Grind voth Feynsedov ! Rencontre avec Mort-Dragon.
Brynjolf venait d'achever une dure journée d'un travail peu scrupuleux et regagnait la Souricière le dos courbé. Les ventes se raréfiaient, les clients se méfiaient et la chance les abandonnait de la même manière que Siltafiir les avait abandonnés. Le vieux Delvin ne cessait de prophétiser, clamant que leur porte-bonheur sur pattes - comme il nommait la jeune fille - maintenant égaré, leur éternelle malédiction reprenait des forces. Brynjolf, lui, pensait simplement que le moral des troupes s'était trouvé diminué par l'absence de leur recrue favorite. Lorsqu'il émettait cette hypothèse, certes personne ne le soutenait, mais personne ne désapprouvait, une preuve suffisante selon son expérience. La disparition d'un autre de leurs collègues, Etienne Rarnis de son nom, à peu près au même moment, ne faisait qu'attiser la nervosité ambiante. Une dure période pour les voleurs, assurément. Mais une pensée bien plus culpabilisante que l'absence même de ses associés le tiraillait. Plus d'une fois avait-il songé à cette possibilité, cette erreur qu'il avait probablement commise; Siltafiir s'était évaporée le soir même où il avait découvert son identité d'Enfant de Dragon, identité qu'elle s'était efforcée de dissimuler des mois durant. Il secoua la tête, tentant de se convaincre que la faute ne lui incombait pas, mais une telle coïncidence ne laissait que peu de place au doute.
Descendant l'échelle qui menait aux égouts de la ville, il décida qu'une bouteille d'hydromel s'imposait. De toute manière, coupable ou non, se morfondre ne changerait rien à leur situation. Même si tout ne se déroulait pas comme prévu, la Guilde avait connu des heures plus sombres, les choses s'arrangeraient tôt ou tard. C'est sur ces pensées qu'il atteignit finalement le lieu de rassemblement officiel des voleurs de Faillaise: le bar de Vekel. Il s'étonna d'y trouver un attroupement agité, composé de Delvin, Vex, Tonilia, Funeste et…
"Etienne ! S'exclama-t-il d'une voix radieuse. Quel plaisir de te voir ! Ça fait combien de temps que tu es arrivé ?"
"Content de te voir aussi, Bryn'. Quelques heures déjà, le voyage à été pour le moins éprouvant… "
Brynjolf s'assombrit à nouveau quand ses comparses lui résumèrent l'histoire du revenant. Contrairement à ce que chacun s'était imaginé, celui-ci n'avait rencontré aucun inconvénient durant son larcin à Markarth, ce n'est qu'à la sortie de la ville qu'une bande de soldats thalmors l'avait interpellé et capturé. Ces elfes désiraient connaître l'emplacement d'un vieil homme, et leurs maigres pistes désignaient les sous-sols de Faillaise; questionner un voleur apparaissait comme une attitude toute désignée. Etienne admit honteusement avoir succombé à leurs techniques d'interrogatoire, mais personne n'osa le lui reprocher.
"Attends de savoir qui l'a sauvé de ces enfoirés." Grogna Tonilia d'un ton qui ne fit qu'aiguiser l'intérêt de Brynjolf.
Ses attentes furent dépassées lorsque le nom de Siltafiir traversa les lèvres du rescapé. Il s'empressa de lui arracher les détails de sa rencontre si inopinée que salvatrice. La jeune fille avait infiltré l'ambassade thalmore à la recherche d'informations et, accomplissant cela, avait abattu silencieusement les geôliers et libéré le pauvre captif.
"Un Bosmer est sorti en même temps que nous, il l'avait aidée à… faire ce qu'elle était venue faire. Des soldats les ont repérés, mais on a pu s'enfuir par un souterrain et rejoindre Solitude, termina Etienne avant de tendre l'oreille, c'est Mercer qui crie comme ça ?"
Chacun acquiesça. Ils n'en saisissaient aucun mot, mais le maître de la Guilde déversait son mécontentement avec assez d'ardeur pour résonner d'un bout à l'autre du quartier général. Ils échangèrent des regards intrigués, puis tous les yeux tombèrent sur Brynjolf. Il recula, déstabilisé par la soudaine attention que ses acolytes lui portaient.
"Qu'est-ce que j'ai fait ? S'agaça-t-il devant leur silencieuse insistance.
- Tu devrais aller voir ce qu'il en est, murmura Delvin sans cesser de le fixer, tu sais mieux que n'importe qui comment gérer Mercer quand il sort de ses gonds… "
L'interpellé voulut protester, mais, devant ces cinq paires d'yeux inébranlables, se décida à obéir. Il devait simplement découvrir ce qui énervait tant son chef, rien de bien compliqué, et puis il n'aurait qu'à regarder de loin, une tâche aisée dans les tréfonds ombragés de la Guilde. Traversant les couloirs, il percevait plus nettement les paroles du maître cambrioleur, entendant qu'une pauvre âme s'était attirée ses foudres en n'accomplissant pas ses ordres, que ce comportement s'avérait inacceptable et qu'il pouvait l'expulser de la Guilde pour moins que ça. Brynjolf se ternit. Il devrait faire face à la colère de Mercer après tout. Le laisser renvoyer des recrues sur un coup de tête n'était pas l'action recommandée dans leur situation. Il poussa la porte qui le séparait de la dispute et ce qu'il découvrit le foudroya sur place. Les surprises ne venaient jamais seules, mais là…
"Comme si disparaître sans prévenir personne ne suffisait pas, tu laisses des contrats en plan ! C'est inadmissible !" Rugissait Mercer sur une petite Brétonne aux poings serrés.
