Emma, assise en plein milieu de son grand canapé dans le salon, serrait dans ses bras Henry et Alice qui étaient tous deux confortablement blottie de chaque côté de son corps guérit même si encore fragile.
Après le départ de Regina la veille, elle avait passé un coup de téléphone à ses parents pour leur raconter la situation. Ils étaient tous les deux tellement heureux d'apprendre que sa convalescence s'était bien passé qu'ils n'avaient pas hésité à venir au manoir pour la serrer dans leur bras.
Ils avaient dormi dans leur chambre d'amis et avaient tous profité du week-end pour dormir un peu plus longtemps avant de passer une journée calme au manoir, en famille.
Ils avaient partagé un bon déjeuné que la blonde avait pris énormément de plaisir à préparer avec l'aide de sa mère qui veillait de près à ce qu'elle ne force pas trop pendant que son père s'occupait des enfants.
Une fois le repas avalé, ils s'étaient tous installé dans le salon pour regarder un film choisi par les enfants qu'Emma tentait de suivre en vain, elle avait beau se concentrer le plus possible, ses pensées étaient bien trop occupées par une sulfureuse brune qui était partie sans se retourner, en laissant derrière elle son doux parfum à la pomme dans chaque pièce.
La jeune photographe ne cessait de se repasser la scène en boucle en se posant mille et une question pour lesquelles elle n'avait encore aucune réponse.
Regina serait sans doute restée si elle avait utilisé d'autre mots, si elle avait réussi à utiliser les bons mots.
Peut-être qu'elle ne serait pas partie si elle lui avait dit la vérité au lieu d'utiliser, en quelque sorte, ses enfants.
En réalité, Emma avait senti son cœur voler en éclat en la voyant quitter sa maison. Depuis qu'elle était blessée, elle avait pris quelques habitudes anodines. Elle s'était habituée à l'entendre rire à travers les pièces de son manoir, à sentir son parfum à la pomme qui se déposait ici et là après son passage. Elle avait surtout pris l'habitude de ne plus être seule, elle avait enfin appris à déléguer lorsqu'il s'agissait de ses enfants mais à présent, elle devait reprendre sa vie comme si de rien n'était, comme si elles n'avaient pas vécu ensemble – du moins sous le même toit – pendant plusieurs semaines, comme si leur cohabitation n'avait pas été d'une sérénité incroyable pour l'une comme pour l'autre.
Alors oui, Regina était toujours en ville, elle avait promis de ne pas disparaitre du jour au lendemain et lui avait même assurée qu'elles allaient faire les choses correctement cette fois-ci mais ce n'était pas pareil, c'était même très différent.
La blonde ne pourrait plus la regarder discrètement pendant qu'elle était plongée corps et âme dans un livre, elle ne pourrait plus terminer son travail sur sa tablette avant de se mettre à dessiner la brune sur un nouveau calque, elle ne pourrait plus la retrouver dans la cuisine en train de se trémousser doucement tout en préparant le petit déjeuner pour tout le monde.
Elle restait certes dans la ville mais tout allait être différent à partir de maintenant et, dans le fond, elle en était quand même sacrément attristée par cette modification dont elle se serait bien volontiers passée.
Elle soupira doucement et releva la tête vers la télévision dans l'espoir d'arrêter de penser, elle voulait juste pouvoir regarder un film stupide destiné à la famille sans avoir à réfléchir à toute sa vie mais malheureusement son cerveau ne partageait pas son point de vue.
« Je reviens, je vais boire un verre d'eau. » Souffla doucement Emma en souriant tendrement à ses enfants qui sursautèrent presque en la sentant bouger.
Elle embrassa doucement le haut du crâne d'Alice et déposa un délicate caresse sur la joue d'Henry qui lui sourit de toutes ses dents puis elle quitta le salon en faisant le moins de bruit possible, elle entra dans la cuisine et attrapa un verre qu'elle remplit d'eau via le robinet.
La blonde soupira discrètement, avala une gorgée d'eau fraiche et s'adossa au plan de travail avant de fermer les yeux pour sa migraine qui commençait à apparaitre à force de trop réfléchir de trop penser.
« Tu l'aimes à quel point ma chérie ? » Demanda soudainement Ingrid qui l'avait suivi sans qu'elle ne s'en rende compte.
Emma sursauta en entendant la voix de sa mère et ouvrit les yeux avant de grimacer en voyant qu'elle venait de renverser de l'eau partout sur le sol. Elle releva son visage et regarda sa mère dans les yeux sans ne savoir quoi lui dire.
