.

xxx

Malgré ses plaintes sonores et son humeur maussade, Siltafiir se sentit apaisée par la silhouette familière de Rivebois. Ces longs mois passés en Bordeciel l'avaient forgée, habituée aux intempéries et aux créatures mortelles qui peuplaient ces contrées inhospitalières, mais, malgré cet entraînement radical, le temple dont elle s'était extirpée quelques heures auparavant l'avait recrachée vidée, épuisée tant par les ennemis qu'il abritait que par l'absence de l'objet qui lui conférait sa bribe d'importance. La corne de Jurgen Parlevent, qu'Arngeir avait décrite comme l'un des artefacts les plus importants affiliés à l'histoire de la Voix, ne se trouvait pas là où elle aurait dû et, contre toute attente, la seule piste en place, une lettre abandonnée par le voleur d'antiquité, menait à Rivebois.

Elle s'accorda une pensée pour Ralof en traversant les portes de la ville et se surprit à espérer qu'il visiterait la scierie de sa sœur ce jour-là, comme par hasard. Elle ricana amèrement et regagna la terre ferme en se répétant que des affaires bien plus importantes l'attendaient dans l'auberge. Pas le temps de rêvasser sur des mièvreries pareilles. Atteignant le bâtiment suscité, elle s'approcha de la tenancière et lui demanda une chambre dans la mansarde, comme l'indiquait le papier qui avait trôné en place de la corne convoitée. La femme blonde, à peine plus haute que Siltafiir, demeura muette pour une poignée de secondes, les sourcils levés jusqu'au centre de son front, puis guida sa cliente jusqu'à une chambre où elle s'enferma en sa compagnie sans entendre la moindre protestation.

"C'est vous l'envoyée des Grisesbarbes ?

- C'est vous qui avez la corne ?"

Elle répondirent toutes deux en acquiesçant. Siltafiir la fixait avec agacement, se préparant déjà à devoir accomplir une énième mission dangereuse pour que cette gêneuse lui rende l'objet de ses désirs. La surprise qui s'ensuivit la balaya telle la charge d'un mammouth, car l'inconnue lui déposa l'artefact entre les mains avant d'oser exiger quoi que ce soit de plus. La jeune fille crut fondre de soulagement et fut plus qu'heureuse de suivre celle qui se nommait Delphine jusqu'au sous-sol de l'auberge, derrière une porte secrète. Au fur et à mesure que les événements se déroulaient, l'Enfant de Dragon voyait sa curiosité enfler. Après tout, cette femme avait, elle aussi, traversé le tertre d'Ustengrav pour récupérer le trésor, ses motivations devaient valoir la peine qu'on leur prête une oreille. Ou même les deux.

Lorsqu'elle sortit de l'auberge, clignant des yeux pour s'habituer au soleil de l'après-midi et assimiler les informations divulguées par Delphine, elle aperçut Gerdur qui coupait du bois près de la rivière. Des salutations s'imposaient. Alors qu'elle approchait, la Nordique la reconnut.

"Siltafiir ! On n'a eu aucune nouvelle de toi depuis que tu as rendu sa griffe d'or à Lucan ! S'exclama-t-elle avant de froncer les sourcils. Ah, c'est dommage, Ralof est passé hier, sa troupe devait se charger une mission quelque part dans la région, il aurait été heureux de te voir."

L'Enfant de Dragon se sentit stupide quand son cœur manqua un battement. Elle grommela:

"Ah, oui, c'est dommage, en effet… "

Décidément, ce sombrage lui causait nombre d'émotions distrayantes sans même le savoir. Il faudrait vraiment qu'elle règle ce problème une fois les dragons éliminés. Gerdur sourit tendrement devant la déception évidente de la Brétonne et s'apprêta à la réconforter d'une tape dans le dos quand une anomalie l'interpella.

"Et bien, Delphine m'a l'air très équipée pour une simple sortie."

Siltafiir se retourna et admit que la serveuse à l'apparence frêle était restée dans l'auberge, car sur la route, prête à quitter le confort du village, se dressait une guerrière en armure toute prête à casser du dragon. La jeune fille inspira profondément.