Brynjolf devait vraiment intervenir. Le plus vite possible. Avant que son chef ou la jeune fille ne commettent une grosse erreur.
"J'ai rien laissé en plan DU TOUT ! Rétorqua-t-elle, s'attirant les regards éberlués de tous les spectateurs. J'ai pris garde de terminer chacune de mes missions et de rendre chacun de mes rapports AVANT de partir !
- Sans attendre le contrat suivant, siffla le chef d'un murmure plus menaçant que tous ses cris.
- Prendre un contrat sans savoir combien de temps il me faudrait pour revenir ? Marmonna-t-elle en montrant les dents. C'est bien une idée de-
- Elle marque un point, coupa soudainement Brynjolf d'une voix imperceptiblement tremblante, et même si nous informer de son départ aurait été la marche à suivre appropriée, d'après l'histoire d'Etienne, son absence n'a pas été totalement improductive."
Les deux enragés, surpris par cette remarque inattendue, se tournèrent vivement vers l'intrus. Mercer ouvrit la bouche pour pleinement réprimander cet impudent, mais la petite insolente le prit de vitesse.
"Etienne ? Il a réussi à rentrer sans problème ?
- Oui, il nous a raconté ta brillante infiltration dans l'ambassade du Thalmor. Peu de gens ici en seraient ressortis indemnes, on a de la chance de t'avoir parmi nous." Il appuya étrangement ses dernières paroles, jetant un coup d'œil nerveux au maître de la Guilde.
Celui-ci lui répondit d'une pupille venimeuse, mais étouffa malgré tout sa rage avant de tendre un billet d'ordres à la jeune fille:
"Effectue cette mission rapidement et j'oublierai peut-être ta désinvolture.
- Je ne peux pas faire ça maintenant, soupira-t-elle la mine sombre, je n'ai pas encore fini ce pour quoi j'étais partie, et pour être honnête mon retour est un pur hasard. Je promets de travailler plus dur que jamais quand mes problèmes seront réglés, mais-
- Tu sous-entends que tes problèmes personnels passent avant le bien-être de la Guilde ?
- Ce sont des affaires que je suis seule à pouvoir arranger." Déclara-t-elle les sourcils froncés.
Elle saisit tout de même le papier, parcourut rapidement son contenu, puis confirma:
"N'importe quel membre de la Guilde pourrait se charger d'une simple filature.
- N'importe quel membre de la Guilde ne se voit pas octroyer une seconde chance quand je décide d'abréger sa carrière. Remplis ce contrat maintenant, ou quitte cet endroit pour de bon. Nous n'avons pas besoin de quelqu'un qui va et vient selon son bon plaisir."
Quelques secondes durant, seul le clapotis du canal osa se manifester, chacun attendant la réponse décisive dans une tension croissante. Brynjolf s'inquiétait de plus en plus, observant les pupilles et narines dilatées de la jeune fille, sa mâchoire crispées, ses poings serrés, sa posture assurée, prête à répliquer vertement à son supérieur. Il s'étonna lui-même lorsqu'une prière muette lui traversa l'esprit, demandant aux divins de pousser la gamine dans une direction sensée.
"Très bien… " Souffla-t-elle finalement, ses épaules retombant lourdement.
Un chœur de soupirs soulagés emplit un instant la Cruche Percée. Voilà un problème de réglé, pensa Brynjolf, avec le retour des deux absents, et ce malentendu dissipé, les choses reprendraient leur cour habituel, et mieux encore. Sa bienheureuse réflexion trouva une fin fort abrupte lorsque Siltafiir froissa le billet et l'envoya se noyer dans le canal.
"Dès que j'aurai fini ce pour quoi je suis revenue, tu n'auras plus à me supporter." Renifla-t-elle en tournant les talons.
Ses paroles statufièrent l'auditoire. Elle traversa silencieusement la salle, les yeux rivés sur une porte, s'éloignant rapidement de Mercer. Très rapidement. Avant de changer d'avis. Elle devait rester concentrée sur son devoir, peu importait le prix. De toute manière, si les dragons continuaient de proliférer, il n'y aurait bientôt plus de Guilde à enrichir, plus de petits boulots à remplir, plus de concours de boisson avec Saphir, plus de bagarres avec Thrynn, plus de disputes futiles avec Niruin, plus rien de tout ça. Elle claqua la porte qui menait au bar de Vekel, puis, un nœud dans la gorge, s'y adossa. Elle passa la main dans ses cheveux, inspirant profondément dans l'espoir de calmer son cœur enragé, puis déglutit. Elle venait de quitter la Guilde des voleurs sans retour possible. Son expression s'affaissa. Même en suppliant Mercer à genoux, il n'accepterait sûrement pas de la réengager. Si elle devait lui reconnaître une qualité, c'est qu'il restait immuablement fidèle à ses convictions.
