Alice émergea dans son grand lit et fronça des sourcils en constatant que personne n'était encore venu la réveiller.

Sans doute était-elle la première éveillée. Sans doute le réveil n'avait pas encore sonné. Sans doute Regina était en train de préparer le petit déjeuner et sur le point de monter.

La petite blonde se redressa dans son lit et s'étira avant de retirer son masque à oxygène puis d'éteindre sa machine. Elle sauta hors de son lit et glissa ses pieds dans ses petits chaussons bien chauds pour ne pas se faire engueuler par sa mère, elle mit ses lunettes sur le bout de son nez, glissa sa peluche en forme de sauterelle sous son bras et elle quitta enfin sa chambre.

Elle entendit du bruit qui provenait du rez-de-chaussée et elle décida d'aller réveiller son frère. Elle traversa discrètement le couloir pour ne pas se faire remarquer puis elle entra dans la chambre d'Henry sans prendre la peine de toquer. Elle avança doucement dans la pièce et, alors qu'elle s'apprêtait à sauter sur le lit en forme de voiture de course, elle se rendit compte qu'il n'y avait absolument personne sur le matelas.

« Grand frère ? » Fit-elle en tournant sur elle-même.

Son regard scanna absolument toute la pièce mais il n'y avait aucune trace d'Henry alors elle en ressortit rapidement. Elle avança vers la chambre de sa mère, elle ouvrit doucement la porte et glissa sa petite tête à l'intérieur.

Un immense sourire se dessina sur son visage en voyant que son frère était confortablement blotti dans les bras de sa mère.

Elle referma doucement la porte derrière elle en faisant le moins de bruit possible puis elle vint grimper sur le lit. Elle se glissa lentement dans le dos de son frère et elle se couvrit avant de passer son bras autour du corps d'Henry puis elle ferma les yeux pour essayer de dormir encore quelques toutes petites minutes.

Regina, qui était au rez-de-chaussée, bailla à s'en déboiter la mâchoire. Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit, elle n'avait pas pu trouver le sommeil après avoir vu Henry en pleur.

Elle-même, elle avait complètement oublié la date de son propre départ alors que chaque année, elle posait sa journée et passait son temps en boule, dans le fond de son lit, à manger vraiment beaucoup de crème glacée en pleurant absolument toutes les larmes de son corps.

Elle s'était sentie tellement coupable d'être la cause des pleurs de son fils et, quand elle avait finalement trouvé le courage pour bouger du canapé afin d'aller se coucher dans sa chambre, elle s'en était rendu malade. Elle avait passée de très longues heures à pleurer – si bien qu'elle était arrivée à un moment où plus aucunes perles d'eau salées ne coulaient le long de son visage tant elle n'avait plus suffisamment d'eau dans son corps – et à faire des allers retours entre sa chambre et la salle de bain pour recracher tout ce qu'elle avait avalée durant la journée.

Elle s'en était littéralement rendue malade.

La brune avait l'impression de faire un pas en avant puis quinze en arrière, dès qu'elle avait l'impression de gagner des points dans le cœur des trois Swan, une de ses erreurs qu'elle avait fait dans le passé revenaient pour absolument tout gâcher.

Gâcher tous les efforts qu'elle faisait pour se faire une place, même vraiment très minime, dans cette famille si soudée. Gâcher tout ce qu'elle tentait de reconstruire. Gâcher tout ce qu'elle tentait de réparer après l'avoir brisé en partant du jour au lendemain.

Elle bailla à nouveau et sursauta avant de couper le feu, le lait qu'elle était en train de faire chauffer pour préparer les chocolats à la cannelle avait débordée de la casserole et à présent, il y en avait partout. Vraiment partout.

Regina soupira profondément et prit son visage entre ses mains, elle devait se ressaisir avant de se blesser à cause de l'une de ses bêtises causées par sa fatigue.

Elle versa doucement le lait dans les trois tasses en veillant à ne surtout pas se brûler puis elle les déposa sur l'ilot centrale de la cuisine avant de se laver les mains, de nettoyer la gazinière à présent sale et de monter rapidement les escaliers pour réveiller sa petite famille.