"Je dois y aller, prends soin de toi, et de toute la famille. Oh, et salue Lucan et Camilla pour moi.

- Tu pars comme ça ? S'indigna la Nordique. Reste au moins pour le repas.

- Pas le temps aujourd'hui, mais j'essaierai de revenir vite pour raconter à Frodnar comment j'ai abattu un dragon."

Elle s'enfuit rapidement, profitant du choc occasionné par ses paroles, et rejoignit Delphine. Le temps manquait en effet, et découvrir pourquoi les créatures d'antan revenaient tout à coup lui apparaissait plus important que toutes les invitations du monde. Les divins pensaient qu'elle en était capable, et de toute manière elle n'aurait jamais la paix tant que la menace planait.

"Allons tuer un dragon." Souffla-t-elle d'une voix vibrante.

L'autre Brétonne acquiesça et elles foulèrent les caillasses de la route, direction le Bosquet de Kyne. Le trajet s'entama silencieusement pendant que Siltafiir réfléchissait aux paroles de la guerrière. Celle-ci clamait que les dragons ne se contentaient pas de revenir en Bordeciel, mais bien qu'une résurrection généralisée contaminait leurs tombeaux à travers le pays. Dur à croire au premier abord, mais les expériences passées de l'Enfant de Dragon lui avaient inculqué une certaine ouverture d'esprit.

Ce n'est que lorsqu'elles dépassèrent Blancherive que la conversation trouva une place confortable entre les deux personnes.

"Je vous ai déjà aperçue à Rivebois, engagea Delphine, mais je ne m'attendais pas à vous revoir en de telles conditions.

- Même chose de mon côté, rétorqua sa compagne de voyage, vous jouez très bien l'aubergiste inoffensive.

- C'est la moindre des choses pour échapper aux espions thalmors, s'assombrit-elle."

L'échange dévia bientôt sur leurs préférences en matière d'armurerie, Delphine arguant qu'une coque d'acier limitait les dégâts bien mieux qu'une fine couche de cuir, Siltafiir répliquant qu'une tenue légère permettait d'éviter totalement lesdits dégâts au travers d'agiles esquives. Elles se disputèrent longuement, puis le sujet se mua en une discussion stratégique sur les meilleurs moyens d'abattre un dragon. Plus exactement, la tavernière se mit en tête d'établir un plan d'attaque, et s'énerva du manque d'intérêt que la voleuse lui offrit en échange.

"Et je suppose que vous avez déjà une idée brillante ?

- Faire la même chose que les onze dernières fois où j'ai tué un dragon: improviser. Tous mes combats se sont déroulés différemment, je ne vois pas pourquoi ça changerait maintenant."

Elle attendit une réponse sans quitter la route des yeux, puis, s'étonnant de ne rien entendre venir, se tourna vers Delphine.

"Quoi ? Demanda-t-elle bruyamment devant le regard ébahi de Delphine. Qu'est-ce que j'ai dit ?

- Vous avez tué onze dragons ?

- J'ai eu de l'aide. La plupart du temps.

- Et quand vous n'en avez pas ?

- Je hausse le ton un bon coup puis j'essaie de leur planter mon épée dans la nuque, mais c'est une manœuvre plutôt risquée. Il vaut mieux commencer par leur tirer quelques flèches dessus pour blesser leur fierté, expliqua-t-elle d'un ton professoral avant de ricaner, voir un mortel sans assistance résister à leurs cris, ça, ça les met en rogne."

Débuta un interrogatoire poussé sur chacune des batailles livrées contre les reptiles. Delphine tenait à tout connaître en détails, toujours persuadée qu'une planification rigoureuse permettrait de maximiser leurs chances de survie. Ceci les occupa jusqu'à la fin de leur randonnée. À peine atteignirent-elles le Bosquet de Kyne qu'un son malheureusement familier interrompit leur discussion; un battement d'ailes puissant, lourd, qui brassait violemment l'air au-dessus de leurs têtes. Elles se jetèrent respectivement un coup d'oeil alerte, puis s'élancèrent en direction de leur cible.

"Sahloknir ! Ziil gro dovah ulse ! Tonna une voix sur la colline.