Sans rien comprendre à ce qui lui arrivait, elle se trouva soudainement le nez dans la poussière, étalée au sol, son dossier improvisé s'étant violemment ouvert pour dévoiler un Brynjolf au regard confus. Elle toussa quelque peu, ayant inhalé plus de terre qu'espéré, puis l'autorisa à saisir sa main pour la remettre sur pieds. Elle s'épousseta, évitant soigneusement l'œil inquiet, colérique, ébahi de son ex-supérieur, mais fut bien obligée de le fixer de près lorsqu'il la saisit par les épaules.
"Qu'est-ce que tu fous ? S'étrangla-t-il en la secouant. Tout ce que tu devais faire c'était obéir à Mercer et tout aurait repris son cour normal !"
La bouche de la jeune fille s'ouvrit et se referma sans qu'elle n'échappe un son, puis elle reprit sa contenance et se dégagea de la poigne du Nordique.
"Ce qui est fait est fait, grogna-t-elle en regagnant son équilibre, et ma tâche est plus importante que tout ce que ce mey de Mercer pouvait me proposer. Je dois y aller.
- Pas si vite, jeune fille. Je ne sais toujours pas pourquoi tu nous as laissés en plan. Interdiction de disparaître comme un fantôme avant d'avoir parlé.
- Comme un fantôme… Quelle bonne idée."
Brynjolf n'eut même le temps de s'étonner lorsqu'elle prononça ces mystérieuses paroles. Sans qu'il puisse la questionner davantage, elle souffla un mot étranger à son vocabulaire.
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Et lui passa au travers sous la forme d'un spectre. Il demeura un instant la mâchoire pendante, puis recouvra ses sens lorsqu'un chœur d'exclamations apeurées s'éleva du bar de la Cruche Percée. Il s'élança en direction du tumulte, bien décidé à dévoiler la vérité, quitte à la poursuivre jusqu'aux fins fonds de Tamriel. Les sourcils arqués des autres voleurs lui auraient arraché un sourire si ses préoccupations n'avaient pesé si lourd sur sa conscience. Siltafiir, son corps retrouvant brusquement toute sa matière, profita du choc provoqué par son entrée ectoplasmique pour interroger l'auditoire:
"Je cherche un vieil homme nommé Esbern et je dois le sortir d'ici aussi vite que possible.
- Je crois pouvoir t'aider." Déclara Vekel d'une voix secouée avant de lui indiquer l'emplacement d'une chambre solidement verrouillée sur une carte de la Souricière.
Elle le remercia et s'apprêta, à nouveau, à quitter les lieux sans adieux, mais entre Brynjolf qui lui coupait maintenant l'accès à son but et tous les autres qui commençaient à l'encercler, les mots semblaient le seul moyen de s'éclipser. Restait à décider quel genre de mots elle emploierait.
"Écoutez: vous saurez tout ce que vous voulez une fois que j'en aurai fini. Plus vite vous me laisserez partir, plus vite vous recevrez des explications. C'est aussi simple que ça.
- Non, ce n'est pas aussi simple ! S'énerva alors le Nordique à la surprise générale. Tu viens de te faire virer !"
Cette déclaration eut l'effet d'une torche sur une flaque d'huile; tout l'auditoire s'enflamma, prêt à consumer la moindre information qui s'écoulerait des lèvres coupables. Delvin demandait le pourquoi, Etienne questionnait le comment, Vex l'interrogeait sur sa santé mentale, chacun y allait de sa requête, jusqu'à méchamment ébrécher la patience déjà fragile de la Brétonne. Malgré ses humeurs sanguines, elle se contint et hésita même à tout leur révéler. Deux d'entre eux connaissant déjà son héritage légendaire, cela ne changerait pas grand-chose. Lorsque enfin les doléances cessèrent de pleuvoir, elle se décida:
"Je pourrais tout vous expliquer en un mot, murmura-t-elle d'un ton grinçant, mais Delvin et Brynjolf, bien qu'ils sachent déjà tout ce qu'i savoir, n'ont pas l'air de vouloir lâcher l'affaire, et je doute que ce soit différent pour un seul d'entre vous."
Elle accompagna ses paroles d'un regard circulaire sur l'assemblée, prenant grand soin de fixer avec une attention particulière les deux concernés. Ceux-ci frétillèrent quand leurs collègues imitèrent Siltafiir, mais cette dernière s'appropria à nouveau l'intérêt du public. Ses racines bourgeoises pointaient rarement leur ramifications, mais à cet instant, l'importance de sa personne, de son rôle dans l'avenir de Nirn, excusait aisément l'attitude hautaine qu'elle endossa.
"Je suis l'Enfant de Dragon dont tout le monde parle, et si vous m'arrêtez maintenant, vous aurez la destruction de Tamriel sur la conscience. Alors faites place !"
Personne ne bougea. Elle croisa les bras, arqua les jambes et fronça les sourcils. Seules sa respiration saccadée et ses lèvres tremblantes trahissaient de nervosité.