La brune se doutait bien qu'Henry avait dormi avec Emma dans la chambre de celle-ci – puisque la blonde avait un lit bien plus grand – alors elle toqua doucement à la porte de la chambre de la fillette et elle entra à l'intérieur avant de se rendre compte que la machine était éteinte, le masque était posé à sa place, le lit était défait et surtout, Alice et sa peluche n'étaient nulle part dans la pièce.

Elle revint sur ses pas et avança vers la chambre de la jeune photographe, un nœud venait d'apparaitre dans le creux de son ventre, plus elle approchait de la pièce et moins elle se sentait bien.

Comment devait-elle agir devant Henry ? Comment Henry allait-il réagir en la voyant ? Emma allait-elle lui demander de quitter la maison ? De les laisser seuls ?

La blonde aurait parfaitement raison de la mettre de côté, il fallait penser aux enfants avant tout et pour le coup, Henry était malheureux par sa faute alors que devait-elle faire ?

Elle ouvrit lentement la porte pour ne pas les réveiller s'ils dormaient encore et elle sentit son cœur exploser dans sa poitrine en voyant qu'Emma serrait fortement Henry dans ses bras alors qu'Alice était fixement collée au dos de son frère. Ils semblaient dormir si paisiblement tous les trois qu'elle se sentit coupable de devoir les réveiller, de devoir les sortir de leur petite bulle de calme et de bonheur.

Elle approcha discrètement du lit et sursauta lorsque la blonde ouvrit les yeux pour la regarder, elle s'assit doucement sur le matelas et posa sa main sur la hanche de la jeune femme qui lui sourit tout doucement.

« Est-ce que ça va ? » Demanda-t-elle inquiète.

« Ne t'en fais pas, ça devrait aller aujourd'hui. » Chuchota doucement Emma.

« Tu penses ? » Souffla Regina en regardant le petit garçon qui dormait paisiblement dans les bras de sa mère.

« Bien sûr, c'est juste que… c'est encore un peu compliqué pour lui. » Assura la blonde en lui souriant de manière rassurante.

« J'ai préparé le petit déjeuné. » Informa doucement la brune.

« Je réveils les deux monstres et on arrive. » Fit la photographe.

Regina la regarda attentivement avant de reporter son attention sur les deux enfants qui semblaient en plein rêve puis elle afficha un fin sourire avant de sortir de la pièce sans dire quoi que ce soit de plus.

Emma soupira doucement en laissant sa tête reposer sur son oreiller. Elle grimaça de douleur, elle n'avait pas remis son attelle depuis hier soir et maintenant, elle souffrait atrocement.

Elle sera les dents pour ne pas gémir de douleur et elle passa délicatement sa main dans les cheveux de sa petite fille qui soupira en se blottissant un peu plus contre son frère, elle lui caressa la joue et lui sourit tendrement lorsqu'elle ouvrit ses beaux yeux.

Elle lui déposa un délicat baiser sur le front et câlina tendrement les cheveux bruns de son fils qui se recroquevillant sur lui-même en marmonnant des paroles incompréhensibles, elle partagea un rapide regard avec Alice qui rigolait doucement à côté puis elle laissa simplement son doigt glisser de ses cheveux à son oreille puis de son oreille au creux de son cou. Elle savait que son fils était vraiment très, très, chatouilleux au niveau du cou et la réaction qu'elle attendait ne tarda pas, il se redressa subitement et s'éloigna rapidement de sa main en passant son bras autour du corps de sa petite sœur qui riait toujours plus.

« Ce n'est pas drôle. » Marmonna l'enfant en croisant ses bras sur son torse.

« Si ! Très ! » Assura la petite blonde en se tenant le ventre.

« C'est un tout petit peu drôle. » Concéda Emma qui lui souriait tendrement.

Henry tira une légère moue boudeuse puis il attrapa Alice et la renversa pour se venger et ainsi l'attaquer de chatouille mais il n'avait pas prévu la réaction de sa mère qui attrapa son oreiller pour doucement le frapper avec ce qui provoqua une bataille de coussin pendant de longues minutes.