- Par Akatosh… " Murmura l'Enfant de Dragon en s'immobilisant.

Cette voix la ramena des mois en arrière, sur le billot d'Helgen, le jour où un dragon l'avait sauvée du bourreau. Ce dragon. Oh ! l'ironie, pensa-t-elle. Delphine l'extirpa rapidement de sa tétanie en la saisissant par le bras et l'entraîna vers la bataille à venir. Elles repérèrent bientôt le monstre volant qui faisait du sur-place en s'adressant à une motte de terre étrangement régulière.

SLEN TIID VO

Le sol trembla violemment, ne stoppant pour autant les deux Brétonnes dans leur course, et une colonne lumineuse s'éleva là où le reptile venait de crier. Très bien, Siltafiir l'avouait, reconnaître le dragon destructeur de ville l'avait pétrifiée et la raison de sa présence ici n'arrangea rien à la terreur qu'elle éprouvait. À le voir soulever de terre les restes squelettiques d'un de ses pairs par la seule force d'une incantation draconique, elle se sentit l'envie de courir, loin, derrière une montagne, de préférence dans un autre pays.

"Alduin, thuri ! Boaan tiid vokriiha suleyksejun kruziik ? Demanda le revenant une fois son corps reconstitué.

- Geh, Sahloknir, kaali mir." Répondit le leveur de mort.

De sa hauteur, il remarqua vite les nouvelles arrivantes, concentrant son regard sur l'une d'entre elles en particulier. Des âmes, il en rencontrait tous les jours, en dévorait la plupart, mais cela faisait plusieurs millénaires qu'il n'en avait ressenti de pareille. Il grogna devant cette honte à son sang, cette aberration qu'était l'Enfant de Dragon, moquant Akatosh pour ce faible pantin qu'il lui avait envoyé.

"Ful, losei Dovahkiin ? Questionna-t-il d'un ton méprisant. Zu'u koraav nid nol dov do hi."

Siltafiir entrouvrit les lèvres, ses instincts lui hurlant de répondre à ce ver insolent. Mais qu'avait-il donc dit ? Il s'était adressé à elle par son légendaire titre, Dovahkiin, puis avait prononcé quelques mots fort désagréables concernant sa personne et les dragons, mais que signifiaient-ils exactement ? Pas moyen de le découvrir tant que ce combat se déroulait, mais le ton dont il avait usé ne laissait aucun aucune place au doute: il l'insultait.

"Tu ne comprends même pas notre langue, n'est-ce pas ? Railla-t-il encore devant la confusion évidente qu'elle affichait. Quel arrogance… Oser t'approprier le nom de DovahSahloknir ! Krii daar joorre !"

Piquée au vif, et vu que la fuite apparaissait comme une option irréalisable à cette heure, elle inspira un grand coup dans le but de rabattre son caquet à cet oiseau déplumé qui osait la prendre de haut figurativement et littéralement tout à la fois. Le dovah fraîchement ressuscité ne lui en donna pas l'occasion, l'arrosant d'un cri glacé au travers de son rictus supérieur.

FO

Cette poussée vocale dédaigneuse, bien que l'ayant couverte de givre, n'affecta que peu Siltafiir. Au contraire, cela éveilla son esprit combattif. User d'un demi cri face à elle, quelle inconscience ! Ce pâle lézard la sous-estimait grandement. Elle grogna sauvagement et répondit à son opposant:

YOL

Il siffla d'agacement, maintenant couvert d'une épaisse couche de braises irritantes, à sa plus grande honte. Il observa l'humaine un moment, secoué par ses arguments, mais cette enfant ne lui enseignerait pas comment parler, et l'ardeur dont elle faisait preuve ne demandait qu'à être refroidie. Cinq utilisateurs de la voix avaient dû unir leurs forces pour l'inhumer finalement, au prix de trois d'entre eux; une gamine esseulée ne faisait pas le poids. Le dragon ouvrit une gueule béante, prêt à faire taire l'impudente.