"Et pourquoi pas la réincarnation de Tiber Septim ? Railla Vex en adoptant la même posture. C'est un peu gros comme mensonge si tu veux mon avis. Même les histoires du Delvin sur tes problèmes de famille étaient plus convaincantes.
- Pourtant elle dit la vérité, grommela Brynjolf les mains dans les poches, je l'ai vue absorber l'âme du premier dragon qui a attaqué la ville."
L'Impériale se renfrogna puis brisa le cercle en marmonnant, trop vexée pour s'intéresser ouvertement à l'Enfant de Dragon, mais ne manquant pas de rester à portée d'ouïe.
"Le premier dragon ? S'inquiéta la Brétonne en abandonnant, sans s'en rendre compte, ses airs supérieurs.
- Oui, il y en a eu deux autres depuis ton départ ! S'exclama Tonilia en faisant sursauter l'assemblée. Ils ont dû bouffer la moitié des gardes, le second a même chopé Grelka, la vendeuse d'armures qui engueulait ses clients."
Un silence lourd suivit cette révélation, puis le Dovahkiin, la langue pâteuse, conclut le débat:
"Alors vous devriez comprendre pourquoi je ne peux pas rester. Même si c'est dur à accepter, ma mission passe avant la Guilde. Écartez-vous.
- Si tu expliques ça à Mercer, il sera bien forcé de te rengager, tenta Etienne en se frottant la nuque.
- Je préfère éviter, siffla-t-elle le dos courbé, d'ailleurs mon intention première était de n'en parler à aucun d'entre vous. On en rediscutera quand j'aurai sauvé le monde, si ça ne gêne personne."
Elle avança de quelques pas, s'immobilisa un instant en atteignant Brynjolf, puis s'enfonça prestement dans les dédales de la Souricière dès qu'il daigna libérer la voie. Aucun ne pipa mot durant près de deux minutes, puis le Nordique grommela qu'il avait des choses importantes à faire et disparut à son tour. Chacun reprit lourdement sa tâche habituelle, peu désireux de débattre sur ces événements.
Delvin, n'ayant aucun collègue à qui confier un quelconque travail, se contenta de déguster une bière argonienne, fraichement arrivée dans les fûts de Vekel, en repensant aux récentes révélations. Après la confession douloureuse que la gamine lui avait offerte des mois plus tôt et toutes les discussions résultantes, il s'était préparé à la voir quitter la Guilde, au moins pour un temps, mais tout se déroulait si vite, si radicalement, que même l'esprit entraîné d'un hors-la-loi vétéran ne tenait le choc. Il se remémora l'apparition fantômatique dont elle les avait gratifiés, et un frisson le parcourut. La voir sous les traits d'un mort après des semaines d'absence, voilà qui remuerait les tripes les mieux accrochées. Malgré cette entrée fracassante, la jeune fille avait semblé lasse, des yeux d'analyste ne pouvaient ignorer ce fait. Cela ne surprenait guère Delvin; ses longs échanges avec Siltafiir lui avaient appris son aversion des responsabilités et, surtout, sa peur d'échouer face aux attentes d'autrui. Même devant les plus simples contrats, il se rappelait ses tics nerveux, ses entremêlements de doigts, ses regards fuyants, et malgré ses nombreuses réussites, elle demeurait incertaine face au moindre élément inhabituel. Dans ces conditions, il ne pouvait qu'entrevoir la volonté nécessaire pour endosser son rôle d'héroïne.
Ses pensées se brouillèrent lorsqu'une série de bruits agressifs résonna à proximité; des explosions, des cris, des chocs métalliques, tout cela s'échappait de la même porte qui avait englouti Siltafiir. Delvin, soudainement inquiet pour elle, s'élança au travers du couloir et pénétra la Souricière sans plus attendre, immédiatement suivi par Etienne, qui paraissait tout aussi anxieux. La confusion qui régnait au cœur des souterrains les déstabilisa un instant; les sortilèges fusaient, un atronach de glace piétinait des elfes, un vieil homme hurlait des injures datées en bombardant ses ennemis de stalactites et Siltafiir demeurait invisible. Les voleurs s'apprêtèrent à engager les hostilités eux-aussi lorsqu'un cri bestial balaya les trois derniers Altmers.
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Les victimes s'effondrèrent aux pieds des deux spectateurs, prisonnières de coques gelées, les yeux exorbités et le cœur bientôt transpercé d'une fine épée. S'étant assurée que la condition des soldats serait irrémédiable, l'Enfant de Dragon jeta un regard désabusé aux témoins, essuyant distraitement sa lame sur la robe d'un sorcier aux oreilles pointues.
"C'était… La Voix ?" Hoqueta Rarnis en fixant les cadavres givrés.
La jeune fille acquiesça, inspectant son arme de près pour s'assurer qu'aucune tache ne s'y accrochait.
"C'est pour le moins impressionnant." Ajouta Delvin sans la quitter des yeux.
Elle haussa les épaules et rengaina.
"Oui, il paraît, répliqua-t-elle le timbre rauque, dépêchez-vous, Esbern ! Plus vite on sera à Rivebois, mieux on se portera."