A quel point était-elle amoureuse de Regina ? C'était tellement fort qu'elle était incapable de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait. Elle n'avait jamais aimé quelqu'un aussi fort, aussi intensément si bien qu'elle finissait même par avoir peur de l'amour qui faisait battre son cœur chaque jour.
Elle l'avait aimé dès le premier regard, dès le premier sourire. Auprès d'elle, elle s'était sentie aimé et avait appris à aimer, elle avait compris ce qu'était réellement l'amour avec un très grand A donc comment pouvait-elle le décrire avec des mots qui semblaient si banale de nos jours.
« Je ne pense pas être capable de mettre des mots sur mon amour, parce qu'il est tellement puissant que même moi je cherche encore à savoir comment c'est possible d'aimer quelqu'un à ce point… Tu as la réponse toi, maman ? » Soupira la blonde qui grimpa sur le plan de travail pour s'y asseoir.
« Tu veux réellement savoir ? Ce que j'en pense, moi, c'est que vous êtes des âmes sœurs. Même quand vous êtes loin l'une de l'autre, vous vous attirez tels des aimants, vous ne pouvez pas vous empêcher de penser l'une à l'autre, et surtout, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous aimer. Votre amour pourrait traverser une tornade, il restera toujours aussi solide. Six ans sont passées et pourtant il est toujours aussi fort, aussi puissant, aussi beau qu'avant. » Fit sérieusement la femme en s'approchant de l'ilot central.
« J'ai peur, j'ai horriblement peur… » Avoua la jeune photographe avec les larmes aux yeux.
Ingrid regarda attentivement sa fille et sentit son cœur cesser de battre dans sa poitrine en voyant autant de désespoir, de peur et de tristesse dans ses si jolis yeux.
Beaucoup en ville avaient tendance à lui rappeler qu'Emma n'était pas sa fille, du moins, elle ne l'était pas au nom de la biologie mais elle avait participé à son éducation, elle l'avait aimée aussi fort qu'elle pouvait et elle l'avait vu évoluer au fil du temps. En effet, biologiquement, elle n'avait absolument aucun lien avec la belle blonde mais elle l'aimait comme elle aurait aimé l'enfant qu'elle aurait mis au monde alors, elle se donnait le droit de haïr Regina pour tout le désastre qu'elle avait causée en partant même si, secrètement, elle l'aimait et la remerciait parce qu'un jour, elle avait réussi à faire briller Emma autant qu'une étoile dans le ciel.
Les six ans qu'elles avaient passées loin l'une de l'autre avaient provoquer un tas de dégâts, avaient laissé des centaines de séquelles mais la femme n'avait qu'à plonger son regard dans celui de sa fille pour comprendre que rien n'était perdu, tout n'était pas terminer, la flamme continuait encore de brûler. Elle était peut-être moins éclatante qu'avant mais elle était toujours là.
Ingrid contourna l'ilot de la cuisine et s'approcha doucement de la bonde qui balançait lentement ses jambes dans le vide, elle posa sa main sur sa cuisse pour la faire arrêter et serra doucement ses mains dans les siennes.
« Il est grand temps pour toi d'aimer à nouveau, de sourire à nouveau, de vivre à nouveau. Il est grand temps de te relever. Il est grand temps de faire briller les étoiles dans tes beaux yeux verts ma chérie. » Affirma-t-elle avec un sourire des plus rassurant sur les lèvres.
« Le soleil en toi s'est éteint pour laisser place à une tempête dévastatrice. Elle a tout détruit sur son chemin, même l'arc-en-ciel d'espoir qui brillait dans ton regard. Ce regard vide que tu portais en toi depuis tous ce temps, depuis toutes ses années, je l'ai vu se remplir à nouveau de bonheur, je t'ai vu te relever à la minute où elle est revenue dans ta vie. Depuis un peu plus d'un mois maintenant, je te vois chaque jour briller et ça, c'est grâce à Regina. Alors, ne fais pas cette erreur de la laisser partir, parce que sans elle, tu es comme une journée sans soleil, une nuit sans étoile, et ce n'est vraiment pas beau à voir. » Intervint Marco qui s'était discrètement glissé dans la pièce peu après sa femme.
Emma releva le visage vers ses parents et les regarda attentivement en soupirant, ils avaient entièrement raison et elle le savait.
Sans Regina, elle n'était plus rien qu'une feuille morte sans réelle vitalité qui se désagrégeait petit à petit et qui était destinée à tomber une fois que l'automne sera passé pour laisser place à l'hiver qui régnait dans le creux de son cœur depuis bien trop longtemps maintenant.