FO KRAH DIIN

Elle esquiva de peu, sentant son armure durcir, puis se fendre par endroits, rendue fragile par le riche vocabulaire du reptile. La sale bête récupérait l'usage de sa gorge plus vite que la jeune fille le pouvait avec ses faibles capacités d'humaine. Elle grommela sa frustration et dégaina un sabre récupéré chez Delphine. Cela, elle pouvait s'en servir plus d'une fois toutes les cinq minutes, pas comme ces cris astringents. Parlant de Delphine, celle-ci accourut, hurlante, l'arme en l'air, et assaillit le dragon sans tarder. Il grogna et déploya ses ailes dans un fracas venteux, jugeant le combat rapproché trop dangereux après si peu de temps passé sur Nirn.

Il plana un moment, reprenant son souffle, puis fondit sur ses opposantes. La lutte dura, mais son envol ne lui assurait qu'une sécurité relative face aux volées de flèches qu'elles décochaient. Il perdit finalement patience, atterrissant aussi près qu'il put de ses ennemies, parvenant en même temps, et pour son grand plaisir, à les jeter au sol. Ces êtres frêles ne le vaincraient pas ! Pas juste après son retour ! Alduin ne dispensait son pouvoir qu'aux puissants et vaincre un Dovahkiin lui assurerait une place d'honneur lors de l'ascension du premier fils d'Akatosh. S'approchant de la parleuse étourdie, il s'apprêta à conclure leur débat d'un cri enragé, quand elle le coupa.

IIZ

Il écarquilla les yeux, la bouche figée dans un cri avorté, incapable de mouvoir ses mâchoires prisonnières d'un cocon de glace. Il recula maladroitement, s'insultant pour avoir oublié que, malgré son enveloppe éphémère, l'âme de l'Enfant de Dragon contenait toute la puissance des dovs. Affronter un tel ennemi juste après sa renaissance, alors que ses pouvoirs dormaient encore à moitié, relevait du suicide. Il étendit à nouveau ses ailes, mais la plus silencieuse des guerrières planta une lame dans son épaule, réduisant ses chances de fuite à néant. Il fouetta l'air de sa queue, de sa tête, de ses griffes, désirant chasser cette dangereuse vermine, mais plus le combat durait, plus il sentait le pouvoir de la crieuse l'étouffer, et plus il redoutait le dénouement des hostilités.

Rendant finalement son ultime râle, il désespéra de sentir son âme se déchirer, puis se mêler à celle de la parleuse, confirmation d'une mort irrémédiable. Les humaines, elles, se fichaient royalement de ses morbides pensées, trop occupées à l'observer se désagréger, puis Delphine s'étrangla en voyant l'âme embrasée se saisir de la plus jeune. Celle-ci demeura d'abord impassible, habituée à ces sensations, mais osa un gloussement devant l'expression ébahie de l'autre femme.

"C'est donc vrai, vous êtes bien Enfant de Dragon, s'extasia-t-elle avant de détourner un regard honteux, désolée d'avoir douté de vous, mais ma situation ne laisse aucune place à l'imprudence."

Le Dovahkiin ne pouvait exactement lui en vouloir de se montrer discrète, aussi dévia-t-elle sensiblement la conversation:

"Ce dragon noir, celui qui s'est enfui, je l'ai déjà vu.

- Quoi ? Où ça ? S'enquit immédiatement Delphine.

- C'est lui qui a détruit Helgen juste au moment où l'Empire allait exécuter Ulfric et-

- Il a sauvé Ulfric ?

- Et moi avec, compléta la voleuse sans s'interrompre, pour tout dire, si cette bête avait attaqué la ville juste dix secondes plus tard…"

Elle se tut un instant, massant vigoureusement sa gorge, puis se hâta de terminer son récit avant de questionner enfin l'autre Brétonne. Après tout ce qu'elle avait appris sur son compte, c'était un juste retour des choses et Delphine s'empressa de lui dire tout ce qu'elle désirait savoir, révélant ainsi son appartenance aux Lames, un groupe de combattants dédiés à la protection de l'Empire. Siltafiir l'écouta raconter son histoire, bras croisés, et, une fois son discours achevé, promit de la rejoindre à Rivebois rapidement. Mais tout d'abord, elle devait ramener la corne aux Grisesbarbes. L'ascension s'avérait assez longue comme ça, nul besoin de la repousser plus avant.