Le vieillard qui avait combattu à ses côtés lui reprocha son manque de respect, mais doubla malgré tout sa foulée. On ne discutait pas à la légère les ordres d'un Dovahkiin en colère. Elle l'entraîna donc vers la plus proche sortie, promettant d'une voix terne aux voleurs présents qu'elle reviendrait à Faillaise de temps à autre. Retraversant le quartier général de ceux qu'elle ne pouvait plus nommer collègues, elle évita ostensiblement toute interaction avec Mercer. Simplement croiser le regard du maître cambrioleur sonnerait le glas de son impassibilité, elle le savait. Tout ce qu'elle ignorait était la manière dont ses émotions jailliraient; larmes suppliantes ou cri enragé, peu importait, elle connaissait les conséquences des deux options: humiliation.
Heureusement, le chef de la Guilde s'obstina à lire et relire une carte posée sur son bureau, tout aussi enthousiaste que la chômeuse à l'idée de converser. Elle put donc quitter les lieux sans plus d'interruptions.
xxx
Ramener Esbern auprès de Delphine fut une promenade, si l'on prenait en compte les épreuves qui suivirent. La simple mention d'un vieux temple arracha déjà nombre de frissons à Siltafiir, et découvrir un camp de Parjures à son entrée acheva de la désespérer. Les Parjures. Oh ! ce qu'elle haïssait les Parjures. Leurs armes d'ossements, leurs colliers dentés, leurs tuniques poilues, leurs cris de guerre, tout l'horripilait chez eux, et voilà qu'une bande entière de ces fous notoires bloquait son chemin vers le salut de Tamriel. Tandis qu'elle râlait en se dissimulant derrière un atronach invoqué par le vieil homme, l'arc bandé et le bras décidé, un ricanement strident lui perça l'oreille, accompagné d'un sortilège enflammé qui incendia une zone bien trop proche.
Une Harfreuse. Bien entendu. Une horrible mégère à moitié déplumée, rien de tel pour illuminer sa journée à coups d'éclairs foudroyants et de stalactites bien placées. La Brétonne grogna de plus belle, visant la vile créature, puis, à l'instant où ses doigts se relâchaient, un rugissement puissant tomba du ciel, agitant la terre, envoyant son trait loin de sa cible initiale.
Un dragon. Les divins souffraient certainement de terribles crises d'ennui pour la brutaliser de la sorte. Ils en avaient de la chance de vivre dans un plan hors d'atteinte des mortels, car, croyez-le, elle leur aurait dit sa façon de penser. Le combat s'éternisa, son carquois s'allégeait dangereusement, et engager un affrontement rapproché avec un seul de ces opposants apparaissait comme une option suicidaire. Après de pénibles tribulations, la Harfreuse s'écroula finalement, et les Parjures, voyant une de leurs cartes maîtresses vaincue, perdirent en efficacité et suivirent rapidement la mortelle tendance. Bientôt, le seul inconvénient demeurant résidait en ce dragon de glace qui cerclait le camp à coups d'ailes puissantes.
Au grand soulagement de la jeune fille, Delphine et Esbern maîtrisaient les arts guerriers avec une rare efficacité, et le reptile, déjà affaibli par les coups des Parjures, s'effondra bientôt. Pour la treizième fois, l'Enfant de Dragon sentit sa tête tourner, inondée de bruits et d'émotions inhumains. Cela dit, elle s'en remit prestement, au contraire d'Esbern qui s'extasiait, murmurant des histoires de prophétie et de destin, jusqu'à ce que Delphine ne lui heurte les côtes pour le sortir de sa rêverie. Ils reprirent donc leur chemin, ne rencontrant plus qu'une poignée de combattants dans la caverne qui menait au temple. Ils gravirent une pente coupée de pièges anti-pilleurs, puis une impasse se présenta. La jeune fille traversa la grotte d'un bout à l'autre, mais ne trouva aucune porte dérobée, aucun levier, aucune poignée, juste un énorme visage taillé à même la roche qui les fixait de ses orbites inertes.
"Oh, un sceau akavirois, s'enthousiasma Esbern en désignant une gravure au sol, un travail remarquable, assurément. Si je ne me trompe pas, son activation requiert du sang. Votre sang.
- Pas une trop grande quantité, j'espère, marmonna la concernée.
- Haha, ne vous en faites pas, s'amusa-t-il en retour, ce temple a été construit pour vous protéger, pas vous sacrifier. Quelques gouttes suffiront largement."
Elle s'exécuta donc, grimaçant lorsque sa dague tira l'hémoglobine loin de sa route habituelle, puis sursauta quand une lumière bleutée jaillit de la roche souillée. La face de marbre s'éleva alors, révélant un passage sombre et poussiéreux. Ce couloir s'étirait longuement, parsemé d'escaliers émoussés, puis, tandis qu'elle atteignait sa sortie, un sentiment puissant l'étreignit. Une curiosité oppressante pour ce lieu demeuré silencieux depuis tant d'années. Tant de siècles. Oubliant ses deux accompagnants, elle s'élança à l'assaut de ces chambres inviolées, bien décidée à en dérober les secrets. N'importe quoi ferait l'affaire, n'importe quel témoin de cette lointaine époque. Un livre, une peinture, une pièce d'armure.