Décoiffés, essoufflés et avec un immense sourire sur les lèvres, ils descendirent enfin les escaliers pour retrouver Regina qui les attendait aussi patiemment que possible dans la cuisine.

Ils arrivèrent et les deux enfants s'assirent sagement à leur place pour déguster leur petit déjeuné en silence alors qu'Emma passa par le salon pour récupérer son attelle qu'elle avait abandonné la veille. Elle l'attacha rapidement, plus ou moins bien et s'agenouilla au sol.

« Coucou toi. » Chuchota-t-elle tout doucement.

La blonde tendit sa main guérit et caressa délicatement le haut du crâne de leur petit chaton qui se mit à ronronner de plaisir. Elle le souleva doucement et l'attacha sur son petit charriot à roulette avant de le laisser aller gambader à travers la maison.

Elle se releva et se dirigea vers la cuisine, elle sourit à ses enfants et attrapa la tasse que Regina lui tendait pour pouvoir prendre ses médicaments et ainsi, arrêter de souffrir autant.

Ils mangèrent les pancakes silencieusement ce qui intrigua énormément la brune qui s'attendait plus à une grande réunion de famille mais au lieu de ça, tout le monde grignotait dans son coin sans rien dire ce qui ne l'aidait pas à déstresser.

Alice termina son chocolat chaud et prit la main de son frère pour se diriger vers les escaliers, ils grimpèrent les marches et rejoignirent leur chambre pour se changer.

« On ne va pas en parler ? » Souffla doucement Regina sans y croire.

« Pas pour le moment. Tu devrais aller t'habiller, ils ont école aujourd'hui. » Répondit Emma en déposant sa tasse sale dans l'évier.

« Et c'est tout ? » Dit-t-elle en haussant des sourcils.

« Non Regina, ce n'est pas tout mais je ne vais pas le forcer à me parler alors que je sais pertinemment qu'il va se mettre moins de cloison s'il en parle avec Archie. » Fit simplement la photographe.

« Et ça ne te dérange pas ? » Demanda la brune en la fixant du regard.

« Ça ne me dérange pas ? Qu'Henry cherche de l'aide ? Qu'Henry parle de ce qui lui pèse ? Que quelqu'un soit là pour l'épauler ? Sérieusement… Grandit un peu Regina… » Soupira la blonde en levant les yeux au ciel.

Elle soupira doucement et quitta la pièce pour rejoindre le salon, elle se laissa tomber sur le canapé et sourit tendrement en voyant Swan qui arrivait rapidement vers elle pour venir se blottir contre ses jambes.

Elle lui caressa le pelage pendant de longues minutes avant de venir prendre son téléphone portable pour composer le numéro de Archie qui était le psychologue d'Henry mais aussi – aussi étrange soit-il son meilleur ami.

Emma resta sur le canapé, en pyjama, et souleva son chaton pour venir le poser sur ses cuisses et ainsi lui offrir encore plus de délicate caresse dans son poil si roux.

Les minutes passèrent et finalement, les deux enfants finirent par descendre, habillés et coiffés, pour rejoindre leur mère dans le salon.

« Rendez-vous, Archie, après l'école. » Dit-elle simplement.

« Merci maman. » Souffla doucement Henry, soulagé.

Regina descendit à son tour alors, la blonde embrassa délicatement ses deux enfants et elle les laissa partir sans dire un mot à la jeune femme.

Elle entendit la porte d'entrée claquer peu après alors elle s'installa à même le sol et continua de jouer avec Swan en prenant bien soin de ne pas se blesser un peu plus.

Elle resta seule pendant de longues minutes avant d'entendre à nouveau la porte d'entrée claquer, elle comprit que Regina était de retour et soupira doucement. Emma la vit entrer dans la pièce mais elle ne lui adressa pas un seul mot ni même un seul regard, elle la laissa simplement s'allonger sur le canapé contre lequel elle était adossée et elle continua de jouer avec Swan qui semblait plein d'énergie.

« Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça, je… je ne sais pas ce qui ma prit. » Chuchota finalement la brune après un long moment de silence.

« Dors au lieu de dire des bêtises tu veux ? » Souffla simplement Emma sans relever le visage.

Et ce fut ainsi que la journée passa. Regina récupéra au maximum sa nuit blanche pendant que la blonde jouait avec Swan puis lut un livre avant de travailler un peu pour ne pas rester sans rien faire.

Elles quittèrent la maison en laissant Swan dans le salon lorsque l'heure d'aller chercher les enfants à l'école sonna, elles grimpèrent dans la voiture de Regina puisqu'Emma ne pouvait pas encore conduire et firent un rapide arrêt par le Granny's. Elles achetèrent une boisson froide pour chaque enfant mais aussi une autre pour le docteur Hopper ainsi que plusieurs viennoiseries à partager tous ensemble.

Elles arrivèrent ensuite devant l'école élémentaire de StoryBrooke où les enfants sortirent pile au même moment, ils ne s'éternisèrent pas et prirent la direction du cabinet médicale du psychologue.

Henry et Alice grimpèrent les marches en se tenant la main et avec leur gobelet alors qu'Emme et Regina les suivaient de très près. Ils arrivèrent tous ensemble à l'étage et sourirent lorsqu'Archie ouvrit sa porte pour les accueillir.

Le brun courut presque à l'intérieur de la pièce et sauta au cou de Pongo qui fut vraiment ravi de recevoir autant d'attention.

« Merci beaucoup Emma. Vous nous attendez là ? » Fit le psychologue en récupérant son gobelet ainsi qu'un sachet de viennoiserie.

La blonde hocha doucement la tête de haut en bas et s'assit sagement sur l'une des chaises de la pièce, elle fut rapidement imitée par Regina alors qu'Alice s'amusait à danser librement dans la salle d'attente.

Toutes les trois, elles patientèrent pendant de longues minutes sans bouger, sans ne rien dire et finalement, la petite fille sauta sur les cuisses de sa mère pour s'asseoir en souriant.

« On a appris une nouvelle comptine à l'école aujourd'hui ! Et je la connais déjà par cœur. » Annonça-t-elle fièrement

« Et c'est quoi cette fameuse comptine ? » Questionna curieusement Regina.

« Au clair de la Lune

Mon ami Pierrot

Prête-moi ta plume

Pour écrire un mot

Ma chandelle est morte

Je n'ai plus de feu

Ouvre-moi ta porte

Pour l'amour de Dieu

Au clair de la Lune

Pierrot répondit

Je n'ai pas de plume

Je suis dans mon lit

Va chez la voisine

Je crois qu'elle y est

Car dans sa cuisine

On bat le briquet

Au clair de la Lune

On n'y voit qu'un peu

On cherche la plume

On cherche le feu

En cherchant d'la sorte

Je n'sais c'qu'on trouvera

Mais je sais que la porte

Sur eux se ferma. » Chantonna-t-elle joyeusement.

« C'est bien ma chérie, bravo. » Félicita Emma en lui embrassant tendrement le front.

Les minutes défilèrent à une vitesse folle et finalement, Archie ouvrit sa porte et laissa Henry sortir.

La blonde remarqua bien les traces de larmes sur les joues de son fils mais elle garda le silence, elle le laissa sauter sur sa petite sœur sans ne rien dire.

« Il va bien, ne vous en fait pas. » Assura le psychologue en lui souriant doucement.

Emma soupira de soulagement et lui sourit reconnaissante.

Ils quittèrent alors le cabinet et rentrèrent chez eux en silence. Au vu de l'heure, Regina s'attela à préparer le repas pendant que les deux enfants montèrent dans leur chambre pour faire leur devoir.

Ils passèrent à table, dinèrent dans le calme sans parler de ce qui s'était passée la veille puis Alice bailla de fatigue alors la brune la prit dans ses bras pour la monter à l'étage pendant qu'Emma restait seule avec son fils.

Regina l'aida à se changer puis elle lui fit son rituel médical avant de s'asseoir sur le bord de son lit.