Ses pensées s'activèrent alors qu'elle trottait entre les arbres rougeoyants de l'automne nordique. Quelque chose sonnait faux dans sa victoire. Non, plus que la victoire elle-même, la bataille lui paraissait différente de toutes ses confrontations passées. Il manquait un élément important quand elle avait répondu au dragon à l'aide de son cri embrasé. Un sentiment qui la poursuivait habituellement sans relâche. Une émotion vieille comme l'humanité. La peur. Oui, malgré la tension indéniable qui l'étreignait indubitablement avant l'affrontement, à peine l'ennemi avait-il il ouvert la bouche qu'elle s'était sentie pousser des ailes. Métaphoriquement parlant. Entendre le mépris dans la voix d'un de ses frères représentait, de toute évidence, une provocation suffisante pour titiller ses instincts guerriers.

Elle s'immobilisa. Un de ses frères ? Venait-elle véritablement de se prendre pour un dragon ? Elle échappa un rire cynique en reprenant sa route. Cela ne s'était jamais produit jusqu'alors; sûrement un effet secondaire de cette douzième âme. Mieux valait s'y faire; elle ne prendrait pas sa retraite avant d'en avoir absorbé au moins le double, pressentait-elle aigrement.

xxx

Quand Delphine lui expliqua la suite de leur mission, Siltafiir reconnut l'utilité d'avoir grandi parmi la bourgeoisie. Infiltrer une fête mondaine, voilà qui promettait nombre de discussions vaines et courbettes hypocrites. Et des boissons de qualité. Mais impossible d'en profiter sur place, songea-t-elle en se remémorant les recommandations de Vex, il lui faudrait cacher les bouteilles entre les plis de sa tunique, comme elle le faisait en Haute-Roche avec ses épaisses robes. Pensant cela, elle tomba les yeux sur les vêtements festifs dont l'avait affublée Delphine et leur décocha une moue déçue. Ceux-là étaient taillés pour suivre les contours du corps, ne laissant que peu de place à l'imagination et encore moins à une bouteille de vin épicé ou d'hydromel raffiné. Si au moins elle avait porté son armure…

Elle frétilla en espérant que Malborn, le contact de Delphine, n'avait rien perdu de son équipement. Confier ses armes préférées à un homme qu'elle connaissait d'à peine quelques secondes, cela ne l'enchantait guère. Même après que la tavernière guerrière l'eut assurée que tout se passerait sans encombres, elle doutait: si ce Bosmer égarait ne serait-ce qu'un gant, elle ne répondrait plus de ses actes.

La charrette cahotante qui l'avait transportée depuis Solitude s'arrêta enfin, la sortant de ses rêveries, annonçant l'ouverture des hostilités. Elle foula une neige crissante, s'immobilisant devant une série d'escaliers gardée par un elfe en armure brillante. Celui-ci demanda son invitation d'une voix impassible et, ceci fait, lui souhaita la bienvenue, désignant au passage l'entrée du bâtiment. Elle s'avança vers la porte, posa sa main sur la poignée et inspira profondément. Pas droit à l'erreur une fois infiltrée. Elle entra.

À peine trois pas dans l'immeuble, et déjà une haute figure à la peau dorée et aux vêtements riches s'approchait d'elle, bien décidée à identifier cette nouvelle arrivante. Siltafiir endossa précipitamment un sourire poli et se prépara à recevoir les questions de cette femme qu'elle supposait être à la tête des lieux.

"Bienvenue à ma fête, commença l'elfe, je ne crois pas me souvenir de vous, quel est votre nom ?

- C'est donc vous Elenwen ! Je me réjouissais de vous rencontrer, on m'a beaucoup parlé de vous. Répondit nerveusement la Brétonne en tentant de revêtir une attitude dont elle n'avait usé depuis son départ de Haute-Roche.