"Ou une épée." Souffla-t-elle en découvrant un sabre similaire à celui récupéré dans l'auberge de Rivebois.
Similaire, mais pas identique. Sa lame pulsait d'une énergie étrange, grésillait sous l'assaut de fines décharges, brillait d'un éclat presque inquiétant. Siltafiir s'en saisit immédiatement, s'étonna de sa légèreté et l'approcha de ses yeux. Comme pour chaque arme qui entrait en sa possession, elle se mit en tête d'en tester le tranchant du bout de son index. Mal lui en prit, car elle lâcha l'artefact en hurlant, tenant sa main engourdie contre son torse. Un instant plus tard, ses compagnons de route la rejoignaient, alertés par ses plaintes.
"Que s'est-il passé ? S'inquiéta l'autre Brétonne en se penchant vers la jeune fille recroquevillée.
- C'est cette arme, grogna-t-elle en désignant l'objet fautif, elle est bien plus affûtée que ce qu'elle laisse croire.
- Vraiment ? S'étonna son aînée en la ramassant. Vous êtes plus maladroite que vous en donnez l'air."
Elle s'apprêta à lui faire ravaler ses paroles, mais voyant que la main de Delphine s'approchait du tranchant pour l'éprouver à son tour, elle ravala ses mots et attendit avec une vengeresse satisfaction le cri qui suivrait immanquablement. Son sourire retomba quand rien ne se produisit.
"Elle coupe plutôt bien, mais c'est définitivement votre maladresse qui est en cause. Déclara la guerrière en reposant dédaigneusement l'arme ancienne.
- Pas forcément, interrompit Esbern en se penchant à son tour vers le sujet du moment, cette épée ressemble à celles décrites dans les annales des guerres draconiques. Non seulement d'une qualité rarement égalée, ces lames sont enchantées pour vaincre les dragons. Les dommages qu'elles leur infligent sont considérables comparés à leurs effets sur les simples mortels. On les nomme "Mort-Dragon" pour une bonne raison. Votre sensibilité face à son pouvoir n'est qu'une preuve supplémentaire que le sang draconique coule fièrement dans vos veines.
- Il faudra que je pense à remercier Kynareth pour ça." Grinça-t-elle en soufflant sur son doigt.
Malgré leur douloureuse rencontre, elle s'appropria Mort-Dragon. Si un simple frôlement lui arrachait une telle peine, planter toute sa pointe sous les écailles d'un monstre légendaire devrait causer des effets dévastateurs. Molag Bal en soit témoin, elle ne serait pas la seule à souffrir.
Le reste du temple n'abritait qu'un seul élément dont l'importance rivalisait avec l'arme anti-reptiles: un mur sculpté, plus fin, plus précis que toutes les constructions dwemers découvertes lors de ses expéditions hasardeuses au-travers du pays. Malgré le détail des images, les événements relatés apparaissaient confus à l'œil amateur, et sans les explications d'Esbern, aucune des deux femmes n'aurait compris le sens pourtant capital du message transmis ici.
"On voit ici que ce cri a plus de relief que les autres, décrivait-il en passant sa torche devant un soldat de pierre à la bouche béante, et il est dirigé vers Alduin en train de chuter. Tout porte à croire que les Akavirois ont usé du Thu'Um pour se libérer du Dévoreur de Mondes.
- Dans ce cas, je retourne au Haut-Hrothgar, conclut Siltafiir, les Grisesbarbes sont les mieux placés pour m'apprendre un cri.
- J'aurais préféré éviter de les mêler à ça, mais vous avez raison, cracha Delphine.
- Pourquoi tant d'animosité ? S'étonna la plus jeune.
- Ces vieillards ne savent pas où sont leurs priorités. Si la décision leur revenait, vous resteriez sur une montagne à méditer en buvant du lait de chèvre.
- Tout ce qu'ils ont fait jusqu'à maintenant c'est m'apprendre à user d'un pouvoir capable de secouer les montagnes. Je ne vois vraiment pas ce que vous leur reprochez.
- Vous finirez par comprendre, ponctua Delphine avant de se retourner vers le vieil homme, je vais fouiller cet endroit. Peut-être que les Lames d'autrefois nous ont laissé quelque chose d'intéressant."
Esbern ne répondit pas, trop occupé à compter les sillons du mur gravé et à marmonner dans sa barbe. Tandis que la plus jeune rassemblait ses affaires, elle perçut tout de même quelques mots de ce discours étouffé.
"…et la roue tourne vers le dernier Enfant de Dragon.
- Qu'est-ce que vous avez dit ?
- Je repensais à la prophétie de votre venue, dit-il d'une voix concentrée.
- La prophétie ?
- Oui, toutes les Lames la connaissent. La voici:
Lorsque l'anarchie gagne les huit extrémités du monde
Lorsque marche la Tour de cuivre et que le temps est remanié
Lorsque le triplement béni échoue et que la Tour rouge tremble
Lorsque le souverain Enfant de dragon perd son trône et que la Tour blanche tombe
Lorsque la Tour enneigée est démolie, sans roi, maculée de sang
Le Dévoreur de mondes s'éveille et la roue tourne vers le dernier Enfant de dragon.