« Une histoire ? » Proposa-t-elle avec un léger sourire.

« Une histoire. » Accepta la petite fille en se blottissant un peu plus contre sa peluche en forme de sauterelle.

« C'était une nuit de pleine Lune. Le disque d'argent brillait de mille éclats. On aurait dit une perle lumineuse posée sur un écran de velours bleu foncé piqueté de minuscules grains d'or.

Tout en bas, sur Terre, Alice dormait à poings fermés dans sa chambre aux volets clos. Pas un bruit ne venait troubler le silence de ces heures paisibles.

Soudain, un étincelant rayon de lune parvint à se faufiler par une fente d'un des volets et se promena paresseusement sur le lit d'Alice.

Il atteignit son visage et caressa délicatement ses belles joues roses.

A ce moment précis, elle se réveilla et aperçut la rai lumineuse. Alice s'assit sur son lit et fixa l'étrange rayon, comme hypnotisée par ce fin bâton de lumière qui traversait sa chambre.

Très lentement, le rayon descendit jusqu'au sol et forma une tâche circulaire juste à côté des pantoufles d'Alice, bien rangées au pied de son lit. Cette tâche semblait s'agrandir et briller de plus en plus.

Alice, très curieuse, désira la toucher.

Elle se leva, s'empara de sa peluche favorite, s'approcha de la tâche qui l'attirait et entra dans le cercle de lumière.

Une étrange impression l'envahit. Tous les meubles de sa chambre s'agrandissaient pour atteindre une taille vraiment extraordinaire. En fait, c'est le contraire. C'était elle qui devenait de plus en plus petite jusqu'à devenir minuscule. Puis, phénomène extraordinaire, Alice fut aspirée comme un grain de poussière dans un tube de lumière, filant plus vite que le vent. Elle se retrouva assise sur une épaisse moquette, au beau milieu d'une petite salle toute ronde, face à un étrange jeune garçon curieusement habillé.

-Bonjour Alice, dit-il.

La petite blonde resta muette et paralysée de surprise.

-Je m'appelle Pierrot, Pierrot de la Lune. Tu dois certainement déjà avoir entendu parler de moi, non ? continua-t-il.

Ce nom disait bien quelque chose à Alice, mais c'était encore un peu brouilla dans sa petite tête après toutes ces émotions.

-Allons, rappelle-toi ! dit Pierrot. Tout le monde sait qui je suis. D'ailleurs, sur Terre, tous les enfants chantent une chanson sur moi. Tiens, on va la chanter ensemble si tu veux bien

Alice, encouragée par la gentillesse de Pierrot, se mit à fredonner avec lui :

« Au clair de la lune

Mon ami Pierrot

Prête-moi ta plume

Pour écrire un mot. »

-Voilà, les présentations sont faites, dit joyeusement Pierrot.

-Et toi, tu me connais ? demanda Alice fort impressionnée.

-C'est bien normal, je connais chaque habitant de la Terre. Je sais très bien que tu es une gentille petite fille de six ans, parfois un peu friponne comme tous les enfants, et que tu adores t'amuser. C'est pour ça que tu es là. Moi, je suis seul, ici, sur la Lune et je m'embête beaucoup. Alors, de temps en temps, je vais chercher quelqu'un sur Terre pour me tenir compagnie pendant quelques instants. Attention ! Je te ramène chez toi cette nuit même. Et n'aie pas peur, je n'ai jamais oublié de renvoyer mes invités.

Alice, d'abord inquiète, fut rassurée par ce que venait de lui expliquer Pierrot. Elle était maintenant bien contente d'avoir été choisie comme compagne de jeu du célèbre Pierrot de la Lune.

« Je dois certainement être plus méritante que les autres » pensa-t-elle.

-Alors, qu'allons-nous donc faire cette nuit pour bien nous amuser ? demanda-t-elle, encore un peu timide.

-Mais… ce que tu veux. Tout ce qui t'amuse e plait aussi. J'ai si peu l'occasion de jouer avec quelqu'un et il y a tellement de choses distrayantes à faire, ajouta Pierrot.