- En bien, j'espère. Rit l'hôtesse, de toute évidence convaincue par le jeu maladroit de sa soi-disant invitée. Mais vous ne m'avez toujours pas dit-

- Dame Elenwen, interrompit un Bosmer que Siltafiir reconnut joyeusement comme étant Malborn, nous sommes à court de vin épicé…"

La Brétonne profita de l'agacement causé par la feinte incompétence de son allié de fortune et s'enfuit discrètement à l'autre bout de la salle. Elle crut reconnaître certains visages; un Altmer aperçu à Markarth, une jarl dont elle avait oublié le nom, un bourgeois de Solitude, et puis…

"Qu'est-ce que vous faites ici ?" Gronda une voix menaçante à son côté.

Siltafiir se tourna vers la source de ces ondes négatives et identifia Maven Roncenoir, la meilleure cliente de la Guilde des Voleurs. Une personne qu'il valait mieux satisfaire de toutes les manières possibles.

"Aucun rapport avec la Guilde, murmura la jeune fille, et, tant que vous ne posez aucune question, cela ne vous affectera en rien."

Maven acquiesça, ne se privant tout de même d'un regard suspicieux, mais n'insista plus. Elle savait que la petite Brétonne connaissait les risques en cas de coup fourré. Celle-ci reprit son inspection des lieux, espérant qu'Elenwen s'éloignerait vite de Malborn. Sa prière trouva oreille et la haute elfe se mêla à un groupe de convives animés, libérant un passage vers son but. Dès qu'elle atteignit le bar où travaillait l'espion, il lui indiqua discrètement une porte, expliquant qu'il la déroberait aux festivités à une condition: une distraction. Feignant de lui servir une colodvie, il lui conseilla de tarder le moins possible. Elle le remercia pour la bouteille et retourna parmi les fêtards. Elle n'eut le temps de se demander comment poursuivre sa mission qu'une réponse la heurta, au point de renverser sa boisson. Retenant une larme devant la liqueur gâchée, elle se tourna vers le coupable, un Rougegarde qui n'avait de toute évidence pas attendu d'arriver pour entamer les festivités.

"Oh, désolé mam'zelle, je m'en vais vous chercher de quoi me faire pardonner…

- En fait j'ai une meilleure idée." Coupa-t-elle dans un sourire malin.

Sa requête exposée, elle retourna vers le Bosmer d'un pas guilleret. Le Rougegarde, qui se nommait Razelan, s'empressa d'exaucer le voeu dont on venait de l'encombrer; saisissant un verre tintant et marchant d'un pas royal au centre de la pièce, il se mit dans l'idée de porter un toast pour le moins scabreux. Chacun se tourna vers la nuisance sonore, permettant ainsi à la Brétonne de définitivement disparaître à l'abri des regards. Les paroles plus qu'osées de Razelan éveillèrent sans tarder le zèle des gardes altmers, qui le turent en dégainant leurs lames dans un glissement métallique. Il s'excusa alors d'une voix théâtrale, grognant que l'humour se raréfiait en ces temps de guerre, mais se trouva satisfait par la réussite évidente de sa diversion.

Il n'était le seul à remarquer l'absence soudaine de la jeune fille, la chef Roncenoir l'ayant suivie des yeux sans cligner tout au long du discours alcoolisé. Elle savait de par ses contacts que la voleuse avait disparu de la Guilde sans prévenir personne, au désespoir de la plupart de ses membres, et à son plus grand agacement. Un trafiquant de skooma ne cessait de contaminer ses potentiels acheteurs d'hydromel, et la Brétonne semblait toute désignée pour désarmer ce concurrent déloyal, mais aucun citoyen de Faillaise ne l'avait aperçue depuis des semaines. Et voilà qu'elle la retrouvait dans une ambassade thalmore, au centre d'une réunion sélective à l'extrême, infiltrée elle ne savait comment pour une raison étrangère à ses connaissances. Maven n'aimait pas le mystère, surtout lorsqu'il entourait ses employés potentiels, mais, si les plans de la Brétonne échouaient, mieux valait en effet qu'on ne l'associe pas à ses activités.