- Ah, je comprends, mentit-elle en faisant volte-face, bon, je vais y aller, mieux vaut ne pas tarder.
Esbern acquiesça machinalement et continua son étude archéologique.
xxx
"Le cri que vous recherchez porte le nom de Fendragon, malheureusement, aucun d'entre nous ne peut vous l'enseigner.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Car nous ne le connaissons pas. Ses mots n'ont aucune place en ces lieux de paix et de méditation. Le Fendragon fut créé par les mortels pour combattre la tyrannie d'Alduin, ils y déversèrent toute leur colère, toute leur haine, déformèrent jusqu'à la nature de la langue draconique dans le seul but de détruire les dragons.
- Je ne suis pas sûre de comprendre.
- L'usage d'un Rotmulaag requiert plus qu'une simple compréhension de son sens. Que ressentez-vous lorsqu'un mot s'inscrit dans votre esprit ?"
L'Enfant de Dragon se tut un moment, désireuse de répondre précisément à la question d'Arngeir.
"Tout dépend. En apprenant Fus, je me suis sentie plus forte, avec Laas j'ai eu envie de partir à la chasse, Iiz m'a donné froid… "
Elle s'interrompit, les pièces s'emboîtant peu à peu dans son esprit.
"Vous comprenez, reprit le vieillard, les mots se mêlent à nos êtres, nous influencent. Apprendre le Fendragon reviendrait à nous imprégner de la violence qui l'habite, c'est pour cela que nos prédécesseurs ne nous l'ont transmis.
- Mais il doit bien y avoir un moyen…"
Arngeir acquiesça, les rides de son front plus profondément marquées qu'à l'ordinaire.
"Certes, mais j'aimerais d'abord que vous répondiez à une question: comment avez-vous découvert ce cri ?
- J'ai eu de l'aide, marmonna-t-elle dans une nervosité grandissante, de deux personnes en fait. Ils disent faire partie des Lames."
Pour la première fois, les lumières dansantes dans le regard de l'ermite se transformèrent en éclairs perçants.
"Les Lames, gronda-t-il, ces guerriers incapables de cultiver autre chose que la violence. Et vous les accompagnez ?
- Je ne suis pas exactement en position de refuser l'assistance de qui que ce soit. S'agaça-t-elle en retour.
- C'est vrai, c'est vrai, se reprit le vieil homme, pardonnez-moi. Nos rapports avec ces personnes ont toujours été… Agités, et ces préjugés ont entravé mon jugement. Je ne peux vous enseigner le Fendragon, mais notre maître, Paarthurnax, sera certainement en mesure de vous guider dans cette quête. Suivez-moi."
Il l'emmena donc dans la cour du monastère, bientôt suivi des autres Grisesbarbes, puis tous se placèrent devant une arche de pierre. Aucune porte, aucune barrière ne bloquait la voie au-delà de la construction rocheuse, car rien de tout cela ne s'avérait nécessaire; un vent d'une puissance inouïe malmenait le chemin, rendant l'avancée impossible à quiconque ignorait les mots requis. Heureusement, Arngeir s'empressa de les enseigner à l'Enfant de Dragon, et elle put s'élancer vers le sommet de la montagne. Vers Paarthurnax.
LOK VAH KOOR
Hurlait-elle dès que le brouillard troublait sa vue. Un instant plus tard, le paysage se révélait, en même temps que les créatures mortelles qui s'y dissimulaient. Toute l'ascension durant, des spectres des glaces, ces étranges serpents translucides, la harcelèrent en surgissant des tas de neige environnants. La peau cassante qui les recouvrait supportait mal le tranchant des épées, mais leur agilité et leur silhouette imprécise compensaient aisément ce défaut, et une simple morsure de ces choses gèlerait le bras d'un géant. Elle se félicita d'avoir découvert deux mots enflammés dont elle usait sans retenue. Yol et Toor, le feu infernal, un réconfort indéniable face aux épreuves qui parsemaient Bordeciel.
Quelques monstres et cris plus tard, la cime se montra enfin, simple étendue de poudreuse immaculée sans personne pour la fouler. Siltafiir avança jusqu'au centre de la plateforme, espérant y rencontrer le maître des Grisesbarbes, mais ne trouva que plus de neige et, malgré une inspection rigoureuse des lieux, pas la moindre grotte ne se dévoilait. Le vieillard avait-il succombé au froid ? Était-il enterré quelque part sous la glace ?
La réponse lui tomba dessus dans un grondement sourd; un puissant battement d'ailes trop bien connu. Elle se retourna pour accueillir dignement cet ennemi, mais l'atterrissage de celui-ci secoua la montagne, dérobant au passage l'équilibre de la jeune fille. Les fesses dans la neige, elle réalisa que le dragon n'attaquait pas. Il la fixait avec intensité, mais ses pupilles fendues ne dégageaient rien de l'animosité rencontrée chez les autres dovahhe, à l'instar des Grisesbarbes et leurs regards pétillants.
"Drem yol lok, Dovahkiin. Je suis Paarthurnax, déclara-t-il d'une voix rauque et lente.
- Un dragon. Vous êtes un dragon.
- Les Grisesbarbes ont donc omis de mentionner ce détail, s'amusa-t-il, ils désirent toujours me protéger des visiteurs.