Ce qu'il disait était bien vrai. Il y avait vraiment des tas de chose à faire. Et quand Alice se trouvait à court d'idée, c'est Pierrot qui en trouvait une.

Ils passèrent donc la nuit à se raconter des histoires, à jouer à saute-mouton, à manger des délicieux gâteaux à la crème au chocolat, à chanter des jolies comptines, à dessiner des superbes dessins avec des couleurs fluos. Qu'est-ce qu'ils s'amusaient !

Et le temps passait, passait, passait sans que Pierrot ni Alice ne s'en aperçoivent, trop occupés à leurs jeux.

C'est alors que la sonnerie stridente d'un réveil résonna aux oreilles des deux nouveaux amis. Alice sursauta tandis que Pierrot bondit sur ses pieds, abandonnant précipitamment le magnifique château de cubes qu'ils étaient en train de construire.

-C'est déjà l'heure, s'exclama-t-il ! Vite, vite ! Nous n'avons pas fait attention à l'heure. Il faut retourner chez toi avant qu'il soit trop tard.

-Mais que dois-je faire ? Demanda Alice, un peu effrayé.

-Mets-toi simplement dans le rond de lumière, dit Pierrot, et surtout ne perds pas de temps.

-Attends, je ne t'ai même pas dit au revoir, se lamenta Alice.

-Ne t'en fais pas, tu me le diras de chez toi. Ce sera pareil et je t'entendrais très bien. Et maintenant, dépêche-toi !

-Pourrat-ton se revoir ? Demanda Alice alors qu'elle entrait dans le rond de lumière.

-Oui, bien sûr, quand tu le voudras, entendit Alice tandis qu'elle rapetissait pour disparaitre dans le tube lumineux.

Soudain, ce fut le noir complet. Le rayon de lune avait disparu. Alice se mit à tomber, à tomber, à tomber sans pouvoir s'accrocher à quelque chose pour arrêter sa chute.

Boum !

Subitement, dans un grand bruit, Alice se retrouva à terre, au pied de son lit. A ce moment, la porte de sa chambre s'ouvrit et sa maman apparut dans un rectangle de lumière.

-Tu es tombée du lit, ma chérie ! Tu faisais un mauvais rêve quand le réveil a sonné ? J'espère que tu ne t'es pas fait mal, questionna maman.

-Oh non, maman ! Ne t'en fais pas, répondit Alice maintenant complètement réveillée.

Puis elle se leva pour commencer une journée qui paraîtra bien triste comparée à cette nuit inoubliable nuit. Alice se garda bien de raconter son aventure nocturne. Elle laissa croire à sa mère qu'elle avait fait un mauvais rêvé et ne dévoila jamais son petit secret. Elle espérait bien que Pierrot, comme il l'avait promis, renverrait un jour, ou plutôt une nuit, son rayon de Lune magique pour qu'elle puisse retourner jouer avec lui. Puis elle se mit à pleurer, sa peluche fétiche avait disparu. » Raconta Regina qui lui caressait tendrement les cheveux.

Elle actionna la machine à oxygène d'Alice et lui glissa doucement le masque autour du visage avant de sortir de la pièce pour la laisser dormir en paix.

Elle traversa doucement le couloir et s'arrêta juste en face de la chambre d'Henry, elle avait entendu des bruits de pas donc elle savait qu'il était dans la pièce mais elle n'avait aucune idée de si elle avait le droit ou non d'entrer.

Devait-elle aller le voir ou devait-elle le laisser se reposer ?

Elle n'en avait strictement aucune idée. Plus elle réfléchissait et moins elle savait ce qu'elle devait faire.

Finalement, elle soupira et ouvrit doucement la porte. Elle passa sa tête à l'intérieur et regarda le brun qui se trouvait allongé sur son lit en forme de voiture de course. Elle l'observa pendant quelques secondes et, en voyant qu'il ne lui hurlait pas de s'en aller, elle se permit d'entrer à l'intérieur.