La fête continua un moment durant sans interruption majeure, chacun appréciant la musique et les en-cas en échangeant de distrayantes mondanités. Un flûtiste emplissait la salle de notes rebondissantes, les politiciens débattaient sur la guerre, les commerçants discutaient affaires, Erikur de Solitude, à sa lubrique habitude, harcelait une serveuse et Razelan buvait silencieusement sous le regard vigilant d'un soldat. Tout se déroulait si calmement que Maven en oublia presque l'intruse qui parcourait avec témérité les couloirs du bâtiment. Presque. Lorsqu'un Altmer encapuchonné se mêla aux convives pour se pencher d'un air inquiet à l'oreille d'Elenwen, la Roncenoir se douta qu'un imprévu venait d'entacher le plan de la voleuse et la curiosité l'empoigna. S'avançant d'une poignée de centimètres, elle capta quelques mots concernant des documents dérobés, un prisonnier libéré et le corps sans vie d'un garde, puis l'ambassadrice renvoya son subordonné en lui murmurant d'inaudibles instructions.

Si la jeune fille survivait, elle découvrirait le fond de cette histoire. On ne cachait rien à Maven Roncenoir.

À suivre…

Traduction (approximative) des termes draconiques:

- Sahloknir ! Ziil gro dovah ulse ! = Sahloknir ! Ton esprit de dragon est lié dans/à l'éternité !
(Je ne suis vraiment pas sure pour celui-là, mais c'est la phrase la plus cohérente que j'aie pu construire avec ce que j'ai trouvé. Pourrait être une simple constatation, du genre: "Ah, je vois que ton esprit de dragon est toujours lié aux limbes éternelles" ou alors une déclaration comme "Je vais relier ton âme éternelle à ton corps de dragon". Le doute subsiste, et le débat fait rage sur les forums…).
- SLEN TIID VO = Chair, Temps, Défaire
(Vo- est en fait un suffixe indiquant un contraire. Sa véritable traduction serait plutôt "dé-" ou "in-" comme dans "couvert" ou "incompétent").
- Alduin, thuri ! Boaan tiid vokriiha suleyksejun kruziik ? = Alduin, mon maître (tyran ou despote seraient plus justes) ! Tu t'es envolé dans le temps, épargné par l'ancien pouvoir du roi ? (Ok, celle-là a été vraiment compliquée. Attention SPOILERS: sachant que c'est un Parchemin des Anciens qui a envoyé Alduin dans le futur (ou devrais-je dire le présent ?), je pense que Sahloknir parle de ça quand il mentionne le "suleyksejun kruziik" ou "pouvoir du roi ancien". Enfin bon, si vous comprenez pas, sentez-vous libres de me poser des questions au-travers des reviews. C'est beau la technologie… )
EDIT.: J'ai découvert que "Suleyksejun" veut en fait dire "Royaume", donc une meilleure traduction serait: "Alduin, mon maître ! Vous parcourûtes le temps, ayant survécu, depuis l'ancien royaume ?" ou bien "Vous avez survécu à/été épargné par votre envol dans le temps depuis l'ancien royaume ?" (ouais, c'est pas du très bon français, mais je fais de mon mieux !)
EDIT 2.0: Après mûre réflexion, le véritable sens de cette phrase m'est enfin apparu. Sahloknir demande à Alduin si le temps de faire revivre l'ancien royaume est venu (vokriiha voulant presque littéralement dire "démourir"). Autrement dit: est-ce qu'il est temps de reformer l'empire draconique ? voilà, pardon d'avoir été si lente.
- Geh, Sahloknir, kaali mir. = Oui, Sahloknir, mon champion, prête-moi allégeance.
- Ful, losei Dovahkiin ? Zu'u koraav nid nol dov do hi. = Est-ce donc là l'Enfant de Dragon ? Je ne perçois rien de la race des dragons venant de toi.
- Sahloknir ! Krii daar joorre ! = Sahloknir ! Tue ces mortels !
- Sah Lok Nir = Fantôme, Ciel, Chasse (Je vous laisse interpréter celui-là, j'en ai marre de traduire ces casse-tête grammaticaux).

Sinon, j'espère que l'histoire reste plaisante pour vous, lecteurs de mon cœur, et comme je le dis à la fin de chaque chapitre, faites pleuvoir les critiques, suggestions et compliments. Chaque review est appréciée, surtout si elle m'aide à fournir une meilleure fanfiction.