- Vous protéger… Elle décida de ne pas questionner cette décision, puis se remémora les raisons de sa présence: J'ai besoin de votre aide.
- Drem, patience, il est des usages qu'il faut respecter lorsque deux dovahhe se rencontrent. Entendez mon Thu'Um et égalez-le."
Le dragon se tourna soudainement vers un mur ressemblant de près aux parois chantantes que l'Enfant de Dragon aimait à découvrir et y déversa un torrent de flammes.
YOL TOOR SHUL
Une couche de braises uniforme recouvrit la roche, puis, après quelques secondes, s'effrita, n'y laissant qu'une série de traits rougeoyants. Sans le réaliser, l'humaine s'était approchée, concentrée tout particulièrement sur quatre de ces lettres embrasées, entendant avec une force grandissante l'écho de ce mot revigorant.
"Shul…" Murmura-t-elle en glissant ses doigts sur les aspérités.
Le soleil picota activement chaque parcelle de peau qu'elle osait révéler, réchauffant son être comme jamais auparavant, lui assurant un réconfort complet face aux rudes contrées du nord. Quelle douce sensation, pensa-t-elle en produisant un son proche du ronronnement. Un raclement de gorge ancestral la rappela à l'ordre et elle se retourna maladroitement vers Paarthurnax, luttant contre la neige qui lui arrivait aux genoux.
"Allez-y, comprenez le feu et saluez-moi à la manière des dov." Insista-t-il.
Elle inspira profondément et obéit.
YOL TOOR SHUL
Une étrange ivresse l'envahissait lorsqu'elle usait d'un mot pour la première fois et Shul ne dérogeait guère à cette règle. Malgré ses réticences face aux devoirs que lui imposait son héritage divin, elle admettait aisément le plaisir de brandir un tel pouvoir.
"Ah ! Sossedov los mul ! Le sang des dragons résonne en vous avec puissance ! S'enthousiasma le maître des Grisesbarbes. Cela fait longtemps que je n'ai eu une vraie tinvaak, une conversation, avec l'un des miens. Dites-moi, Dovahkiin, pourquoi vous être donné le mal de me rejoindre sur ma strunmah ? Ma montagne.
- Je dois vaincre Alduin et pour cela il me faut le Fendragon.
- Hmm… Je me doutais que vous demanderiez cela. Malheureusement, je ne peux vous enseigner ces Rotmulaagge, leur sens est impossible à saisir pour un dovah."
L'Enfant de Dragon retomba au sol dans un grognement frustré. Toute cette ascension pour échanger de bêtes mondanités, voilà de quoi épuiser le peu de motivation qui subsistait dans ses tripes.
"Et je suppose que vous ne connaissez personne qui en serait capable.
- Peut-être… Savez-vous pourquoi j'ai choisi de vivre sur cette montagne ?"
Lèvres entrouvertes, elle ne sut que répondre à cette question inattendue.
"Je ne sais pas… Les dragons aiment bien l'altitude ?
- C'est une idée, admit Paarthurnax en exposant ce qu'elle identifia comme un sourire, mais mes raisons ne concernent en rien mon confort personnel. Si j'ai élu ce lieu comme hofkiin, comme demeure, c'est parce qu'Alduin a trouvé sa perte ici-même.
- Il a été vaincu juste ici ?
- Et ceux qui l'ont défait ont usé du Fendragon.
- Donc vous suggérez quoi ? Que je voyage dans le temps pour leur demander conseil ? Ironisa-t-elle.
- Daar los vahzah. En effet, c'est bien mon idée, répondit-il avec sérieux, et je pense savoir comment l'appliquer."
Le découragement fit place à la curiosité et l'Enfant de Dragon écouta attentivement son aîné. Une sagesse de plusieurs millénaires, ça ne s'ignorait pas sur un coup de tête.
À suivre…
Mots draconiques:
Rotmulaag(ge): mot(s) de pouvoir
Drem yol lok: paix feu ciel (formule de politesse, équivalent de "Bonjour")
Sossedov los mul: (le) sang des dragons est puissant.
Daar los vahzah: c'est vrai/c'est bien cela.
Ainsi disparait Grelka, désagréable jusqu'au bout. Molag Bal ait son âme.
Sinon, oui, Siltafiir connaît tous les mots du souffle ardent, même si l'un d'entre eux requiert d'avoir rejoint les Compagnons. Pourquoi ? Parce que c'est mon cri préféré et que mon Dovahkiin ne serait pas complet sans la totalité de ce Rotmulaag.
Sinon, désolé d'avoir tardé à publier ce chapitre, mais au moment où j'écris ça il ne reste qu'un jour-et-demi à mes vacances et les préparatifs pour les cours sont quelque-peu… préoccupants.
Sinon oui, qu'en pensez-vous ? Des incohérences ? Des fautes ? Un conseil scénaristique à me donner ?
Et merci de votre fidélité si vous êtes parvenu(e)s jusque-là, ça me fait chaud au cœur !
La suite risque de prendre du temps, mais elle ne s'arrêtera pas de si tôt. Soyez patients, c'est la seule chose que je vous demande.
À bientôt.