Elle s'approcha lentement de lui et s'assit sur le bord de son matelas.

« Tu veux en discuter ? » Chuchota-t-elle tout bas sans savoir qui dire de plus.

« Non. » Fit simplement l'enfant.

« Tu veux que je te laisse dormir ? » Demanda la brune, le cœur lourd.

« Non. » Répéta le brun.

« Qu'est-ce que je peux faire alors ? » Questionna Regina en réfléchissant.

« Me raconter une histoire, comme quand j'étais enfant. J'ai juste envie de dormir et pas de réfléchir. » Murmura Henry en la regardant dans les yeux.

La jeune femme ne put s'empêcher de sourire face à cette demande qu'elle accepta évidement, de toute manière, elle était totalement incapable de refuser quoi que ce soit à son fils.

Elle s'installa correctement sur le lit en s'adossant au mur, elle laissa son fils se blottir contre son corps et poser sa tête au niveau de ses cuisses, elle glissa sa main dans ses beaux cheveux de jais et y exerça de tendre caresse avant de se mettre à raconter une histoire à voix basse :

« Quand la Terre fut créée, il pleuvait tout le temps. L'eau était un élément si important qu'on appela notre planète : la planète bleue.

Un jour, un jeune explorateur venu de Saturne passa près de celle-ci. Il fut attiré par cette belle couleur et décida d'y séjourner quelques temps. Il n'avait jamais vu de telles étendues d'eau bleues. Il en était si émerveillé qu'il ne pouvait pas s'empêcher de les contempler à longueur de journée. Ainsi, il décida de ramener quelques gouttes d'eau pour les montrer aux habitants de sa planète.

En arrivant chez lui, il était fier et heureux de pouvoir partager son expérience. Il alla vers le roi et sa cour et leur décrivit un long moment la Terre.

« Là-bas, disait-il, il y a d'immenses mers d'un bleu magnifique. »

Le roi lui ordonna de leur montrer cela. Alors, le jeune explorateur sortit de sa poche le flacon dans lequel il avait mis les quelques gouttes d'eau. Mais, l'eau qui en jaillit était incolore.

Le roi et sa cour se mirent à rire aux éclats et se moquèrent du jeune homme. Ce dernier, sûr de ce qu'il avait contemplé pendant si longtemps, persista à dire que l'eau était bleue et prit la décision de retourner sur Terre pour en ramener davantage.

Personne ne voulut l'accompagner car tous croyaient qu'il mentait, et il faut dire que les habitants de cette planète n'aimaient pas du tout voyager. Ils préféraient rester tranquillement chez eux.

Le jeune explorateur retourna donc, seul, sur Terre et prit cette fois-ci toute une bouteille d'eau. Mais en arrivant chez lui, celle-ci était aussi incolore que l'air. Le roi et sa cour se moquèrent à nouveau de lui.

Le jeune homme, dépité, se mit à pleurer.

« Et pourtant, disait-il en gémissant, pourtant je vous assure qu'elle est bleue. »

Tous riaient de lui.

C'est alors qu'une petite voix l'interpella. C'était une petite goutte d'eau qui coulait le long de la bouteille qu'il avait ramenée.

-Tu ne te trompes pas, nous sommes bien bleues, murmura la gouttelette.

-Alors pourquoi ne te vois-je pas de cette couleur ? demanda le jeune homme intrigué.

-C'est parce que nous ne sommes bleues que lorsque nous sommes des milliers : c'est notre multitude qui fait notre beauté. Il ne suffit pas d'un seul coup de pinceau pour faire un beau tableau.

-Mais comment pourrais-je prouver au roi que j'ai raison ?

-Tu ne peux pas, affirma la petite goutte d'eau. C'est à lui d'avoir la curiosité de découvrir la Terre. Bien naïf est celui qui croit connaître le monde sans sortir de chez soi. »

Elle continua ses attentions dans son cuir chevelu et ferma à son tour les cheveux en constatant que son fils s'était endormi en plein dans son récit. Elle finit par s'endormir à son tour sans même se rendre compte qu'Emma les observait depuis la porte de la chambre.