Elle baissa le regard vers le sol, la situation ne pouvait pas durer plus longtemps. Elle ne savait pas vivre sans la brune, elle avait tenté mais elle avait lamentablement échoué, elle en était presque désespérante.
Elle avait tellement peur de souffrir comme elle avait souffert qu'elle ne laissait plus personne atteindre son cœur mais aujourd'hui, il était grand temps qu'elle laisse quelqu'un franchir les murailles qu'elle avait bâtie autour de son organe battant surtout que ce quelqu'un en question n'était pas n'importe qui.
La blonde passa délicatement ses mains sur son visage avant de les poser à plat sur le plan de travail pour prendre appui dessus et sauter de son perchoir, elle avait pris sa décision et à présent, elle devait prendre son courage à deux mains.
« Vous pouvez… ? » Fit-elle en regardant ses parents.
« Ne t'en fais pas, on s'occupe des enfants. » Assura Ingrid avec un grand sourire sur les lèvres.
« Dépêche-toi d'y aller ma fille, ne laisse pas ton cerveau parler à la place de ton cœur. » S'exclama Marco qui glissa tendrement sa main dans le dos de sa femme.
Emma sourit à ses parents et prit une profonde inspiration avant de quitter la cuisine, elle récupéra ses chaussures au niveau des escaliers et les enfila, non sans mal, en sautillant pour d'avancer vers l'entrée. Elle attrapa sa veste et jeta un coup d'œil dans le miroir pour observer la tenue qu'elle portait.
« Tu es parfaite maman ! » S'exclama Alice avec un immense sourire.
« Ramène-la, à la maison, maman. » Souffla doucement Henry.
La jeune photographe se tourna vers ses enfants et les regarda de haut en bas, elle n'avait qu'à plonger dans leurs yeux pour comprendre qu'elle prenait la bonne décision, qu'elle faisait le bon choix cette fois-ci.
Elle s'approcha d'eux et leur embrassa tendrement le front en leur promettant de revenir le plus rapidement possible avant d'attraper ses clés et de quitter son manoir. Elle n'avait pas encore commencé sa rééducation pour son épaule donc elle ne pouvait pas encore se permettre de prendre le volant alors elle quitta le portail et se mit littéralement à courir dans les rues de StoryBrooke.
La blonde savait bien que tout le monde était en train de la regarder, en même temps, tout le monde devait être en train de se demander pourquoi elle était en train de courir mais elle n'en avait rien à faire, elle voulait juste arriver au Granny's le plus rapidement possible.
Elle n'avait plus une seule seconde à perdre.
Emma traversa la ville en courant et vit au loin se dessiner l'affichage lumineux du petit restaurant, un immense sourire étira ses lèvres et elle se dépêcha de combler la distance qui la séparait de la porte. Elle entra à l'intérieur et jeta un coup d'œil circulaire à la pièce dans l'espoir de la trouver assise à une table mais elle n'était nulle part alors, sans attendre, elle se dirigea vers le comptoir et tenta de reprendre sa respiration.
« Regina ? Où est Regina ? » Demanda-t-elle sans attendre.
« C'est une blague ? Elle est assez stupide pour partir deux fois ! » S'étonna Aurore qui était au comptoir avec Philippe.
« Je ne l'ai pas vu descendre de la journée, elle doit être dans sa chambre. Tu veux que je l'appel ? Qu'elle descende ? » Répondit Ruby en fronçant des sourcils.
« Elle est dans quelle chambre ? » Interrogea la blonde.
« Deuxième étage, troisième porte à gauche. » Informa Granny qui sortit de la cuisine.
Emma sourit grandement à la vieille dame et tapota doucement sur le comptoir, elle tourna le dos à ses amis et se dirigea plus calmement vers les escaliers pour ne pas attirer plus l'attention des clients sur elle.
« Emma ! Bon courage ! » Lança fortement Philipe avec un clin d'œil.
« Je suis si heureuse. » Souffla la gérante du dinner.
« Ne faites pas trop de bruit hein ! » Taquina la serveuse.
Elle se contenta d'offrir un merveilleux majeur à son amie brune puis elle reprit son avancée vers les escaliers, elle laissa la porte se refermer derrière elle et elle grimpa les marches deux par deux voire trois par trois, quand elle y arrivait.
Etant une maladroite de nature, la blonde savait bien qu'elle risquait fortement de se casser la figure dans les escaliers mais elle n'était plus à une chute près alors elle grimpa rapidement les marches jusqu'au deuxième étage, elle entra dans le couloir, reprit légèrement son souffle, et se dirigea vers la troisième porte qui se trouvait à sa gauche, comme Granny venait de lui indiquer.
Elle s'arrêta pile devant la porte en bois, prit une profonde inspiration et toqua trois fois en priant que ce soit bien la chambre de Regina et non une mauvaise blague de la part de la grand-mère à son amie qui, elle aussi, ne ratait jamais une bonne occasion pour la taquiner toujours plus.
Quelques secondes passèrent et finalement la porte s'ouvrit sur la brune qui fronça des sourcils en la détaillant de la tête au pied mais la blonde ne lui laissa pas même le temps d'ouvrir la bouche pour respirer, elle glissa délicatement ses deux mains au niveau de ses joues pour attirer son visage tout près du sien et ainsi poser ses lèvres sur les siennes.
La jeune femme fut prise au dépourvu, elle s'était attendue à tout sauf à retrouver Emma derrière sa porte et encore moins à recevoir un baiser de sa part. Elle écarquilla des yeux en sentant sa si douce bouche contre la sienne même si elle ne put retenir un léger soupira de bien être avant de venir poser ses mains au niveau de ses hanches par réflexe, par habitude mais aussi et surtout par envie.
« J'ai essayé de faire comme si j'étais capable de te laisser partir et de continuer ma journée comme si de rien était, mais la vérité, c'est que dès que tu as passé le pas de la porte hier, tu as emporté avec toi une partie de moi. Comme il y a six ans. » S'exclama la blonde dès qu'elle mit fin au baiser.
« Emma ? » S'étonna Regina qui avait du mal à assembler toutes les pièces du puzzle.
« Je ne veux pas faire les choses bien, je ne veux pas de rendez-vous galant, je ne veux pas attendre. Je veux me réveiller chaque matin à tes côtés, je veux que tu laisses trainer ton maquillage dans ma salle de bain, je veux que l'odeur de ton shampoing englobe ma maison après ta douche, je veux sourire bêtement en te regardant te sécher les cheveux le matin, je veux t'entendre râler pour rien, je veux que tu laisses des traces de rouges à lèvres sur les verres, je veux t'entendre rire avec Henry et je veux me glisser dans la chambre d'Alice pour écouter tes histoires, je veux qu'on partage l'éducation des enfants, je veux qu'Henry reporte ton nom s'il en a envie, je veux qu'on partage des batailles d'oreiller sans fin les dimanches matin, je veux rentrer chez moi et te retrouver avec les enfants après une longues journée de travail, je veux qu'on fasse le tour du monde comme on rêvait de le faire avant que tu partes, je veux découvrir de nouveau horizon avec toi. Je ne veux plus de toi et moi, je veux un nous. Je veux que chez moi devienne chez nous. Je veux qu'on s'aime parce que sans toi je suis qu'une étoile qui perd de son éclat de jour en jour et je vais finir par m'éteindre si tu ne reviens pas. » Avoua Emma en ouvrant son cœur.
La brune la regarda de haut en bas, les larmes aux yeux, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Elle n'avait jamais eu de plus belle déclaration d'amour, elle n'aurait pu rêver de meilleure déclaration venant de la femme de sa vie.
Elle ouvrit stupidement la bouche et la referma mais elle ne parvint à prononcer aucun son, sa gorge était nouée tant elle était émue. Elle se rappela alors une phrase que sa marraine avait l'habitude de lui répéter lorsqu'elle ne savait pas quoi faire pour impressionner la jeune photographe lors de leur rendez-vous : un acte vaut mieux que mil mots.
Elle sourit doucement et opta pour une action simple et claire au lieu d'utiliser des mots qui ne pourraient même pas retranscrire la moitié de ce qu'elle ressentait au fond d'elle.
Regina pit donc délicatement la main d'Emma et l'attira contre son corps, elle glissa sa main au niveau de sa hanche pour la garder bien contre elle et laissa sa seconde main retrouver le creux de son cou pour venir, à son tour, lui offrir un doux baiser qui allait lui témoigner tout son amour.
Les deux femmes bougèrent lentement, l'une contre l'autre, et entrèrent dans la chambre avant de claquer la porte derrière elle pour que les petits curieux du couloir ne puissent les observer plus longtemps. A bout de souffle, elles se séparèrent et collèrent leur front en affichant un immense sourire sur leurs lèvres.
« Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais je sais que je te veux à mes côtés. » Chuchota tout bas Emma dont les joues prirent une teinte un peu plus rouge.
« Je ne sais pas non plus ce que donnera demain mais peu m'importe tant qu'on se tient la main. » Assura la brune qui lui déposa un délicat baiser sur le front.
